LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME IV — LE SAINT-ESPRIT

V. — LE CHEMIN DE LA CROIX.

 

 

I. — ÉMEUTES ANTIJUIVES D'ALEXANDRIE ET DE SÉLEUCIE.

 

L'histoire va faire bien maigre figure, succédant à ces mensonges replets, à ces impostures fleuries. Quel accueil ferez-vous au prince Saül quand il reprendra les choses au point où les ramènent son origine amalécite, ses alliances avec Sergius Pantins, gouverneur de Chypre, avec Tibère Alexandre, candidat à la procurature de Judée, avec Hérode, roi de Chalcis, protecteur du Temple et cintre de pourvoir à la nomination des grands-prêtres, c'est-à-dire en plein milieu hérodien et romain, Vous ne voudrez plus le reconnaître, Cependant, comme il réclame énergiquement la contremarque dont s'est emparé l'Esprit-Saint pour la donner à Peules, force nous est du la lui rendre.

Vous rappelez-vous la parodie de royauté juive que les Alexandrins imaginèrent, un souvenir de celle qu'avait rêvée Bar-Jehoudda, et qu'ils confièrent au fou Bar-Abbas ?[1] Ils ne s'en tinrent pas à cette mascarade imitée de la scène cruelle qu'avaient vue jouer dans le prétoire de Pilatus leurs compatriotes présents à la pâque de 789. Flaccus, proconsul de Syrie au moment eh Bar-Jehoudda courait la Judée, nourrissait de mauvaises dispositions pour les Juifs, non à cause de cette révolte qui avait été peu de chose en somme, mais à cause de l'Apocalypse qui, répandue dans les colonies juives d'Asie et d'Égypte, allumait la haine contre Rome parmi tous les mécontents.

Devenu gouverneur d'Égypte, il ne lui déplut pas que les Alexandrins fissent le sac du quartier juif dont les synagogues se fermaient à toutes les images de l'Empire.

A vrai dire, ils méditaient le coup depuis longtemps, guettant l'occasion de jeter les Juifs dehors, se sentant eux-mêmes expropriés par ce million d'étrangers qui vivaient d'eux et dont les chefs pouvaient commanditer des rois[2]. Philon, qui conte la chose, ne dit sans doute pas toute lit vérité ; du moins il l'accommode, rejetant presque tout le mal sur Flaccus, glissant sur lit cause profonde, et travaillant surtout à exciter la pitié pour les victimes. Toutefois il laisse échapper ce cri : Il y avait, dit-il, deux sortes de sujets, NOUS et le reste des citoyens... C'est bien cela, ce sont les trois tiers égyptiens qui, avec le temps, étaient devenus reste sous l'effort des deux quartiers juifs.

Tranquilles sous Auguste et sous Tibère, les Juifs du dehors avaient rendu à l'Empire la paix que ceux de Rome en recevaient. Il faut lire dans Philon la louange de ces deux grands empereurs, dont l'un poussa la condescendance envers les Juifs jusqu'à remettre au lendemain les distributions de vivres qui tombaient le jour du sabbat, et dont l'autre recommandait à ses gouverneurs d'assurer partout la tranquillité des Juifs, exception faite pour les rares sujets qui étaient entrés dans la conspiration de Séjan. Tout changea sous Caïus[3] et par des motifs qui ne sauraient être aussi anodins que ceux dont parle Philon, car, quelle que fût l'humeur sanguinaire de ce prince, il n'est pas possible d'admettre que les railleries de l'égyptien Hélicon, son valet de chambre, et les bouffonneries de l'ascelonite Apellès, son comédien ordinaire, aient suffi à déterminer l'aversion qu'il marqua tout à coup pour les Juifs. Hélicon aurait eu auprès d'eux ln renommé d'un honnête homme et serviable, s'ils eussent réussi à l'acheter, comme ils essayèrent. Apellès eût passé pour fort estimable, malgré sa profession, si, comme tous les gens d'Ascalon, il n'eût été capital ennemi de ceux de Jérusalem. Le réveil subit du sentiment antijuif dans Alexandrie, la constatation des habitants qu'ils n'étaient plus chez eux et que les Juifs y dominaient à l'abri de leurs lois et de leurs coutumes, rien de tout cela n'eût retenti sur Citrus, si, dans le même temps, par un hasard sur lequel Philon s'explique mal, les Zélotes de Judée n'eussent renversé l'autel de brique élevé à l'Empereur pur les étrangers de Jamnia et ne se fussent émus à l'idée qu'il eut de se faire dresser, sous les traits de Jupiter, une statue d'or dans le sanctuaire même du Temple. Cette idée, notons-le, est une réplique évidente à la prédication de Jehoudda et à la révolte de ses fils. En même temps, Caligula ordonnait aux Juifs alexandrins de placer son image dans leurs proseuques[4].

 

Sur les troubles provoqués par cette mesure nous n'avons absolument que ce qu'eut dit Philon, Leurs véritables causes, les causes séculaires, étaient dans l'Histoire d'Egypte du grammairien Apion dont le troisième livre était rempli d'accusations contre les Juifs. Nous ne l'avons pas, et c'est d'autant plus fâcheux qu'Apion, franc égyptien, né dans la Grande Oasis et, naturalisé alexandrin, faisait partie de la délégation chargée de combattre Philon devant Caïus. Non seulement nous n'avons plus Apion[5], mais nous n'avons plus tout Philon, et la main de l'Eglise a falsifié ce qui nous en reste. Philon dit qu'avant de drosser des statues dans les proseuques, le gouverneur Flaccus aurait dû tenir compte de la religion des Juifs qui y était contraire. Cela n'explique pas les horreurs qu'on accumula contre eux. Philon glisse sur le sons intime de la manifestation dirigée contre l'Apocalypse dans Alexandrie, et on ne saurait le lui reprocher, puisqu'il est Juif, avocat des Juifs, délégué par eux auprès de Caligula pour les défendre, et frère du commanditaire d'Agrippa.

C'est par les raisons les plus hautes et les plus nobles qu'il justifie l'opposition des Juifs aux folies de Caligula qui se disait Dieu et voulait être honoré comme tel, prenant tour à tour les attributs de Bacchus et d'Hercule, le caducée de Mercure et la couronne d'Apollon. Qui sait même si inspiré par l'Apocalypse du christ davidique, il ne prétendait pas régner pendant mille ans avec Jupiter Capitolin ? Dès le berceau, dit Philon de ses coreligionnaires, leurs maîtres, leurs précepteurs et, par-dessus tout leurs lois saintes et même les usages qui ne sont pas écrits, tout leur enseigne à croire en un seul Dieu, père et créateur du monde. Evidemment, et tel Bar-Jehoudda, Caligula n'avait rien de ce qu'il faut pour s'égaler an Dieu suprême et éternel, mais lu question n'est pas lit du tout. Les sept plumiers mois de son règne furent, des mois de délices et de fêtes pour le monde entier : ce n'est pas à Caïus dieu, c'est à Caïus empereur que les Juifs refusent d'élever des statues. Que les Alexandrins en élèvent, s'ils le veulent, notre Loi nous le défend ! Nous regrettons qu'elle soit en opposition avec celles des Alexandrins, mais nous n'obéirons pas ! A quoi je suppose que les Alexandrins répondirent : Nous sommes ici chez nous, nous avons le plus grand intérêt à ménager les Romains avec qui nous vivons en paix et entretenons de bonnes relations commerciales ; si les Juifs ne sont pas contents, qu'ils s'en aillent, comme la première fois, mais sans emporter l'argenterie !

Pour que Flaccus, jusque-là pacifique et prudent, ait suspendu les droits politiques accordés aux Juifs et rendu un édit qui les traitait en étrangers, il a fallu beaucoup mieux que les prétextes invoqués par Philon. La preuve, c'est qu'après Flaccus, un autre gouverneur n'eut pas plus de crédit pour arrêter les troubles. Il y avait là quinze cents ans de haines accumulées et dont l'explosion n'était point due à la spéciale dévotion des Alexandrins pour l'image en bronze de Caïus. L'entrevue des députés juifs avec l'Empereur — Philon les conduisait[6], — est une chose d'une bouffonnerie épique. Caligula n'y apparaît nullement comme un possédé, mais bien comme un railleur de haute envergure. Philon pour se venger le fait finir sur une bêtise, mais tout le reste, le colloque sur les sacrifices et sur la viande de porc, toute cette scène, déjà si pittoresque, semble avoir été d'une ironie supérieure. La politique n'y perd pas ses droits : Nous voulons savoir quelles sont vos lois, dit l'Empereur dans un mouvement de colère. A la fin il les laisse aller, un peu étonnés toutefois de se retirer libres. Ils avaient peur d'être arrêtés, car les nouvelles de Judée n'étaient pas bonnes pour eux.

 

Une émeute antijuive dans Alexandrie, la question juive discutée pour la première fois devant un empereur, enfin cinquante mille Juifs tués dans Séleucie par les Grecs unis aux Syriens, rien de tout cela n'est né du cerveau malade de Caïus. C'est le principe posé par Jehoudda qui s'étend hors de la Judée, la prédominance juive qui s'affirme en dogme légal. Sans doute Caligula n'est qu'un pitre sinistre. Après Tibère qui, lui, n'est dupe de rien, et se juge petit, en comparaison de la bassesse publique, c'est un brusque contraste que Caligula se croie grand et qu'il s'attribue la majesté divine, sur la foi que lui donne la platitude universelle. Ces gens naissent idoles, rien d'étonnant à ce qu'ils se croient dieux. En doutent-ils ? On les rassure, on les persuade jusqu'à ce qu'à leur tour ils le déclarent. La nuit Caligula invite la Lune à venir partager sa couche ; le jour, il entre en coquetterie avec Jupiter, à qui des deux enlèvera l'autre. Une Assomption réciproque ! Bar-Jehoudda n'avait pas prévu cela ! C'est qu'il avait des exigences plus hautes, il prétendait que Iahvé descendit à sa requête. Caligula, dans ses songes se voyait assis au ciel, à la droite de Jupiter, et ne touchait terre qu'au réveil. Sauf le respect dû au sang de David, Caligula, lui aussi, se croyait christ ! Ce qu'il osait rêver la nuit, les yeux fermés, c'est ce que le Joannès avait vu en plein jour, les yeux ouverts.

 

 

II. — AGRIPPA Ier, ROI DE JUDÉE.

 

Pendant que l'émeute grondait dans Alexandrie, Pétrone, successeur de Vitellius, vint de Syrie en Galilée, s'installa dans Tibériade avec sa légion, tandis que les gens sages faisaient renoncer Caïus à avoir sa statue dans le Temple, ce qui prouve qu'il n'était pas absolument fou. L'orage zélote passa comme il s'était formé. Il restait encore cinq Boanerguès, cinq Fils du tonnerre dans la famille de Jehoudda. Roulèrent-ils en Asie ? C'est probable, mais quoique l'opinion fût 4V00 eux cette fois-là, il semble que le Verbe où pris plaisir à réalise contre eux les calculs de l'alabarque Alexandre[7] : par la grâce de Caïus et de Claude, Agrippa reconstitua entre ses mains presque tout le royaume d'Hérode, Bathanée et Galilée comprises, et jusqu'à sa mort il n'y eut plus de procurateur romain en Judée. D'affreux naziréens, liés par un commun vœu, avaient laissé pousser leurs cheveux jusqu'au rétablissement de la royauté hérodienne ; Saül en était peut-être[8]. Agrippa les leur fit solennellement couper dans le Temple et ce fut un nouveau coup pour les Naziréens davidistes, le même régime pileux servant à justifier devant Iahvé deux politiques opposées. Pour accentuer ses préférences saducéennes, Agrippa mit sur le siège pontifical un troisième fils de Hanan, un troisième beau-frère de Kaïaphas, Mathias, frère de ce Jonathan et de ce Théophile, que Vitellius avait précédemment appelés à la grande sacrificature.

La haine des christiens contre Agrippa ne fit qu'augmenter, lorsqu'ils le virent tenir compte de l'existence des païens dans sa politique intérieure, et encore plus lorsque le sanhédrin, interprétant la Loi dans le sens de la tolérance, se préoccupa de les assister dans le besoin et les maladies, de les soigner comme faisant partie du prochain. De telles ordonnances révoltèrent sans doute le vertueux Shehimon, surtout lorsqu'étendant à ces chiens l'hospitalité de la terre suinte, naguère refusée à Bar-Jehoudda, le sanhédrin résolut d'assurer à leurs morts une sépulture honorable. Le Champ du potier dans lequel, le 14 nisan 788, les habitants de Jérusalem avaient trouvé Jehoudda Is-Kérioth, crevé par le milieu, les entrailles répandues, était bien digne d'une pareille destination ![9]

Ce fut un soulagement lorsque mourut[10] ce protégé de la Bête, pendant les fêtes qu'il donnait à Césarée, en l'honneur de l'anniversaire de Claude, son maître[11]. Il avait été aussi romain que pouvait Pétra un Juif, endormant le pays dans un faste presque impérial, construisant des théâtres et des amphithéâtres, et plagiant Rome dans les usages qui la déshonorent, jusqu'à faire combattre dans Béryte quatorze cents condamnés qui s'y exterminèrent.

 

III. — RETOUR DE LA BÊTE ET RÉVOLTE DE L'APÔTRE THEUDAS.

 

Agrippa étant mort laissant un fils trop jeune pour lui succéder, Claude envoya Cuspius Fadus pour gouverner l'ingouvernable Judée. Au fond de leur retraite en Bithynie, Shehimon et Jacob recommencèrent à prêcher contre la Bête qui revenait dans Césarée au mépris de l'Apocalypse. Le Joannès qui vivait toujours, quoi qu'en dissent les gens de Jérusalem, ne serait pas content. La Judée les entendit, ils avaient des voix de tonnerre, comme vous savez. Le pays se meubla de voleurs, de pillards et d'assassins que le Verbe délivrait de tout remords. Sacs de villages à villages vers le Jourdain, bandes mettant les bourgs à rançon, à feu et sang vers l'Idumée, on eut tous ces fléaux à l'état endémique. Theudas le prophète se leva, entraînant le peuple au-delà du Jourdain. Theudas, disciple de Jehoudda, était de la famille sans doute, — l'Évangile lui u fait l'honneur de le porter sur la liste des douze apôtres du millénarisme, sous le nom de Thaddée. Josèphe, qui seul rapporte son aventure, ne donne plus le lieu de se naissance. Il réunit ses ouailles au-delà du Jourdain, dans les districts qui avaient vu les exploits de Jehoudda, d'Eléazar et du Nazir, il leur persuada de vendre leurs biens, de le suivre avec l'argent et de passer le Jourdain, disant qu'il était prophète et que d'une seule parole il arrêterait le cours du fleuve pour le leur faire passer à pied sec.

Theudas voulait recommencer Josuah qui, conduisais sa horde de l'Orient à l'Occident, vers Jéricho, avait, par un bienfait de Iahvé, passé le Jourdain à pied sec. Afin de conclure au miracle, on a fait remarquer qu'aujourd'hui il n'y avait plus de gué au Jourdain. Mais on n'a pas prouvé qU'il n'y en eût pas autrefois. Il y en avait même plusieurs, quand la rivière était Moins encaissée que maintenant, et davantage quand on choisissait la fin de l'été pour la traverser. Josuah l'avait passée au temps de la moisson. Pour peu que Theudas se proposait le même exploit en temps de canicule, il pouvait compter que Iahvé renouvellerait le miracle à son profit. Theudas, on le voit, jouait au christ intérimaire. Fadus envoya contre cet effronté quelque cavalerie qui le défit tristement et punit les malheureux qu'il avait entraînés.

Theudas finit comme le christ de 783, avec cette différence qu'on ne l'arrêta point à plusieurs lieues du champ de bataille. Tué les armes à la main, on lui trancha la tête, que l'on porta dans Jérusalem où tout le monde put la voir. Puis Fadus s'en alla comme avait fait Pilatus, sans savoir que le monde eût été sauvé en 788 par le sacrifice volontaire de son Créateur. Coupable ignorance qu'il partage d'ailleurs avec Theudas et ses compagnons ! Car Theudas est dans la tradition de Bar-Jehoudda, quand il emmène les disciples au désert en leur promettant de leur montrer, des signes, Ainsi, l'étoile des Mages, l'éclipse qui avait couvert de ténèbres Jérusalem et toute la terre pendant que Bar-Jehoudda rendait le dernier soupir, les tremblements du terre la suite desquels les morts, sortant hors des tombeaux, s'étaient promenés dans Jérusalem[12], la résurrection même, si les frères du roi-christ l'eussent prêchée, aucun de ces signes n'avait paru probant à Theudas. Et cependant Theudas lui-même fait partie des douze Apôtres qui, selon l'Église, ont vu le jésus ressuscité !

Que fallait-il donc à ces gens-là ?

