LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME V — LE GOGOTHA

I. — LES ÂNES DE MÉNAHEM.

 

 

I. — LES CHRISTIENS INNOCENTS, TACITE INTERPOLÉ.

 

Les christiens brûlés, la gent judaïque conserve toutes ses positions du Transtevere et de la Voie Appienne.

Cette même année 817, une affaire amène à Rome un homme de vingt-six ans, appartenant à la famille royale des Hasmonéens et marqué déjà pour le grand rôle qu'il joua dans l'histoire de son pays, Flavius Josèphe. Le spectacle de tant de ruines, il le voit bien avec ses yeux clairs et jeunes ; mais l'infamante accusation qui pèse sur ses compatriotes, en souffre-t-il dans la mission dont il était chargé pour eux ? Il reste à Rome plus d'un an, il va chez Poppée, négocie par elle avec Néron et avec elle par un acteur juif qui a sa confiance, mais la répression d'une secte qu'il exécrait lui-même et dont ses coreligionnaires pharisiens auraient pâti dans Rome comme ils en pâtissaient en Judée, il l'ignore ; il rentre à Jérusalem chargé des bienfaits de la maison impériale et plein de l'espoir que les Juifs gagneront les procès engagés contre les Grecs.

Pas une seule expulsion n'est prononcée contre eux, et alors que s'ils eussent été non pas coupables, comme on le lit dans Tacite, mais seulement soupçonnés, on les eut exterminés impitoyablement, la vengeance sommeille sur tous les points de l'Italie où ils avaient des colonies, notamment dans Pouzzoles, et sur tous les points du globe où il y avait des citoyens romains, notamment en Grèce, en Asie et en Égypte. Jamais depuis vingt-cinq ans les Juifs n'ont été moins molestés qu'au lendemain de la catastrophe !

 

Les deux tiers d'une ville, que dis-je ? de la Ville, anéantis par des Juifs, c'est pourtant un de ces exploits qui ne disparaissent pas en un jour de la mémoire des habitants ! Cela laisse des complaintes, des légendes, des proverbes ! La grande histoire ne les recueille pas toujours, elle a trop à faire avec les guerres ; mais la petite, celle qu'écrivent les poètes d'étrivières comme Juvénal, les coureurs de rue, les aiguiseurs d'épigrammes comme Martial ? Celle-là fouille la plaie et la ravive. Quand le peuple, sans même chercher, trouve à qui s'en prendre, il a pendant tout le siècle un dépôt d'humeur qui tourne rapidement à la rancune. Eh bien ! on chercherait en vain dans Juvénal, qui vit de près les Juifs de Rome et les méprise, dans Martial, qui eut des rivaux parmi eux et les déteste, une allusion quelconque à ce qui les eut perdus pour jamais dans l'esprit romain : leur immixtion à un degré quelconque dans le grand incendie de la ville. La satire brandira son fouet contre Domitien pour avoir expulsé les philosophes, et nul contempteur ne lui reprochera de garder les Juifs en échange. Comme avant 817 on ne leur en voudra que d'être Juifs, pas un instant d'avoir été incendiaires.

Et pourtant Juvénal n'épargne personne ! Juvénal écrase Néron sur sa palette dans les plus violentes couleurs de la satire. Il parle bien d'esclaves sacrifiés à la justice de Tigellin, cousus dans la tunica molesta, enduits de résine, de bitume ou de poix, et brûlés vifs, c'était bien là leur supplice ordinaire ; mais il n'insinue point que ceux-la fussent des christiens incendiaires, et la façon dont il parle ailleurs des Juifs ne permet pas de croire qu'il se fut attendri sur le sort de pareils malfaiteurs.

Il paraît donc bien que le passage de Tacite est une interpolation.

Une première chose étonne, c'est le mot christien présenté comme connu de tout le monde, alors que Tacite et Suétone, copiant les Actes publics à propos du mouvement de 772, ne l'emploient ni l'un ni l'autre pour désigner la superstition que Jehoudda et ses disciples ont ramenée d'Egypte[1]. Pas un mot non plus des christiens dans le fameux passage de Tacite sur les Juifs en général ; pas un mot des Juifs dans le passage sur les christiens en particulier. D'après ce dernier passage on peut croire que parmi les Juifs suppliciés pour incendie il y a des païens égarés par les funestes doctrines de Bar-Jehoudda. C'est là, je crois, le but de l'interpolateur, un païen, un chrestien, un gnostique, un arien, un manichéen, à la fois ennemi de Néron et de Bar-Jehoudda, celui-ci plus nuisible à l'humanité que ne fut l'autre. Il espère être payé de sa peine par le discrédit dans lequel il enveloppe les jehouddolâtres non Juifs, ou les faire rougir de placer sur les autels de Rome le scélérat dont parlent les auteurs, soit juifs, soit grecs, soit latins, comme ayant été justement puni pour ses crimes. Il est bien certain en effet que le passage ne peut être de l'Eglise, puisque d'autre part elle a enlevé du même Tacite tout ce qui concernait les christiens dans le passage sur les Juifs, et tout ce qui les designait plus clairement dans le passage sur les évènements de 772.

Car l'interpolateur est renseigné merveilleusement, et en quelques lignes, dans le ton ordinaire de Tacite, avec des expressions familières à Tacite[2], il résume toutes les phases de la propagande christienne parmi les Juifs de Rome depuis la répression que le Sénat en fit sous Tibère jusqu'à leur participation supposée à l'incendie de 817. Il semble même qu'il en ait trouvé les éléments dans les parties de Tacite relatives à la secte de Jehoudda et qui, par un hasard ou le doigt de Dieu a laissé son empreinte, ont aujourd'hui disparu de cet historien si attentif aux choses de Judée.

 

Le silence absolu qui règne pendant quatre siècles sur la participation des jehouddolâtres à l'incendie s'explique par ce fait que le passage n'est entré dans Tacite qu'au cinquième. Ainsi s'explique également que les apologistes n'aient pas eu à s'en occuper et que le culte du Juif consubstantiel au Père ait pu, avec l'autorité du mensonge qui vient de loin, se propager dans Rome sans y rencontrer les résistances d'une population que ses disciples auraient livrée à toutes les horreurs de l'incendie et de la famine.

En effet, les apologistes avaient plusieurs moyens de défendre l'honneur de leur secte s'il eut été engagé dans cette aventure, C'était d'abord de la mettre sur le compte d'un illuminé qui, prenant l'Apocalypse trop à cœur, se serait cru obligé de la réaliser dans la Babylone d'Occident. C'était ensuite d'innocenter complètement les Juifs christiens en l'attribuant à une vengeance d'esclaves. L'incendie d'une maison (c'est ainsi que commence celui d'une ville) n'est pas nécessairement une œuvre collective. Mais si la folie d'un seul suffit à déchaîner de pareils malheurs, la vengeance d'un groupe ne sera-t-elle pas un mobile plus puissant ? Et si on admet le facteur représailles dans ces lames de fond qui secouent de temps en temps la nef aristocratique, n'avait-on pas hors des christiens une explication suffisante de l'ouragan de feu ou la ville s'était abîmée ?

Trois ans avant l'incendie, la population de Rome avait assisté à un spectacle cent fois plus révoltant que n'eût été celui des christiens brûlés sur le Vatican.

Le Sénat, qui allait jusqu'aux dernières limites de la cruauté, quand la légalité le couvrait, avait puni de mort un demi-millier d'innocents pour le crime d'un seul. Tacite ne proteste pas : il trouve naturel ici ce que son interpolateur trouve excessif chez Néron pour avoir puni des coupables. Un jour de 814 Pedanius Secundus, préfet de Rome, est assassiné par un de ses esclaves. L'homme avait égorgé Pedanius au milieu de quatre cents autres esclaves, et le même châtiment, la mort, attendait les quatre cents innocents pour avoir habité sous le même toit que le meurtrier. Sans doute y avait-il quelque circonstance à leur décharge, l'indignité du maître, l'impossibilité de lui porter secours ou de prévenir le coup, on ne sait, mais il y eut comme un frisson populaire lorsque ce supplice en masse fut décidé : la loi, car c'était la loi, révoltait déjà par sa barbarie. Le Sénat en imposa l'exécution sur le discours d'un de ses membres qui dans toute sa carrière ne fut éloquent que pour cette monstruosité. Caïus Cassius se leva, dit qu'on s'était méfié des esclaves, même en des âges en quelque sorte pastoraux, et que de tout temps on avait supplicié tous ceux qui habitaient sous le même toit au moment du crime ; qu'il ne fallait point se relâcher de cette sévérité dans un temps où les maisons étaient pleines d'esclaves pris à des nations si différentes, de mœurs si opposées, de religions si bizarres, souvent même n'en ayant point : vil ramas de barbares qui ne pouvait se contenir que par la crainte ; et qu'enfin il n'était point de grands exemples sans des injustices particulières, qui disparaissent devant les grandes considérations de l'utilité publique. Langage affreux qui détonnerait dans la bouche d'un Botocudo ; qui à la vérité souleva des rumeurs confuses, mais que personne n'osa combattre dans l'assemblée la plus haute du monde civilisé. Il n'y eut d'humanité que parmi le peuple, humanité d'instinct qui le fit descendre dans la rue, s'attrouper, s'armer de pierres, allumer des torches, menaçant de faire flamber Rome avant l'exécution d'un tel arrêt. Il fallut que Néron l'assurât en faisant border de détachements le chemin par où les malheureux furent conduits au supplice. Lui au moins s'en tint là, mais il dut résister à des affolés qui, outre la mort des esclaves, proposaient de punir par le bannissement les affranchis qui se trouveraient sous le même toit ! Périsse le subordonné plutôt que le privilège ! Tel était le sens de cette funèbre journée. Nous voyons ici des gens s'armer de torches et regarder Rome d'un œil torve, Tacite nous en a montré d'autres qui, vers le même temps, regardèrent Pouzzoles avec la même expression. L'Eglise eût pu soutenir avec avantage que l'étincelle de 817 était déjà dans les chemises soufrées où les quatre cents esclaves de 814 furent brûlés.

 

II. — NÉRON INNOCENT, SUÉTONE INTERPOLÉ.

 

On voudrait savoir si celui qui a cambriolé Tacite n'a pas tiré deux moutures du même sac, et renouvelé sur le papier, pour l'effet, ad usum christianorum, le supplice des quatre cents esclaves de Pedanius Secundus, prédécesseur de Tigellin.

On voudrait savoir encore si le texte de Suétone n'a pas subi les mêmes sévices ; on a le droit d'être inquiet. Il n'y a qu'un instant, il célébrait le supplice des christiens et les mesures de Néron centre les incendies sous la rubrique : bienfaits. Le voici qui tout à coup, par une contradiction inconcevable, va dénoncer ce même Néron à la postérité comme étant le seul incendiaire de 817, en sorte qu'aujourd'hui le principal accusateur, c'est l'apologiste de la veille, c'est Suétone lui-même ! Né dans les premières années du règne de Vespasien, ami de Pline qui le loge, protégé de Trajan qui l'estime, secrétaire d'Hadrien qu'il amuse, victime de Sabine qui le punit d'avoir joué peut-être au Bachaumont, Suétone est surtout causeur plutôt que chroniqueur, collecteur de faits plutôt qu'historien, compilateur de bruits plutôt que mémorialiste. Il conte plus qu'il n'écrit, il cite plus qu'il ne garantit. Il est suspect d'inconscience et de légèreté, au moins ne l'est-il pas d'injustice ; si on doit se méfier de lui, ce n'est pas pour la même raison que de Tacite. Suétone ne s'émeut ni devant la vertu, ni devant le crime. Il parle comme on parle dans la rue, sur le pas d'une porte. Tacite rentre chez lui, s'enferme derrière les volets et peint comme il voit, tout en noir. Suétone, disgracié par Hadrien, ramasse ses papiers sans mauvaise humeur, met des notes bout à bout et les donne au public sans artifices de style. Tacite a la mauvaise humeur du conseiller évincé, du politique incompris ou méconnu ; sa bile s'extravase jusque dans son encre ; de la présomption à la prévention, du soupçon à l'accusation il ne fait qu'un saut. Entre Suétone et Tacite il y a toute la distance qui sépare Tallemant de Machiavel. Et pourtant, pour nous autres curieux, que de menus faits dans Suétone plus précieux que les psychologies tourmentées de Tacite !

 

Mais ici, à quel moment croirons-nous Suétone ?

