LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME VI — L'ÉVANGILE DE NESSUS

I. — L'ÉVANGILE DE CÉRINTHE.

 

 

CHAPITRE XXI. — LA PÂQUE MANQUÉE OU LES SEPT FILS DU FAISEUR DE POISSONS DEVANT LE VRAI PÉCHEUR D'HOMMES.

 

Vous avez pu remarquer qu'après avoir soufflé l'Esprit-Saint aux disciples, Jésus ne remontait nullement vers son Père. En effet, il s'en faut de beaucoup qu'il ait fini son travail assomptionnel ; il ne l'a même pas commencé en ce qui touche le christ qui est toujours soit sur la terre, si on admet la version de la famille, soit sous la terre, à Machéron, si l'on tient compte de la réalité, c'est-à-dire nu et sans les vêtements blancs du martyr, lui qui pourtant est le prince des sept ! C'est assez dire que, si Jésus est allé voir son Père sous le quatrième signe, les Ânes de 789, comme c'était sou intention quand il est venu au Guol-golta le Quatrième jour de l'Agneau, il a été obligé de redescendre dans les diverses autres circonstances où ses enfants davidiques ont eu besoin de lui. Bar-Jehoudda mort, Shehimon n'était-il pas héritier de la promesse ? Ayant été, lui aussi, crucifié pour la Loi, pouvait-il goûter la corruption ?

L'Epilogue de Cérinthe ramène devant nous les sept personnages du Prologue. Jésus leur a remis leurs péchés au Banquet de purification, mais cela ne suffit Pas.

1. Après cela, Jésus montra de nouveau sa face lumineuse à ses disciples, près de la nier de Tibériade. Or il leur montra sa face ainsi.

2. Simon Pierre et Toâmin, appelé Didyme, Nathanaël, qui était de Kana en Galilée, les fils de Zibdéos[1] et deux autres de ses disciples[2] se trouvaient ensemble.

Voilà les sept fils du Zibdeos, voilà le sabbat jehouddique. Le Faiseur de poissons n'est plus là depuis 761 ; sa veuve a disparu, morte à Ephèse, dit-on, avant 802. Des sept il reste encore Shehimon, Jacob senior, Jehoudda Toâmin, Philippe et Ménahem. Le Joannès mort, c'est Shehimon qui exerce le droit de pécher les hommes, c'est-à-dire de baptiser. Ce droit est d'autant moins prescrit que Joannés, en baptisant sous le Cycle du Verseau, a péché par anticipation, tandis qu'en baptisant sous le Cycle des Poissons, dans lequel on est entré le 15 nisan 789, Shehimon met eu plein dans le vrai Mille. Toutefois il lui est arrivé quelque chose de très désagréable en 802, il a été crucifié au Guol-golta par Tibère Alexandre, procurateur de Judée.

3. Simon Pierre leur dit : Je vais pécher. Ils lui dirent : Nous y allons aussi avec vous. Ils s'en allèrent donc et montèrent dans la barque, et cette nuit-là ils ne prirent rien.

Ce n'est pas étonnant ! Ils pèchent dans la nuit du 14 nisan, qui ne leur a pas réussi en 788, mais ils ont pour eux une chance que la barque de Caron n'offre point aux goym, ils sont dans la barque paternelle, la barque du Charpentier qui est aussi l'homme de lumière, ils se dirigent donc vers l'Orient, ils vont au-devant de l'Étoile du matin, l'Étoile de David, qui annonce le lever du soleil pascal.

4. Mais le malin venu, Jésus parut sur le rivage ; les disciples néanmoins, ne connurent point que c'était Jésus[3].

5. Jésus leur dit donc : Enfants, n'avez-vous rien à manger ? Ils répondirent : Non.

6. Il leur dit : Jetez le filet à droite de la barque, et vous en trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne pouvaient le tirer, à cause de la multitude des poissons.

Néanmoins ils n'ont pas l'air contents, car ce n'est pas de poisson qu'ils ont faim, c'est de l'agneau de la Grande pâque. Tous sont morts sans avoir pu le manger. Cette multitude de poissons ne leur servira que si l'Agneau se montre. Mais la droite de la barque, c'est la droite du Seigneur lui-même, c'est de là que part la véritable barque dans laquelle il faut être, l'Arche solaire, signe de l'Alliance des Juifs avec Iahvé. En leur disant de s'orienter de ce côté, Jésus leur a indiqué la voie à suivre.