 

IV. — FAUX DE L'ÉGLISE RELATIFS À THEUDAS.

 

Ce Theudas qui se licenciait jusqu'à se lever sous Claude, dix ans après Bar-Jehoudda, — comme si l'Auteur de la vie[13] n'avait point paru sous Tibère était gênant au possible. L'Église, tout en l'honorant sous le nom de Thaddée, a tramé contre lui diverses Machinations. Vous connaissez déjà celle que contient le discours de Gamaliel où nous avons vu Theudas reculer d'une quarantaine d'années dans la chronologie des imposteurs qui ont perturbé la Judée, et s'y placer avant le père de Bar-Jehoudda lui-même, par conséquent avant le Recensement de 760. C'est un dispositif relativement moderne, car dans les 'premiers siècles l'Église daignait confesser que Theudas s'était levé après les temps du jésus. Longtemps on s'est borné à le distinguer du Theudas dans les Actes avaient parlé comme ayant été défait avant Jehoudda, et même elle lui mettait à charge cette invasion de la Samarie que Josèphe reprochait au Roi des Juifs.

N'allez pas dans les villes des Samaritains, dit Jésus dans Mathieu, elles sont hors du salut comme les villes païennes. Elles le méritent, pour avoir mal reçu Bar-Jehoudda. Les mouvements des Galiléens contre la Samarie deviennent chroniques à partir de 789. Ils n'avaient auparavant ni cette continuité ni cette force. Pendant vingt ans, avec leurs prophéties et leurs signes, les millénaristes, continuateurs de Bar-Jehoudda, ont mené la troupe jordanique à l'assaut de Suchar. Celse le platonicien avait parfaitement saisi la raison de ces représailles. Aussi l'Église a-t-elle cherché à rompre le lion par cette considération que, semblables aux saducéens, les Samaritains ne reçoivent pas les prophètes, mais seulement les livres de Moïse : il n'y a donc pas d'accord possible avec ces gens[14]. Le roi-christ en avait jugé tout autrement, lorsqu'après avoir négocié avec eux, il leur avait donné rendez-vous sur le Garizim.

 

L'Église a fait une seconde tentative, et des plus curieuses, pour empêcher tout rapprochement entre le roi-christ et l'imposteur châtié par Pilatus. Dans l'écrit rabbinique sur lequel Celse s'est appuyé pour dévoiler la fourberie des Évangiles on disait avec raison : — Ceux-là sont innombrables, qui se sont appliqués à eux-mêmes les prophéties qu'on applique au jésus !Nous avouons ne pas connaître du tout quels sont ceux-là, réplique l'Anticelse, en dehors de Theudas qui s'est levé parmi les Juifs avant la naissance du jésus[15] et Judas le Galiléen qui s'est levé lors du Recensement, époque à laquelle est né Jésus[16]. Après les temps du jésus un certain Dosithée, Samaritain, a voulu persuader aux siens qu'il était le christ, annoncé par Moïse, et il a réussi à en convaincre plusieurs. Malheureusement pour l'Anticelse il n'y a pas de Theudas qui se soit levé avant la naissance du jésus, il n'y en a qu'un, celui qui a paru sous Cuspius Fadus, neuf ou dix ans après le Roi des Juifs : c'est lui que l'Anticelse appelle Dosithée et il n'ôtait pas samaritain. On a introduit ce qualificatif pour faire croire que ce Dosithée ou Theudas — c'est le même nom, retourné[17] — était l'imposteur anonyme dont parle Josèphe[18] et contre lequel Pentus a opéré autour du Sôrtaba. L'Anticelse connaît Luc, puisqu'il lui emprunte le faux relatif à la naissance de Jésus au Recensement ; il connaît également les Actes des Apôtres, puisqu'il leur emprunte — il l'avoue[19] — le faux relatif à Jehoudda. Il n'y a qu'un Theudas dans l'histoire, comme il n'y en a qu'un dans l'Évangile, c'est Thaddée, à qui sa révolte a valu l'honneur d'être compté parmi les Douze apôtres. Celui-là s'est levé vers 798. Il était, sans doute Galiléen, et en tout cas il n'est pour rien dans l'affaire du Sôrtaba où Bar-Jehoudda est tout.

 

V. — EXPULSION DES CHRISTIENS DE ROME SOUS CLAUDE.

 

Il existait déjà, ce mystérieux chef d'orchestre dont on parle aujourd'hui comme menant lieus les Juifs au rythme de son bâton ! Et ce bâton, c'était la verge de Moïse qui avait refleuri entre les mains de Jehoudda. Les christiens de Rome firent écho à la prédication de Shehimon et de Jacob et c'est probablement ce qui a permis d'insinuer que Shehimon dit la Pierre était venu à Rome sous Claude. Ils ne se soulevèrent point, c'eût été de trop de conséquence, mais ceux qui en 772 avaient espéré le Grand Jour, ceux qui avaient perdu un père, un oncle, un frère sur les croix du Janicule ou dans les fièvres de Sardaigne[20], ceux qui attendaient la Pâque de l'Apocalypse, le Messie libérateur qu'avaient annoncé Bar-Jehoudda et consorts, ceux-là s'assemblèrent tumultueusement, s'exaltèrent dans leurs synagogues. Il y eut non un orage, mais un de ces bruits sourds qui les précèdent, et il fallut que le préfet de la ville prit des mesures de police pour en empêcher l'explosion. Cependant il n'expulsa point tous les Juifs, mais seulement ceux de la secte de Jehoudda. Suétone le constate formellement dans une phrase où l'Église a mis la main : Claude a expulsé de Rome les Juifs que le christ poussait à l'émeute[21], mais ceux-là seulement, et non tous comme on le lit aujourd'hui dans les Actes des Apôtres. Claude a chassé de la ville les Juifs qui s'assemblaient tumultueusement, instigatore christo, rien de plus clair. De non côté, Orose, historien ecclésiastique, dit avoir lu le fait dans Flavius Josèphe. Mais si le fait était dans Josèphe, d'où vient qu'il en a disparu ? Est-ce depuis qu'il est relaté dans les Actes des Apôtres ? L'Église seule pourrait répondre. Ce qui est certain, c'est qu'on ne lisait pas chresto dans Suétone, mais christo, visant Bar-Jehoudda,. Il s'agit du christ, dit Orose. Il s'agit d'un certain Chrestos, un grec converti au judaïsme et qui excitait, des troubles en Italie, disent la plupart des traducteurs. Nullement. Chrestos n'existe pas. L'individu dont parle Suétone, c'est celui que Pilatus a mis en croix et que les Alexandrins ont ridiculisé sur la place publique, c'est l'auteur de l'Apocalypse pour laquelle Theudas venait de se lever eu Judée.

Loin de chasser tous les Juifs de Rome, Claude, prenant leur nombre en considération, craignit en y touchant de tomber dans une injustice ; il leur défendit simplement de s'assembler pour vivre selon les coutumes de leurs pères, ce qui ne peut s'entendre que du retour aux lois xénophobes dont Jehoudda s'était fait le héraut ; mais Dion Cassius, à qui nous empruntons ce renseignement, dit, en propres termes que malgré cela on ne les expulsa point. Dion Cassius ne se fût point avisé de dire que Claude n'expulsa pas les Juifs, si Suétone qu'il avait sous les yeux eût avancé le contraire d'accord avec les Actes, et si Josèphe eût raconté cette expulsion en détail. Il semble bien toutefois qu'on a modifié le texte de Cassius, de Suétone et de Josèphe, car Orose dit avoir lu dans ce dernier : C'est la neuvième année de son règne[22], que Claude expulsa les Juifs de Rome. Mais, comme s'il avait honte d'une généralisation si notoirement fausse, il ajoute : Je m'en rapporte plutôt à ce que dit Suétone ; et il cite la phrase qu'on lit actuellement dans cet auteur ; il la voudrait plus explicite, car, dit-il, on peut se demander si Glande a expulsé les Juifs à cause des christiens ou les christiens eux-mêmes à cause de leur parenté avec les autres Juifs.

 

Si Claude a expulsé les Juifs de Rome, d'où vient donc que Josèphe parle toujours de lui sur le ton de la reconnaissance ? Les Juifs ne lui doivent que des bienfaits. Deux édits les protègent dans Alexandrie contre les Grecs, et dans toutes les villes contre ceux qui voudraient troubler l'exercice de leur religion, ii charge par eux de ne point mépriser celle des autres peuples, comme était leur tendance ; on vit ceux de Doris placer la statue de Claude dans leur synagogue, et il fallut que Pétrone, gouverneur de Syrie, les ramenât, au nom de l'empereur, il plus de modestie dans leur zèle. Le roi Agrippa, grand roi pour Josèphe, lui devait une plus grande Judée et ne le paya pas d'ingratitude ; il cessa même les fortifications énormes qu'il avait entreprises autour de Jérusalem pour n'être point accusé de les élever contre Rome. Il n'est pas de grâces que Claude n'accordât au petit Agrippa[23] pour les Juifs de Jérusalem et souvent il fit passer leurs demandes avant les instructions à ses procurateurs. Il reçut leurs députés avec bienveillance, qu'ils réclamassent pour les Juifs de Jérusalem contre la soldatesque romaine, ou pour ceux de Galilée contre ceux de Samarie, et, de quelque côté qu'on se tourne, où trouve d'autant moins de causes à l'expulsion des Juifs paisibles qu'ils avaient dans Agrippa un défenseur bien en cour. Et loin de diminuer dans les dernières années, leur crédit s'augmenta de tout celui de Félix que Claude envoya pour régir la Judée après là disgrâce de Cumanus, gouverneur de Galilée.

Les habitants de Rome déploraient en Claude cette humeur débonnaire qu'ils taxaient de faiblesse. Voyez plutôt : l'Apocolokyntose et la satire qu'on y fait des tolérances de Claude envers les étrangers. Comme en 772, il n'y eut que Ies christiens de chassés ; et la phrase de Suétone le donne très clairement à entendre. Parmi ceux qui plièrent bagage, les Actes des Apôtres citent un certain Aquila, juif du l'élit, et sa femme Priscilla, qui seraient venus à Corinthe, et ils nous les montrent fraternisant avec le tisserand Paulos (laits le commerce des toiles[24]. A peine avons-nous mis un pied dans l'histoire que nous voilà forcés d'en sortir !

En ce même temps Apollos vint, à Corinthe, prêchant à la fois la croisade juive et la liberté du baptême. De sen côté, Shehimon, qui commençait à mériter le nom de Pierre d'Horeb, et son frère Jacob celui d'Oblias ou Force du peuple, envoyèrent des hommes pour le combattre ou plutôt vinrent eux-mêmes, car je ne pense pas que Shehimon fait disposé à déléguer ses pouvoirs à quelqu'un. C'eût été donner crédit à la thèse d'Apollos. De toute façon leurs émissaires étaient de la maison de David : Philippe, Jehoudda Toâmin, Ménahem, Jehoudda, fils de Shehimon, les fils de Cléopas, Jacob et Joseph, des parents d'Éléazar, Barnabas.

L'Achaïe était gouvernée par Gallion, qui devait à la même éducation que soit frère Sénèque les idées de justice et d'humanité qui ont perpétué leur nom dans l'histoire de la philosophie. C'est Gallion qui a fait Quintilien[25] : à l'œuvre on connaît l'artisan. Quand on compare ces goym à Jehoudda et à ses disciples, on éprouve le besoin de se solidariser avec eux jusque dans leurs défauts.

A Corinthe comme partout, les Juifs jouissaient de la grande liberté grecque, respectés par Rome pourvu qu'ils ne se portassent point contre celle des autres et ne réclamassent point tous les privilèges sans reconnaître la loi de la cité.

Influencé par l'Apocalypse, peu soucieux d'être plongé dans l'étang de soufre et de nouer des rapports étroits avec le ver qui ne meurt point, le chef de la Synagogue, Crispus, s'était fait baptiser du baptême davidique par Shehimon. Ce qu'a fait exactement Crispus pour libérer Israël dans Corinthe, on ne sait. Mais il parait bien s'être aventuré trop avant, dans la cause du Fils de l'homme.

Sur ces entrefaites, arriva Saül envoyé en Achaïe par Hérode, roi de Chalcis, protecteur du Temple, non pour éclairer Galion sur l'origine du christianisme — Gallion la connaissait parfaitement — mais sur les manifestations qui allaient amener Tibère Alexandre à crucifier Shehimon et Jacob. Rien ne s'oppose à ce qu'il ait, pris par la Macédoine pour aller en Achaïe, surtout s'il était parti de Tarse pour surveiller les synagogues d'Asie. D'Athènes où il parut dans l'Aréopage pour y tenir des discours en tout point dissemblables de ceux qu'on prête à Paulos dans les Actes, Saül vint à Corinthe, né il y avait une forte poussée de Juifs, attirés par le commerce au grand port de Kenchrées. Lu guerre de Saül avec les prophètes jehouddistes et, apolloniens s'explique d'autant mieux qu'avant même de prêcher le renversement du César ils travaillaient à celui des Hérodes : c'est au fond la même guerre dynastique qu'à Damas et Saül court' toujours après son oreille droite. Il ne lui reste plus que la gauche, tournée du côté de l'Occident : c'est pourquoi il entendait si mal la parole du Verbe, laquelle astronomiquement venait toujours de l'Orient. Chaque sabbat, Saül allait trouver les Juifs à la synagogue, les suppliant de rester dans l'ordre et essayant de leur démontrer qu'ils n'étaient pas chez eux. Cependant, et, quoiqu'ils eussent leurs deux oreilles, beaucoup n'entendaient que de la droite.

Mais que dirait lu très excellent Théophile si on lui contait les choses telles qu'elles se sont passées ? Ce serait un scandale et l'Église le lui épargne par l'imposture suivante.

 

VI. — ACTES DES APÔTRES, CHAPITRE XVIII.

 

Imposture n° 74. - CONVERSION DU PRINCE SAÜL EN TISSERAND.

1. Après cela[26], Paul, étant parti d'Athènes, vint à Corinthe :

2. Et ayant trouvé un certain Juif, du nom d'Aquila, originaire du Pont, qui était depuis peu venu d'Italie avec Priscilla, sa femme (parce que Claude avait ordonné à tous les Juifs de sortir de Rome), il se joignit à eux.

3. Et comme Il était du même métier, il demeurait chez eux et y travaillait ; or leur métier était de faire des tentes.

Pour expliquer les relations plutôt tendues de Saül aven Aquila, on feint qu'Aquila faisait des tentes de toile, et que l'apôtre Paulos, tenant à la Cilicie par les mêmes attaches que Saül, travaillait avec lui. Et, nous savons par là qu'Aquila ne faisait pas de tentes. Mois il se peut fort bien qu'il fin l'ancêtre de d'Aquila qui n donné nu second siècle une version des Cinq livres de la Loi et qui, entre autres qualités éminentes, su distinguait par une ignorance crasse de Jésus de Nazareth. En quoi il ressemblait à Théodotion qui, vers le même temps, a donné une version des mêmes livres. Il est toutefois une tente à laquelle Aquila travaillait pour la relever, c'est la fameuse tente de David dont il est si souvent question dans les Écritures anciennes, dans les Évangiles, dans les discours de Pierre aux Juifs[27], et qui devait couvrir toute la terre. Tente de David, maison de David, c'est tout un dans le langage métaphorique des Actes. Il est bien vrai que Sand y a travaillé dans Corinthe et, dans Éphèse, mais pour l'abattre.

Imposture n° 75. - L'HÔTE DU TISSERAND PAULOS.

Un certain Crispus était chef de la synagogue. Le premier geste de Saül fut de le remplacer par Sosthènes. Crispus est dit chef de la synagogue au verset 8, Sosthènes est dit chef de la synagogue au verset 17. Il s'ensuit, disent les apologistes, que la synagogue avait plus d'un chef, ou qu'il y avait à Corinthe plus d'une synagogue. Nullement : il n'y avait qu'une synagogue, d'abord conduite par Crispus ; et après lui par Sosthènes dont la vie dès ce jour-là fut particulièrement tourmentée, menacée même, comme l'était partout celle de son protecteur. Car Sosthènes a fait cause commune avec Saül, cela est d'autant plus sûr que l’auteur de la Première aux Corinthiens a dû, pour donner à cette pièce un air de vraisemblance et d'historicité, mettre le nom de Sosthènes dans la suscription à côté de celui de Paulos[28]. Il a même été assassiné, car il y avait eu des morts du côté des christiens, et parmi eux Crispus dont le sang criait vengeance. Cela est d'autant plus certain que, dans la suite, avant de se séparer d'eux, Saül, sous les espèces du tisserand Paulos, ne manque pas de leur prophétiser la plus déplorable fin : Que votre sang soit sur votre tête ! J'en suis innocent ! Dès maintenant, je vais vers les Gentils. Par quoi, familiarisés avec la méthode des Actes, nous apprenons que Saül est responsable de ces exécutions. Et après avoir averti les christiens du sort qui les attend, il entre dans la maison d'un nommé Titus Justus et que les Actes placent tout près de la synagogue, afin que Paulos n'ait que deux pas à faire pour convaincra les Juifs de la résurrection de Bar-Jehoudda. Justus est un de ces Gentils chez qui se plaît Saül, prince hérodien, citoyen romain, cousin de Tibre Alexandre qui deviendra procurateur de Judée, et futur cousin de Félix qui occupera un jour le même poste.