Ses contradictions sont extraordinaires en ce qui touche Néron considéré tour à tour comme allumeur et comme extincteur d'incendies.

Ayant cité ce vers grec :

Que la terre après moi périsse par le feu !

Non, reprit Néron, que ce soit de mon vivant ! Et il accomplit son vœu. En effet, choqué de la laideur des anciens édifices, ainsi que des rues étroites et tortueuses de Rome, il y mit le feu si publiquement que plusieurs consulaires n'osèrent pas arrêter les esclaves de sa chambre qu'ils surprirent dans leurs maisons avec des étoupes et des flambeaux ! Des greniers voisins du Palais d'Or (c'est le nom de son Palais rebâti après l'incendie) et dont le terrain lui faisait envie furent abattus avec des machines de guerre et incendiés, parce qu'ils étaient bâtis en pierre de taille. Le fléau exerça sa fureur durant six jours et sept nuits. Le peuple n'eut d'autre refuge que les monuments et les tombeaux. Outre un nombre infini d'édifices publics, il consuma les demeures des anciens généraux romains, encore parées des dépouilles des ennemis, les temples bâtis et consacrés par les rois de Rome ou pendant les guerres des Gaules et de Carthage, enfin tout ce que l'antiquité avait laissé de curieux et de mémorable. Il regardait ce spectacle du haut de la tour de Mécène, charmé, disait-il, par la beauté de la flamme, et chantant la prise de Troie, revêtu de son costume de comédien. De peur de laisser échapper cette occasion de pillage et de butin, il promit de faire enlever gratuitement les cadavres et les décombres ; mais il ne permit à personne d'approcher des restes de sa propriété. Il reçut et même exigea des contributions pour les réparations de la ville, et faillit ainsi ruiner les provinces et les revenus des particuliers.

On voit avec quelle vigueur, mais aussi avec quelle absence de documentation, Suétone flétrit Néron : Néron qui dans Tacite était à Antium est à Rome dans Suétone, il met le feu en personne et publiquement, et il le propage par les esclaves de sa chambre, si bien qu'on a peine à comprendre les historiens qui ont accusé le hasard, et plus encore l'unique Tacite qui ose accuser les christiens.

Le revirement de Suétone s'accentue avec le temps. Décidément Néron a la vocation de l'incendie.

Il avait à la bouche la menace de mettre le feu à Rome lorsqu'il se croyait trahi. Lors de la révolte de Vindex et de la défection de Galba, il voulait empoisonner tout le Sénat dans un festin, mettre le feu à Rome et en même temps lâcher les bêtes féroces sur le peuple[3] pour l'empêcher d'échapper aux flammes. Voila pour l'incendiaire : il ne laisse rien à désirer dans ces citations de Suétone ; il a mis le feu à Rome en 817, il voulait l'y remettre en 821. Suétone ne lui tient aucun compte de ses libéralités envers le peuple, libéralités certaines, reconnues par Tacite, consacrées par la reconnaissance du peuple même ; au contraire, son forfait n'est qu'un prétexte à exactions nouvelles ; Néron est le monstre complet. Mais les supplices des christiens de 817, que deviennent-ils dans ce Suétone d'un autre âge et d'un autre sentiment ? Il n'en est plus question ; ils ne sont plus l'épilogue de l'incendie, ils disparaissent pour laisser à Néron, et sans dérivatif, toute la responsabilité de la catastrophe. Voilà un recul bien extraordinaire chez Suétone qui tout à l'heure rangeait presque l'extermination des jehouddolâtres parmi les précautions prises par Néron contre le retour des incendies !

 

III. — MÉNAHEM, HÉRITIER DE LA PROMESSE.

 

Jamais les illusions christiennes n'ont été plus fortes que sous Néron. Sa mollesse, son renom d'artiste, de cocher et de chanteur, son éloignement de l'armée, cette couronne apollonienne qu'il portait devant ses sujets, c'était autant de marques de faiblesse extérieure. Les Juifs de Pouzzoles et de Baïa se pénétrèrent de cette vision d'un empereur de théâtre. Que ne pourrait-on contre ce prince de comédie, si les Juifs de l'Euphrate se levaient, poussant devant eux les Parthes, et si ceux de Syrie et de Judée se portaient contre le proconsul et le procurateur ?

Grâce à la croisade des Shehimon et des Jacob, l'Apocalypse qui servait les rancunes des nations contre Rome avait envahi tout l'Orient. C'est en Judée et dans la maison de David que le Roi du monde apparaîtrait. Josèphe et le Talmud confirment sur ce point Suétone et Tacite. La Chaldée juive remua la première. C'est au-dessus de l'Euphrate que l'éclair s'alluma. Riche de sang, d'argent et d'ambition, au courant des plus secrètes divisions domestiques de Rome, Israël sème l'esprit de révolte autour de lui. Parti en apparence de Babylone, le mouvement grossit sur les rives du Jourdain où il était né. Et dans ce mouvement entre immédiatement tout ce qui restait de la grande famille de Jehoudda : Ménahem, dernier frère du christ et l'héritier de la promesse, Éléazar, fils de Jaïr, frère de celui que Jésus ressuscite dans l'Évangile, et Absalomon, fils ou neveu de Ménahem, Ménahem veut dire consolation. Dans le passage du Talmud que nous avons cité déjà[4], il est dit que le Messie sera de David, et passé ou futur, s'appellera Ménahem ou Cémah.

 

Tacite et Suétone résument dans les mêmes termes, en deux mots fort expressifs, la substance même de l'Apocalypse : le Verbe se multipliant par plusieurs puissances apostoliques — le nombre Douze était certainement indique — et partant de Judée pour se partager l'empire du monde[5].

De deux choses l'une : ou les écrivains latins copient à cet endroit un annaliste antérieur, ou la même main a corrigé les deux passages pour en enlever la personne du Christ-pieuvre dont les apôtres ne sont que les douze tentacules, et celle de l'imposteur qui, pour s'être appliqué cette antique Révélation sous Tibère, avait fini sur la croix[6]. C'est d'autant plus certain que cette unité de puissance initiale est indiquée dans la phrase de Suétone qui suit immédiatement : L'évènement prouva que cet oracle s'appliquait à l'empereur romain, mais les Juifs se l'appliquaient à eux-mêmes, ce qui causa leur rébellion. C'était également la note de Josèphe, et Suétone la connaissait, car il dit qu'une fois prisonnier celui-ci tourna cette Apocalypse au bénéfice de Vespasien. Mais ce qu'il ne dit pas, c'est que Ménahem, dernier frère du roi-christ de 788, se l'était appliquée à lui-même.

Le Messie, c'est l'Espérance d'Israël : le Juif sera roi demain. Ce qui, dit Josèphe, engagea les Juifs dans la guerre où périt le Temple, c'est le passage de leurs Écritures, portant qu'on verrait en ce temps-là un homme de leur nation (le Fils de l'homme incarné dans un fils de David) commander à toute la terre. Le songe de Joseph réalisé ! La crucifixion de Bar-Jehoudda n'était qu'un accident de cette infaillible Apocalypse. De même le martyre de Shehimon et de Jacob. Tant qu'il restait un fils à Jehoudda, la prophétie d'Israël aux douze tribus était valable[7]. Et c'est pousser la flagornerie jusqu'à la démence que de prétendre, comme a fait Josèphe, que Vespasien était le Roi Souverain de la terre, de la mer et du genre humain, au sens de la Prophétie. C'est trahir l'idée juive, non point cachée, mais affichée dans le christianisme, que de proclamer un goy Messie, à la place de Celui qui devait libérer Israël, comme le dit si bien notre féal ami Cléopas de son beau-frère crucifié par l'immonde Pilatus[8]. Josèphe n'est pas le premier qui doive sa fortune et sa vie à la bassesse. Il attribue son salut à cette audacieuse sophistication, mais il y a de l'impudeur à s'en vanter[9]. Car Vespasien est mort, tandis que le beau-frère de Cléopas est ressuscité, comme vous le savez par le consentement unanime des exégètes.

 

IV. — LES DEUX ÂNES.

 

Le passage de l'Ecriture qu'invoquait Ménahem, c'est celui qu'avait invoqué déjà le roi-christ de 788. C'est la fameuse prophétie de Jacob à Juda[10], si obscure pour nous, si claire pour les christiens primitifs.

Le sceptre n'échappera point à Juda,

Ni l'autorité à sa descendance

Jusqu'à l'avènement du Silo[11]

Auquel obéiront les peuples.

Alors il[12] attachera son ânon à la Vigne[13]

Et à la treille[14] le fils de son ânesse ;

Il lavera son vêtement dans le vin

Et dans le sang des raisins sa tunique ;

Ses yeux seront pétillants de vin,

Et ses dents toutes blanches de lait.

Cette prophétie, qui avait échoué si misérablement avec Bar-Jehoudda en 788, il ne restait plus que Ménahem pour la réaliser. Toute la descendance de Jehoudda avait péri[15], sauf lui qui était, et par son nom et dans le fait, la dernière consolation d'Israël. S'il ne jouait même pas sa chance, il manquait à son naziréat. Il était obligé de marcher, dut-il finir comme son aîné, sans pouvoir attacher l'âne et l'ânesse à la Vigne du clos de Dieu. Il était poussé, soulevé par la crédulité des Juifs dont les yeux pétillaient déjà du vin de la Vigne et qui avaient à la bouche le lait qui coulait dans les ruisseaux de l'Eden. C'est par cette prophétie que les deux Ânes de Jésus sont entrés dans les Évangiles, et le Christ à tête d'âne dans la caricature païenne : symbole d'espoir pour les Juifs qui ont fabriqué la fable, raillerie cruelle sous le stylet des païens qui ont dessiné l'image. Si Jésus entre à ânes dans la ville de David et dans le Temple[16], alors qu'il y peut entrer à pied, à cheval ou en char, c'est qu'il attache une idée de victoire définitive à cette monture géminée.

 

Une légende, vieille comme Abraham et peut-être comme Saturne, veut que les Juifs aient adoré un âne ou simplement une tête d'âne, comme si ce culte bizarre était la secrète revanche du règne animal sur une religion qui a fini par proscrire toutes les images.

Toutes les idées religieuses des Juifs leur étant venues de l'astrologie, leur âne descend, lui aussi, du ciel où le Zodiaque d'Abraham l'a mis à la place d'honneur. Il a été le signe du solstice d'été, du Soleil en sa gloire ardente, en son brûlant triomphe.

Le Christ qu'adoraient les Séthiens avait une tête d'âne, et Bar-Jehoudda — voyez plutôt sa généalogie dans Luc[17], — est fils de Seth.

Les Séthiens sont appelés ainsi de Seth, le patriarche à qui on attribuait l'invention de l'astrologie, et le signe de l'Âne était dit Seta en langue chaldéenne. Les Assyriens l'honoraient sous le nom de Thartak[18], des Babyloniens sous le nom de Baal-Béor[19].

Comment cet animal velu, ventru, au jarret fin, aux pyramidales oreilles, à l'œil d'agate, est-il devenu pour les fils de Seth comme est le jésus un symbole de la victoire des Juifs sur les nations ? Un peu à cause de la croix blanche qu'il porte sur le front. Il se présente avec le monogramme du Christ.

 

A l'instar des Chaldéens et des Égyptiens, c'est sous l'Âne qu'ils attendaient la Grande Année du Renouvellement des temps. Les Juifs hellènes disaient que l'Onos, l'Âne, était le Chronos (temps) auquel le Christ devait venir. Le radical d'Onos, c'est On, Soleil, nom égyptien d'Héliopolis. La première lettre de Chronos en grec, c'est un X, une croix de Saint-André. C'est aussi la première lettre grecque de Christos.

Les Ânes, car ils sont deux dans le signe — comme les Poissons et les Gémeaux — ont été remplacés par le Cancer sur les Zodiaques que les Grecs nous ont transmis. Héritiers des Chaldéens, les Hébreux voyaient un double Âne là où d'autres après eux ont vu un Cancer, c'était leur droit. C'était même leur devoir, étant donné les nombreux modèles qu'ils en avaient sous les yeux. Il était beaucoup plus facile de donner à cette constellation le gros ventre et les longues oreilles de deux ânes que les formes d'un cancer, sorte de crabe d'une construction fort tourmentée. Les Ânes se trouvaient, comme le Cancer, à l'intersection du colure du solstice d'été, soit juin, et le goût inné de l'âne pour les eaux fraîches et pures, si utiles au milieu de la sécheresse de juillet, le désignait assez à la métaphysique imagée des astrologues.

