LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME II. — LE ROI DES JUIFS

I. — L'APOCALYPSE.

 

 

Le Joannès était ravi au ciel pour ainsi dire sur les ailes de la colombe rentrée dans son Arche. Il a été ravi jusqu'au troisième ciel, dit l'auteur de Philopatris[1]. Et il en a décrit l'état qui n'a guère varié depuis la Création, car tout y est lumière : on n'y connaît pas la succession de la nuit au jour et du jour à nuit. La première personne qu'il y rencontre (après Dieu toutefois), c'est son père, l'homme de lumière, qui est là depuis 761 et qui va lui servir de guide.

 

IV — (DALETH)[2] RAVISSEMENT DU JOANNÈS AU TROISIÈME CIEL.

 

1. Après cela, je regardai, et je vis une porte ouverte dans le ciel, et la première voix que j'avais entendue, comme une voix de trompette qui me parlait, dit : Monte ici, et je te montrerai ce qui doit arriver après ces choses[3].

2. Et aussitôt je fus ravi en esprit, et je vis un trône placé dans le ciel, et Quelqu'un assis sur le trône[4].

3. Celui qui était assis paraissait semblable à une pierre de jaspe et de sardoine ; et il y avait autour du trône un arc-en-ciel semblable à une émeraude[5].

4. Autour du trône étaient encore vingt-quatre trônes, et sur les trônes Vingt-quatre vieillards assis, revêtus d'habits blancs, et sur leurs têtes des couronnes d'or[6].

5. Et du trône sortaient des éclairs, des voix et des tonnerres ; et il y avait devant le trône Sept lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu[7].

6. Et devant le trône, comme une Mer de verre semblable a du cristal[8], et au milieu du trône, et autour du trône, Quatre animaux pleins d'yeux devant et derrière.

7- Le premier animal ressemblait à un Lion, le second à un Veau, le troisième avait un visage comme celui d'un Homme, et le quatrième était semblable à un Aigle qui vole[9].

8. Ces Quatre animaux avaient chacun six ailes[10], et autour et au dedans ils étaient pleins d'yeux, et ils ne se donnaient de repos ni jour ni nuit, disant : Saint, saint, est le Seigneur Dieu tout-puissant qui était, et qui est, et qui doit venir[11].

9. Et lorsque ces animaux rendaient ainsi gloire, honneur et bénédiction à Celui qui est assis sur le trône, qui vit dans les cycles des cycles,

10. Les Vingt-quatre vieillards se prosternaient devant Celui qui est assis sur le trône, et ils adoraient Celui qui vit dans les cycles des cycles, et jetaient leurs couronnes devant le trône, disant :

11. Vous êtes digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance, parce que vous avez créé toutes choses, et que c'est par votre volonté qu'elles étaient et qu'elles ont été créées.

 

V. — (HE) OUVERTURE DU LIVRE DES DESTINÉES DU MONDE. JEHOUDDA LOGÉ DANS LE LION.

 

1. Je vis ensuite dans la main droite de Celui qui est assis sur le trône un Livre écrit dedans et dehors, scellé de sept sceaux[12].

2. Je vis encore un ange fort qui criait d'une voix puissante : Qui est digne d'ouvrir le Livre, et d'en délier les sceaux ?

3. Et nul ne pouvait ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ouvrir le Livre, ni le regarder[13].

4. Et moi je pleurais beaucoup de ce que personne ne s'était trouvé digne d'ouvrir le Livre ni de le regarder.

5. Mais l'un des Vieillards me dit : Ne pleure point ; voici le Lion de la tribu de Juda, la racine de David, qui a obtenu par sa victoire d'ouvrir le Livre et d'en délier les sept sceaux[14].

6. Et je regardai, et voilà au milieu du trône et des Quatre animaux, et au milieu des Vieillards, un Agneau debout comme immolé, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre[15].

7. Et il vint, et prit le Livre de la main droite de Celui qui était assis sur le trône[16].

8. Et lorsqu'il eut ouvert le Livre, les Quatre animaux et les Vingt-quatre vieillards tombèrent devant l'Agneau, ayant chacun des harpes et des coupes pleines de parfums, qui sont les prières des saints.

9. Ils chantaient un cantique nouveau, disant : [Vous êtes digne, Rabbi[17], de recevoir le Livre et d'en ouvrir les sceaux, parce que vous avez été mis à mort, et que vous nous avez rachetés pour Dieu par votre sang, de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation.

10. Et vous avez fait de nous un Royaume et des prêtres pour notre Dieu ; et nous régnerons sur la terre][18].

11. Je regardai encore, et j'entendis autour du trône, et des Animaux, et des Vieillards, la voix de beaucoup d'anges : leur nombre était des milliers de milliers,

12. Qui disaient d'une voix forte : Il est digne, l'Agneau [qui a été immolé][19], de recevoir la vertu, la divinité, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire et la bénédiction.

13. Et j'entendis toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, et celles qui sont sur la mer et en elle[20] ; je les entendis toutes disant : A celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau, bénédiction, honneur, gloire et puissance dans les cycles des cycles !

14. Et les Quatre animaux disaient : Amen. Et les Vingt-quatre vieillards tombèrent sur leurs faces, et adorèrent Celui qui vit dans les cycles des cycles.

 

VI. — (VAU) OUVERTURE DES SEPT SCEAUX : CONVERSION DE LA BALANCE, DU SAGITTAIRE ET DU SCORPION EN AGENTS DE LA REVANCHE JUIVE.

 

1. Et je vis que l'Agneau avait ouvert un des Sept sceaux[21] et j'entendis l'un des Quatre animaux[22] disant comme avec une voix de tonnerre : Viens et vois.

2. Je regardai, et voilà un cheval blanc, celui qui le montait avec un Arc[23] ; et une couronne lui fut donnée, et il partit en vainqueur pour vaincre.

3. Lorsqu'il eut ouvert le second sceau, j'entendis le Second Animal qui dit : Viens et vois[24].

4. Et il sortit un autre cheval qui était roux ; et à celui qui le montait il fut donné d'ôter la paix de dessus la terre, et de faire que les hommes s'entretuassent ; et une grande épée lui fut donnée.

5. Quand il eut ouvert le troisième sceau, j'entendis le troisième Animal qui dit : Viens et vois[25]. Et voilà un cheval noir ; or celui qui le montait avait une Balance en sa main[26].

6. Et j'entendis comme une voix au milieu des Quatre animaux, disant : Deux livres de blé pour un denier, et trois livres d'orge pour un denier ! Mais ne gâte ni le vin ni l'huile ![27]

7. Lorsqu'il eut ouvert le quatrième sceau, j'entendis la voix du quatrième Animal, disant : Viens et vois[28].

8. Et voilà un cheval pâle ; et celui qui le montait s'appelait la Mort, et l'enfer le suivait ; et il lui fut donné puissance sur les Quatre parties de la terre[29] de tuer par l'épée, par la famine, par la mortalité et par les bêtes sauvages.

9. Lorsqu'il eut ouvert le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui ont été tués à cause de la Parole de Dieu, et pour la confession de son nom dans laquelle ils étaient demeurés fermes jusqu'à la fin[30].

10. Et ils criaient d'une voix forte, disant : Jusques à quand, Seigneur (le Saint et le Véritable), ne ferez-vous point justice et ne vengerez-vous point notre sang sur ceux qui habitent la terre ?

11. Et une robe blanche fut donnée à chacun d'eux ; et il leur fut dit qu'ils attendissent en repos encore un peu de temps, jusqu'à ce que fussent arrivés à leur terme (ou nombre) ceux qui servaient comme eux, et leurs frères qui devaient être tués comme eux[31].

12. Et je regardai lorsqu'il ouvrit le sixième sceau ; et voilà qu'un grand tremblement de terre se fit[32] ; le soleil devint noir comme un sac de poils, et la lune tout entière devint comme du sang.

13. Et les étoiles tombèrent du ciel sur la terre, comme un figuier laisse tomber ses figues vertes, quand il est agité par un grand vent.

14. Le ciel se replia comme un livre roulé, et toutes les montagnes et les îles furent ébranlées de leurs places[33].

15. Alors les rois de la terre, les princes, les tribuns militaires, les riches, les puissants, et tout homme esclave ou libre, se cachèrent dans les cavernes et dans les rochers des montagnes.

16. Et ils dirent aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous, et cachez-nous de la face de Celui qui est assis sur le trône, et de la colère de l'Agneau,

17. Parce qu'il est arrivé le Grand jour de leur colère ; et qui pourra subsister?[34]

 

VII. — (ZAIN) APPARITION DE LA CROIX ENFERMANT LES DOUZE APÔTRES, LES TRENTE-SIX DÉCANS ET LES DOUZE TRIBUS CÉLESTES.

 

1. Après cela, je vis Quatre anges qui étaient aux quatre coins de la terre, et qui retenaient les quatre Vents de la terre, pour qu'ils ne soufflassent point sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre.

2. Et je vis un autre ange qui montait de l'orient et portait le signe du Dieu vivant[35] ; et il cria d'une voix forte aux quatre anges auxquels il a été donné de nuire à la terre et à la mer,

3. Disant : Ne nuisez ni à la terre ni à la mer ni aux arbres, jusqu'à ce que nous ayons mis le sceau sur le front des serviteurs de notre Dieu[36].

4. Et j'entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau : cent quarante-quatre mille de toutes les tribus des enfants d'Israël ;

5. De la tribu de Juda, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Gad, douze mille marqués du sceau ;

6. De la tribu d'Azer, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Nephtali, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Manassé, douze mille marqués du sceau ;

7. De la tribu de Siméon, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Lévi, douze mille marqués du sceau ; de la tribu d'Issachar, douze mille marqués du sceau ;

8. De la tribu de Zabulon, douze mille marqués du Sceau ; de la tribu de Joseph, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Benjamin, douze mille marqués du sceau.

9. [Après cela, je vis une grande troupe que personne ne pouvait compter de toutes les nations, de toutes les tribus, de tous les peuples et de toutes les langues, qui étaient devant le trône et devant l'Agneau, revêtus de robes blanches ; des palmes étaient en leurs mains][37].

10. Et ils criaient d'une voix forte, disant : Salut à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l'Agneau !

11. Et tous les anges se tenaient debout autour du trône et des Vieillards, et des Quatre animaux, et ils tombèrent sur leurs faces devant le trône, et ils adorèrent Dieu,

12. Disant : Amen ; la bénédiction, la gloire, la sagesse, l'action de grâces, l'honneur, la puissance et la force à notre Dieu dans les cycles des cycles. Amen.

13. Alors un des Vieillards prit la parole et me dit : Ceux-ci, qui sont revêtus dérobes blanches, qui sont-ils ? et d'où viennent-ils ?

14. Je lui répondis : Mon Seigneur, vous le savez. Et il me dit : Ce sont ceux qui sont venus de la grande tribulation, et qui ont lavé et blanchi leurs robes dans le sang de l'Agneau[38].

15. C'est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, et ils le servent jour et nuit dans son temple, et Celui qui est assis sur le trône habitera sur eux.

16. Ils n'auront plus ni faim ni soif ; et le soleil ni aucune chaleur ne tombera sur eux ;

17. Parce que l'Agneau qui est au milieu du trône, sera leur pasteur ; il les conduira aux fontaines des eaux vivantes, et Dieu essuiera de leurs yeux toute larme[39].

 

VIII. — (HETH) LES SEPT TROMPETTES DU DERNIER JUBILÉ. DESTRUCTION DU TIERS DE LA TERRE SIS À L'OCCIDENT.

 

1. Lorsque l'Agneau eut ouvert le septième sceau, il se fit un silence dans le ciel d'environ une demi-heure[40].

2. Et je vis les sept anges qui se tiennent debout en présence de Dieu ; et sept trompettes leur furent données.

3. Alors un autre ange vint, et il s'arrêta devant l'autel, ayant un encensoir d'or ; et une grande quantité de parfums lui fut donnée, afin qu'il présentât les prières de tous les saints sur l'Autel d'or qui est devant le trône de Dieu[41].

4. Et la fumée des parfums composée des prières des saints monta de la main de Fange devant Dieu.

5. Et l'ange prit l'encensoir ; il le remplit du feu de l'autel, et le jeta sur la terre ; et il se fit des tonnerres, des voix, des éclairs, et un grand tremblement de terre.

6. Alors les anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner.

7. Ainsi le premier ange sonna de la trompette ; il se forma une grêle et un feu mêlé de sang ; ce fut lancé sur la terre, et le tiers de la terre et des arbres fut brûlé, et toute herbe verte fut consumée.

8. Le second ange sonna de la trompette, et comme une grande montagne tout en feu fut lancée dans la mer, et le tiers de la mer devint du sang.

9. Et le tiers des créatures qui avaient leur vie dans la mer mourut, et le tiers des navires périt.

10. Le troisième ange sonna de la trompette, et une grande étoile, ardente comme un flambeau, tomba du ciel sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux.

11. Le nom de l'étoile est Absinthe ; or le tiers des eaux devint de l'absinthe ; et beaucoup d'hommes moururent des eaux, parce qu'elles étaient devenues amères[42].

12. Le quatrième ange sonna de la trompette, et le tiers du soleil fut frappé, et le tiers de la lune et le tiers des étoiles ; de sorte que leur tiers fut obscurci, et que le jour perdit le tiers de sa lumière, et la nuit pareillement[43].

13. Alors je regardai, et j'entendis la voix d'un aigle qui volait au milieu du ciel, disant d'une voix forte : Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre ! à cause des autres voix des trois anges qui allaient sonner de la trompette.

 

IX. — (HETH) LES SEPT TROMPETTES (suite). OUVERTURE DE L'ENFER ET DESTRUCTION DU TIERS SIS A L'ORIENT.

 

1. Le cinquième ange sonna de la trompette, et je vis qu'une étoile était tombée du ciel sur la terre ; et la clef du puits de l'abîme lui fut donnée.

2. Et elle ouvrit le puits de l'abîme, et la fumée du puits monta comme la fumée d'une grande fournaise ; et le soleil et l'air furent obscurcis par la fumée du puits[44].

3. Et de la fumée du puits sortirent des sauterelles qui e répandirent sur la terre, et il leur fut donné une puis-ce comme la puissance qu'ont les scorpions de la terre.

4. Il leur fut commandé de ne point nuire à l'herbe de la terre, ni à rien de vert, mais seulement aux hommes qui n'auraient pas le signe de Dieu sur le front.

5. Et il leur fut donné non de les tuer, mais de les tourner durant cinq mois ; or la douleur qu'elles font souffrir est semblable à celle que cause le Scorpion[45], lorsqu'il pique l'homme.

6. En ces jours-là les hommes chercheront la mort, et ils ne la trouveront pas, ils souhaiteront de mourir, et la mort s'enfuira d'eux.

7. Or ces sauterelles apparentes étaient semblables à des chevaux préparés au combat ; et sur leurs têtes étaient comme des couronnes semblables à de l'or, et leurs faces étaient comme des faces d'homme.

8. Et elles avaient des cheveux comme des cheveux de femme, et leurs dents étaient comme des dents de lion.

9. Elles avaient des cuirasses comme des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes était comme le bruit des chariots à beaucoup de chevaux, courant au combat ;

10. Elles avaient des queues semblables à celles des scorpions, et à leurs queues étaient des aiguillons ; or leur pouvoir était de nuire aux hommes durant cinq mois[46].

11. Elles avaient au-dessus d'elles, pour roi, l'ange de l'abîme, dont le nom en hébreu est Abaddon, [en grec Apollyon, et qui s'appelle en latin Exterminateur][47].

12. Le premier malheur est passé, et voici encore deux malheurs qui viennent après ceux-ci.

13. Le sixième ange sonna de la trompette, et j'entendis une voix partant des quatre coins de l'autel d'or qui est devant Dieu ;

14. Elle dit au sixième ange qui avait la trompette : Délie les Quatre Anges qui sont liés sur le grand fleuve d'Euphrate.

15. Et aussitôt furent déliés les Quatre Anges, qui étaient prêts pour l'heure, le jour, le mois et l'Année, où ils devaient tuer le tiers des hommes[48].

16. Et le nombre de cette armée de cavalerie était de deux cents millions : car j'en entendis le nombre.

17. Et les chevaux me parurent ainsi dans la vision : ceux qui les montaient avaient des cuirasses de feu, d'hyacinthe et de soufre ; et les têtes des chevaux étaient comme des têtes de Hon, et de leur bouche sortaient du feu, de la fumée et du soufre.

18. Et par ces trois plaies, le feu, la fumée et le soufre qui sortaient de leur bouche, le tiers des hommes fut tué.

19. Car la puissance de ces chevaux est dans leurs bouches et dans leurs queues ; parce que leurs queues sont semblables à des serpents, et qu'elles ont des têtes dont elles blessent.

20. Et les autres hommes qui ne furent point tués par ces plaies ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains pour ne plus adorer les démons et les idoles d'or, d'argent d'airain, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher.

21. Ainsi ils ne firent pénitence ni de leurs meurtres, ni de leurs empoisonnements, ni de leurs impudicités, ni de leurs larcins[49].

 

X. — (JOD) LE SEPTENNAT DU JOANNÉS-JESUS (782-789).

 

Ici intermède autobiographique d'une importance capitale, et qui a permis à Luc de dater très exactement la mission du Joannès. Six septénaires sont écoulés depuis le commencement des temps embrassés par l'Apocalypse, c'est-à-dire depuis la naissance du précurseur, et sa mission personnelle n'a pas encore commencé ; mais voici venir le dernier septénaire (782-789), pendant lequel il a communié avec le Verbe Jésus au point de pouvoir être identifié un jour avec lui dans la fable évangélique.

Joannès Ier du nom, Joseph l'illustre Charpentier de l'arche baptismale, Zachûri l'Homme-Verseau, Zibdeos le Faiseur de Poissons, Panthora le nouveau Moïse, et pour tout dire en un mot Jehoudda, demande la parole. Joannès II la lui donne.