Ce Titus le Juste, c'est Titus Annœus, surnommé Gallion du nom de son père adoptif ; c'est le frère de Sénèque et le neveu d'Annœus. Il n'est pas impossible qu'il fût allié à Rufus, procurateur de Judée, ami de la famille de Saül depuis les temps d'Auguste. C'est lui que nous avons vu dans la Lettre aux Galates, montant à Jérusalem avec Saül en 802, et dont l’auteur de ce faux a supprimé le nom de famille et la fonction pour en faire un jehouddolâtre de même farine que l'Apôtre des nations[29]. C'est la preuve que ce voyage de Saül à Jérusalem avec le proconsul d'Achaïe était historique, qu'il se plaçait quatorze ans après la crucifixion de Bar-Jehoudda, c'est-à-dire en 802, date de celle de Shehimon et de Jacob par Tibère Alexandre, et qu'il était postérieur aux événements de Corinthe comme à ceux d'Ephèse et d'Antioche dont nous allons parler bientôt. Les Actes regrettent que l'auteur de la Lettre aux Galates ait utilisé ce renseignement, car à aucun moment ils ne citent Titus parmi les compagnons de Paulos à Jérusalem ou ailleurs. Rien ne les en empêche, si véritablement Saül et Gallion se sont faits christiens davidistes. Au contraire, tout leur en fait un devoir. Ce silence est donc voulu. La Lettre aux Galates a pu montrer un proconsul romain inclinant à la jehouddolâtrie loin de son gouvernement et, dans la Ville Sainte des Juifs, mais le Saint-Esprit n'a pas osé renouveler ce spectacle à Corinthe même.

Dans le plan de l'auteur de la Lettre, Titus venait de Corinthe lorsqu'il alla à Jérusalem en 802, accompagnant Saül[30]. C'est en effet chez lui qu'était descendu le prince hérodien lorsqu'il vint à Corinthe pour combattre la peste christienne. Le surnom de hiatus a toujours été accolé au nom de Titus dans la Vulgate, dans l'exemplaire de Jean Chrysostome[31], et dans la version dite Peschito. Appelé à juger entre les sectes christiennes qui se disputaient la synagogue, l'hôte de Saül ne consulta que l'ordre public troublé par cette dangereuse folie. C'est ce qui lui vaut l'épithète de Juste auprès des Grecs, les Actes se gardent bien de le dire.

Imposture n° 76. - L'ÉGLISE JEHOUDDOLÂTRE CHEZ GALLION PROCONSUL D'ACHAÏE.

Le séjour de Saül chez Gallion est d'autant plus certain que son revenant[32] fonde dans cette hospitalière demeure une église où il attire les jehouddolâtres pour les baptiser, tels Crispus et tous les membres de sa famille à laquelle les Actes adjoignent quelques prosélytes, afin de rester dans le programme du salut étendu aux parons. Il y a là néanmoins un souvenir cuisant de la mésaventure advenue à Crispus, Crispus suit Saül dans sa métamorphose par l'Esprit, et, sous le couvert de Paulos, il se transforme on un jehouddolâtre non seulement ami de ceux qui logent chez les Gentils, ranis partageant avec Paulos les périls dont les Juifs Menacent ceux qui vont prêchant cette grande vérité qui illumine le monde : la résurrection du Juif consubstantiel nu Père ! Comme le très excellent Théophile ne trou. vers aucun témoin de ces choses parmi les contemporains de Saül et de Gallion, l'auteur des Actes en fait venir deux de Bérée, et deutéronomiques ceux-là, c'est-à-dire en valant mille : nous avons nommé Silas et Timothée !

4. Mais il disputait dans les synagogues tous les jours de sabbat, interposant le nom du Seigneur Jésus[33], et il s'efforçait de persuader les Juifs et les Grecs.

5. Et lorsque Silas et Timothée furent venus de Macédoine, Paulos s'appliquait à prêcher avec plus d'ardeur encore, annonçant hautement aux Juifs le Christ Jésus.

L'auteur avoue ici le subterfuge dont il se sert pour confectionner les discours de Paul[34] : Faisant entrer dans ses discours le nom du Seigneur Jésus, il s'efforçait de persuader les Juifs et les Grecs. Or Silas et Timothée étant venus de Macédoine, il s'employait à prêcher avec encore plus d'ardeur, en montrant aux Juifs que le jésus était le christ. C'est précisément là où le bât eût blessé un émissaire de Shehimon ou de Jacob ; il n'avait aucun moyen de démontrer une proposition à laquelle ses mandants ne pensaient même pas, puisque leur Mué n'est mort pour la galerie que sous le règne de Trajan[35].

Nous sommes à Corinthe, cette ville qui a suggéré à l'usine romaine deux Lettres où on a fait entrer le nom du Seigneur Jésus par le même moyen que dans les Actes. C'est ainsi que Paul et Titus le Juste sont devenus des témoins de Jésus-Christ, tandis que sons les noms de Saül et de Galion ils ont fait aux christiens une guerre acharnée. Admirons aussi les Juifs des Actes, ils ont bien des défauts, mais ils ne sont pas curieux. De Damas jusqu'à Rome, en passant par Chypre, la Syrie, la Cilicie, la Pamphylie, lit Phrygie, la Lycaonie, la Galatie, la Mysie, la Troade, la Macédoine, l'Achaïe, Malte et la Campanie, pas un n'a l'idée de demander à Paul un renseignement biographique sur ce jésus qu'il prêche au péril de sa vie, sans l'avoir jamais vu ! Cela tient à ceci que l'auteur des Actes n'en ignore rien, et qu'il croit tout le monde au courant.

6. Mais les Juifs le contredisant et blasphémant, il secoua Ses vêtements et leur dit : Que votre sang soit sur votre tête, j'en suis pur ; et désormais j'irai vers les Gentils !

7. En sortant de là, il entra dans la maison d'un homme nommé Titus le Juste, qui servait Dieu, et dont la maison était attenante à la synagogue.

8. Cependant Crispus, chef de la synagogue, crut au Seigneur avec toute sa famille. Beaucoup de Corinthiens, ayant entendu Paul, crurent aussi et furent baptisés[36].

Toutes les fois que Saül est exposé aux coups des christiens, on fait entrer Paul qui le tire d'affaire. L'avantage de ses bonnes relations avec Jésus-Christ ! Toutes les fois que Paul compromet son existence, on fait entrer Saül qui l'enlève à ses adversaires. L'avantage de ses bonnes relations avec César ! Une fois chez Titus, Paul jouit de la même sécurité que Saül, il est inviolable. Aussi n'ose-t-on pas le montrer entreprenant contre Claude comme à Philippes et à Thessalonique. On est sous l'œil de l'histoire.

9. Or le Seigneur dit à Paul la nuit, dans une vision : Ne crains point, mais parle, et ne te tais pas ;

10. Car je suis avec toi, et personne n'ira à ton encontre, pour te nuire, parce que j'ai un peuple nombreux dans cette ville[37].

11. Il demeura donc à Corinthe un an et six mois, enseignant chez eux la parole de bien.

Dix-huit mois, c'est un beau séjour ! Saül était donc Mieux chez Titus Annœus que Paul chez Aquila ? Le prince hérodien n'a pas pu soutenir longtemps son rôle de tisserand, il s'est placé sous la loi romaine, et il est venu à Corinthe pour en requérir l'application contre la tente de David. Il importa que le très excellent Théophile perde de vue Saül chez Galion pour n'avoir devant lus yeux que Paul chez le jehouddolâtre Titus.

Imposture n° 77. - SAÜL ESCAMOTÉ PAR L'ESPRIT-SAINT AU TRIBUNAL DE GALLION.

Mais voici Titus qui sous le nom de Galion entre en scène comme proconsul ; il convient que les choses se gâtent immédiatement pour Paul, logé chez Titus le jehouddolâtre. Les ennuis qui lui sont suscités ne pouvant provenir que des Juifs déicides. Sans violences, mais aussi sans ménagements, ils conduisent Paul au tribunal de Gallion où Saül est assis de son côté lorsqu'ils arrivent. Ils dénoncent Paul comme coupable envers la loi, la loi romaine s'entend, car depuis la confection des Evangiles les Juifs hérodiens traitent d'ennemis de César tous ceux qui comme Jehoudda et ses fils tiennent pour la Loi juive et pour ses Prophètes. C'est la répétition de la scène du Quatrième Évangile où les Juifs de Jérusalem disent à Pilate : Si tu délivres le jésus, tu n'es pas ami de César. Gallion ne sent pas ami de César s'il n'inculpe pas Paul traduit devant son tribunal par les Juifs de Corinthe.

L'autour des Actes entend que le très excellent Théophile reçoive cette impression, afin que tout le mal fait aux christiens sous le proconsulat de Galion retomba sur les Juifs. Sent est là pour requérir, mais Galion ne souffre même pas qu'il ouvre la bouche pour exposer l'objet de tut mission : Paul a raison, les Juifs sont des monstres. De cette manière le très excellent Théophile ignorera toute sa vie ce que Saül est venu faire à Corinthe et ce qu'est réellement ce Titus chez qui il a passé dix-huit mois. Autre avantage : le proconsul, c'est-à-dire Rome, aurait beau rôle sans que Paul ait le mauvais. Ainsi le veut l'Esprit-Saint dans cet effet rétroactif.

12. Mais Gallion étant proconsul d'Achaïe, les Juifs, d'un commun accord, s'élevèrent contre Paul et le conduisirent à son tribunal,

13. Disant : Celui-ci persuade aux hommes de rendre à Dieu un culte contraire à la loi [romaine][38].

14. Et au moment où Paul commençait à ouvrir la bouche, Gallion dit aux Juifs : S'il s'agissait, ô Juifs, de quelque injustice ou de quelque crime, je vous écouterais, comme c'est mon devoir.

15. Mais si ce ne sont que des questions de mots, de noms et de votre Loi, voyez vous-mêmes ; je ne veux pas, moi, être juge de ces choses.

16. Et il les renvoya de son tribunal.

17. Et tous, s'emparent de Sosthènes, chef de la synagogue, le frappaient devant le tribunal et Gallion ne s'en mit nullement en peine.

Imposture n° 78. - LE JUGEMENT DE GALLION DEVANT LE SAINT-ESPRIT.

Ainsi, inquiété, injurié, menacé pur les Juifs, Paul trouve un refuge contre eux au tribunal de Gallion. Dans tous les conflits portés devant l'autorité romaine, nous avons toujours trouvé on celle-ci la tolérance poussée jusqu'à dot état philosophique qu'on appelle indifférence. Nous l'avons déjà trouvée à l'état indulgent et même condescendant chez les magistrats qui, chargés de l'application du jus romanum à Philippes, s'excusent avec de douces paroles auprès de Paul indûment arrêté la veille, Frère de ce grand Sénèque à qui on ne peut reprocher que d'avoir été riche sous Néron, mais qui pour le reste est un parfait chrestien, Gallien fait mieux que les magistrats de Philippes, il refuse de juger.

Pourquoi ? Parce que sous Claude la question s'est posée de telle sorte qu'il a condamné. Si Gallion philosophe a décliné le droit d'intervenir dans l'interprétation de la loi judaïque, Gallion proconsul n'a pas pu manquer à son devoir on laissant la rue aux émeutiers, et nous pensons que, si les dix Livres de lettres écrites par Sénèque à son frère[39] étaient en ce moment à la portée de notre main curieuse, nous y trouverions quelques renseignements dont l'Église n'a peut-être pas goûté le mérite, car ils ont disparu avec les lettres elles-mêmes. Et, ce n'est pas de religion que Gallien eut à juger, mais de rixes et de meurtres dans la rue. La preuve en est dans ce discours contre-historique : Si vous veniez vous plaindre de quelque iniquité ou de quelque exécrable forfait, (voilà le crime que Gallion eut à juger), ô Juifs, je vous ferais droit mais puisque la question porte sur des mots ou des doctrines et, sur votre Loi, cela ne regarde que vous et je ne veux point m'en faire juge. Et il les renvoya ainsi de son tribunal. Donc Gallion a jugé sur les réquisitions de Saül et de Sosthènes. Et ils ont ou gain de cause, car si Saül, qui habitait chez Gallion, a pu échapper à la fureur christienne, Sosthènes, lorsqu'il s'est retiré, a été attaqué sur les marches du tribunal et assommé de coups de bâton[40]. Il est resté sur la pince, car le cosignataire de la Première aux Corinthiens n'est même pas nommé par l'auteur du paragraphe final[41] où on énumère tous les témoins de l'apostolat de Paul aucun salut, aucune commission pour ce lutteur qui est hors de combat. En revanche, qu'on soit plein d'égards pour la famille de Stéphanos, — les prémices d'Achaïe, dit le scribe. D'où l'on peut conclure sans hésiter que Crispas a le premier cueilli les palmes du martyre en ce pays sous Gallien. Il y eut aussi quelques incendies en la forme apocalyptique, des livres bruités qui certainement n'étaient pas les Cinq livres de Moïse[42].

Le jugement des christiens de Corinthe par Gallion, c'était la confirmation de la sentence de Pilatus, c'était la condamnation du christ non plus comme la première fois par un intendant de Judée, suspect de malversations et d'abus fiscaux, mais par un philosophe stoïcien dont la patience et, la douceur étaient à ce point connues que son frère n'a pu dédier qu'à lui le traité De la colère[43]. Mais le plus bel hommage rendu à son équité, c'est celui des fourbes qui ont. fabriqué les Actes ; ils ont caché qu'il avait, jugé comme Pilatus

Grâce à l'Esprit qui remplace la sentence de Gallon par une déclaration d'incompétence, on ne sait plus de quel parti était Sosthènes. Les Juifs que les Actes représentent comme ayant des sympathies christiennes tombent sur lui à la sortie de l'audience, et Gallion le laisse rouer de coups sans se mettre on peine de lui : affaire de Juifs, il l'avait dit en refusant de juger ! Les Actes admirent beaucoup cette impartialité, parce qu'elle permet aux Juifs davidistes de rosser les Juifs hérodiens avec l'assentiment du frère de Sénèque. Ils ne s'aperçoivent même pas qu'ils le calomnient honteusement et fille les choses n'auraient pu 'se passer ainsi sans dommage pour sa renommée.

Le texte des Actes a été remanié depuis le très excellent Théophile. Sosthènes, jadis assommé par les Juifs de la secte christienne, l'est aujourd'hui par des Grecs. Un apologiste qui n'est point suspect de scepticisme[44] reconnaît que ces Grecs ont bien l'air d'avoir été ajoutés. Ils ne se trouvent ni dans la Vulgate ni dans les plus anciens manuscrits, et il ne faut point douter que Sosthènes n'ait été frappé à cause de son attachement pour Saül. C'est l'opinion de l'Église romaine elle-même qui lui fait un mérite des coups qu'il reçut alors, pour consacrer, dit-elle, les Prémices de sa foi[45]. Et, en dot, dès le moment qu'on a canonisé Saül, il n'y a pas de raison pour ne pas canoniser Sosthènes.

 

L'auteur des Lettres de Paul est plein de mystère et de réticences toutes les fois qu'il parle de ces choses lointaines ; et cette inquiétude d'un passé inavouable, on la retrouve à chaque instant dans les Actes. Les premières violences sont, venues des héros apostoliques ; ils ont commis de révoltantes brutalités, ils ont persécuté, tourmenté, frappé les Juifs non xénophobes. Dignes disciples de Jehoudda, le zèle d'Israël les dévorait. Une honte, tempérée par l'hypocrisie, rougit doucement les joues de l'auteur des Lettres aux Corinthiens lorsqu'il fait allusion à ce premier christianisme, le véritable, l'authentique ; il frotte, il frotte avec quelque dépit de ne pouvoir en effacer ln marque de fabrique.

Nous avons le droit de dire aussi que Paul fait montre d'une ingratitude incomparable envers Silas. Parti de Jérusalem avec lui, investi des mêmes pouvoirs que lui par Pierre et Jacques (auxquels il convient d'ajouter Joannès pour rendre hommage à la véracité de la Lettre aux Galates), associé aux mêmes œuvres que lui dans toute la Haute-Asie, aux mêmes éprouves que lui en Macédoine, particulièrement à Philippes, à Thessalonique et à Bérée, venu tout exprès de cette dernière ville pour partager avec lui les périls de Corinthe, Silas n'a même pas les honneurs d'une citation à l'ordre du jour après le rude assaut qu'il n'a pas manqué de soutenir contre les abominables Juifs rebelles à la jehouddolâtrie ! Cela est mal, très mal ; Paul aurait dit faire mention de Silas, ne fût-ce que pour honorer Gallien, leur hôte et celui de Timothée, car Timothée n'a pu se séparer de Silas qui lui-même est inséparable de Paul. J'espère même que Timothée a profité de ce qu'il était l'hôte d'un païen surnommé le Juste pour dire à Paul : Voudriez-vous m'expliquer pourquoi, après m'avoir privé du salut en me circoncisant à Lystre, vous m'avez appelé à Corinthe pour faire celui de cet incirconcis ?

