LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME VII — LES ÉVANGILES DE SATAN (PREMIÈRE PARTIE)

V. — LES ATTRAPPE-GOYM.

 

 

I. — NÉGOCIATIONS AVEC SATAN.

 

LUC, III, 23. Jésus avait environ trente ans lorsqu'il commença.

C'en effet l'âge auquel avait débuté Bar-Jehoudda. Il était défendu de lire la Genèse avant trente ans. C'est donc en 768 qu'il commença à étudier le mystère de l'un en deux et du deux en un.

Descendu du ciel à la Pâque de 768, huit années avant la logophanie cérinthienne[1] — à vrai dire il est en Judée depuis l'Assomption de Jehoudda (760), — la première visite de Jésus est pour les sources du Jourdain d'où jaillit l'eau du baptême. Il est lui-même cette source dans la théorie de la réédénisation[2]. Mais avant d'aller dans sa famille selon le monde et de monter dans la barque du Charpentier, il est obligé de négocier avec Satan, sans l'octroi de qui la fable est impossible.

Si les choses s'étaient passées en 789 comme Joannès l'avait annoncé dans son Apocalypse, Jésus ne serait pas exposé à rencontrer Satan. Satan serait lié pour mille ans dans l'abîme terrestre ; mais rien ne s'étant produit du Royaume des Juifs, le revenant trouve les choses comme il les a laissées : l'Æon-Zib est toujours au pouvoir de Satan comme l'ont été les cinq autres Æons du monde en cours. Il s'agit donc de rouler Satan, de lui donner quelque change où il perde, et où la réputation du fils de David gagne quelque chose.

MARC, I, 12. Et aussitôt l'Esprit le poussa dans le désert.

13. Et il passa dans le désert quarante jours et quarante nuits ; et il fut tenté par Satan ; et il était parmi les bêtes, et les anges le servaient.

Sur la topographie citons l'Infaillible[3] : Le désert de la tentation est, d'après la tradition, le désert de la Quarantaine, ainsi appelé des quarante jours qu'y passa Notre-Seigneur. Il s'étend à l'ouest de Jéricho ; il est très accidenté, et ses montagnes sont des plus belles de la Palestine méridionale ; elles se composent de calcaire blanc et sont remplies de cavernes ; c'est là vraisemblablement que se réfugièrent les espions envoyés par Josué à Jéricho ; elles furent peuplées d'anachorètes, après l'ère chrétienne, en souvenir du jeûne du Sauveur.

En fait de bêtes, Jésus descend parmi les deux Bêtes de l'Apocalypse, la Bête romaine aux sept têtes et la Bête hérodienne[4]. C'était trop transparent. Dans Luc et dans Matthieu on a supprimé ces Bêtes et leurs petits. Mais on a maintenu les épreuves que leur chef, Satan, fait subir à Jésus, et on les a considérablement développées :

MATTHIEU, IV, 1. Alors Jésus fut conduit par l'Esprit dans le désert pour y être tenté parle diable.

2. Et lorsqu'il eut jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.

LUC, IV, 1. Jésus, plein de l'Esprit-Saint, revint du Jourdain ; il était conduit par l'Esprit dans le désert

2. Pendant quarante jours, et il était tenté par le diable. Durant ces jours il ne mangea rien, et après qu'ils furent passés, il eut faim.

Vous savez par sa constitution que Jésus n'a jamais faim ni soif, quoique dans Cérinthe il demande à boire a la Samaritaine et qu'ici il éprouve le besoin de manger, besoin qui s'explique par la condition humaine qu'il a acceptée. Descendu dans la fable avec l'Agneau, comme dans Cérinthe, il a faim sous le cinquième décan, lequel loge la septième semaine après la pâque[5]. De quoi a-t-il faim ? Du chiffre jubilaire que forme le cinquième décan, lorsqu'il passe la main à son successeur. L'épreuve a donc cessé le cinquantième jour, c'est-à-dire à la Pentecôte, elle a même cessé le quarante-neuvième qui est sabbatique et proto-jubilaire. Satan est battu d'avance s'il ose engager la partie contre un homme qui le toise de toute la hauteur du sabbat ordinaire, du sabbat de semaines, du sabbat d'années, du sabbat de jubilés, en un mot contre le Maître du sabbat sous toutes ses formes depuis les sept jours de la Genèse. Cependant le diable n'hésite pas, c'est un compère, une manière de Bobèche qui fait valoir les effets du pitre. La lumière du Verbe n'étant arrivée à la terre que le quatrième jour, l'Esprit des ténèbres a trois jours devant lui pour essayer son pouvoir sur Jésus.

Premier jour, première épreuve.

LUC, IV, 3. Or le diable lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, dites à cette pierre qu'elle devienne du pain.

4. Jésus lui répondit : Il est écrit : L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole de Dieu.

MATTHIEU, IV, 3. Et le tentateur, s'approchant, lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent des pains.

4. Jésus, répondant, dit : Il est écrit : L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

Ce n'est pas ainsi que Bar-Jehoudda avait posé la question. Il avait dit, pour justifier le programme de la Première résurrection, que rien n'était impossible à Dieu, et que des pierres mêmes du désert Dieu pouvait susciter des enfants à Abraham, convertir la pierre en chair, si tel était son bon plaisir. Vous avez vu qu'en exécution de cette prophétie les pierres d'Hypate devaient être faites chair au Jubilé de 889, sous Hadrien[6]. Chair et pain sont le même mot en hébreu, lehem[7]. Jésus l'emploie pour pain, Bar-Jehoudda l'avait employé pour chair. Le Sauveur ne peut sauver le prophète qu'en donnant le change sur sa prophétie, Satan est le Mensonge, soit, mais le Verbe de Dieu est plus fort que lui ! A menteur menteur et demi, et on trouve ici son maître.

Second jour, seconde épreuve.

MATTHIEU, IV, 5. Le diable alors le transporta dans la Ville sainte, et le plaça sur la crête à pic du Temple.

6. Et il lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous en bas, car il est écrit : Il vous a confié à ses anges, et ils vous porteront dans leurs mains, de peur que vous ne heurtiez votre pied contre quelque pierre.

7. Jésus lui dit : Il est écrit aussi : tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.

LUC, IV, 9. Il le conduisit ensuite à Jérusalem, le posa r la crête à pic du Temple, et lui dit : Si vous êtes le fils de Dieu, jetez-vous d'ici en bas.

10. Car il est écrit qu'il a ordonné à ses anges de vous garder ;

11. Et qu'ils vous porteront en leurs mains, de peur que nous ne heurtiez votre pied contre la pierre.

12. Jésus, répondant, lui dit : Il a été dit : Tu ne tentas point le Seigneur ton Dieu.

C'est encore un change. Bar-Jehoudda, logique avec son système, avait dit qu'il tenait de sa mission même le pouvoir de surmonter tous les dangers, toutes les difficultés. Le marabout, qui naguère conduisait les arabes tunisiens de Thala, leur avait assuré que les fusils du roumi ne partiraient pas.

Dans Luc et dans Matthieu qui seuls contiennent les trois tentations de Jésus, les scribes emploient le mot ptérughion pour désigner l'endroit où la scène se passe ; c'est un mot dont le sens dépend plutôt de la topographie du Temple que de l'étymologie. Quoiqu'on puisse le traduire par le plus haut du Temple, il désigne indiscutablement la partie qui se terminait par le portique de Salomon à l'Orient. Satan, qui est un compère merveilleusement stylé, pose Jésus au sommet du portique de Salomon, le sixième portique de la séméiologie du paralytique dans Cérinthe[8]. Là Jésus, qui se trouve assis à la droite de Dieu, est invulnérable, et c'est pourquoi Satan l'y a placé.

Troisième jour, troisième épreuve[9].

MATTHIEU, IV, 8. Le diable de nouveau le transporta sur une montagne très élevée ; et il lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire.

9. Et lui dit : Je vous donnerai toutes ces choses, si, vous prosternant, vous m'adorez.

10. Alors Jésus lui dit : Retire-toi, Satan, car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul.

LUC, IV, 5. Alors le diable le conduisit sur une haute montagne, et il lui montra en un instant tous les royaumes de la terre ;

6. Puis il dit : Je vous donnerai toute cette puissance et toute la gloire de ces royaumes : car ils m'ont été livrés, et je les donne à qui je veux.

7. Si donc vous m'adorez, ils seront tous à vous.

8. Et Jésus, répondant, lui dit : Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul.

C'est entendu, les raisins de la vigne terrestre sont trop verts, et bons pour ce goujat de Marc-Aurèle ! Mais en attendant, ce qu'avait annoncé le joli monsieur dont Jésus est le revenant, c'est qu'il aurait le Royaume du monde, la Basileia[10], et paîtrait toutes les nations avec une verge de fer.

LUC, IV, 13. Or toute tentation achevée, le diable se retira de lui pour un temps.

MATTHIEU, IV, 11. Alors le Diable le laissa : et voilà que les anges s'approchèrent, et ils le servaient.

Mais seulement pour un temps, fait observer Luc. Sans doute, et Satan eût-il été précipité du ciel le 15 nisan 789 qu'il aurait encore eu mille ans à lui pour embêter Bar-Jehoudda. C'est Luc qui est dans le vrai, Ul seul respecte les termes de l'Évangile du Royaume. Le Soleil ayant été créé le quatrième jour, et le personnage naziréen que joue Jésus étant dans les conditions requises pour chasser les démons, — il a jeûné pendant trois jours[11], — le pauvre Satan n'a plus qu'à se retirer de lui. Qu'est-ce à dire ? Satan possède donc Jésus ? Parfaitement. En tant qu'homme, pareil à tous es Juifs et identique à Bar-Jehoudda, il est possédé u démon qui a fait la maladie et la mort en collabora-On avec Adam, et ce démon, Bar-Jehoudda réussissait parfois à le chasser par trois jours de jeûne selon la formule que lui avait léguée son père. En tant que Fils de Dieu et Créateur, Jésus n'a rien à voir avec Satan, et comme il le dit très bien dans Cérinthe, il n'a en lui rien du Prince du Monde, c'est-à-dire aucune ombre, il est tout lumière[12]. Dans Matthieu le diable laisse tout à fait Jésus. On est en progrès sur Luc où il se propose de revenir, si bon lui semble. D'ailleurs, il reparaîtra sinon personnellement, du moins dans les corps qu'il possède sur la terre, et qui sont ses anges à lui ; et ceux-là sont nombreux, à commencer par Bar-Jehoudda, le premier des sept démons de Myriam.

Mais le véritable but de ces tentations, ce n'est pas d'éprouver Jésus, c'est au contraire d'amadouer Satan, de négocier avec lui, d'acheter son silence, car Satan, c'est l'histoire. Son vrai nom, c'est Philon, c'est Flavius Josèphe, c'est Juste de Tibériade pour nous en tenir aux Juifs. Que Satan parle, et Bar-Jehoudda retourne piteusement à son trou du Guol-golta, au milieu des malfaiteurs de son espèce !

 

II. — LES SIMILITUDES DU ROYAUME.

 

Jésus ne fait rien qu'il ne doive faire. Une fois Satan éconduit, il prêche l'Évangile du Joannès, et il le prêche sur la rive où est assise sa ville selon le monde, Gamala-Nazireth, la rive orientale. La situation topographique de la Nazireth actuelle — ville interpolée — fait croire que Jésus arrive de l'Occident. Lorsqu'on verra le Soleil arriver de l'Occident, je crains fort que c e soit la fin de tout. Jésus, qui est l'Orient[13], ne peut arriver que par la voie ordinaire.

Mais avant d'aller plus loin, donnons le pas à trois similitudes dans lesquelles il explique comment il faut s'y prendre pour caser la poissonnade christienne, quand on tient à ne pas se faire pincer.

MATTHIEU, XIII, 44. Le Royaume des d'eux est semblable a un trésor caché dans un champ : celui qui l'a trouvé le cache, et, à cause de la joie qu'il en a, il va et vend tout ce qu'il a, et il achète ce champ.

45. Le Royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui chercherait de bonnes perles ;

46. Or une perle précieuse trouvée, il s'en alla vendre tout c e qu'il avait, et l'acheta.

Comme vous le voyez, le salut est la propriété privée des Juifs jehouddolâtres. Quoiqu'il ne coûte absolument rien, on doit dire qu'on l'a acheté très cher, qu'on a tout sacrifié pour l'avoir, c'est le sûr moyen de le bien vendre aux goym. Cette tactique est infaillible. Vous avez entendu l'édile d'Hypate : après quelques années de poissonnade, la ville entière est réduite à la besace Par les pêcheurs christiens !

47. Le Royaume des cieux est encore semblable à un filet jeté dans la mer, qui prend toute sorte de poissons ;

48. Et lorsqu'il est plein, les pêcheurs le retirent, puis, s asseyant sur le rivage, choisissent les bons, les mettent -d ans des vases, et jettent les mauvais dehors.

49 Ainsi en sera-t-il à la consommation de l'Æon : les anges viendront, et sépareront les méchants du milieu des justes,

50. Et les jetteront dans la fournaise du feu. Là sera le pleur et le grincement de dents.

51. Avez-vous bien compris tout ceci ? Ils lui dirent : Oui.

52. Et il ajouta : C'est pourquoi tout scribe instruit de ce qui touche le Royaume des cieux est semblable au père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes.

Le scribe, c'est l'Evangéliste lui-même. Il n'y a qu'une façon d'être instruit de ce qui concerne le Royaume, la Basileia, c'est de connaître les Paroles du Rabbi, comme on en accuse Apulée devant Maximus, proconsul d'Afrique. Or, Papias est le premier qui les ait expliquées de manière à en cacher l'auteur primitif, il est le père de la famille des scribes qui ont travaille sur l'ancien fonds légué par Philippe, Toâmin et Mathias Bar-Toâmin. Tout le procédé de fabrication des Évangiles est dans cette conclusion de Jésus.

 

III. — LA BARQUE DE ZIBDÉOS.

 

D'un pas tranquille, il entre à Gamala pour y prendre son corps selon le monde. Voici la Bethsaïda, la Maison de pèche, et plus loin le lac de Ghé-Nazireth. La barque du Charpentier est encore amarrée, mais hélas ! où est celui qui l'a construite, où est Zibdéos, le Faiseur de poissons ? Mort à la peine en 760, Zibdéos a disparu en même temps que Zakhûri et Joseph. Dans Bethsaïda Jésus ne trouvera que sa veuve, Myriam la Magdaléenne, avec ses sept fils, les sept puissances qu'il a extraites d'elle avec la collaboration charnelle de feu Zibdéos, celui qui du bois séméiologique a construit la barque du salut. Mais en vertu de son pouvoir résurrecteur Jésus a pris Zibdéos dans Arche d'en haut ; il le trouvera donc dans la barque en bas, s'il lui plaît qu'il en soit ainsi.

Sitôt dans son corps selon le monde, Jésus recompte, mais avec les modifications qu'entraînent sa vertu de dieu et les siècles écoulés, la vie agitée de Joannès.

Le voilà fils de Myriam, frère aîné de Shehimon, e Jacob senior, de Jacob junior, de Philippe, de Jehoudda Toâmin, alias Didyme, et — mais cela ne s'avoue pas — de Ménahem, le dernier roi-christ de la famille ; le voilà frère de Thamar, dite Marthe, femme d'Eléazar, et de Salomé dite Maria, femme de Cléopas. Et son premier soin, en sa qualité de Verbe transfigurateur et transnominateur, c'est de donner un nouveau nom à son père selon le monde : désormais il ne s'appellera plus ni Zakhûri, ni Joseph comme dans la Nativité ; il s'appellera Zibdéos, charpentier de la barque dans laquelle ses fils pécheront, c'est-à-dire sauveront rétrospectivement leurs contemporains.

MATTHIEU, IV, 17. Depuis ce temps-là, Jésus commença à prêcher et à dire : Faites pénitence, car le Royaume des cieux approche.

18. Or, marchant le long de la mer de Galilée, Jésus vit deux frères, Simon, qui est appelé Pierre[14], et André, son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer (car ils étaient pêcheurs).

19. Et il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai devenir pécheurs d'hommes.

20. Et eux aussitôt, quittant leurs filets, le suivirent.

21. Et s'avançant de là, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zibdéos[15] et Joannès son frère[16], dans leur barque avec Zibdéos, leur père, raccommodant leurs filets, et il les appela.

22. Et eux, aussitôt, ayant laissé leurs filets et leur père, le suivirent.

MARC, I, 16. Or, passant le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer, car ils étaient pécheurs :

17. Et Jésus leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d'hommes.

18. Et aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.

19. De là, s'étant un peu avancé, il vit Jacques fils de Zibdéos, et Joannès son frère, qui raccommodaient leurs filets dans leur barque ;

20. Et au moment même il les appela. Or, laissant leur père Zibdéos dans la barque avec ceux qui attendaient leur salaire[17], ils le suivirent.

Dans cette allégorie, Bar-Jehoudda, Shehimon, Jacob senior et Jacob junior quittent leur père. On ferait mieux de dire que c'est leur père qui les a quittés en 760. Mais montrer la barque baptismale sans y montrer en même temps le charpentier qui l'a construite, ce serait enlever à l'allégorie toute sa signification doctrinale. Jehoudda s'y trouve en qualité de Faiseur de poissons. Sous cette figure on lui conservé le surnom de Zakhûri qu'il a dans la Nativité. Il a été Zakhûri quand il s'est agi de la réalisation du songe de Joseph, il a été le charpentier quand il a construit la barque dont se sert Jésus pour se promener sur le lac. Ne pouvant décemment amener l'Arche d'alliance sans que les goym s'en aperçoivent, Jésus le reçoit dans la barque qui en est l'image : là le martyr attend son salaire avec ceux qui sont morts pour la Loi en 760. Nous ne le reverrons plus sous le nom de Zibdéos.