Jehoudda avait dit qu'entre sa mort qui était alors imminente et la réalisation de sa prophétie, il s'écoulerait deux cent cinquante temps[50]. Ces temps sont des mois, deux cent cinquante mois font près de vingt et un ans. Jehoudda a été tué à la fin de la révolte du Recensement, soit 761. Et c'est vingt et un ans après — quinzième de Tibère, Luc dixit — que le Joannès se lève au désert et dit : Les temps sont accomplis, Maran atha, le Fils de l'homme vient, la terre est à nous !

L’annonce des six premiers septénaires (739-781) a été confiée à des anges. Mais, chose tout à fait remarquable, l'ange qui répond au septième septénaire appartient à l'espèce humaine[51]. C'est un messager qui vient de terre, puisqu'il a écrit un Livre de prophéties. Ce prophète est dit l'ange aux sept tonnerres — ces tonnerres sont fort sabbatiques — et il a pris la voix du cinquième signe, le Lion, qui précède la Vierge dans le sein de laquelle le Joannès-jésus a reçu la naissance au Jubilé de 739.

Le pied droit sur la mer d'Orient et le gauche sur la terre d'Occident — il décrit un angle aigu sur la sphère, au-dessus de la ligne équinoxiale — le révélateur tient à la main un Livre, son testament prophétique, et il annonce aux sept tonnerres que le mystère du Renouvellement s'accomplira lorsque le Septième Ange commencera à sonner de la trompette. Cet Ange, vous le savez c'est celui du dernier Septénaire (782-789). Quant au prophète-lion, vous le connaissez aussi, c'est Jehoudda, qui tient à la main le Livre de la mission de son fils aîné comme Précurseur, c'est le rejeton de David, celui qui a obtenu par sa victoire le pouvoir d'ouvrir le Livre des destinées du monde et d'en lever les sceaux[52].

Les Sept tonnerres, qui prolongent sa voix dans l'espace, sont les sept fils qu'il a naziréés à Iahvé et dont la mission va commencer. Outre le jésus, ce sont Shehimon, les deux Jacob, Jehoudda dit Toâmin, Philippe et Ménahem. Comme le Lion à la voix de tonnerre[53], ils tonitruent, et c'est en souvenir de ce signalement que l'Évangile les surnommera Boanerguès, fils du tonnerre[54].

 

Je vis un autre Maléak puissant, qui descendait du ciel, revêtu d'une nuée, et ayant un arc-en-ciel sur la tête[55] ; son visage était comme le soleil, et ses pieds comme des colonnes de feu.

2. Il avait en sa main un petit Livre ouvert[56] ; et il posa son pied droit sur la mer, et le gauche sur la terre.

3. Puis il cria d'une voix forte, comme un Lion qui rugit. Et lorsqu'il eut crié, Sept tonnerres firent entendre leurs voix.

Et quand les tonnerres eurent fait entendre leurs voix, [moi, j'allais écrire ; mais j'entendis une voix du ciel qui me dit : Scelle ce qu'ont dit les sept tonnerres et ne l'écris pas. Alors] le Maléak que j'avais vu se tenant debout sur la mer et sur la terre leva sa main au ciel...

 

Arrêtons-nous. Nous sommes devant une des assises sur lesquelles repose la fourberie évangélique. Ce n'est pas le Joannès qui parle ici, c'est soit l'adaptateur grec, soit l'adaptateur latin. Loin de sceller les Paroles que les sept Boanerguès ont répétées d'après leur père, le plus grand des Sept les a écrites sans en rien omettre et même en y ajoutant. Il les a si bien écrites que c'est la substance de sa propre Apocalypse, c'est la matière des chapitres qui vont se succéder depuis le Jod jusqu'au Thav. Il les a si bien écrites que toute la besogne de sou frère Philippe, de son autre frère Jehoudda dit Toâmin et de son neveu Mathias a été de les transcrire pour la postérité, avec d'autres élucubrations du même acabit, sous le titre de Paroles du Rabbi. Il les a si bien écrites qu'elles forment le code du christianisme millénariste en Judée pendant deux siècles. Il les a si bien écrites que nous allons les retrouver au commencement du règne de Marc-Aurèle entre les mains de Papias, évêque d'Hiérapolis de Phrygie, sous ce même titre de Paroles du Rabbi, et dans les mains de Valentin, chef de la secte des Valentiniens en Egypte, sous le titre de Livres du jésus. Il les a si bien écrites qu'elles étaient encore au cinquième siècle en possession des Manichéens de Carthage sous le titre de Livres du christ, et qu'Augustin, évêque d'Hippone, les a vues et lues chez eux. Il les a si bien écrites qu'il suffit d'enlever l'incise que nous avons placée entre crochets pour avoir la phrase originale : Et quand les sept tonnerres eurent fait entendre leurs voix, le Maléak que j'avais vu se tenant debout sur la mer et sur la terre leva sa main au ciel. Pourquoi lui fait-on dire qu'il allait les écrire quand une voix du ciel lui a crié : Ne les écris pas ? Parce que, depuis cette Apocalypse, on a transformé le Joannès en Jésus. On ne veut plus qu'il ait écrit. On ne veut plus qu'il soit l'auteur de la Révélation de 782, le même homme que le Nazir, le même homme que le jésus du Jourdain, le même homme que le crucifié de Pilatus. L'Apocalypse, dit l'Église ? Elle est d'un certain Johanan, apôtre, déporté dans Pathmos au temps de Domitien et disciple chéri de Jésus de Nazareth. Et voilà pourquoi le scribe ecclésiastique fait défense au Joannès d'avoir écrit l'Apocalypse en l'an 782, quinzième du règne de Tibère, les deux Geminus étant consuls ; de l'avoir prêchée pendant sept années ; de l'avoir répandue en Judée, en Idumée, dans la Décapole et en Syrie, et de l'avoir expiée sur la croix au Guol-golta.

Ce qu'on ne veut pas avouer non plus, depuis l'invention de l'invertébré Joseph, c'est que le père du Joannès fut, même mort, le seul précepteur, le seul inspirateur, le seul guide du christ et de ses frères.

Ce n'est pas le fils, c'est le père qui a dit : Le 15 nisan 789, il n'y aura plus de temps !

 

6. Et il jura par Celui qui vit dans les siècles des siècles, lui a créé le ciel et ce qui est dans le ciel, la terre et ce qui es t dans la terre, la mer et ce qui est dans la mer, disant : Il n'y aura plus de temps !

7. Mais aux jours de la voix du Septième Ange, quand il commencera à sonner de la trompette, se consommera le Mystère de Dieu, comme il la annoncé par les prophètes s es serviteurs.

8. Et j'entendis la voix qui me parla encore du ciel, et me dit : Va et prends le Livre ouvert de la main du Maléak qui se tient debout sur la mer et sur la terre.

9. J'allai donc vers le Maléak lui disant qu'il me donnât le livre. Et il me dit : Prends le Livre et le dévore, et il te causera de l'amertume dans le ventre, mais dans ta bouche sera doux comme du miel.

10. Je pris le Livre de la main du Maléak et je le dévorai : il était dans ma bouche doux comme du miel ; mais quand je l'eus dévoré, il me causa de l'amertume dans le ventre[57].

11. Alors il me dit : Il faut encore que tu prophétises sur un grand nombre de nations, de peuples, d'hommes de diverses langues, et de rois[58].

 

Pour s'assimiler le livre que lui tend le Maléak, le Joannès va jusqu'à le manger. Acte de piété filiale et de justice : le Maléak est l'auteur de son corps, le Testament du Maléak est le maître de son esprit. Ce livre produit sur le mangeur un effet qui peut paraître singulier : il met le miel à sa bouche et l'amertume à ses entrailles. Mais si on réfléchit d'une part aux promesses que contient le livre, d'autre part à la façon dont est mort le Maléak, on comprend les sentiments de joie et d'amertume par lesquels passe tour à tour le premier et le plus grand des fils de Jehoudda.

Mais pour accomplir sa mission le Joannès se trouve dans une situation unique au monde et dont les évangélistes ont exploité la morale avec art. Il a avalé le Verbe de Dieu, car ce qu'il y a dans le testament de son père c'est tout ce qui le concerne dans la Loi et dans les prophètes. Dès ce moment, il a le Verbe en lui. Immense transfiguration !... Déjà fils de Iahvé par sa descendance davidique, le voilà maintenant qui incarne le Verbe Créateur et Sauveur, le Verbe Jésus ! Toute la christophanie évangélique vient de là. Jésus est dans le Joannès, le Joannès incarne Jésus. C'est ce que dit en termes exprès le Quatrième Évangile, quoique l'Église y ait touché à plusieurs reprises pour y introduire ses impostures : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu. Il y eut un homme envoyé de Dieu dont le nom (d'Apocalypse) était Joannès. Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous[59]. En suite de quoi le Joannès devient Jésus dans l'Évangile ; il y vit, il y meurt sous ce nom, comme il y baptise sous le nom du Joannès, sans cesser un seul instant d'être Jehoudda, fils de Jehoudda.

Seulement, le Verbe qui est en lui n'y est que dans la mesure où il lui plaît. Il en sort et il y rentre comme il lui convient, en vertu de son omnipotence ubiquiste — est ubi vult ; — il en sort pour faire tous les miracles qui sont dans l'Évangile, pour donner l'ouïe aux sourds et la lumière aux aveugles, pour multiplier le pain et le vin de la vie, — Multiplication des pains et Noces de Cana — pour ressusciter les Juifs martyrs de la Loi, Eléazar notamment, et le fils de la Veuve (Jacob Junior lapidé par Saül), et pour célébrer l'éternelle pâque solaire dont il est l'auteur premier, pendant que son corps humain, le Joannès, à quelques pas de lui, agonise sur la croix. Il y rentre enfin, après la crucifixion de celui-ci, pour le ressusciter, que dis-je ? pour se ressusciter lui-même après trois jours ; pour l'enlever aux cieux, que dis-je ? pour s'enlever lui-même, et pour l'asseoir, que dis-je ? pour s'asseoir lui-même, à la droite du Père ! Car voilà tout le mystère de l'incarnation de Jésus. C'est en Joannès qu'est l'incarnation, Jésus n'est jamais né autrement. Pendant plus de deux siècles, entendez-moi bien, Jésus n'a pas eu d'autre existence que celle du Joannès ! Vous en avez déjà la preuve ; que sera-ce lorsque nous aborderons le faux Extrait de naissance que l'Église lui a fabriqué pour les besoins de son commerce ? Exégètes, c'est là que vous ressentirez une émotion vraiment divine !

 

XI. — (CAPH) MALÉDICTION DU TEMPLE, ASCENSION DE JEHOUDDA ET DE SON FRÈRE.

 

Bar-Jehoudda maudit le Temple à cause des prêtres meurtriers de son père et de son oncle, et adultères envers la Loi. Chapitre remarquable où pour la seconde fois le Joannès précise la date de son Apocalypse : quarante-deux Agneaux après sa naissance.

 

Et un roseau long comme une perche me fut donné, et il me fut dit : Lève-toi et mesure le temple de Dieu, et l'autel, et ceux qui y adorent[60].

2. Mais le parvis qui est hors du temple, laisse-le, et ne le mesure pas, parce qu'il a été abandonné aux Gentils, et ils fouleront aux pieds la cité sainte pendant quarante-deux mois.

 

Lisez : quarante-deux ans. Mois est employé dans le sens de nisans. Il s'est écoulé quarante-deux Agneaux, c'est-à-dire quarante-deux pâques depuis le Jubilé de 739, date de la naissance du Joannès[61].

C'est toute l'histoire de la famille qui commence ici, avec la malédiction du Temple hérodien où Jehoudda et Zadoc sont tombés, martyrs de la Loi. En tant que sanctuaire ou plutôt siège du sanctuaire, le Temple doit rester ; mais le monument lui-même, à jamais souillé par l'admission des païens dans le parvis, disparaîtra. Déjà, en 761, Jehoudda et Zadoc ont tenté de le détruire par le feu.

Il est condamné depuis quarante-deux Agneaux, encore un septénaire, et c'en sera fait de lui. Nous sommes en 782, dernière année sabbatique (6*7 = 42) avant la Grande Année. C'est ici que Luc a puisé la date qu'il assigne au lancement de l'Apocalypse : Quinzième année du règne de Tibère, donc quarante-deuxième année du Joannès.

Cette indication qui revient une troisième fois plus loin[62] ne peut s'appliquer qu'à l'Apocalypse de 782. À partir de cette date, la souillure du Temple par les hérodiens et les païens s'augmente d'un Agneau par année. Elle était de cinquante Agneaux le jour où le Joannès fut mis en croix, et de quatre-vingt-quatre Sceaux lorsque Jérusalem fut prise par Titus.

 

3. Et je donnerai à mes deux témoins de prophétiser, vêtus de sacs, pendant mille deux cent soixante jours[63].

4. Ce sont les deux oliviers et les deux chandeliers dressés devant le Seigneur sur la terre[64].

5. Et si quelqu'un veut leur nuire, il sortira de leur bouche un feu qui dévorera leurs ennemis ; et si quelqu'un veut les offenser, c'est ainsi qu'il doit être tué[65].

6. Ils ont le pouvoir de fermer le ciel pour qu'il ne pleuve point durant les jours de leur prophétie, et ils ont pouvoir sur les eaux pour les changer en sang, et pour frapper la terre de toutes sortes de plaies, toutes les fois qu'ils voudront[66].

7. Et quand ils auront achevé leur témoignage, la Bête qui monte de l'abîme leur fera la guerre, les vaincra et les tuera[67].

8. Et les corps seront gisants sur la place de la grande cité, qui est appelée allégoriquement Sodome et Egypte, [où même leur Seigneur a été crucifié][68].

9. Et des hommes de toutes les tribus, de tous les peuples, de toutes les langues et de toutes les nations, verront leurs corps étendus trois jours et demi, et ils ne permettront pas qu'ils soient mis dans un tombeau[69].

10. Les habitants de la terre se réjouiront à leur sujet ; ils feront des fêtes, et s'enverront des présents les uns aux autres, parce que ces deux prophètes tourmentaient fort ceux qui habitaient sur la terre[70].

11. Mais après trois jours et demi, l'Esprit de vie venant d e Dieu entra en eux. Et ils se relevèrent sur leurs pieds, et une grande crainte saisit ceux qui les virent.

12. Alors ils entendirent une voix forte du ciel, qui leur dit : Montez ici. Et ils montèrent au ciel dans une nuée, et leurs ennemis les virent[71].

13. A cette même heure, il se fit un grand tremblement de terre ; la dixième partie de la ville tomba, et sept mille noms d'hommes périrent dans le tremblement de terre ; les autres furent pris de frayeur et rendirent gloire au Dieu du ciel[72].

14. Le second malheur est passé et voilà que le troisième viendra bientôt[73].

15. Le septième ange sonna de la trompette[74] et le ciel Sentit de grandes voix, qui disaient : Le royaume de ce monde est devenu[75] le royaume de Notre Seigneur et de son christ, et il régnera dans les cycles. Amen.

16. Alors les Vingt-quatre Vieillards qui sont assis sur leurs trônes devant Dieu tombèrent sur leurs faces et adorèrent Dieu, disant :

17. Nous vous rendons grâces, Seigneur Dieu tout-puissant, qui êtes, qui étiez, et qui devez venir, parce que vous avez saisi votre grande puissance, et que vous régnez.

18. Les nations se sont irritées, et alors est arrivée votre colère, et le temps de juger les morts, et de donner la récompense aux prophètes vos serviteurs, aux saints et à ceux qui craignent votre nom, aux petits et aux grands, et d'exterminer ceux qui ont corrompu la terre.

19. Alors le temple de Dieu fut ouvert dans le ciel, et l'on vit l'Arche de son alliance dans son temple, et il se fit des éclairs, des voix, un tremblement de terre et une grosse grêle.

 

Voilà, en effet, ce que le fils de David annonçait en l'an 782, comme devant s'accomplir à la pâque de 789. Et non seulement ! il indiquait l'année et le jour qui mathématiquement ne pouvaient être autres, — les Quatre Animaux de l'Euphrate sont d'accord sur ce point — mais encore il indiquait l'heure, comme on le verra bientôt, et là encore il était conséquent avec le système paternel.

Le chapitre suivant va nous dire quelle combinaison de la chair davidique avec l'essence divine assurait le succès de cette opération. Mais nous ne quitterons pas ce chapitre, une véritable revue de l'histoire zélote depuis la naissance du jésus, sans faire ressortir qu'il en manque aujourd'hui deux tiers — deux malheurs sur trois. Il suffit de connaître un peu l'histoire des Juifs pour savoir que le premier malheur antérieur au Recensement, c'est le martyre des six mille Innocents — lisez les six mille davidistes — massacrés pour avoir refusé de prêter serment à Auguste entre les mains d'Hérode ; et que le second, c'est, si on considère la longue paix intérieure de la Judée depuis le Recensement jusqu'à la révolte du jésus en 788, et ce ne peut être que la déportation en Sardaigne des quatre mille Juifs de Rome avec la punition par le Sénat des apôtres qui prêchèrent le refus du serment à Rome eu 772, dix ans avant la présente Apocalypse[76].

L'Eglise a donc supprimé le premier malheur, parce qu'il sera un jour indiqué dans Mathieu comme ayant succédé à la naissance du jésus et qu'il deviendra le Massacre des Innocents. Elle a supprimé le troisième, parce qu'il se rattache trop clairement à l'histoire de Jehoudda devenu Joseph dans l'Evangile.