Sur les zodiaques grecs les Ânes sont encore à leur place dans le Cancer, mais réduits au rôle de simples étoiles, l'Asinus borealis et l'Asinus australis. Ces dénominations, inconcevables par elles-mêmes, prouvent indiscutablement que les Juifs les étendaient au signe tout entier : ils avaient mis deux mâchoires là où les Grecs ont mis deux pinces. Sur les dessins l'analogie est frappante[20].

Il y avait bien deux Ânes dans le signe, un grand et un plus petit, et c'est pourquoi Jésus fait son entrée à califourchon sur ces deux bêtes : situation intolérable en fait, et qui eut soulevé autour d'un homme ainsi monté des ouragans de rires. Or il est impossible de nier que Mathieu n'ait représenté Jésus monte sur deux bêtes à la fois : la prophétie exige les deux Ânes, Jésus demande deux ânes. Les disciples donc... amenèrent l'ânesse et le poulain, mirent dessus leurs manteaux et y firent asseoir Jésus[21].

L'Âne voisine avec le Chien sur les sphères. S'il n'est pas le Chien, il a des accointances cuniculaires. Beaucoup de peuples, les Romains eux-mêmes issus d'Asie, avaient immolé le chien domestique au Chien d'en haut pour empêcher celui-ci de tout brûler, et ils le choisissaient roux de ce que les fruits et les herbes roussissaient sous le soleil comme s'ils allaient s'enflammer. L'Etrusque Tagès, qui importa l'art de la divination à Rome, avait ordonné qu'on plaçât, hors de la porte où on immolait le chien — la Porta Catularia — et près de l'endroit où commençait la campagne, une tête d'âne arcadique dépouillée de sa peau[22] afin de disposer favorablement l'Âne céleste et de lui demander sa rosée.

L'âne était consacré à Bacchus, dieu du Soleil qui fait le vin, et les mythologues balançaient l'ardeur des rayons solaires par celle de ses instincts aquatiques. C'est pourquoi le boa Silène précède sur l'Âne Bacchus ceint de la peau du Lion. Et c'est à cause de cet Âne et de la Vigne dont il y avait eu jadis une représentation sculptée dans le Temple que certains historiens ont soupçonné les Juifs d'avoir adoré Bacchus[23]. Mais celui qui devait introduire Juda dans le clos du Seigneur n'est point Bacchus, c'est le Fils de l'homme, c'est le Messie.

 

Les plus anciens Juifs connus, ceux dont parle Hérodote, portaient une tête d'âne sur la leur dans les batailles. Les Ânes conduisent au Lion sur le Zodiaque.

C'est un petit Lion que Juda !

Tu montes repu de carnage, ô mon fils ;

Le voilà qui s'étend, qui se couche comme une lionne ;

Qui osera le réveiller ?

Soit qu'elle vint de la croix visible sur leur poil ou de celle qu'ils dessinaient sur la sphère par l'entrecroisement des colures solsticial et équinoxial, la glorification du Messie dans les Ânes était un legs d'ancêtres encore intact au temps de Moïse, et Jehoudda qui dans l'Apocalypse joue le rôle du Lion, signe compris entre les Ânes et la Vierge, n'avait pas laissé tomber la valeur du signe. C'est sous l'Agneau que devait commencer la mobilisation de la milice céleste en faveur des Juifs, mais c'est sous les Ânes, après le troisième signe, que la victoire définitive sur les étrangers était acquise. C'est pourquoi le monde antijuif est détruit par tiers. Sous l'Agneau le Fils de l'homme passe encore avec difficulté, mais sous les Ânes il est en pleine exaltation. S'il commence à paraître avec l'Agneau, il ne peut arriver qu'avec les Ânes, puisque le Soleil n'est arrivé à la terre que le quatrième jour, représenté par le quatrième signe, les Ânes, sur le Zodiaque des douze Cycles millénaires.

 

V. — L'ÂNE DE JUDA ET L'ÂNESSE DE BALAAM.

 

Josèphe joue sur les temps lorsqu'il défend les Juifs d'avoir cette étrange superstition. Il en faut déchanter ou plutôt débraire. L'Ancien Testament et le Nouveau le condamnent, et avec eux Diodore, Florus, Tacite, Épiphane, les Gnostiques et Suidas. Sans doute il n'est pas vrai que les Juifs aient adoré exclusivement l'âne et Josèphe a raison de réfuter Apollonius sur ce point. Mais il est indiscutable qu'ils lui attribuaient une signification exceptionnelle dans l'ordre des signes, comme les Moabites qui lui consacraient l'idole nommée Béor et les Assyriens qui lui consacraient l'idole nommée Thartak. Le Thartak ou Béor n'était pas moins en honneur que le Zib ou Poisson[24].

Lorsqu'Antiochus, après avoir pris Jérusalem, entra dans le sanctuaire, il y trouva une statue de pierre représentant un personnage avec une grande barbe qui était assis sur un âne et tenait un livre à la main. D'après Diodore de Sicile a qui nous devons ce renseignement[25], Antiochus supposa que le personnage était Moïse, fondateur de Jérusalem. Moïse n'a pas fondé Jérusalem, mais l'interprétation d'Antiochus n'en est pas moins vraie. Le livre que l'homme barbu tient a la main, c'est la pierre du témoignage dont il est question dans l'Apocalypse, et qui est tout à fait distincte des livres de la Loi, car elle porte une prophétie écrite des deux côtés, côté ciel et côté terre, c'est-à-dire astrologiquement déchiffrable : la prophétie de la prédestination juive au gouvernement du monde par le Messie. Il n'est pas douteux que ce Messie ne dût naître de Juda dans le dispositif millénaire et triompher sous les Ânes. À l'Âne les Juifs avaient sacrifié des victimes humaines, disaient les Égyptiens. Au mot Juda Suidas rapporte d'après l'historien Damocritus que les Juifs, — et ici il faut entendre la tribu de Juda, — adoraient une tête d'âne en or à laquelle ils offraient tous les trois ans[26] un étranger dont ils coupaient les membres en petits morceaux[27]. On disait qu'un jour le grand-prêtre Zacharie avait vu apparaître dans le sanctuaire un homme à tête d'âne.

A son tour, lorsqu'il y pénétra, Pompée y vit l'image votive d'un âne[28], et il n'y a rien d'étonnant à ce que cette image ait été d'or, alors que d'autres animaux intéressés dans le Zodiaque d'Israël[29] pouvaient être d'une matière moins brillante et moins précieuse. Le signe du solstice d'été ne pouvait pas être en un autre métal.

L'âne aurait délivré les Juifs de la soif, à ce que disent Plutarque[30] et Tacite, et on voit par la prophétie de Jacob qu'après leur avoir trouvé de l'eau il devait étancher leur soif dans le vin de la Vigne du Seigneur au jour du triomphe. Que la vénération des Israélites en général pour l'âne vienne de l'aptitude de cet animal à flairer l'existence de l'eau potable, c'est très vraisemblable. Que Moïse en ait été frappé, qu'il ait suivi un troupeau d'ânes dans leur asile de verdure, qu'à cet endroit il ait creusé le sol et qu'il y ait grâce à eux découvert de larges veines d'eau[31], je trouve cette explication beaucoup plus admissible que celle de la baguette, fut-elle de coudrier. Mais si après la construction du Temple les Juifs ont mis un thartak de pierre, puis une tête d'âne en or dans leur sanctuaire[32], ce n'est pas seulement en souvenir des services que cet animal a pu leur rendre au désert, c'est surtout à cause de sa signification astrologique dans la prophétie de Jacob aux douze tribus. Le culte de l'Âne est donc antérieur à Moïse. Je ne pense pas que Tacite en ait ignoré le véritable sens et peut-être le donnait-il avant qu'on ne lui fit dire, comme aujourd'hui, qu'à l'inverse des Égyptiens, grands tailleurs d'images d'animaux symboliques, les Juifs ne conçoivent Dieu que par la pensée[33], car il y a entre cette affirmation et l'histoire juive, notamment celle des deux rois-christs, une contradiction irréductible.

 

Vous n'êtes pas sans avoir entendu parler de l'ânesse de Balaam ? L'ânesse de Balaam est très pénétrée de ses devoirs.

Qu'est-ce que Balaam ou pour mieux dire Baalam ? Un fils de Béor, un prophète de Béor. Et qu'est-ce que Béor ? Baal-béor, le dieu-âne[34], comme Baal-Zib-Baal[35] dont on a fait Belzébuth est le dieu-poisson. Balaam est donc un béoriste, prêtre de l'idole à tête d'âne, comme la plupart des juges et des rois juifs ont été molochistes, adorateurs de l'idole à face de taureau[36], quand toutefois ils n'étaient pas en même temps béoristes et belphégoristes[37].

Balaam, c'est Babylone, l'Euphrate, la Chaldée, l'Aram. Il professe la même astrologie qu'Abraham et Jacob, il a le même Zodiaque dont les signes ont le même sens. Il connaît la disposition sabbatique de la Création et des planètes. Consulté sur une question dans laquelle est intéressé l'Âne de Juda, il sangle l'ânesse dont il se sert depuis qu'il est devin et qui jamais ne lui a fait faute. C'est une première imprudence de choisir dans une affaire aussi grave une bête qui est sous la dépendance du mâle. L'ânesse de Balaam ne marchera pas pour maudire Jacob, car ce que son maître lui demande, c'est de maudire l'Âne de Juda, S'il a oublié la prophétie de Jacob, l'ânesse se la rappelle pour lui, elle y est partie prenante. C'est elle qui tranchera la question soumise à son maître ; Dieu lui expédie un ange, qui, l'épée nue, se place devant elle et lui barre le chemin. Deux fois elle se jette de côté, la troisième fois elle s'abat[38]. Balaam ne songe pas à continuer sa route par un autre moyen ; l'ange a fait les trois sommations réglementaires à l'ânesse, elle n'ira pas plus loin. Et cependant, avant de conduire son maître vaticiner contre les Juifs, elle ne méritait que des éloges. Si même il s'agissait de marcher avec l'Âne de Juda, vous la verriez se relever incontinent. C'est en elle qu'est le Verbe et elle parle. L'ange le dit formellement à Balaam : Si tu avais persisté, je te tuais, laissant vivre cette ânesse qui agit comme si l'Âne d'en haut lui eut parlé, en femelle soumise.

Balaam est démonté. Son ânesse l'a déposé devant le signe qui prépare l'entrée en scène du Lion. Immédiatement la prophétie de Jacob à Juda lui revient en mémoire : Voyez, dit-il :

Ce peuple se lève comme une lionne.

Il se dresse comme un lion.

Il ne se reposera qu'assouvi de carnage,

Qu'enivré du sang de ses victimes !

(Vainqueur) il se couche, il repose comme le lion

Et la lionne ; qui osera le réveiller ?[39]

Heureux ceux qui le bénissent !

Malheur à qui te maudit !

Et par trois fois, au lieu de maudire Israël, il le bénit. Auparavant, il a consulté Baal-Béor sur sept autels, un pour chacun des sept jours de la création. a conclusion est qu'il sortira de Jacob une étoile, annonciatrice du dominateur devant qui tout pliera[40]. Saluez, jehouddolâtres ! Cette étoile, c'est l'Âne.

 

Néanmoins la prophétie de Balaam a toujours passé pour fatale au peuple d'Israël, car il ne se retire point sans avoir lancé cette flèche puisée dans le carquois parthique :

Hélas ! qui peut vivre quand Dieu ne l'a pas voulu ?

Des flottes parties de la côte de Kittim[41]

Subjugueront Assur, subjugueront héber[42] ;

Mais lui aussi (Kittim) est voué à la ruine.

La victoire de Juda n'est donc pas éternelle, pensait Balaam[43].

 

VI. — LE SERPENT DE DAN ET JEHOUDDA IS-KÉRIOTH.

 

Loin d'être et le premier et le seul Dieu que les Juifs aient adoré, Iahvé n'est que le dernier, l'écume au-dessus de la marmite infernale.