L'Évangéliste réduit ses fils à quatre qui sont, il est vrai, les quatre premiers martyrs de la seconde phase apostolique, — la première est celle du Recensement, — mais par le prologue et par l'épilogue de Cérinthe[18], sans compter les aveux de Marc[19], de Luc[20], de Papias, de Valentin et de l'Assomption de Moïse[21], nous savons qu'ils étaient sept, et dans une autre circonstance on nommera deux d'entre eux qui ne sont pas nommés ici, Jehoudda junior et Ménahem (celui-ci sous le nom de Joseph), mais on évitera de nommer Philippe et d'ajouter le surnom de Toâmin à Jehoudda junior, à cause des écritures qu'ont laissées ces deux secrétaires du Rabbi. Nommer Toâmin surtout, le père de ce Mathias à qui l'Église prépare la double auréole de l'évangélisme et de l'apostolat, ce serait de la dernière imprudence.

 

IV. — LA TEMPÊTE SUR LE LAC DE GHÉ-NAZIRETH.

 

De même qu'il ne devrait plus y avoir de Satan depuis 789, il ne devrait plus y avoir de mer. Mais voici un lac qui sera baptisé mer pour la circonstance. Jésus y naviguera dans la barque occupée par les fils du Zibdéos. S'il survient quelque tempête, comment se tiendront-ils ? Très mal. Or comment doivent-ils se tenir ? Très bien, puisque l'Esprit, porté au commencement sur les eaux[22], est avec eux.

Quant à la tempête qui les assaille, celui qui doit en être le moins surpris, c'est Joannès, puisqu'il l'avait annoncée et décrite[23]. Aussi ne bronche-t-il pas.

LUC, VIII, 22. Or il arriva un de ces jours-là qu'il monta sur une barque avec ses disciples, et il leur dit : Passons à l'autre bord du lac. Et ils partirent.

23. Pendant qu'ils naviguaient, il s'endormit, et un grain de vent vint fondre sur le lac, et la barque s'emplissait d'eau, et ils étaient en péril.

24. S'approchant donc, ils le réveillèrent, disant : Maître, nous périssons. Alors, se levant, il gourmanda le vent et les flots : et ils s'apaisèrent, et il se lit un grand calme.

25. Mais il leur dit : Ou est votre foi ?[24] Et eux, effrayés, se regardèrent avec surprise les uns les autres, disant : Qui pensez-vous est celui-ci, qu'il commande aux vents et à la mer, et ils lui obéissent ?

MATTHIEU, VIII, 23. Étant ensuite monté dans la barque, ses disciples le suivirent.

24. Et voilà qu'une grande tempête se leva sur la mer, de sorte que la barque était couverte par les vagues ; lui-même cependant dormait.

25. C'est pourquoi ses disciples s'approchèrent de lui, et l'éveillèrent, disant : Seigneur, sauvez-nous, nous périssons.

26. Jésus leur dit : Pourquoi craignez-vous, hommes de peu de foi ? Alors, se levant, il commanda aux vents et à la mer, et il se fit un grand calme.

27. Or, saisis d'admiration, ces hommes disaient : Quel est celui-ci, que les vents et la mer lui obéissent ?

MARC, IV, 35. Or il leur dit ce jour-là, lorsque le soir fut venu ; Passons à l'autre bord.

36. Et ayant renvoyé le peuple, ils l'emmenèrent sur la barque où il était ; et d'autres barques l'accompagnaient.

37. Mais il s'éleva un grand tourbillon de vent, qui poussait les flots dans la barque, de sorte que la barque s'emplissait.

38. Jésus cependant était à la poupe, dormant sur un oreiller ; et ils le réveillèrent et lui dirent : Maître, n'avez-vous point de souci que nous périssions ?

39. Alors, se levant, il menaça le vent, et dit à la mer : Silence ! calme-toi. Et le vent cessa, et il se fit un grand calme.

40. Et il leur dit : Pourquoi êtes-vous timides ? n'avez-vous point encore la foi ? Et ils furent saisis d'une grande crainte, et ils se disaient l'un à l'autre : Qui pensez-vous est celui-ci, que et le vent[25] et la mer lui obéissent ?

 

V. — DÉSAVEU DE LA PÂQUE AUX POISSONS.

 

Rassuré par cette expérience, l'Evangéliste se sert aussitôt de cette barque — elle va comme un bateau — pour y faire monter l'Esprit du mensonge ecclésiastique.

En effet la séméiologie de la pâque aux poissons qui termine l'Évangile de Cérinthe[26] était excessivement gênante, surtout depuis qu'un homme comme Apulée avait dû se défendre devant toute une province d'avoir voulu participer à la poissonnade du Jubilé de 889. On en reconstituait facilement le sens millénariste par les chiffres, et on y voyait Jésus assumer Shehimon au nez et à la barbe du Joannès qu'il laissait pour compte à la terre. Le pape Clément n'avait pu détruire l'Évangile de Cérinthe, ni l'Âne d'or, ni l'Apologie d'Apulée, et quant au banquet de rémission où Cérinthe montre le christ appuyé sur le sein de Jésus le 14 nisan 788, le plus qu'avait pu le faussaire pour en pallier les effets, c'avait été de s'attribuer à lui-même le rôle du christ dans cette allégorie[27]. Mais la pâque aux poissons n'en demeurait pas moins avec ses chiffres, et surtout cette moralité que, quatorze ans après sa crucifixion, Bar-Jehoudda était encore sur la terre, dans la position d'un mort inassumé.

Il fallait donc donner le change aux églises qui tenaient pour la poissonnade pascale. Voici comment les aigrefins de Rome ont opéré dans Luc. D'abord ils suppriment tous les chiffres, en un mot tous les facteurs millénaristes de la séméiologie. Puis, là où Cérinthe n'avait mis qu'une barque, avec les sept fils de Jehoudda dedans, sous la conduite de Shehimon, Luc met deux barques, l'une avec Shehimon, Jacob senior et le Joannès, les trois crucifiés du Guol-golta, l'autre montée par des compagnons anonymes dont on ne dit pas le nombre parce qu'il faudrait dire le nom. Dans Cérinthe, 'a séméiologie commémorait non sans ironie la Grande pâque manquée. Ici elle est remplacée par une pêche particulièrement heureuse, mais qui n'a plus de date, partant plus de sens. Cette pèche est d'un temps où l'imposture clémentine commençait à rapporter : nous sommes pour le moins au quatrième siècle.

LUC, V, 1. Or il arriva que, lorsque la foule se précipitait sur lui pour entendre la parole de Dieu, il se tenait lui-même auprès du lac de Génésareth.

2. Or il vit deux barques qui étaient sur le bord du lac ; et les pêcheurs étaient descendus, et lavaient leurs filets.

3. Montant dans une des barques, qui était à Simon, il le pria de s'éloigner un peu de la terre. Or, s'étant assis, il enseignait le peuple de dessus la barque.

4. Lorsqu'il eut cessé de parler, il dit à Simon : Avance en mer, et jetez vos filets pour pêcher.

5. Mais Simon, répondant, lui dit : Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre ; cependant, sur votre parole, je jetterai le filet.

6. Et quand ils l'eurent fait, ils prirent une si grande quantité de poissons, que leur filet se rompait.

7. Et ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l'autre barque de venir les aider. Ils vinrent donc, et emplirent les deux barques, au point qu'elles étaient près de couler à fond.

8. Ce que voyant Simon Pierre, il tomba aux pieds de Jésus, disant : Retirez-vous de moi, Seigneur, parce que je suis un homme pécheur.

9. Car il était plongé dans la stupeur, lui et tous ceux qui se trouvaient avec lui, à cause de la pèche des poissons qu'ils avaient faite ;

10. Et pareillement Jacques et Joannès, fils de Zébédée[28], qui étaient compagnons de Simon. Et Jésus dit à Simon : Ne crains point : désormais ce sont des hommes que tu prendras.

11. Et, les barques ramenées à terre, ils laissèrent tout et le suivirent.

Les aigrefins célèbrent hardiment leur victoire. Ils se sont débarrassés de Cérinthe par Clément, puis de Clément par Jochanan Evangéliste ; c'est Jochanan qui remplace Joannès le baptiseur dans la barque de Zébédée. Désormais, comme le dit excellemment Jésus, — oh ! l'honnête Verbe juif ! — ce sont des hommes que prendra Shehimon, devenu pape sous le nom de Pierre, sur le témoignage de son successeur Clément. Enfin la vérité a fait faillite ! Les goym ont pris la pièce fausse !

La voie est libre, on va pouvoir faire tout ce que Cérinthe rendait impossible, montrer Jésus célébrant la pâque et créant l'Eucharistie, se ressuscitant, mieux encore s'enlevant au ciel, le quatrième jour ou le cinquantième, il n'importe maintenant que son disciple préféré a cessé d'être le christ pour devenir un Evangéliste du nom de Jochanan, qui a reposé non plus sur le sein allégorique du Verbe Jésus, mais sur la poitrine velue de Jésus-Christ pendant la Cène !

Dans Cérinthe Jésus n'avait pas voulu que Bar-Jehoudda le suivît, alors qu'il avait emmené Shehimon ; ici tous suivent Bar-Jehoudda qui est devenu Jésus-Christ par le fusionnement des deux mots.

 

VI. — LES PARABOLES.

 

Toutes les paraboles sont sorties des flancs de ce vaste bateau.

Nous en avons fait masse pour débarrasser le tapis, toutes se rattachant à un système commun, sauf celles qui concernent l'enterrement de Bar-Jehoudda en Samarie et l'hospitalité que les Samaritains se trouvent avoir offerte à sa dépouille. Nous avons réservé celles-là qui ont leur place à part[29].

Les targums et paraboles sont tout à fait dans le temps juif, et ici elles étaient nécessaires, on les a multipliées. On se perd, on se noyé dans les paraboles, et quoiqu'il y en ait de jolies, comme celle de l'enfant promue, de tragiques, comme celle de Lazare, de subtiles comme celle du juge inique, de pitoyables, comme celle du pharisien qui se croit juste et du publicain qui s'avoue pécheur, de terriblement dangereuses, comme celle de l'intendant qui, chassé par son maître pour avoir mal géré, le vole avec ses débiteurs afin de gagner leurs bonnes grâces, de répréhensibles, comme celles où Jésus excite manifestement à l'usure, à l'assassinat même, tout l'agrément qu'on y pourrait trouver, toute l'humeur qu'on en pourrait prendre s'évanouissent devant la bassesse de leur fabrication et la grossièreté des appétits qu'elles servent.

 

VII. — PARABOLE DU SEMEUR.

 

MARC, IV, 1. Il commença de nouveau à enseigner auprès de la mer ; et une grande multitude se rassembla autour de lui, de sorte que, montant dans la barque, il se tenait sur la mer, et toute la multitude était à terre le long du rivage.

2. Et il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles, et leur disait dans son enseignement :

3. Ecoutez : voilà que celui qui sème est sorti pour semer.

4. Et, pendant qu'il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin, et les oiseaux du ciel vinrent et la mangèrent.

5. Une autre partie tomba en des endroits pierreux, où elle n'eut pas beaucoup de terre ; et elle leva bientôt, parce que la terre n'avait pas de profondeur ;

6. Et quand le soleil se leva, elle fut brûlée ; et comme elle n'avait point de racine, elle sécha.

7. Une autre partie tomba parmi les épines ; et les épines grandirent et l'étouffèrent ; et elle ne donna point de fruit.

8. Mais une autre tomba dans une bonne terre, et donna du fruit, qui s'éleva et se multiplia : en sorte qu'un grain rendait trente, l'autre soixante, l'autre cent.

9. Et il disait : Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

MATTHIEU, XIII, 1. Ce jour-là, Jésus, étant sorti de la maison, s'assit sur le bord de la mer.

2. Et il s'assembla près de lui une grande foule, de sorte que, montant sur la Barque[30], il s'assit ; et toute la foule resta sur le rivage.

3. Et il leur annonça beaucoup de choses en paraboles, disant : Voilà que celui qui sème est sorti pour semer.

4. Et pendant qu'il semait, des grains tombèrent le long du chemin ; et les oiseaux du ciel vinrent et les mangèrent.

5. D'autres tombèrent sur un terrain pierreux, où il n'y avait pas beaucoup de terre ; et ils levèrent très vite, parce que la terre était peu profonde.

6. Mais, le soleil s'étant levé, ils furent brûlés ; et, parce qu'ils n'avaient point de racine, ils se desséchèrent.

7. D'autres tombèrent parmi les épines ; et les épines crurent, et les étouffèrent.

8. D'autres tombèrent dans une bonne terre, et produisirent des fruits, l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente.

9. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende.

LUC, VIII, 4. Comme le peuple s'assemblait en foule et courait à lui des villes, il dit en parabole :

5. Celui qui sème alla semer son grain ; et pendant qu'il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin, et fut foulée aux pieds, et les oiseaux du ciel la mangèrent.

6. Une autre tomba sur la pierre, et ayant levé, elle sécha, parce qu'elle n'avait point d'humidité.

7. Une autre tomba parmi les épines, et croissant en même temps, les épines l'étouffèrent.

8. Une autre tomba dans la bonne terre, et ayant levé, elle porta du fruit au centuple.

Disant cela, il criait : Que celui qui a des oreilles pour entendre entende !

Que celui qui a des oreilles entende ! c'était le grand mot de Bar-Jehoudda[31]. Le semeur, c'est l'auteur de l'Apocalypse, et il semait pour que le Moissonneur récoltât.

Composé de gens simples en apparence, de faux bonshommes, le peuple n'a pas compris cette parabole, du moins il a fait semblant de ne pas la comprendre.

 

VIII. — RAISON D'ÊTRE DU SYSTÈME PARABOLIQUE.

 

MARC, IV, 10. Mais, lorsqu'il fut loin delà foule, les douze qui étaient avec lui l'interrogèrent sur cette parabole.

11. Et il leur disait : C'est à vous qu'il a été donné de connaître le mystère du Royaume de Dieu ; mais pour ceux qui sont dehors, tout se fait en paraboles,

12. Afin que voyant ils voient et ne voient point, et qu'entendant ils entendent et ne comprennent point ; de peur qu'ils ne se convertissent, et que leurs péchés ne leur soient remis.

Ceux qui sont dehors, — les forestiers, comme on dit en Italie, — ce sont les étrangers, les goym, ceux qui étant hors de la circoncision, sont hors du salut et iront dans les ténèbres extérieures quand sonnera l'heure de la justice.

En punition de leur aveuglement volontaire, dit le Saint-Siège, Dieu leur retire justement les lumières et les grâces que sans cela il leur aurait données pour leur conversion réelle ! Ce sentiment est tellement méprisable, et tellement contraire au principe de l'enseignement, que les synoptiseurs ont senti le besoin de l'atténuer dans Luc.

LUC, VIII, 9. Or ses disciples lui demandaient quel était le sens de cette parabole.

10. Il leur dit : Pour vous, il vous a été donné de connaître le mystère du Royaume de Dieu ; mais aux autres je parle seulement en paraboles, afin que voyant ils ne voient point, qu'entendant ils ne comprennent point.

On ne désigne plus les étrangers, et on enlève l'odieuse pensée qui termine cette confidence dans Marc : la peur qu'ils ne viennent à guérir en comprenant ! Cette pensée est du diable lui-même.

MATTHIEU, XIII, 10. Et ses disciples, s'approchant, lui disent : Pourquoi leur parlez-vous en paraboles ?

11. Il leur répondit, en disant : Parce que pour vous, il vous a été donné de connaître les mystères du Royaume des cieux ; mais, pour eux, il ne leur a pas été donné.

12. Car celui qui a, on lui donnera, et il sera dans l'abondance ; mais celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera ôté.

13. C'est pourquoi je leur parle en paraboles, parce que voyant, ils ne voient point, et qu'écoutant, ils n'entendent ni ne comprennent.

14. Aussi c'est en eux que s'accomplit la prophétie d'Isaïe, disant : Vous écouterez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point.

15. Car le cœur de ce peuple s'est appesanti, et ses oreilles se sont endurcies, et ils ont fermé leurs yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n'entendent, que leur cœur ne comprenne, et que, se convertissant, je ne les guérisse.

16. Mais heureux vos yeux, parce qu'ils voient, et vos oreilles, parce qu'elles entendent !

17. Car, en vérité, je vous dis que beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l'ont pas vu ; entendre ce que vous entendez, et ne l'ont point entendu.

Ce qu'il y a d'inouï dans cette fantastique mystification, c'est que précisément ils n'ont rien vu et rien entendu de tout cela à l'époque où l'Evangéliste place l'action. Ils sont à cet égard dans la même situation que le peuple ; mais plus juifs que lui, ils concourent par leur silence à duper le tiers que l'Evangéliste a constamment en vue : le contribuable goy. Il ne s'agit ici que des mystères du royaume de Dieu, dit le Saint-Siège, et non des préceptes évangéliques, que tous doivent entendre et pratiquer. Or Jésus-Christ ne proposait qu'en paraboles les mystères aux Juifs, afin de les punir de l'aveuglement de leur esprit et de l'endurcissement de leur cœur. C'est tout le contraire ; le Royaume de Dieu n'est pas un mystère pour les Juifs, et Jésus ne le propose en paraboles que pour empêcher les étrangers d'en faire partie, à moins qu'ils ne paient, bien entendu ! Encore est-il sous-entendu qu'ils ne sont point sauvables, faute de circoncision.

MARC, IV, 24. Il leur disait : Prenez garde à ce que vous entendez. La mesure dont vous aurez usé pour les autres, on en usera pour vous, et en y ajoutant.