Fuyant, Corinthe comme ils avaient fut Rome, Aquila et sa femme, passèrent à Ephèse où les Juifs, partagés entre la prédication d'Apollos et celle des jehouddistes, ôtaient dans une agitation non moins dangereuse, tous d'accord au fond contre l'ennemi commun, la Bête et les images. Paul naturellement les y suit ; depuis qu'il est tisserand, l'art de la navette entre Saül et son revenant n'a plus de secrets pour lui.

Quant à Saül, après ce séjour de dix-huit mois chez Gallien, il fit voile pour la Syrie ; mais il parait bien être revenu à Corinthe avant que les intérêts de la Judée ne l'y rappelassent en 819 auprès de Néron. Les Écritures ecclésiastiques[46] tiennent en effet que Saül est allé trois fois à Corinthe sous Claude ; elles ne mentent que sur le but. de ces voyages, par loin de les avoir entrepris pour évangéliser les Juifs et les. Grecs, Saül ne les fit que pour combattre la secte christienne. N'ayant plus rien de commun avec Saül, Paul n'aura séjourné à Corinthe que pour y lever des fonds en faveur des suints de Jérusalem, pour y prêcher la résurrection de Bar-Jehoudda et l'institution de l'Eucharistie par le dit sieur qui, comme vous le savez, était on croix la veille du jour qu'on assigne à cette mystification.

Quant à Gallion, une chose demeure constatée par la Lettre aux Galates ; il est allé à Jérusalem avec Saül, soit immédiatement après les désordres de Corinthe, soit après ceux d'Ephèse et d'Antioche qui ont éclaté vers le même temps, fomentés par Shehimon et par Jacob. Dans l'un ou l'autre cas, les Actes, tout en avouant les relations de Saül avec Gallion, dissimulent, au très excellent Théophile un fait dont convient la Lettre aux Galates : Saül et Gallion sont allés ensemble à Jérusalem en 802, date de la crucifixion de Shehimon et de Jacob, Est-ce pour assister à un Concile présidé par Pierre, par Jacques et par le Joannès survivant aux exécutions de l'Hutus ? Nous allons bien voir.

Imposture n° 79. -  DÉDOUBLEMENT DE SAÜL AVANT SA MISSION A ÉPHÈSE.

Sa mission terminée, Saül décide d'aller à Jérusalem et s'embarque au port de Kenchrées. Là il se met on état de vœu et se fait couper les cheveux, promettant à Dieu de les lui sacrifier dans le Temple, s'il y arrive, sain et sauf. Le Saint-Esprit éprouve quelque embarras n dédoubler Saül' à sa sortie de Corinthe. De Kenchrées, le prince hérodien cingle vers la Syrie ; tandis que l'apôtre jehouddolâtre emmène avec lui Aquila et Priscilla en Asie, à Ephèse, où il les laisse sous le prétexte que Saül a fait vœu d'aller à Jérusalem : Il me faut, dit-il, passer la prochaine fête à Jérusalem. (Ceci n'est pas dans toutes les éditions, Proudhon ne le donne pas.) Or, ce vœu Saül eût risqué d'y manquer en s'arrêtant à Ephèse, contre sa destination première. Son chemin, c'est Antioche et Césarée.

A Ephèse, les Juifs de la synagogue ne repoussent pas Paul, ils le prient même de demeurer près d'eux, pendant que Saül, pour vider son naziréat, monte n Jérusalem où par un effort du Saint-Esprit Paul rejoignant son corps, arrive en même temps que lui. Comme il n'y a dans Ephèse aucun témoin d'un séjour que Saül y aurait fait avec le dessein d'y prêcher la jehouddolâtrie, le Saint-Esprit en a fait, venir deux de Corinthe ; Aquila et sa femme Priscilla. Tu vois, très excellent Théophile, que Claude a bien fait de les expulser de Rome où ils ne servaient à rien, tandis qu'à Ephèse ils ne sont pas moins deutéronomiques qu'à Corinthe.

18. Après qu'il eut demeuré un certain nombre de Jours encore, Paul dit adieu aux frères, et fît voile pour la Syrie (et avec lui Priscilla et Aquila), s'étant fait couper les cheveux à Kenchrées ; car il avait fait un vœu.

19. Et il vint à Ephèse, où il laissa Priscilla et Aquila. Mais lui, étant entré dans la synagogue, il disputait avec les Juifs.

20, Et Ceux-ci le priant de rester plus longtemps avec eux, il n'y consentit point.

21. Mais ayant pris congé d'eux, et leur ayant dit : Je reviendrai vers vous, si Dieu le veut, il partit d'Ephèse.

22. Et étant descendu à Césarée, il milita et salua l'Eglise ; puis il descendit à Antioche.

Le voyage de saint Paul à Jérusalem était, dit le Saint-Siège, le quatrième qu'il faisait dans cette ville depuis sa conversion. Paul y salue l'Église, prend ses ordres et descend à AntiOche en parfaite communion d'idées avec elle. L'imposture paulinienne a fait du chemin, depuis la Lettre aux Galates, où Paul ne monte Jérusalem, pour la seconde fois depuis sa conversion, qu'en 802.

Il est remarquable toutefois que les Actes n'ont point pensé à mettre Paul face à face avec Shehimon et Jacob, pendant son séjour dans Jérusalem et dans Antioche. C'est que pour le moment les deux goël-ha-dam de Bar-Jehoudda fréquentent peu lis prince Émit et Tibère Alexandre, procurateur de Judée, devenu son cousin par un mariage dans la famille hérodienne. Pendant la procurature d'Alexandre, à part le vœu de naziréat qu'il est allé accomplir à la Pâque, Saül est Censé avoir habité bora de Judée sous le nom du tisserand Paul, dix-huit mois à Corinthe, deux ans à Ephèse, soit les trois ans et demi que parait avoir duré ce gouvernement. De cette manière il n'aura été pour rien dans la crucifixion de Shehimon et de Jacob, car il y a beau temps que Jésus lui a remis l'oreille droite !

 

Saül était allé à Jérusalem pour concerter une action commune avec Tibère Alexandre contre la propagande christienne en Asie.

Après Fadus qui resta environ deux ans[47], Claude avait envoyé comme procurateur le Juif Tibère Alexandre, fils de l'ancien alabarque Alexandre et neveu de Philon. Tibère. Alexandre était chevalier, il avait au doigt, sur sa bague, l'image de la Hôte. Pour la première fois un Juif acceptait la livrée de Rome et servait les dieux de l'Empire. Cela passait tous les scandales précédents. Très habile et très veillant, Alexandre était un grand appoint pour Claude auprès des Juifs hellènes et pour Saül contre les christiens.

Ainsi, un Juif authentique et de la plus grande famille d'Alexandrie avait accepté de gouverner la Judée pour le compte de la Bête. On avait vu des rois et des tétrarques dans cette l'Onction sacrilège, mais point d'hommes libres. Cette fois un Juif avait changé son nom contre celui de Tibère, bourreau du christ, en attendant qu'il changeât la religion des Juifs contre celle de Rome, vrai Judas, mais pour plus de trente deniers ! C'était le Capitole transporté sur la montagne de Sion. Jamais le Royaume de Dieu ne viendrait, jamais le Fils de l'homme ne descendrait si on souffrait cela ! Un Juif dans le rôle de Quirinius et, de Pilatus ! Le fils du banquier des Agrippa, le neveu de Philon le philosophe — un philosophe ! son neveu devait mal tourner ! — commandait, aux centurions de Césarée et trônait dans Jérusalem, sous l'aile de l'aigle romaine !

Un troisième personnage, sans aller aussi loin que Tibère Alexandre, s'engagea dans la politique antichristienne avec Saül. C'était Démétrius, alabarque d'Alexandrie, entendez prince des Juifs d'Egypte, qualité dans laquelle il avait succédé au père de Tibère Alexandre[48] ; et comme Alexandre lui-même il était entré dans la famille hérodienne, ayant épousé Mariamne, l'une des trois sœurs d'Agrippa II. Hérodisants d'Egypte, Alexandre et Démétrius accompagnaient Saül pour mettre à la raison le baptiseur alexandrin Apollos ; hérodien de Gischala, Saül y montait de son côté pour faire le procès des jehouddistes et arrêter en la personne de Shehimon et de Jacob la croisade qui allait retomber de tout, son poids sur la nation entière.

Redescendu dans Antioche, son naziréat vidé, Saül redevient Paul, le tisserand jehouddolâtre, rôle dans lequel il, triomphe depuis qu'il a l'Esprit, et personne ne l'a davantage, très excellent Théophile, personne au monde !

23. Et après y avoir passé quelque temps, il partit, parcourant par ordre, tout le pays de Galatie et là Phrygie, et tortillant tous les disciples.

Par ordre, c'est-à-dire en suivant l'ordre des lieux, dit le Saint-Siège. Sans doute, il commence par le sud et finit par le nord, mais le très excellent. Théophile ne doit pas l'entendre ainsi s il doit entendre que Paul fortifie leurs les disciples de Phrygie et surtout ceux du Galatie par ordre de l'Eglise de Jérusalem, seule dépositaire du Saint-Esprit, S'il en était autrement, à quel moment les aigrefins de Rome placeraient-ils la tournée imaginaire qui a provoqué la belle Lettre aux Galates ? Saül ne rentrera dans Ephèse qu'avec le Saint-Esprit, l'Esprit de Paul ; c'est uniquement pour le rapporter qu'il est allé à Jérusalem. Car Ephèse ignore toujours le Saint-Esprit, Les christiens d'Ephèse en sont encore aux vieux baptêmes du Joannès et d'Apollos, ils attendent toujours le Fils de l'homme. Conçois-tu coin, très excellent Théophile ?

Pendant que, mu par l'Esprit, Paul parcourt lentement la Phrygie et la Galatie où il fortifie les disciples, Saül par ordre de Claude monte d'Antioche à Ephèse avec Alexandre et Démétrius dans, le dessein de mettre un terme à l'agitation christienne parmi les Juifs. Mais il qu'après Paul, réservé pour des épreuves qui laisseront la plus vive impression dans l'âme candide du très excellent Théophile. C'est même pour le préparer à ces émotions que Paul prend les devants,

Naturellement les Actes n'avouent pas que Shehimon et Jacob sont à Ephèse où leur mère vient de mourir, — toute l'Église tient que Salomé, en Évangile Maria, est morte à Ephèse ; — mais ils sont là, initiant les Juifs au mystère des Douze Cycles, des Douze Apôtres, des Trente-Six Décans, des Cent-quarante-quatre mille Anges et de la croisade juive.

Imposture n° 80. - CONVERSION D'APOLLOS EN JEHOUDDOLÂTRE.

Un homme est là également qui prêche la croisade dans le même sens millénariste, tout en attaquant le monopole davidique avec âpreté, c'est Apollos, car Éphèse a subi la honte d'avoir eu dans ses murs des apôtres qui se disaient Juifs et qui ne l'étaient pas[49]. On n'est pas bon Juif quand on donne à croire que le Messie puisse venir hors de la tonte de David.

24. Or un Juif du nom d'Apollos, Alexandrin d'origine, homme éloquent et puissant dans les Écritures, vint à Ephèse.

25. Il avait été instruit de la voie du Seigneur[50], et, fervent d'esprit, il parlait et enseignait avec soin ce qui regarde Jésus, mais ne connaissant que le baptême de Joannès.

26. Il commença donc à parler avec assurance dans la synagogue. Lorsque Priscilla et Aquila l'eurent entendu, ils le prirent chez eux, et lui exposèrent avec plus de soin la voie du Seigneur[51].

27. Et comma il voulait aller en Achaïe, les frères qui l'y avaient exhorté écrivirent aux disciples de le recevoir. Lorsqu'il fut arrivé, il servit beaucoup à ceux qui avaient embrassé la foi.

28. Car il convainquait fortement les Juifs, montrant par les Écritures que Jésus est le christ.

Saisis-tu le mécanisme, très excellent Théophile ? Avant que Paul ne revint de Jérusalem, d'où il avait porté le Saint-Esprit chez les Galates, le tout Ephèse juif partagé entre Apollos et les fils de Jehoudda, vivait sous l'empire de l'Apocalypse et de la rémission des péchés par le baptême. Mais converti par Aquila et Priscilla, venus tous exprès de Rome à Corinthe et de Cérinthe à Ephèse, Apollos, reniant ses ambitions, est allé de leur part à Cérinthe où il a convaincu les frères qu'il fallait renoncer aux œuvres terrestres du Fils de l'homme et que Bar-Jehoudda était le christ. Apollos parti, Paulos, revenant de chez les Galates, est venu à Ephèse où le Saint-Esprit, incarné en lui, a achevé la déroute des malheureux qui tenaient encore pour le baptême à la Joannès. Mais Paulos n'a pas eu de chance : personnellement il n'a pas connu Apollos ; il était parti d'Ephèse avant qu'Apollos y arrivât, Apollos en était parti quand Paulos est, revenu, de même, très excellent Théophile, tu pourras lire dans les histoires qu'Apollos était antidavidiste, par conséquent ennemi de Shehimon et de Jacob, et que les troubles d'Ephèse furent en partie dus à cette rivalité sauvage, mais où vois-tu Jacob et Shehimon dans tout cela ? Ne vois-tu pas au contraire qu'Apollos s'est rallié, à la 'suite d'une franche explication avec Aquila et Priscilla ? Et puis, à supposer que les deux goël-ha-dam de Bar-Jehoudda fussent à Éphèse, Apollos en était parti lorsque les troubles ont éclaté.

 

Ne pouvant charger le Joannès, dont ils sont en train de faire un dieu, les Actes des Apôtres chargent maintenant Apollos. Apollos connaissait le baptême du Joannès et pourtant il n'était pas dans la bonne voie, parce qu'il ne connaissait que cela. Qu'est-ce à dire, sinon qu'il était millénariste, qu'il attendait le même Cycle que le Joannès et que de ce Cycle il attendait les mêmes choses, à savoir la destruction de Jérusalem par tiers, sa reconstruction en trois purs, et mille ans passés dans cette Jérusalem rebâtie, avec l'Agneau, les Douze Apôtres, les Trente-Six Décans et les Cent-quarante-quatre Mille Anges de la Milice céleste ? Cela veut dire aussi, et surtout, qu'étant contemporain des sept fils de Jehoudda, il ne connaît pas encore la résurrection de l'aîné, telle qu'elle résulte des Évangiles et avec les conséquences que les autours des Lettres de Paul et des Actes en tirent pour le salut des limes et la divine essence de leur commerce.

Comment s'appelait Apollos de son nom de circoncision ? Nous le retrouverons dans son rôle de christ indépendant sur le Mont des Oliviers, au temps de la procurature de Félix, mais nous ne pouvons l'identifier, l'Église ayant enlevé son nom de Josèphe et remanié les deux passages qui le concernent dans cet historien. Nazir très supérieur au Joannès pour l'intelligence et pour le pouvoir d'entraînement, Apollos affirmait être le roi-christ libérateur d'Israël, et comme tous, pour la raison que vous savez, il ignorait Jésus de Nazareth. Pour Apollon, le salut était dans le baptême d'Apollos, frère adultérin de celui du Joannès. Nous sommes sous Claude, et Apollos qui certainement n'était pas venu d'une seule traita d'Alexandrie à Ephèse n'avait, nulle part entendu parler de Jésus. Et semblable au Joannès dont il connaissait, dont il exploitait même la triste fin, il conseillait aux Juifs de se préparer au Cycle du Zib par le baptême. Et nullement par le baptême nu nom du Joannès ; mais par le baptême en son nom particulier : Apollos au nom d'Apollos. Et il était le premier à dire que celui du Joannès était sans efficacité, n'ayant pu sauver de la croix le prétendu sauveur des Juifs. A Corinthe comme à Ephèse, il a des disciples qui disent : Moi, je suis d'Apollos. Si, par un transport divinatoire du Saint-Esprit, Aquila et Priscilla lui ont appris l'existence de Jésus de Nazareth : qu'ils ignorent eux-mêmes, étant donné le temps où ils vivent, Apollos professe le plus incurable mépris pour cette individualité marquante et il continue à baptiser du même baptême que feu Joannès au Jourdain.

Aquila et Priscilla, qui viennent Rome en passant par Corinthe, ne peuvent, malgré le don de prophétie dont nous les supposons ornés, prévoir la confection des fables judaïques. Pas plus que celui d'Apollos, le Christ d'Aquila et de sri femme ne descendait de hi croix, mais c'est dans la maison, de David qu'il devait s'incarner et non dans la peau d'Apollos. Apollos n'a donc pas convaincu publiquement les juifs d'Achaïe, démontrant par les Ecritures que le jésus était le Christ. Au contraire, il leur a démontré mie chose beaucoup plus évidente, à savoir que Bar-Jehoudda était bien mort sur la croix, nonobstant les dénégations intéressées de la famille, tandis que son baptême à lui était le seul par lequel ils puissent se préparer au Millénium, remis à une autre période sabbatique, car Apollos ne pouvait soutenir son personnage qu'en dénonçant l'erreur où le Joannès était tombé. Et fi n'avait pas besoin, d'une grande vigueur pour imposer cette conclusion.

Quelles sont les Ecritures par où le revenant d'Apollos démontre que Bar-Jehoudda est le christ ? Les Evangiles, les Lettres de Paul et les Actes eux-mêmes. Car que voyons-nous dans la Lettre aux Corinthiens ? Apollos baptisant du baptême d'Apollos, tandis que d'autres se disent baptisés au' nom de Pierre on du christ lui-même.

Au temps d'Apollos, la seule Écriture justifiant la mission de Bar-Jehoudda, c'était l'Apocalypse d'icelui : vous vous rappelez qu'au second siècle ses arrière-neveux en étaient encore à chercher le seul passage des prophéties par lequel ils ont, essayé de prouver que le Messie devait mourir pour ressusciter trois jours après : travail ingrat qui n'a pu commencer qu'après Trajan.

Les Actes se gardent, bien d'évoquer le procès que Sara fit dans Corinthe à tous les genres de baptême, à celui d'Apollos, et à celui du christ dont Shehimon avait hérité. Ils suppriment totalement ce procès que l'auteur des Lettres de Paul avoue encore. Dans les Actes, Apollos quitte Ephèse pour aller prêcher Bar-Jehoudda dans Corinthe ; mais dans les Lettres il y prêche encore le baptême d'Apollos, contre celui du christ et de son frère Képhas[52]. Les Actes ont donc évacué Apollos sur Corinthe, de manière qu'il n'y fût pas encore lors de troubles que l'Esprit met au passé, et qu'il ne fût plus à Ephèse lors de ceux que l'Esprit met au futur. C'est pour décharger Shehimon et, Jacob qu'on décharge Apollos. Le Saint-Esprit n'a pu travailler qu'après cela.

On a pu mettre Theudas, sous le nom de Thaddée, parmi les douze apôtres de l'Evangile, c'est dire qu'il s'est levé pour la bonne cause. Mais Apollos a combattu pour la mauvaise. Outre la trace qu'il a marquée dans l'histoire, il avait laissé quelque ouvrage embarrassant, une Apocalypse pour le moins. Car il ne pouvait rien sans un manifeste. Bar-Jehoudda n'avait rien pu sans le sien. On n'a fabriqué les Lettres de Paulos que pour exploiter le prophète Apollos converti au davidisme.

Les mots s'envolent, les écrits restent, fixant les dogmes et créant la tradition. Au troisième siècle, époque des Corinthiennes de Paulos, il y a encore en Achaïe des juifs hellènes qui disent : Moi, je suis d'Apollos[53], et qui le préfèrent au christos et à son frère Képhas. Sur la foi d'une Écriture ? Sans nul doute ; Josèphe la cite. Celui qui a inventé Paulos est obligé de lui faire dire : Moi, j'ai planté, Apollos a arrosé. Dans l'eau d'Apollos on dépose la plante de Pairles. Quel est ce mystère de germination ? Celui-ci Apollos avait étendu la rémission par le baptême aux Juifs de l'étranger. Sous le nom de Paulos l'Église l'étend aux Grecs eux-mêmes. Il y a donc eu un moment où le témoignage d'Apollos était contraire dans trois villes, Alexandrie, Éphèse et Corinthe, à l'hypothèse de l'existence de Jésus, Comment ruiner ce témoignage ? En faisant convertir Apollos dès. Ephèse par Aquila et Priscilla ; et cela pendent que Paul, esprit de Saül, et Saül, corps de Paul, étaient pour des raisons différentes absents d'Ephèse.

 

VII. — ACTES DES APÔTRES, CHAPITRE XIX.

 

Imposture n° 81. - L'ESPRIT DE PAUL.

Mais les voici tous les deux, Paul dans un esprit tout, à fait contraire à celui qui anime le corps de Saül. Dresse l'oreille, très excellent Théophile, tu vas entendre des choses merveilleuses. Une petite maladresse toutefois dans ce chef-d'œuvre ; Saül entre dans Ephèse poile chemin que l'Esprit du jésus a naguère interdit à Paul : les provinces supérieures d'Asie, c'est-à-dire la Bithynie et le Pont. Il parait bien que Sara n'a pas obéi à la consigne : il a parcouru ces provinces et rabattu les jehouddistes sur Ephèse. Aussi n'entre-t-il dans la ville qu'après avoir passé sa contremarque à Paul qui, comme vous savez, revient de Jérusalem avec l'Esprit-Saint.

1. Or il arriva, pendant qu'Apollos était à Corinthe, que Paul, ayant parcouru les provinces supérieures, vint à Ephèse et y trouva quelques disciples.

2. Et il leur demanda : Avez-vous reçu l'Esprit-Saint depuis que vous croyez ? Ils lui répondirent : S'il y a un Esprit-Saint, nous ne l'avons pas même ouï dire !

Peules,' qui pourtant connaissait le Saint-Esprit, puisque dans la Lettre aux Ceintes et dans les Actes il a vu Pierre et Jacques à peine remis de l'émotion que les langues de feu leur ont causée, Prudes n'en a rien dit à Ephèse lorsqu'il y est venu la première fois ; Aydin, Priscilla, qui connaissaient le Saint-Esprit, puisqu'ils avaient converti Apollos, n'en ont rien dit non plus ; Apollos lui-même a quitté les attristions d'Ephèse sans leur en parler ; les six diacres à qui Pierre a donné le Saint-Esprit ont parcourut la terre en évitant Éphèse ; les païens dé Césarée à qui Pierre a donné le Saint-Esprit chez Cornélius ont gardé la chose pour eux avec un égoïsme révoltant ; quinze nations, parmi lesquelles la province dont Ephèse est la capitale, ont assisté à la venue du Saint-Esprit et ont entendu Pierre on exprimer lés bienfaits en leur langue ; tous ces témoins sont rentrés chez eux sans en souffler mot aux gens d'Ephèse, qu'ils ont laissé croupir dans l'eau inefficace du baptême de Joannès, c'est à désespérer de la solidarité humaine ! Paul est particulièrement coupable, lui qui, ayant reçu plusieurs fois le Saint-Esprit hors de Judée, à Damas, des mains d'Ananias et de Jude, à Antioche des mains de Ménahem, de Siméon dit Niger et de Lucius le Cyrénéen, l'ayant distribué à son tour dans presque toutes les provinces d'Asie, en Macédoine et on Achaïe, l'ayant même tourné dans ses effets les plus visibles contre l'infâme Simon de Chypre à Paphos, a tenu la seule et unique Ephèse dans une incommunication pire que l'excommunication ! Il est vraiment temps qu'il Se décide, car le doute pourrait se glisser dans l'âme simple du très excellent Théophile et la dessécher comme une fleur.

Les Ephésiens se moquent agréablement de Paul lorsqu'ils lui disent : Nous n'avons jamais appris qu'il y eût un Esprit-Saint. L'Esprit-Saint est, au contraire, leur plus vieille connaissance, puisqu'au compte du Quatrième Évangile, Jésus l'a donné aux Apôtres le soir même du jour où il a ressuscité Bar-Jehoudda : Recevez l'Esprit-Saint, dit-il. D'autre part, comme au compte de l'Eglise, Joannès, disciple chéri de Jésus, est celui qui u composé le Quatrième Évangile, comme il est de ceux qui ont recueilli le Saint-Esprit une première fois le soir de la résurrection et une seconde fois cinquante jours après, lors de l'arrivée du Saint-Esprit sous la forme des langues de fou, comme peu de temps après, quittant le gros de la troupe, il est allé porter lit parole à Ephèse, les attristions de cette ville se jouent de Paul avec un cynisme navrant en lui racontant qu'ils n'ont jamais entendu parler de l'Esprit-Saint par personne ; et ils font preuve envers Joannès lui-même d'une ingratitude révoltante, au point même d'ignorer qu'il soit venu à Ephèse pour les évangéliser et qu'il y soit mort, voire ressuscité sous Trajan, à l'âge de plus de cent années[54] !

Mais l'Esprit de Paul disperse intrépidement toutes ces difficultés.

Imposture n° 82. - D'UN BAPTISEUR NOMMÉ JOANNÈS A ÉPHÈSE ET CHRISTOS A CORINTHE.

3. Et lui repartit : De quel baptême avez-vous donc été baptisés ? Ils répondirent : Du baptême de Joannés.

4. Alors Paul répliqua : Joannès a baptisé le peuple du baptême de pénitence, leur disant de croire en celui qui devait venir après lui, c'est-à-dire en Jésus-Christ[55].

5. Ces paroles entendues, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus[56].

6. Et après que Paul leur eut imposé les mains, l'Esprit-Saint descendit sur eux, et ils parlaient diverses langues, et prophétisaient[57].

7. Ils étaient, en tout environ douze[58].

8. Alors étant entré dans la synagogue, il y parla aveu assurance pendant trois mois[59], disputant, et les persuadant du royaume de Dieu.

La définition du baptême du Joannès est prise aux Synoptisés : Moi je vous baptise pour la pénitence (rémission des péchés), mais Celui qui viendra après moi vous baptisera dans le feu et l'Esprit-Saint. Les Actes montrent au très excellent Théophile que celui qu'annonçait le Joannès, c'est un second personnage ressuscité au Guol-golta et rédempteur par son sacrifice volontaire, comme le veut la fable. Les Éphésiens du temps d'Apollon n'avaient pu connaître ce genre d'Esprit, puisque selon le Joannès et selon Apollon, lui-même, l'Esprit-Saint, c'était le baptême de feu que devait administrer le Fils de l'homme à sa venue. Ils étaient, donc hérétiques par anticipation s'ils croyaient que le baptême du Joannès ou celui d'Apollon avait la même vertu que le baptême administré au nom du ressuscité.

Le Concile de Trente a flétri cette erreur en ce canon prestigieux : Si quelqu'un dit que le baptême de Joannès avait la même vertu que le baptême de Jésus-Christ, qu'il soit anathème ! Anathème n'est qu'un mot, il doit y avoir des châtiments plus forts, notamment en enfer, pour ce genre de criminels. La première victime du Concile de Trente, c'est Bar-Jehoudda lui-même, convaincu d'hérésie sous le nom de Joannès, puisque par l'organe de Paul l'Esprit déclare que son baptême est inopérant et répréhensible. Mais peut-on dire d'un homme qu'il est hérétique sous un nom, quand sous un autre nom il est consubstantiel au Père ? Pour répondre à cette question, il n'est pas nécessaire d'être fou, mais il faut être capable de le devenir.

Supposons cependant qu'un être réel, nommé Paul, ait rebaptisé sous Claude, au nom d'un être réel nommé Jésus, des christiens qui avaient été une première fois baptisés au nom du Joannès. Il on résulte que Joannès était mort sans avoir renoncé à son baptême et, notifié au monde la venue d'un Juif exorbitant devant lequel il avait baissé pavillon, puisque, vingt et un ans après la Passion du prétendu Jésus de Nazareth en 782, les Juifs éphésiens que ses disciples avaient évangélisés en son nom continuaient à ne croire qu'a son baptême, en d'autres termes attendaient le Renouvellement cyclique du monde. Le but que poursuivent les Actes est donc de faire croire que Jésus est, venu en chair et que Saül converti on Paul n entendu parler de sa résurrection par l'Église de Jérusalem dont il est devenu l'apôtre auprès des Gentils. Tout l'édifice du mensonge repose sur Paul. Toute la prouve de l'existence de Jésus, on la tire de Paul seul, on ne peut s'appuyer ni sur Joannès le baptiseur, ni sur le prétendu Joannès Évangéliste, ni sur Apollon, le baptiseur alexandrin, ni sur Aquila ni sur Priscilla qui ont laissé Apollos quitter Ephèse sans pouvoir lui donner le Saint-Esprit, Car qu'est-ce que le Saint-Esprit ? Bar-Jehoudda à l'état de revenant. Et qu'est-ce que Paul lui-même ? Le revenant de Saül.

 

En essayant de faire coup double, les Actes ont laissé s'envoler la pièce essentielle : Joannès unique garant de l'existence de Jésus. Ce prétendu Précurseur eu arrive à dire : Moi, j'ai administré le baptême de l'émission qui tirait toute sa vertu de moi-même. En supposant que j'aie baptisé un certain Jésus sur lequel on a écrit de si belles histoires, ni moi ni mes disciples ne l'avons reconnu pour le Messie, sons quoi eux, moi, — Apollos surtout qui a eu vingt ans pour réfléchir — nous aurions cessé de baptiser, moi en mon nom, Apollos au sien, pour baptiser en celui que Paul prêche aujourd'hui dans Éphèse et dans Corinthe. Ce Paul est vraiment un témoin bien extraordinaire depuis qu'il est l'Esprit de Saül. Notons que si à Éphèse on ne cannait encore que le baptême du Joannès, personne à Corinthe ne baptise en ce nom-là. A Éphèse, un seul baptême, en dehors d'Apollos, celui du Joannès ; à Corinthe, trois baptêmes, Apollos, Képhas, Christos. Des Juifs à qui s'adresse la Première aux Corinthiens aucun qui dise : Moi, je suis de Joannès ; aucun non plus : Moi, je suis de Jésus, ce qui pourtant se serait infailliblement produit si Jésus eût existé et qu'il eût baptisé plus de monde que Joannès, comme on le lit aujourd'hui dans le Quatrième Évangile[60].

C'est donc bien Bar-Jehoudda qui dans la littérature paulinienne est désigné sous le nom de Christos, et cela nous conduit encore une fois à l'identité de ce Christos avec le Joannès.

S'il on était autrement, l'inventeur de la rémission serait le seul qui, par un criant déni de justice, n'aurait pas donné son nom à son baptême. Jésus, s'il eût existé, serait victime du même oubli. Et on ce cas quel singulier milieu que celui des Juifs de Corinthe vingt ails après la Passion ! Impossible d'y trouver un homme baptisé par Joannès ou par Jésus. Il y a le baptême à la Képhas, le baptême à l'Apollos, le baptême à la Christos, chacun de ces baptiseurs se flattant que ses baptisés lui appartiennent en propre. Hiéronymus dit que ce fut une inspiration du Diable[61] ; oui, c'est vrai. Les apôtres eurent les corps, les âmes, les biens, tout : c'est ce que l'Eglise appelle la liberté en Christ. Hiéronymus a-t-il vu où son mot, si juste, le conduisait ? A nier l'existence de Jésus simplement. Personne n'est donc descendu du ciel pour mettre d'accord tous ces charlatans et les rappeler à la pudeur. Si Jésus était venu, on ne verrait plus que gens baptisés par lui et on n'en voit point un seul. Tout le monde aurait abandonné Joannès, et, au contraire, on ne se réclame que de lui, à Éphèse sous le nom de Joannès, à Corinthe sous celui de Christos. Quelqu'un un jour fit remarquer cela. On glissa dans le Quatrième Evangile que ce mystérieux Jésus qui jusque-là ne baptisait pas, faute du chair et d'os, s'était mis à réparer le temps perdu sur la fin de sa vie, au point qu'en quelques jours il avait baptisé plus de monde que le Joannès qui, à moins d'être absolument identique au Christos de la Lettre, n'a encore baptisé personne à la connaissance des Juifs corinthiens contemporains de Claudel Sais-tu bien, très excellent Théophile, que si les Lettres de Paul aux Corinthiens étaient authentiques, il en résulterait qu'en dehors de Képhas et de Christos, Saül n'a jamais, entendu parler du Joannès et de ses baptêmes au Jourdain ?

Il n'y a qu'un homme au nom de qui on ne baptise pas dans Corinthe, et cet homme, c'est précisément l'inventeur du baptême ! Et pourtant On baptise au nom d'un certain Christos que Paul destitue en faveur du Christos ressuscité. Quel est le premier Christos, sinon le Joannès lui-même, c'est-à-dire Bar-Jehoudda, roi crucifié par Pilatus ? Quel est le second Christos, sinon le même individu, valant non plus par son baptême qui est périmé, mais par une résurrection qui le divinise, le rend consubstantiel au Père ? Comme le dit très bien l'auteur de la Lettre aux Corinthiens, le christ du Jourdain n'est pas divisé[62] : le baptiseur d'un côté, le ressuscité de l'autre ; il n'y en a qu'un, mais, baptiseur millénariste, il a échoué, il a fait faillite ; crucifié, il est au ciel et c'est par là, c'est de là qu'il peut sauver les hommes.

On s'est aperçu très tard que le baptême ne valait qu'au nom du christ glorifié, et en ce nom l'Eglise a ruiné les petites églises, disons chapelles, que les baptiseurs juifs exploitaient on leur propre et privé nom. Mais au début les élus disaient : Je suis du Christos, je suis de Képhas, je suis d'Apollos, comme les gens du XVIe et du XVIIIe siècle disaient : Je suis à M. de Guise, à M. du Bellay, à M. de Tournon ou à M. de Blacas. Les aigrefins de nome ont combattu ces survivances baptismales dont la seule existence infirmait celle de Jésus, Pour les absorber elle déclarera, dans les Lettres de Paul, que les baptêmes ainsi conférés ne valent, et, dans les Actes, qu'il faut rebaptiser au nom de Jésus les fidèles baptisés nu nom des imposteurs du premier tige.