A cette parole, le Joannès de l'Apocalypse a immédiatement reconnu le Fils de l'homme, celui qui a dit à David : Tiens-toi à ma droite, et je ferai de tes ennemis l'escabeau de tes pieds. D'ailleurs il n'aurait aucun amour-propre d'auteur, s'il ne reconnaissait pas tout de suite celui qu'il a vu dans le ciel et décrit de pied en cap. Il est vrai qu'ici le Verbe en forme de fils d'homme n'a pas le magnifique attirail de guerre dans lequel il devait paraître sous les Ânes de 789[4], il est dans son costume de Pêcheur d'hommes. Vous rappelez-vous la parabole où Mathieu[5] compare le Verbe à un Pêcheur céleste qui fait des hommes ce qu'un pêcheur terrestre fait des poissons, gardant les bons pour lui, rejetant les mauvais ? Je vous ai montré qu'elle provenait de l'Apocalypse ou tout au moins des Paroles du Rabbi. Son véritable auteur la réclame ici, elle est du christ lui-même.

7. Alors le disciple que Jésus aimait[6] dit à Pierre : C'est le Seigneur. Et Simon Pierre, ayant entendu que c'était le Seigneur, mit son habit (car il était nu) et se jeta dans la mer.

Le christ est nu, lui aussi, car c'est être nu que de n'avoir pas son vêtement de lumière. En 802, ni Shehimon ni lui n'avaient encore ce vêtement. On voyait leur nudité, comme il est dit dans l'Apocalypse[7]. C'est l'auteur de l'Apocalypse qui le premier, par droit d'auteur, reconnaît le Fils de l'homme, le Seigneur des Poissons, Cycle dans lequel on est entré le 15 nisan 789 et dont il a passé misérablement les deux premiers jours en croix. Tout autre que Shehimon ôterait son habit pour se jeter à la mer, mais lui, il met le sien. Shehimon peut se jeter à la mer sans crainte ; la mer sur laquelle Jésus s'apprête à lancer son Arche est solide, et puis, s'il lui plaît, il peut la sécher d'un coup[8]. Que Shehimon arrive seulement jusqu'à lui, et il est sauvé ! Or il en est séparé par deux cents coudées qui sont de la famille mathématique des quinze brasses et des vingt brasses que les passagers du Gogotha[9] ont comptées avant d'aborder à la terre d'Occident. La différence, et elle est toute à l'avantage des sept pécheurs jehouddiques, c'est que ceux-ci vont à la vraie terre, l'Eden, l'Orient. Shehimon a donc deux cents coudées à faire pour y aborder. Le christ et les cinq autres restent dans la barque, amenant au Pécheur d'hommes leurs filets pleins de poissons.

8. Les autres disciples vinrent avec la barque (car ils n'étaient éloignés de la terre que d'environ deux cents coudées), tirant le filet plein de poissons.

9. Or dès qu'ils furent descendus à terre, ils virent des charbons préparés, et du poisson placé dessus, et du pain.

Du poisson, mais deux Poissons. Du pain, mais un seul Pain, le sixième, celui qui vient après les cinq Pains que le christ propose à Jésus pour faire le miracle dit de la Multiplication sur le Tabor. Des charbons, mais célestes, pour baptiser le Zib dans le feu, vous êtes familiarisés avec toute cette séméiologie.

Les pêcheurs vont vers la rive de la terre aux douze récoltes. Jésus les y attend avec les accessoires de l'Agneau manqué, mais il n'a point amené les Anes. Néanmoins l'Agneau qu'il est ne peut encore donner le Cycle du Zib, la vie millénaire, aux Sept, puisque ceux-C1 sont toujours sur la terre juive et dans un état de nudité qui ne leur permet pas encore de se présenter aux portes de l'Orient. Quoiqu'il y ait déjà du poisson qui se baptise sur les charbons, Jésus ne leur en donnera que s'ils y mettent du leur, du poisson eu chair humaine, du poisson juif,

10. Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des poissons que vous avez pris à l'instant.

11. Simon Pierre monta dans la barque, et tira à terre le filet plein de cent cinquante-trois gros poissons. Et quoiqu'il y en eût tant, le filet ne fui pas rompu.

Les sept poissons qu'a faits le Zibdéos (Faiseur de poissons) et les cent cinquante-trois qu'ils ont pris, en voilà cent soixante. Ils ont franchi les deux cents coudées qui les séparent du rivage, de sorte que si vous additionnez ces trois chiffres vous trouvez les trois cent soixante jours de l'année. Parvenus à l'Agneau de la pâque, signe du Maître du Poisson, qui lui-même est le signe du Millenium de grâce, il est dores et déjà certain qu'ils auront à manger de ce Zib posé sur les charbons et de ce Pain de vie millénaire, donc éternelle.