23. Car on donnera à celui qui a ; et celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera ôté.

En un mot nous sommes obligés, nous autres Juifs, de déguiser nos pensées sous des paraboles, de mettre un masque à nos haines, mais gardons notre espérance : la terre est à nous ! Le jour viendra où Celui qui sait tout mettra chaque nation à sa place ou mieux la nôtre au-dessus de toutes.

 

IX. — EXPLICATION DE LA PARABOLE DU SEMEUR.

 

LUC, VIII, 11. Or voici le sens de cette parabole : La semence est la parole de Dieu.

12. Ce qui tombe le long du chemin, ce sont ceux qui joutent ; le diable vient ensuite, et enlève la parole de eu r cœur, de peur que, croyant, ils ne soient sauvés.

13. Ce qui tombe sur la pierre, ce sont ceux qui, ayant écouté la parole, la reçoivent avec joie ; mais ceux-ci n'ont Point de racine, ils croient pour un temps, et au temps de la tentation ils se retirent.

14. Ce qui tombe parmi les épines, ce sont ceux qui écoutent la parole ; mais, en allant, ils sont étouffés par les sollicitudes, les richesses et les voluptés de la vie, et ils ne Pilent point de fruit.

15. Mais ce qui tombe dans la bonne terre, ce sont ceux qui, écoutant la parole, la conservent dans un cœur bon et Scellent, et portent du fruit par la patience.

MARC, IV, 13. Puis il leur dit : Vous ne comprenez point cette parabole ? et comment donc comprendrez-vous toutes les autres paraboles ?

14. Celui qui sème, sème la parole.

15. Ceux qui se trouvent le long du chemin où la parole est semée, ce sont ceux qui ne l'ont pas plutôt entendue, que Satan vient et enlève cette parole qui a été semée dans leurs cœurs.

16. Et pareillement ceux qui ont reçu la semence en des endroits pierreux, sont ceux qui, entendant la parole, la reçoivent d'abord avec joie ;

17. Mais, n'ayant point de racine en eux, ils n'ont qu'un temps ; après quoi, la tribulation et la persécution survenant à cause de la parole, ils se scandalisent aussitôt.

18. Et les autres qui reçoivent la semence parmi les épines, sont ceux qui écoulent la parole ;

19. Mais les sollicitations de cet Æon-ci[32], et l'illusion des richesses, et toutes les autres convoitises entrant en eux, étouffent la parole et la rendent sans fruit.

20. Enfin, ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre, sont ceux qui écoutent la parole et la reçoivent, et produisent du fruit, l'un trente, l'autre soixante, et l'autre cent.

Matthieu, xiii, 18. Vous donc, entendez la parabole de celui qui sème.

19. Quiconque entend la parole du Royaume et ne la comprend pas, l'esprit malin vient, et il enlève ce qui a été semé dans son cœur : tel est celui qui a reçu la semence le long du chemin.

20. Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c'est celui qui écoute la parole et la reçoit d'abord avec joie ;

21. Mais comme il n'a pas en lui de racine, il ne se maintient pas longtemps : car, la tribulation et la persécution survenant à cause de la parole, il est aussitôt scandalisé.

22. Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c'est celui qui écoute la parole ; mais les sollicitations de cet Æon et la tromperie des richesses étouffent cette parole, et elle reste sans fruit.

23. Mais celui qui a reçu la semence dans une bonne terre, c'est celui qui écoute la parole et la comprend, qui porte le fruit, et rend ou cent, ou soixante, ou trente.

 

X. — PARABOLE DE LA SEMENCE APOCALYPTIQUE.

 

MARC, IV, 26. Il disait aussi : Il en est du Royaume de Dieu comme d'un homme qui jette de la semence en terre.

27.  Qu'il dorme, qu'il se lève de nuit et de jour, la semence germe et croit sans qu'il sache comment.

28. Car c'est d'elle-même que la terre produit du fruit : abord de l'herbe, puis un épi, et ensuite du blé tout formé dans l'épi.

28.  Et quand le fruit est en maturité, aussitôt on y met la faux parce que c'est le temps de la moisson.

 

XI. — PARABOLE DU BON GRAIN ET DE L'IVRAIE[33].

 

MATTHIEU, XIII, 24. Il leur proposa une autre parabole, disant : Le Royaume des cieux est semblable à un homme lui avait semé du bon grain dans son champ.

25. Mais, pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint et sema de l'ivraie au milieu du froment, et s'en alla.

26. L'herbe ayant donc crû et produit son fruit, alors parut aussi l'ivraie.

27. Cependant les serviteurs du maître de la maison, s'approchant, lui demandèrent : Seigneur, n'avez-vous pas semé du bon grain dans votre champ ? d'où vient donc qu'il y a de l'ivraie ?

28. Et il leur répondit : C'est un homme ennemi qui a fait cela. Les serviteurs lui demandèrent : Voulez-vous que nous allions l'arracher ?

29. Il répondit : Non, de peur qu'arrachant l'ivraie, vous n'arrachiez aussi le froment avec elle.

30. Laissez l'un et l'autre croître jusqu'à la moisson, et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : Arrachez d'abord l'ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler ; mais le froment, rassemblez-le dans mon grenier.

MATTHIEU, XII, 34. Jésus dit toutes ces choses en paraboles à la multitude ; et il ne lui parlait point sans paraboles,

35. Afin que s'accomplit la parole du prophète, disant : J'ouvrirai ma bouche en paraboles, et je révélerai des choses cachées depuis la fondation du monde[34].

36. Alors, la multitude renvoyée, il vint dans la maison ; et ses disciples s'approchèrent de lui, disant : Expliquez-nous la parabole de l'ivraie semée dans le champ.

37. Jésus, répondant, leur dit : Celui qui sème le bon grain, c'est le Fils de l'homme ;

38. Et le champ, c'est le monde. Mais le bon grain, ce sont les enfants du Royaume[35], et l'ivraie, les enfants du Malin[36].

39. L'ennemi qui l'a semée, c'est le Démon. La moisson, fut la consommation de l'Æon[37] ; et les moissonneurs sont les anges.

Nullement, le Moissonneur, c'est le Créateur, le Fils de Dieu, voyez l'Apocalypse[38]. Mais afin qu'on ne lui demande pas d'exécuter celte révélation, à lui qui ne Peut même pas fournir les signes qui devaient accompagner la consommation de l'Æon-Zibdéos, il déclare que les anges en sont chargés, et en effet on a révisé l'Apocalypse en ce sens.

40. Comme donc on arrache l'ivraie et qu'on la brûle ans le feu, ainsi en sera-t-il à la consommation de l'Æon.

41. Le Fils de l'homme enverra ses anges[39], et ils enlèveront de son Royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité ;

42. Et ils les jetteront dans la fournaise du feu. Là sera le pleur et le grincement de dents.

43. Alors les justes[40] resplendiront comme le soleil ans le Royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende !

 

XII. — PARABOLE DE LA LAMPE ET DU CHANDELIER.

 

MARC, IV, 21. Il leur disait aussi : Apporte-t-on la lampe pour la mettre sous le boisseau ou sous le lit ? n'est-ce pas pour la mettre sur le chandelier ?

22. Car il n'y a rien de caché qui ne soit manifesté, ni rien de fait en secret qui ne vienne au grand jour.

23. Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende !

LUC, VIII, 16. Personne, allumant une lampe, ne la couvre d'un vase ou ne la met sous un lit ; mais il la pose sur un chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière.

17. Car il n'y a rien de caché qui ne soit découvert, ni rien de secret qui ne soit connu et ne vienne au grand jour.

18. Voyez donc comment vous écoutez. Car il sera donné à celui qui a ; et quiconque n'a point, même ce qu'il croit avoir, lui sera ôté.

Le chandelier, c'est le corps de la parabole ; le corps est obscur, mais la lumière est au-dessus. C'est le point lumineux qu'il faut regarder, surtout quand il est à sept branches comme ici, et qu'il contient les sept Esprits de Dieu ; au contraire, les goym épais, trompés par les apparences, considèrent le chandelier qu'ils ont enlevé du Temple, et croient posséder quelque chose de précieux. Mais patience ! l'esprit sabbatique aura raison d'eux.

Quant à cette lampe qu'on appelle parfois la lampe de David, c'est Iahvé lui-même. Je vois un chandelier tout d'or, dit Zacharie, un chandelier qui a une lampe au bout de sa principale tige, et sept lampes sur ses branches[41]. C'est de cette lampe que Bar-Jehoudda parle dans l'Apocalypse comme ayant à sa droite et à sa gauche deux oliviers qui lui fournissent l'huile éternelle et qui en l'espèce sont le père et l'oncle de l'auteur[42].

 

XIII. — SIMILITUDE DE L'HOMME AU GRAIN DE SÉNEVÉ.

 

En dehors des paraboles, l'Évangéliste procède souvent par similitudes. Les similitudes sont un peu plus-que des comparaisons, ce sont des rudiments de paraboles. Une parabole, c'est une similitude en action. La similitude du grain de sénevé est l'une des plus connues. Dans Luc, où elle est bien placée, elle vient immédiatement après le redressement de Salomé par Jésus, dix-huit ans après la mort de son mari.

LUC, XIII, 18. Il disait donc : A quoi est semblable le Royaume de Dieu, et à quoi le comparerai-je ?

19. Il est semblable à un grain de sénevé qu'un homme prit et jeta dans son jardin ; il crût, et devint un grand arbre, et les oiseaux du ciel se reposèrent sur ses branches.

Le sénevé est crucifère. C'est pourquoi on l'emploie comme symbole de la croix, prise dans sa figure la plus-Petite, mais capable en s'élargissant d'embrasser les Quatre points cardinaux. L'homme qui a semé le sénevé, c'est le jardinier tué au Recensement, et ce sénevé, la Croix, deviendra le grand Arbre édénique qui abritera tous les Juifs au dernier sabbat. Ce sénevé, Bar-Jehoudda l'avait au bras dans un tatouage.

Le Saint-Siège dit du sénevé : La Sinapis nigra ou moutarde noire de Palestine est une plante annuelle, aux rameaux nombreux et à larges feuilles. Tous les voyageurs rapportent qu'en Terre sainte elle atteint, même à l'état sauvage, de grandes proportions, et s'élève souvent à plus de trois mètres de hauteur, de sorte que les oiseaux du ciel peuvent se reposer littéralement sur ses rameaux. Et de l'Arbre : Les premiers chrétiens ont souvent représenté Jésus-Christ dans le tombeau avec un arbre qui sort de sa bouche et sur les branches duquel sont les Apôtres.

Les douze Æons de l'Arbre de vie. C'est la figure de l'arbre d'Ischaï, l'Arbre aux douze récoltes de l'Apocalypse, le Figuier-myrier[43] pour Adam, la Vigne pour le Seigneur.

Cette similitude étant trop significative à l'endroit où elle se trouve dans Luc, les synoptiseurs l'ont perdue dans Mathieu et dans Marc, au milieu des paraboles sur le Moissonneur et sa Moisson.

MATTHIEU, XIII, 31. Il leur proposa une autre parabole, disant : Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé, qu'un homme prit et sema dans son champ.

32. C'est, à la vérité, le plus petit de tous les grains ; mais lorsqu'il a crû, il est plus grand que toutes les plantes, et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses rameaux.

Dans Marc le semeur de sénevé disparait, on ne voit plus que le grain.

MARC, IV, 30. Il disait encore : A quoi comparerons-nous le royaume de Dieu ? ou sous quelle parabole le représenterons-nous ?

31. Il est comme un grain de sénevé, qui, lorsqu'on le sème, est la plus petite de toutes les semences qui sont dans la terre.

32. Et quand on l'a semé, il monte et devient plus grand que toutes les plantes, et pousse de si grands rameaux que les oiseaux du ciel peuvent se reposer sous son ombre.

33. Ainsi, c'est par beaucoup de semblables paraboles qu'il leur annonçait la parole, selon qu'ils pouvaient l'entendre :

34. Car il ne leur parlait, sinon en paraboles ; mais en particulier il expliquait tout à ses disciples.

C'est un véritable cours de duplicité. Tandis que les étrangers comprendront d'une façon qui est la mauvaise, les Juifs comprennent d'une autre qui est la bonne. On aura ainsi double langage, comme ou a double face.

 

XIV. — SIMILITUDE DE LA FEMME AUX TROIS SÉAS.

 

C'est l'une des moins connues, quoi qu'aucune ne mérite plus de l'être.

Luc, XIII, 20. Et il dit encore : A quoi comparerai-je le Royaume de Dieu ?

21. Il est semblable à du levain qu'une femme prend et mêle dans trois séas[44] de farine, jusqu'à ce que tout soit fermenté.

MATTHIEU, XIII, 33. Il leur dit encore cette autre parabole : Le Royaume du ciel est semblable au levain qu'une femme prend et mêle dans trois séas de farine, jusqu'à ce que le tout ait fermenté[45].

La femme qui a pris le levain, non plus le mauvais levain d'Hérode et du Sanhédrin, mais le bon levain de Juda, c'est la veuve du semeur de sénevé. Elle l'a mis dans trois séas qui sont :

Premier séa : L'Agneau.

Deuxième séa : Le Taureau.

Troisième séa : Les Gémeaux.

Quelle magnifique pâte elle trouvera dans le quatrième, l'Âne, le signe de la tribu dont elle est et dont est le mari qu'elle pleure ! Il y avait trente-neuf litres de farine, dit doctement le Saint-Siège. Oh ! bien davantage ! Il y en avait très exactement quatre mille neuf cent quatre-vingt-dix, à raison d'un litre par an, car nous sommes en 779 et dix ans seulement nous séparent de la date à laquelle il y en aura cinq mille, c'est-à-dire de quoi compléter le cinquième des pains millénaires que nous avons déjà vus sur le Thabor entre les mains de l'enfant aux signes[46], le propre fils de la femme au judaïque levain. Toutefois le choix du séa comme mesure de capacité n'est pas indifférent à cette séméiologie, car les rabbis — et qui le fut jamais plus que le Juif consubstantiel au Père ? — les rabbis comparaient toutes leurs mesures à la place occupée par un œuf de poule et comptaient 144 œufs au séa. Et comme nous sommes en pleine kabbale millénariste, il nous faut multiplier

144 * 1.000 = 144.000

Nous obtenons ainsi, pour le pain dit Zib, les cent quarante-quatre mille Anges qui viendront avec le Fils de l'homme et les douze Æons sauver les douze tribus d'Israël, après avoir détruit le monde païen par tiers toutefois, car cela aussi est dans le levain manipulé Par la femme ! Ô Sacré cœur de Marie, nous ne t'adorerons jamais assez !

 

XV. — PARABOLE DE LA VEUVE À QUI LE MAUVAIS JUGE REFUSA JUSTICE.

 

LUC, XVIII, 1. Il leur proposait aussi cette parabole, sur ce qu'il faut toujours prier et ne se lasser jamais.

2. Il y avait, disait-il, dans une certaine ville un juge qui ne craignait point Dieu, et ne se souciait point des hommes.

3. Or, il y avait une veuve dans cette même ville, et elle venait à lui, disant : Faites-moi justice de mon adversaire.

4. Et il ne le voulut pas pendant longtemps. Mais ensuite il dit en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu et ne me soucie point des hommes,

5. Cependant, parce que cette femme m'importune, je lui er ai justice, de peur qu'à la fin elle ne vienne me faire quelque affront.

6. Le Seigneur ajouta : Entendez ce que dit ce juge d'iniquité.

7. Et Dieu ne vengera pas ses élus, qui crient vers lui jour et nuit, et il usera de délai pour eux ?

8. Je vous dis qu'il les vengera bientôt ! Mais quand le Fils de l'homme viendra, pensez-vous qu'il trouve de la foi sur la terre ?

Vous devinez qui est cette veuve ? c'est la mère des fils de Zibdéos, et qui est ce juge d'iniquité ? c'est Auguste, qui avait décidé contre Juda en asseyant Hérode sur Jérusalem. Tout est historique dans cette parabole, jusqu'à l'embarras d'Auguste devant les plaintes qu'il entendit[47] et qui, appuyées de révoltes sanglantes, coûtèrent la couronne à Antipas[48] et l'ethnarchie juive à Archélaüs[49].

Quant à Jésus, il rappelle textuellement aux disciples le passage de l'Apocalypse où il est ordonné à Jehoudda, et aux membres de sa famille tombés avec lui en 700, d'attendre le terme auquel justice leur sera faite par le bon Juge et le Roi des rois. Et pour que vous ne doutiez point, — car, étant français, foi ne m'est point due, — laissez-moi vous citer le juif consubstantiel et coéternel au Père : Ils criaient d'une voix forte, disant : Jusques à quand, Seigneur (le Saint et le Véritable) ; ne ferez-vous point justice et ne vengerez-vous point notre sang sur ceux qui habitent la terre ? Et il leur fut dit d'attendre encore un peu de temps jusqu'à ce que fussent arrivés à leur terme ceux qui servaient comme eux, et leurs frères qui devaient être tués comme eux[50], Jésus espère pour la veuve que leur vengeance viendra, sinon au terme fixé par le mari lui-même, — ce terme est passé, hélas ! — du moins assez tôt pour que les successeurs du juge qui avait décidé en faveur d'Hérode reçoivent le châtiment de iniquité faite à Juda. Mais, comme on le voit par sa conclusion, ce qui manque le plus, c'est la foi dans la Prophétie périmée ! Quelle amertume, observe Proudhon ! Quel sentiment de déception ! Même s'il paraissait sur les nues, le Fils de l'homme ne trouverait pas de foi, dit Jésus ! C'est pour ranimer cette foi vacillante, c'est pour relever le prophète de sa faillite, que l'Evangéliste fait descendre Jésus dans cette Ecriture. S'ils prient jour et nuit sans se lasser, les Juifs se feront entendre, et viendra leur Royaume, car si dans le fait l'échéance est passée et la traite trois fois protestée, au Jubilé de 789, à celui de 839, à celui de 889, il est au pouvoir de Dieu de renouveler l'une et l'autre. Prions donc ferme et dru pour que Dieu établisse les Juifs sur toutes les nations !

