LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME VI — L'ÉVANGILE DE NESSUS

I. — L'ÉVANGILE DE CÉRINTHE.

 

 

CHAPITRE VIII. — JÉSUS DANS LA COUR DES FEMMES.

 

Où va Jésus pendant que les habitants de Jérusalem rentrent dans leurs maisons ? Dans la sienne, dans sa maison d'Occident ; il les oblige à allumer leurs lampes, jusqu'à ce qu'il revienne, comme il a obligé les gens de Kapharnahum à traverser le lac de Tibériade dans leurs barques jusqu'à ce qu'il remonte le lendemain dans la sienne. Comme il n'a pas besoin de barque pour se trouver le matin au Mont des Oliviers, il y est dès la pointe du jour, et il pénètre dans le Temple sans attendre l'ouverture des portes. Il est le seul qui entre dans le Temple par les fenêtres. Il a passé la nuit tout seul, les douze l'ont abandonné comme ils le feront un jour dans les trois Synoptisés.

1. Mais Jésus s'en alla à la montagne des Oliviers ;

2. Et dès le point du jour il revint dans le Temple, et tout le peuple vint a lui ; et, s'étant assis, il les enseignait.

Le prince Saül et les magistrats de Jérusalem ne cherchent pas à l'arrêter pour le faire mourir, comme ils ont Tait mourir Jacob junior ; on n'arrête pas Jésus. Au contraire, on est trop heureux quand il s'arrête un peu lui-même, et on s'assemble autour de lui, car c'est de lui que vient toute lumière. Cérinthe vous Ta dit assez dans son prologue.

Jésus enseignait ainsi, parlant dans le Trésor[1], lequel était dans la Cour des femmes où treize troncs, semblables à des pavillons de trompes, tendaient une gueule avide à l'argent des fidèles. On se tient certainement devant la chambre du Naziréat[2] où tous les fils de Jehoudda étaient en quelque sorte chez eux. Quant a lui, il est chez lui, il se tient devant le septième tronc lui, vu son caractère sabbatique, était consacré au sanctuaire.

C'est une chose remarquable que Jésus n'enseigne jamais dans le sanctuaire. Le sanctuaire, c'est le lieu de ses pieds, comme disent les Écritures. Les évangélistes, dans leurs inventions les plus extraordinaires, ne vont jamais contre certains principes. Si Jésus avait parlé dans le sanctuaire même, c'est qu'il serait venu a u jour dit par l'Apocalypse, et en ce cas il ne serait rien resté du Temple qui n'eût été purifié par le feu et remplacé par le Temple céleste. Même dans ses plus grands sèmeia il est toujours le Jésus qui n'est pas veau, qui n'existe que sous les espèces corporelles de son prophète. Aux initiés de comprendre. A eux aussi de comprendre pour quelles raisons le Grand-juge qu'il est choisit la Cour des femmes pour y dresser son tribunal. Car c'est en qualité de Juge des morts qu'il siège dans cette Cour. On a une espèce fort délicate à lui faire trancher, un point de droit qui pèse lourdement sur la mémoire du roi des Juifs.

 

BEN-SOTADA ET SON AÏEULE.

 

Pour l'intelligence de cette scène il est indispensable de rappeler que Bar-Jehoudda descendait de David par l'adultère de Bethsabée, femme d'Uri, ainsi qu'il appert de sa Généalogie[3]. C'est pour cette raison, vous vous en souvenez, que le Talmud l'appelle à bon droit Ben-Sotada, fils de l'adultère ancestral[4].

3. Cependant les Scribes et les pharisiens lui amenèrent une femme surprise en adultère, el la placèrent au milieu.

4. Puis ils dirent à Jésus : Maître, cette femme vient d'être surprise en adultère.

5. Or Moïse, dans la loi[5], nous a ordonné de lapider de telles femmes. Toi donc, que dis-tu ?

6. Or ils disaient cela, le tentant, afin de pouvoir l'accuser...

L'accuser de quoi ? Est-ce lui qui introduit cette adultère dans la Cour des femmes ? Les coupables sont ceux qui introduisent une telle femme dans une Cour interdite aux plus irréprochables quand elles sont affligées de leur incommodité mensuelle. Au crime de la malheureuse ils ajoutent leur propre sacrilège. Ce n'est pas Jésus qui va être accusé, ce sont eux au contraire qui vont être condamnés. D'où vient donc l'embarras qui se lit sur sa figure ? Car il eût préféré, cela est évident, qu'on ne lui amenât point cette adultère.