12. Jésus leur dit : Venez, mangez. Et chacun de ceux qui prenaient part au repas n'osaient lui demander : Qui êtes-vous ? sachant que c'était le Seigneur.

13. Et Jésus vint, prit le Pain, et le leur donna, et le Poisson pareillement[10].

14. Ce fut la troisième fois que Jésus montra sa face à ses disciples, [après qu'il fut ressuscité d'entre les morts.]

Remarquez que Jésus ne fait pas cuire les cent cinquante-trois poissons, ils sont baptisés d'eau. Il serait obligé de mettre sur le même feu Shehimon et ses six frères, partant le Juif consubstantiel au Père, qui, successivement crucifié sous le nom de Jésus et décapité sous le nom de Joannès, finirait ici sur le gril comme le bienheureux Laurent. Il leur donne le même piscis duplex que celui de la Prorogation du monde, et ce Zib se multiplie par mille ans. C'est, en similitude, ce que demandait le christ pour sa grande pâque, et ce que son père Jehoudda, alias Joannès Ier, alias Zachûri, alias Zibdeos, alias Joseph le Charpentier, demandait pour lui à Iahvé. Voilà les Sept entrés dans la vie millénaire, malgré Saul, malgré Kaïaphas, malgré Is-Kérioth, malgré Pilatus, malgré Tibère Alexandre, malgré Néron, malgré Titus, malgré Hadrien, malgré le monde. Voilà l'Apocalypse réalisée... par une séméiologie.

 

FLAGRANT DÉLIT DE L'IMPOSTURE PAPALE.

 

15. Lors donc qu'ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Joannès, m'aimes-lu plus que ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux[11].

16. Il lui dit de nouveau : Simon, fils de Joannès, m'aimes-tu ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux.

17. Il lui dit une troisième fois : Simon, fils de Joannès, m'aimes-tu ? Pierre fut contristé qu'il lui eût dit une troisième fois : M'aimes-tu ? Et il lui répondit : Seigneur, vous connaissez toutes choses, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis.

Shehimon fut aux termes de la Loi le goël-ha-dam[12] de la famille après la crucifixion de Bar-Jehoudda, c'est Ce que nous avons dit et c'est ce qu'on veut dire ici. Mais quelqu'un dans le genre du joyeux Clément, successeur de Pierre à Rome, a gravement corrompu le texte primitif en faisant demander par Jésus à Pierre : M'aimes-tu plus que ceux-ci ? et cela en présence du disciple que Jésus aimait le plus, comme il appert de la position qu'occupe ce disciple sur son pectoral au Banquet de rémission. Ce faux, ce millième faux, a pour but de confirmer le Tu es Petrus introduit dans Mathieu[13] par un des imitateurs de Clément, car si Pierre n'a pas eu de successeurs à Rome, Clément en a eu beaucoup. Oyez plutôt cette note de l'édition du Saint-Siège apostolique et romain : Le Sauveur avait promis à saint Pierre la suprématie spirituelle ; et il remplit ici sa promesse, en le chargeant de paître toutes ses brebis sans exception, par conséquent tout son troupeau, c'est-à-dire toute son Église !

Il est d'ailleurs vrai que Shehimon fut le successeur de son frère aîné ; mais celui-ci n'avait pas besoin de tester en sa faveur, et au surplus nous savons qu'il est mort intestat ; l'ordre de géniture désignait Shehimon.

Mais cela ne suffit pas à notre soif de justice. Si Jésus a célébré la pâque et institué l'Eucharistie, comme le veut le pape Clément, c'est incontestablement en faveur de son disciple chéri qu'il a testé. Or, ce disciple, c'est moi, dit Clément. Jésus n'a donc pas pu dire : Tu es Petrus et super hanc petram ædificabo Ecclesiam meam, il a infailliblement, donc papalement, dit : Tu es Clemens et super hanc clementiam ædificabo Ecclesiam meam. De quel droit l'Église fait-elle passer Pierre avant Clément ? N'est-ce pas Clément lui-même qui, après s'être adjugé le rôle du christ au banquet de rémission, a testé en faveur de Pierre ? Je demande au Saint-Siège s'il croit que le Souverain juge a jamais homologué ce testament-là ?

Ce n'est pas tout. Dans Cérinthe, le christ est à côté de Jésus pendant le repas pascal qui escompte le repas pascal, il a mangé du poisson et du pain avant Shehimon, puisqu'il est mort quatorze ans avant lui, et naguère, au Banquet de rémission, il était le préféré de Jésus. En ajoutant au : M'aimes-tu ? de Cérinthe le plus que les autres actuel, l'Église a destitué le christ de sa primauté pour la passer à Shehimon, son cadet. Pense-t-elle vraiment que le Juif consubstantiel au Père oubliera cet affront lorsqu'il viendra juger les vivants et les morts ?