Mais dans tout cela il n'est plus question du fameux pain, du lehem qui devait venir sous l'Âne et pour lequel Salomé, maîtresse de la beth, avait mis du levain dans trois séas. On ne voit plus que l'auteur de l'Apocalypse ait en son vivant supplié Dieu de détruire le monde païen pendant les trois premiers signes de l'Æon-Zib. Ne convient-il pas que Jésus, par quelque Parabole nouvelle[51], donne le change sur ce dispositif dont le chiffre est connu des goym ? Elle ne se fait pas étendre.

 

XVI. — PARABOLE DES TROIS PAINS.

 

LUC, XI, 5. Et il leur dit encore : Si quelqu'un de vous a un ami, et qu'il aille le trouver pendant la nuit, et lui dise : Ami, prête-moi trois pains,

6. Parce qu'un de mes amis est arrivé chez moi de voyage, et que je n'ai rien à lui offrir ;

7. Et si celui-là, répondant de dedans sa maison, disait : Ne m'importune point ; ma porte est déjà fermée, et mes enfants sont au lit avec moi ; je ne puis me lever et t'en donner.

8. Si cependant l'autre continue de frapper, je vous le dis, quand celui-ci ne se lèverait point pour lui en donner, parce qu'il est son ami ; cependant, à cause de son importunité, il se lèvera et lui en donnera autant qu'il en a besoin.

Pour peu qu'il ait le sens de la kabbale, il lui en prêtera douze, car il a été prié en la forme rituelle, aux trois veilles de la nuit, et on lui a fait entrevoir que Iahvé lui rendrait ses trois pains au centuple sur le lehem du Zib. Car ces trois pains ont été faits avec le levain que Salomé a mis dans les trois mesures qui préludent au séa de l'Âne.

9. Je vous dis de même : Demandez et on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous ouvrira.

10. Car quiconque demande, reçoit ; et qui cherche trouve. Et on ouvrira à celui qui frappe.

11. Mais qui est parmi vous le père qui donnât à son fils une pierre, lorsqu'il lui demanderait du pain ? ou qui lui donnât un serpent, quand il lui demanderait un poisson ?

12 Ou qui lui donnât un scorpion, lorsqu'il lui demande-fait un œuf ?

13. Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner à vos enfants des choses bonnes ; combien, à plus forte raison, votre Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint[52] à ceux qui le lui demanderont !

Sur la première similitude nous sommes renseignés par la tentation que Satan fait subir à Jésus : Dis à cette pierre qu'elle devienne pain. Jésus a répondu par un calembour, mais dans le fond, il le sait très bien, Bar-Jehoudda avait dit que Dieu pouvait changer la pierre en lehem. Ici, comme il n'est plus avec Satan, mais avec les jehouddolâtres, il dit que la chose est encore possible à la condition de persister dans la Loi. Ce qui a échoué au Jubilé de 789 peut arriver à un u tre. Sur la seconde similitude nous sommes éclairés par l'histoire. Lorsqu'on importune Dieu de demandes imbéciles et iniques comme faisaient Bar-Jehoudda et les siens, il répond en refusant le Zib, et il laisse en place, tant au ciel que sur la terre, le Serpent-Chronos, sans lequel d'ailleurs il n'y aurait pas d'Église. .Voulons pas, n'oublions jamais que Satan occupe toujours e ciel visible, celui auquel vont les prières. Mais ici es us, mettant la foi au-dessus de la volonté divine, dépare qu'on peut faire changer le Père d'avis eu l'accablant de quérimonies.

Sur la troisième similitude nous manquons de la lumière du Verbe. Il est bien vrai que le Scorpion est encore en place, et que sans lui il n'y aurait pas de pape, mais nous ne voyons pas l'opposition que l'œuf vient lui faire. Le Saint-Siège lui-même — et pourtant ! — donne aux chats son infaillible langue : Quelques commentateurs, dit-il, ont pensé, à cause de ces paroles, qu'il existait une certaine ressemblance entre un œuf et un scorpion ; mais le langage de Notre-Seigneur n'implique point cette ressemblance. Le scorpion est ordinairement noir, quoique d'anciens auteurs parlent d'un scorpion blanc.

Attendons qu'un concile ait tranché la question. Et en attendant, considérons avec quelle fidélité le Saint-Siège traduit la Sainte Ecriture, quand celle-ci le trouble dans ses prérogatives. Il est dit ici, sans contradiction possible, que quiconque demandera, le Père lui donnera directement le Saint-Esprit. L'évangéliste n'ayant pas prévu que le jour viendrait où l'Église dirait : Le Saint-Esprit, c'est moi, et je vends ce que Dieu seul peut donner, on lit aujourd'hui dans la traduction du Saint-Siège (et dans beaucoup d'autres, il faut le dire), qu'à quiconque demandera, le Père donnera un esprit bon, mais qui naturellement ne saurait dispenser le public de se pourvoir de l'Esprit-Saint là où l'on le débite !

 

XVII. — PARABOLE DE L'ÉCONOME PRÉPOSE AU QUATRIÈME SÉA.

 

Cette parabole préparait celle de l'Econome remetteur de dettes, et aidait à la comprendre, car elle était beaucoup plus explicite que la seconde. A ce point de vue elle était déplorable, car Jésus y passait sommairement en revue les excès molochistes et nicolaïtes de la secte, exactement comme dans les Sagesses valentiniennes, et il eu rendait moralement responsable l'Econome qui s'était dit préposé à la distribution des bénéfices millénaires dans la Jérusalem d'or et dans l'Eden. Cet Économe, sans participer aux mêmes châtiments que ses disciples, christophages, invertis, molochistes et nicolaïtes, n'en recevait pas moins la peine des crimes qui lui avaient valu l'épithète de scélérat. Ce targum, qui avait pu trouver place dans les Ecritures maladroites des églises ébionites ou naziréennes, a totalement disparu. Mais par l'explication qu'en donne Jésus à Pierre, on voit qu'il y était question de certain séa de blé auquel Dieu avait préposé certain Econome. Cet Econome ne peut être que le fils aîné de la femme aux trois séas, et le séa dont il était chargé ne peut être que le quatrième.

Nous en avons la preuve dans les transformations que Luc et après lui Matthieu ont fait subir à la parabole.

 

Dans Luc elle est placée immédiatement après un targum, celui des veilleurs de nuit, avec lequel elle n'a pas le moindre lien. Mais elle visait si clairement Bar-Jehoudda, qu'aujourd'hui encore c'est Pierre, son successeur, qui en demande l'explication à Jésus. Dans le dispositif original, c'était certainement le disciple préféré, soit sous son nom de circoncision, comme on en a l'exemple dans Cérinthe[53], soit sous le nom de Joannès.

LUC, XII, 41. Or [Pierre lui dit : Seigneur, est-ce pour nous que vous dites cette parabole, ou pour tout le monde ?

42. Elle Seigneur dit : Qui, pensez-vous, est l'Econome[54] fidèle et intelligent que le maître a établi sur sa maison pour donner dans le temps favorable le séa de blé[55] ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

43. Heureux cet esclave[56] que le maître, lorsqu'il viendra, trouvera agissant de la sorte ![57]

44. Je vous dis en vérité qu'il l'établira sur tous les biens qu'il possède.

45. Que si cet esclave dit en son cœur : Mon maître tarde à venir ; et qu'il commence à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s'enivrer :

46. Le maître de cet esclave viendra le jour où il ne s'y attend pas et à l'heure qu'il ne sait pas, et il le divisera[58], et il lui donnera ainsi sa part avec les infidèles.

47. Mais cet esclave qui, connaissant la volonté de son maître[59], ne s'est pas tenu prêt et de cette manière n'a pas agi selon sa volonté, recevra un grand nombre de coups.

48. Celui qui, ne l'ayant pas connue, a fait des choses dignes de châtiment, recevra peu de coups[60]. Car à celui à qui l'on a donné beaucoup, l'on demandera beaucoup ; et de celui à qui l'on a confié beaucoup, l'on exigera davantage.

Marc a tout supprimé, parabole et moralité. Mais Matthieu, après avoir supprimé la parabole et aussi l'interrogation caractéristique de Pierre, a transporté l'explication morale dans le testament prophétique de Jésus sur le Mont des Oliviers. Elle est tellement hors du sujet, tellement loin de l'endroit où était la parabole, et si mal amenée, qu'il est impossible d'v rien comprendre. On en a d'ailleurs enlevé le mot économe qui donnait tout le sens, et mettait en scène Bar-Jehoudda dans des conditions peu honorables pour sa secte et Pour sa personne.

MATTHIEU, XXIV, 45. Quel est, pensez-vous, l'esclave[61] fidèle et intelligent que son maître a établi sur sa maison pour donner la nourriture[62] aux autres dans le temps favorable ?

46. Heureux cet esclave si son maître, à son arrivée, le trouve agissant de la sorte !

47. Je vous dis, en vérité, qu'il l'établira sur tous ses biens.

48. Mais si ce mauvais serviteur dit en son cœur : Mon Maître tarde à venir,

49. Et qu'il se mette à battre ses compagnons, à manger et à boire avec des ivrognes,

50. Le maître de cet esclave viendra le jour où il ne s'y tend pas et à l'heure qu'il ignore ;

51. Et il le divisera, et il lui donnera ainsi sa part avec e s hypocrites : là sera le pleur et le grincement de dents.

Le Saint-Siège a en partie saisi le sens mortifère de la division : le maître de l'esclave le divisera ; c'est-à-dire il le fera mourir. Dans l'Ecriture, le mot diviser se met souvent pour séparer l'Ame du corps, ôter la vie. Les maîtres d'ailleurs avaient droit de vie et de mort sur leurs esclaves. Il nous semble que, pendant qu'il y était, Jésus aurait bien pu dire un petit mot contre l'esclavage, au lieu de confirmer ce droit par un exemple tiré de la loi juive !

 

XVIII. — PARABOLE DU FIGUIER TRI-JUBILAIRE.

 

LUC, XIII, 6. Il leur disait encore cette parabole : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne, et il vint chercher du fruit, et n'en trouva point.

7. Alors, il dit au vigneron : Voilà trois années que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n'en trouve point : coupe-le donc ; pourquoi occupe-t-il encore la terre ?

8. Mais le vigneron, répondant, lui dit : Seigneur, laissez-le encore cette année, jusqu'à ce que je creuse tout autour, et que j'y mette du fumier :

9. Peut-être qu'il portera ainsi du fruit ; sinon vous le couperez.

Cette parabole est fort claire pour ceux qui connaissent le système de Bar-Jehoudda, le retour au Figuier édénique en l'An de grâce 789, qui était à la fois sabbatique, jubilaire et millénaire, c'est-à-dire triplement sacré. Le Créateur devait couper le figuier temporel, le figuier de Satan qui est, dans le monde en cours ou Second monde[63], la représentation de l'immortel Figuier, et le jeter au feu avec Satan lui-même, ainsi que le dit Joannès quand il prêche au Jourdain. Trois années jubilaires, c'est-à-dire cent cinquante ans s e sont écoulées depuis l'entrée dans l'Æon-Zib, et à aucune d'elles, malgré l'attente commune, les Juifs n'ont v u le Seigneur du Figuier, le Maître de la Vigne. Peut-être sera-ce pour la quatrième année de deux ans, comme dit Matthieu, la quatrième première de la seconde, comme dit Luc[64]. En attendant, nous tenons Par les chiffres la date de la composition de cette parabole. La quatrième année jubilaire à compter de 789 est échue, et le figuier du second monde continue à ne pas donner les douze récoltes mensuelles que les jehouddolâtres attendent du Figuier édénique. Par là, nous voyons la preuve que cette parabole n'a pas été composée moins de deux cents ans après la crucifixion de Bar-Jehoudda.

Première double année : 788-789 (Tibère).

Deuxième double année : 838-839 (Domitien).

Troisième double année : 888-889 (Hadrien).

Quatrième double aimée : 938-939 (Commode).

A chaque jubilé les Juifs jehouddolâtres, les christiens, si vous aimez mieux, attendaient la réalisation de l'Apocalypse, et quelques-uns, ceux qui ont formé la religion, le retour de son auteur. Leurs accès, leurs crises correspondent à ces jubilés avec la régularité des lièvres périodiques : second accès, sous Domitien ; troisième, sous Hadrien ; quatrième enfin, sous Commode. C'est celui-là qui vient de passer sans que le Maître de la Vigne ait ramené son christ devant le Figuier[65]. Ce sera pour une autre fois ! Tous les empereurs qui, à la requête des populations paisibles et raisonnables, ont pris des mesures de répression — toujours tardives, hélas ! — contre ces énergumènes et ces fous, l'Église appelle ceux-là des persécuteurs et des tigres altérés du sang des justes. Toutes les cités qui ont demandé secours contre les troubles que fomentaient les évêques, quitte à fuir au moment de la collision, comme le Juif consubstantiel au Père, l'Église voue celles-là à la damnation éternelle. Dieu jugera ! mais dès aujourd'hui l'histoire peut lui préparer son dossier.

MARC, XIII, 28. Apprenez la parabole prise du figuier. Lorsque ses rameaux sont encore tendres et que ses feuilles viennent de naître, vous connaissez que l'été est proche :

29. De même vous, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le Fils de l'homme est proche, à la porte.

LUC, XXI, 29. Et il leur dit cette comparaison : Voyez le figuier et tous les arbres ;

30. Quand ils commencent à produire du fruit, vous savez que l'été est proche.

31. De même vous, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le Royaume de Dieu est proche.

MATTHIEU, XXIV, 32. Apprenez la parabole prise du figuier. Quand ses rameaux sont encore tendres et ses feuilles naissantes, vous savez que l'été est proche.

33. Ainsi vous-mêmes, lorsque vous verrez toutes choses, sachez que le christ[66] est proche, à la porte.

Comme vous le voyez, ni Marc ni Matthieu n'ont recueilli la parabole chronologique du figuier. Ils se ornent à y faire cette allusion dans le testament où Jésus sur le Mont des Oliviers accommode l'Apocalypse aux événements qui se sont produits depuis la pâque manquée. L'allusion est d'autant plus mal placée à cet endroit que, la veille du jour assigné au testament par l'Évangéliste, Jésus a séché pour toujours le figuier symbolique ! Il remet à une date indéterminée, dans un avenir lointain, la venue du Fils de l'homme et glisse sur les signes qu'avait spécifiés Bar-Jehoudda dans le dispositif millénariste.

 

XIX. — PARABOLE DE L'ÉCONOME REMETTEUR DE DETTES.

 

LUC, XVI, 1. Jésus disait encore à ses disciples : Il était un homme riche qui avait un économe ; et celui-ci fut accusé auprès de lui d'avoir dissipé ses biens.

L'homme riche, c'est Iahvé, maître de tous les biens, son Econome, — celui qui applique la loi dans sa maison, — ce fut Bar-Jehoudda, succédant à son père dans cet emploi. Les plaintes que les Juifs formulent contre ce singulier Econome sont fondées : il a perdu la maison d'Israël ; le bien de Dieu a été dissipé, disons mieux : dispersé, sous Vespasien et sous Hadrien.

2. Et il l'appela, et lui dit : Qu'est-ce que j'entends dire de toi ? Rends-moi compte de ton administration : car désormais tu ne pourras plus la conserver.

A moins qu'il ne s'avise de quelque truc.

3. Alors l'Econome dit en lui-même : Que ferai-je, puisque mon maître m'ôte l'administration de ses biens ? Travailler à la terre, je n'en ai pas la force[67], et j'ai honte de mendier[68].

4. Je sais ce que je ferai, afin que, lorsque j'aurai été renvoyé de ma charge[69], il y en ait[70] qui me reçoivent dans leurs maisons.

5. Ayant donc appelé chacun des débiteurs de son Maître, il demanda au premier : Combien devez-vous à mon Maître ? Il répondit : Cent baths[71] d'huile.

6. L'Économe lui dit : Prenez votre obligation, et asseyez-vous vile, et écrivez cinquante.

7. Ensuite il dit à un autre : Et vous, combien devez-vous ? Celui-ci répondit : Cent kors de froment[72]. — Prenez, lui dit-il, votre billet, et écrivez quatre-vingts.

8. Et le Maître de l'Econome infidèle le loua d'avoir eu l'intelligence, car les fils de cet Æon-ci sont nés plus intelligents que les Fils de la lumière[73].

A la bonne heure ! L'Evangéliste ne se fait pas prier pour le dire : les Juifs christiens sont plus malins dans leur petit doigt que les Cent quarante quatre mille anges ensemble. Ils roulent Dieu ! Ce mépris affiché pour la lumière nous permet d'expliquer convenablement la parabole.

Le premier débiteur appartient à la même génération que l'Econome ; pour mieux dire il en est l'équivalent au compte juif, où chacune d'elles est estimée cent ans, c'est-à-dire deux jubilés : d'où les cent baths d'huile qu'a consommés sa lampe et dont il est redevable au Maître. Or il n'y a qu'un Maître, comme vous le savez par Jehoudda.

Le Maître ne lui a pas donné ces cent ans, il les lui a prêtés. Toute la question est de savoir s'il les lui retiendra dans le Royaume des Juifs. Déjà, grâce à la millénaire Myriam en qui était le serment d'Eloï, l'Econome sauveur lui en a remis cinquante, la différence entre sa naissance et sa crucifixion. — Nous verrons une rémission de ce genre et même de ce chiffre dans l'allégorie de Jésus chez le père d'Is-Kérioth. — Reste cinquante ans. Le débiteur ne pourra jamais les rendre, pensent ceux qui n'ont ni yeux pour voir ni oreilles pour entendre. Or, les initiés à la doctrine millénariste savent qu'au fond il ne doit plus rien du tout, puisque par le baptême il a obtenu une rémission que les ignobles goym ne connaissent pas, mais que Dieu confirmera quand il tiendra son serment, l'Eloï-Schabed dont il est question dans la Nativité. Selon le monde, pour la galerie, pour les bêtes que sont les goym, il a l'air d'avoir dépensé les cent ans que Dieu lui a prêtés et par conséquent de ne pouvoir les rendre. Quelle erreur ! Sur le Livre de vie que nous avons vu dans l'Apocalypse, il est inscrit pour mille ans ; Dieu ne lui retiendra pas les cent ans écoulés, il lui comptera les mille ans depuis le premier jusqu'au dernier. En un mot il tiendra la promesse qu'il a renouvelée à son peuple par la voix et par l'eau du remetteur de péchés.

Le second débiteur est millénarisable aussi, mais postérieur de deux cents ans à l'Econome remetteur. En effet, le kor valant dix fois le bath, il doit au Maître dix fois plus que le premier débiteur, il doit dix jubilés centenaires, soit mille ans, la valeur du pain-Zib qui n'est pas venu, mais qui doit venir, et auquel donne droit le baptême. Vingt années de vingt hors s'étant écoulées depuis son entrée dans l'Æon-Zib, et l'Econome les lui ayant remis par le baptême, il ne doit plus que huit cents ans à Dieu qui de son côté lui en donnera mille quand il tiendra son serment. C'est ce pacte secret qui fait tout le prix de la combinaison. Dieu ne lui retiendra pas les deux cents ans qui se sont écoulés depuis 789 et qui sont représentés par les vingt kors, il lui donnera les mille ans promis par l'Econome. Cette parabole succède chronométriquement à celle du Figuier tri-jubilaire de 939. Elle est datée de cinquante ans plus tard. En effet chaque année de figuier vaut un jubilé, et chaque jubilé vaut cinq kors, puisque chaque kor vaut dix baths comptés à partir de 789.

 

5 kors de 10 baths

=

50 baths, jubilé de 839 ;

5 kors de 10 baths

=

50 baths, jubilé de 889 ;

5 kors de 10 baths

=

50 baths, jubilé de 939 ;

5 kors de 10 baths

=

50 baths, jubilé de 989.

20 kors de 10 baths

=

200 baths.

 

A le considérer au point de vue légal, l'acte de l'Econome est du vol tout pur. Comment se fait-il que le volé appelle cela de la prudence, félicite le voleur, et tacitement pousse l'enthousiasme jusqu'à lui confier de nouveau l'administration de ses biens ? C'est que le maître, c'est Dieu, et le voleur, l'Église. Non seulement Dieu ne arrête ni ne la dénonce, mais il consent à ce qu'elle remette les dettes, c'est-à-dire les péchés, par le baptême, comme faisait en son temps le condamné du sanhédrin. Après les avoir flanqués à la porte de Judée, il renouvelle aux Juifs la mission qu'il leur a donnée de régir son domaine, — la Terre, excusez du peu ! —au moyen de cette escroquerie dans laquelle, de leur propre autorité, ils remettent ici cinquante pour cent du capital dû à Dieu, là vingt. Le prêtre se fait des amis sans bourse délier, et moyennant une commission qu'il fixe e n remettant partie de la dette. En un mot, il est Dieu, il peut remettre le tout, si la commission justifie la plénitude. C'est à lui de voir, il est l'arbitre du salut. Dieu est content, puisque c'est son peuple qui touche, e t dans le fond il ne donne rien, puisque les goym sont insauvables. Ah ! les fils de l'Æon-Zib sont des gaillards ! Honneur à eux ! Ainsi compris, Satan administre Pour Dieu.

Je désire vous soumettre l'opinion du Saint-Siège sur ces fils de l'Æon-Zib, qu'il appelle modestement fils du siècle, rognant ainsi neuf cents ans sur leur part d'hérité : Les fils du siècle, les fils de la lumière, dit-il, sont des locutions hébraïques, qui signifient, l'une tes amateurs du siècle, ceux qui aiment les choses de la terre, les mondains, l'autre, les hommes éclairés des lumières de la foi. Le maître loue, non l'injustice de son économe, mais son activité et son adresse. Il n'avait donné à celui-ci ni le droit ni la permission de disposer de son bien ; tandis que Dieu a donné non seulement une permission, mais un ordre formel à tous ceux qui tiennent de lui des biens temporels ou spirituels, de les distribuer libéralement. Par la conduite de l'économe infidèle, le Seigneur a voulu, selon saint Augustin, nous faire comprendre que si un maître de la terre a pu faire l'éloge de son serviteur qui, pour un intérêt temporel, avait tenu une conduite frauduleuse, à plus forte raison nous serons agréables au maître du ciel, si, conformément à ses divines lois et en vue de la vie éternelle, nous accomplissons envers le prochain des œuvres soit de justice, soit de miséricorde. Du reste, le Seigneur n'a pas loué ce serviteur pour la nouvelle fraude commise envers son maître, mais pour la pénétration et l'esprit de prévoyance et de calcul dont il a fait preuve à son propre avantage.

 

Nous avons restitué l'intention première.

C'est l'éloge de la fraude prononcé par qui ? par le Verbe de Dieu. Supprimer ce fâcheux passage, il n'y fallait pas songer, puisque l'Église y puisait une confirmation du droit qu'elle disait avoir hérité du christ-baptiseur. On en corrigea le cynisme par une pointe poussée contre les évêques qui, dans le travail de captation et d'accaparement, s'attribuaient la part du lion au détriment de confrères moins habiles ou moins audacieux, et gardaient pour eux ce qu'ils avaient demandé pour les pauvres. Injustes sont les richesses païennes, et il est bon qu'elles passent aux mains des chasseurs d'héritages, mais les tabernacles éternels s'ouvriront-ils à ceux qui pratiquent un tel péculat, plus scandaleux que n était la richesse de l'exproprié ?

9. Et moi, je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses injustes[74], afin que, lorsque vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels.

10. Celui qui est fidèle dans les moindres choses, est fidèle aussi dans les grandes ; et celui qui est injuste dans les petites choses est injuste aussi dans les grandes.

11. Si donc vous n'avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables ?

12. Et si vous n'avez pas été fidèles dans le bien d'autrui, qui vous donnera celui qui est à vous ?

13. Nul serviteur ne peut servir deux maîtres : car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre : vous ne pouvez servir Dieu et Mammon[75].

Rien de plus facile, au contraire ! Le Dieu qu'avait annonce Bar-Jehoudda, c'était Mammon lui-même, un frère de Moloch. Le trait distinctif de la secte christienne, c'avait été l'avarice insatiable, la boulimie de l'or obtenu sans travail. Tout eût été d'or et de pierres précieuses dans le Royaume, si Dieu eût écouté son prophète.

 

XX. — PARABOLE DU PLACEMENT DES CONVIÉS AUX NOCES.

 

Les synoptiseurs connaissent parfaitement le repas des Noces de Kana, mais Cérinthe les gêne à cause des chiffres qui rendent sa séméiologie si transparente pour les initiés. On a remplacé les Noces de Kana par une poignée de paraboles et de similitudes qui se passent à table également, chez Jehoudda[76], devant de nombreux conviés, mais sans les six cruches[77].

LUC, XIV, 7. Il dit encore cette parabole aux conviés, en voyant comment ils choisissaient les premières places à table :

8. Lorsque tu seras invité à des Noces, ne te mets pas à la première place, de peur que quelqu'un plus considéré que toi n'ait été invité aussi,

9. Et que Celui qui t'a invité, toi et lui, ne vienne et ne te dise : Donne cette place à celui-ci ; et qu'alors tu n'ailles avec confusion occuper la dernière place.

10. Mais lorsque tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que, quand viendra Celui qui t'a convié, il te dise : Mon ami, monte plus haut. Alors ce sera une gloire pour toi devant ceux qui seront à table avec toi :

11. Car quiconque s'exalte sera humilié, et quiconque s'humilie sera exalté.

Cette parabole est particulièrement dure pour Bar-Jehoudda qui, non seulement avait prétendu être chargé de répartir le pain fait avec le quatrième séa, mais qui, dans la distribution des places, au repas de la Grande pâque, s'était adjugé la première sans aucun égard pour les onze autres disciples de l'Agneau. Ce n est pas la seule fois que, soit en allégorie soit directement, Jésus le rappelle post humum à plus de justice et de modestie. Il lui donne une leçon plus rude encore lorsqu'il lui dit que, dans le Royaume, les premiers seront les derniers et les derniers les premiers, et que, conséquent avec ce principe, il fait asseoir la tribu de Dan près de lui, en la personne de Jehoudda-Is-Kérioth, à la table des douze !

 

XXI. — PARABOLE DU RECRUTEMENT DES CONVIÉS.

 

12. Il disait aussi à celui qui l'avait invité : Lorsque tu donneras à dîner ou à souper, n'appelle ni tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni tes voisins riches, de peur qu'ils ne t'invitent à leur tour, et qu'ils ne te rendent ce qu'ils ont reçu de toi.

13. Mais quand tu fais un festin, appelles-y des pauvres, des estropiés, des boiteux et des aveugles ;

14. Et tu seras heureux de ce qu'ils n'ont rien à te rendre ; Car ce te sera rendu à la résurrection des justes.

15. Ce qu'ayant entendu, l'un de ceux qui étaient à table lui dit : Heureux celui qui mangera du pain dans le Royaume de Dieu !

Cette parabole n'est pas moins désagréable pour Bar-Jehoudda que la précédente. Le prétendant n'avait songé qu'à lui et aux siens, en escomptant le retour dynastique de Juda. En n'invitant aux Noces de l'Agneau que les Eléazar bar-Jaïr et les Cléopas, il s'était exposé à ce que ceux-ci lui rendissent son invitation, auquel cas ils auraient cessé d'être ses débiteurs, et tout se serait passé comme dans le monde périssable. Mais Jésus, qui va procéder tout à l'heure à la guérison des malades, des boiteux et des aveugles — sur une échelle un peu étroite, il est vrai, celle de Jacob ! — Jésus fait aux fils de Jehoudda et de Jaïr le facile reproche d'avoir borné leur conception du Royaume à la mesure de leurs appétits et de leurs intérêts. De là ce cri d'un des convives, Is-Kérioth peut-être : Heureux celui qui mangera du pain sous un maître si différent du premier !

 

XXII. — PARABOLE DE LA MAISON AUX CINQ DOUBLES BŒUFS.

 

16. Mais Jésus lui dit : Un homme fit un grand souper, et y appela beaucoup de monde.

17. Et à l'heure du souper, il envoya son serviteur dire aux conviés de venir, parce que tout était prêt.

18. Mais ils commencèrent à s'excuser tous ensemble. Le premier lui dit : J'ai acheté une maison de campagne et il faut que j'aille la voir ; je vous prie, excusez-moi.

19. Un second dit : J'ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les essayer ; je vous prie, excusez-moi.

20. Et un autre dit : J'ai pris une femme, et c'est pourquoi je ne puis venir.

Ils sont donc trois comme les trois séas.

Le premier répond à l'Agneau.

Le second au Taureau.

Le troisième aux Gémeaux.

Il ne tenait qu'à eux de voir l'Âne délié. Mais, emportés par les soucis terrestres, ils ont fait le contraire de ce qu'il fallait faire pour être admis au Grand souper. Toi, ce n'est pas une maison de campagne qu'il fallait acheter, ou pour mieux dire, racheter de Satan, c'est la douzième maison du Seigneur, le Zib ! Toi, ce n'est pas des bœufs appariés selon l'usage du monde, qu'il fallait acheter, ou pour mieux dire, racheter, c'est le sixième bœuf, celui qui porte le Zib sous la mer d'airain de Salomon. Toi, ce n'est pas une femme capable de faire des enfants qu'il fallait prendre, c'est une femme incapable d'en faire. 11 fallait, comme Samson, épouser la Vierge (1), ou pour mieux dire, Prendre kanaïtement la même femme que Jehoudda de Gamala. Il ne te l'eût pas disputée ! Mais vous n'avez ni rétabli la bonne maison, celle de David, ni cherché à sixième bœuf, celui qui porte le signe de grâce, ni suivi la vierge en qui était le Sauveur, celui qui, si Coupable que vous fussiez, vous remettait vos péchés dans l'eau !

Le premier double bœuf porte la Balance.

Le second double bœuf porte le Scorpion.

Le troisième double bœuf porte le Sagittaire.

Le quatrième double bœuf porte le Capricorne.

Le cinquième double bœuf porte le Zibdéos[78].

C'est faute d'avoir essayé le sixième double bœuf que les trois hommes n'ont pas vu l'Âne.

Toutes ces paraboles étaient claires comme le jour pour les disciples de l'Agneau, et Salomon avait laissé trois mille énigmes de cet acabit. Entre autres beaux ouvrages qu'il avait fait faire, il y avait une coupe, dite mer d'airain, posée sur douze bœufs, dont trois regardaient le septentrion, trois l'occident, trois le midi et trois l'orient. Et la mer était portée par ces bœufs, dont toute la partie postérieure était cachée sous la mer[79]. Les Chaldéens de Nabuchodonosor l'avaient brisée[80] tant à cause de ce que les rois de Juda s'en promettaient, que pour avoir l'airain. Mais elle avait gardé toute sa signification millénariste pour les descendants de David dont étaient Jehoudda et ses fils. Quant aux cinq bœufs qui répondaient aux cinq signes à racheter de Satan, s'ils sont doubles dans la séméiologie, c'est pour la même raison que les trente-six décans dans l'allégorie des soixante-douze disciples de Jésus. Chaque bœuf est animé par son double céleste, chacun a en lui son bœuf de lumière.

21. Le serviteur, étant revenu, rapporta tout ceci à son Maître[81]. Alors le Père de famille[82] irrité dit à son serviteur : Va vite dans les places et les rues de la ville, et amène ici les pauvres et les estropiés, les aveugles et les boiteux[83].

22. Et le serviteur dit : Seigneur, il a été fait comme tu l'as ordonné, et il y a encore de la place.

23. Et le Maître dit au serviteur : Va dans les chemins et le long des haies, et force les gens d'entrer, afin que ma maison soit remplie[84].

24. Mais je vous le dis, aucun de ceux qui avaient été invités, ne goûtera de mon souper !

Pas même le serviteur, qui pourtant a suivi ponctuellement les ordres du Maître et du Pore en montrant a ses fils un chemin dont ils ne se sont jamais écarté, celui de la violence la plus aveugle qui se soit jamais déchaînée parmi les Juifs, jusqu'à vouloir forcer contre Dieu même les portes de son Royaume ! Ah ! si vous aviez pu voir Jehoudda en 760, lorsqu'il contraignait les gens d'entrer ! Et si vous aviez pu voir le Nazir quand il débauchait les soldats d'Antipas ! Comme il était consubstantiel à son père ! Ils ont si bien manœuvré qu'aucun d'eux ne goûtera du souper par lequel devait être inauguré le Royaume du monde ! Ce Royaume, leur Maître ne l'établira pas !

 

XXIII. — PARABOLE DES NOCES DU FILS DU ROI.

 

Dans Matthieu, les synoptiseurs se sont peu soucié de conserveries cinq doubles bœufs qui, rapprochés des six cruches de Kana[85], des six maris de la Samaritaine[86], des cinq pains de l'enfant-christ[87], des cinq portiques de la fontaine de Siloé[88], marquaient toutes ces séméiologies du sceau apocalyptique. La conclusion de la parabole leur a paru également trop radicale. Ils ont supprimé le chiffre des bœufs, et ajusté la parabole à une autre, plus consolante pour Bar-Jehoudda et sa famille[89].

MATTHIEU. XXII, 1. Jésus, reprenant, leur parla de nouveau en paraboles, disant :

2. Le Royaume des cieux est semblable à un Roi qui fit les Noces de son fils.

(Les Noces de l'Agneau annoncées pour 789 dans l'Apocalypse).

3. Or, il envoya ses serviteurs appeler les conviés aux Noces ; mais ils ne voulurent point venir.

4. Il envoya encore d'autres serviteurs, disant : Dites aux conviés : Voilà que j'ai préparé mon festin, mes bœufs et les animaux engraissés ont été tués ; tout est prêt : venez aux Noces.

5. Mais ils n'en tinrent compte, et ils s'en allèrent, l'un à sa maison des champs, l'autre à son négoce.

6. Les autres se saisirent des serviteurs, et, après les avoir outragés, ils les tuèrent.

7. Or, lorsque le Roi l'eut appris, il en fut irrité ; et, ayant envoyé ses armées, il extermina ces meurtriers et brûla leur ville.

Ses armées en l'espèce sont les armées commandées par Titus. Quand le peuple élu abandonne la Loi, Iahvé s'en venge en lui envoyant les armées ennemies qui s emparent de son territoire et se substituent à lui. Ainsi sont-elles des instruments de la gheoullah divine. C'est par excellence la thèse des prophètes.

8. Alors il dit à ses serviteurs : Les Noces ont été préparées ; mais ceux qui avaient été conviés n'en ont pas été dignes[90].

9. Allez donc dans les carrefours, et tous ceux que vous trouverez, appelez-les aux Noces.

10. Et ses serviteurs, s'étant dispersés sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, bons et mauvais, et la salle des Noces fut remplie de convives.

11. Or le Roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut un homme qui n'était point revêtu de la robe nuptiale[91].

12. Et il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir la robe nuptiale ? Et celui-ci resta muet

13. Alors le Roi dit à ses serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là sera le pleur et le grincement de dents.

14. Car beaucoup sont appelés, mais peu élus.

Cet intrus, c'est l'Empereur des incirconcis. C'était Tibère au temps de Bar-Jehoudda et Néron au temps de Ménahem. C'est maintenant quelque Decius ou quelque Constantin. La Bête est toujours la même, il n'y a que son chiffre qui change : 602, 616, 666. C'est ici qu'il faut de la sagesse ! Que celui qui a des oreilles entende ![92] La façon opaque dont est vêtu cet usurpateur et dont il est finalement traité montrent assez sa bestiale origine. Les ténèbres extérieures désignent l'enfer, dit le Saint-Siège. Jésus-Christ continue l'allégorie d'un festin. Or, dans les festins, la salle était toujours bien éclairée : de sorte que ceux qui en étaient expulsés se trouvaient dans les ténèbres, pleurant et grinçant les dents de dépit et de rage.

Nous pensons au contraire que les ténèbres en question sont extérieures à l'enfer lui-même, car l'enfer était traversé de feu. La situation de la Bête est ainsi réglée par l'Apocalypse. Jetée dans l'étang de soufre et de feu, la Bête elle-même avec le faux prophète sera tourmentée jour et nuit pendant les Æons des Æons (les Cycles des Cycles). Menacé par Jésus des ténèbres extérieures dans les Évangiles valentiniens, Bar-Jehoudda apprend ici, et par Jésus lui-même, que Tibère y a été précipité à son tour. Si faible soit-elle, c'est une consolation.

 

XXIV. — SIMILITUDE DES VEILLEURS PENDANT LA NUIT PASCALE.

 

LUC, XII, 35. Ceignez vos reins, et ayez en vos mains les lampes allumées ;

36. Semblables à des hommes qui attendent que leur Maître [revienne des][93] Noces, afin que, lorsqu'il viendra et frappera à la porte, ils lui ouvrent aussitôt[94].

37 Heureux ces serviteurs que le Maître, quand il viendra, trouvera veillant ! En vérité je vous le dis il se ceindra, et les fera mettre à table, et passant de l'un à l'autre, il les servira[95].

38. Et s'il vient à la seconde veille, et s'il vient à la troisième veille, et qu'il les trouve ainsi, heureux sont ces serviteurs !

39. Car sachez bien que si le père de famille savait à quelle heure le voleur doit venir, il veillerait et Délaisserait Point percer sa maison.

40. Et vous aussi, tenez-vous prêts, parce qu'à l'heure que vous ne pensez pas, le Fils de l'homme viendra.

Cette similitude a subi une modification profonde dans son sens primitif. Le Fils de l'homme ne revenait pas de noces[96], il y venait, il venait dans la maison des Noces[97], et les veilleurs de nuit sont dans la situation des disciples de l'Agneau pendant la nuit 15 nisan. Selon les termes de l'Apocalypse ils attendent le Maître qui vient à ses propres Noces avec la Judée, et non un maître qui revient à sa maison seul sans sa femme. En aucun cas, un homme qui revient des noces ne se met à servir lui-même ceux de sa mai son, sous le prétexte qu'ils l'attendent. Au contraire, le Maître céleste, lorsqu'il viendra, s'il trouve son Epouse prête et parée pour les Noces, n'hésitera pas à récompenser ceux de sa maison (celle de David, non autre), en leur distribuant les plats lui-même, et non seulement le quatrième séa, mais les six autres plats sabbatiques. C'est l'évidence même. Mais on avait déjà trop d'apologues et de séméiologies sur les Noces manquées, et l'Église ayant décidé que Bar-Jehoudda aurait célébré la pique avant sa crucifixion, elle a décidé du même coup qu'il reviendrait un jour par substitution au Fils de l'homme, Celui qui devait venir, comme disait en son temps Bar-Jehoudda lui-même.

Veuillez, je vous prie, penser à la figure de Shehimon pendant l'audition d'une parabole où il se voit reporté aux trois veilles de la nuit du 14 nisan 788, dans la cour de Kaïaphas, devant le brasier, reniant son frère à bouche que veux-tu !

 

XXV. — PARABOLE DES CINQ VIERGES SAGES.

 

MATTHIEU, XXV, 1. Alors le Royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent au-devant de l'Époux.

2. Cinq d'entre elles étaient folles, et cinq sages.

3. Les cinq folles, en prenant leurs lampes, n'emportèrent point d'huile avec elles ;

4. Mais les sages prirent de l'huile dans leurs vases avec les lampes.

5. Or, l'Époux tardant à venir, elles s'assoupirent toutes, et s'endormirent.

6. Mais au milieu de la nuit un cri s'éleva : Voici l'Époux qui vient ; sortez au-devant de lui !

7. Aussitôt toutes ces vierges se levèrent, et préparèrent leurs lampes.

8. Mais les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, parce que nos lampes s'éteignent.

9. Les sages répondirent, disant : De peur qu'il n'y en ait pas assez pour nous et pour vous, allez plutôt à ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous.

10. Or, pendant qu'elles allaient en acheter, l'Époux arriva ; et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des Noces, et la porte fut fermée.

11. Enfin les autres vierges vinrent aussi, disant : Seigneur, Seigneur, ouvrez-nous.

12. Mais l'Époux, répondant, dit : En vérité, je vous dis que je ne vous connais point.

13. Veillez donc, parce que vous ne savez ni le jour ni l'heure.

Sur les dix vierges, cinq se sont enfermées avec l'Epoux pour la célébration des Noces. Cet Époux est on polygame déterminé. Le Saint-Siège, un peu scandalisé de cette initiative éminemment judaïque, a cru devoir flanquer l'époux d'une épouse, afin que les cinq vierges n'aient pas l'air d'aller au-devant d'une quintuple défloraison. En conséquence il dit : La cérémonie principale du mariage chez les Juifs consistait à conduire la fiancée de sa propre maison dans la maison de son futur époux. Elle avait lieu le soir, quand il était déjà nuit, ce qui obligeait d'emporter des lampes pour éclairer la marche. La fiancée, richement habillée et entourée de ses compagnes (les dix vierges dont il est ici question), attendait la venue de l'époux et de ses amis, qui venaient la chercher et la conduisaient dans la maison qui devait être désormais la sienne. Les mots et de l'épouse ne se lisent pas dans le grec. De fait, les compagnes vont attendre seulement l'époux.

Cette explication ménage notre pudeur, mais elle adultère furieusement le sens de la parole divine[98].

Vous connaissez trop les cinq maris de la Samaritaine pour ne pas savoir au-devant de qui vont les cinq vierges sages. Car si elles sont parties dix, à cause de la division du temps en heures de jour et en heures de nuit, il est certain d'avance qu'il n'en entrera que cinq dans la salle des Noces, celles qui auront mérité d'être filles de la lumière. Ce sont les heures de mille ans allant au devant du Fils de l'homme (en l'espèce Æon-Zib) dans l'ordre suivant :

1. — L'Heure-Balance.

2. — L'Heure-Scorpion.

3. — L'Heure-Sagittaire.

4. — L'Heure-Capricorne.

5. — L'Heure-Zibdéos.

Elles sont sages, parce qu'elles savent, elles sont savantes en kabbale. Et non seulement elles espèrent bien ne pas trouver la moindre épouse auprès de l'Epoux, mais elles comptent bien qu'en une seule nuit de son huile elles feront chacune du mille ans à l'heure.

 

XXVI. —  SIMILITUDE DES OUVRIERS DE LA ONZIÈME HEURE.

 

MATTHIEU, XX, 1. Le Royaume des cieux est semblable à un Maître de maison qui sortit de grand malin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne.

2. Or, convention faite avec les ouvriers d'un denier par jour[99], il les envoya à sa vigne.

3. Et étant sorti de nouveau, vers la troisième heure[100], il en vit d'autres qui se tenaient sur la place sans rien faire,

4. Et il leur dit : Allez, vous aussi, à ma vigne ; et ce qui sera juste, je vous le donnerai.

5. Et ils y allèrent. Il sortit encore vers la sixième[101] et neuvième heure[102] et il fit la même chose.

6. Enfin, vers la onzième heure[103], il sortit, et il en trouva d'autres qui étaient là, et il leur dit : Pourquoi êtes-vous ici tout le jour sans rien faire ?

7. Ils répondirent : Parce que personne ne nous a loués. Il leur répondit : Allez, vous aussi, à ma vigne.

8. Or, lorsqu'il se fit soir, le Maître de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers, et paye-les, en commençant par les derniers jusqu'aux premiers.

9. Ceux donc qui étaient venus vers la onzième heure, étant approchés, reçurent chacun un denier.

10. Or les premiers, venant ensuite, pensèrent qu'ils devraient recevoir davantage ; mais ils reçurent aussi chacun un denier.

11. Et en le recevant, ils murmuraient contre le maître de maison,

12. Disant : Ces derniers ont travaillé une heure, et, vous les traitez comme nous, qui avons porté le poids du jour et de la chaleur.

13. Mais, répondant à l'un d'eux, il dit : Mon ami, je ne te fais point de tort ; n'es-tu pas convenu d'un denier avec moi ?

14. Prends ce qui est à toi et va-t-en ; je veux donner même à ce dernier autant qu'à toi.

15. Ne m'est-il pas permis de faire ce que je veux ; et ton œil est-il mauvais, parce que je suis bon ?

16. Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers : car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus[104].

Cette parabole, dit l'Infaillible, nous montre que Dieu est maître de ses dons, et qu'il peut se faire que celui qui a travaillé une heure mérite autant que celui qui a travaillé une journée entière, s'il l'a fait avec plus de zèle. Elle s'applique aux Gentils, qui, n'entrant qu'à la dernière heure dans l'Église, auront part à la même récompense que les Juifs, qui ont été appelés les premiers. Il faut remarquer d'ailleurs que quand Jésus-Christ se sert d'une comparaison, énonce une parabole, il ne veut pas nous faire entendre qu'il y ait toujours une parité complète entre l'allégorie et la vérité. Il ne faut prendre souvent que le fond des choses et les circonstances générales. Tout le reste n'est pour l'ordinaire qu'une espèce d'ornement, sur lequel il est bon de ne pas trop s'appesantir[105]. Il y a des traits qui sont nécessaires pour le complément de la figure, dit Saint Jean Chrysostome, et qui ne le sont nullement pour la réalité. Ici l'excuse des ouvriers du soir, le murmure de ceux de la première heure, les reproches du maître, n'ont point d'application.

C'est avec un véritable déchirement de cœur que nous nous séparons du Saint-Siège, mais il le faut absolument, et cela dans l'intérêt du Juif consubstantiel et coéternel au Père.

Le maître de la Vigne, c'est le Père, vous l'avez suffisamment entendu. La journée ouvrable se compose de douze heures, et pourtant vous avez vu qu'aucun ouvrier n'était embauché pour la douzième heure, le travail finit à la onzième. Il semble donc que le maître perde le fruit d'une heure de travail. C'est que les heures sont là pour les signes millénaires. Aussi le Maître n'a-t-il paru qu'après la troisième heure, sous les Ânes ; et le douzième Æon, l'Æon-Zib, n'étant jamais venu, du moins tel que l'entendait Bar-Jehoudda, le maître n'a engagé personne pour l'heure qui correspond à ce signe dans la journée juive. S'il reporte toutes ses grâces sur les ouvriers qui répondent au onzième signe, c'est que c'est celui du Zibdéos, occupé dans le Zodiaque des Æons par les ouvriers de la onzième heure : tous sont nés sous ce signe, et quelques-uns, Jehoudda, son frère, Jacob junior, Éléazar, y sont morts. Bar-Jehoudda en est le point terminus, ayant été crucifié le dernier jour de l'Æon-Zibdéos.

Dans le Royaume les anciens ne peuvent pas recevoir plus que les nouveaux. Abraham, Jacob, Juda, Joseph, Moïse ne peuvent pas recevoir plus que Jehoudda et ses fils, Jaïr et les siens. Malgré leur ancienneté ils n'ont toujours droit qu'à une place. Les tribus n'ont pas voulu de Bar-Jehoudda pour roi, parce que celle de Juda s'attribuait tout, ne laissant aux autres que ses restes, quoiqu'elle ne fût nullement la première des tribus. Mais elles ont eu théologiquement tort, puisque la dernière n'aurait pas reçu plus que la première dans la Jérusalem d'or et dans le Jardin aux douze récoltes.

Que celui qui a des oreilles entende !

 

XXVII. — PARABOLE DES PLACEURS DE PARTS.

 

Déplacée et remaniée dans Matthieu[106], la parabole qui suit tire toute sa signification de l'endroit qu'elle occupe dans Luc.

LUC, XIX, 11. Comme ils écoutaient ces discours, il dit encore une parabole sur ce qu'il était près de Jérusalem, et sur ce qu'ils pensaient que le Royaume de Dieu serait incontinent manifesté.

Parfaitement, ils croyaient cela sur la foi de leur père, tout au long exprimée par l'Apocalypse. Ils croyaient revoir le Figuier aux douze récoltes et entrer dans la Jérusalem tout en or et en pierreries. Ils n'avaient rien vu de tout cela, tant à cause de la poussière soulevée autour du Sôrtaba par la cavalerie de Pilatus qu'à cause de leur fuite éperdue dans la direction la plus opposée à leur but ; mais ces temps sont loin, il s'agit maintenant de transformer ce passé qui est un passif en un présent qui soit un actif. Jésus s'y emploie dans cette parabole.

12. Il dit donc : Un homme de grande naissance s'en alla en un pays lointain pour prendre possession d'un royaume et revenir ensuite[107].

13. Ainsi, dix de ses serviteurs appelés, il leur donna dix mines, et leur dit : Trafiquez, jusqu'à ce que je revienne.

14. Or ceux de son pays le haïssaient ; et ils envoyèrent après lui une députation, disant : Nous ne voulons point que celui-ci règne sur nous.

15. Et il arriva qu'il revint après avoir pris possession du Royaume ; et il fit appeler les serviteurs auxquels il avait donné de l'argent, pour savoir combien chacun en avait tiré.

16. Le premier vint, disant : Seigneur, votre mine a produit dix autres mines.

17. Et il lui dit : Fort bien, bon serviteur ! parce que tu s été fidèle en peu de chose, tu auras puissance sur dix viles.

18. Et un autre vint, disant : Seigneur, votre mine a produit cinq autres mines.

19. Et il dit à celui-ci : Toi aussi, sois à la tête de cinq villes.

20. Et un autre vint, disant : Seigneur, voici votre mine, que j'ai tenue enveloppée dans un linge :

21. Car je vous ai craint, parce que vous êtes un homme sévère : vous emportez ce que vous n'avez pas déposé, et moissonnez ce que vous n'avez pas semé !

Les dix serviteurs sont les dix générations centenaires renfermées dans l'Æon-Zib qui était en puissance dans Bar-Jehoudda. Vous vous rappelez, en effet, qu'il devait vivre mille ans. Pour placer leurs parts du Royaume ils sont entrés en campagne le 15 nisan 789. Tous ces Juifs, inégalement mais avec zèle, ont développé l'affaire ; un seul n'a pas fait travailler sa mine, le Maître va la lui ôter avec la vie, taudis que les autres auront du mille pour cent dans le Royaume. Voilà ce que c'est de n'avoir pas placé chez les goym le sacrement qui fait les Juifs maîtres du salut !

Dieu, en effet, est un personnage sévère aux riches, il emporte leur argent en emportant leur vie. A l'origine il n'a pas donné d'argent à l'homme (il ne lui a même pas donné de vêtement). Quand il le lui prend, il moissonne ce qu'il n'a pas semé, il emporte ce qu'il n'a pas déposé. S'il n'était pas question de Dieu ici, nous aurions affaire à un serviteur qui traite carrément son maître d'usurier et d'exacteur, et qui n'a pas voulu prêter à intérêts usuraires la mine qu'on lui a confiée dans ce but. Il a refusé de s'associer aux pratiques dont ses collègues se sont rendus coupables, il faut le féliciter. Le Maître au contraire l'accable de reproches pour n'avoir pas fait travailler la mine juive.

22. Le maître lui dit : C'est par ta propre bouche que je te juge, mauvais serviteur : tu savais que je suis un homme sévère, emportant ce que je n'ai pas déposé et moissonnant ce que je n'ai pas semé :

23. Pourquoi donc n'as-tu pas donné mon argent à la banque, afin que, moi revenant, je le reprisse avec usure ?

Il lui en aurait donné du mille pour un, comme aux autres.

24. Et il dit à ceux qui étaient présents : Ôtez-lui la mine, et donnez-la à celui qui a dix mines.

25. Et ils lui répondirent : Seigneur, il a déjà dix mines.

26. Mais je vous le dis, on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance ; mais celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera ôté.

27. Et pour mes ennemis, qui n'ont pas voulu que je régnasse sur eux, amenez-les ici, et tuez-les devant moi !

Jésus leur fait croire que l'auteur de cette théorie reviendra et l'appliquera aux Juifs qui n'auront pas été de l'affaire, dès le début. Non seulement Iahvé leur ôtera ce qui leur reste, — bien peu de chose après Hadrien ! — mais encore ils ne régneront pas sur les villes étrangères, et pourtant il en est de si bonnes et de si riches, Roma, Massilia, Lugdunum, Lutétia ! Car l'Apocalypse du Juif consubstantiel et coéternel au Père ne se borne pas à ouvrir aux élus les portes de la Jérusalem d'or, elle leur donne puissance sur les villes habitées indûment par les goym. Si vous en doutez, revoyez ce délicieux écrit, et si cette lecture ne vous suffît pas, ouvrez Suétone et Tacite à l'endroit où ils disent à quelle prophétie ont obéi les partisans de Ménahem. Or est-il bon que les goym continuent à être maîtres chez eux ? Cette pensée est-elle tolérable ?

Cette parabole, et surtout la politique du prétendant ayant paru beaucoup trop compromettante, les synoptiseurs l'ont présentée sous une forme moins claire dans Mathieu. Obscurcir quand ils n'ont pu supprimer, c'est ie seul moyen qu'ils aient eu de défendre le scélérat qu'ils ont imposé à l'ignorance publique !

MATTHIEU, XXV, 14. C'est comme un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs et leur remit ses biens.

15. A l'un il donna cinq talents, à un autre un, à chacun selon sa capacité, et il partit aussitôt.

16. Or celui qui avait reçu les cinq talents, s'en alla, et les fit valoir, et en gagna cinq autres.

17. Pareillement aussi, celui qui en avait reçu deux en gagna deux autres.

18. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un, s'en allant, creusa la terre, et cacha l'argent de son maître.

19. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et compta avec eux.

20. Alors celui qui avait reçu cinq talents, s'approchant, lui présenta cinq autres talents, disant : Seigneur, vous m'avez remis cinq talents ; en voici cinq autres que j'ai gagnés de plus.

21. Son maître lui répondit : Fort bien, serviteur bon et fidèle ! parce que tu as été fidèle eu peu de choses, je t'établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître.

22. Celui qui avait reçu deux talents vint aussi, et dit : Seigneur, vous m'avez remis deux talents ; en voici deux autres que j'ai gagnés.

23. Son maître lui répondit : Fort bien, serviteur bon et fidèle ! parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t'établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître.

24. Puis, s'approchant aussi, celui qui avait reçu un seul talent dit : Seigneur, je sais que vous êtes un homme sévère ; vous moissonnez où vous n'avez point semé, et recueillez où vous n'avez rien mis.

25. Aussi, craignant, je m'en suis allé, et j'ai caché votre talent dans la terre : voici, je vous rends ce qui est à vous.

26. Son maître, répondant, lui dit : Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne où je n'ai point semé, et que je recueille où je n'ai rien mis :

27. Il fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, revenant, j'aurais reçu avec usure ce qui est à moi[108].

28. Reprenez-lui donc le talent, et donnez à celui qui a dix talents.

29. Car on donnerai celui qui a, et il sera dans l'abondance ; mais à celui qui n'a pas, même ce qu'il semble avoir lui sera cité.

30. Et jetez ce serviteur inutile dans les ténèbres extérieures : là sera le pleur et le grincement de dents.

Jésus traite encore ce serviteur d'une façon fort inique, mais il n'ordonne plus qu'on l'assassine dans le Temple. La morale évangélique est en progrès. En outre, on fait disparaître le prétendant au trône, en qui il était trop facile de reconnaître le scélérat repoussé par les tribus pour son incapacité et condamné par le sanhédrin pour ses crimes.

Ce qui est intéressant ici, ce n'est pas la parabole elle-même, c'est sa facture. Elle révèle la main de gens dont l'occupation habituelle est le placement usuraire, la banque dans le plus mauvais sens du mot, le prêt à cent pour cent, taux indiqué par le revenu de chaque talent. Elle émane certainement de cette bande noire dont sont sortis les Calliste et les Zéphirin[109], dont le métier était d'émettre de faux papiers pour rafler l'héritage des riches imbéciles et jusqu'aux économies des humbles, et d'organiser des collectes avec le produit desquelles on accaparait des terrains pour l'aménagement de certains rendez-vous résurrectionnels qu'on appela cimetières.

 

XXVIII. — PARABOLE DES DEUX FRÈRES VIGNERONS.

 

MATTHIEU, XXI, 28. Mais que vous en semble ? Un homme avait deux fils ; s'approchant du premier, il lui dit : Mon fils, va-t-en aujourd'hui travailler à ma vigne.

29. Celui-ci, répondant, dit : Je ne veux pas. Mais après, touché de repentir, il y alla.

Le premier, c'est un fils de Juda, Jehoudda, qui ne s'est, en effet, décidé que tardivement.

30. S'approchant ensuite de l'autre, il dit de même. Et celui-ci, répondant, dit : J'y vais, Seigneur ; et il n'y alla point.

Celui-là, c'est un fils d'Israël qui est resté avec les pharisiens hérodiens.

31. Lequel des deux a fait la volonté du Père ? Ils lui dirent : Le premier. Jésus leur répliqua : En vérité, je vous dis que les publicains et les femmes de mauvaise vie vous précéderont dans le Royaume de Dieu,

32. Car Joannès est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n'avez pas cru en lui ; mais les publicains et les femmes de mauvaise vie ont cru en lui ; et vous, ayant vu cela, vous n'avez pas même eu de repentir ensuite, de manière à croire en lui !

Il s'agit ici non de Joannès le baptiseur, mais de son père le Joannès Ier et de son rôle au recensement de Quirinius. Les publicains qui ont volé pour lui et les filles perdues qui sont allées avec son fils, voilà pour l'Evangéliste le plus éloquent témoignage de la vérité du christianisme !

 

XXIX. — PARAHOLE DES VIGNERONS MEURTRIERS.

 

MATTHIEU, XXI, 33. Ecoutez une autre parabole : Il y avait un homme, Père de famille, qui planta une vigne et l'entoura d'une haie, y creusa un pressoir, et bâtit une tour ; il la loua ensuite à des vignerons, et partit pour un voyage.

34. Or, lorsque le temps des fruits approcha, il envoya ses serviteurs aux vignerons, pour en recevoir les fruits.

35. Mais les vignerons, s'étant saisis de ses serviteurs, déchirèrent l'un de coups, tuèrent l'autre, et en lapidèrent un autre.

36. Il envoya encore d'autres serviteurs en plus grand nombre que les premiers, et ils leur firent pareillement.

37. En dernier lieu il leur envoya son fils, disant : Ils auront du respect pour mon fils.

38. Mais les vignerons, voyant le fils, dirent en eux-mêmes : Celui-ci est l'héritier, venez, tuons-le, et nous aurons son héritage.

39. Et après l'avoir pris, ils le jetèrent hors de la vigne, e t le tuèrent.

LUC, XX, 9. Alors, il se mit à dire au peuple cette parabole : Un homme planta une vigne, et la loua à des vignerons, et lui-même fut longtemps en voyage.

10. Et dans la saison il envoya l'un de ses serviteurs aux vignerons, pour qu'ils lui donnassent du fruit de la vigne. Mais eux, après l'avoir déchiré de coups, le renvoyèrent les mains vides.

11. Et il envoya un autre serviteur. Mais eux, l'ayant aussi déchiré de coups et chargé d'outrages, le renvoyèrent les mains vides.

12. Enfin il en envoya un troisième. Les vignerons le blessèrent aussi et le jetèrent dehors.

13. Alors le maître de la vigne dit : Que ferai-je ? j'enverrai mon fils bien-aimé ; peut-être que, lorsqu'ils le verront, ils le respecteront.

14. Mais les vignerons, l'ayant vu, pensèrent en eux-mêmes, disant : Celui-ci est l'héritier ; tuons-le, afin que l'héritage devienne nôtre.

15. Et, l'ayant jeté hors de la vigne, ils le tuèrent.

MARC, XII, 1. Et il commença à leur parler en paraboles : Un homme planta une vigne ; il l'entoura d'une haie, creusa un pressoir ; il la loua ensuite à des vignerons, et partit pour un voyage.

2. Or, en la saison, il envoya aux vignerons un serviteur pour recevoir d'eux du fruit de la vigne.

3. Mais s'étant saisis de lui, ils le déchirèrent de coups, et le renvoyèrent les mains vides.

4. Il leur envoya de nouveau un autre serviteur, et ils le blessèrent à la tête, l'accablèrent d'outrages.

5. Il en envoya encore un autre, et ils le tuèrent : ensuite plusieurs autres, dont ils déchirèrent les uns de coups, et tuèrent les autres.

6. Enfin, ayant un fils unique qui lui était très cher, il le leur envoya le dernier, disant : Ils respecteront mon fils.

7. Mais les vignerons se dirent l'un à l'autre : Celui-ci est l'héritier, venez, tuons-le, et nôtre sera l'héritage.

8. Ainsi, l'ayant pris, ils le tuèrent et le jetèrent hors de la vigne.

Ce qu'est cette vigne, ce que sont les serviteurs tués, vous le savez. Ce que sont les mauvais vignerons, ceux qui ont pris la vigne à bail sans en rendre le fruit au roi de Juda, vous le devinez, mais vous n'aviez pas encore entendu parler de la haie et du pressoir. La haie, ce sont les murailles de Jérusalem, avec les douze portes ; le pressoir, c'est le Temple. Ce qui devait se passer en 789, rappelons-le : Jette ta faux tranchante et vendange les grappes de la vigne de la terre, parce que les raisins sont mûrs. Et (le Fils de l'homme) jeta sa faux tranchante sur la terre et vendangea la vigne de la terre ; et il jeta les (vignerons) dans la grande cuve de la colère de Dieu. Et la cuve fut foulée hors de la ville, et le sang, montant de la cuve jusqu'aux freins des chevaux, se répandit sur un espace de mille six cents stades. Jehoudda ayant annoncé dès le Recensement de 760 que telle serait la fin des prêtres hérodiens qui occupaient le Temple, ceux-ci, mus par l'instinct de la conservation et d'ailleurs attaqués jusque dans le sanctuaire, avaient successivement repoussé par la force tous les serviteurs qui s'étaient présentés dans leur clos comme mandataires du Maître de la Vigne aux douze récoltes. Ils avaient commencé par Jehoudda lui-même, puis, comme il est dit dans la parabole, continué par divers autres, tels que Jacob junior en 787. Enfin le 14 nisan 788, veille de la pâque, ils avaient, en vertu de la condamnation prononcée par leurs magistrats, livré aux Romains celui qu'on appelle simplement le fils dans Matthieu, le fils bien-aimé[110] dans Luc, et le fils unique, dans Marc, par une gradation dont on apprécie toute la saveur quand on connaît la doctrine de l'Église sur l'unigéniture du Juif consubstantiel au Père. Et jetant cet imposteur au bas de la haie, dans les profondeurs du Guol-golta, ils l'avaient vendangé hors de la vigne dont il se disait roi et où il devait attacher son âne. Voilà ce que rappelle Jésus, avec des détails si topiques vraiment que l'emploi de la parabole apparaît comme superflu.

MATTHIEU, XXI, 40. Lors donc que viendra le maître de la Vigne, que fera-t-il à ces vignerons ?

41. Ils lui répondirent : Il fera mourir misérablement ces misérables, et il louera sa vigne à d'autres vignerons, qui lui en rendront le fruit en son temps.

MARC, XII, 9. Que fera donc le maître de la Vigne ? Il viendra, exterminera les vignerons, et donnera la vigne à d'autres.

10. N'avez-vous point lu cette parole de l'Écriture : La pierre qu'ont jetée ceux qui bâtissaient est devenue un sommet d'angle ;

11. C'est le Seigneur qui a fait cela, et c'est admirable à nos yeux ?

12. Dès lors ils cherchaient à se saisir de lui ; mais ils craignaient le peuple : ils reconnurent, en effet, que c'était à eux qu'il avait appliqué cette parabole. Ainsi, le laissant ils s'en allèrent.

LUC, XX, 15. ... Que leur fera donc le maître de la vigne ?

16. Il viendra, et perdra ces vignerons, et donnera la vigne à d'autres. Ce qu'ayant entendu, ils lui dirent : A Dieu ne plaise !

17. Mais Jésus, les regardant, dit : Qu'est-ce donc que ce qui est écrit : La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue un sommet d'angle ?

18. Quiconque tombera sur cette pierre, sera brisé ; et celui sur qui elle tombera, elle le réduira en poudre.

19. Et les princes des prêtres et les scribes cherchaient à mettre la main sur lui en cette heure-là ; mais ils craignirent le peuple : ils avaient compris que c'était à eux qu'il avait appliqué cette parabole.

Pour ne pas comprendre il aurait fallu qu'ils cessassent d'être Juifs, et qu'à l'instar des goym ils fussent privés d'yeux et d'oreilles par les scribes jehouddolâtres. Jésus leur fait honte d'être restés avec la vérité contre l'imposture ecclésiastique. L'individu qu'ils ont jadis rejeté est devenu la pierre planétaire, génésiaque et sabbatique, jadis exposée dans le Temple lui-même[111]. Un criminel Juif est dieu d'Occident par l'industrie de quelques-uns, et il s'en trouve d'autres pour ne pas faire chorus ! Ils ne réfléchissent donc pas qu'on va les traiter de déicides !

 

XXX. — PARABOLE DE LA BREBIS PERDUE ET RETROUVÉE.

 

Cette parabole a pour but de les ramener à la raison en leur montrant que, s'ils avaient le sens national, ils devraient se féliciter de l'heureux avatar de cette brebis, hier galeuse et maudite, aujourd'hui bénie et choyée.

LUC, XV, 1. Or les publicains et les pécheurs s'approchaient de Jésus pour l'entendre.

2. Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant : Celui-ci accueille les pécheurs et mange avec eux.

3. Et il leur proposa cette parabole, disant :

4. Quel est celui d'entre vous qui a cent brebis, et qui, s'il en perd une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert, et ne va après celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il la trouve ?

5. Et lorsqu'il l'a trouvée, il la met sur ses épaules, plein de joie ;

6. Et, venant à sa maison, il appelle ses amis et ses voisins, leur disant : Réjouissez-vous avec moi, parce que j'ai trouvé ma brebis qui était perdue.

7. Je vous dis de même qu'il y aura plus de joie dans le ciel pour un pécheur faisant pénitence, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de pénitence.

Quelle est la brebis retrouvée ou pour mieux dire l'agneau sauvé ici par Jésus ? C'est l'estimable Bar-Jehoudda, nul autre. La parabole nous le dit clairement, à la condition que nous nous servions de nos oreilles pour entendre, comme l'Evangéliste nous y invite avec insistance. En effet, c'est le dernier jour d'une centième année, ou année jubilaire, que cette infortunée brebis a été perdue[112]. Les quatre-vingt-dix-neuf brebis qui représentent le siècle écoulé à la date du 15 nisan 789 sont hors d'affaire, mais la centième ? la brebis de la bergerie davidique ? Rassurez-vous, bons Juifs du Royaume, c'est pour la sauver, c'est pour anser sa croix que Jésus est en marche. Il vous l'a dit, il atteindra le but qu'il se propose.

 

XXXI. — PARABOLE DE LA FEMME À LA DRACHME PERDUE ET RETROUVÉE.

 

8. Ou quelle est la femme qui, ayant sept[113] drachmes si elle en perd une, n'allume sa lampe[114], ne balaye sa maison, et ne cherche soigneusement jusqu'à ce qu'elle la trouve ?

9. Et lorsqu'elle l'a trouvée, elle appelle ses amies et ses voisines, disant : Réjouissez-vous avec moi, parce ce que j'ai trouvé la drachme que j'avais perdue.

10. Ainsi, je vous le dis, sera la joie parmi les anges de Dieu pour un pécheur faisant pénitence.

Jésus estime que si le fils aîné de la femme aux sept drachmes et aux sept fils était un pécheur, — il n'en disconvient pas ici et il en convient beaucoup plus nettement dans Cérinthe ! — il a suffisamment fait pénitence sur la croix et mérité par là cette rémission qu'il octroyait aux autres par le baptême. Son sang l'a sauvé, quoiqu'il n'y ait pas eu sacrifice !

 

XXXII. — PARABOLE DU FILS PERDU ET RETROUVÉ.

 

Connue sous le nom de parabole de l'Enfant prodigue, celle-ci est la plus populaire de toutes. Son vrai nom, comme vous allez voir, c'est : parabole du fils de la grâce contre le fils du droit.

LUC, XV, 11. Et il ajouta : Un homme avait deux fils.

12. Or le plus jeune des deux dit à son père : Père, donnez-moi la portion de votre bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien.

13. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant rassemblé tout ce qu'il avait, partit pour une région étrangère et lointaine, et il y dissipa son bien en vivant dans la débauche.

14. Après qu'il eut tout consommé, il survint une grande famine dans ces pays, et il commença à se trouver dans l'indigence.

15. Il alla donc, et il s'attacha à un habitant de ce pays. Or celui-ci l'envoya dans sa maison des champs pour paître les troupeaux.

16. Et il désirait se rassasier des cosses que mangeaient les pourceaux ; mais personne ne lui en donnait.

17. Rentrant alors en lui-même, il dit : Combien de mercenaires dans la maison de mon père ont du pain en abondance ; et moi, ici, je meurs de faim !

18. Je me lèverai, et j'irai à mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et à vos yeux ;

19. Je ne suis plus digne d'être appelé votre fils : traitez-moi comme l'un de vos mercenaires.

20. Et se levant, il vint à son père. Comme il était encore loin, son père l'aperçut, s'attendrit, et accourant tomba sur son cou et le baisa.

21. Et le fils lui dit : Père, j'ai péché contre le ciel et à vos yeux ; je ne suis plus digne d'être appelé votre fils.

22. Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite sa robe talaire[115], et l'en revêtez ; mettez un anneau à sa main et une chaussure à ses pieds ;

23. Amenez aussi le veau gras, et tuez-le : mangeons et réjouissons-nous :

24. Car mon fils que voici était mort, et il revit ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à faire grande chère.

25. Cependant son fils aîné était dans les champs ; et comme il revenait et approchait de la maison, il entendit une symphonie et des danses.

26. Il appela donc un de ses serviteurs et lui demanda ce que c'était.

27. Le serviteur lui répondit : Votre frère est revenu, et votre père a tué le veau gras, parce qu'il a recouvré son fils sain et sauf.

28. Il s'indigna, et il ne voulait pas entrer. Son père donc, étant sorti, se mit à le prier.

29. Mais lui, répondant, dit à son père : Voilà tant d'années que je vous sers, et jamais je n'ai manqué à vos commandements, et jamais vous ne m'avez donné un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis ;

30. Mais après que cet autre fils, qui a dévoré son bien avec des femmes perdues, est revenu, vous avez tué pour lui le veau gras.

31. Alors le père lui dit : Mon fils, toi, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ;

32. Mais il fallait faire un festin et se réjouir, parce que ton frère était mort, et il revit ; il était perdu, et il est retrouvé !

Cette parabole est très jolie quand on l'interprète avec le génie aryen, c'est-à-dire humainement et sentimentalement. Elle l'est moins, et même elle ne l'est plus du tout, quand on lui restitue son sens politique et religieux.

L'homme aux deux fils, c'est le Dieu des Juifs : le fils aîné, c'est Ésaü ; le cadet, c'est Jacob revenant de chez Laban, après avoir mené une vie dont l'Evangéliste offre un tableau auquel il n'y a rien à reprendre, mais beaucoup à ajouter, car on sait par quel ignoble moyen Jacob a évincé son frère aîné de l'héritage paternel. D'après la loi le cadet avait la moitié de moins que l'aîné, il a tout pris ! Comme Bar-Jehoudda descend du cadet, l'Évangéliste trouve ce trait admirable. Bar-Jehoudda lui-même l'eût trouvé moins beau, puisqu'un hérodien, le prince Saül, fils d'Amalec, lequel l'était d'Ésaü, semble avoir trouvé, lui aussi, sous le nom de Paul, grâce éternelle devant le Père !

Quant aux Juifs de la branche aînée, au lieu de faire opposition au Juif de la branche cadette, à celui qui était mort et qui revit dans la mystification ecclésiastique, ils feraient bien mieux de tuer le veau gras, car ils ont là un moyen non plus de vivre des cosses que mangent les pourceaux païens, mais d'occuper la terre même sur laquelle vivent ces bêtes malpropres et qui tiennent de la place. Aux goym les cosses, jusqu'à ce que vienne le bon Æon-Zib qui les supprimera eux-mêmes ! Et en attendant, les fruits aux baptiseurs et marchands de christ ! Ce n'est pas derrière Moïse qu'il faut entrer chez les goym, c'est derrière Bar-Jehoudda déifié !

 

XXXIII. — PARABOLE DE CELUI QUI LIE ET DÉLIE LA PORTE.

 

Celui-là, c'est le chef de la maison dont étaient les sept disciples, c'est Jehoudda. C'est lui qui leur a transmis le pouvoir de lier et de délier que nous avons admiré déjà dans la ceinture du frère Jacques, ceinture dont Shehimon a été le corroyeur[116] par droit de succession au trône.

LUC, XIII, 22. Et il allait par les villes et par les villages, enseignant et faisant son chemin vers Jérusalem.

23. Or quelqu'un lui demanda : Seigneur, y en a-t-il peu qui soient sauvés ? Il leur répondit :

24. Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite : car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer, et ne le pourront pas.

25. Lorsque le chef de la maison[117] sera entré et aura fermé la porte, vous commencerez par vous tenir dehors et par frapper à la porte, disant : Seigneur, ouvrez-nous ; et, vous répondant, il vous dira : Je ne sais d'où vous êtes.

26. Alors vous commencerez à dire : Nous avons mangé et bu devant vous, et vous avez enseigné dans nos places publiques.

27. Et il vous dira : Je ne sais d'où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d'iniquité.

28. Là sera le pleur et le grincement de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, et vous, chassés dehors.

29. [Il en viendra de l'orient, et de l'occident, et de l'aquilon, et du midi, et ils auront place au festin dans le Royaume de Dieu.

30. Et ce sont les derniers qui seront les premiers, et ce sont les premiers qui seront les derniers[118].]

Pour bien comprendre cette parabole, il faut savoir que le droit de lier et de délier, c'est-à-dire de fermer ou d'ouvrir la porte aux Juifs lors de la réédénisation, appartient à Juda, et que le Fils de l'homme, venant dans son Royaume en 789, doit d'abord entrer dans la maison de David, fils de Juda. Jésus, organe de cette théorie, la rappelle formellement à Bar-Jehoudda dans Cérinthe[119]. Par conséquent, sitôt le Seigneur entré, Jehoudda, qui sera ressuscité pour la circonstance, fermera sa porte, et ceux qui seront dehors auront beau lui crier qu'ils ont bu et mangé ensemble, il ne l'ouvrira certainement ni à ceux qui l'ont tué ni à ceux qui ont tué ses fils. Voilà le sens primitif ; il est détruit par l'addition des derniers versets. Jehoudda s'est prodigieusement amendé depuis le commencement de la parabole. En son temps il aurait plutôt renoncé au droit de lier et de délier la porte, que de l'ouvrir et si large aux goym, voire à ceux qui se sont réjouis de sa mort et de celle de ses fils. Ouvrir à Quirinius, à Pilatus, à Tibère Alexandre, vraiment c'est bien dur ! Il se console en pensant que le prince Saül n'entrera pas, même avec le faux nez de l'apôtre Paul !

 

Ainsi Jésus se licencie au point de donner des goym pour compagnons aux apôtres dans le Royaume ! Sûre du résultat financier sans la collaboration des Juifs, l'Église romaine commence à renier ses origines. Elle a fait les Lettres de Paul et les Actes, et étendu aux incirconcis la vente du salut. Elle a des comptoirs à elle, elle n'y veut plus de Juifs, ils prendraient tout ! Entre le baptiseur et les goym ils avaient interposé Jésus. On tourne leur invention contre eux-mêmes. S'ils Protestent, l'Église les dénoncera comme déicides ! La Maison est à moi, c'est à vous d'en sortir !

 

 

 



[1] Elle ne commence qu'en 776, dans le dispositif du Quatrième Évangile. Cf. l'Évangile de Nessus.

[2] Cf. l'Évangile de Nessus.

[3] Alias le Saint-Siège.

[4] Cf. Le Roi des Juifs.

[5] Le décan est de dix jours comme son nom l'indique.

[6] Cf. le présent volume, à propos de l'affolement que le jubilé de 889 avait provoqué en Thessalie.

[7] Lehem, pain ; lehom, chair.

[8] Cf. L'Évangile de Nessus.

[9] Dans Luc, cette épreuve est la seconde : dans Matthieu, la troisième et dernière. Nous avons rétabli l'ordre au bénéfice de Matthieu. Il y a dans les trois épreuves une gradation que Luc n'observe plus.

[10] Dont parle Apulée. Cf. le présent volume.

[11] Sur cette préparation à l'exorcisme, cf. Le Charpentier.

[12] Cf. L'Évangile de Nessus.

[13] Songez donc que Bar-Jehoudda l'était aussi, dans la mesure humaine ! Cf. la Nativité, au présent volume.

[14] Il n'est appelé ainsi que depuis que Jésus dans Cérinthe lui a donné ce pseudonyme significatif. (Cf. L'Évangile de Nessus.) On constate également dans Marc (III, 16) que Shehimon doit ce pseudonyme au Verbe sauveur de la réputation de tous ces criminels.

[15] Comme les deux premiers, on oublie de le dire.

[16] Toujours nommé le dernier, comme étant le plus ancien.

[17] Métà tôn misthotôn. On traduit généralement par ouvriers. Sans doute, mais ce sont des ouvriers qui attendent leur salaire de Dieu, comme il est dit dans l'Apocalypse. Ce salaire viendra le 15 nisan 789, mais les ouvriers ne sont pas encore parvenus à leur terme, comme dit également l'Apocalypse.

[18] Cf. l'Évangile de Nessus.

[19] Que Salomé avait fait sept démons.

[20] Même chiffre dans Luc.

[21] Même chiffre également.

[22] Genèse, I, 2.

[23] Cf. Le Roi des Juifs.

[24] Oui, qu'est-elle devenue ?

[25] Non seulement le vent en général, mais les quatre vents. Cf. Le Roi des Juifs.

[26] Cf. L'Evangile de Nessus.

[27] Cf. L'Evangile de Nessus.

[28] C'est le nom que l'Église donne au Zibdéos.

[29] Nous avons également réservé la parabole dite de Lazare et du riche, d'autres encore qui viendront en leur temps.

[30] De Zibdéos qui n'est plus là pour la mener.

[31] Voyez son Apocalypse dans Le Roi des Juifs. C'était aussi le grand mot de Papias.

[32] Mérimnai tou Aiônos toutou, que le Saint-Siège traduit par soucis du siècle, lorsqu'au contraire il s'agit des ambitieuses perplexités que l'annonce de cet Æon-Zib a fait naître.

[33] Cf. l'Apocalypse, dans Le Roi des Juifs.

[34] C'est uniquement pour que ceux qui ont des yeux et des oreilles n'aient pas l'idée de chercher dans l'Apocalypse l'origine de toutes ces imaginations.

[35] Les Juifs jehouddolâtres.

[36] Les païens, les Romains surtout.

[37] De l'Æon en cours, l'Æon-Zib.

[38] Cf. Le Roi des Juifs et l'Évangile de Nessus.

[39] Les cents quarante-quatre mille de l'Apocalypse. Cf. Le Roi des Juifs.

[40] Ceux de la tribu de Juda restés fidèles à la maison de David.

[41] Zacharie, IV, 2.

[42] Cf. Le Roi des Juifs.

[43] Murios, même étymologie que Myriam.

[44] Traduits en grec par sata.

[45] Parabole détachée du cadre qui lui convient et perdue, comme celle du semeur de sénevé, au milieu des paraboles sur le Moissonneur et sa Moisson.

[46] Cf. L'Évangile de Nessus.

[47] Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, VII, 147.

[48] Qui devait succéder à son père.

[49] Au Recensement où périt Jehoudda.

[50] Apocalypse, VI, 10, 11, dans Le Roi des Juifs.

[51] Celle-ci a été déplacée et transportée à l'endroit où les disciples demandent à Jésus de prier comme faisait Bar-Jehoudda.

[52] Pneuma aghion.

[53] Cf. L'Évangile de Nessus.

[54] Oiconomos.

[55] Sitométrion ou mieux satométrion.

[56] Au verset 42 Pierre a parlé de l'Econome dont il était question dans la parabole, mais comme dans Matthieu on a remplacé l'Econome par un esclave, doulos, on régularise cette substitution dans Luc. Toutefois on oublie de biffer le mot Econome dans l'interrogation de Pierre.

[57] De quelle sorte ? On n'en sait plus rien.

[58] Il ne le réaccouplera pas pour la vie millénaire par le moyen de l'un en deux et du deux en un.

[59] Exprimée dans les Paroles du Rabbi.

[60] Car il aura péché par ignorance. Si, quoique digne de châtiment, il veut non seulement échapper aux coups mais primer les honnêtes gens dans l'Eden, il n'a qu'à se faire baptiser. Sur ces châtiments et sur la moralité du baptême.

[61] Doulos au lieu d'oiconomos.

[62] Trophè au lieu de Satométrion.

[63] Le premier avait été emporté par le déluge.

[64] En parlant de l'année proto-jubilaire 788.

[65] Pour le Saint-Siège il n'y a là nulle allégorie, bien que Jésus annonce une plantation expressément parabolique : Le figuier, dit l'Infaillible exégète, était commun en Palestine et généralement planté dans les vignes. Le maître de la vigne peut s'étonner d'autant plus de ne jamais y trouver de fruits, que cet arbre en produit régulièrement deux fois par an : les premières figues apparaissent avant le retour des feuilles et sont mûres en Palestine vers le mois de juin : les secondes figues poussent tant que le développement de la végétation continue, et mûrissent à diverses époques à partir du mois d'août.

[66] Remarquez le progrès de la fraude. Le Fils de l'homme avait dit Marc ; le Royaume, avait dit Luc.

[67] Ni même l'idée.

[68] C'est vrai, il aimait mieux prendre !

[69] Par le sanhédrin et Pilatus.

[70] D'autres Juifs et plus tard des goym abusés.

[71] Mesure de capacité pour les liquides.

[72] Mesure de capacité pour les matières sèches, et contenant dix éphas. L'épha était de la même capacité que le bath. Cf. J-J. Pacaud, Traité d'herméneutique sacrée, t. III, pp. 351-39, Paris, 1833, in-12°.

[73] Oi uioi tou aiônos toutou phronimôteroi upèr tous uious tou phôtos eis tèn gheneàn tèn èautôn eisi.

[74] Les richesses injustes sont ainsi appelées, dit le Saint-Siège, parce qu'elles sont souvent mal acquises ou mal employées. Mais comme en hébreu le même mot signifie vanité et iniquité, d'autres croient qu'il s'agit ici de richesses vaines, opposées aux biens véritables, dont il est parlé au verset 11.

[75] Mammôna, mot araméen transporté dans le grec et qui signifie les richesses ou leur dieu.

[76] Nous l'établirons sans conteste plus loin.

[77] Cf. L'Évangile de Nessus.

[78] Cf. Le Gogotha.

[79] III Rois, VII, 53-26, et II Paralipomènes, IV, 2.

[80] IV Rois, XXV, 13.

[81] N'appelle personne au monde maître (excepté moi et mon fils), avait dit Jehoudda.

[82] N'appelle personne au monde père, avait dit Jehoudda.

[83] Moralement infirmes, comme étaient les individus dont s'entoura Bar-Jehoudda en 788, faute d'honnêtes gens.

[84] Sa maison selon le monde, à la fois le temple de Jérusalem et la maison de David.

[85] Cf. L'Évangile de Nessus.

[86] Cf. L'Évangile de Nessus.

[87] Cf. L'Évangile de Nessus.

[88] Cf. L'Évangile de Nessus.

[89] Au chapitre XXII où Jésus passe les trois jours qui se sont écoulés entre la déconfiture de Bar-Jehoudda au Sôrtaba et son arrestation à Lydda.

[90] Le Roi des Juifs surtout ! Pour être admis aux Noces dont ce repas n'est qu'une pile évocation, il aurait fallu des hommes plus sérieux en bataille rangée que les Jacob junior, les Bar-Jehoudda, les Shehimon, les Jacob senior et autres. Seul Ménahem avait attaqué les hors-d'œuvre lorsque le peuple lui enleva le plat des mains. Cf. Le Gogotha.

[91] La robe nuptiale, c'est le vêtement de la lumière dans laquelle devait être baptisé l'estimable Bar-Jehoudda le 15 nisan 789. C'est alors que ce Juif eût été consubstantialisé avec le Père. Nous allons lui voir cette robe magique dans la scène de la Transfiguration.

[92] Cf. Le Roi des Juifs, versets 9 et 10 du ch. XX de l'Apocalypse.

[93] Sophistication d'un premier texte.

[94] Imité de l'Envoi de Pathmos.

[95] C'est ce que fait Jésus au banquet de rémission dans Cérinthe. Il y ajoute même le lavement des pieds qui n'était pas convenu, mais que la malpropreté morale de Bar-Jehoudda et de ses compagnons rendait indispensable.

[96] Poté analusei ec tón gamón.

[97] En tón gamôn. Le changement dû aux synoptiseurs ne porte que sur la préposition : ec au lieu de en.

[98] Il ne faudrait pas croire, en effet, que de vagues scribes juifs aient trempé dans la rédaction de ces sornettes ! C'est Dieu lui-même qui les a dictées !

[99] Un denier par jour, c'est ainsi qu'on a compté pour dire la date du sacre de Bar-Jehoudda dans Cérinthe. Cf. L'Evangile de Nessus.

[100] Neuf heures.

[101] Midi.

[102] Trois heures.

[103] Cinq heures.

[104] Nous avons déjà vu ce lieu commun plus haut.

[105] De manière que les théologiens puissent se réserver cette matière et l'interpréter au besoin contre le texte.

[106] Elle vient après la parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles.

[107] On sous-entend que le prétendant reviendra, cette fois pour de bon.

[108] Par cette comparaison, Jésus-Christ veut nous montrer que nous ne devons rien négliger pour faire valoir les grâces que nous avons reçues de Dieu, soit pour notre perfection, soit pour le salut de nos frères. A cause de la diversité des monnaies usitées dans l'empire romain, il existait dès tors des changeurs, qui étaient en même temps banquiers et recevaient ou prêtaient de l'argent à intérêt. Comment ! il existait de telles gens parmi les jehouddolâtres ? Ceux qui ont fait les Évangiles n'étaient-ils pas du métier ?

[109] Cf. Les Marchands de Christ.

[110] Celui-là est mon fils bien-aimé en qui j'ai mis toute ma complaisance, dit la voix de la colombe.

[111] Cf. L'Apocalypse, d'après Ézéchiel et Zacharie.

[112] Sur cette comparaison des Juifs au troupeau, probaton, de David et sur leur assimilation aux siècles et demi-siècles, vous avez vu la séméiologie de la piscine probatique dans Cérinthe. Sur leur division en jubilés de cinquante ou de cent ans, vous verrez la séméiologie dite Multiplication des pains dans les Synoptisés.

[113] On lit aujourd'hui dix qui enlève tout sens à cette parabole et affaiblit celui de la précédente. C'est dans le même but que le chiffre soixante-douze, donné primitivement pour les trente-six Décans dédoublés, se trouve souvent remplacé par soixante-dix.

[114] La lampe de David.

[115] Le texte porte stolè, mot qui désigne un large vêtement porté par les hommes les plus importants, rois et prêtres, et descendant jusqu'aux pieds. L'anneau, c'est le sceau royal. Les esclaves allaient pieds nus : la chaussure indique un homme libre.

[116] Cf. Les Actes des Apôtres dans Le Saint-Esprit.

[117] De la maison de David. Jehoudda père des sept. Oicodespotès est le mot déjà employé pour le même Jehoudda que les Juifs hérodiens appellent Baal-Zib-Baal. Tout étant à double sens dans ces devinettes, l'Oicodespotès est tantôt Dieu, tantôt Jehoudda.

[118] Addition certaine, faite par les synoptiseurs par interprétation de cette formule déjà employée plusieurs fois.

[119] Cf. L'Évangile de Nessus.