Mais ce Paul à qui on fait soutenir ce dogme nouveau, supposons un instant 'qu'il ait existé tel qu'on le montre dans les Lettres. Quelle qualité a-t-il pour se prononcer contre Joannès à qui dans les Synoptisés Jésus de Nazareth lui-même est venu demander la rémission de ses péchés, et contre Apollos qui professe un baptême semblable ? Qui peut-il opposer au baptême consacré par Jésus de Nazareth ? Anomies et Jude, par qui il a été baptisé dans Damas, voilà toutes ses autorités ! Il ne se les rappelle même pas, et il ne sait pas que du temps de Joannès, devenu Christos à Corinthe, il a paru un autre Christos qui s'appelait Jésus de Nazareth et qui s'est fait baptiser par le premier ! En démolissant le Précurseur il nie Jésus.

Le débat sur les baptêmes, tout à l'heure si violent à Corinthe que Paul n'ose plus revenir une troisième fois dans la ville, pourquoi ne se renouvelle-t-il pas dans Éphèse ? On n'y baptise donc plus au nom d'Apollos qui vient à peine de quitter la ville ? On n'y baptise donc pas au nom de Képhas comme à Corinthe ? C'est absolument inadmissible, Ephèse est la première étape du baptême selon le Joannès. Shehimon n'a pas renoncé à son baptême en mettant le pied dans la ville.

Un homme qui baptise trois mille individus en un jour à Jérusalem n'abandonne pas ce moyen d'action en changeant de latitude. D'où vient qu'il n'est plus question ici du Képhas et du Christos dont Paul se plaint si fortement dans Corinthe ? C'est que le baptême de Christos est dans le baptême de Joannès, et que les deux baptêmes sont une seule et même chose, comme le Joannès et le Christos sont un seul et même individu. A Éphèse comme à Corinthe, pour Shehimon comme pour son frère qu'il continue en Asie, le baptême était le signe de la rémission des péchés, base de tout le commerce. Être circoncis pour pouvoir participer au baptême, être baptisé pour avoir sa part du Royaume, n'est-ce pas toute la doctrine de Bar-Jehoudda ?

Désormais le Saint-Esprit a dissipé ces miasmes historiques ! Apollos et Paulos sont amis et alliés sans se connaître. Aquila et Priscilla, tisserands davidistes, ont envoyé Apollos à Corinthe après avoir fait de lui un jehouddolâtre. A Corinthe, Apollos a démontré que sous le nom de Joannès Bar-Jehoudda était un hérétique affreux, qui, on s'attribuant le pouvoir de remettre les péchés, avait offensé Dieu, tandis que sous le nom de Jésus il était incontestablement le Christ annoncé par toutes les Écritures, y compris celles de son père et les siennes où Philippe et Jehoudda Toâmin étaient en train de besogner. Shehimon a cessé de baptiser dans Éphèse pour ne pas faire concurrence au Christos de Corinthe, et, grâce à Paul, l'Esprit-Saint, sans précisément revêtir la forme de langues de feu, — c'est un modèle épuisé, — a rempli toutes les provinces de jehouddolâtrie.

Cet Esprit est de qualité supérieure à celui que Pierre a conféré aux pesions de Césarée, car, outre l'usage des glosses[63], les christiens d'Ephèse prophétisent, ce dont les convives de Cornélius semblent avoir été incapables. Il ne semble pas non plus que les convives de Cornélius se soient exprimée en glosses, ils savaient trop de latin et de grec pour cela ; mais les christiens d'Ephèse ont sur eux cet avantage que, stylés par Shehimon et ses frères, ils ont pu invoquer le Père et le Fils par des mots barbares comme Valentin en mot dans la bouche du jésus lui-même, mots qu'on retrouve, au dire de Celse, dans celle de certaines sectes christiennes et dont la source commune est l'Apocalypse du Rabbi.

Imposture n° 83. - LE PRÉTEUR D'ÉPHÈSE MUÉ PAR L'ESPRIT EN RHÉTEUR.

L'Esprit de Paul ayant ainsi disposé les choses, le corps de Saül peut faire son entrée dans Ephèse avec ceux de Tibère Alexandre et de Démétrios. Saül, Alexandre et Démétrios descendirent chez Tyrannus, préteur d'Ephèse, et plus tard lieutenant de Cestius Gallus, proconsul de Syrie[64]. Immédiatement l'Esprit-Saint commande à Paul de se séparer des disciples et d'enseigner chez un certain Tyrannus devenu rhéteur par le procédé subtil qui n fait Saül tisserand et qui ménage à Alexandre et à Démétrius une métamorphose du même ordre.

9. Et, comme quelques-uns s'endurcissaient et ne croyaient point, maudissant la voie du Seigneur devant la multitude, il s'éloigna d'eux, et en sépara ses disciples ; il disputait tous les jours dans l'école d'un certain Tyran.

Ce Tyran, dit le Saint-Siège, est inconnu. D'après les uns, c'était un Juif qui enseignait dans une de ces écoles qu'on annexait quelquefois aux synagogues ; d'après les autres, c'était un philosophe païen qui était à la téta d'une école profane.

C'est la répétition exacte de ce qui s'est passé à Corinthe où Paul, après avoir échoué auprès des Juifs dans la prédication de la jehouddolâtrie, se retire chez Titus Annœus Gallion, proconsul d'Achaïe. Les faussaires des Actes ne varient pas beaucoup leurs effets. Toutes les fois que l'Esprit menace son existence apostolique, Paul réintègre le corps de Saül, dans lequel il exerce son ministère sans péril, à l'ombre auguste de l'autorité romaine.

10. Or c'est ce qui se fit pendant deux ans ; de sorte que tous ceux qui demeuraient en Asie, Juifs et Gentils, entendirent la parole du Seigneur.

Imposture n° 84. - LES MIRACLES DE PAUL.

11. Et Dieu faisait, par la main de Paul, des miracles extraordinaires,

12. Au point même que l'on mettait sur les malades des mouchoirs et des tabliers qui avaient touché son corps, et ils étaient guéris de leurs maladies et les esprits mauvais sortaient.

Quelle différence de succès selon les milieux ! Une fois logé là où est Saül, chez un de ces païens qui paraissent être quelque chose[65], Paul obtient des résultats d'une durée exceptionnelle. A Corinthe, chez Aquila, il ne peut tenir que quelques jours dans les synagogues, nu milieu de troubles dont le Saint-Esprit est offusqué ; mais chez Gallon, il tient dix-huit mois au milieu d'une tranquillité comme il n'en est que dans la vie pastorale. A Ephèse, il ne peut tenir que trois mois dans la synagogue et on le décrie dans la multitude ; mais chez Tyrannus il jouit d'une paix qui décuple ses triomphes, dont le plus beau est de convaincre Alexandre et Démétrios qu'ils doivent se taire sur l'objet de leur mission à Ephèse avec Saül. Là, pendant deux ans, il parle devant tous ceux qui veulent l'entendre, tant Juifs que Grecs et Heinsius. D'ailleurs que lui importe le suffrage des hommes, depuis qu'il a l'Esprit-Saint ? Il entasse prodiges sur prodiges. A Jérusalem l'ombre seule de Pierre guérissait les malades[66]. A Ephèse on leur applique un linge ou un vêtement porté par Paul : la maladie et les esprits malins les quittent pour ne plus revenir. Paul est beaucoup plus fort que n'était Bar-Jehoudda.

Cependant, comme en dehors de Saül et d'Alexandre, Démétrius n'est pas venu pour rien d'Alexandrie, il faut que l'Esprit-Saint prépare son entrée en scène sans dévoiler la présence de Shehimon et de Jacob dans la ville.

Imposture n° 85. - LES SEPT DÉMONS DE MARIA ET L'ESPRIT-SAINT.

Il y avait à Ephèse une corporation d'orfèvres riche et, nombreuse, qui vivait de petites idoles d'or et d'argent tournées avec un goût exquis. On fabriquait surtout de petits temples d'Artémis que les étrangers venus pour admirer le grand temple, une des sept merveilles du Monde, achetaient et emportaient comme souvenir de voyage. Cos artisans, dont beaucoup étaient des artistes, avaient on naissant du métier dans les doigts. L'oncle de Lucien, et Lucien lui-même, eurent eux aussi ce don d'iconogenèse. Sous l'influence romaine, les ouvriers d'Ephèse avaient étendu leur industrie, et pour flatter l'Empire, pour se concilier une bonne grâce qui toujours se résolvait on privilèges, ils répandaient l'image de la Bête sous toutes ses formes, en y ajoutant celle de ses petits, les proconsuls, les questeurs, les préteurs et les tribuns. Or, c'était défendu par l'Apocalypse. L'Apocalypse ne permettait pas que les ouvriers d'Ephèse donnassent à ces goym la vie du bronze, de l'argent et de l'or, leur existence physique étant déjà un scandale par elle-même. Les Juifs christiens s'ameutèrent donc à la voix tonitruante de Shehimon et de Jacob, se ruèrent sur les images et sur les ouvriers, brisant tout et tuant tout par ordre de Dieu. En même temps ils se jetèrent sur ceux des Juifs qui, alléchés par les ordonnances de Claude, mollissaient dans le culte de la Loi et inclinaient vers les dieux de Rome.

Les ouvriers ripostèrent comme il convient, remplissant la ville du cri de : Grande l'Artémis des Ephésiens !, se portèrent vers le théâtre, l'immense théâtre d'Ephèse qui pouvait contenir jusqu'à cinquante mille personnes, et réclamèrent, la punition de ceux des coupables qu'ils n'avaient pu saisir. En même temps les Juifs loyalistes appelèrent à leur secours Saül, Alexandre et Démétrius.

 

On ne pouvait nier que les troubles n'eussent été excités par deux des frères de ce fameux exorciste qui pendant onze années avait tenu la populace juive sous le charme de ses incantations, et que ces deux héros ne fussent deux des sept fils de Jehoudda de Gainais, l'homme du Recensement, le fondateur de la secte christienne. On ne pouvait le nier, puisque l'émeute d'Ephèse était la plus belle page de leur carrière et qu'elle avait laissé sa trace dans les histoires juives et dans les annales de la ville. Mais le Saint-Esprit devait passer une de ses langues de feu sur ces événements déjà lointains au moment de la fabrication des Actes. Cà n'est pas pour rien que Paul l'avait ramené de Jérusalem. Approche, très excellent Théophile. Puisque tu as lu tout ce que le jésus s'est autrefois mis à faire jusqu'au jour de son Assomption[67], il te souvient encore des Sept démons que Jésus a extraits dit corps de Salomé, en Évangile Maria Magdaléenne, entre l'an 739 et l'an 760 de Rome, avec la collaboration terrestre de Jehoudda, en Évangile Joseph, alias le Charpentier, alias Zachûri, alias Zibdeos, alias Joannès senior[68]. Ce sont, tu le sais parfaitement, les sept fils du Verbe : Bar-Jehoudda, Shehimon, Jacob senior, Philippe, Jacob junior, Jehoudda Toâmin et Ménahem, C'est ainsi que tout le monde interprétait l'expression employée par les Evangélistes, et, personne ne faisait à la femme de Jehoudda l'injure de croire qu'elle Mit été possédée de sept esprits malins que son fils aîné exorcisait à ses moments perdus. A propos de ces esprits nous avons montré, par la déclaration du jésus lui-même, qu'il daignait reconnaître à tous les Juifs la liberté d'exorciser, pourvu qu'ils possédassent le secret du métier. Mais comme ce secret était resté la propriété de sa famille, à ce qu'il leur faisait accroire, les Sept dénions de Maria Magdaléenne accaparaient tout le devant de la scène. Les troubles d'Ephèse avaient éclaté en leur nom, comme à Rome et comme à Corinthe, instigatore christo. Ils portaient leur marque davidique, et, dans la contre histoire, ils appelaient une contremarque. Cette contremarque, la voici, très excellent Théophile.

La renommée de sept exorcistes juifs est arrivée jusque dans Ephèse, mais à la différence des Sept démons de Maria la Magdaléenne, ils sont fils du Grand-prêtre Skènas.

13. Or quelques Juifs exorcistes, qui allaient de côté et d'autre, tentèrent d'invoquer le nom de Jésus sur ceux qui avalent on eux des esprits Mauvais, disant : Je vous adjure par le Jésus que Paul prêche.

14. C'étaient sept fils de Skènas ; Juif et prince des prêtres, qui faisaient cela.

Tu le vois, très excellent Théophile, ce sont sept Juifs qui vont d'ici et de là, de côté et d'autre, essayant d'exploiter l'Apocalypse du Joannès et de faire, tout au moins par leur nombre, concurrence aux Sept fils de Jehoudda dans l'art d'expulser les dénions. Ce ne sont pas les premiers venus toutefois, et on ne nie pas qu'ils ne soient de grande famille, puisque le Grand-prêtre Mènes est leur père, Mais ils sont sans mandat du ciel et semblent plutôt inféodés aux Hérodes. C'est du moins l'air qu'ils ont ici pour tromper les goym : but suprême de toutes ces fourberies, et plaisir divin que tu partages, très excellent Théophile, car ce serait une impardonnable sottise de ne pas croire à ta complicité ! Le nom seul de ce Grand-prêtre en est une indication suffisante : Skènas, c'est Skènéos, et Skènéos vient de Skèné : Tabernacle comme Zibdeos vient de Zib : Poisson. Le très excellent Théophile n'ignore rien de la fête des Tabernacles en général, Shènai, ni en particulier de celle de 787 où l'aîné des sept fils de Jehoudda souleva le beau tapage que nous avons raconté dans le Roi des Juifs. Elle était dite, en grec, Shônopèyin, et on sait quel rôle elle joue tant dans l'Apocalypse que dans les Évangiles.

Sur le nom que les Actes donnent à ce pontife imaginaire les exégètes sont prodigieux, surtout ceux du Saint-Siège. D'abord ils lisent Scéva, sans même se donner la peine de rechercher si ce nom existe sur la liste des derniers grands-prêtres (Ah ! s'il s'agissait de la liste des premiers papes, ils seraient plus ferrés, l'ayant faite !). Ou plutôt l'y ayant cherché en vain, ils avancent que ce Scéva est dit prince des prêtres parce qu'il était sans doute chef d'une des vingt-quatre familles sacerdotales. Il n'est point dit qu'il résidât lui-même à Ephèse[69]. En effet, cela n'est point dit, et tous les initiés savent qui cet Skènas, car il n'y a jamais eu de grand-prêtre appelé Skènas tant avant que depuis Hérode. C'est le Temple tout entier qui est en scène en la personne du père des sept exorcistes non davidiques. Comme les Sept fils de Jehoudda, les sept fils de Skènas sont précédés dans Ephèse par leur réputation, et ils y sont représentés par deux de leurs frères qui entrent dans les Actes avec la contremarque de Shehimon et de Jacob. Nous apprenons par là que Shehimon et Jacob sont dans Ephèse, répandant l'Apocalypse de leur frère et manifestant contre Apollos qui a été obligé de se réfugier à Corinthe. En effet, nous vous conjurons, disent-ils aux démons dont les Juifs d'Ephèse sont possédés, nous vous conjurons par le jésus que Paul prêche.

C'est une façon de dire que ces sept exorcistes, réduits à cinq par la lapidation de Jacob junior et la crucifixion de Bar-Jehoudda, ont précité le Christ que le pseudo-Skènas leur avait enseigné et qui, de métamorphose en métamorphose, est devenu celui que le pseudo-Paul prêche dans les Actes, c'est-à-dire Bar-Jehoudda lui-même ressuscité et déifié par l'Église. Ils sont méconnaissables ainsi que leur père, puisque par l'opération de l'Esprit ils se présentent sous la figure de Juifs hérodiens. C'était, dit le Saint-Siège, des Juifs vagabonds qui faisaient profession de chasser les démons. Comme il traite le Juif consubstantiel au Père et le premier pape !

15. Mais l'Esprit mauvais, répondant, leur dit : Je connais Jésus, et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ?

Nous n'avons pas la réponse des sept Juifs hérodiens, mais nous croyons pouvoir combler cette lacune : Nous sommes, dirent-ils, sept de ces hérodiens abominables qui, ayant crucifié ou persécuté les sept Juifs auxquels vous nous substituez, ne sauraient prétendre à la grâce, comme Paul, par exemple, que vous avez substitué à Saül. Aussi reconnaissons-nous bien volontiers que nous ne devons pas répondre, car vous ne valez pas le bois pour vous crucifier... Vous nous avez demandé qui nous étions ? Puisque vous consentez à entrer en conversation, à notre tour nous vous demandons qui vous êtes. Dites-nous comment vous connaissez si bien ce Jésus (de Nazareth) et pourquoi vous faites de Saül son serviteur et son apôtre ? N'est-ce point parce que vous avez vu le nom de Jésus dans la mystification évangélique et celui de Paul dans les Lettres que vous avez mises sous le nom de cet industrieux tisserand ? Car pour ce qui est de Jésus, nous pouvons vous affirmer, nous, Juifs de Jérusalem et fils d'Ananias, fils du Nébédaios, actuellement grand-prêtre, que ni notre père ni ses prédécesseurs, ni aucun des Juifs de la génération qui fleurit en cette année 802, n'avons jamais ouï-dire que Dieu ait eu parmi nous un fils que nous ayons crucifié par erreur ou par malice. Et si quelqu'un s'avisait de soutenir de telles choses dans Ephèse ou ailleurs, nous pourrions d'ici à la fête des Shènni, en écrivant à notre père, vous rapporter la prouve que depuis la Création il n'a point existé chez nous de personnage répondant à cette définition. Nous-mêmes nous venons de Judée comme Apollos et nous avons traversé bien des villes avant d'arriver dans celle-ci : sur notre route nous avons exorcisé beaucoup ; nulle part nous n'avons rencontré de démons aussi instruits de ce Jésus, Si vous doutez de nous, comme vous avez beaucoup de gens dans Ephèse lesquels vont chaque année à Jérusalem pour les fêtes, vous pouvez choisir parmi eux des délégués, et ils confirmeront tout ce que nous vous disons là. Mieux que cela, nous nous en remettons à Saül lui-même ; il revient, dites-vous, de Jérusalem, interrogez-le, et s'il a jamais entendu parler d'un charpentier de Galilée ressuscité et chargé par Iahvé de juger les vivants et les morts, nous consentons à périr sur la croix pour expier le crime de toute la nation. Quant à vous, non contents de dépouiller vos dupes, n'avez-vous pas honte de vous moquer d'elles ensuite avec un cynisme aussi outrageant ?

Imposture n° 86. - LA FUITE DE SHEHIMON ET DE JACOB SELON L'ESPRIT MALIN.

Mais l'Esprit qui était dans les Juifs hérodiens serait Satan lui-même s'il leur eût laissé le temps de faire cette réponse. Cet Esprit n'est pas malin sans raison : il refuse énergiquement de dire quels sont on réalité les Sept exorcistes que l'Esprit-Saint produit sous le masque de leurs contraires ; il sait qui est Jésus (il est plus avancé qu'Apollon !)[70], il sait qui est Paul et respecte cette invention de l'Église, mais il se tait sur la présence à Ephèse de deux d'entre les exorcistes selon le cœur de l'Esprit davidique. Cela permet à l'incarnation la plus méchante de Satan de s'introduire chez eux pour les persécuter pendant que Saül est dans la ville.

16. Et l'homme on qui était le plus mauvais démon s'élança sur eux, et, s'étant rendu maître de deux d'entre eux, il les maltraita de telle sorte, qu'ils s'enfuirent de cette maison, nus et blessés.

Voilà qui est clair. Les gens de Saül, d'Alexandre et de Tyrannus, ont cerné la maison de Shehimon et de Jacob dans le quartier juif, et peu s'en est fallu que ceux-ci ne restassent entre leurs mains. Quanta l'homme en qui était le plus mauvais démon, nous avons le regret de le dire, très excellent Théophile, c'est l'exécrable Amalécite à qui Shehimon a coupé l'oreille droite, c'est le bourreau de Jacob junior, c'est le persécuteur de tous ses frères depuis vingt ans, c'est le prince Saül lui-même, avant sa conversion en Paul par le Saint-Esprit. Mais comme il répugne à ce dernier d'avouer que Shehimon et Jacob sont ceux des sept fils de Jehoudda qui ont excité l'émeute, c'est pour décharger leur mémoire de cet exploit qu'il leur a substitué deux des sept fils du prétendu Skénas, grand-prêtre de Jérusalem, lesquels sous ce nom et à ce titre méritent amplement les mauvais traitements dont ils sont accablés.

17. Cela fut connu de tous les Juifs et Gentils qui habitaient Ephèse ; et la crainte s'empara d'eux tous, et le nom du Seigneur Jésus était glorifié.

Cela fut connu de tous les Juifs et Gentils qui habitaient Ephèse et la crainte s'empara d'eux tous.

Nous n'en doutons pas. Cela était à sa vraie date dans les histoires juives, dans les histoires grecques et dans les archives d'Éphèse. Quant au nom de Bar-Jehoudda et de ses frères, nous ignorons jusqu'à quel point il fut glorifié. Cependant nous en avons une idée par le feu que les disciples de Shehimon et Jacob allumèrent en souvenir de celui de Samarie et qui, ventilé par le Saint-Esprit, devient une simple incinération de livres de magie opérée avec le consentement des christiens dont l'aversion pour ces sortes de livras est bien connu depuis l'apparition de l'Apocalypse.

18. Beaucoup d'entre les croyants venaient, confessant et déclarant ce qu'ils avaient fait.

19. Et beaucoup aussi de ceux qui avaient exercé les arts curieux, apportèrent leurs livres, et les brûlèrent en présence de tous, et le prix en ayant été supputé, on trouva la somme de cinquante mille deniers[71].

20. Ainsi croissait et s'affermissait puissamment la parole de Dieu.

Après l'incendie, arme favorite des christiens, il y eut une instruction contre ceux qui propageaient l'Apocalypse et les Paroles du Rabbi dans les synagogues. On les somma de les apporter aux magistrats et en brûla en place publique ces malfaisantes élucubrations qui ont créé autour du Juif consubstantiel au Père une atmosphère de basse astrologie judiciaire que les temps, même traversés par le Saint-Esprit, n'ont jamais pu dissiper.

Imposture n° 87. - INTERMÈDE PAR L'ESPRIT-SAINT.

Au milieu de ces épreuves dont Paul supporte le poids avec allégresse, l'Esprit-Saint révèle au très excellent Théophile que Saül ira un jour à Raine, mais il ne lui révèle pas que pour y aller il prissent de nouveau Par Corinthe, venant de Jérusalem. Au contraire, il lui révèle que Paul retournera d'abord à Corinthe par la Macédoine et l'Achaïe, et qu'il ira ensuite à Jérusalem d'où il partira pour Rome. En un mot, le Saint-Esprit aidant, Paul suivra en sons inverse l'itinéraire da Saül pour aller d'Ephèse à Jérusalem puis de Jérusalem à Rome par Corinthe, Ceci, très excellent Théophile, n pour but d'établir l'authenticité de hi Seconde aux Corinthiens, que Paul aurait écrite d'Ephèse, et dans laquelle il annonce un second, voire un troisième voyage on Achaïe, voyages qui eurent lieu en effet, mois pour un motif tout autre que l'évangélisation des Juifs de Corinthe. Le Saint-Esprit est très au courant. il sait qu'il y a certaine Lettre aux Romains dont lit composition doit, pour produire tout son effet sur le très excellent Théophile, trouver sa place après la Seconde aux Corinthiens. Ce n'est pus tout, très excellent Théophile ; le fourbe qui a fabriqué la Lettre de Paul aux Galates racornie que Saül s'est trouvé à Jérusalem et à Antioche en 802, avec Gallien, que cette année 802 est la dernière de la grande famine dont a souffert la Judée, et qu'elle termine la procurature d'Alexandra dont la durée fut de trois ans et met fin à la précieuse existence des deux exorcistes qui viennent de quitter Ephèse, nus et blessés. Il importe donc que, même sous le nom de Paul, Sara ne soit vu ni à Antioche ni à Jérusalem pendant la procurature d'Alexandre, et c'est pourquoi Peul reste trois ans à Éphèse.

21. Ces choses accomplies, Paul résolut, par un mouvement de l'Esprit-Saint, la Macédoine et l'Achaïe traversées, d'aller à Jérusalem, disant : Après que j'aurai été là, il faut que je voie Rome aussi.

22. Et envoyant en Macédoine deux de ceux qui l'assistaient, Timothée et Eraste, il demeura lui-même quelques temps en Asie.

Fais ton compte, très excellent Théophile, et tu verras que non-seulement Paul est resté à Ephèse pendant les trois ans qu'a duré la procurature d'Alexandre, mais que, plaçât-on la crucifixion de Shehimon et de Jacob en 803, comme il est permis de le faire, Saül, loin dé se trouver à Antioche ou à Jérusalem cette année-là, était en Macédoine et en Achaïe sous le nom de Peel. Et rends grâces à Dieu d'avoir, outre son fils, une troisième personne qui s'appelle le Saint-Esprit.

Imposture n° 88. – CONVERSION DE DÉMÉTRIUS EN ORFÈVRE ÉPHÉSIEN.

Tu liras peut-être dans quelque livre, païen ou juif, le récit d'une émeute qui vers le même temps a éclaté dans Ephèse, les statues renversées, l'atteinte portée à la vie, au travail, aux biens des ouvriers, les sévices, le feu, les meurtres entre jehouddistes et alternions, les coups de sique dans les entrailles des Juifs qui consentaient à saluer les images de la Bête ; les Actes eux-mêmes conviennent que ces événements furent connus de toute l'Asie juive, romaine et grecque. Mon dieu ! il y a bien eu quelque chose, de l'agitation, de la confusion même, où ont été mêlés des ouvriers en cuivre plus enclins à la sédition qu'au moulage ou à la sculpture. A la voix de l'un d'eux, un bourru malfaisant nommé Démétrius, ils se sont assemblés, (lu moins on le dit, et ses excitations étaient dirigées contre Paul, qui d'une part en sa qualité de tisserand cilicien n'entendait rien aux beaux-arts, et qui, de l'autre, en sa qualité de juif, pouvait Won être contraire aux images faites de main d'homme. Mais la preuve qu'il n'y avait rien de grave contre Paul, c'est qu'on n'a pas interrompu ses cours de jehouddolâtrie chez Tyrannus. Les compagnons de ce Démétrius ont, tramé au théâtre le célèbre Gaïus et lu fameux Aristarque, tous deux Macédoniens et compagnons de Paul, Leur intention à ce moment n'était peut-être pas bonne, mais tout s'est arrangé. Paul lui-même, craignant d'aggraver les choses par sa présence, n'a point paru au théâtre où l'on n'a vu, outre Démétrius, qu'un certain Alexandre, scribe encore plus vague qu'éphésien.

Comment s'y est-on pris, pour empêcher Paul de paraître on un théâtre où, si près du cousin Alexandre, procurateur de Judée, on aurait peut-être pu le prendre pour le prince Saül, petit-neveu d'Hérode ? Oh ! ç'a été toute une affaire, car empêcher Paul d'affronter le martyre n'était pas une besogne facile. Il a fallut que d'une part, des disciples l'empêchassent de se mêler au peuple qui se précipitait vers le théâtre, et que, d'autre part, quelques-uns des Asiarques, qui étaient de ses amis, le suppliassent de ne pas s'y présenter. Dos deux côtés, on s'est employé à l'en détourner. On n'a guère pu y parvenir qu'en le ligotant. Quelques cordes de Cilicie, empruntées à son atelier, ont sans doute eu raison de sa fougue ordinaire, car l'Apôtre des nations était éruptif et volcanique.

Au théâtre, est-ce qu'on n'a pas crié : Mort aux Juifs ? Pas du tout. Toujours ce même cri, fastidieux par sa répétition (deux heures !) : Grande l'Artémis des Ephésiens ! Mais à quel propos cette clameur ? On ne sait : on peut croire qu'elle menaçait les Juifs, mais cela n'a qu'une valeur d'interprétation personnelle.

23. Mais il survint on ce temps-là un grand trouble au sujet de la voie du Seigneur[72].

24. Car un Certain orfèvre, du nom de Démétrius, qui, faisant en argent de petits temples de Diane, procurait un gain considérable aux ouvriers,

26. Les ayant assemblés, avec d'antres qui faisaient de ces sortes d'ouvrages, il dit : Hommes, vous savez que c'est de cette industrie que vient notre gain ;

26. Et vous voyez et entendez dire que ce Paul ayant persuadé non seulement Éphèse, mais presque toute l'Asie, il a détourné une grande multitude, disant : Ils ne sont pas dieux ceux qui sont faits par des mains.

27. Or, non seulement nous courons risque que notre métier soit décrié, mais que le temple même de la grande Diane tombe dans le mépris, et que s'anéantisse insensiblement la majesté de celle que toute l'Asie et le monde entier révère.

28. Ce discours entendu, ils furent remplis de colère, et ils s'écrièrent, disant : Grande est la Diane des Ephésiens !

29. La ville fut aussitôt remplie de confusion, et ils firent irruption dans le théâtre, y entraînant Gaïus et Aristarque, Macédoniens, compagnons de voyage de Paul.

30. Or Paul, voulant pénétrer au milieu du peuple, les disciples ne le permirent pas,

31. Quelques-uns aussi des Asiarques, qui étaient ses amis, envoyèrent vers lui, le priant de ne pas se présenter au théâtre ;

32. Cependant les uns criaient une chose, les autres une autre. Car c'était une réunion confuse, et la plupart ne savaient pourquoi ils étaient assemblés.

Imposture n° 89. - CONVERSION D'ALEXANDRE EN SCRIBE ÉPHÉSIEN.

L'affaire se poursuit sans s'éclaircir par l'entrée on scène d'Alexandre, dont le nom était si étroitement attaché à ces événements que le faussaire des Actes néglige de le présenter au très excellent Théophile. Il se borne à tromper le lecteur sur le rôle, sur la qualité du personnage en le faisant passer pour un scribe éphésien. Malgré l'apostasie dont Alexandre avait déjà donné des preuves en adoptant le costume romain et la religion païenne, son origine juive le rendait suspect aux Ephésiens dans une question qui intéressait sa race, et il eut de la peine à les faire revenir sur cette impression.

On t'a dit, très excellent Théophile, qu'Alexandre était là ? A la vérité, les manifestants suivaient un certain Alexandre, et cet Alexandre à écrit ; il y a quelque part, sous ce nom-là, une Relation de ce qui s'est passé à Ephèse. Qui te dit que cet Alexandre fût cousin de Saül et procurateur on Judée ? Alexandra est un nom si commun ! C'est comme Tyrannus ! Qui te dit que ce fût le préteur du proconsul d'Asie ? A la vérité cet Alexandre était juif, mais si pou que les Ephésiens, pourtant soulevés contre ses coreligionnaires, ne lui ont fait aucun mal. Au contraire, c'est lui qui a rétabli le calme on portant aux nues Artémis, disant notre déesse en parlant d'elle[73] ; puis il a été le premier à reconnaître que ceux que les ouvriers avaient saisis et amenés au théâtre n'étaient ni sacrilèges, ni blasphémateurs ; Démétrius les aurait assignés si par hasard il avait ou quelque grief à prouver contre eux. Il y avait un proconsul, un préteur, on serait allé à l'audience, l'autorité serait intervenue. Mais il n'y a point d'apparence que les choses se soient terminées de façon litigieuse. C'est même pour les empêcher de mal tourner qu'Alexandre s'en est mêlé, et elles ont fini sans qu'une goutte de sang ait été versée. Par conséquent, très excellent Théophile, s'il existe quelque part un Rapport de Tibère Alexandre sur une émeute réprimée dans Ephèse, ces désordres n'ont aucun lieu avec l'émotion que le scribe Alexandre a assoupie par son Discours académique.

33. Cependant on dégagea Alexandre de la foule, à l'aide des Juifs qui le poussaient devant eux. Et Alexandre demanda qu'on fît silence, voulant se défendre devant le peuple.

34. Mais, dès qu'il eut été reconnu pour Juif, tous, d'une seule voix, crièrent pendant environ deux heures : Grande est la Diane des Éphésiens !

35. Alors le scribe, ayant apaisé la foule, dit : Ephésiens, quel est l'homme qui ignore que la ville d'Éphèse rend un culte à la grande Diane, fille de Jupiter ?

36. Puisque donc on ne peut le contester, il faut que vous soyez calmes, et que vous ne fassiez rien témérairement.

37. Car vous avez amené ces hommes, qui ne sont, ni sacrilèges, ni blasphémateurs de notre déesse.

Ainsi il y eut des Juifs trahies au théâtre par la population ouvrière, des Juifs qui étaient plus de deux, qui ne s'appelaient ni Gaïus ni Aristarque, qui n'étaient ni Macédoniens, ni compagnons de Saül, mais qui, christiens stylés par Shehimon et pur ses frères, s'étaient levés on même temps contre les Ephésiens et contre les Juifs loyalistes, à cause de la voie du Seigneur. Ils étaient donc sacrilèges et blasphémateurs de la déesse protectrice de cette ville dont ils reconnaissaient l'hospitalité par une émeute, et ils ne pouvaient pas n'en être pas punis.

 

Si Paul est le brandon de la discorde, comme il apport de ce récit, d'où vient que les Ephésiens, au lieu d'assiéger l'école de Tyrannus où ils sont surs de le trouver, se précipitent sur des malheureux contre lesquels ils sont incapables de rien relever, après trois cents ans d'une information conduite par le Saint-Esprit lui-même ? Doit vient, d'autre part, que voyant la mort planer sur ces têtes innocentes, Paul, loin de déchirer ses habits et de s'élancer vers la fouie comme à Antioche de Pisidie, se retire citez Tyrannus où il ne renonce à faire son cours de jehouddolâtrie (troisième année) qu'à raison de l'absence momentanée de ses disciples ? Vous allez le savoir par les exégètes : En se retirant, Paul ne cède pas à un sentiment de crainte et de pusillanimité personnelle, mais il agit très sagement ; il évite par là que Démétrius et les ouvriers ne se jettent sur tous les chrétiens et ne les immolent à leur fureur. C'est ainsi qu'en a usé plus tard saint Athanase dans ses démêlés avec les Ariens[74].

C'est donc par charité que Paul sacrifie Aristarque et Gaïus. Un bon pasteur doit garder sa vie pour ses brebis. Tel Ugolin qui n'a mangé ses enfants que pour leur conserver un père.

En effet, un passage de la Première aux Corinthiens, que son auteur fait écrire par Paul à son départ d'Ephèse, montre qu'il y eut des supplices, des christiens exposés, livrés aux bêtes. Si les morts ne ressuscitent pas, dit cet imposteur, pourquoi sommes-nous en péril à toute heure ? Par la gloire que vous m'avez acquise eu Jésus-Christ, frères ! je meurs chaque jour. Si, à Ephèse, j'ai pour ainsi dire combattu avec les bêtes, quelle utilité pour moi ? Si les morts ne ressuscitent point, mangeons. et buvons, car nous mourrons demain. Dans un passage de la Seconde aux Corinthiens, il revient sur les tribulations que le pseudo-Paul aurait éprouvées on Asie, sur les 'mauvais traitements qui l'auraient accablé, s'il avait été là. Ah ! si les Macédoniens et les Asiarques ne l'eussent ligoté ! Nous étions allés jusqu'à prononcer en nous-mêmes nôtre arrêt de mort... C'est Dieu qui nous a délivré, d'un tel péril. Le souvenir que Saül a laissé dans. Ephèse est si cuisant que, passant en mer devant la ville, Paul n'osera pas s'y arrêter au retour de son second voyage en Macédoine et on Achaïe ; par ordre du Saint-Esprit il convoquera les fidèles à Milet pour leur dire adieu.

Imposture n° 90.  LE NON-LIEU.

Pour en finir, ayant jeté les yeux sur Alexandre qui avait laissé la renommée d'un homme extrêmement adroit dans les négociations difficiles, le Saint-Esprit utilise ses talents diplomatiques pour dissiper les fumées de sang et de feu qui enveloppent toute cette histoire. Alexandre achève donc son discours en ces termes

38. Que si Démétrius et les ouvriers qui sont avec lui ont à se plaindre de quelqu'un, il y a des audiences publiques, il existe des proconsuls ; qu'ils s'accusent les uns les autres.

39. Mais si vous avez quelque autre affaire à proposer, elle pourra se terminer dans une assemblée régulière.

40. Car nous courons risque d'être accusés de sédition sur ce qui s'est passé aujourd'hui, n'y ayant personne qui donne un motif (que nous puissions justifier) de cet attroupement. Et lorsqu'il eut dit cela, il congédia l'assemblée.

L'étrange affaire et comme elle serait incompréhensible si l'Esprit-Saint n'y donnait de sa personne ! Les Ephésiens ignorent pourquoi ils sont assemblés ; Démétrius, qui est le plaignant, n'en sait pas davantage, et quant au Juif Alexandre, que les Grecs d'Ephèse ont choisi pour scribe et pour gardien de leurs actes publics[75], il confesse avant de congédier l'assemblée qu'il ignore absolument pourquoi elle est réunie, mais que cependant si on veut évoquer une autre affaire, — pourvu que ce ne soit pas celle-là ! — on pourra peut-être trouver dans la ville des magistrats qui en auront entendu parler, mais ce n'est pas sûr. De quelle affaire le Saint-Esprit s'occupe-t-il en ce moment ? Si c'est de celle qu'il vient de raconter au très excellent Théophile, personne ne la connaît. Si c'est de celle qui concerne Shehimon et Jacob, inutile de chercher, les archives de la ville et du temple de Diane ont été brûlées au troisième siècle. C'est comme si le très excellent Théophile voulait consulter les registres du sanhédrin à Jérusalem, pour comparer l'affaire de Bar-Jehoudda avec celle de Jésus !

 

Démétrius n'était pas plus orfèvre que Bar-Jehoudda n'était charpentier, Joseph l'Haramathas membre du sanhédrin, Shehimon pécheur, Saül tisserand, Alexandre scribe, Tyrannus rhéteur dans une école. Si le discours d'AleXandre, en tant que scribe, est d'une incohérence où se marque l'intervention de la troisième personne de Dieu, sa conduite comme procurateur dé Judée fut d'une exemplaire unité. Dans ses Homélies, Jean Chrysostome dit positivement qu'Alexandre n'a eu d'autre but que d'exciter la sédition contre les christiens[76]. Lorsqu'on a fabriqué la Deuxième à Timothée, on a donné à Alexandre un métier autre que celui de scribe. On en a fait un ouvrier en cuivre[77], afin qu'on ne pût retrouver ni le prince Saül dans le tisserand Paul, ni le procurateur de Judée dans l'Alexandre qui avait écrit, car c'était trop qu'il eût écrit quelque chose. Alexandre devient ouvrier en cuivre parce que dans l'émeute d'Ephèse racontée par les marchands de Christ, Démétrius, l'alabarque d'Alexandrie, est orfèvre ou ciseleur sur argent.

C'est dans le même esprit de fourberie que l'Église a présenté les princes de la maison de David, à 'commencer par le père et la mère du jésus, comme des artisans ou des pécheurs galiléens, humbles de condition mais avides de liberté et envahis d'autant d'amour pour les hommes que de mépris pour les Juifs pharisiens. Toutes ces histoires sont faites à plaisir pour tromper le peuple sur la qualité et les sentiments de tous ces personnages : Abus inexpiable de sa confiance ! Et captée par des moyens frauduleux, car l'Eglise fait partir de lui, comme s'il y était intéressé dans son avenir, la superstition judéocratique qu'elle a toujours dirigée contre la conscience humaine ! Dans son culte nauséabond pour le Juif consubstantiel au Père, elle a sacrifié la réputation de toutes les nations, de toutes les villes que l'élément christien a placées en état de légitime défense. Voici comment elle traite aujourd'hui les habitants d'Ephèse attaqués dans leurs lois et dans leur industrie : Ephèse, ville libre de l'empire, bâtie sur les bords du Caïstre, entre Milet et Smyrne, célèbre par son commerce, son temple de Diane et son zèle pour le culte de sa grande déesse, était la métropole de l'Asie proconsulaire. Au-dessous du proconsul, qui avait le gouvernement de la province, était un magistrat, nommé Scribe, ou intendant de la cité. Des dignitaires, nommés Asiarques, veillaient aux fêtes religieuses et aux représentations scéniques. Les Ephésiens, passionnés pour l'honneur de la déesse, ne l'étaient pas moins pour le plaisir et la magie, et il était difficile de trouver ailleurs plus de fanatisme et de superstition[78]. Rien de plus facile, au contraire, il n'y avait qu'à entrer dans la maison occupée par la famille du Juif consubstantiel au Père !

 

 

 



[1] Cf. les Marchands de Christ.

[2] Cf. les Marchands de Christ.

[3] Alias Caligula.

[4] Lieux de prière en Synagogues.

[5] Toutefois nous en retrouvons la substance dans Tacite. L'effroyable page de Tacite sur les Juifs vient en partie d'Apion.

[6] Légation de Philon à Caïus.

[7] Frère de Philon et commanditaire d'Agrippa.

[8] Il ne s'agit pas d'une secte comme fut celle qui tira son nom du Nazir et de ses frères. C'était des naziréens temporaires, de ceux qui, soit pour se mettre en voyage, soit pour avoir des enfants, soit pour une cause expiatoire, soit pour toute autre raison, juraient donc de ne boire que de l'eau et de laisser croître leurs cheveux jusqu'à l'accomplissement de leur vœu. Au jour fixé le nazir se présentait au sanctuaire, offrait ses sacrifices soit d'expiation, soit d'actions de grâces, et se trouvait délié moyennant que le prêtre lui eût coupé les cheveux.

[9] Guémara, Guittine, LIX, 6. C'est au commencement du règne de Claude, vers 796, que le sanhédrin prit cette décision.

[10] Actes des Apôtres, XII, 23.

[11] Il y a intérêt pour la suite de l'histoire apostolique à fixer la date de cette mort.

Agrippa était en prison lors de la mort de Tibère (16 mars 790) et de l'avènement de Caligula, et il n'eut les états de Philippe, de Lysanias et d'Antipas qu'en la deuxième année de Caligula, vers la fin de l'été, d'après ce qu'on peut conclure d'une phrase de Philon (Légation à Caïus). Comme il est mort en la septième année de son règne, on peut admettre que de fut en 797, terme moyen.

[12] Signes imaginaires obtenus par l'intervention de Jésus dans la fable et que fait passer pour historiques.

[13] C'est ainsi, on se le rappelle, que les Actes qualifient Bar-Jehoudda.

[14] Dans l'Anticelse.

[15] L'auteur connaît le discours de Gamaliel et la conversion du président du sanhédrin en jehouddolâtre.

[16] L'auteur connaît le faux introduit dans Luc et par lequel on retarde de vingt et un ans (760 au lieu de 739) la naissance du jésus, afin qu'on cesse de la confondre avec celle de l'auteur de l'Apocalypse. Cf. les Marchands de Christ.

[17] Dosithée, c'est Théodose retourné ; et Theudas, c'est Théodose en grec araméen.

[18] Nous avons montré dans le Roi des Juifs, comment on avait enlevé son nom de circoncision.

[19] Anticelse, I, 51. Toutefois il ajoute au discours de Gamaliel, d'où il tire tous ses renseignements, ces deux membres de phrase : avant la naissance du jésus, et : époque à laquelle, est né Jésus, comme si Gamaliel avait connu l'existence du Jésus. Il n'est nullement question de Jésus dans le discours de Gamaliel et pour cause : c'est Gamaliel qui a condamné Bar-Jehoudda !

[20] Cf. le Charpentier, t. I du Mensonge chrétien.

[21] Suétone, Claude.

[22] Cela nous donne 803, qui est avec 802 l'une des deux dates attribuables à la crucifixion de Shehimon et de Jacob par Tibère Alexandre, procurateur de Judée.

[23] Agrippa II, fils du Ier, et qui faisait son éducation à Rome.

[24] Il n'est pas impossible que cet Aquila soit l'ancêtre de celui qui, sous Hadrien, traduisit les Écritures de l'hébreu en grec, — à l'exception de l'Apocalypse, je suppose.

[25] De Orat. institut., IX, 2.

[26] Après le discours dans lequel il propose Bar-Jehoudda ressuscité à l'adoration de l'Aréopage.

[27] Nous examinerons de plus près cette tente allégorique lorsque nous en viendrons à la Transfiguration dans les Évangiles synoptisés.

[28] Cette suscription est telle : Paulos, appelé à l'apostolat de Jésus-Christ par la volonté de Dieu (Dieu ici, c'est celui qui sur le conseil de l'Esprit-Saint a fabriqué la lettre) et Sosthènes, son frère, à l'Église de Dieu qui est à Corinthe. (I, 1, 2.)

[29] Cf. les Marchands de Christ.

[30] Il semble bien d'après la Lettre aux Galates, que la fantaisie des scribes avait associé Barnabas et Gallion à Saül avant 802, puisqu'à cette date Paulos monta avec eux à Jérusalem. Il sembla aussi que l'auteur de la Première aux Corinthiens tient compte de cette indication puisqu'il nomme Barnabas comme étant avec Paulos en un temps postérieur aux troubles de Corinthe et antérieur à ceux d'Antioche.

[31] Homélie I, n. 1 in Titum.

[32] Dans les Actes Paulos est le revenant de Saül converti, comme dans les Évangiles Jésus est le revenant de Bar-Jehoudda démillénarisé. Histoires de revenants que tout cela, mais de revenants qui mentent à tout leur passé pour les besoins de l'Église.

[33] Ce n'est pas la première fois que l'auteur dénonce son procédé de composition, qui consiste à introduire le nom du Seigneur Jésus dans des événements supposés, d'où la personne de Bar-Jehoudda fut absente.

[34] Nous connaissons assez le personnage pour le traiter familièrement, à la bonne franquette. Pour nous maintenant c'est presque Popaul !

[35] Cf. les Marchands de Christ.

[36] Au troisième siècle, l'auteur premier des Corinthiennes n'en citait aucun, Paul n'ayant point encore figure de baptiseur : Je rends grâces à Dieu de ce que je n'ai baptisé aucun de vous afin que nul ne dise qu'il a été baptisé en mon nom... parce que le christ ne m'a pas envoyé pour baptiser. (I Corinth., I, 14-17.) Depuis on a, conformément la méthode indiquée par l'auteur des Actes, interposé les noms qu'on a trouvés dans les Actes eux-mêmes ou dans les Voyages de Saülas, Crispus, Gaïus, Stéphanos (La Couronne, nom précédemment donné Jacob junior et qui montre que Sosthènes est mort de mort violente).

[37] Ce Seigneur, ne l'oublions pas, ne l'oublions jamais, c'est le Rabbi qui a envoûté Saül post mortem.

[38] Allusion au fameux axiome de Jehoudda : N'appelez personne sur la terre votre Seigneur, car vous n'avez qu'un seul Seigneur qui est aux cieux. Paul est censé avoir prêché cela en Macédoine et en Achaïe, alors que Saül est dans Corinthe pour arrêter ce genre de prédication.

[39] Le titre en a été conservé par Priscien au livre I du De ponderibus et mensuris.

[40] Actes, XVIII, 17. Afin de corser des souffrances qui pouvaient paraître insuffisantes, Jean Chrysostome dit que c'est l'Apôtre des nations lui-même qui fut battu de verges en présence du proconsul Gallion (In Epistolam at Corinthianos argumenta.)

[41] Plus faux encore, s'il est possible, que le corps même da la lettre auquel il a été ajouté après coup pour résumer les opérations du pseudo-Paul à Corinthe.

[42] Jean Chrysostome, dans l'ouvrage cité, rattache au séjour de Saül à Corinthe cet événement que, du leur côté, les Actes (XIX, 19) rattachent à son séjour à Éphèse. Cela ne veut pas dire qu'il y ait double emploi, comme le disent certains exégètes, Chrysostome, très connaisseur lui-même en incendies, n'était point homme à confondre. Le fait était quelque part où Chrysostome l'a trouvé.

[43] Sénèque a traduit sans exagération le sentiment public sur la bonté de son frère. Stace de même. Gallion était le plus pacifique des hommes.

[44] Le Père de Ligny, Jésuite.

[45] Martyrologe romain, au 23 novembre.

[46] Lettres de Paul aux Corinthiens.

[47] Par conséquent de 798 à 800.

[48] Antiquités judaïques, livre XX, chap. V, 844.

[49] Envoi de l'Apocalypse de Pathmos.

[50] La voie du Rabbi, c'est l'Apocalypse.

[51] Cette voie nouvelle, c'est la mystification évangélique.

[52] Équivalent araméen de Pierre.

[53] Première aux Corinthiens, I, 12.

[54] Pour toutes ces insanités, cf. les Marchands de Christ.

[55] Nullement, mais dans le Fils de l'homme qui devait venir sur les nuées et apporter le baptême de feu.

[56] Le baptême nouveau style, c'est-à-dire sans circoncision préalable.

[57] Répétition, à part les langues de feu, du miracle du Jérusalem.

[58] Le chiffre douze appartient en propre à la Constitution apostolique selon l'Apocalypse.

[59] Le chiffre trois toujours !

[60] Cf. le Roi des Juifs, t. II du Mensonge chrétien.

[61] Hiéronymus, c'est Saint Jérôme.

[62] Première aux Corinthiens, I, 13.

[63] Invocations en langage hermétique et dont l'incompréhensibilité faisait tout le mérite.

[64] Nous retrouverons ce personnage mêlé eux affaires de Judée.

[65] C'est l'expression dont on se sert dans la littérature paulinienne pour désigner les personnages de marque avec lesquels Saül a été en relations.

[66] Actes, V, 15.

[67] Cf. les Marchands de Christ.

[68] Cf. le Charpentier, t. I du Mensonge chrétien.

[69] Note sur le verset 14 du ch. XIX dans l'édition du Saint-Siège.

[70] Lequel ne connaît encore que Joannès.

[71] Environ quarante-trois mille cinq cents francs. C'est un bon lot.

[72] Cette voie du Seigneur dont il est constamment question, c'est celle du Rabbi, la voie millénariste et panjudaïque.

[73] Trait contre Tibère Alexandre qui avait abandonné la religion juive pour la romaine : en quoi il faut voir non de l'apostasie, mais du libéralisme philosophique, car si Iahvé n'admettait point d'autres dieux, Jupiter les tolérait tous.

[74] Note sur le verset 1 du ch. XIX dans l'édition du Saint-Siège.

[75] C'est l'explication que le Saint-Siège donne de sa qualité d'écrivain. L'historien des troubles d'Ephèse devient une sorte d'écrivain public aux gages de la ville.

[76] Homélie 42 sur les Actes.

[77] Deuxième à Timothée, IV, 14.

[78] Note de l'édition du Saint-Siège.