Car, à le bien prendre, la triple répétition du mot : M'aimes-tu ? n'a qu'un objet, c'est de pallier dans la mesure du possible le triple reniement de Shehimon dans la Cour de Kaïaphas. Shehimon n'a pas été brillant dans la nuit de la préparation à la pâque de 789, il en a ponctué les trois veilles de trois lâchetés. Mais enfin il est mort à son tour sur la croix, la veille d'une autre pâque ; il a été martyr, Jésus l'emmène au ciel, c'est de droit.

 

CONSTAT DU MARTYR DE SHEHIMON AU GUOL-GOLTA.

 

18. En vérité, en vérité, je te le dis : Quand tu étais jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais. Mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra et te conduira où tu ne voudras pas.

19. Or il dit cela, indiquant par quelle mort il devait glorifier Dieu. Et lorsqu'il eut ainsi parlé, il lui dit : Suis-moi.

Parole à double entente, comme toujours. Shehimon a suivi son aîné sur la croix, il suit Jésus dans le ciel, car c'est à son Assomption que nous assistons ici. Il a donc été crucifié là où le fut Bar-Jehoudda et pour les mêmes causes, et peut-être la veille d'une pâque, en tout cas avant la Pâque rêvée ; c'est à cause de cela que Jésus ne donne l'Agneau à aucun des sept frères ; il leur faut se contenter du Poisson. Cérinthe ne peut en dire plus long, il ne peut pas, sans trahir le millénarisme, montrer Jésus venant assumer Shehimon au Guol-golta, puisque Bar-Jehoudda lui-même n'y est plus. Il rassemble indistinctement les Sept dans la barque paternelle d'où Jésus les transborde dans la sienne, l'Arche de l'alliance. Ménahem est de ces bienheureux passagers, quoiqu'il soit encore vivant en 802.

Saint Pierre mourut sur une croix, à Rome, la tête en bas, l'an 67 de notre ère. Ce n'est que plusieurs années après le martyre du prince des apôtres que saint Jean rappelait dans son Évangile cette prophétie du Sauveur. Tel est le décret du Saint-Siège. Il n'est pas mieux fondé que le Tu es Petrus.

Cette partie de l'Epilogue n'a pas reçu moins d'offenses que le Prologue. Il est absolument certain que Jésus assumait en même temps Jacob senior, qui accompagna Shehimon sur la croix. Il ne pouvait le laisser sur terre sans manquer à la Loi de justice. Mais il avait coulé de l'eau dans le Jourdain depuis ce temps-là, il en avait même coulé dans le Tibre ! Clément avait fait Pierre pape à Rome après sa crucifixion à Jérusalem, les Actes des apôtres avait décapité Jacob cinq ans avant la sienne. On laissa ce malheureux goûter la corruption, tandis qu'on consubstantialisait son frère aîné avec le Père, et que Clément se consubstantialisait avec le cadet.

 

ASSOMPTION DE SHEHIMON AU NEZ ET À LA BARBE DU CHRIST RESTÉ SUR TERRE.

 

Les choses n'étaient pas encore aussi avancées lorsque Cérinthe écrivait son Epilogue. Le disciple que Jésus préférait n'avait pas encore été assumé, à cause de l'état de vagabondage spécial dans lequel il était, pris entre deux versions inconciliables ; ou la survie jusque sous Trajan, ou la résurrection au Guol-golta immédiatement suivie d'Ascension, Pour Cérinthe, tout au moins pour le scribe qui a refait son Epilogue, le christ avait survécu non seulement à Shehimon, mais à Ménahem, le dernier de ses frères, supplicié en 819.

20. Pierre, s'étant retourné, vit venir après lui le disciple que Jésus aimait[14], qui s'était aussi reposé pendant le repas sur son sein, et avait dit : Seigneur, qui est celui qui vous livrera ?

21. Pierre donc l'ayant vu, demanda à Jésus : Seigneur, mais, celui-ci, que deviendra-t-il ?

22. Jésus lui répondit : Si je veux qu'il demeure ainsi jusqu'à ce que je vienne[15], que t'importe ? Toi, suis-moi.

Il lui importe beaucoup, au contraire, et il ne peut réprimer un mouvement de justice qui ; Jésus encouragerait s'il ne s'était engagé envers Maria Magdaléenne à ne rien dire. Sur la terre Bar-Jehoudda, prince des sept, est dans une situation très inférieure à celle de ses six frères, insoutenable même pour un homme qui reposait tout à l'heure sur le sein du Verbe au Banquet de rémission. Il n'est pas vivant, comme le prétendait Shehimon à la décharge de sa conduite dans la cour de Kaïaphas ; il n'est pas assumé non plus, Shehimon le sait bien, lui qui Ta enlevé du Guol-golta pour l'enterrer à Machéron. Un enlèvement n'est pas une Assomption. On comprend donc parfaitement l'embarras de ce franc-fileur, sa bonté, son chagrin. Il reçoit son salaire avant que le frère qu'il a renié jadis reçoive le sien ! Si sou père le voyait ! Vous savez de plus ce que Bar-Jehoudda pensait de lui-même, et de sa mission ; il se croyait immortel et roi du monde futur. Or il était mort roi des voleurs, princeps latronum, après avoir abandonné ses sujets dans la bataille, à quoi ceux-ci avaient riposté en l'abandonnant lui-même. Vous savez également dans quel intérêt ses frères ont soutenu envers et contre tous qu'il n'avait pas été crucifie ; ils ne pouvaient pas faire autrement sans se suicider devant le peuple !

Cependant Shehimon ne veut pas manquer l'occasion d'être assumé. A l'issue du banquet de rémission, quand Jésus lui a dit : Tu ne peux maintenant me suivre, il lui a demandé pourquoi. Jésus lui a répondu qu'il ne pouvait l'emmener avant qu'il n'eût renié trois fois son frère, il s'est acquitta de ce renie ment en conscience. Il semble que le moment serait venu de dire à Jésus : Domine, quo vadis ? Ou ne s'étonne pas qu'il s'en abstienne, et qu'il le suive les yeux fermés. Mais on s'étonne que le disciple bien-aimé, s'il est encore vivant, ne dise pas à Jésus, ai celui-ci existe en chair : Seigneur, et moi ? Pourquoi ne m'emmenez-vous pas ? J'ai dit que je ne mourrais pas que vous ne vinssiez, par conséquent que je ne mourrais pas du tout, car vous êtes la Vie, ou que vous me ressusciteriez, car vous êtes la Résurrection, vous l'avez dit à mes deux sœurs. Si je suis mort au Guol-golta, et je le suis, ressuscitez-moi ; si je n'y suis pas mort, faites-moi vivre mille ans, puisque vous êtes venu et que vous voilà !

23. Le bruit courut donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant Jésus ne lui dit pas : Il ne mourra point ; mais : Si je veux qu'il demeure ainsi jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ?

Ce verset porte la trace d'une rédaction plus ancienne dont il résulte que le dialogue n'était pas entre Shehimon et Jésus, mais entre celui-ci et le disciple préféré. Ce n'est pas dans cet Évangile, c'est dans l'Apocalypse que Jésus avait dit au christ qu'il ne mourrait point. Ce n'est pas après sa mort, c'est avant son sacre lue ce bruit courait parmi la bande de Bar-Jehoudda. Et qui l'avait mis en circulation ? Jehoudda d'abord, Sa veuve, puis le prétendu christ, ses frères, ses sœurs, ses beaux-frères Éléazar et Cléopas, ses belles-sœurs el toute la famille de Jaïr intéressée au rétablissement de la monarchie davidique régnant non plus sur le 9 Juifs de l'intérieur, mais sur le monde renouvelé leur usage. Les disciples que Cérinthe met en scène ici, Naziréens, Ebionites et Jesséens, disciples directs de Jehoudda et de ses fils, croyaient, sur le témoignage de Shehimon, que le Rabbi survivait clandestinement aux exécutions de Pilatus ; ce n'était pas un ressuscité, c'était un rescapé.

 

Le reste de l'Epilogue n'est plus que fraude ecclésiastique.

Lorsqu'on eut exproprié Clément de sa situation pendant la Cène et que de la côte du disciple chéri on eut tiré Jochanan apôtre, c'est à ce Jochanan qu'on attribua la paternité de cet Évangile. Jochanan vit ce que personne n'avait vu avant lui ; Jésus en chair et en os, à côté du christ baptiseur. Il assista aux Noces de Cana, à la Multiplication des pains, à tous les miracles ; il reposa sur le sein de Jésus pendant le repas dont l'Église avait fait une pique, il vit Jésus agoniser sur la croix, il recueillit Maria qu'on cessa d'appeler Magdaléenne, il fut l'un des deux témoins de la résurrection avec Pierre, il fut dans la barque de Pierre sur le lac de Génézareth, et laissa dans l'Évangile de feu Cérinthe le témoignage de toutes ces choses. Après quoi il écrivit des Lettres qui pour l'authenticité valent celles qu'on mit sous le nom de Saül repenti.