 

XII. — (LAMED) LA CHUTE DE SATAN ET LA CONVERSION DU CAPRICORNE EN SIGNE FAVORABLE.

 

Ici se trouve la Nativité dans l'adaptation grecque[77]. Grâce à ce déplacement, on ne voit plus que le Joannès prenait sa propre naissance et le Jubilé de 739 pour base de toute la chronologie apocalyptique. Il y a quarante-deux ans, une vierge de Sion, Salomé, accoucha de l'enfant dans lequel est la promesse de Dieu. Cela se sait au ciel, puisque c'est le ciel qui a tout fait. Cela se sait de la Vierge, puisque la Vierge, c'est Salomé sur terre. Cela se sait du Lion qui a parlé tout à l'heure, puisque le Lion voisine avec elle sur le Zodiaque et que le Lion, c'est Jehoudda sur terre. Cela ne peut être ignoré du Verbe, puisque chaque année, au sortir du Lion, le soleil, lumière du Verbe, est conçu dans la Vierge et que chaque année la Vierge accouche de lui sous le Capricorne. Cela ne doit pas être ignoré des Juifs, puisque par le fait de sa naissance davidique et jubilaire Bar-Jehoudda se trouve être le Précurseur du Christ, l'Etoile du matin, si l'on s'en rapporte à lui-même[78], le soleil levant, si nous écoutons Luc[79], le témoin de la lumière du Verbe, si nous en croyons le Quatrième Évangile[80].

Ce chapitre est essentiel ; l'armée du Christ y précipite Satan du ciel sur terre sous le signe du Capricorne. J'ai vu Satan tombant du ciel comme un éclair, dit Joannès-jésus dans l'Evangile[81]. Et en mémoire de tous les Serpents et de tous les Scorpions de son Apocalypse : Voilà que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds les Serpents et les Scorpions et toute la puissance de l'Ennemi et rien ne vous nuira[82]. Dans le plan mathématique, la chute du Satan-Capricorne est à double sens. Le Christ a déjà converti trois des mauvais signes, la Balance, le Sagittaire et le Scorpion, en agents de la vengeance divine. Ici il conquiert le Capricorne sur Satan. Il n'y a qu'un seul empereur capable de jouer à point nommé le double rôle du Serpent-Capricorne, c'est Tibère à Caprée. Caprineus, disaient de lui les Romains, que fait le Caprineus ? Voyez Suétone. Le Joannès évoque ici, par ses attributs et son surnom, le monstre qui avait châtié les quatre mille Zélotes déportés en Sardaigne et qui — le prophète n'avait pas prévu cela — allait le faire crucifier la veille même du jour où, avec sa verge de fer, il devait régner sur les nations asservies aux Juifs.

Le Joannès escomptait la mort de l'homme de Caprée comme point de départ probable de quelque révolution dans le monde. Les astrologues égyptiens annonçaient, eux aussi, comme prochain le renouvellement d'un Cycle et, sans en tirer les mêmes conséquences que Bar-Jehoudda pour la fortune des Juifs, leurs calculs coïncidaient presque avec les siens, car, s'il attendait le Grand Jour pour 789, ils attendaient pour cette même date sinon le Grand Jour du moins une Grande Année, c'est-à-dire le terme d'une période cyclique. C'est en 787, P. Fabius et Lucius Vitellius étant consuls, que le phénix fut vu volant sur l'Égypte[83], signe infaillible d'un bouleversement, et vers le même temps le Joannès annonce aux envoyés du grand-prêtre que l'empire du monde échoit au Christ d'Israël. L'oiseau qui descend sur lui en 782 pour lui apporter la Parole divine, c'est la colombe, oiseau de paix qui dans son vol ras n'apprend rien, ne sait rien que de bocager et de terre à terre. Mais l'oiseau qui le jour de sa Nativité l'emporte en Egypte sur ses ailes hospitalières, c'est celui qui reçoit les confidences de Iahvé sur le renouvellement des Cycles, c'est l'Aigle phénix et, dans le cas particulier, le Phénix du retour des temps édéniques, le Grand Aigle qui avait volé devant le Soleil de la Genèse quand la lumière avait été[84].

Sur la mort de Tibère comme sur la venue du Christ le Joannès s'est trompé : d'abord Tibère, en sa qualité de Caprineus, aurait dû mourir avant lui et sous le Capricorne, tandis qu'il n'est mort qu'en mars 790 sous les Poissons, déshonorant ainsi le signe du baptême. Enfin il devait faire la place libre au christ davidique et il ne l'a faite qu'à Caligula. Ce qui d'ailleurs vaut beaucoup mieux pour nous, Bar-Jehoudda nous voulant encore plus de mal que Calcula ne nous en a fait.

 

XIII. — (MEM) ALLIANCE DE SATAN AVEC LES DEUX BÊTES, ROME ET LE TEMPLE.

 

Si nous nous reportons avec le Joannès à l'année de sa naissance — et la lettre Mem nous y convie — nous retrouvons les choses au point où il les a laissées quand, fuyant Satan qui s'est arrêté sur le rivage de Phénicie au port de Césarée, il a pris le chemin de l'Égypte[85].

 

1. Et je vis une Bête montant de la mer, ayant sept têtes et dix cornes, dix diadèmes sur ses cornes, et sur ses têtes dix noms de blasphème[86].

2. Et la bête que je vis était semblable à un léopard : ses pieds étaient comme les pieds d'un ours, et sa bouche comme la bouche d'un lion. Et le Dragon lui donna sa force et sa grande puissance[87].

3. Et je vis une de ses têtes blessée à mort ; mais cette plaie mortelle fut guérie[88]. Aussi toute la terre émerveillée suivit la Bête.

4. Ils adorèrent le Dragon qui avait donné puissance à la Bête, et ils adorèrent la Bête[89] disant : Qui est semblable à la Bête, et qui pourra combattre contre elle ?

5. Et il lui fut donné une bouche qui proférait des paroles d'orgueil et des blasphèmes[90] et le pouvoir d'agir pendant quarante-deux mois lui fut aussi donné[91].

6. Elle ouvrit sa bouche à des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom et son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel.

7. Il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre[92] et il lui fut donné puissance sur toute tribu, sur tout peuple, sur toute langue, et sur toute nation ;

8. Et ils l'adorèrent, tous ceux qui habitent la terre, dont les noms ne sont pas écrits dans le Livre de vie de l'Agneau qui a été immolé dès l'origine du monde[93].

9. Si quelqu'un a des oreilles, qu'il entende[94] !

10. Celui qui aura mené en captivité sera captif ; celui lui aura tué par le glaive, il faut qu'il soit tué par le glaive[95]. C'est ici la patience et la foi des saints.

11. Je vis une autre Bête montant de la terre ; elle avait deux cornes semblables à celle de l'Agneau, et elle parlait comme le Dragon[96].

12. Elle exerçait toute la puissance de la première Bête en sa présence, et elle fit que la terre et ceux qui l'habitent adorèrent la première Bête dont la plaie avait été guérie[97].

13. Elle fit de grands prodiges, jusqu'à faire descendre le feu du ciel sur la terre en présence des hommes[98].

14. Et elle séduisit ceux qui habitaient sur la terre par les prodiges qu'elle eut le pouvoir de faire en présence de la Bête, disant aux habitants de la terre de faire une image à la Bête qui, ayant reçu une blessure du glaive, est encore en vie[99].

15. Il lui fut même donné d'animer l'image de la Bête, de faire parler l'image de la Bête, et de faire que tous ceux qui n'adoreraient pas l'image de la Bête seraient tués.

16. Elle fera encore que les petits et les grands, les riches et les pauvres, les hommes libres et les esclaves, aient tous le caractère de la Bête en leur main droite et sur leur front[100] ;

17. Et que personne ne puisse acheter ni vendre, que celui qui aura le caractère, ou le nom de la Bête, ou le nombre de son nom.

18. [C'est ici la sagesse. Que celui qui a de l'intelligence compte le nombre de la Bête ; car c'est le nombre d'un homme, et son nombre est Six cent soixante-six][101].

 

XIV. — (NUN) LES SIGNES DE LA GRÂCE ET LE FILS DE L'HOMME.

 

Depuis la Nativité du Joannès le Verbe Jésus a conquis le Capricorne sur Satan, qui, précipité sur la terre par Michaël et ses anges, est désormais sans pouvoir sur les choses du ciel. Libérés de la maligne influence, le Verseau et les Poissons deviennent des signes de salut. Il leur était fait ici le grand honneur qu'ils méritent selon le système de Jehoudda.

Nous n'avons plus tout le chapitre ou plutôt il nous en manque un tout entier. Le plan astrologique est interrompu. Nous en sommes restés au Capricorne et nous voici à l'Agneau sans que le Zachû et le Zib, signes essentiels du Baptême aient joué le moindre rôle dans une Révélation qui les traverse mathématiquement et ne peut aboutir sans eux. On les en a donc enlevés, mais ils y étaient, car nous les retrouvons dans l'Evangile, sous leur forme classique de l'Homme à la cruche que les deux Poissons, sous les espèces du Joannès-jésus lui-même et de Shehimon-Pierre, les deux grands fils du Zachûri, doivent suivre pour être admis à la pâque[102].

Cette ablation dans un thème construit avec une parfaite symétrie se fait cruellement sentir. Nous allons arriver a la fin de l'Apocalypse sans connaître le moyen que Dieu avait révélé au Joannès pour sauver les Juifs, c'est-à-dire sans que le mot baptême ait été prononcé. Mais comme c'est à ce truc sacré que le Joannès doit le surnom de Jésus qui lui fut décerné par ses disciples et qui lui est resté dans l'Evangile, on voit d'ici les raisons pour lesquelles l'Eglise s'est appliquée à en supprimer l'apocalyptique et zodiacale étymologie.

Quand il apparaît au Jourdain pour dire au Joannès et à ses frères qu'il les fait pêcheurs d'hommes ; quand dans la Multiplication des pains, il distribue comme viande de salut les deux Poissons du Millenium ; quand après la crucifixion de Bar-Jehoudda, il réapparaît sur les bords de la mer de Galilée — mer d'eau douce — et qu'il y prépare des Poissons pour la nourriture spirituelle des sept fils de Salomé ; quand dans les Actes il mange le Poisson sur le Mont des Oliviers, pour montrer que le signe du baptême a son origine dans l'ordre divin et confère la vie éternelle, que fait Jésus sinon illustrer l'Apocalypse du Joannès par des paraboles transparentes et confirmer le peuple juif dans ses privilèges par des allégories astrologiques ? Et dans cette fantastique série de similitudes qui ne retrouve immédiatement le Joannès sous Jésus, et Bar-Jehoudda sous le Joannès ? Qui ne voit de ses deux yeux que, malgré ces dédoublements, ces métamorphoses et ces transnominations, il n'y a là qu'un seul être de chair où Jésus est entré par une convention génératrice de toute la fable ?

Et quand, au second siècle, après avoir en maints en droits de l'Évangile, constaté que chez les Naziréens de Galilée le Joannès passe pour être christ, Jésus reconnaît par là n'être qu'une christophanie ; quand il dit bien haut dans la Sagesse de Valentin que celui dont il a joué le personnage écrit n'est pas sorti du ventre d'une femme ; quand, pressé par les pharisiens de leur donner des signes que son état de fantôme ne lui permet pas de donner, il dit carrément et non sans impatience : Vous n'aurez d'autre signe que celui du fils d'homme qui, à l'exemple de Jonas dans son poisson, sera resté trois jours au sein de la terre, je demande aux gens qui ont saisi le conseil : Que celui qui a des oreilles entende !, si c'est du Verbe de Dieu qu'il parle à ce moment ou du Joannès ressuscité par les évangélistes trois jours après sa crucifixion. Oui, je le demande, et comme toujours en pareil cas j'insiste pour avoir une réponse.

Les Poissons de 788 passés, l'Agneau descendra sur la montagne de Sion, suivi des Cent quarante mille Anges qui composent son escorte. Ces Douze tribus célestes sont les gages et prémices de la félicité qui attend ceux que Jésus rachètera du Cycle en cours.

Sous l'Agneau, la justice de Dieu commence à fonctionner. D'abord proclamation de l'Évangile éternel sur cette indestructible base : filiation divine et omnipotence terrestre des Juifs. Puis, sans jugement ni enquête, — la cause est entendue — le supplice des nations, la chute de Rome, cette Babylone nouvelle et la répartition des fléaux entre les pays d'Occident. Décidément on est sous les bons signes ! Sous celui de la moisson, on moissonne la terre, sous celui des vendanges, on la vendange. C'est dans le ciel un vol immense d'anges versant les plaies, la ruine, le feu, la peste, les ulcères malins et le reste, sur les païens. Il y en a tant qu'on finit par en rire comme de ces hommes chez qui les folles rages sont tempérées par des gestes bouffons.

 

1. Je regardai encore, et voilà que l'Agneau était debout sur la montagne de Sion, et avec lui les Cent quarante-quatre mille qui avaient son nom et le nom de son Père écrit sur leurs fronts[103].

2. Et j'entendis une voix du ciel, comme la voix de grandes eaux, et comme la voix d'un grand tonnerre, et la voix que j'entendis était comme le son de joueurs de harpe qui jouent de leurs harpes.

3. Ils chantaient comme un cantique nouveau devant le trône et devant les Quatre animaux et les Vieillards ; et nul ne pouvait chanter ce cantique, que les Cent quarante-quatre mille qui ont été achetés de la terre[104].

4. Ce sont ceux qui ne sont pas souillés avec les femmes ; Car ils sont vierges. Ce sont eux qui suivent l'Agneau partout, où il va. Ce sont ceux qui ont été achetés d'entre les hommes, prémices pour Dieu et pour l'Agneau ;

5. Et dans leur bouche il ne s'est point trouvé de méninge ; car ils sont sans tache devant le trône de Dieu.

6. Je vis un autre ange qui volait dans le milieu du ciel, ayant l'Évangile éternel pour évangéliser ceux qui habitent sur la terre, toute nation, toute tribu, toute langue et tout Peuple[105] ;

7. Il disait d'une voix forte : Craignez le Seigneur et rendez-lui gloire, parce que l'heure de son Jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel et la terre, la mer et les sources des eaux[106].

8. Et un autre ange suivit, disant : Elle est tombée, elle est tombée, cette grande Babylone, qui a fait boire à toutes les nations du vin de la colère de sa prostitution.

9. Et un troisième ange suivit ceux-ci, criant d'une voix forte : Si quelqu'un adore la Bête et son image, et en reçoit le caractère sur son front ou dans sa main[107],

10. Il boira lui aussi du vin de la colère de Dieu, vin tout pur, préparé dans le calice de sa colère ; et il sera tourmenté par le feu et par le soufre en présence des saints anges et en présence de l'Agneau[108].

11. Et la fumée de leurs tourments montera dans les siècles des siècles ; et ils n'ont de repos ni jour ni nuit, ceux qui ont adoré la bête et son image, ni celui qui a reçu le caractère de son nom.

[12. Ici est la patience des saints qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus][109].

13. Alors j'entendis une voix du ciel qui me dit : Écris : Bienheureux les morts qui meurent dans le Seigneur ! Dès maintenant, dit l'Esprit, ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent.

14. Et je regardai ; et voilà une nuée blanche et, sur la nuée assis, Quelqu'un semblable à un fils d'homme, avant sur la tête une couronne d'or et en sa main une faux tranchante[110].

15. Alors un autre ange sortit du temple, criant d'une voix forte à Celui qui était assis sur la nuée : Jette ta faux et moissonne ; car est venue l'heure de moissonner, parce que la moisson de la terre est mûre[111].

16. Celui donc qui était assis sur la nuée jeta sa faux sur la terre, et la terre fut moissonnée.

17. [Et un autre ange sortit du temple qui est dans le ciel, ayant lui aussi une faux tranchante][112].

18. Et un autre ange sortit de l'autel, qui avait pouvoir sur le feu, et il cria d'une voix forte à Celui qui avait la faux tranchante : Jette ta faux tranchante, et vendange les grappes de la vigne de la terre, parce que les raisins sont mûrs.

19. Et [l'ange][113] jeta sa faux tranchante sur la terre et vendangea la vigne de la terre ; et il jeta les raisins dans la grande cuve de la colère de Dieu.

20. Et la cuve fut foulée hors de la ville, et le sang, montant de la cuve jusqu'aux freins des chevaux, se répandit sur un espace de mille six cents stades[114].

 

Le voilà donc encore ce Verbe né sans l'intervention de la femme, ce fameux Fils de l'homme dont il est cent fois question dans l'Evangile, et dont le jésus, simple fils d'homme et de femme, quelques heures avant sa crucifixion, menacera le grand-prêtre Kaïaphas : Je te dis que dès à présent tu verras le Fils de l'homme venant sur les nuées ![115] Voilà le Verbe de Dieu, l'Hermaphrodite éternel, Créateur d'Adam, et qui doit au jour dit descendre sur la montagne de Sion, oindre pour mille ans et baptiser de feu le fds de David ! Voilà le Moissonneur que le Joannès au Jourdain va représenter dans son geste de Vanneur qui a fait sa récolte et se dispose à engranger ! Moi, dira-t-il, à la vérité, je vous baptise dans l'eau pour la pénitence, mais Celui qui doit venir après moi (le 15 nisan 789 très exactement) est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter sa chaussure : lui-même vous baptisera dans l'Esprit saint et le feu. Son van est dans sa main et il nettoiera entièrement son aire (l'aire aux Juifs) ; il amassera son blé dans le grenier ; mais il brûlera la paille dans un feu qui ne peut s'éteindre[116].

Et les évangélistes ayant fabriqué une parabole d'après cette Apocalypse : Expliquez-nous la parabole de l'ivraie semée dans le champ, demandent-ils à Jésus. Et Jésus, répondant par l'Apocalypse elle-même, leur dit[117] :

 

Celui qui sème le bon grain, c'est le Fils de l'homme ;

Et le champ, c'est le monde. Mais le bon grain, ce sont les Enfants du royaume, et l'ivraie, les enfants du Malin.

L'ennemi qui l'a semée, c'est le Démon. La moisson, c'est la consommation du Cycle ; et les moissonneurs sont les anges.

Comme donc on arrache l'ivraie et qu'on la brûle dans le feu, ainsi en sera-t-il à la consommation du Cycle.

Le Fils de l'homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité ;

Et ils les jetteront dans la fournaise du feu. Là sera le pleur et le grincement de dents.

Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende !

 

Nous avons des oreilles et nous entendons très bien. Nous voyons même que dans cette parabole le Christ ne moissonne plus lui-même, comme il devait le faire en 789. Nous voyons aussi que toutes les paraboles de l'Evangile sur le Royaume de Dieu sont des variations sur l'Apocalypse, composées loin du Jourdain par des gens qui ont mis beaucoup d'eau grecque dans le feu de la colère juive, je n'ose dire le vin du Joannès Nazir ; il n'en pouvait pas boire !

Un autre aspect du Christ, c'est le Vendangeur de cette Vigne que le Joannès va nous peindre tout à l'heure, le Maître de la Vigne d'or que les sculpteurs avaient représentée dans le Temple d'autrefois : la ligne du Seigneur dont tous les prophètes depuis Isaïe annonçaient le bienheureux retour, la Vigne aux douze récoltes annuelles que, d'après cette Apocalypse, les paraboles évangéliques montrent aux Juifs comme étant le dernier terme de leur marche à travers le monde.

Indubitablement il y avait un troisième aspect du Christ, le Christ Pêcheur, prenant, sauvant les Juifs dans les filets baptismaux.

La preuve, c'est cette autre parabole mise dans sa bouche :

 

Le Royaume des cieux est encore semblable à un filet jet e dans la mer, qui prend toute sorte de poissons ;

Et lorsqu'il est plein, les pêcheurs[118], le retirant, puis, s'asseyant sur le rivage, choisissent les bons, les mettent dans des vases, et jettent les mauvais dehors.

Ainsi en sera-t-il à la consommation du Cycle : les auges viendront, et sépareront les méchants du milieu des justes,

Et les jetteront dans la fournaise du feu. Là sera le pleur et le grincement de dents.

Avez-vous bien compris tout ceci ? Ils lui dirent : Oui.

Et il ajouta : C'est pourquoi tout scribe instruit de ce qui touche le Royaume des cieux est semblable au père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes[119].

 

Cet évangéliste fait la critique de sa propre méthode : du trésor de la Révélation joannique, il tire toutes les paraboles qu'il vient de fabriquer. Toutefois il se garde bien de citer sa source ; le Charpentier faiseur de poissons et ses fils sont les premières images qu'elle refléterait !

 

XV. — (LAMECH[120]) L'AGNEAU LIBÉRATEUR ET LES SEPT COUPES DE LA VENGEANCE CÉLESTE.

 

Je vis dans le ciel un autre prodige grand et merveilleux : sept anges ayant les sept dernières plaies, puisque c'est par elles que la colère de Dieu a été consommée[121].

2. Et je vis comme une mer de verre mêlée de feu[122] et ceux qui avaient vaincu la Bête, son image et le nombre de son nom[123], qui étaient debout sur cette mer de verre, ayant des harpes de Dieu,

3. Et qui chantaient le cantique de Moïse, serviteur de Dieu, et le cantique de Agneau, disant : Grandes et admirables sont vos œuvres, Seigneur Dieu tout-puissant ! Justes et véritables sont vos voies, ô Roi des Cycles !

4. Qui ne vous craindra, ô Seigneur ? et qui ne glorifiera votre nom ? car vous seul êtes miséricordieux, et toutes les nations viendront et adoreront en votre présence, parce que vos jugements se sont manifestés.

5. Après cela je regardai, et voilà que le temple du tabernacle du témoignage s'ouvrit dans le ciel ;

6. Et que du temple sortirent les sept anges, ayant les sept plaies, vêtus d'un lin pur et blanc, et ceints sur la poitrine de ceintures d'or.

7. Alors un des Quatre animaux donna aux sept anges sept coupes d'or pleines de la colère du Dieu qui vit dans les cycles des cycles[124].

8. Et le temple fut rempli de fumée à cause de la majesté de Dieu et de sa puissance ; et nul ne pouvait entrer dans le temple jusqu'à ce que fussent consommées les sept plaies des sept anges.

 

XVI. — (AIN) EFFUSION DES SEPT COUPES SUR L'OCCIDENT ET LA MÉDITERRANÉE. – LES BARBARES LÂCHÉS SUR L'EUROPE.

 

1. Et j'entendis une voix forte du temple, disant aux sept anges : Allez et répandez les sept coupes de la colère de Dieu sur la terre.

2. Et le premier s'en alla, et répandit sa coupe sur la terre ; et il se fit une plaie cruelle et pernicieuse sur les hommes qui avaient le caractère de la Bêle, et ceux qui adoraient son image[125].

3. Le second ange répandit sa coupe sur la mer, et elle devint comme le sang d'un mort ; et toute âme vivante mourut dans la mer[126].

4. Le troisième répandit sa coupe sur les fleuves et sur les sources des eaux[127], et elles devinrent du sang.

5. Et j'entendis l'ange des eaux, disant : Vous êtes juste, Seigneur, qui êtes et qui avez été ; vous êtes saint, vous qui avez jugé ainsi.

6. Parce qu'ils ont répandu le sang des saints et des prophètes, vous leur avez aussi donné du sang à boire ; car ils en sont dignes[128].

7. Et j'en entendis un autre qui de l'autel disait : Oui, Seigneur Dieu tout-puissant, ils sont vrais et justes, vos jugements.

8. Le quatrième ange répandit sa coupe sur le soleil ; et il lui fut donné de tourmenter les hommes par l'ardeur du feu.

9. Et les hommes furent brûlés d'une chaleur dévorante, et ils blasphémèrent le nom du Dieu qui a pouvoir sur ces plaies, et ils ne firent point pénitence pour lui donner gloire.

10. Le cinquième ange répandit sa coupe sur le trône de la Bête[129] et son royaume devint ténébreux, et les hommes mordirent leurs langues dans l'excès de leur douleur ;

11. Et ils blasphémèrent le Dieu du ciel à cause de leurs douleurs et de leurs plaies, et ils ne firent point pénitence de leurs œuvres.

12. Le sixième ange répandit sa coupe sur ce grand fleuve de l'Euphrate, et dessécha ses eaux pour ouvrir le chemin aux rois d'Orient[130].

13. Et je vis sortir de la bouche du Dragon, de la bouche de la Bête, et de la bouche du Faux prophète[131], trois esprits impurs, semblables à des grenouilles[132].

14. Or ce sont des esprits de démons, qui font des prodiges, et qui vont vers les rois de toute la terre, pour les assembler au combat, au grand jour du Dieu tout-puissant.

[15. Voici que je viens comme un voleur[133]. Bienheureux celui qui veille et qui garde ses vêtements, de peur qu'il ne marche nu, et qu'on ne voie sa honte[134].]

16. Et il les rassemblera dans le lieu qui s'appelle en hébreu Haram Megiddo[135].

17. Le septième ange répandit sa coupe dans l'air, et il sortit du temple, du côté du trône, une voix forte disant : C'est fait.

18. Aussitôt il se fit des éclairs, des voix et des tonnerres, et il se fit un grand tremblement de terre, tel qu'il n'y eut jamais, depuis que les hommes sont sur la terre, un tremblement de terre pareil, aussi grand.

19. Et la Grande cité fut divisée en trois parties[136] et les villes des nations tombèrent, et Dieu se souvint de la grande Babylone pour lui donner le calice du vin de sa colère[137].

20. Et toutes les îles s'enfuirent, et l'on ne trouva plus les montagnes.

21. Et une grêle, grosse comme un talent[138], tomba du ciel sur les hommes, et les hommes blasphémèrent Dieu à cause de la plaie de la grêle, parce que cette plaie était extrêmement grande.

 

J'ai vu des gens, exégètes pour la plupart, se prendre la tête dans les mains en s'écriant : Comment peut-il se faire que Tacite accuse le Christ et les christiens de professer la haine du genre humain, odium generis humani ? Ne vous fatiguez point, exégètes ! Tacite a connu l'Apocalypse[139].

 

XVII. — (PHE) LA. BÊTE ROMAINE ET LES DIX-SEPT ANTÉCHRISTS.

 

Ce chapitre est presque entièrement substitué. Il appartient à l'adaptation grecque et contient de la Bête une explication qui ne peut être ni du Joannès, ni de ses frères, ni de ses neveux, ni même de ses petits-neveux. Cette explication nous transporte hors de l'époque, du cadre et des conditions de l'Apocalypse jordanique, elle n'a donc aucun intérêt pour l'étude de la mission du Joannès. La Bête est bien celle que nous connaissons, mais modifiée par l'âge et par les circonstances. Il y avait deux Bêtes dans l'Apocalypse du Jourdain, l'une à dix cornes, la Bête romaine, l'autre à deux cornes, la Bête hérodienne et sacerdotale exerçant le pouvoir au nom de la première. La situation a changé depuis la prise de Jérusalem en 823 ; la Bête romaine gouverne seule en Judée et on n'emploie plus l'allégorie des deux Bêtes.

 

Alors vint un des sept anges qui avaient les sept coupes, et il me parla, disant : Viens, je te montrerai la condamnation de la grande prostituée, qui est assise sur les grandes eaux,

2. Avec laquelle les rois de la terre se sont corrompus, et les gens de la terre se sont enivrés du vin de sa prostitution.

3. Il me transporta en esprit dans un désert, et je vis une Femme assise sur une Bête de couleur d'écarlate, pleine de noms de blasphème, ayant sept têtes et dix cornes.

4. La Femme était vêtue de pourpre et d'écarlate, parée d'or, de pierres précieuses et de perles, ayant en sa main une coupe d'or pleine de l'abomination et de l'impureté de sa fornication,

5. Et sur son front un nom écrit : Mystère ; la grande Babylone, la mère des fornications et des abominations de la terre.

6. Et je vis cette femme enivrée du sang des saints et du sang des martyrs [de Jésus][140]. Or je fus surpris, quand je l'eus vue, d'un grand étonnement[141].

7. Alors l'ange me dit : Pourquoi t'étonnes-tu ? C'est moi qui te dirai le mystère de la Femme et de la Bête qui la porte, et qui a sept têtes et dix cornes.

8. La bête que tu as vue, a été et elle n'est plus[142] ; elle doit monter de l'abîme, et elle ira à la perdition, et les habitants de la terre — dont les noms ne sont pas écrits dans-le Livre de vie dès la fondation du monde[143] — seront dans l'étonnement, en voyant la Bête qui était et qui n'est plus.

9. Or en voici le sens, lequel renferme de la sagesse[144]. Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la Femme est assise ; ce sont aussi sept rois[145].

10. Cinq sont tombés ; un existe, et l'autre n'est pas encore venu ; et quand il sera venu, il faut qu'il demeure peu de temps.

11. Et la Bête qui était et qui n'est plus est la huitième ; elle est des sept, et elle va à la perdition[146].

12. Les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n'ont pas encore reçu leur royaume ; mais ils recevront la puissance comme rois pour une heure après la Bête.

13. Ceux-ci ont un même dessein, et ils donneront leur force et leur puissance à la Bête.

14. Ceux-ci combattront contre l'Agneau, mais l'Agneau les vaincra, parce qu'il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois ; et ceux qui sont avec lui sont appelés élus et fidèles.

15. Il me dit encore : Les eaux que tu as vues, et où la prostituée est assise, sont des peuples, des nations et des langues.

16. Les dix cornes que tu as vues dans la Bête, ce sont ceux qui haïront la prostituée ; ils la réduiront à la désolation et à la nudité ; ils la mettront à nu, ils dévoreront ses chairs, et ils les brûleront dans le feu.

17. Car Dieu leur a mis dans le cœur de faire ce qui lui plait[147], de donner leur royaume à la Bête, jusqu'à ce que soient accomplies les paroles de Dieu.

18. Et la femme que tu as vue est la grande ville qui règne sûr les rois de la terre.

 

La substitution finit ici. Deux Jubilés se sont écoulés depuis celui de 789 qui devait être le dernier, l'un, celui de 839 sous Domitien, l'autre, celui de 889 sous Hadrien, et pas de Christ. L'auteur du chapitre est obligé d'admettre sept Antéchrists intercalaires dont un est en cours, et comme les temps n'ont pas l'air de vouloir finir sous Antonin, il fait prévoir encore dix Antéchrists avant la Grande Année. Dix-sept Antéchrists tant passés que futurs ! Le Joannès n'en avait annoncé qu'un seul : lui-même.

 

XVIII. — (SADE) CHUTE DE ROME, ABSTRACTION FAITE DES JUIFS, ET RUINE DE L'EMPIRE.

 

Au milieu de ses multiples occupations, le Verbe Jésus ne perd pas le sang-froid indispensable en affaires, car avant de détruire Rome, considérée comme capitale des nations, par une voix du ciel il ordonne aux Juifs de sortir de la Ville, afin de n'être pas compris dans la débâcle.

Suivent le riant tableau de l'agonie des gentils, les joyeuses obsèques de leur commerce, les silences amis qui planent sur l'Occident dévasté, l'évacuation des villes par les Juifs se repliant sur la terre du Canaan millénaire.

Il faut lire cela pour savoir exactement quels sentiments de bonté diffuse, de solidarité massive et de compacte fraternité enflammaient le sacré cœur du Seigneur Jésus en l'an de Rome 782, Tibère étant empereur, Pontius Pilatus gouverneur de Judée, et Kaïaphas grand-prêtre de Jérusalem. Cela est édifiant au-dessus de toute expression.

Sitôt qu'il aura pourvu à la destruction de la Babylone où depuis- les Pompée, les Crassus, les Gabinius, les Antoine, les Varus et les Quirinius, tant de christiens sont exilés, sitôt que ceux de Sardaigne, des Gaules et d'Espagne auront rejoint, le Verbe Jésus pourra s'occuper du Millenium. Mais pas avant ! Il faut d'abord que nous autres, incirconcis des Gaules et de la Celtique, nous ayons reçu sur la tête le tiers des étoiles. C'était, vous le savez, la seule chose que nous redoutassions en ces temps préchristiens !

Mais nous aurons notre compte, car il y avait des Gaulois dans la garde d'Hérode au temps du Massacre des Innocents, et il y avait des Juifs hérodiens dans les Gaules, notamment ceux qui avaient suivi Archélaüs dans son exil à Lyon.

Ce n'est pas que l'Orient non juif fût mieux traité. Même dans le Livre des Sibylles — œuvre d'un jésu-christien qui sait ses Évangiles par cœur et qui les marie avec l'Apocalypsela Judée seule est épargnée, et la terre de Canaan est le siège éternel du Royaume de Dieu.

 

Une chose vous a frappé — elle frapperait un aveugle et presque un exégète — c'est la partialité monstrueuse et la niaise méchanceté de ce Jésus, tout fiel pour les païens, tout miel pour les Juifs, Destructeur effréné des uns, Sauveur entêté des autres. Le côté qu'il tourne vers nous, c'est le côté Fléau, Mort et Misère — le côté occident. Celui qu'il tourne vers les Juifs, c'est le côté Salut, Vie et Domination — le côté Orient. Ce joli cœur est l'incorruptible Epoux de la Judée. En revanche, adultère tout Juif qui est infidèle à la Loi xénophobe !

 

Après cela je vis un autre ange qui descendait du ciel, ayant une grande puissance ; et la terre fut illuminée de sa gloire.

2. Et il cria avec force, disant : Elle est tombée, la grande Babylone, et elle est devenue une demeure de démons, et une retraite de tout esprit impur, de tout oiseau immonde et qui inspire de l'horreur ;

3. Parce que toutes les nations ont bu du vin de la colère de sa prostitution ; et les rois de la terre se sont corrompus avec elle, et les marchands de la terre se sont enrichis de l'excès de son luxe.

4. J'entendis une autre voix du ciel, qui dit : Sortez de Babylone, mon peuple, de peur que vous n'ayez part à ses péchés, et que vous ne receviez de ses plaies,

5. Parce que ses péchés sont parvenus jusqu'au ciel, et que Dieu s'est souvenu de ses iniquités[148].

6. Rendez-lui comme elle-même vous a rendu, rendez-lui au double selon ses œuvres ; dans la coupe où elle vous a fait boire, faites-la boire deux fois autant.

7. Autant elle s'est glorifiée et a été dans les délices, autant multipliez ses tourments et son deuil ; parce qu'elle dit en son cœur : Je suis reine, je ne suis point veuve[149] et je ne serai point dans le deuil.

8. C'est pourquoi en un seul jour viendront ses plaies, et la mort, et le deuil, et la famine ; et elle sera brûlée par le feu, parce qu'il est puissant le Dieu qui la jugera[150].

9. Et ils pleureront sur elle, et ils se frapperont la poitrine, les rois de la terre qui se sont corrompus avec elle[151] et qui ont vécu avec elle dans les délices, quand ils verront la fumée de son embrasement :

10. Se tenant au loin, dans la crainte de ses tourments, disant : Malheur ! malheur ! Babylone, cette grande cité, cette cité puissante ! En une heure est venu ton jugement[152].

11. Et les marchands de la terre pleureront et gémiront sur elle, parce que personne n'achètera plus leurs marchandises ;

12. Ces marchandises d'or et d'argent, de pierreries, de perles, de fin lin, de pourpre, de soie, d'écarlate (et tous les bois odorants, tous les meubles d'ivoire, et tous les vases de pierres précieuses, d'airain, de fer et de marbre,

13. Et le cinnamome), de senteurs, de parfums, d'encens, de vin, d'huile, de fleur de farine, de blé, de bêtes de charge, de brebis, de chevaux, de chariots, d'esclaves et dames d'hommes.

14. Quant aux fruits si chers à ton âme, ils se sont éloignés de toi ; tout ce qu'il y a d'exquis et de splendide est perdu pour toi, et on ne le trouvera plus.

15. Ceux qui lui vendaient ces marchandises, et qui se sont enrichis, se tiendront éloignés d'elle dans la crainte de ses tourments, pleurant, gémissant,

16. Et disant : Malheur ! malheur ! celte grande cité, qui était vêtue de fin lin. de pourpre et d'écarlate, parée d'or, de pierreries et de perles !