... Mais Jésus, se baissant, écrivait du doigt sur la terre.

7. Et comme ils continuaient à l'interroger, il se releva et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché jette le premier une pierre contre elle.

8. Et se baissant de nouveau, il écrivait sur la terre.

9. Mais, entendant cela, ils sortaient l'un après l'autre, à commencer parles vieillards Et Jésus demeura seul avec la femme, qui était au milieu.

10. Alors Jésus, se relevant, lui dit : Femme, où sont ceux qui vous accusaient ? Personne ne vous a condamnée ?

11. Elle répondit : Personne, Seigneur. Et Jésus lui dit : Ni moi, je ne vous condamnerai pas ; allez, et ne péchez plus.

Cette scène est l'une des plus fortes inventions de Cérinthe. Savez-vous quelle femme on amène à Jésus Pour la juger ? Bethsabée elle-même, avec laquelle David a consommé l'adultère dont est issu après mille ans Bar-Jehoudda, et a cause de laquelle il a été dit Ben-Sotada. Mais ce n'est pas à Bethsabée que Jésus, souverain Juge des vivants et des morts, remet son péché, c'est à l'individu dont il est le revenant. Verbe d'où est venue la Loi, il ne peut condamner la Loi, elle est de lui ; mais il est antérieur à la Loi, et sans l'abroger, il en suspend l'application en l'espèce. En faisant grâce à Bethsabée, il excuse Bar-Jehoudda d'avoir remis les péchés au nom du Verbe, lui qui était, mais involontairement, sous le coup de la Loi. Inexpiable dans la maison d'un Hérode, l'adultère est excusable dans celle d'un David, Les fils d'Hérode n'avaient pas la grâce, ceux de Jehoudda lient et délient. Du même coup, et c'est le véritable but de cette comparution ancestrale, Jésus raye Ben-Sotada de l'histoire.

Le Rabbi intraitable sur la Loi, consacré à la Loi, kanaïte de la Loi, sicaire de la Loi, disparaît effacé par Jésus. Son affaire est rayée du pôle. D'ailleurs il y a chose jugée à son profit par les anciens. Ont-ils condamné Bethsabée ? Non. Alors de quel droit les modernes lui feraient-ils son procès ? Elle a produit Salomon, et Bar-Jehoudda descend de Salomon par son père. Il est vrai que par sa mère il est un fruit de harem, car David eut beaucoup plus de femmes qu'Hérode, avec cette indéniable supériorité qu'il les avait toutes à la fois ; mais toute l'eau du Zibdéos [Verseau] a passé sur ces choses. Les vieillards sont partis les premiers, puis les hommes mûrs, puis les jeunes gens ; ils sont morts au fur et à mesure des temps, et comme il ne plaît point à Jésus de les ressusciter (on ne ressuscite pas ses adversaires), ils ne reviendront pas. Où sont ceux qui accusaient Bethsabée ? Et où est Bethsabée elle-même ? Où sont David et Uri ? Il y a prescription millénaire.

 

OÙ JÉSUS DONNE SA DÉMISSION DE JUGE.

 

12. Jésus leur parla de nouveau, disant : C'est moi qui suis la lumière du monde ; qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.

13. Alors les pharisiens lui dirent : C'est toi qui rends témoignage de toi-même ; ton témoignage n'est pas vrai.

14. Jésus répondit, et leur dit : Bien que je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est vrai ; parce que je sais d'où je viens et où je vais, mais vous, vous ne savez ni d'où je viens ni où je vais.

15. Vous, vous jugez selon la chair[6] ; moi je ne juge personne ;

16. Et si je juge, mon jugement est vrai, parce que je ne suis pas seul ; mais moi et mon Père qui m'a envoyé.

17. Or dans votre loi il est écrit que le témoignage de deux hommes est vrai.

18. C'est moi qui rends témoignage de moi-même ; mais il rend aussi témoignage de moi, mon Père qui m'a envoyé.

19. Ils lui disaient donc : Où est ton Père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père ; si vous me connaissiez, vous connaîtriez sans doute aussi mon Père.

20. Jésus dit ces paroles, enseignant dans le Temple, au lieu où est le Trésor ; et personne ne se saisit de lui, parce que son heure n'était pas encore venue.

Sans doute, et il est bien entendu qu'Is-Kérioth n'empoignera pas le roi-prophète avant le 13 nisan, mais cela ne doit pas nous empêcher de trouver que la demande des Juifs est absolument légitime. Il n'apparaît point que Dieu ait un Fils. Les Juifs aimeraient le lui entendre dire à lui-même. Puisque Jésus invoque son témoignage, où est ce témoin ? Philippe ira plus loin tout à l'heure : Montre-le nous et cela nous suffit. Le beau, c'est que, grâce au tour de plume, les Juifs ont l'air de ne pas connaître le Père, alors qu'au contraire ils nient le Fils qui ne peut fournir la moindre preuve de son existence et ne se tire d'affaire que par un misérable sophisme théologique. En outre, la façon dont il juge l'adultère, selon que le crime a été commis par une reine ou par une femme du peuple, ne les encourage guères à croire que ce Fils soit au courant des principes du droit commun. De pareils juges sont révoqués par Dieu, ou condamnés par les cours de justice quand elles font leur devoir. Jésus s'évade en disant qu'il ne juge personne. Alors il est démissionnaire ? car tout à l'heure il se disait investi parle Père du droit de juger ! Joannès ne déclarait-il pas que le Verbe jugerait les vivants et les morts ?

Quel système commode que celui de Jésus ! Avant tout, je fais les volontés de mon Père. Il m'a délégué le jugement, c'est vrai, mais s'il ne me commande pas de juger, je ne juge pas. S'agit-il des Juifs et des païens qui ne croient pas à la consubstantialité de Bar-Jehoudda avec mon Père ? Je les condamne d'avance. S'agit-il de l'adultère de sa grande aïeule Bethsabée ? Je l'absous, et d'ailleurs il y a prescription. Des crimes pour lesquels Bar-Jehoudda est qualifié de pécheur par les hommes ? Je me récuse, mon Père ne me commande pas déjuger !

21. Jésus leur dit encore : Je m'en vais et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Mais où je vais vous ne pouvez venir.

22. Les Juifs disaient donc : Se tuera-t-il lui-même, puisqu'il dit : Où je vais vous ne pouvez venir ?

Le suicide dans un endroit mystérieux, c'est en effet le seul moyen qu'aurait eu Bar-Jehoudda de s'en aller sans laisser de témoin de sa déconfiture. Mais en fait il est parti de tout autre manière, et ceux-là seuls ne l'ont pas vue qui ne sont pas allés au Guol-golta. Voilà pour lui. Quant à Jésus, il est bien vrai que les Juifs ne peuvent pas le suivre là où il va remonter tout à l'heure. Mais le christ et ses six frères sont dans le même cas, Jésus ne craint pas de le leur dire à plusieurs reprises.

23. Il leur disait aussi : Vous, vous êtes d'en bas, moi je suis d'en haut. Vous êtes de ce monde, moi je ne suis pas de ce monde.

24. Je vous ai donc dit que vous mourriez dans vos péchés ; car si vous ne me croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans votre péché.

25. Ils lui dirent donc : Qui es-tu ? Jésus leur dit : Le principe, moi-même qui vous parle.

C'est entendu, mon brave, tu plagies Cérinthe (In principio erat verbum), lequel Cérinthe plagie le Joannès, lequel Joannès plagie Hermès. Tu n'es pas de ce monde, ni ton Royaume non plus, mais il y a environ deux siècles tu disais tout le contraire à ton prophète. C'est ce que les Juifs t'objecteraient, s'ils n'étaient pas disciples de Bar-Jehoudda quant au Royaume.

26. J'ai beaucoup de choses à dire de vous, et à condamner en vous ; mais celui qui m'a envoyé est vrai, et moi, ce que j'ai entendu de lui, je le dis au monde.

27. Et ils ne comprirent pas qu'il disait que Dieu était son père.

28. Jésus leur dit donc : Quand vous aurez élevé le fils de l'homme, c'est alors que vous connaîtrez ce que je suis[7], et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle comme mon Père m'a enseigné ;

29. Et celui qui m'a envoyé est avec moi, et il ne m'a pas laissé seul, parce que pour moi je fais toujours ce qui lui plaît.

30. Comme il disait ces choses, beaucoup crurent en lui.

31. Jésus disait donc à ceux des Juifs qui croyaient en lui : Pour vous, si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples ;

32. Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.

33. Ils lui répondirent : Nous sommes la race d'Abraham, et nous n'avons jamais été esclaves de personne ; comment dis-tu, toi : Vous serez libres ?

Les Juifs osent tenir un pareil langage devant la lumière du monde ! Quelle ignorance de leur histoire ! Depuis leur arrivée en Palestine leur vie n'a été qu'un esclavage coupé de rares périodes d'indépendance. Esclaves en Egypte, c'est pour rompre leurs chaînes qu'ils ont passé la Mer rouge. Esclaves à Babylone, c'est pour redevenir libres qu'ils ont imploré la clémence de Cyrus. Esclaves de Pompée, esclaves de Varus, esclaves de Vespasien, esclaves de Titus, esclaves d'Hadrien, ils œ sont célèbres que par la succession de leurs servitudes. La Lettre aux Galates le leur démontre avec cruauté. Ils ne l'ignorent pas, et celui auquel ils s'adressent l'ignore encore moins, il a éclairé ce spectacle pendant des siècles ! Mais le but de l'Evangéliste est d'amener la question sur un autre terrain que l'histoire, car devant qu'Abraham fût, il était, comme il le dit très bien. Il était même avant Adam, et c'est de la liberté d'avant Adam qu'il va parler.

34. Jésus leur repartit : En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave du péché ;

35. Or l'esclave ne demeure point toujours dans la maison[8] ; mais le fils y demeure toujours.

36. Si donc le Fils vous met en liberté, vous serez vraiment libres.

37. Je sais que vous êtes fils d'Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne prend pas en vous.

38. Pour moi, ce que j'ai vu en mon Père, je le dis ; et vous, ce que vous avez vu en votre père[9] vous le faites.

39. Ils répliquèrent et lui dirent : Notre père est Abraham. Jésus leur dit : Si vous êtes fils d'Abraham, faites les œuvres d'Abraham.

40. Mais loin de là, vous cherchez à me faire mourir, moi, homme qui vous ai dit la vérité que j'ai entendu de Dieu[10] ; c'est ce qu'Abraham n'a pas fait.

41. Vous faites les œuvres de votre père. Ils lui répliquèrent donc : Nous ne sommes pas nés de la fornication[11], nous n'avons qu'un Père, Dieu.

Nous retrouvons ici la théorie de Jehoudda sur la divinité de la race juive : N'appelez personne sur la terre votre père et votre Maître, car vous n'avez qu'un Père qui est au ciel et vous êtes tous frères. Les Juifs se l'approprient, et cela flatte Jésus, puisqu'il l'a révélée à Jehoudda et à son fils. Ils se disent antérieurs à Abraham, quoi qu'ils l'appellent leur père, mais cet Abraham n'est que leur père politique, leur père civil ; leur père originel, c'est Dieu, père du Verbe. Abraham n'a pas révélé aux Juifs leur substance divine, c'est une lacune dans son enseignement. Au contraire, les deux Joannès de la famille de David, Jehoudda et Bar-Jehoudda, ont laissé l'Apocalypse qui est la genèse prédavidique et par conséquent préabrahamique des Juifs ; la parole de ces deux hommes est celle du Verbe lui-même, elle est donc antérieure et supérieure à la promesse politique d'Abraham. Abraham ne leur a promis que Canaan ; le prophète du Royaume d'Israël leur a promis la Terre. Voilà pourquoi, malgré ses crimes, ils ont eu tort de le faire mourir, et comment, malgré l'adultère de David et de Bethsabée, ils ont eu tort de le traiter de Ben-Sotada. Comprenne qui pourra comment il se fait que pour Jésus tous les Juifs aient Satan pour père, et que pour l'Église Bar-Jehoudda, fils adultérin de Bethsabée, soit fils légitime de Dieu !

42. Mais Jésus leur repartit : Si Dieu était votre Père, certes vous m'aimeriez ; car c'est de Dieu que je suis sorti et que je suis venu ; ainsi je ne suis point venu de moi-même, mais c'est lui qui m'a envoyé.

43. Pourquoi ne connaissez-vous point mon langage ? Parce que vous ne pouvez pas écouter ma parole.

44. Vous avez le Diable pour père, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été homicide dès le commencement, et il n'est pas demeuré dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui ; lorsqu'il parle mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu'il est Menteur et le Père du mensonge.

C'est la définition de l'Ancien Serpent, promoteur de la génération, par opposition an. Verbe de la vérité. Et cette vérité, c'est la non-œuvre de chair. Le Diable a été homicide dès le principe ; Adam et Eve sont morts de lui, ils seraient encore dans i'Eden s'ils ne l'avaient pas écouté !

45. Pour moi, si je dis la vérité, vous ne me croyez point.

46. Qui de vous me convaincra de péché ? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous point ?

47. Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu. Et si vous ne les écoutez point, c'est parce que vous n'êtes point de Dieu.

48. Mais les Juifs répondirent et lui dirent : Ne disons-nous pas avec raison que tu es un Samaritain, et qu'un démon est en toi ?

On se rappelle en effet que le prétendant était, comme sou père surnommé Baal-Zib-Baal, accusé d'avoir le démon ; qu'il avait, après avoir aidé les Arabes à envahir la Pérée, essayé de lancer les Samaritains contre le Temple, et qu'il était dit le Samaritain pour avoir été battu en Samarie, peut-être même parce qu'on savait qu'il y avait été enterré, — tombeau digne de lui, pensaient les Juifs !

Mais ce démon, c'est Jésus qui l'avait mis en lui dés le ventre de sa mère, et il en avait mis un autre dans chacun de ses six frères, jusqu'à ce qu'ils composassent ce magnifique sabbat de démons dont Maria la Magdaléenne est si fière dans Marc.

Qu'aux yeux de ses contemporains le fils de l'adultère se soit conduit comme un Samaritain et qu'il ait eu le démon, c'est possible, mais son Apocalypse était de Dieu. Il ne s'est trompé que quant à l'échéance, Jésus l'affirme aux Juifs, christiens ou non.

Et quant au Jugement, il n'y aura pas de Jugement du Fils eu attendant celui du Père, il n'y en aura qu'un où le Père siégera avec le Fils. Ce sont là des modifications essentielles qu'il faut porter à la connaissance des Naziréens eux-mêmes, mais ce n'est pas une raison pour déshonorer devant les goym l'homme à qui on doit l'Apocalypse. Une erreur de calcul n'infirme pas le principe.

49. Jésus repartit : Il n'y a pas de démon en moi ; mais j'honore mon Père, et vous, vous me déshonorez.

50. Pour moi, je ne cherche point ma gloire, il est Quelqu'un qui la cherchera et qui jugera[12].

51. En vérité, en vérité je vous le dis : Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort.

52. Mais les Juifs lui dirent : Maintenant nous connaissons qu'il va un démon en toi. Abraham est mort et les prophètes aussi[13], et tu dis : Si quelqu'un garde ma parole il ne goûtera jamais de la mort.

53. Es-tu plus grand que notre père Abraham qui est mort ? Et les prophètes sont morts aussi. Qui prétends-tu être ?

54. Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien ; c'est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites qu'il est voire Dieu.

55. Et vous ne l'avez pas connu ; mais moi je le connais, et si je disais que je ne le connais point, je serais semblable à vous, menteur. Mais je le connais et je garde sa parole.

56. [Abraham, votre père, a tressailli pourvoir mon jour ; il l'a vu, et il s'est réjoui][14].

 

L'ÂGE DE BAR-JEHOUDDA UN AN AVANT SA MORT.

 

57. Mais les Juifs lui répliquèrent : Tu n'as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham ?

58. Jésus leur dit : En vérité, en vérité, avant qu'Abraham eût été fait, je le suis.

59. Ils prirent donc des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se cacha, et sortit du Temple.

Dans le Temple ou hors du Temple, Jésus est invulnérable avant que son heure soit venue d'être crucifié en effigie bar-jehouddique. Tuer le prophète, voilà tout ce que les Juifs ont pu faire ! Mais tuer son Verbe, voilà lui est au-dessus de leurs forces, et même contraire à leurs intérêts, car ils sont faits pour régner par lui et ils régneront sous le nom de christiens !

Le Saint-Siège néglige totalement le passage où Cérinthe donne pour la troisième fois à Jésus l'âge successif de son prophète. Pourquoi cette négligence ? Elle est impardonnable. Tout ce qui concerne l'existence du Juif consubstantiel au Père devrait avoir le don d'émouvoir le cœur des fidèles. Bar-Jehoudda touchait à sa cinquantième année lorsqu'approchait l'heure du Royaume. Trente-huit ans en 777, quarante-six ans en 784, près de cinquante en 787, il lui est bien difficile d'être mort, ressuscité, et d'avoir été enlevé au ciel à trente-trois ans, comme le Saint-Esprit l'a décidé ! Il en avait cinquante. Cérinthe, Papias, Irénée, toute la tradition d'Asie le constatent, d'après l'autobiographie apocalyptique de l'intéressé et les écrits de Philippe, de Toâmin et de Mathias Bar-Toâmin. Le Saint-Siège lui retranche donc dix-sept ans de consubstantialité avec le Père.

En revanche, et c'est ce qui montre l'utilité de l'Esprit-Saint, il dirige la pieuse attention du lecteur sur le passage où Jésus affirme que devant qu'Abraham fût fait, il l'était. La traduction ordinaire : Avant qu'Abraham fût, est, selon la remarque judicieuse de Bossuet, tout à fait inexacte, puisque l'être d'Abraham et celui de Jésus-Christ n'étaient ni les mêmes en soi ni expliqués par le même mot. Ajoutons que le grec, comme la Vulgate, emploie pour Abraham le verbe être fait, et pour Jésus-Christ, être, exister.

Il est parfaitement exact que le Verbe était avant Abraham, puisqu'il a fait Adam du limon de la terre. Les Juifs ne contestaient pas cela, c'est dans leur Genèse. Ce qu'ils contestaient, c'est que le Ben-Sotada condamné pour trahison et autres crimes fût consubstantiel au Père. C'est mal à eux, je le sais, mais le fait est là dans toute sa tristesse.

 

 

 



[1] Voir plus loin, verset 20.

[2] Une des quatre chambres occupant les quatre angles de la Cour des femmes qui formait croix par cette disposition. Elle était au nord-est.

[3] Cf. Le Charpentier.

[4] Cf. Le Charpentier.

[5] Lévitique, XX, 10, Deutéronome, XX, 22, 24.

[6] Et jugeant ainsi ils condamnent l'homme dont Jésus est le revenant.

[7] Quand vous aurez crucifié le fils de l'homme que je ressuscite à la fin de certains Évangiles, vous saurez qui je suis, vous connaîtrez mon pouvoir.

[8] Il peut reprendre sa liberté tous les sept ans, aux termes de la loi sabbatique, tandis que le fils, lui, reste toujours dans la famille. Même absent, il est toujours de la maison.

[9] Leur père est le même que celui du christ, c'est Satan par qui le péché (la génération) et conséquemment la mort sont entrés dans le monde.

[10] L'Apocalypse toujours ! Mais alors pourquoi Joannès en Bathanée a-t-il dit qu'il n'était pas le prophète ? Jésus ici avalise toutes ses révélations !

[11] Ils sont dans Adam qui n'est que du sixième jour.

[12] Ce quelqu'un, c'est le Père, ainsi désigné dans l'Apocalypse même, IV, 2. Cf. Le Roi des Juifs.

[13] Celui de l'Apocalypse comme les autres.

[14] Addition certaine, du même genre que celles du prologue où il est dit que les Juifs du temps de Tibère l'ont vu en chair dans sa gloire et dans sa grâce. On ne pouvait laisser Cérinthe dire que le père politique des Juifs avait désiré voir le Grand jour — le triomphe d'Israël — et que ses enfants ne l'avaient pu vu en Jésus.