24. C'est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses, el qui les a écrites ; et nous savons que son témoignage est vrai.

25. Il y a encore beaucoup d'autres choses que Jésus a faites ; si elles étaient écrites en détail, je ne pense pas que le monde lui-même pût contenir les livres qu'il faudrait écrire.

C'est qu'en effet l'Église, dans l'intérêt de son commerce, nous dissimule la majeure partie de ce qu'il a fait.

Dans les Synoptisés Jésus ne descend qu'une fois sur la terre, il n'y passe que six mois, et il remonte au ciel, confondu avec le corps humain du christ, immédiatement après son enlèvement du Guol-golta. Dans Cérinthe il reste sur terre quatorze ans de plus, ce qui fait en tout vingt-six ans. C'est bien peu en comparaison des onze mille ans que Bar-Jehoudda lui attribuait en 788, mais enfin c'est quelque chose. Dans les Évangiles valentiniens on le sonne toutes les fois qu'on a besoin de lui, de telle sorte qu'il peut alimenter plus généreusement les bibliothèques publiques, notamment celles d'Alexandrie et de Pergame.

 

L A PREMIÈRE SPÉCULATION SUR LE SANG DAVIDIQUE VERSÉ AU GUOL-GOLTA.

 

Obligés de reconnaître que l'Apocalypse avait été impitoyablement protestée par le Verbe, les Valentiniens faisaient revenir à chaque instant Jésus pour corriger les imposteurs qui avaient abusé de ses confidences.

On le retenait sur terre pour révéler des mystères plus profonds encore que celui de l'eau. On avait trouve qu'eu apportant le baptême, Bar-Jehoudda n'avait éclairci que le premier mystère, valable contre le l'eu, mais il avait laissé de côté de grands problèmes dont Jésus, en sa qualité de Créateur, fournit la solution dans les Sagesses valentiniennes.

Beaucoup trouvaient le baptême superficiel, inefficace en dehors de la purification matérielle, et d'une exécution souvent difficile ou compromettante. Ils contestaient que ce mystère remit les péchés complètement et à tous les degrés. Enfin il ne valait qu'administré par un homme du sang de David, chose impossible après la mort de Bar-Kocheba et du dernier Gamaliel. On retrouve ces objections dans une des Sagesses qui nous sont parvenues[16], et dont le tour anti-millénariste est évident.

Nous sommes au jour de la disparition du christ, le troisième jour après la pâque, sur la montagne de Sion[17]. Toâmin, André, Jacques, Shehimon le Kannaïte (il n'est pas du tout de Cana), sont à l'Occident, le visage tourné vers l'Orient ; Philippe et Bar-Toâmin[18] sont au Sud, le visage tourné vers le Nord[19], Les autres, avec toutes les femmes disciples, sont derrière Jésus qui est évidemment à l'Orient, face à l'Occident, et se tient sur l'autel du Temple, le lieu de ses pieds. Il n'y a pas encore de Jochanan frère de Jacques et fils de Zébédée, comme dans l'Évangile actuel, et c'est Joannès — l'unique Jean de l'affaire — qui vient d'être crucifié. Sur un signe de Jésus qui se tourne vers les quatre points cardinaux, — la croix, — la terre disparait comme elle devait le faire entre l'Agneau et les Ânes de 789, et on se trouve dans un lieu aérien dont Jésus explique tous les mystères, Maria, soit sous ce nom, soit sous le nom réel de Salomé, est au premier plan de la scène avec Pierre, André, Toâmin, Bar-Toâmin et Joannés lui-même.

Pour l'auteur de cette Sagesse, Jésus n'est qu'Abéramentô[20], il y a deux Pères au-dessus de lui, dont Ieou. Il n'en est pas moins fort considéré là-haut, d'où il domine incontestablement les Æons. Après s'être tourné vers les quatre angles du monde, il dit le grand nom — I-E-O-U, je pense, — sur la tête des disciples, les bénit, souffle sur leurs yens pour les ouvrir à la lumière, et : Regardez, dit-il. Qu'est-ce que vous voyez ?Nous voyons du Feu et de l'Eau, du Vin et du Sang. Alors Jésus, qui est Abéramentô, leur dit : En vérité je n'ai rien apporté au monde en venant que ce Feu, cette Eau, ce Vin et ce Sang ; le Feu, l'Eau, le Vin, symboles de la purification du monde, et le Sang, signe du corps humain que j'ai pris (le corps de Bar-Jehoudda). Quelque temps après, mon père m'a envoyé l'Esprit-Saint sous la forme d'une colombe[21]. C'est pourquoi j'ai dit : Je suis venu jeter le feu sur la terre[22], et ensuite à la Samaritaine : Si tu connaissais le don de Dieu (le secret du salut par l'Eau) et celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu lui demanderais de te donner une eau vivante ; pourquoi j'ai pris une coupe de vin, l'ai bénie et donnée aux disciples en disant : C'est le sang du testament qui sera versé pour vous et pour la Rémission de vos péchés[23] ; pourquoi on a percé mon flanc d'une lance qui en a fait sortir de l'eau et du sang[24].

L'émission de l'eau et du sang à la suite du coup de lance fut le premier élément constitutif de sacrifice qu'on ait tiré du corps de Bar-Jehoudda crucifié ; l'eau et le vin. Il se peut bien que le coup de lance n'ait été donné que pour cela, comme un coup de lancette, par un Evangéliste en quête d'une formule de sacrement. Il se peut même qu'on ait rompu les jambes à Bar-Jehoudda comme aux autres. Mais en ce cas il aurait perdu sa qualité d'agneau consacré, et d'ailleurs eût-on trouvé des disciples qui eussent consenti à renouveler sur eux-mêmes la crucifixion et le crurifragium en commémoration de leur prophète ? En lui conservant l'unité de ses membres, on pouvait le comparer à l'agneau selon la loi. En lui ouvrant le flanc on en faisait sortir les éléments d'un sacrifice, réalisable sans douleur et même avec agrément, sous les espèces de l'eau et du vin.

Cérinthe avait considéré, si toutefois l'émission de l'eau et du sang sur la croix est de lui, que le baptême était bon pour une fois, suffisant comme mode de purification. L'émission de l'eau et du sang est une idée d'exploitation, car le renouvellement anniversaire du pseudo-sacrifice de Jésus, sous les espèces de l'eau et du vin, constituait une périodicité attachante et lucrative. Il est à remarquer qu'il n'entraîne pas l'emploi de pain azyme, et c'est encore une preuve que le martyr n'avait pas célébré la pâque.

L'Eucharistie, où l'agneau animal est représenté par l'hostie, fut un autre moyen, moins réaliste et plus théâtral, d'ingérer le sang du martyr, mais il fallait soutenir d'abord que le crucifié avait célébré la pâque, ensuite que son corps était présent dans le pain azyme. Mensonge infâme qui a coûté la vie à des millions d'hommes et qui a peuplé l'enfer de sacrilèges et de blasphémateurs !

 

LE BAPTÊME DE FUMÉE.

 

Mais en dépit des perfectionnements apportés chaque Jour à la primitive allégorie de la Cène de rémission, il y avait des casuistes qui posaient juridiquement cette question préalable : Le christ inventeur du baptême, Ses frères, leur père, leur mère, qui leur remettra leurs crimes ? Ils ne sont en somme que purifiés quant aux pieds. Comment, même en admettant qu'il ait donné volontairement sa vie au Guol-golta, peut-on être sauvé par le sang de celui dont la purification ne dépasse pas la cheville ? Les Valentiniens ne niaient point la valeur de cette objection,

Jusqu'à présent, disent les jehouddistes à Jésus revenu avec eux sur la montagne de Galilée[25], tu n'as pas fait que soient remis les péchés commis par nous, et nos iniquités, afin que nous devenions dignes du royaume de ton Père. N'étant purifiés que dans la partie de leur individu qui porte sur la terre, comment pourraient-ils être introduits dans le ciel ? Jésus, qui reconnaît la justesse de cette observation, leur indique un mode de rémission dans lequel il fait entrer la substance du Verbe, le feu dont ils devaient être baptisés en 789. Apportez-moi du feu et des branches d'olivier, dit-il. Il les met sur l'offrande, — l'agneau sans doute ou plutôt la colombe, — place deux vases de vin, l'un à droite (orient), l'autre à gauche (occident), l'offrande étant (au sud) devant les vases, place ensuite une coupe d'eau près du vase de vin qui est à droite et une autre coupe d'eau près du vase de vin qui est à gauche, place des pains au milieu des coupes, selon le nombre des Apôtres (douze), et place enfin une coupe d'eau derrière les pains (au nord).

Jésus étant devant l'offrande, les disciples se placent derrière lui, tous en robe de lin, et tenant en main le chiffre du nom du Père, le tétragramme juif. Puis après avoir invoqué en un langage vraiment démoniaque le ciel et les puissances commises à la rémission, puissances dont ii sait les noms, il demande au Père un signe d'acquiescement dans l'offrande même. Ce signe fait, — l'offrande contient du sang, sinon il manquerait un des quatre éléments annoncés par Jésus, — les péchés de l'assemblée (église) sont effacés. C'est le baptême dit de la première offrande ou baptême de fumée, les péchés du christ et de sa famille s'en vont en fumée sous l'action du feu. Il conduit leur âme au lieu de lumière ou premier degré dit le premier ciel, celui dont Satan n'a jamais été délogé.

Vient ensuite le baptême de l'Esprit-Saint ou Onction pneumatique qui les conduit au Trésor de la Lumière, second degré, le second ciel occupé par le Verbe. Enfin, et ce devait être une bien belle chose, vient le mystère des Sept voix[26] et des Quarante-neuf puissances[27], qui conduit au troisième degré, le troisième ciel, occupé par le Père à la ressemblance de colombe (quant à la blancheur), la perfection même !

Pour pouvoir entrer dans le Royaume céleste, le christ est obligé de traverser les trois ciels de sou Apocalypse dans le sens opposé à celui que le Verbe devait suivre en 789 pour le baptiser de feu, et de repasser par les quarante-neuf ans de sa vie terrestre. C'est l'ordre de sa prophétie renversé.

 

 

 



[1] Que l'Église appelle Zébédée, nom dépourvu de toute espèce de signification.

[2] Ceux qu'on n'a pas voulu nommer au prologue et que Cérinthe ornait peut-être dans la version authentique.

[3] Ils sont dans les mêmes conditions que Maria, lorsqu'elle le prend pour le jardinier du Gué-Hinnom.

[4] Cf. Le Roi des Juifs.

[5] Cf. Le Roi des Juifs.

[6] Par-dessus tous. Ce disciple, c'est toujours le christ, ce n'est encore ni Clément pape ni Jochanan évangéliste.

[7] Cf. Le Roi des Juifs. Toutefois Jacob junior (André) avait le sien et sa couronne depuis 787.

[8] Cf. Le Roi des Juifs.

[9] Cf. Le Gogotha.

[10] C'est en effet une seule et même chose, le sixième Pain du Second monde sous la figure du Zib.

[11] Le probaton de la piscine de Siloé.

[12] Vengeur du sang.

[13] Mathieu, XVI, 19.

[14] Saint-Jean l'Evangéliste, dit l'Église.

[15] La traduction du Saint-Siège, trouvant que le conditionnel : Si je veux laissait la chose dans le doute, a mis carrément le présent avec un sens impératif : Je veux de manière que le prétendu Jochanan apôtre soit constitué témoin de Jésus en chair, et auteur de cet Évangile.

[16] Le second Extrait des Livres du Jésus, censuré d'un Évangile plus synoptisé, plus ecclésiastique que celui dont Valentin s'est servi.

[17] L'Océan, dit le texte. C'est le Sion certainement.

[18] Barthélemy dit le texte. Mathias, fils de Toâmin, dit l'étymologie.

[19] Avec le crucifié cela fait sept disciples. Bar-Toâmin (Mathias), est là en remplacement de Ménahem. C'est un intervalle d'un degré, Mathias n'est que le petit-fils de Jehoudda et de Salomé.

[20] Celui qui est au-dessus de l'Amenti, la région inférieure relativement au ciel, en un mot la terre. Il en résulte que, dans l'esprit de ce gnostique, il occupe le premier ciel, celui uu dans l'Apocalypse est Satan avec qui il lutte plus ou moins avantageusement. Il est soumis au Verbe.

[21] Comme dans Cérinthe, pas la moindre allusion au baptême d'un nommé Jésus par Joannès au Jourdain. Cette imposture n'est pas encore inventée, et l'auteur de cette Sagesse y répugne.

[22] Provient d'Evangiles synoptisés. Il appert de ceci que la colombe qui descendit sur le Joannès pour lui révéler l'Apocalypse était de feu, ce qui explique l'embrasement du Jourdain à ce moment. Cf. Les Marchands de Christ.

[23] Provient d'une Cène plus ou moins pascale.

[24] Provient de Cérinthe seul.

[25] Le Tabor utilisé par Cérinthe dans la Prorogation du monde.

[26] Les sept Esprits de Dieu, dont les sept tonnerres de l'Apocalypse sont la voix d'en haut, et dont les sept fils de Jehoudda, les sept Boanerguès (fils du tonnerre), furent la voix d'en bas.

[27] Les sept Cycles millénaires ou Jours de la Genèse dont les sept panées sabbatiques (7 * 7 = 49), écoulées depuis la naissance de Bar-Jehoudda jusqu'au jubilé de 789, sont l'expression dans l'histoire.