17. En une heure ont été anéanties de si grandes richesses ! Tous les pilotes, tous ceux qui naviguent sur le lac[153], les matelots et tous ceux qui font le commerce sur la mer, se sont tenus au loin,

18. Et ont crié, voyant le lieu de son embrasement, disant : Quelle cité semblable à cette grande cité ?

19. Et ils ont jeté de la poussière sur leur tête, et ils ont poussé des cris mêlés de larmes et de sanglots, disant : Malheur ! malheur ! cette grande cité, dans laquelle sont devenus riches tous ceux qui avaient des vaisseaux sur la mer, en une heure, elle a été ruinée !

[20. Ciel, réjouis-toi sur elle, et vous aussi, saints apôtres et prophètes, parce que Dieu vous a fait pleinement justice d'elle][154].

21. Alors un ange fort leva en haut une pierre comme une grande meule, et la jeta dans la mer, disant : Ainsi sera précipitée Babylone, cette grande cité, et à l'avenir elle ne sera plus trouvée[155].

22. Et la voix des joueurs de harpes, des musiciens, des joueurs de flûte et de trompette, ne sera plus entendue en toi ; et nul artisan d'aucun métier ne sera trouvé en toi ; et le bruit de la meule ne sera pas entendu en toi désormais.

23. Et la lumière des lampes ne luira plus en toi désormais, et la voix de l'époux et de l'épouse ne sera plus entendue en toi, parce que tes marchands étaient des princes de la terre, et que par tes enchantements se sont égarées toutes les nations[156].

24. Et dans cette ville a été trouvé le sang des prophètes et des saints, et de tous ceux qui ont été tués sur la terre.

 

XIX. — (KOPH) LA CÈNE DES JUIFS ET LE BAPTÊME DE FEU.

 

Dans son harnois de guerre le Christ parait enfin, monté sur un cheval blanc, vêtu de ce manteau sanglant qui témoigne si clairement de ses tendres aspirations ; et il tire de sa bouche, en guise de langue, un glaive avec lequel il désire nous adresser quelques propos évangéliques, à nous autres, bêtes de la porcherie occidentale.

On pourrait se croire sous le Signe qui correspond au Chien enragé lorsque le Christ Jésus se décide à descendre. Toutefois il n'est pas si tranquille qu'il en a l'air, car Satan, l'ennemi, est toujours vivant, embusqué en quelque coin. S'il allait s'entendre avec les nations pour les sortir d'affaire, tomber sur Israël sans défense et croquer le Millenium dans l'œuf ? Vite un ange s'empare de lui, le lie, le précipite dans l'abîme terrestre et l'y enferme pour les Mille ans du Zib.

Ouf ! le Joannès respire.

De la terre habitable il ne reste plus que la Judée, Jérusalem et le Temple, où tous les Juifs qui ont l'instinct de la conservation et le respect de la Pâque se sont concentrés.

L'énorme coupure pratiquée à cet endroit ne nous permet pas de dire comment le Christ et les Douze Apôtres descendaient, ni de quelle épuration préalable la terre d'élection était l'objet. Je suppose que la garnison romaine de Césarée ne conservait pas ses positions.

On aimerait à savoir comment et surtout par qui Jésus débarrassait la Judée de ces cohortes. Est-ce que les christiens qui opérèrent, sans succès d'ailleurs, contre la cavalerie de Pilatus, contre celle de Cuspius Fadus, contre celle de Gessius Florus, se tenaient les bras croisés pendant la Grande Année ? Je n'en veux rien croire. Ils appuyaient d'en bas, dans la mesure de leurs moyens humains, la mobilisation céleste. Comment unissaient les étrangers dont la présence avait infligé à Jérusalem le nom spirituel de Sodome et Egypte ? Autant de questions que le christ davidique résolvait, puisque le thème les pose.

Libérateur du territoire avant tout, Bar-Jehoudda détruisait, purifiait, renversait tout ce qui avait été souillé par l'étranger, le Temple lui-même où des païens étaient entrés, avaient sacrifié parla main des prêtres, — abomination de la désolation. Il chassait, il poussait devant lui, dans le feu d'incendie, tous les agneaux que les lévites avaient préparés pour les offrandes de Tibère César, tous ceux qui les vendaient, et tous les changeurs qui avaient dans les mains l'image monnayée de la Bête.

Toute la mission de Bar-Jehoudda en tant que précurseur guerrier a disparu ; il faisait la besogne d'Hercule chez Augias. Puis, maître enfin de la maison de son Père, le Verbe Jésus installait dans Sion l'Agneau divin, l'Agneau de gloire que nous avons vu, égorgé d'avance dans le ciel où il répète son rôle d'Agneau éternel enfermant en lui les Douze cycles millénaires.

La Grande Année emportait fatalement avec elle le dernier Temple construit de main d'ouvrier, le dernier Grand-Prêtre pris parmi les hommes, la dernière Pâque et le dernier agneau tiré de la bergerie juive. Jésus présent, rien de tout cela ne pouvait subsister, puisqu'à lui seul il était tout cela.

Aux Anges de Satan, c'est-à-dire aux puissances de la terre, qui étaient en nombre indéterminé, Jésus opposait les Cent quarante mille Anges de la garde juive, et la bataille se terminait à Sion, comme elle avait commencé au ciel, par la prompte déconfiture de l'effectif satanique. On a coupé tout le rôle de ces Anges, et on ignore ce qu'il advient d'eux une fois qu'ils sont descendus sur la montagne Sainte. Tel était le Grand-Jour du Millenium, mais par exception ce Jour se trouvait être de trois jours, composés de vingt-quatre heures héliaques. Le Christ a le soleil pour tabernacle et, vous le savez par la Genèse, le soleil n'est parvenu à la terre que dans la quatrième journée. Si le chiffre sept est genésique, le chiffre trois ne l'est pas moins. C'est naturellement sur le Mont des Oliviers que le Verbe mettait pied à terre, à l'Orient de Jérusalem[157].

 

1. Après cela j'entendis comme la voix d'une nombreuse troupe qui était dans le ciel et qui disait : Alléluia, salut, gloire et puissance à notre Dieu ;

2. Parce que ses jugements sont véritables et justes, qu'il a condamné la grande prostituée qui a corrompu la terre par sa prostitution, et qu'il a vengé le sang de ses serviteurs que ses mains ont répandu ;

3. (Ils dirent encore Alléluia.) Et la fumée de son embrasement s'élève dans les cycles des cycles.

4. Alors les Vingt-quatre Vieillards et les Quatre Animaux se prosternèrent et adorèrent Dieu qui était assis sur son trône, en disant : Amen. Alléluia[158].

5. Et une voix sortit du trône, disant : Louez notre Dieu vous tous ses serviteurs, et vous qui le craignez, petits et grands.

6. J'entendis comme la voix d'une grande multitude, comme la voix de grandes eaux, et comme de grands coups de tonnerre, qui disaient : Alléluia ; il règne, le Seigneur notre Dieu, le Tout-puissant.

7. Réjouissons-nous, tressaillons d'allégresse, et donnons-lui la gloire, parce qu'elles sont venues les Noces de l'Agneau, et que son Epouse s'y est préparée.

8. Et il lui a été donné de se vêtir d'un fin lin, éclatant et blanc. [Car le fin lin, ce sont les justifications des saints].

9. [Il][159] me dit alors : Ecris : Bienheureux ceux qui ont été appelés au souper des Noces de l'Agneau ! Et il ajouta : Ces paroles de Dieu sont véritables.

10. Aussitôt je tombai à ses pieds pour l'adorer ; mais Il me dit : Garde-toi de le faire ; je suis serviteur comme toi et comme tes frères [qui ont le témoignage de Jésus. Adore Dieu, car le témoignage de Jésus est l'esprit de la prophétie].

 

Ces versets sont d'une importance capitale, à cause des remaniements qu'ils ont subis. Les Noces de l'Agneau et de la Judée, c'est l'avènement du Christ au 15 nisan 789, jour de la Pâque. Le Souper de noces de l'Agneau, c'est la Cène proprement dite.

L'Épouse y était toute préparée par l'Apocalypse, mais l'Époux ne vint point, sinon un siècle après l'échéance et seulement sur le papier, dans plusieurs allégories paraboliques comme les Noces de Cana, la Samaritaine, la Cène enfin, clef de voûte de toute la mystification ; mais à ce moment c'est l'Époux qui n'est plus à son poste, et faute de lit nuptial Jésus ne saura où reposer sa tête. Quant au Souper de noces, qui devait avoir lieu le premier jour de l'Année de mille ans,, en présence des Douze Apôtres, chefs des Douze tribus célestes, la Cène évangélique en est la représentation spirituelle. C'est, hélas ! tout ce qu'il a été possible d'en réaliser. En ce temps-là on n'essayait pas encore de faire croire à l'existence de Jésus en chair[160] ; Jésus n'est qu'un esprit. C'est ce que dit en propres termes le juif hellène qui vient de reproduire, d'après l'original hébreu, la prophétie annonçant le souper des Noces de l'Agneau pour le 15 nisan 789 : il dit que, dans la fable, Jésus témoigne en esprit de cette prophétie, en attendant que vienne l'heureux jour où il pourra la célébrer réellement et corporellement, car le Fils de l'homme a un corps ; son nom et l'Apocalypse du Joannès l'indiquent assez. La réalisation de la prophétie n'est que remise, elle a été retardée par les circonstances : la mission de Jehoudda Is-Kérioth, la défaite de Bar-Jehoudda en Samarie, la fuite de ses frères et de leurs partisans ; mais elle est infaillible. Le témoignage de Jésus (dans le mythe de la Cène), c'est l'esprit de la prophétie, et ce n'est que cela. Qu'on ne soit pas dupe, qu'on n'aille pas adorer Bar-Jehoudda mué en Jésus ! C'est Dieu seul qu'il faut adorer !

L'adaptateur judéo-hellène rend hommage au Joannès en tant que prophète, mais il ne veut pas aller plus loin. Il reste avec les Ebionites, les Naziréens, les Ischaïtes, tous juifs et tous disciples de Bar-Jehoudda qui diront de Jésus quand on les questionnera sur 80n sens caché : Ombre de Christ, simple christophanie ![161] Il s'en tient à l'Apocalypse elle-même où le Joannès vient de résister à la tentation d'adorer son Père, car, vous le voyez, c'est Jehoudda, père du christianisme, qui est le cicérone — mot impie, car il est romain, mais non anachronique — de son fils à travers les espaces célestes. S'appelât-il Jehoudda, on n'adore point un homme, entendez-vous ! Faut-il que la Loi soit sévère !

 

11. Je vis ensuite le ciel ouvert ; et voilà un cheval blanc ; celui qui le montait s'appelait le Fidèle et le Véritable, qui juge et combat avec justice.

12. Ses veux étaient comme une flamme de feu ; et sur sa tête étaient beaucoup de diadèmes ; il avait un nom écrit que nul ne connaît que lui.

13. Il était vêtu d'une robe teinte de sang, et le nom dont on l'appelle est le Verbe de Dieu[162].

14. Les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtus d : un fin lin, blanc et pur.

15. Et de sa bouche sort un glaive à deux tranchants pour en frapper les nations, car il les gouvernera avec un sceptre de fer[163], et c'est lui qui foule le pressoir du vin de la fureur et de la colère du Dieu tout-puissant[164].

16. Et il porte écrit sur son vêtement et sur sa cuisse : Roi des rois, et Seigneur des Seigneurs.

17. Et je vis un ange debout dans le soleil ; et il cria d'une voix forte, disant à tous les oiseaux qui volaient au milieu de l'air : Venez et assemblez-vous pour le grand Souper de Dieu ;

18. Pour manger la chair des rois, la chair des tribuns militaires, la chair des forts, la chair des chevaux et de ceux qui les montent, et la chair de tous les hommes libres et esclaves, petits et grands.

19. Et je vis la Bête et les rois de la terre, et leurs assemblées pour faire la guerre à Celui qui montait le cheval et à son armée[165].

20. Mais la Bête fut prise[166], et avec elle le faux prophète qui avait fait les prodiges devant elle, par lesquels il avait séduit ceux qui avaient reçu le caractère de la Bête[167], et qui avaient adoré son image. Les deux furent jetés vivants dans l'étang du feu nourri par le soufre.

21. Tous les autres furent tués par l'épée qui sortait de la bouche de Celui qui montait le cheval, et tous les oiseaux, furent rassasiés de leur chair.

 

Ainsi le Souper de Dieu, c'est la Cène des oiseaux de proie ! Leur agneau pascal, c'est nous ! Aimable perspective.

Mais ce qu'on ne voit plus du tout, au milieu de ces tableaux enchanteurs, c'est le baptême céleste que le Verbe Jésus administrait au christ davidique pour le fendre apte à nous paître pendant mille ans avec une verge de fer, dans l'atmosphère qu'il créait par sa venue. Le Joannès ne donnait que ce qui est au pouvoir de l'homme, le baptême dans l'eau et dans l'esprit terrestre ; mais le Christ baptisait dans le feu et dans l'Esprit saint, les trois Synoptisés[168] s'accordent à dire que telle était la prédication. Pour millénariser toute cette chair, il fallait que le Christ la transmuât, la rendit semblable à la sienne, et la Transfiguration du Joannès en Jésus vient de là[169].

Cette opération est clairement visée par l'Evangile où sous le nom de Jésus Bar-Jehoudda dit, montant à Jérusalem pour incendier le Temple : Je suis venu jeter le feu sur la terre, et que veux-je ? sinon qu'il s'allume. J'ai à être baptisé d'un Baptême, et comme j'ai hâte qu'il s'accomplisse ![170] Le feu, c'est la substance de l'Esprit-Saint, et dans les Actes c'est sous la forme de langues de feu que Dieu l'envoie, ayant sursis au départ du Verbe lui-même[171]. Sur le Grand jour de la vengeance, aucun désaccord entre les apôtres christiens. Lorsque du ciel se révélera le Seigneur Jésus avec les anges de sa puissance, il se vengera dans une flamme de feu de ceux qui ne connaissent point Dieu... lesquels subiront les peines de la perdition éternelle à la vue de la face du Seigneur et de la gloire de sa puissance[172].

On est d'accord également sur la résurrection des morts. Mais la millénarisation des vivants, comment se faisait-elle ? Car enfin il faut que ce corps corruptible soit revêtu de l'incorruptibilité et que ce corps mortel soit revêtu de l'immortalité[173]. Par une transsubstantiation inapplicable aux morts le feu purificateur, la lumière céleste dissipait l'opacité charnelle et rendait les douze tribus terrestres semblables en transparence aux Douze tribus célestes descendues sur la montagne de Sion avec l'Agneau. Il y a des corps célestes et des corps terrestres ; mais les corps célestes ont un autre éclat que les corps terrestres. Le soleil a son éclat, la lune le sien, et les étoiles le leur, et entre les étoiles l'une est plus éclatante que l'autre. Il en arrivera de même dans la résurrection des morts[174]... De même aussi, indubitablement, dans la transfiguration des vivants. Tous ne brilleront pas du même éclat, tous ne seront pas comme Jehoudda qui depuis son Assomption brille comme le soleil — son fils l'a vu[175] — ni comme Salomé qui d'avance brille à la fois comme le soleil, la lune et les douze étoiles du Zodiaque, ni comme le Joannès qui déjà brille comme l'Etoile du matin et qui brillera tellement après sa mort qu'on lui confiera le rôle du Christ dans l'Évangile ; mais enfin tous perdront ce vilain ton que donne au corps humain 'e limon dont il est pétri, tous seront de ces circoncis a claire-voie dans lesquels Dieu a mis toute sa complaisance[176]. Et c'est là une de ces choses qu'on ne verra pas deux fois.

Le baptême d'eau n'avait de valeur que comme préparation au Baptême de feu. Celui de Jésus par le Joannès dans l'Évangile, c'est le renversement de ce qui devait se passer le 15 nisan 789. Si le Christ était venu, c'est lui qui eut baptisé le Joannès dans le feu et Esprit-Saint, et le Joannès eût régné mille ans au lieu d'être crucifié à cinquante. Le Christ n'étant venu que sur le papier et sous l'apparence humaine, c'est lui qui demande au Joannès le baptême de l'eau. Puisque les mythologues en ont fait un juif, qu'il donne l'exemple aux autres juifs ! Le Précurseur fait pour lui, homme, ce qu'il eût fait, dieu, pour son Précurseur, s'il était venu. La substitution, même en allégorie, semble un peu forte à ceux qui l'ont imaginée ; le Joannès lui-même se cabre devant cette absurdité, mais, puisqu'il n'a pu se sauver lui-même, — (Toi qui sauves les autres, descends de la croix !) il faut bien sauver son baptême. C'est alors que prenant Jésus par la main — ou plutôt par la leur ! les évangélistes l'amènent au Joannès. On lit, dans Mathieu :

 

Alors Jésus vint de Galilée au Jourdain vers Joannès, pour être baptisé par lui.

Or Joannès le détournait, disant : C'est moi qui dois être baptisé par vous, et vous venez à moi !

Mais, répondant, Jésus lui dit : Laisse pour maintenant, car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice ! Alors Joannès le laissa.

Or, avant été baptisé, Jésus sortit aussitôt de l'eau ; et voici que les cieux lui furent ouverts : il vit l'Esprit de Dieu descendant en forme de colombe et venant sur lui.

Et voici une voix du ciel disant : Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes complaisances[177].

 

Jésus a beau être le Verbe, il ne voit que ce qu'avait vu le Joannès ; et il entend beaucoup moins, car aucune voix du ciel ne stipule, comme dans l'Apocalypse, que l'adoption concernait Bar-Jehoudda, fils de David.

 

 

XX. — (RES) LE MILLENIUM DES POISSONS, LA PREMIÈRE RÉSURRECTION ET LE PREMIER JUGEMENT.

 

1. Et je vis un ange qui descendait du ciel, ayant la clef de l'abîme et une grande chaîne en sa main.

2. Et il prit le Dragon, l'ancien Serpent[178] qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans[179]

3. Et il le jeta dans l'abîme, et l'y enferma, et il mit un sceau sur lui, afin qu'il ne séduisît plus les nations, jusqu'à c e que fussent accomplis les mille ans ; car après ces mille ans il faut qu'il soit délié pour un peu de temps[180].

4. Je vis aussi des trônes ; et des personnes s'assirent dessus, et le pouvoir de juger leur fut donné. Je vis aussi tes aines de ceux qui ont eu la tête tranchée à cause du témoignage de Jésus, et à cause de la parole de Dieu, et qui n ont point adoré la Bête ni son image, ni reçu son caractère sur le front ou dans leurs mains ; et ils ont vécu et régné avec le Christ Jésus pendant mille ans[181].

5. Les autres morts ne sont pas revenus à la vie, jusqu'à ce que fussent accomplis les mille ans. C'est ici la première résurrection.

 

Énorme coupure ici, suppression de tous les membres qui composaient le tribunal millénaire, à commencer par le Christ et les Douze Apôtres. On ne pouvait pas avouer que les douze apôtres de l'Évangile vinssent de l'Apocalypse, où leurs archétypes célestes, assis sur douze trônes et le Christ au milieu d'eux, jugeaient les douze tribus d'Israël. Mais nous savons par tous les Évangiles que les Douze étaient de l'affaire. Sans eux on n'aurait pu ni multiplier les pains, ni changer l'eau en vin, ni célébrer la Cène, on n'aurait même pas pu produire Jésus dans la fable.

Que faisaient-ils, après avoir versé aux élus le vin de la Vigne du Seigneur ?

Ils jugeaient les douze tribus ? Sans doute, mais alors ils étaient bien Douze ? Pourquoi l'Église les a-t-elle supprimés au point que la phrase qui les concerne manque aujourd'hui de sujet ? Les Douze Apôtres du Christ Jésus ne venaient donc pas de la terre, comme les douze Juifs que la fable donne pour compagnons à Jésus de Nazareth ?

Ils venaient donc bien du ciel, comme le Christ Jésus, avec lui, derrière lui ? Ils s'asseyaient donc bien sur douze sièges ?

Le nombre des sièges confirmait donc bien celui des Apôtres ? On a donc fait sauter les Douze Apôtres de l'Apocalypse, afin d'ouvrir la porte aux douze Juifs dont on a entouré le prétendu Jésus de Nazareth ? Car si le Fils de l'Homme venait sur les nuées avec ses Anges, et tous les Évangélistes l'accordent, il venait aussi avec ses Douze Apôtres, et aucun des évangélistes ne l'accorde plus, depuis que l'Eglise a transformé ces douze Puissances venant du Ciel en douze hommes venant de la terre pour servir de témoins à Jésus de Nazareth. Et c'est à ces faux témoins dont le Pape est l'héritier qu'elle donne la mission de judicature dont les Douze Apôtres célestes étaient seuls investis ! Douze Juifs, témoins malgré eux d'un Christ lu ils n'ont jamais vu et affublés en juges de nos actions et de notre conscience, voilà pourtant toute la religion nationale !

Il n'y a pas seulement coupure d'une part, il y a addition de l'autre, et dont l'auteur, Juif hellène, salue Patriotiquement tous ceux qui sont morts à cause du témoignage de Jésus, c'est-à-dire martyrs de la Loi et victimes de la Révélation davidique. Ils sont substitués a ceux qui, vivants, devaient être transfigurés par le Verbe et régner mille ans avec Bar-Jehoudda. Ceux es Juifs qui n'ont pas suivi la Loi dans toute sa xénophobie ne ressusciteront qu'après mille ans, encore ne sera-ce que pour passer en jugement comme les païens : perspective qui leur fait pressentir leur sort. Ils la certitude d'être condamnés à la seconde mort, éternelle cette fois. Naturellement les Zélateurs compris dans la première résurrection n'auront connu qu'une mort, cette mort apparente dont le Verbe Jésus a relevé Jehoudda et Zadoc dans l'Apocalypse et dont il relèvera tour à tour dans l'Évangile le fils de la Veuve (Jacob junior) et Eléazar, pour finir par l'auteur de la présente Apocalypse crucifié au Guol-golta.

 

6. Bienheureux et saint est celui qui a part à la première résurrection, la seconde mort n'aura pas de pouvoir sur eux, mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ Jésus, et ils régneront avec lui pendant mille ans.

7. Et lorsque seront accomplis les mille ans, Satan sera relâché de sa prison et sortira, et il séduira les nations qui sont aux quatre coins du monde, Gog et Magog, et il les assemblera au combat, eux dont le nombre est comme le sable de la mer.

8. Et ils montèrent sur toute la face de la terre, et ils environnèrent le camp des saints et la cité bien-aimée.

9. Mais il descendit du ciel un feu venu de Dieu, et il les dévora ; et le diable qui les séduisait fut jeté dans l'étang de feu et de soufre, où la Bête elle-même

10. Et le faux prophète seront tourmentés jour et nuit dans les cycles des cycles.

11. Je vis aussi un grand trône blanc, et Quelqu'un assis dessus, et devant la face duquel la terre et le ciel s'enfuirent, et leur place ne se trouva plus.

12. Et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône ; des Livres furent ouverts, et un autre Livre fut encore ouvert, c'est le Livre de vie ; et les morts furent jugés sur ce qui était dans les Livres, selon leurs œuvres[182].

13. La mer rendit les morts qui étaient en elle ; la mort et l'enfer rendirent aussi les morts qui étaient en eux ; et ils furent jugés chacun selon ses œuvres.

14. L'enfer et la mort furent jetés dans l'étang de feu. Celle-ci est la seconde mort.

15. Et quiconque ne se trouva pas écrit dans le Livre de vie fut jeté dans l'étang de feu.

 

Cette fois, et il en est ainsi depuis que le Père s'est assis sur le trône, il s'agit non plus du Renouvellement du monde et du jugement prononcé par le Christ et les Douze, mais de la Fin du Monde et du Jugement dernier prononcé par le Père après le Millenium du Zib.

 

XXI. — (SIN) NAZIRETH.

 

En attendant la réunion des Juifs avec Dieu par la Fin du Monde, le Millenium du Zib se passe dans l'Eden retrouvé, sur la terre renouvelée. C'est un monde de transition, mais tel qu'on pourrait s'en contenter, s'il ne restait à voir Dieu lui-même, le Père !

 

1. Et je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le Premier ciel et la première terre sont passés, et la mer n e st déjà plus[183].

2. Et moi, Joannès, je vis la sainte cité, la nouvelle Jérusalem, descendant du ciel, d'auprès de Dieu, parée comme une épouse et ornée pour son Époux[184].

3. Et j'entendis une voix forte sortie du trône, disant : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, et il demeurera avec eux. Et eux seront son peuple, et lui-même, Dieu au milieu d'eux, sera leur Dieu[185].

4. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et il n'y aura plus ni mort, ni deuil, ni cris, ni douleur, parce que les premières choses sont passées.

5. Alors Celui qui était assis sur le trône dit : Voilà que je renouvelle toutes choses[186]. Et il me dit : Ecris, car ces paroles sont très dignes de foi et véritables[187].

6. Il me dit encore : C'est fait. Je suis l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin[188]. A celui qui a soif, je donnerai de la source d'eau vive[189].

7. Celui qui vaincra possédera ces choses ; et je serai son Dieu, et lui sera mon fils.

8. Mais pour les timides, les incrédules, les abominables, les homicides, les fornicateurs, les empoisonneurs, les idolâtres et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang brûlant de feu et de soufre ; ce qui est la seconde mort.

9. Alors vint un des sept anges qui avaient les sept coupes des dernières plaies, et il me parla, disant : Viens, et je te montrerai l'Epouse, la Femme de l'Agneau.

10. Et il me transporta en esprit sur une montagne grande et haute, et il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu,

11. Ayant la clarté de Dieu ; sa lumière était semblable à une pierre précieuse, telle qu'une pierre de jaspe, semblable au cristal.

12. Elle avait une grande et haute muraille, ayant elle-même Douze portes, et aux portes Douze Anges, et des noms écrits, qui sont les noms des Douze tribus des enfants d'Israël[190].

13. A l'orient étaient trois portes, au septentrion trois Portes, au midi trois portes, à l'occident trois portes[191].

14. La muraille de la ville avait douze fondements, et sur c es fondements étaient les douze noms des Apôtres de l'Agneau[192].

15. Celui qui me parlait avait une verge d'or pour mesurer la ville, ses portes et la muraille[193].

16. La ville est bâtie en carré ; sa longueur est aussi grande que sa largeur elle-même. Il mesura donc la ville avec sa verge d'or, dans l'étendue de douze mille stades ; or sa longueur, sa largeur et sa hauteur sont égales.

17. Il mesura aussi la muraille qui était de cent quarante-quatre coudées de mesure d'homme, qui est celle de l'ange[194].

18. La muraille était bâtie de pierre de jaspe ; mais la ville elle-même était d'un or pur, semblable à un verre très clair.

19. Et les fondements de la muraille de la ville étaient e s de toutes sortes de pierres précieuses. Le premier dément était de jaspe, le second de saphir, le troisième de calcédoine, le quatrième d'émeraude,

20. Le cinquième de sardonix, le sixième de sardoine, le septième de chrysolithe, le huitième de béryl, le neuvième de topaze, le dixième de chrysoprase, le onzième d'hyacinthe, le douzième d'améthyste[195].

21. Les douze portes étaient douze perles ; ainsi chaque porte était d'une seule perle, et la place de la ville était d'un or pur comme un verre transparent[196].

22. Je ne vis point de temple dans la ville parce que le Seigneur tout-puissant et l'Agneau en sont le temple.

23. Et la ville n'a pas besoin du soleil ni de la lune pour l'éclairer, parce que la gloire de Dieu l'éclairé, et que sa lampe est l'Agneau[197].

 

Plus de Temple, de Temple hérodien surtout ! A quoi bon un Temple ? Sauf le Père, le ciel est tout entier dans Jérusalem. Le magnifique monument bâti par Hérode était brûlé de la main du Christ. Le Joannès était la torche, et si, à défaut du Verbe, le christ davidique était entré victorieux dans Jérusalem, le Temple avec Kaïaphas et les prêtres latinisants eût passé un quart d'heure encore plus vilain que celui de la pâque du Recensement. Ce quart d'heure aurait duré trois jours. C'est ce que Jésus (en esprit toujours) répète aux Juifs d'après la prophétie du crucifié de Pilatus, et cette fois avec toute l'autorité que le fait accompli apporte à une vieille prédiction. Car, au moment où Jésus intervient dans la Passion du Joannès, le Temple a disparu depuis de longues années sous les efforts combinés de ses défenseurs et de Titus.

Plus de lumière artificielle en Judée. La vieille Anna ne sera plus obligée de passer ses jours et ses nuits dans le sanctuaire pour renouveler l'huile dans le chandelier d'or et tenir les sept branches allumées. Le Christ, les Douze Apôtres, la lampe qui remplace l'ancien éclairage, tout est dans l'Agneau de 789. Cet Agneau e nu, le Temple futur sera le corps du Christ. C'est autour de cette thèse que tourne la Cène et toute l'allégorie, si pénible, si mal en point, de Jésus simulant le martyre et se donnant en sacrifice aux Juifs sous les espèces du Joannès crucifié : sacrifice qui n'a coûté qu'un peu d'encre aux enragés mythologues de l'Evangile. Le Temple de son corps... dit l'auteur du Quatrième Evangile. Ceci est son sang, ceci est sa chaire... prenez et mangez. Comme les scribes opèrent avec des accessoires purement terrestres, agneau, pain, azyme et vin, Jésus se contente de ces corps opaques. Sur le pouvoir éclairant qui devait émaner de lui, il convient de se reporter aux Sagesses valentiniennes ou, si vous le préférez, aux Confessions d'Augustinus, évêque d'Hippone, dans le temps qu'il partageait l'opinion des Manichéens touchant le héros des fables judaïques[198].

Quand ils avaient achevé la judaïsation de la terre, les Douze revenaient au Christ Jésus par la régression des quatre lignes de la croix vers leur point d'intersection. Ils revenaient, puisqu'ils étaient les douze assises de la Jérusalem éternelle qui descendait du Ciel, toute bâtie[199].

Jérusalem était la capitale du Millenium et le siège du gouvernement.

Mais elle ne conservait pas ce nom-là sous Jésus, puisque déjà, sous Tibère, le Joannès l'en considérait comme indigne et qu'il le remplaçait ironiquement par ceux de Sodome et Egypte. Elle changeait donc de nom en changeant de maître, et puisqu'elle était vouée à Dieu, Nazire, même avant qu'il ne descendit, à fortiori s'appellerait-elle ainsi quand il l'habiterait en personne : Je dois bientôt venir, dit Jésus, j'écrirai le nom de mon Dieu (Iahvé) et le nom de la Ville de mon Dieu, la nouvelle Jérusalem descendue du ciel d'auprès de mon Dieu, et mon nouveau nom à moi-même[200]. Quels étaient ces noms ? Le nom nouveau de cette Ville nouvelle, c'était Nazireth, et le nouveau nom du Christ, c'était Jésus.

Ainsi se réalisait la prophétie : la ville de David devenait la ville de Dieu. Le nom seul de Nazireth est une preuve que ce village n'existait pas concurremment avec Jérusalem. Il y aurait eu deux Nazireth en Terre Sainte, alors qu'on n'en trouve aucune avant le huitième siècle.

Le Millenium, avec Jésus pour Roi, Nazireth pour capitale, la Galilée pour jardin public, le monde pour apanage, voilà ce que Jehoudda, Salomé et toute leur postérité, fils, neveux et petits-neveux jusqu'à Bar-Kocheba, ont promis successivement aux christiens sous Auguste, sous Tibère, sous Caligula, sous Claude, sous Néron, puis sous les Flaviens et sous les Antonins. Car ce que soutenaient ces fous, c'est que le Christ Jésus était une personne indépendante du Père, puisque cette personne régnait en chair pendant mille ans avant que le Père ne descendît. Ce qu'ils attendaient de lui, c'est qu'après les mille ans il leur montrât le Père. Ils blasphémaient donc tous en donnant un Fils à Iahvé. Jehoudda Is-Kérioth ne voulut les suivre ni dans leurs dogmes ni dans leurs crimes et resta avec le Dieu unique.

Et le Dieu unique lui a tellement donné raison contre le Joannès que dans la fable Jésus n'a pas pu faire autrement que de le porter sur la liste des douze apôtres et des douze juges d'Israël.

L’événement l'a si pleinement justifié que Jésus, qui pourtant a la choix des convives, ne peut célébrer le Pâque sans lui. Car cette pâque c'est celle du Christ qui n'est pas venu, et c'est hélas ! ce que Jehoudda Is-Kérioth avait prédit.

Le Père n'était pas de la combinaison ! C'est pourquoi Jehoudda Is-Kérioth marcha contre Bar-Jehoudda. Il est très vrai toutefois que le Christ ou l'Agneau, car c'est tout un, devait présenter les Juifs à leur Père après les mille ans du stage édénique. Philippe rappelle cette promesse à Jésus dans la christophanie selon Cérinthe : Montre-nous le Père, lui dit-il, et cela nous suffit[201]. Amère plaisanterie apostolique ! Demander à voir le Père quand on n'a pas même pas pu voir le Fils ! Aussi Jésus n'est pas content, les millénaristes sont incorrigibles ! Voilà si longtemps que je suis avec vous, dit-il, et tu ne m'as pas connu, Philippe ![202] Hé ! non, Philippe n'a pas connu Jésus. Philippe est comme le Joannès qui dans le Quatrième Evangile dit : Moi, je ne le connaissais pas.

Que faisaient les Douze Apôtres après avoir jugé les douze tribus ?

La délibération n'était pas bien longue, puisque leur jugement était écrit d'avance, puisqu'élus d'avance étaient ceux qui, soit vivants soit morts, avaient témoigné du Christ avant sa venue, et condamnés d'avance ceux qui avaient accepté la marque de la Bête romaine ou le contact avec les païens.

Elle ne durait pas mille ans, cette délibération. Que devenaient les Douze Apôtres quand ils avaient fini ; quand les christiens avaient fait condamner à mort tous les juifs accusés d'adultère envers Jésus et de tiédeur envers la Loi ? Voilà ce qui nous touche, nous autres gens d'Occident qui, en nous peignant, faisons tomber de nos têtes le tiers des étoiles, comme Gargantua fait tomber de la sienne les boulets de Pichrochole. On accorde que les Douze Apôtres ne devaient partir de Jérusalem qu'après Douze ans. Le jugement était mathématique : un an par tribu. Mais juger n'était pas la seule fonction des Douze.

Ils prêtaient leur ministère à Jésus pour le Renouvellement des christiens par le retour à l'androgynisme adamique. Je pense que cette opération se faisait aussi par tribu, dans l'ordre de leur création, et que la tribu de Lévi n'était pas la dernière ! Jehoudda prévoyait là certains cas de métempsycose qui se réalisaient par un principe dont l'Evangile a fait l'application au personnage hybride du Joannès-jésus et qui variait selon l'horoscope des intéressés[203]. Les discussions qui s'élèvent entre les disciples dans l'Evangile pour savoir à qui appartiendra la préséance proviennent toutes de ce principe qui, par la faute des circonstances, n'a pu entrer dans la pratique mais n'en persiste pas moins dans le dogme. C'est l'explication des paroles : Les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers.

Les douze ans révolus, les Apôtres se dirigeaient trois par trois — et non deux par deux comme dans la fable — vers les quatre points cardinaux, selon la disposition des signes entre les bras de la croix, et ils renouvelaient le monde au milieu de prodiges par lesquels le Christ s'associait de loin à leur mission[204].

Par les Douze Apôtres Israël commande aux dieux et déesses de la civilisation païenne. Toutes les nations lui sont soumises comme au seul peuple de Dieu.

Entendez que les christiens les persécutent sans relâche, qu'ils les circoncisent de force selon le programme zélote, qu'ils détruisent les arts païens, sciences, lettres, — arts surtout, à cause des images peintes et sculptées, — et ne s'arrêtent qu'après avoir imposé la loi de Moïse à toute la terre. Ubi solitudinem faciunt, pacem Domini appellent.

Les Douze Apôtres leur ouvriront la voie et aplaniront les obstacles. Ce prosélytisme, irrésistible à raison des influences attachées à ces Douze corps célestes, était ce qu'il y avait de plus étonnant dans le système. Cette croisade panjudaïque au cri de : Le Salut est aux Juifs ! Mort aux nations ! caractérisait à merveille la maladie juive et la folie christienne. Est-il besoin de dire que toute cette partie, la plus considérable de toutes, (le programme du gouvernement temporel du jésus) a complètement disparu sous les ciseaux de l'Église ?

Mais elle existait et elle était fort développée, car ce qui intéressait les élus, ce n'était pas de savoir ce qui se passerait au bout du Millenium — là-dessus ils pouvaient faire crédit à Dieu — mais ce qu'il adviendrait au lendemain de la descente du Fils de l'homme, pendant les premières années qui sont toujours les plus difficiles.

Vaste programme, puisqu'il faut mille ans pour étendre le Royaume d'Israël à toutes les nations ! Même après ce temps, Israël n'était pas arrivé complètement à ses fins, et il devait soutenir une dernière lutte contre Satan avant que le Père ne descendit à son tour. D'où vient que de ce programme il ne reste pas une seule ligne dans l'Apocalypse ? C'est qu'il était la conclusion même des Paroles du Rabbi qui furent transmises aux disciples par Philippe, Toâmin et Mathias, et dont l'Evangile a sauvé quelques épaves, après en avoir changé tout le sens.

Quand il avait fait juger les douze tribus par les Douze Apôtres et récompensé les plus xénophobes, Joannès exposait lui-même le grand Evangile de la tyrannie panjudaïque : il ne venait pas apporter la paix sur la terre, mais l'épée, le feu, la jalousie, toutes paroles, qui, aujourd'hui encore, sont au premier plan des déclarations apostoliques. Avec cela, cet infernal esprit d'anarchie et de dissolution qui finit au bout de quelques années par amener Jérusalem pantelante sous le couteau de Titus. Croyez-vous, que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, je vous assure, mais la division ; car désormais s'il se trouve cinq personnes dans une maison, elles seront divisées les unes contre les autres ; trois contre deux, et deux contre trois ; le père sera divisé avec le fils, le fils avec le père ; la mère avec la fille, la fille avec la mère ; la belle-fille avec la belle-mère, et la belle-mère avec la belle-fille. Et qui sera Maître dans la famille ? Le Marchand de Christ.

 

24. Les nations marcheront à sa lumière[205], et les rois de a terre y apporteront leur gloire et leur honneur.

25. Ses portes ne se fermeront point pendant le jour ; car là il n'y aura pas de nuit.

26. Et l'on y apportera la gloire et l'honneur des nations.

27. Il n'y entrera rien de souillé, ni aucun de ceux qui commettent l'abomination et le mensonge, mais ceux-là seulement qui sont écrits dans le Livre de vie de l'Agneau.

 

Quel changement depuis la Cène des oiseaux de proie ! Les rois païens et les puissants qui devaient être dévorés jusqu'au dernier[206], les voilà qui viennent apporter eux-mêmes leurs dépouilles aux Juifs triomphants ! Les incirconcis peuvent en induire que, moyennant tribut, ils seront reçus par les Douze Apôtres de garde aux portes de Jérusalem ! Mais alors les oiseaux de proie vont mourir de faim ?

Que s'est-il donc passé depuis 789 ?

La solution qu'avait indiquée le Joannès n'a point paru suffisamment favorable au commerce de la grâce. La colère de Dieu avait un mauvais côté, elle supprimait les gentils, le butin promis par les vieilles Ecritures ; on en serait réduit à se voler entre Juifs, ce qui était défendu par la Loi. Si au contraire on rétablissait les païens autour de la Jérusalem nouvelle, on pourrait exercer ses talents sans que Dieu y vit à redire. Et -alors on rétablit les païens. Oui, par un miracle que le Joannès n'avait point prévu, on en met dans les rues de la Ville-Lumière pour avoir un peu d'ombre où compter les gains. On plante la terre nouvelle de goym fertiles et luxuriants. Dans l'Eden de Bar-Jehoudda, on n'aurait récolté qu'une fois par mois ; avec les goym autour on pourra récolter tous les jours, et ces jours seront de vingt-quatre heures de lumière !

 

XXII. — LA CROIX.

 

A l'estime du Joannès, la partie la plus immanquable du Millenium, c'était, immédiatement après la résurrection des morts et le jugement des tribus, la jouissance du lieu fortuné, du Jardin de Dieu dans lequel les élus attendaient le Jugement dernier et la destruction du monde extra-juif par le feu[207]. Le Joannès croyait que l'Eden refleurirait là où était la Terre de Canaan, c'est-à-dire en Galilée. Et le champ où, poussés par leurs Dieux, les rois se réunissaient pour s'exterminer dans une dernière bataille, c'était ce beau champ d'Esdraëlon, cette plaine de Megiddo au milieu de laquelle se dressait le Thabor, seul, comme une coupe haute et ronde retournée sur une table de banquet.

Le Jardin de Dieu, l'Eden, c'était le Iar Eden, le Jourdain ; le Paradis terrestre, c'était la Galilée melliflue et peut-être, pour les Juifs damascéniens, cette partie de la Syrie où les Jardins d'Adonis avaient été adorés. Géographiquement les Galiléens seraient les premiers appelés, les premiers élus : n'étaient-ils pas presque en possession déjà ? C'est sous leurs yeux, dans le Haram Megiddo, que le Christ ferait l'appel des bons, tandis que les mauvais périraient, à quelques lieues de là, dans Sodome et dans Gomorrhe, sur les bords de ce lac Asphaltite, de cette Mer Morte où les démons s'agitaient dans les cratères mal éteints.

Jardinier de Dieu, le Verbe Jésus replantera l'arbre de vie, la Vigne, avec douze récoltes par an. Tous les fruits de cette Cocagne seront à l'assemblée des élus : fruits sacrés que l'Ange de la famine ne mettra plus à prix ! Et quand Jésus aura replanté cette Vigne du Seigneur dont l'Evangile parle si souvent d'après les promesses millénaristes, qui mangera le raisin avec lui ? Qui s'assiéra a sa table et boira de ce jus rouge dont chaque goutte est le sang de la vie éternelle ? Les élus, les élus seuls ! Longtemps, bien longtemps, la Vigne du Seigneur a révélé sa robuste constitution céleste. Et dans plus d'une contrée, au lieu de boire la coupe de vin, on distribuait la grappe elle-même, on mordait au raisin[208]. Souvenir fumeux des vignes millénaristes, qui, au septième siècle, donnaient encore ces maigres fruits de vieillesse, précieux par leur rareté !

C'est encore du Jardin de Jésus que vient l'huile à la fois guérissante et rédemptrice dont l'apôtre Jacques parle aux fidèles dans la lettre qu'on lui attribue, lit, en effet, comment une huile qui d'avance provenait des futurs pressoirs de Jésus ne guérirait-elle pas les maladies, ne rachèterait-elle pas les péchés ? Le baptême, belle invention sans doute, mais l'homme est né pour le progrès ! Par exemple, comment sauver un homme qui a péché après le baptême et qui va mourir ? N'y a-t-il pas dans le Jardin de Jésus quelque herbe efficace, quelque plante de vie qu'on puisse approcher du malade ou plutôt quelque liquide généreux dont on puisse le christier, l'oindre avant qu'il ne teste ? Il y a bien le vin, mais quelques-uns ont fait le vœu de n'en pas boire : le Nazir n'en but de sa vie, frères, vous le savez. Si pourtant, ayant péché, le baptisé montre la solidité de son repentir en laissant son bien à l'Église ? Quelqu'un d'entre vous est-il malade ? s'écrie Jacques avec une onction vraiment extrême ; qu'il appelle les Anciens de l'Église ! Et que ceux-ci prient pour lui en l'oignant d'huile au nom du Seigneur ! Et la prière faite avec loi sauvera le malade, et il sera relevé par le Seigneur, et s'il a commis des péchés, ils lui seront pardonnés[209]. Il peut arriver que le Seigneur ne relève pas le moribond, mais qu'importe à celui-ci ? Une fois oint, une fois christos, une fois marqué d'une croix d'huile, au lieu d'aller en un lieu vague et peut-être infernal son corps ressuscitable sera du banquet où l'on boira le vin de la vie.

Le Christ qui avait fait Adam mâle et femelle ne pouvait accepter dans l'Eden que des hermaphrodites. Clément de Rome et Clément d'Alexandrie constatent, d'après les Evangiles en hébreu, que les Paroles du Rabbi statuaient conformément à la Genèse sur les conditions sexuelles dans lesquelles le Royaume s'établirait. On a interpolé more ecclesiastico. Clément d'Alexandrie qui rapportait d'après les Paroles du Rabbi la doctrine du retour à l'androgynisme, doctrine inattaquable au point de vue de la logique, mais dont certains disciples de Bar-Jehoudda faisaient une application ou déréglée ou répugnante[210]. Si ferme était le dogme qu'il a été ramassé par les Pères de l'Eglise dans les ruines du millénarisme et conservé par Hiéronymus[211]. Hiéronymus dit qu'aucune femme ne ressuscitera dans son sexe, mais que toutes, au jugement dernier, seront changées en hommes. Hiéronymus est un hérétique, si par homme il n'entend pas Adam avant sa bissection.

On posait des questions fort embarrassantes au Joannès sur le régime physique prescrit dans le Royaume, par exemple, si deux époux séparés par la mort se réaccoupleraient ressuscites[212]. On ne sait ce qu'il advenait des vierges, sinon qu'elles étaient sauvées, elles aussi. Mais comment s'opérait en elles la reconstitution de l'androgyne ? Par la fusion avec un vierge mâle ? Problème ardu dont le Rabbi élude crânement la solution.

Donc deux écoles de christiens selon qu'on interprétait les Paroles du Rabbi : les uns tenant que le Royaume serait quand l'homme ne ferait qu'un avec la femme en redevenant hermaphrodite, les autres quand, au contraire, assemblés le jour du Seigneur, ils procéderaient en commun à la jonction des sexes par les moyens à leur portée. La première idée enfanta les christiens antiphysiques et tous les excès qui dérivent de la manie virginale ; la seconde idée, les christiens génésiques et tous les excès qui dérivent de la fureur copulante. Une troisième secte passe entre les deux écueils par une foule de procédés qui témoignent déplorablement de son misogynisme. Ceux de la première secte sont dits Nicolaïtes, de Nicolas, prosélyte d'Antioche et disciple de Shehimon, frère du christ. Disciple direct ? A la vérité, je ne le pense pas, quoique les Actes des Apôtres le mettent au rang des diacres, mais cet écrit est une telle imposture ! En tout cas, disciple quant au dogme. Les Pères de l'Église, Irénée notamment, n'ont pu le dissimuler. Shehimon condamnait la femme comme complice de Satan dans l'institution de la mort. C'est la pensée qui avait conduit son grand frère à garder la virginité. Sa mère, ans un bien curieux passage de Valentin, se plaint un P e u de Shehimon dont la théorie semble offenser les flancs qui l'ont porté.

Nous serons obligés de revenir sur ce dogme quand il se traduira dans l'histoire par des faits. S'il n'est pas juste de rendre Jehoudda et ses fils responsables des turpitudes qui se propagèrent dans ce milieu détraqué, il est bon de voir qu'ils n'ont laissé derrière eux aucun programme de moralité. Des prophéties, des interprétations absurdes de la Genèse, quelques recettes d'occultisme, voilà tous leurs livres, fruits amers d'orgueil et d'égoïsme, d'ignorance et de méchanceté. On juge de leur propre état mental par les honteuses passions, par les aberrations répugnantes dans lesquelles se plongent leurs disciples immédiats. Les accusations portées contre les christiens ne sont pas moins vraies que celles qu'ils ont portées contre les païens, et l'échelle de leurs vices est beaucoup plus longue par en bas que l'échelle de Jacob par en haut.

Sur ce, revenons à l'Agneau qui a failli attendre.

 

1. Il me montra aussi un fleuve d'eau vive, brillant comme du cristal, sortant du trône de Dieu et de l'Agneau[213].

2. Au milieu de la place de la ville, sur les deux rivages du fleuve, était l'Arbre de vie portant douze fruits et, chaque mois donnant son fruit[214] et les feuilles de l'arbre sont pour la guérison des nations[215].

3. Il n'y aura plus là aucune malédiction ; mais le trône [de Dieu et][216] de l'Agneau y sera, et ses serviteurs le serviront.

4. Ils verront sa face et son nom sera écrit sur leur front[217].

5. Il n'y aura plus là de nuit, et ils n'auront pas besoin de lampe, ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur les éclairera, et ils régneront dans les cycles des cycles[218].

6. Et il me dit : Ces paroles sont très dignes de foi et véritables[219]. Et le Seigneur Dieu des esprits des prophètes a envoyé son ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt.

7- Et voilà que je viens promptement. Bienheureux celui qui garde les Paroles de la prophétie de ce Livre ![220]

8. C'est moi, Johanan, qui ai entendu et vu ces choses[221]. Et après les avoir entendues et les avoir vues, je suis tombé au pied de l'ange qui me les montrait, pour l'adorer.

9. Mais il me dit : Garde-toi de le faire ; car je suis serviteur comme toi, comme tes frères les prophètes, et comme ceux qui gardent les Paroles de ce Livre : adore Dieu[222].

10. Il me dit encore : Ne scelle point les Paroles de la Prophétie de ce Livre, car le temps est proche[223].

11. Que celui qui fait l'injustice, la fasse encore ; que celui qui est souillé, se souille encore ; que celui qui est juste, devienne plus juste encore ; que celui qui est saint, se sanctifie encore.

12. Voilà que je viens bientôt, et ma récompense est avec moi, pour rendre à chacun selon ses œuvres.

13. Je suis l'Alpha et l'Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.

14. Bienheureux ceux qui lavent leurs vêtements dans le sang de l'Agneau, afin qu'ils aient pouvoir sur l'Arbre de vie, et que par les portes ils entrent dans la cité[224] !

15. Loin d'ici les chiens, les empoisonneurs, les impudiques, les homicides, les idolâtres, et quiconque aime et fait le mensonge.

16. Moi, le jésus, j'ai envoyé mon messager pour vous rendre témoignage de ces choses dans les Églises. Je suis la racine et la race de David, l'Étoile brillante du matin.

 

Il s'agit ici de Bar-Jehoudda ressuscité par les évangélistes. Mais la seconde phrase du verset peut parfaitement appartenir à son Apocalypse que l'auteur de ce chapitre a sous les yeux au moment où il écrit. Je vous invite à la relire, parce qu'elle établit clairement et limite les prétentions du jésus. Je ne suis pas le Christ, dit-il dans le Quatrième Évangile[225], je ne suis pas Élie, ni un prophète. Et : Vous m'êtes tous témoins vous-mêmes que j'ai dit : Ce n'est pas moi qui suis le Christ, mais j'ai été envoyé devant lui[226]. Qu'est-il donc ? L'Antéchrist, le Précurseur, l'Étoile du matin qui annonce le lever du Soleil Sauveur, c'est-à-dire l'aurore du Grand Jour, mais il n'est que cela.

 

17. L'Esprit et l'Épouse disent : Viens[227]. Que celui qui entend dise : Viens. Que celui qui a soif vienne ; et que celui qui vient reçoive gratuitement l'eau de la vie[228].

18. Car je proteste à tous ceux qui entendent les Paroles de la prophétie de ce Livre que, si quelqu'un y ajoute, Dieu accumulera sur lui les fléaux écrits dans ce Livre ;

19. Et si quelqu'un retranche quelque parole du Livre de cette prophétie, Dieu lui retranchera sa part du Livre de vie, et de la Cité sainte, et de ce qui est écrit dans ce Livre[229].

20. Celui qui rend témoignage de ces choses dit : Oui, je viens bientôt. Amen. Venez, Seigneur Jésus.

21. Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen.

 

Je vous fais grâce de toute réflexion sur ce qui se passait au bout du Millenium.

Satan, délivré de ses chaînes, s'échappait pour aller aux quatre coins de la Terre soulever Gog et Magog et les mener au combat contre les Juifs millénarisés et la Ville bien-aimée, mais la foudre les dévorait. Satan était enfin jeté dans l'étang de feu et de soufre où les Bêtes, les faux prophètes et les antijuifs grinçaient des dents pendant toute l'éternité. Après le Jugement dernier, tout est ramené à l'unité : il n'y a plus qu'un Dieu, celui des Juifs, un Roi, le Christ des Juifs, une Ville, celle des Juifs.

Enfin seuls !

Vous savez maintenant pourquoi Dieu a fait le monde.

 

En dépit de l'anathème lancé aux contrefacteurs, l'Église a ajouté, retranché dans les paroles de Dieu tout ce qui lui a paru nécessaire ou superflu. Et les fléaux annoncés par la prophétie ne lui sont pas plus tombés sur la tête que le tiers des étoiles n'est tombé sur la nôtre. Aussi a-t-elle multiplié ses tromperies avec l'aplomb croissant que donne l'impunité. Jésus — et par ce mot il faut entendre le Joannès-jésus Bar-Jehoudda, mué en Fils de Dieu par la fable — est substitué, par la fourberie des scribes, au Christ-Moissonneur et Vendangeur du monde, au Christ-Verbe, au Christ-Epée dont nous avons vu la fulgurante image dans les précédents chapitres. La mystification juive est en train de passer d'Asie en Occident. Il y a des croyants à Jésus en chair ; et pour achever la ruine de leur âme on les menace, s'ils reviennent à la raison et à la vérité, des peines effroyables inscrites dans l'Apocalypse du Jourdain. La foi ou la mort ! Puis, et c'est la flèche empoisonnée, s'ils ne s'en tiennent pas aveuglément au texte falsifié qu'on leur impose, si à l'examen ils y relèvent des additions ou des suppressions faites dans le but d'appuyer l'imposture évangélique, excommunication par Dieu ! Le silence ou la mort ! Perinde ac cadaver.

 

XXIII. — L'APOCALYPSE RENVERSÉE.

 

Le premier qui aurait eu honte de l'Apocalypse, c'est un certain Caïus, écrivain ecclésiastique fort orthodoxe à raison du temps où on le fait écrire. Caïus a essayé de rejeter l'Apocalypse sur Cérinthe, ce qui pourrait être vrai de l'adaptation grecque dite de Pathmos. On voit très bien que Caïus essaie par là d'effacer l'identité du Joannès et du jésus. Malheureusement ce Cérinthe est le véritable auteur du Quatrième Évangile, et dans cet écrit, clair en cela mais nébuleux dans tout le reste, il ne cesse de représenter Jésus comme une christophanie fabriquée par le procédé classique. Basile, Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse ont rejeté l'Apocalypse hors du Canon des vieilles Écritures. Hiéronymus constate que les Grecs la repoussent. La vérité est que si le Canon ecclésiastique se compose uniquement de pièces fausses, le Canon apostolique se compose d'un seul livre : l'Apocalypse de l'horrible Juif qu'on adore aujourd'hui sous le nom de Jésus et qui annonçait la venue du Christ pour le 15 nisan 789.

Hiéronymus[230] s'emporte contre le millénarisme dont l'idéal charnel n'a pu être adopté, dit-il, que par des pourceaux d'Epicure. C'est sur les fondateurs de sa religion qu'il frappe, c'est sur Joseph et sur Maria.

Car la pure doctrine, c'est le Royaume du Christ sur terre, avec Jérusalem pour capitale[231]. Ceux qui en dehors de cette doctrine se disent christiens sont des impies, des hérétiques, des athées qui ne profèrent que blasphèmes et folies. Ils s'écartent de la voie de Dieu pour adhérer à des systèmes d'imposition humaine. C'est audace inouïe de s'appeler christien quand on blasphème ainsi le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, qu'on nie la résurrection des morts et la translation des âmes au ciel aussitôt après la mort ! Gardez-vous de les considérer comme christiens ! Ceux-là seuls sont christiens orthodoxes qui attendent la résurrection des corps et mille ans de vie dans Jérusalem rebâtie, adornée et dressée vers les cieux, comme l'ont annoncé Isaïe, Ezéchiel et autres prophètes... et particulièrement un des apôtres du Christ, nommé Joannès, qui dans ses Révélations a promis toutes ces choses, en attendant la résurrection générale et le Jugement dernier, à tous ceux qui croiraient à son Christ ; et là, comme dit notre maître[232], ils ne se marieront ni ne seront épousés, mais ils seront semblables aux anges, étant fils de Dieu.

Le véritable nom de l'Apocalypse, c'est Évangile, Bonne nouvelle pour les Juifs, Annonce de leur triomphe sur les nations. Le premier de tous les Évangélistes, c'est le Joannès. L'Apocalypse, c'est l'Évangile selon Joannès, il n'y en a point d'autres. Tous les Évangiles millénaristes furent dits selon Joannès. Le mot Évangile ne convient à aucun des écrits qu'on a mis sous ce titre ; le mot Évangéliste, à aucun des scribes inconnus qui ont ourdi la fable de Jésus. Après Joannès, les trois grands Évangélistes sont Philippe et Toâmin, ses frères, et Mathias, fils de Toâmin, dont aucun n'a laissé d'Evangiles dans la forme où nous les voyons et dans le sens que leur donne la superstition. Philippe notamment est dit l'Évangéliste dans les Actes des Apôtres[233], ses filles sont dites prophétesses parce que leur père, par écrit, et elles, par la parole, ont répandu la Bonne nouvelle selon le Joannès. Le Quatrième Évangile, qui est de Cérinthe, passe à tort pour être d'un certain Joannès parce que Cérinthe y critique l'Évangile selon Joannès, la Bonne nouvelle du Règne d'Israël sur terre. C'est l'Évangile selon Joannès, c'est ce même dogme millénariste que Valentin déplore dans sa Foi assagie comme une erreur qui a été fatale aux Juifs. Est évangéliste quiconque expose ou commente l'Apocalypse, et les Lettres de Paul appliquent le mot à des gens qui n'ont participé en rien à la rédaction des Evangiles actuels.

 

Le Joannès — nous allons le voir d'ici peu dans son rôle politique de christ — a voyagé en Palestine pendant onze années consécutives et il avait plus de quarante-deux ans quand il a commencé de prêcher. Il n'est pas mort décapité à trente-deux ans et demi, comme le veut l'Eglise, pour entériner ses propres impostures, mais crucifié à près de cinquante ans. Il avait trente-huit ans lorsqu'il monta poser sa candidature à la couronne et quarante-six lorsqu'il annonça qu'il détruirait le Temple hérodien en trois jours avec l'assistance du Verbe. On a mis quarante-six ans à bâtir ce Temple, et toi, tu le relèveras en trois jours ?[234] Mais le jésus parlait du temple de son corps, lequel ait en effet bâti depuis quarante-six ans en 785, date de cette aventure, et fut rebâti au bout de trois jours par les évangélistes lorsqu'ils appliquèrent au Joannès juif l'allégorie du Jonas chaldéen ressuscité après les trois jours passés dans le ventre du poisson[235]. C'est bien au Joannès, sous son pseudonyme évangélique de Jésus, que s'adressent les Pharisiens lorsqu'ils disent : Comment ! tu n'as pas cinquante ans et tu dis que tu as vu Abraham ? car, en sa qualité de Joannès, il était antérieur à Abraham ; il se vantait de révéler des choses cachées depuis le commencement du monde[236], depuis Aleph. C'est pourquoi il répond avec assurance : En vérité, devant qu'Abraham fût, j'étais[237]. Rien de plus vrai, il se dit fils d'Adam, qui est fils de Dieu[238].

Rapprochés de l'Apocalypse et des témoignages évangéliques, ceux de Johanan le Presbytre, de Papias, de Polycarpe et d'Irénée, dont il résulte que le christ est mort à cinquante ans, sont d'une concordance édifiante. Dans cet ensemble imposant pas une seule dissidence.

 

Le Joannès n'a pas été compris de sa génération, dit le Quatrième Évangile[239], mais à ceux qui ont eu foi dans le nom qu'il prêchait, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, comme il l'était lui-même, mais il n'a pas vu le Christ. Personne sur la terre, dit Dieu, ne peut voir mon Fils et ceux qui sont avec lui (les Douze Apôtres et consorts), sinon au jour marqué[240].

Car le Christ ne vint point, la terre ne fut ni moissonnée ni vendangée. Personne ne se présenta, le van à la main, pour serrer les Juifs dans un grenier et brûler les païens comme de la paille. Les Vingt-quatre Vieillards, les Douze Apôtres, les Cent quarante mille des Tribus préadamiques, aucun de ces personnages de marque, pourtant reconnaissables à leur stature, ne parut sur la montagne de Sion. Et le Joannès finit comme son Apocalypse, par le thav (la croix). La Vierge avec les douze voiles qui la couronnent fut insensible au sort de enfant mâle qui s'était abrité dans son signe. Il est impossible de peindre l'indifférence du Capricorne en face e cette lamentable déconfiture. Satan ne tomba point du ciel comme un éclair, et semblable au Verbe il est toujours là haut où peut-être il persiste à mal parler des Juifs, car en ce temps il était antisémite. Le Verseau ne répandit pas une larme sur le crucifié, les Poissons continuèrent à s'agiter dans la lumière béliaque loin des filets préparés par le Zibdeos. Quant à l'Agneau, j'ai le regret de le dire, il continua de tondre les vaines pâtures célestes irriguées par le Verseau, et personne ne le vit conduire les élus vers les sources éternelles d'eau vive.

Mais la Vierge-Mère, le Christ Jésus, les Douze Apôtres, les miracles, les Paraboles sur le Royaume de Dieu, les Résurrections, la Transfiguration, la Gène, tout l'Évangile était à l'état larvé dans l'Apocalypse. Il n'y a que la Passion qui n'y soit pas prévue. Quant à Jésus, l'habitude de le faire aller et venir, monter et descendre, parler et dicter, est contractée par Jehoudda et par ses fils plus de deux cents ans avant que l'Église ne se soit décidée à le faire naître comme il naît aujourd'hui, pendant le Recensement de Quirinius. C'est le doigt sur l'Apocalypse que les scribes ont fabriqué Jésus et les Évangiles.

Etant donné que dans leur allégorie ils font de Jésus un homme, autant l'unir à la personne même de celui qui s'était donné pour son précurseur. Il ne saurait habiter un autre corps que celui du Nazir vierge, prendre un autre nom que celui du jésus, naître un autre jour, d'une autre mère, dans une autre maison que celle de David, ni avoir d'autres frères et d'autres sœurs que les frères et les sœurs du Rabbi, quoique à chaque instant il mette le public en garde contre l'erreur qu'on pourrait commettre en lui attribuant un corps et une famille. Femme, qu'y a-t-il de commun entre vous et moi ? Mais puisqu'il a pris le corps de son précurseur, c est bien le moins qu'il agisse en bon Juif de la Révélation : il profite donc de ce qu'il est sur terre pour se présenter au baptême du Joannès, il lui empruntera même les signes par lesquels il le lui a révélé, notamment la colombe. Il consentira même à suivre jusqu'au pied de la croix l'enveloppe mortelle que les scribes lui ont prêtée. Mais comme il ne saurait mourir, il ressuscitera son prête-corps comme il l'avait promis, dans l'Apocalypse qu'il lui a dictée, à tous les Zélateurs de la Loi qui seraient morts pour lui.

Au milieu des épreuves qu'il s'inflige pour être agréable à son précurseur et pour le présenter au monde sous des couleurs plus favorables qu'elles n'ont été dans la vie, il ne peut oublier qu'il est le Verbe par qui tout doit être sauvé. Il devait ressusciter les morts, il les ressuscite, du moins ceux de la famille davidique tombés dans l'action à laquelle il est mêlé, c'est-à-dire Jacob junior, Éléazar et Bar-Jehoudda lui-même. Il devait renouveler le temps pour ses élus, il le renouvelle, comme il fait tous ses autres miracles, sur le papier ; et ce sont les Noces de Cana, c'est la Multiplication des pains, c'est la Samaritaine au puits de Jacob. Il devait amener les Douze Apôtres, les trente-six Décans et les Cent quarante quatre mille anges qui composent les Douze tribus célestes, c'est ce qu'il fait en choisissant douze Zélateurs de la Loi et soixante-douze autres disciples, et en se faisant suivre par des foules que les évangélistes auraient très bien pu compter jusqu'à cent quarante-quatre mille, s'ils n'avaient Pas craint de dévoiler tout leur secret de composition. Il devait rendre la parole aux sourds, la vue aux aveugles et le mouvement aux paralytiques. Manque-t-il un seul instant à ce programme ? Il devait venir le 15 nisan 789, dans la nuit de la Pâque, et célébrer la dernière Cène avec ses Douze Apôtres ? Ne la célèbre-t-il point, en effet, quoique sur les douze hommes qu'il réunit à sa table, l'un, le christ lui-même, soit en croix l'après-midi ; que depuis la veille Jehoudda Is-Kérioth soit étendu, ventre ouvert, dans le Champ du potier aux portes de Jérusalem ; que la plupart des autres convives soient en fuite sur la route de Damas, et que d'autres soient entrés en lice onze ans seulement après la crucifixion de Bar-Jehoudda ? Il devait transfigurer les disciples pour les rendre aptes à la vie éternelle ; est-ce que Bar-Jehoudda n'est pas transfiguré fort congrûment ? Il devait ramener l'Eden et assurer le Royaume des Juifs dans le monde. Mais est-ce sa faute, si toute la troupe a décampé sans attendre le Grand Jour ? Le plus qu'il puisse faire, c'est de pardonner aux fuyards dont la chair a été faible — sauf toutefois à l'endroit des pieds ! — et de leur léguer solennellement quoi ? le corps et le sang du Joannès assis à côté de lui et penché sur sa poitrine pendant la Cène[241] !

Tout est mathématique dans l'Apocalypse, et c'est pourquoi, sauf les écarts anecdotiques, tout l'est également dans l'action de l'Evangile. Jésus fait tout ce que peut faire, dans le plan terrestre, un Christ qui devait venir et qui n'est pas venu. C'est l'absence réelle dans toute son ampleur, la mystification dans toute son hypocrisie.

Les Douze Apôtres, Jésus les a autour de lui comme il devait les avoir selon l'Apocalypse. Mais les Cent quarante mille des Douze tribus, où sont-ils ? Aussi près que peuvent l'être des légions interplanétaires : dans l'encrier des évangélistes. Que dit Jésus lorsqu'il est arrêté sur le mont des Oliviers, pendant que le corps qu'il a pris dans l'Écriture agonise sur la croix du Guol-golta ? Pensez-vous que je ne puisse prier mon Père, lequel m'enverrait plus de Douze légions d'anges ? (On n'ose plus mettre le chiffre exact de cent quarante-quatre mille.) Mais comment (si l'Apocalypse se réalisait en cela) seraient accomplies les Ecritures d'après lesquelles il en doit être ainsi ?[242] C'est-à-dire : Comment l'agneau immolé ce jour-là pourrait-il être figuré par le fils de David si, moi, Jésus, j'appelais à son aide mes Cent quarante-quatre mille Anges ? Toute l'allégorie édifiée sur la faillite et la crucifixion du Joannès, toute la fable évangélique, tout le travail des scribes, en un mot, tomberait à plat.

Car, tout le secret est là : la Grande Pâque n'étant point venue, les docteurs millénaristes en ont été réduits, dans l'intérêt du commerce baptismal, à soutenir que le Joannès, crucifié par Pilatus à la Pâque de 789 et victime de sa prophétie, était lui-même l'Agneau de Dieu, et que le Christ, crucifié dans la personne de son précurseur, reviendrait un jour pour le venger.

 

C'est un peu après la troisième veille, et au lever de l'Etoile du matin, que le Christ devait venir dans la fameuse nuit de la pâque ; Jésus n'annonce-t-il pas à Bar-Jehoudda dit Joannès, quoique à ce moment celui-ci fût en croix depuis deux heures de l'après-midi, à Shehimon dit Pierre, à Jacob dit Jacques et à leurs compagnons, tous absents, qu'il sera livré par eux en la personne de son Précurseur ? Quand le coq chante dans Jérusalem pour annoncer l'Etoile du matin, la partie est perdue. Le fils de David est mourant, et l'Agneau, signe de la venue du Fils de l'homme, passe au-dessus de la Judée sans s'arrêter. Les apôtres n'ont qu'à se disperser, et c'est ce qu'ils font avec un ensemble mathématique. La chair a été faible ce jour-là, comme le dit si bien Jésus, et c'est peut-être à cause de cela que l'Agneau de la Grande Pâque, l'Agneau du Millenium, est passé sans descendre sur la montagne de Sion. La Cène et la Fuite des Apôtres au Mont des Oliviers n'ont jamais eu d'autre signification que l'astrologique, et même il est impossible de leur en donner une seconde, étant donné ce fait, — ce fait énorme qui est dans l'Evangile depuis dix-huit cents ans ! — que le christ davidique est prisonnier depuis la veille, lorsque Jésus, compatissant à son sort, l'admet, ainsi que ses frères, en son giron pascal ! Lorsque l'Eglise eut assez menti sur toutes choses pour faire croire que c'était arrivé, il lui a fallu enlever sa signification millénariste à cette Etoile du matin qui était le précurseur lui-même, annonçant le Grand Jour, le premier des Jours ayant vingt-quatre heures de lumière. Alors elle a dit, dans les pseudo-Lettres de Pierre, que nulle prophétie — il est question précisément du rôle apocalyptique de l'Etoile du matin dans la Fuite des Apôtres — ne s'explique par une interprétation particulière[243] non reçue par l'Eglise, et qu'en ce qui touche l'Etoile, elle se lèvera pour annoncer le Royaume de Dieu, non sur terre, mais simplement dans les cœurs[244]. Le Joannès devait décrire une parabole encore plus vaste dans le ciel. D'Etoile annonciatrice qu'il disait être modestement dans son Apocalypse, il devient soleil levant dans Luc, — ceci après sa résurrection par les premiers scribes — en attendant qu'en dernière analyse il soit promu Créateur du monde par la grâce ineffable de la bêtise humaine !

 

XXIV. — APERÇU DE QUELQUES MANŒUVRES ANTI-APOCALYPTIQLES DANS L'ÉVANGILE.

 

C'est une chose curieuse que le travail des scribes pour préparer le corps du Joannès à incarner l'Esprit nouveau que Jésus apporte dans le roman évangélique.

Avec les idées de paix, de résignation et d'humilité qu'il a gagnées dans la fréquentation des païens, Jésus ne voudra pas revêtir la chair du frénétique auteur de l'Apocalypse, si préalablement on ne le camoufle[245]. Il faut d'abord que le Précurseur annonce un Royaume très vague dont l'échéance, l'assiette et la durée soient indéterminées.

Les quatre leçons de la Prédication du Joannès-jésus se ressemblent en ce qu'aucune n'avoue qu'il annonçait le Millenium ; que cette prédication a duré sept années ; que la première année était un Sabbat et la dernière un Jubilé, celui de 788. Avouer cela, c'était renvoyer à l'Apocalypse de 782 et dater de 789 la mort de son auteur. On ne pouvait avouer non plus qu'il attendait le Renouvellement de la terre pour la pâque de cette année-là et qu'il ne devait pas mourir avant que Jésus ne vint. