LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME VI — L'ÉVANGILE DE NESSUS

I. — L'ÉVANGILE DE CÉRINTHE.

 

 

CHAPITRE XI. — (XII DES ÉDITIONS ECCLÉSIASTIQUES) LA DATE DU SACRE DE BAR-JEHOUDDA.

 

Bar-Jehoudda étant retourné en Bathanée après l'emprisonnement annoncé, mais dont on se garde bien de nous entretenir, Jésus l'y suit. Or nous sommes en 788, à la veille du sacre, et nous n'apprenons pas qu'Hérodiade lui ait fait couper la tète en 782, comme le veut l'Église dans les Synoptisés. On ne nous parle même pas du mariage de cette princesse avec Antipas, tétrarque de Galilée ; mariage qui aurait été cause de la décapitation du sauveur. Cérinthe semble même ignorer l'existence de la famille hérodienne. II néglige de nous dire que l'année précédente Saül a préludé par le supplice de Jacob junior aux persécutions dont il accable la famille de Jehoudda. Jésus ne demande pas ce qu'est devenu Joannès ; il ne l'a pas revu depuis 777, et quoique quelques millimètres à peine les séparassent lorsqu'ils baptisaient ensemble à Aïn de Salem, il n'a pas cherché à le revoir ; il lui a suffi que des disciples lui annonçassent officiellement son abdication. Je vous ai donné la raison de cette indifférence ; s'il rencontre Joannès, ce sera pour apprendre qu'il n'a pas été décapité en 782, mais crucifié en 788 ; il est bien inutile vraiment d'entrer dans ce détail.

40. Et il s'en alla de nouveau au-delà du Jourdain, dans le lieu où Joannès baptisait d'abord ; et il y demeura.

41. Et beaucoup de personnes vinrent à lui, et ils disaient : Joannès n'a fait aucun signe,

42. Mais tout ce que Joannès a dit de celui-ci était vrai. Et beaucoup crurent en lui.

Ce n'est pas qu'il fasse rien de ce que Joannès avait dit de lui ! Mais Cérinthe lui prête assez de similitudes pour que ces témoins puissent dire ; Ma foi ! sans précisément remplir le programme, il y rentre ! On n'envoie pas Jésus dans les endroits où le Joannès baptisait au moment de son emprisonnement, c'est-à-dire dans les lieux qui avoisinent Jérusalem, Betléhem et le Garizim, ils sont bien trop près du Sôrtaba et de Lydda ! Il renient au-delà du Jourdain où il baptisait au début de son apostolat, c'est-à-dire en Gaulanitide et Bathanée, qui sont les lieux où il est censé avoir abdiqué en faveur de Jésus avant sa proclamation comme roi-christ. Comme dans les Synoptisés, ce sont les similitudes seules qui convertissent les gens à reconnaître Jésus comme revenant du Joannès ressuscité après trois jours, tel le Jouas ninivite.

Mais il est un personnage qui prime Bar-Jehoudda d ans l'ordre des résurrections, c'est Éléazar bar-Jaïr, frère aîné de celui qui fut lieutenant de Ménahem et se livra au feu dans Massada. La scène du sacre, qui a été reportée après la mort d'Éléazar, doit donc être placée avant la résurrection de ce beau-frère du christ. Ce n'est pas seulement le bon sens, c'est la chronologie qui en décide ainsi.

1. Jésus donc, six jours avant la Pâque, vint à Béthanie, [où était mort Lazare, qu'avait ressuscité Jésus][1].

2. On lui prépara là un souper ; Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui.

C'est, en effet, chez Éléazar qu'avait eu lieu le sacre, cinquante jours avant la pu que jubilaire de 789. Eléazar y assistait, et c'est pour avoir été le complice de Bar-Jehoudda qu'il avait été condamné à mort avec lui. Après avoir rapproché de Jérusalem le lieu du sacre, et de la pâque la date de la cérémonie, on a déplacé le chapitre de Cérinthe.

3. Or Marie prit une livre de parfum d'un nard pur de grand prix ; elle en oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux, et la maison fut remplie de l'odeur du parfum.

La Maria qui entre en scène n'est pas Maria Cléopas, sœur de Bar-Jehoudda, c'est Maria la Magdaléenne. Je me suis trompé dans le Roi des Juifs en attribuant à la sœur le rôle de la mère[2]. En une circonstance où il s'agissait de réaliser la prophétie et le programme de Jehoudda, jamais sa veuve n'eût cédé la place à l'une de ses filles. La pauvre femme est dans un tel trouble depuis la triste fin de son fils au Guol-golta qu'elle met aujourd'hui sur les pieds ce qu'elle a mis ce jour-là sur la tête. N'ayant point été à l'honneur le 15 nisan[3], les cheveux du Nazir sont remplacés par ceux de sa mère qui ont été à la peine. Ah ! le Serpent-Chronos, Satan, la vieille idole de Moïse et de Dan, a encore une fois retardé le Royaume ! Pauvre mère ! que n'a-t-elle gardé le parfum du sacre pour l'embaumement du roi ?

On a trouvé beaucoup de vases à parfum dans les tombeaux, notamment à Sidon, mais tous contiennent plus d'une livre. Le vase de Maria est l'un des douze vases de l'année, qui contiennent chacun une livre ; il y a douze livres dans le vase à parfums qui brûle au ciel devant le Père, Vous avez déjà vu les six vases de Kana, ils sont millénarisés dans cette séméiologie ; mais ici ce n'est même pas le vase de l'année, c'est celui du mois fatidique dans lequel la mère a oint son fils pour la royauté universelle. Dans sa capacité réduite, — une livre au lieu de douze mille, — c'est celui que vous avez vu sur la tête de la Samaritaine au puits de Jacob, avec cette différence qu'ici il recèle une allusion historique et détermine un point de chronologie. La valeur du parfum, estimée en deniers par Jehoudda Is-Kérioth, répond mathématiquement au nombre de Jours écoulés depuis le commencement de l'année. C'est u û change que les Juifs donnent aux goym.

Or les douze livres de l'année sont :

 

Première livre,

Agneau

Nisan.

Seconde livre,

Taureau

Ijar.

Troisième livre,

Gémeaux

Sivan.

Quatrième livre,

Ânes

Tammouz.

Cinquième livre,

Lion

Ab.

Sixième livre,

Vierge

Elul.

Septième livre,

Balance

Tischri.

Huitième livre,

Scorpion

Marchesvan.

Neuvième livre,

Sagittaire

Kisleu.

Dixième livre,

Capricorne

Tebeth.

Onzième livre,

Verseau

Schebat.

Douzième livre,

Poissons

Adar.

 

La livre-vase de Maria est la onzième de l'année 788, c'est celle du Verseau, le Zachû dont les Evangélistes ont fait Zachûri, père du Joannès dans Luc, ou Zibdéos qui est la traduction de Zachû (le Verseau, faiseur des Poissons). La veuve de Jehoudda a exécuté ponctuellement le testament prophétique de son mari ; c'est le vingt-cinq shebat (février) qu'elle a oint son fils aîné, laissant un intervalle de sept semaines entre !e sacre et la pâque, et plaçant ainsi l'entreprise sous la protection d'un chiffre jubilaire.

La date du sacre est dans la valeur du parfum dont Cérinthe confie l'évaluation à Jehoudda Is-Kérioth qui n'a pas vu le vase, n'ayant point assisté au sacre, mais qui s'y connaît, ayant arrêté le roi des Juifs une cinquantaine de jours après. Ici Is-Kérioth ne reçoit pas trente deniers pour livrer le christ, comme dans les Synoptisés qui placent le sacre à Béthanie-lez-Jérusalem, la veille de la pâque ; si on le payait selon les deniers qu'il représente, il faudrait lui en compter cinquante, mais il n'a encore rien gagné, puisqu'il n'est entré en scène que le 13 nisan, avant-veille de la pâque. Is-Kérioth était disciple de l'Agneau, c'est-à-dire millénariste. C'est une secte dans laquelle on sait compter. Et puis, même en similitude, les salaires chez les Juifs ne se paient pas d'avance.

4. Alors un de ses disciples, Judas Iscariote, qui devait le livrer[4], dit :

5. Pourquoi ce parfum n'a-t-il pas été vendu trois cents deniers, et n'a-t-il pas été donné aux pauvres ?

6. [Or il dit cela, non qu'il se souciât des pauvres, mais parce qu'il était voleur, et qu'ayant la bourse, il portait ce qu'on y mettait.][5]

7. Jésus dit donc : Laissez-la réserver ce parfum pour le jour de ma sépulture.

8. Car, les pauvres, vous les avez toujours avec vous ; mais moi, vous ne m'avez pas toujours.

Que les pauvres eussent besoin, il n'importait ! L'essentiel, c'était de rétablir le royaume de David, et d'entrer sous le sixième Portique où pendent les Poissons pour enseigne. Quand on en serait là, il n'y aurait plus de pauvres. On aurait le Roi à qui Dieu donne le monde pour apanage. L'or ! on marcherait dessus. Is-Kérioth seul, au fond de sa tribu, avait des doutes et pensait aux pauvres. L'Église l'a calomnié pour les besoins de son commerce. Jésus va le réhabiliter tout à l'heure en I invitant à dîner et en le plaçant à sa gauche, la droite étant réservée par les Psaumes au christ lui-même.

9. Une grande multitude de Juifs sut qu'il était là ; et ils y vinrent. [Non à cause de Jésus seulement, mais pour voir Lazare, qu'il avait ressuscité d'entre les morts.]

10 Les princes des prêtres songèrent donc à faire mourir Lazare lui-même,

11. Parce que beaucoup d'entre les Juifs se retiraient u eux a cause de lui, et croyaient en Jésus.

Cérinthe est le seul évangéliste qui avoue le sacre de Bar-Jehoudda en Bathanée, et qui explique historiquement le titre de roi des Juifs que Pilatus inscrivit sur la croix. Il est le seul aussi qui avoue la part d'Eléazar bar-Jaïr dans la tentative de restauration davidique. Il est le seul qui fixe la date de ces événements. Il est le seul qui donne la clef des trente deniers séméiologiques employés parles autres scribes et d'où il résulte, avec l'invincible clarté des chiffres, que le bon Is-Kérioth n'était en aucune façon disciple de Bar-Jehoudda, quoiqu'il le fût de l'Agneau. C'est pour toutes ces raisons que, sitôt maîtresse du texte de Cérinthe, l'Église a déplacé le sacre pour le reporter après la résurrection, c'est-à-dire la mort, d'Eléazar-bar-Jaïr. Seul enfin Cérinthe reconnaît que la condamnation de Bar-Jehoudda et de son beau-frère remonte au mois de février. Une manque qu'une chose à cette série d'aveux, les motifs de la condamnation ; mais on ne peut lui reprocher de les avoir passés sous silence, puisque dans son système logophanique Jésus est l'innocence en personne.

 

 

 



[1] Les passages entre crochets sont des interpolations nécessitées par la transposition du sacre après la mort d'Éléazar par la translation de Bathanéa trans Jordanem à Béthanie-lez-Jérusalem.

[2] Tout le reste (histoire des vases du Garizim) demeure.

[3] Sur ces cheveux consacrés à Dieu, cf. Le Charpentier.

[4] Et non trahir comme on lit dans la plupart des traductions. Ce sont les traductions qui sont les traditori.

[5] Interpolation qui saute aux yeux.