Que de peine pour les amener à reconnaître ce Seigneur ennemi des victimes humaines et de l'idolâtrie ! Tous les livres qui traitent de ce qu'on pourrait appeler le Protonome out disparu ou ont été refaits. Au souvenir des monstruosités passées, le Seigneur du Deutéronome ne peut retenir sa colère et son dégoût, au point de se demander si les sacrifices innocents qui lui sont offerts pourront racheter les vieux crimes rituels : M'avez-vous offert des hosties et des sacrifices pendant quarante ans dans le désert, ô maison d'Israël ? Vous avez porté le tabernacle de votre Moloch (votre dieu solaire qui exige le sacrifice de vos enfants) et l'image de vos idoles (les quatre kéroubim cardinaux), l'astre de vos dieux (les douze kéroubim du Zodiaque, protecteurs des douze tribus), de ces lieux que vous vous êtes faits. Et qui leur avait dit de faire des idoles animales ? Moïse. Des dieux sur le voile ? Moïse. Le Serpent ? Moïse. Le Veau ? Aaron.

Que font tous ces prétendus législateurs le lendemain du jour où, dans les Ecritures, ils menacent le peuple des châtiments éternels ? Que fait Moïse après avoir défendu tout simulacre ? Il exhibe son vieux Serpent d'airain, tandis que de son côté Aaron, grand prêtre institué par lui, fait faire le Veau. Qu'est-ce que ce Serpent ? Ce Serpent qui se mord perpétuellement la queue est l'image du Soleil qui s'enroule autour de la terre sur la ligne écliptique, le signe des signes, le labarum de la religion du Mage : in hoc signo vinces ! Est-ce un dieu ? Certes, et on le porte au bout d'une croix dans la forme où nous voyons la croix ansée[44]. Il est lui-même l'anse de cette croix, le signe de la longévité, puisqu'il tourne sans cesse autour de la croix solaire. Le serpent d'Esculape n'en est qu'une figure imparfaite. Iahvé a beau dire aujourd'hui que c'est lui qui a tiré les Juifs d'Égypte et qui les a protégés contre les plaies et les maladies dont mouraient les Égyptiens. Les ouailles du Mage n'en croyaient rien, c'est le Serpent qui avait tout fait. Il est vrai, dit Salomon parlant à Dieu, que des bêtes cruelles et furieuses ont aussi attaqué vos enfants, et que des serpents venimeux leur ont donné la mort. Mais votre colère n'a pas duré toujours, ils n'ont été que peu de temps dans ce trouble en manière d'avertissement, et vous leur avez donné un signe de salut pour les faire souvenir des commandements de votre Loi. Car celui qui regardait le Serpent n'était pas guéri par ce qu'il voyait (l'idole), mais par vous-même qui êtes le jésus de tous les hommes[45]. L'auteur de la Sagesse plaide les circonstances atténuantes, mais le cas n'est pas niable.

Pendant des siècles le Serpent d'airain reste le symbole de la religion juive. Quand on l'érigeait, les Juifs courbaient la tête. Jusqu'à Ézéchias ils ont brûlé de l'encens au Naasson Nehoûstan[46]. Ézéchias a mis en pièces le Serpent qu'avait fait Moïse, c'était hardi ! David dont il descendait n'avait pas osé, ni Salomon ni aucun des rois. Tous craignaient que se dressant contre Iahvé il ne l'étouffât dans ses anneaux ! Le Serpent ne fut pas déshonore pour cela. Jehoudda et ses fils ne le condamnent dans l'Apocalypse[47] que comme image du Temps, et parce qu'à ce point de vue il devait s'effacer devant le règne éternel des Juifs.

Sur les voiles du tabernacle et du sanctuaire Moïse fait broder les kéroubim qu'on appelle aujourd'hui des chérubins. Qu'est-ce que les kéroubim ? Nous le savons par ceux d'Ézéchiel et ceux de l'Apocalypse où ils sont quatre[48] comme ils étaient deux[49] sur l'Arche qu'ils recouvraient de leurs ailes. Mais, sur les voiles, ils étaient douze, et c'étaient les douze signes, et il y avait le Thartak, et il y avait le Zachû[50], et il y avait le Zib et il y avait la Vierge et le Capricorne, et il y avait le Lion, et il y avait la Balance, et il y avait les Gémeaux et le reste. Et c'est à eux que revinrent les Juifs dans le Temple, comme si les douze tribus avaient été punies de les avoir négligés. Ézéchiel s'en indigne tardivement[51].

Croyez-vous que le Veau d'Aaron soit en antagonisme avec le Serpent de Moïse ? Aaron est-il moins Mosché, moins Mage que son frère ? Qu'est-ce qu'un Mage ? Avant tout un homme qui fait des dieux, les taille dans le bois ou les fond dans le métal. Moïse, son frère, leur sœur Maria Magdaléenne, ont-ils un autre testament[52] qu'Abraham, Jacob et Joseph ? La tribu de Dan avait le Serpent pour emblème bien des siècles avant Moïse, et elle Un rendait un culte avant d'en rendre un au Veau d'or que Jéroboam fit élever dans leur ville comme avait fait Aaron quand le Mage emmenait les Juifs au désert. C'est que le Serpent se bouclait dans le Veau, le kéroubim gardien du point cardinal sis à l'Orient. Dan, dit Jacob prophétisant à son lit de mort, Dan jugera son peuple aussi bien que les autres tribus d'Israël[53]. Et par analogie avec l'emblème de la tribu : Que Dan devienne un Serpent dans le chemin, et un céraste[54] dans le sentier, qui mord le pied du cheval, afin que celui qui le monte tombe à la renverse[55].

Samson était de la tribu de Dan, vouée au Serpent, tant que les Danites s'en tinrent à ce signe des signes, ils méritèrent l'appui de Iahvé. Samson est à la fois leur premier et leur dernier héros, exclusivement solaire : Shamasch-On, Soleil-Être, dont une de leurs villes, Hir-Shamasch, portait le nom. Jonathan, fils de Gersom, fils de Moïse[56], et ses descendants servirent de prêtres au Serpent jusqu'à l'exil de la tribu.

 

Dans l'Apocalypse de Pathmos, les jehouddolâtres sont allés aux dernières limites de la gheoullah[57], ils les ont même dépassées. Contre Jacob, contre Moïse, contre Josué, contre Samson, contre David, contre toute la famille de Jehoudda, ils ont exclu Dan non-seulement de la judicature au premier Jugement, mais du salut au Jugement dernier[58]. C'est la malédiction dans toute son horreur. A la vérité, ils ne pouvaient plus conserver parmi les juges un patriarche dont les enfants avaient pour emblème une bête semblable à l'Ancien Serpent, image du Temps dans l'Apocalypse, et qui devait disparaître à jamais du ciel le 15 nisan 789. Mais comme Chronos[59] en avait encore pour mille ans sur la terre où il collaborait avec les païens contre les Juifs, les disciples de Jehoudda ne pouvaient pas introduire dans le Royaume une tribu rendant un culte à l'animal qui avait suggéré à Ève le péché dont était mort Adam et qui gardait encore sa place au ciel en dépit du dogme christien[60]. Ils ont donc consigné Dan à la porte de l'Éden. Jamais les quatre kéroubim de garde n'auraient laissé revenir les Danites avec leur Serpent au pied de l'Arbre de vie. Le scandale de l'Arbre de la science du bien et du mal (la Génération) aurait recommencé !

Les docteurs ecclésiastiques ont été très frappés de l'exclusion de Dan qui en effet n'est plus nommé parmi les douze tribus marquées de la croix[61], et ils en ont conclu que l'Antéchrist devait sortir de cette tribu maudite. C'est donc une grande faute de croire, comme fait l'Église, que le Serpent d'airain était la figure de Bar-Jehoudda crucifié, mais c'est jusqu'à un certain point la figure du Soleil à chaque pâque : Comme Moïse dans le désert éleva le Serpent, de même il faut que le Fils de l'homme soit élevé en haut afin que tout homme qui croit en lui ne périsse point et qu'il ait en lui la vie éternelle[62], façon détournée de dire que le Serpent de Moïse était attaché à une croix ; mais si Bar-Jehoudda comptait mourir de cette façon, je veux bien que le Naasson Nehoustan[63] m'emporte ! Dan est fils de Jacob[64], Moïse lui renouvelle formellement la prédiction que son père lui avait faite : de Serpent qu'il était il le fait Lion[65]. Josué lui taille sa part dans la Terre promise[66]. Jamais le premier Joannès christien[67] ne se serait permis de disqualifier une des douze tribus, surtout celle-là qui avait produit un Nazir comme Samson et dont le premier prêtre était petit-fils de Moïse. C'eût été mettre les onze autres contre soi. L'Apocalypse faisait donc à Dan la place qu'ordonnait la Loi testamentaire. La forclusion actuelle de Dan tient à des causes que nous allons exposer avec ou sans la permission du Juif consubstantiel au Père.

 

Dan n'est plus nommé parmi les douze tribus de l'Apocalypse, parce qu'il a eu un geste malheureux dans une circonstance qu'on n'aime pas à rappeler. C'est Dan qui par la main d'Is-Kérioth a arrêté Bar-Jehoudda sur les confins de sa tribu : Méjarcon et Arécon avec ses confins qui regardent Joppé[68]. On l'a fait disparaître à cause de son culte pour le Serpent-Chronos dont les évangélistes ont distribué le rôle à Is-Kérioth.

Mais Jésus n'a pas ratifié la condamnation prononcée contre Dan par les successeurs de Bar-Jehoudda, les Evangiles rétablissent la tribu dans tous ses privilèges. Is-Kérioth sera un des douze juges d'Israël au régiment général des choses ; il participe au corps de Jésus dans la Cène pascale, il en a son morceau et il le mange. En dépit des apparences, l'Evangile est la réhabilitation d'Is-Kérioth. Celui qui a été forcé de remettre à Saül son oreille droite coupée par Shehimon, celui-là n'a pas pu épouser la basse vengeance des jehouddolâtres excluant toute une tribu pour le geste d'un seul. Mais ce n'est point par générosité qu'il remet à Saül son oreille et à Is-Kérioth son acte anti-jehouddique, c'est par calcul. Rien pour rien, telle est la devise du Fils de l'homme. En réintégrant Dan, il évite une réclamation qui ferait dégringoler Bar-Jehoudda des hauteurs de la droite de Dieu sur les bancs du sanhédrin siégeant au criminel. Enfin il fait droit à Samson qui, en sa qualité de Nazir danite, fournit aux évangélistes une étymologie dont ils ont le plus grand besoin pour duper les goym, celle du mot Nazireth[69].

 

VII. — LA FABLE DE SAMSON ET LA MÂCHOIRE D'ÂNE[70].

 

La fable Samson n'est en effet qu'une suite de rébus astrologiques dans le genre de ceux qui émaillent la fable de Jésus, et sans l'Âne de Samson on n'aurait peut-être jamais entendu parler des Ânes évangéliques. Comme Jésus lui-même, Samson est une énigme en action. Son mariage avec une philistine la prépare. Ses parents ne peuvent comprendre que leur fils, un Nazir, prenne femme chez les incirconcis. Ils ne savaient pas que cela venait de Dieu et que Samson cherchait une occasion de nuire aux Philistins qui dominaient alors sur Israël. Dans ces conditions les parents ne s'opposent pas à ce qu'il se marie à l'ennemi, c'est pour le bon motif. En effet, seul, sans amies, le fiancé lancé à travers le Zodiaque rencontre un lion qui n'est point de Némée parce que les choses se passent sur les confins de Philistie. Il le tue et le met en pièces : trente pièces, comme les fameux deniers d'Is-Kérioth, il ne peut faire a moins ! Le corps du Lion est d'ailleurs plein des choses succulentes qu'on y trouve sous la Vierge, et pour sa part Samson en tire les abeilles et le miel de la récolte annuelle. Car nous sommes à la fête des Tabernacles, clairement marquée par les sept jours du festin de Samson chez son épousée, et cette épousée, la seule qui convienne à un Nazir, quoiqu'elle ait ici la figure d'une philistine, c'est la Vierge elle-même[71].

Il suffit d'un tout petit peu de bon sens pour voir qu'on est en présence d'une allégorie millénariste qui est en même temps un attrape-nigauds. Le premier acte de ce Nazir, premier-né, consacré à Dieu dès le ventre de sa mère, et qui par conséquent doit rester vierge, c'est de se marier. Encore si c'était avec une Juive, il n'y aurait qu'une violation de la Loi du naziréat. Mais c'est avec une philistine, il y a violation de la Loi commune[72]. Un Juge épousant la fille d'un païen et d'un païen ennemi, alors qu'il est tout entier à son dieu et qu'il devrait être brûlé, si on lui appliquait la Loi d'Abraham, ce n'est pas seulement sa damnation, c'est celle de toute sa tribu ! Or le Serpent va couronner toutes les entreprises de son serviteur et répandre ses bénédictions sur toute sa famille.

Samson se nourrit et nourrit ses parents avec le miel de la Vierge sans leur dire qu'il l'a tiré du Lion, car s'il le leur disait les Philistins en sauraient aussi long que son père, qui est avant tout un compère, et sa mère, qui est avant tout une commère.

Il n'y aurait plus d'énigme, et c'est précisément une énigme qu'il propose aux trente philistins que sa fiancée lui donne pour lui tenir société. Elle ne peut en donner moins, à cause de la constitution du mois. Il s'agit de donner le change à ces trente philistins ; mais ils sont si bêtes ! Je veux vous proposer une énigme, leur dit Samson. Si vous pouvez la résoudre et me l'expliquer dans les sept jours du festin, je vous donnerai trente chemises et trente habillements, mais si vous ne pouvez me l'expliquer, c'est vous qui me donnerez trente chemises et trente habillements (un par jour)[73]. Ils lui répondirent : Propose-nous ton énigme, afin que nous l'entendions. Et il leur dit :

Du mangeur est sorti un aliment,

Et du fort est sorti la douceur.

Naturellement ils n'y comprennent rien, les parents de Samson non plus, puisqu'il ne leur a pas dit que le miel de la Vierge est sorti du Lion. Pendant trois jours, les trente Philistins cherchent dans les ténèbres. Le quatrième[74] ils disent a l'épouse philistine de Samson (la fausse, par conséquent elle aussi a le change !) ; Persuade à ton mari de te communiquer la solution de l'énigme, sinon nous te brûlons, toi et ta famille. Le septième jour, Samson, désolé par ses pleurs, se décide à lui donner le mot de l'énigme. Or le premier soin de cette Ève philistine, c'est d'en faire part à ses compatriotes. Avant le coucher du soleil, ils s'approchent de Samson et lui disent :

Qu'y a-t-il de plus doux que le miel,

Et de plus fort que le lion ?

A quoi Samson réplique par ce propos peu révérencieux pour sa femme : Si vous n'aviez pas labouré avec ma génisse, vous n'auriez pas deviné mon énigme ; et tandis que sa femme laboure avec l'un de ses compagnons, — perte nulle, — il descend à Ascalon et tue trente Philistins dont il distribue les dépouilles aux devineurs. Ceux-ci ont joué à qui gagne perd, Samson à qui perd gagne ; il a donne le change, comme il l'avait dit. Voila trente Philistins qui ne recommenceront pas. Mais a ce prix-là Samson ne demande qu'a continuer, et il fait tinter son bénéfice dans la Balance[75].

 

Environ six mois après, à l'approche de la récolte des blés — la Pentecôte — il éprouve le besoin de revoir sa femme, besoin fort naturel étant donne le genre d'enfants qu'il lui fait : trente morts au mois ! Le père lui apprend qu'elle laboure avec un autre, mais il lui offre la cadette en échange, et en effet, depuis les Tabernacles, la Vierge de l'année précédente est devenue l'aînée, Samson fait semblant d'être furieux : Les Philistins ne pourront s'en prendre à moi si je les maltraite ! Il prend trots cents chacals d'humeur caniculaire, les attache queue à queue, fixe une torche entre chaque paire de queues, allume les cent cinquante torches et lâche les trois cents chacals a travers les blés des Philistins. Tout est brûle sur leur passage, jusqu'au plant des oliviers !

Nous pouvons fixer la date de la conversion ou pour mieux dire du change — ce sont autant d'opérations de changeur — de ces trois cents chacals en cent cinquante torches, ou, si vous aimez mieux, de ces cent cinquante torches en trois cents chacals. Cela s'est passé très exactement cent cinquante jours de vingt-quatre heures après la Balance sur laquelle Samson a calculé son premier change avec les Philistins. Il faut deux chacals, l'un de jour, l'autre de nuit, pour faire une torche à la façon de Dieu[76].

À et exploit les Philistins ripostent en brûlant le père et la femme de Samson qu'ils croient la cause de tout : le père pour s'être attiré un tel gendre, la femme pour s'être attire un tel époux. Ils ne se doutent guère que rien ne peut lui être plus agréable. Cependant Samson, toujours fidèle à ses opérations de change, leur tombe dessus, les bat dos et ventre, et se réfugie dans un rocher de la tribu de Juda. Ce qu'ayant appris, les Philistins montent au pays de Juda et y établissent leur camp, bien décidés à en finir avec ce voisin calamiteux. Les gens de Juda eux-mêmes ne peuvent s'empêcher de les plaindre et ils offrent de leur donner satisfaction en le leur livrant. Ils se mettent a trois mille pour le lier de deux cordes neuves et l'entraînent vers les Philistins qui à cette vue poussent des cris de triomphe ; et en effet il n'y a guère de chances que Samson échappé à trois mille hommes de Juda, Mais voici que les cordes qui serraient ses bras deviennent comme du lin roussi au feu, — Tagès eût dit comme du poil de chien roux, — elles tombent d'elles-mêmes, Samson est libre ! Il a donné le change aux trois mille de la tribu de Juda ; maintenant il va se tourner contre les Philistins. Nous sommes au mois d'août. Samson, jetant les yeux autour de lui, aperçoit une mâchoire d'âne fraîchement dépouillée[77], il s'en saisit et d'un coup abat mille Philistins, en criant :

Une troupe, deux troupes

Vaincues par une mâchoire d'âne !

Par une mâchoire d'âne

Mille hommes en déroute !

La première troupe, ce sont les trois mille de Juda qui croyaient si bien l'avoir lié ; la seconde troupe, ce sont les Philistins ; ils perdent mille hommes d'un seul coup de mâchoire. Les trois mille de Juda font semblant d'être émerveillés, mais n'ont rien perdu au change, ils sont toujours trois mille[78]. Leur chiffre montre qu'ils sont dans la confidence du système millénariste ; Samson répond au quatrième Cycle, un seul de ses jours est comme mille ans. De plus ils l'ont vu s'emparer de la tête d'âne qui répond au quatrième signe ; il est en règle avec la prophétie qui concerne Juda, patriarche de la tribu.

Sous la précédente Balance, il opérait à l'année, ici il opère au cycle. Quel progrès depuis la dernière Vierge ! Ce furent d'abord trente morts parmi les Philistins ; multipliés par les dix mois qui se sont écoulés depuis, ils ont produit trois cents chacals, lesquels, multiplies par les dix mois, ont produit trois mille hommes dans camp de Juda. Et voici qu'en un seul jour la tête d'âne a produit mille ennemis de moins sans qu'un cheveu soit tombé de celle d'un seul Juif. Samson doit avoir bien soif après ce beau coup, mais jetant sa mâchoire d'âne à terre il invoque l'Eternel : Toi qui as assuré cette grande victoire à la main de ton serviteur, le laisseras-tu maintenant mourir de soif et tomber au pouvoir des incirconcis ? Aussitôt Dieu fendit le rocher, et il en jaillit de l'eau qu'un âne véritable eut appréciée. Samson but, revint à lui, fut réconforté. Le lieu où il a jeté la mâchoire fut appelé Ramath-Lehi (le Jet de la mâchoire), et la source Source de l'Invocateur à Lehi (la Mâchoire), car quoiqu'il fut de Dan il avait invoqué l'Âne de Juda.

 

L'histoire finit sans que Samson nous ait donné le mot de l'énigme de l'Âne. Mais nous sommes assez familiarisés avec le testament astrologique de Jacob pour savoir que, réfugié chez les gens de Juda, il s'est mis sous la protection du Seigneur de l'Âne lorsqu'ils l'ont lié des deux attaches qui réunissent l'Âne et l'ânesse au Serpent. Il est bon de savoir, pour comprendre ses victoires, qu'en opposition avec le Dieu d'Israël qui est un dieu dévorant les Philistins adoraient celui de l'eau, Dagon, le dieu-Poisson, que le christ et son père appelaient Baal-Zib-Baal[79]. Le soleil est plus puissant que l'eau, l'Âne plus fort que le Poisson. Il en sera ainsi tant que par un accident quelconque Dieu n'aura pas perdu ses sept Esprits, les sept planètes[80]. Et c'est pourquoi, ayant révélé à Dalila le secret de sa clairvoyance divinatrice, s'étant laissé couper pendant son sommeil les sept boucles de sa naziréenne chevelure, s'étant ainsi privé de ses deux yeux, qui répondent au Soleil et à la Lune (les deux yeux de l'Eternel), Samson en est réduit a faire du Temple des Philistins un tombeau et a s'y ensevelir avec eux.

Les Ânes nous ont menés un peu loin, mais comme nous allons les retrouver dans l'histoire de Ménahem, d'où ils sont passés dans les Évangiles, il était nécessaire de faire ample connaissance avec ce signe, le plus judaïque et par conséquent le plus christien des douze signes du Zodiaque.

 

VIII. — LES PRODROMES DE LA RÉVOLTE CONTRE NÉRON.

 

Comme au temps du premier Jehoudda, un dénombrement auquel accéda le Temple fut le prétexte de la rébellion, dénombrement entrepris sous Gessius Florus, Cestius Gallus étant proconsul de Syrie[81], en 819, douzième année du règne de Néron. De quel droit Néron voulait-il savoir ce qu'était la force de la Ville pendant les Pâques ? De quel droit Florus demandait-il aux sacrificateurs d'établir le nombre des disciples de l'Agneau[82] par celui des victimes sacrifices, chaque été correspondant à une famille de dix[83] personnes ? — On trouva deux millions cinq cent cinquante six mille Juifs paschantes —. Et au nom de quelle loi juive le Temple prenait-il en main la conduite d'une enquête dirigée contre les saints défenseurs de la ville de David ?

 

Vers ce même temps Néron avait donne gain de cause aux Grecs de Césarée contre les Juifs. Deux ou trois ans auparavant, le Sénat avait décidé que le mois d'avril — le mois de l'Agneau, le mois du Christ — prendrait le nom de Néron ; Cerialis Anicius, consul désigné, avait proposé d'ériger aux frais de l'Etat un temple Divo Neroni, et c'est pour ces raisons que les christiens ont donné plus tard à Néron vainqueur le nom et le personnage de l'Antéchrist. Au milieu du mois de mai, Florus, si on en croit le Josèphe actuel, aurait sans aucun motif plausible fait tuer, déchirer à coups de fouet, crucifier plus de trois mille personnes parmi lesquelles se trouvaient des Juifs de l'ordre des Chevaliers. (C'était bien la peine de porter au doigt l'image de la Bête !) Quelques jours après et sans plus de motifs apparents que la première fois, ce monstre aurait fait charger les Juifs sortis de la ville pour rendre honneur a une cohorte romaine qu'il amenait de Césarée. Enfin tel est aujourd'hui le portrait de Florus que tout homme de cœur s'explique en un instant la révolte des Juifs sans qu'il soit besoin d'autre cause, et passe immédiatement du côté des révoltés. Notre surprise est d'autant plus grande qu'en vingt endroits, depuis l'entrée en scène de Jehoudda au Recensement de 761, Josèphe nous prépare à cette conclusion que la perte de la Judée est l'œuvre des seuls christiens.

 

Le grand-prêtre de cette année-là était Ananias[84], un des fils de Kaïaphas. Agrippa[85] était à Alexandrie auprès de Tibère Alexandre a qui Néron venait de donner le gouvernement de l'Egypte. La reine Bérénice, sa sœur et davantage, dit-on, était à Jérusalem où elle s'acquittait d'un vœu de naziréat pour la Pentecôte. Saül était auprès d'elle avec son frère Costobar et son fils Antipas[86], eux aussi en état de naziréat. En effet, si comme pupille de Rome Saül s'était engage fort avant dans la politique impériale, il n'avait point abjuré le judaïsme. Comme Juif, il célébra la pâque jusqu'à sa mort et ne connut jamais d'autre Cène que l'agneau du 15 nisan. Jusqu'a sa mort il célébra le sabbat et ne connut jamais d'autre jour d'assemblée. Jusqu'à sa mort il pratiqua les jeûnes selon le rite pharisien, et c'est pourquoi on a pu le rattacher au christianisme primitif, la théorie jehouddique n'étant que le retour au judaïsme jeûnant et pratiquant le sabbat et sacrifiant à la pâque. C'est au pupille de Rome que les christiens en voulaient, surtout à l'hérodien, au latinisant, au bourreau de la famille de Jehoudda. Mais, chose étrange, dans le Josèphe actuel Bérénice et son entourage ne s'estiment en danger qu'à cause de Florus ivre du sang des Juifs assermentés à l'Empire !

Bérénice, cette femme à demi-romaine par le mariage de sa sœur Drusille avec Félix, naguère procurateur de Claude, et qui latinisa au point de devenir la maîtresse de Titus ; Saül, ce pupille de Rome, cet acolyte de tous les représentants de l'Empire depuis Pilatus ; cette famille qui vit depuis près d'un siècle à l'ombre de César, qui tient tout de lui, qui vient d'agir pour lui à la pâque dernière, et dont le chef est en ce moment à Alexandrie pour accréditer le nouveau gouverneur d'Egypte, hérodien lui-même par alliance ; ces gens ne courent risque de la vie qu'à cause de leur loyalisme n'ont peur ici que des Romains, lesquels, à leur tour, ne combattent de Juifs que s'ils sont sans armes et ne les crucifient que s'il y a des chevaliers parmi eux ! En vérité c'est une maison d'aliénés ou bien c'est le procurateur et ses soldats qui sont en révolte contre tous les amis de Néron !

On sent très bien que le texte actuel de Josèphe renverse les faits qui ont marqué le commencement de la rébellion. Ces charges et ces exécutions ne pourraient avoir eu lieu que si elles avaient été provoquées. Tant de violences, répétées coutre des Juifs inoffensifs ou protégés de Rome, ne pourraient s'expliquer que par une passion de représailles portée au point où elle ne se contient plus. Les Juifs de Jérusalem vont en confiance au-devant de Florus, il les charge avec fureur ; entre dans la ville il les fouette et les crucifie sans savoir pourquoi, c'est le crime d'un fou, si d'autres Juifs, en une circonstance antérieure a cette date, ne sont pas convaincus d'avoir fait quelque chose de pis contre les Romains ou leurs amis. Crucifier des chevaliers, cela s'expie même au temps de Néron, et il ne faut pas croire que Florus fut resté en fonction s'il s'était rendu coupable de pareille monstruosité, alors qu'il eut été puni tout au moins de destitution s'il se fut attaqué à de simples citoyens. Le Civis romanus sum est une sauvegarde, l'Eques romanus sum en est une autre. Il n'y a qu'un parti pour lequel ce soit un arrêt de mort, c'est celui de Ménahem. Si des Juifs ayant sur leur anneau l'image de la Bête ont été crucifiés, ce n'est point par Florus ; si des Juifs sont allés au-devant de la cohorte que Florus amenait à Jérusalem, ce n'est pas pour lui présenter le pain et le sel. Florus n'est monte à Jérusalem que pour être massacré aux portes de cette Sainte ville.

 

IX. — NÉAPOLITANUS DANS LE TEMPLE AVEC SAÜL.

 

En effet, dans les derniers jours du mois de mai, Néapolitanus arrive, envoyé par Cestius Gallus, pour se rendre compte de la situation. Bérénice et Saül ne tremblent point à la vue d'un Romain. Agrippa, revenu d'Alexandrie, le fait accompagner par un des siens que nous savons être Saül jusqu'à la piscine de Siloé[87] de jehouddique mémoire[88]. Ensuite on monte au Temple, on y assemble le peuple, Néapolitanus le harangue, proteste de l'amour des Romains pour la paix, montre le respect dont il entoure la religion en adorant le dieu des Juifs, et, sans aller plus avant que la Loi ne le permet, pénètre dans les lieux saints.

Saül guide empressé, les lui fait visiter dans cette limite hérodienne que les disciples du Rabbi trouvaient trop large. Sur quoi Néapolitanus s'en retourne à Antioche, sans que personne ici réclame contre les cruautés et les perfidies dont Florus se serait rendu coupable la veille. Au contraire on est plutôt tenté de protester contre l'indolence de ce procurateur, car c'est à lui, s'il ne se berce d'une fausse sécurité, qu'incombe l'inspection dont vient de s'acquitter Néapolitanus.

 

Il est en effet passé, après la pentecôte et le départ de Néapolitanus, des choses que nous apprenons incidemment par un discours d'Agrippa aux habitants pour prêcher l'obéissance dont ils se sont écartés. Ce discours est une composition de rhétorique bien postérieure à Josèphe et dont le but est de faire le silence complet sur l'histoire du sicariat christien, depuis la révolte de Jehoudda jusqu'a celle de Ménahem[89]. Il a été introduit pour cela, c'est de toute évidence, lors de la christianisation de Josèphe par l'Eglise : passages sur Jean-Baptiste[90], sur Jésus-Christ[91], sur Jacques[92], transposition de faits, invention, suppression, supposition de motifs, interpolations, faux discours[93] et autres sophistications de même famille ou pour mieux dire provoquées par la  même famille. Le faussaire comme toujours a mal fait son travail, il n'y a pas glissé un seul mot des deux abominables tueries dont Florus se serait souille et dans lesquelles il aurait mis en croix des Juifs honores du titre de chevalier, ce qui non seulement eut Justine la révolte des autres Juifs, mais encore entraîné la révocation de Florus, suivie d'un châtiment exemplaire. Car nous approchons du règne de Ménahem, et cette recrudescence d'impostures n'est faite que pour sauver en lui la mémoire de celui de ses frères qu'on a promu Auteur de la vie. On a bouleverse tout Josèphe lorsqu'il s'est agi de le mettre en harmonie avec les mensonges d'Eusèbe chez lequel on lit que de la famille du christ il ne restait plus, en 819, que ses petits-neveux, les enfants de son frère Jude (Jehoudda-Toâmin). Les Ebionites, dit cet Eusèbe, les avaient emmenés avec eux au-delà du Jourdain, lorsque Titus mit le siège devant Jérusalem.

Si faux que soit le discours d'Agrippa, nous y apprenons des choses que nous ignorerions totalement sans lui. Nous voyons qu'Agrippa incite le peuple à relever la Galerie qui reliait le Temple à la forteresse Antonia, car les Kannaïtes[94] ont abattu cette Galerie pour faire barricade à l'Occident, du côté de la prison où avaient été enfermés les Bar-Jehoudda, les Shehimon et les Jacob, et du prétoire où avaient siégé les Pilatus et les Alexandre. Nous voyons aussi qu'Agrippa envoie des officiers dans tout le pays pour faire rentrer ce qui restait à payer du tribut.

Et nonobstant le beau discours qu'on lui prête, Agrippa, débordé, insulté, presque chasse à coups de pierre, se sent impuissant et se retire en son royaume après avoir envoyé des personnes considérables à Florus, lui demandant d'en choisir quelques-unes pour lever le tribut, car pour lui il s'en avoue incapable. Florus est encore à Césarée au moment où Agrippa lui déclare son impuissance ; il n'est donc pas venu à Jérusalem, avant Néapolitanus et Agrippa retour d'Egypte : nul ne se plaint des infamies qu'il y aurait commises. En revanche, quelqu'un, après le départ de Néapolitanus avait ordonné de refuser le tribut et il avait été obéi. Ce quelqu'un, c'est Ménahem, héritier de la promesse et goël-ha-dam[95] de toute sa maison. Les publicains avaient dû suspendre leurs opérations ; l'ethnarque avait essayé de les faire reprendre, il avait pas réussi. Ménahem avait ressuscité la doctrine qui semblait morte avec Shehimon et Jacob : N'appelez personne sur la terre votre Maître et votre Roi, vous n'avez qu'un Maître et qu'un Roi, comme vous n'avez qu'un père, et il est aux cieux[96].

 

X. — LE ROI-CHRIST DE 819.

 

En  même temps qu'il prêchait le refus du tribut et qu'il baptisait, — car pourquoi n'aurait-il pas baptisé ? Shehimon l'avait fait, et même Philippe si on en croyait les Actes, — passant a des œuvres plus vives, remuant tout, attirant à lui des gens de haute et basse condition, levant des brigands, prenant des voleurs pour gardes du corps, Ménahem montait à Jérusalem avec la bande christienne. Homme d'âge — il n'avait pas moins de soixante ans[97] — Ménahem n'est pas l'aventurier qui empoigne la couronne d'un bras robuste et l'enfonce sur sa tête, c'est le dernier représentant de la famille de l'Evangile, ici Joseph[98], Bar-Schabath[99], là Nathanaël[100], qui achève en lui la courbe monarchique commencée avec son frère aîné. Ce n'est pas le génie, c'est l'Apocalypse qui le fait roi-christ.

 

Un rival avait pris les devants dans Jérusalem. Éléazar, fils du sacrificateur Ananias, très populaire, très riche, très généreux, prétendait secrètement à la dictature et il avait des hommes à sa solde. Peut-être était-il christien à la façon de Jehoudda Is-Kérioth, mais comme Is-Kérioth il était anti-davidiste déterminé. On avait touché à la Loi en laissant Néapolitanus adorer dans le Temple ; à la voix d'Éléazar les officiers du Temple refusèrent les sacrifices offerts au nom de l'Empereur pour ne plus accepter que les victimes offertes par les Juifs. La Judée aux Juifs ! Tel était le cri de ce patriote renouvelé des Macchabées, c'est-à-dire incomplet pour un christien comme Ménahem, dont le cri de guerre était : Le monde aux Juifs !

Certes beaucoup de procurateurs ont abusé de leur mandat, versé dans le péculat, péché par excès de fiscalité. Aucun n'a rien fait contre la religion des Juifs. Cumanus punit de mort un de ses soldats pour avoir déchiré et foulé aux pieds un livre de la Loi. A la veille de la révolte finale, Néron, suivant l'exemple de tous les empereurs depuis Auguste, offre encore des sacrifices au Temple. Ses fonctionnaires respectent dans le dieu des Juifs comme un frère barbare de Jupiter Capitolin. Sacrifices, dons, présents, le Temple prend tout ce que les nations lui apportent en hommage, il est plein de ces précieux cadeaux. En Judée comme partout les Juifs repoussent jusqu'à l'idée d'une divinité qui ne soit pas la leur, mais leurs facultés préhensives ne s'en ressentent pas. Ils prennent toujours, le geste de donner est étranger à leur histoire jusqu'à Hérode[101]. Ils ne se contentent pas de l'indifférence envers les cultes étrangers, si semblables au leur pour les sacrifices, ils vont jusqu'a la haine et au mépris. La liberté religieuse n'existe même pas pour leur dieu : Iahvé n'est pas hors de leurs atteintes, ils l'ont circoncis. Au second siècle Luc a circoncis le Verbe après l'avoir incarné dans Bar-Jehoudda déjà circoncis légalement.

Les principaux de Jérusalem, tant sacrificateurs que pharisiens ou saducéens, Simon, fils d'Ananias[102], Saül, Antipas, Costobar, assemblent le peuple devant la porte de bronze qui regarde l'Orient et lui parlent comme Kaïaphas au sanhédrin dans l'Evangile : « A ces actes de révolte les Romains répondront par une guerre qui marquera la fin de la nation juive. Quelle cause porte les habitants a se soulever ? Les sacrifices célèbres au nom des Empereurs, le droit accorde aux étrangers, aux Romains d'entrer dans le parvis sont choses tolérées par les ancêtres depuis Hérode au moins !

 

Ne venait-on pas de les souffrir chez Néapolitanus jusqu'à la limite du sanctuaire affectée à ce genre d'hommages ? Le Temple est pour la majeure partie orné par les ex-voto des nations. Non-seulement on n'a point rejeté leurs victimes, mais on ne peut le faire sans impiété. Ce serait un grand crime en matière de religion que de ne permettre qu'aux Juifs d'offrir des victimes à Dieu et de l'adorer dans son Temple. Il était étrange qu'on voulût établir de nouvelles lois : contre un seul particulier, inhumaines ; contre tous les étrangers, injurieuses aux Romains... Si vous rejetez si hardiment les victimes des autres, ajoutèrent-ils, craignez d'être privés à l'avenir de la liberté d'en offrir par vous-mêmes ![103] A ces discours qui montrent la tolérance tout entière du côté des Juifs latinisants, et la Samarie tout entière du côté des Kannaïtes, christiens ou non, ceux-ci opposèrent l'ancienne Loi restituée par Jehoudda. Tout effort fut inutile pour la briser. En vain les scribes les plus instruits citaient-ils les exemples et les textes : les sacrificateurs eux-mêmes n'osaient plus se présenter à l'autel[104], craignant d'y succomber avant leurs bêtes.

 

Tandis que Simon, fils du grand-prêtre Ananias, allait chez Florus, Saül, Costobar et Antipas allaient vers Agrippa pour demander aide et secours contre le nouveau roi-christ qui approchait. Florus espérait-il en finir comme avec le premier ? Il répondit que c'était aux habitants de faire la police de la ville et du Temple[105]. Notons cette réponse évasive, et comme elle surprend un homme à qui on offre une occasion de recommencer, cette fois avec des raisons plausibles et contre des révoltés, les inexplicables attentats dont il s'est rendu coupable sur des chevaliers quelques jours auparavant. Après avoir abandonné l'inspection de Jérusalem à Néapolitanus, il abandonne aux hérodiens la défense de la ville et du Temple, enfin il laisse la garnison romaine exposée aux entreprises de Ménahem qui approche. Tous les moyens lui sont bons pour manquer à son devoir. Nous avons vu Pilatus monter de Césarée pour barrer la route au roi-christ de 788, Florus dit du roi-christ de 819 : Qu'il entre ! je reste. Où est cette humeur sanguinaire dont il a fait montré tout à l'heure contre des gens inoffensifs ? Moins rassuré, Agrippa envoya trois mille cavaliers auranites, bathanéens et trachonites sous le commandement de Darius et de Philippe Bar-Jacim, connus pour leur attachement à la politique hérodienne. Il vous souvient du Jacim qui, en 788, avait opère avec Saül contre Bar-Jehoudda et son beau-frère Éléazar[106], et après la pâque de 789 contre leur bande en fuite sur la route de Damas[107].

 

XI. — MÉNAHEM À MASSADA.

 

Eclairé par le lamentable exemple de son frère aîné qui s'était avancé en Samarie avec peu d'armes tranchantes et beaucoup de besaces vides, Ménahem ne se souciait pas de finir comme lui, comme Shehimon et Jacob. Il soulève Betléhem et Hébron ; se jette en Idumée, surprend Massada, coupe la gorge à toute la garnison romaine, et pille l'arsenal qu'Hérode avait établi dans la place[108], située à plus de cinq cents mètres au-dessus du niveau de la mer Morte, fortifiée par Judas Macchabée, renouvelée par Hérode, avec son château, ses murailles et ses trente-sept tours, Massada passait pour la plus solide de toutes les positions au sud de Jérusalem. Elle avait le renom d'être imprenable. A moins d'être forcée par un ennemi outillé comme un général romain, celui qui tenait Massada tenait toute l'Idumée, toutes les plaines jusqu'à Hébron, tombeau d'Abraham, capitale du premier royaume de David et grenier d'abondance bâti par la nature dans le lieu le plus fertile de toute la Judée.

Métilius occupait Massada, avec une simple centurie sans doute, lorsque Ménahem se présenta devant la place. Métilius ne pouvait songer à résister longtemps avec sa poignée d'hommes, loin de Jérusalem, plus loin encore de Césarée, en un lieu qui de cœur était déjà au roi-christ. Il se rendit à composition, offrant même de se laisser circoncire si ce sacrifice pouvait disposer favorablement les christiens. En outre, c'était un sabbat ; Métilius se croyait sous la protection de ce jour sacré. Il ignorait que le grand docteur Schammaï, maître de Jehoudda et interprète de la Loi, avait dit que s'il était défendu aux Juifs de faire plus de mille pas un jour de sabbat, il leur était permis de continuer jusqu'à la reddition de la place un siège commencé et de pousser à fond leurs avantages. Ménahem accorda la capitulation, mais à peine les Romains avaient-ils déposé les armes qu'il les fit massacrer jusqu'au dernier au mépris de l'honneur et de la parole donnée. Le voila roi de grand chemin, non comme Bar-Jehoudda en Bathanée, au delà du Jourdain, mais en Idumée, berceau d'Hérode, et dans la tribu de Juda. Le roi-christ selon l'Apocalypse, le voila enfin ! Ce que n'a pu faire l'aîné de ceux en qui était la promesse, le dernier fils de Jehoudda le fait. Il a des positions pour se défendre, il a des armes pour attaquer[109].

Sou plan était d'une clarté toute jehouddique ; la gent hérodienne et la gent sacerdotale le saisit tout de suite, faisant cause commune depuis le Recensement de 761, depuis que le Temple était comme le fief des Hanan et des Kaïaphas. L'aventure de Ménahem est la répétition exacte de celle de son père[110], avec cette différence qu'il fut tué hors du Temple. La même prétention le relie à Bar-Jehoudda : être tout, roi, juge et prêtre. L'idée christienne, c'est le cumul de toutes les tyrannies. On comprend l'éternelle lutte de l'Eglise contre tout pouvoir qui n'était pas elle.

Comme en 788 à côté de Bar-Jehoudda, on retrouve auprès de Ménahem un Éléazar, fils de Jaïr. Éléazar est un christien de la grande marque. Outre Éléazar, Ménahem avait auprès de lui un de ses fils ou de ses neveux, Absalomon, tous Naziréens, tous enchaînés par le  même vœu[111]. Couverts des lauriers cueillis a Massada, ils retournèrent à Jérusalem, tuant sur leur passage tout ce qui était romain ou juif adultère.

 

XII. — ENTRÉE DE MÉNAHEM DANS LE TEMPLE, LES INCENDIES ET LES EXÉCUTIONS.

 

À la fête de la Xilophorie, où l'on apportait au Temple le bois nécessaire à l'entretien du feu perpétuel, ils entrèrent en ligne, se jetèrent sur les gens pacifiques, les empêchèrent de vaquer a ce pieux devoir, s'emparèrent de la ville basse et du Temple d'ou les gens d'Agrippa essayèrent en vain de déloger ceux qui le profanaient d'une manière si criminelle. Saül faillit rester dans cette affaire. Contre celui qui avait introduit  Néapolitanus dans le Temple, — on disait : jusque dans le sanctuaire, — l'accord était complet. Parmi les Kannaïtes simples et les christiens, ceux d'Asie qui l'avaient vu persécuter Shehimon et Jacob, ceux de Grèce, ceux de Transjordanie, ceux de Judée, ceux de partout, on n'entendait qu'un cri : Qu'on ôte ce méchant, s'il n'est pas digue de vivre ! Et à la vérité, s'il n'est pas mort dans cette journée, c'est aux Romains qu'il le doit ; d'après les Actes, à un tribun de Florus[112].

Maîtres du Temple et du bois de la Xilophorie, ils brûlèrent la maison du grand-prêtre Ananias, le palais d'Agrippa et de Bérénice, le greffe des Actes publics et, afin d'attirer à leur parti les débiteurs, anéantissent tous les titres de créance qui y étaient conservés. Ils chassent de la ville haute ceux qui tenaient pour Agrippa ; Ananias se réfugie clans les égouts du palais, avec quelques-uns des sacrificateurs et des principaux magistrats. La promptitude de cette détermination et le choix de cette retraite montrent qu'Ananias était tenu pour responsable des diverses sentences que le sanhédrin avait successivement rendues contre quatre des démons de Maria. Son frère Ézéchias l'avait spontanément suivi dans cet égout collecteur de sanhédrinards antichristiens. Saül, Costobar, Antipas et Simon gagnèrent le palais d'Hérode dont ils fermèrent les portes derrière eux. C'était le 14 août. La chasse aux hérodiens durait déjà depuis longtemps. C'est dans ces lugubres journées que sont tombes les trois raille Juifs de tout sexe et de tout âge, déchirés à coups de fouet et crucifies, les uns et les autres en expiation des peines qu'ils avaient, eux ou leurs pères, décrétées contre la famille de Jehoudda et ses partisans après le Recensement de Quirinius. Si la loi de gheoullab ne reçut pas une application plus vaste, c'est par des circonstances indépendantes de la volonté des meurtriers.

 

On lit aujourd'hui dans Josèphe que le siège du haut palais était commencé depuis plusieurs jours, lorsque Ménahem en personne revint de Massada. Dans ce système il aurait été étranger à tous les événements de la Xilophorie. Mais peu importe qu'il fût absent ou présent lors de ces exploits, il en est l'unique bénéficiaire. S'il a été proclame roi des Juifs, s'il a fait son entrée dans Jérusalem comme il est dit dans les Evangiles actuels, à califourchon sur les deux Anes symboliques, s'il a foulé un tapis fait avec les manteaux de ses partisans agitant des palmes, si, vêtu de pourpre et la couronne sur la tête, il a pénétré dans le Temple au milieu des acclamations : Bar-David ! Bar-David ! Hosannah ! Gloire à notre père David ![113] ; s'il n'a pas rencontré l'ombre d'une résistance dans ce triomphe longtemps attendu, c'est qu'il était maitre du Mont des Oliviers et des lieux saints, soit par lui-même avant d'aller à Massada, soit par son lieutenant bar-Jaïr que le désir de venger son frère[114] animait d'une fureur inextinguible. Éléazar Bar-Ananias s'était rendu très fort par la délibération qu'il avait arrachée aux prêtres de supprimer toutes les offrandes et tous les sacrifices offerts par les non-circoncis ; de plus il avait des troupes avec lesquelles il renversa Ménahem le mois suivant : s'il eût été maître du Temple et de la ville à la réserve du haut palais, avant que Ménahem parut sur la Montagne des Oliviers, jamais il ne se serait retire devant lui ; il n'aurait pas attendu pour faire l'épreuve de sa force que Ménahem eut épuisé sa tyrannie, car le roi-christ n'aurait eu à son actif que son exploit contre Mételius au fond de l'Idumée. Donc le Temple était au pouvoir de Ménahem avant la Xilophorie.

 

 

 



[1] Cf. le Charpentier, t. I du Mensonge chrétien.

[2] On a tort de croire que Tacite est inimitable. Aurelius Victor l'imitait fort bien.

[3] On utilise les bêtes introduites dans ces histoires par l'interpolateur de Tacite.

[4] Cf. le Charpentier et le Roi des Juifs.

[5] Tacite : Eo ipso tempore fore ut valesceret Oriens, profectique Judea rerum polirentur (Histoires, V, 13). Suétone (Vespasien, IV) : Ut eo tempore profecti Judea rerum potirentur.

[6] Par contre on a fait disparaître de l'Apocalypse les douze Apôtres, juges ou pour mieux dire bourreaux des nations. Cf. le Roi des Juifs.

[7] La prophétie de Michée, citée dans l'Évangile de Mathieu : De toi, Betléhem-Ephrata, une des plus petites villes de Juda, sortira celui qui, etc., n'est qu'une diversion.

[8] Luc, XXIV, 21.

[9] Guerre des Juifs, liv. III, ch. XIV, et liv. VII, ch. XII.

[10] Genèse, ch. XLIX, 10-12. V. le Roi des Juifs.

[11] Celui qui doit libérer et sauvé Israël du milieu des nations. D'où la vertu attachée à l'eau de la fontaine de Siloé. Cf. le Roi des Juifs.

[12] Juda, vainqueur des nations.

[13] La Vigne du Seigneur. Toutes les paraboles évangéliques viennent de là, nous les examinerons en leur temps. Vous vous rappelez aussi le Christ vendangeur qui foule les Juifs non xénophobes dans sa cuve et verse aux païens le vin de sa fureur. (Cf. le Roi des Juifs.)

[14] Au plant de Sorek, dit la traduction Ledrain.

[15] Impossible de savoir comment ont fini Jehoudda Toâmin et Philippe.

[16] En effet on ne le voit pas descendre de sa double monture avant d'entrer dans le Temple.

[17] Cf. le Charpentier.

[18] Les populations que les rois d'Assyrie établirent en Samarie firent comme avait fait Abraham, elles amenèrent leurs dieux ou en fabriquèrent de semblables à ceux des villes dont elles étaient originaires. Celles qui venaient d'Avah se firent un Thartak (IV Les Rois, XVII, 31) tandis que celles qui venaient de Sépharvaïm continuèrent à passer leurs enfants au feu en l'honneur d'Adra-Melech et d'Ana-Mélech qui sont l'un et l'autre un Moloch semblable à celui des Juifs.

[19] Voir plus loin, au chap. V, L'ânesse de Balaam.

[20] Voir les curieuses figures qu'en donne M. Bouché-Leclercq, Astrologie grecque, Paris, Leroux, 1899, in-8°, p. 137.

[21] Mathieu, XXI, 7.

[22] Columelle, De re rustica, II.

[23] Tacite, Histoires, V, 5.

[24] Rappelons pour la centième fois que le surnom évangélique de Jehoudda, Zibdeos (le Verseau), est tiré de Zib.

[25] Diodore, XXXIV, 1.

[26] Il existe une variante dans laquelle on lit sept ans. Mais c'est évidemment trois, l'Âne correspondant au troisième signe.

La tribu d'Issachar avait eu également l'Âne pour signe : Issachar est un âne robuste. (Genèse, XLIX, 14.)

[27] Jacob dit de Siméon et de Levi : Ne t'associe pas à leurs desseins, ô mon âme ! Mon honneur, ne sois pas complice de leur alliance ! Car dans leur colère ils ont immolé des hommes. (Genèse, XLIX, 6.) Dans la prophétie de Jacob à Juda Siméon et Lévi occupent le signe des Gémeaux. C'est pourquoi ils sont alliés.

[28] Voltaire, dans son Traité de la tolérance, a confondu ce Thartak avec le Veau cardinal de l'Arche de Salomon.

[29] Il est encore représenté dans le Temple au temps d'Ezéchiel. Cf. le Charpentier.

[30] Propos de table, IX, 5.

[31] Tacite, Histoires, V, 3.

[32] Tacite, Histoires, V, 4.

[33] Tacite, Histoires, V, 4.

[34] Le mot, un vieux mot araméen, veut dire âne. (Cf. Daumer, dans Qu'est-ce que la Bible ? publié par Ewerbeck, Paris, 1850.)

[35] De Zib, poisson, d'où est venu Zibdeos, un des surnoms du père du christ. Cf. le Charpentier, t. I du Mensonge chrétien.

[36] Iahvé est un progrès sur Moloch, — c'est Moloch sublimé — mais l'autel des holocaustes qui lui sont consacrés porte encore aux quatre angles les cornes du taureau en souvenir de son premier état. (Exode, XXXVIII, 2 ; Ézéchiel, XLIII, 15.)

[37] Baal-Phégor est encore un dieu-âne, mais pas du côté de la tête. D'où la vieille fable milésienne de l'Âne d'Or, reprise et moralisée par Lucius de Patras, Lucien et Apulée. Les Écritures ne font aucune difficulté d'avouer que les Juifs se sont prostitués à Béor, non pas seulement au désert pendant les guerres du Mage (ou guerres de Moïse, c'est le titre de l'ouvrage d'après lequel ou pour mieux dire contre lequel ont été fabriqués l'Exode, les Nombres et d'une manière générale tout ce qui concerne le libérateur), mais pendant plusieurs siècles après David. C'est une vérité qui s'imposera lorsqu'on se décidera à mettre les faits au-dessus des écritures, les choses au-dessus des mots, la pénible honnêteté des aveux au-dessus des fourberies sacerdotales.

[38] Devant le quatrième signe où, de par la Loi, elle doit obéissance au mâle. L'autre est le Lion-kéroubim ou cardinal.

[39] Il est dit dans la Genèse (XLIX, 9), déjà citée :

Juda est un jeune lion. Tu reviens du carnage, mon fils ! Il ploie les genoux, il se couche comme un lion, comme une lionne. Qui le fera lever ?

[40] Nombres, XXV, 17.

[41] L'Italie.

[42] Les Assyriens et les Hébreux.

[43] Les Nombres, ch. XII-XXV.

[44] Surmontée d'un cercle plus ou moins régulier. Nous en donnons l'image au ch. Lancement du Gogotha.

[45] La Sagesse, XVI, 5-7.

[46] Serpent qui est d'airain. IV Rois, XVIII, 4.

[47] Cf. Le Roi des Juifs, t. II du Mensonge chrétien.

[48] Les quatre points cardinaux.

[49] L'Orient et l'Occident.

[50] Le Verseau.

[51] Cf. le Charpentier.

[52] Le Testament, c'est l'ensemble des prophéties relatives à la prédestination juive. L'Arche du témoignage, c'est le magasin aux idoles représentatives de ces prophéties. Qu'est-ce que l'Apocalypse ? L'exécution de ce testament par les signes originaux.

[53] Genèse, XLIX, 16.

[54] La vipère d'Égypte, une des espèces les plus venimeuses.

[55] Le cavalier assyrien, redoutable aux Hébreux pastoraux, et celui de Pharaon, redoutable aux Juifs d'Égypte.

[56] M. Zadoc Kahn lit : Manassé ou de la tribu de Manassé. Mais d'accord avec la Vulgate le Talmud lit : Moïse, et c'est incontestablement la bonne leçon. L'idole avait été fabriquée par un homme d'Éphraïm, nomme Micha (Juges, XVII, 4) qui est le même nom que Moché, Mage, dont on a fait Moïse, et son premier prête était (Juges, XVII, 7) né à Betléhem, de la famille de Lévi et de la famille de Juda, exactement comme le roi-christ d'après les Évangiles synoptisés.

On ne donne pas le nom de ce lévite au commencement du chapitre relatif à cette idole, et nous pensons qu'on l'a fait exprès, car ce ne peut être que Jonathan, petit-fils de Moïse. Jamais les Danites ayant enlevé à Micha son idole et son lévite n'auraient été prendre un petit-fils de Manassé pour servir leur dieu.

[57] Vengeance.

[58] Le premier Jugement est celui qui devait avoir lieu à partir du 15 nisan 789. Cf. le Roi des Juifs.

[59] Le Serpent-Chronos, dieu du Temps. C'est le même que Satan.

[60] Nous avons déjà fait observer plusieurs fois que, ni l'Apocalypse ni le Fils de l'homme ne s'étant réalisés, Satan est toujours au ciel.

[61] Cf. le Roi des Juifs.

[62] Quatrième Évangile, III, 15.

[63] Serpent d'airain.

[64] Genèse, XXX, 6.

[65] Deutéronome, XXXIII. 22. C'est une des mille preuves que toutes ces Écritures sont modernes relativement à la date qu'on leur prête. Le Serpent était devenu gênant pour le peuple de Dieu.

[66] Josué, XX, 40 et suiv.

[67] Jehoudda, père du christ et véritable auteur du christianisme.

[68] Josué, XX, 16. Ces deux localités répondent d'assez près à celle qu'on désigne aujourd'hui sous le nom de Kiriath dont était Is-Kérioth et Lydda où Bar-Jehoudda fut arrêté par celui-ci.

[69] Cf. Le Charpentier.

[70] Juges, XIV, XV, XVI.

[71] La fête des Tabernacles marque l'équinoxe d'automne. Cf. le Charpentier et le Roi des Juifs.

[72] Sur la foi de M. Germain Lévi, rabbin de Dijon, dont l'érudition est en général très sûre, on peut croire que Samson, s'il a existé, s'est réellement marié. M. Germain Levi (La famille dans l'Antiquité israélite, Paris, 1905, in-8°) classe l'énigme de Samson dans les cas qui éclaircissent la législation matrimoniale.

[73] Toujours les trente deniers d'Is-Kérioth ! Le compte en est fait depuis la Genèse.

[74] On lit : le septième dans quelques versions, mais c'est évidemment le quatrième, jour de la création du soleil. Ils ne sont pas en état de comprendre une énigme solaire avant le quatrième jour.

[75] Le signe qui succède à la Vierge.

[76] La journée juive n'est que de douze heures. Il faut la doubler pour avoir la journée idéale, la journée sans nuit. c'est pour cette raison que Luc a dédoublé les trente-six Décans annuels dont il a fait les soixante-douze disciples de Jésus, en dehors des douze apôtres. Cf. le Roi des Juifs.

[77] Pour calmer le zèle comburant du Chien, comme on en faisait à Rome.

[78] Ils sont sous la protection des trois premiers signes, Agneau, Taureau, Gémeaux.

[79] Cf. le Charpentier.

[80] Cf. le Roi des Juifs.

[81] Josèphe, Guerre des Juifs, l. VI, ch. XLV, 498.

[82] C'est le nom que prennent dans l'Apocalypse les Juifs initiés au secret de leur divine extraction et de leur royale destinée.

[83] Division légale et qui fait ressembler chaque famille à un des décans gouvernés par les douze signes.

[84] Assassiné avec son frère Ézéchias par ordre de Ménahem, comme vous le verrez dans un instant. Vous chercheriez en vain cette filiation dans Josèphe, elle a disparu. Nous n'en avons la preuve que par les Actes des Apôtres, où elle se dissimule avec un art infernal. C'est en vain aussi que vous chercherez le nom de ce grand-prêtre sur la liste dressée par M. Stapfer (La Palestine au temps de Jésus-Christ.)

Mais y avez-vous trouvé celui de Jonathan, assassiné par les mêmes christiens ? (Cf. le Saint-Esprit.)

Trouvez-vous celui de Ménahem dans les Histoires ecclésiastiques.

[85] Agrippa II, ethnarque, protecteur du Temple.

[86] Josèphe ne dit plus qu'Antipas fût le fils de Saül, mais une phrase des Actes des Apôtres, XXIII, 16, et la suppression dans Josèphe de ce qui touche la mort de cet Antipas, tué par les gens de Ménahem, comme nous le verrons tout à l'heure, ne nous permettent guère d'hésiter.

[87] Guerre des Juifs, l. II, ch. XXXVIII, 194.

[88] Cf. le Roi des Juifs, t. II du Mensonge chrétien.

[89] Josèphe, Guerre des Juifs, l. II, ch. XXIX, 197.

[90] Cf. les Marchands de Christ.

[91] Cf. les Marchands de Christ.

[92] Cf. le Saint-Esprit.

[93] Citons parmi les plus scandaleux celui d'Éléazar, beau-frère des deux rois-christs, après la chute de Jérusalem.

Dans le  même ordre d'idées nous avons démontré la fausseté de la Lettre d'Agrippa Ier dont fait état le texte actuel de la légation de Philon à Caligula. Cf. les Marchands de Christ.

[94] Nom des disciples de Jehoudda avant qu'on ne les appelât Sicaires.

[95] Vengeur du sang.

[96] Cf. le Charpentier.

[97] Son père ayant été tué en 761, il faut nécessairement que Ménahem soit né avant cette date, le Saint-Esprit ayant épuisé tous ses moyens dans la conception de Bar-Jehoudda.

[98] Mathieu, XIII, 55.

[99] Actes des Apôtres, II. Cf. les Marchands de Christ.

[100] Dans le Quatrième Évangile, I, 45-49.

[101] Il était généreux et surtout comparé à David, intelligent.

[102] L'Ananias, fils de Nébédaïos, qui avait été grand-prêtre sous Tibère Alexandre, ou peut-être celui qui était grand-prêtre sous Florus.

[103] Josèphe, Guerre des Juifs, l. II, ch. XXI, 199.

[104] Josèphe, Guerre des Juifs, l. II, ch. XXI, 199.

[105] Guerre des Juifs, livre II, ch. XVII, 4.

[106] Cf. le Roi des Juifs.

[107] Cf. les Marchands de Christ.

[108] On lit dans Josèphe (Guerre des Juifs, l. II, ch. XXX, 198) que le fait s'est passé peu de temps après qu'Agrippa eut quitté Jérusalem. Cela est d'autant plus certain qu'il ne peut être que postérieur au départ de Neapolitanus.

Voir sur la carte Massada, aujourd'hui Es-Sebbe.

[109] On lit dans Josèphe que la reddition de Métilius a eu lieu à Jérusalem. Nous n'en croyons rien pour la raison que nous allons dire.

[110] En effet Jehoudda s'était emparé du Temple au Recensement de 761.

[111] Les rabbins tiennent qu'Absalon l'ancien, fils de David, était nazir perpétuel. (Wagenseil, Sota, Altdorf, 1674, in-8°, p. 213.)

[112] Affaire avancée de sept ans et placée sous Félix, comme vous le verrez tout à l'heure au chapitre la Ceinture du frère Jacques.

[113] En effet, c'est à l'entrée de Ménahem que nous assistons dans les Évangiles synoptisés. On l'a cousue à la triste aventure de son aîné qui, comme vous l'avez vu dans le Roi des Juifs, a été arrêté la nuit à Lydda par Jehoudda Is-Kérioth et amené prisonnier à Jérusalem la nuit du 14 nisan, veille de la Pâque.

[114] Tué par les hérodiens quelques jours avant la pâque de 749. Cf. le Roi des Juifs.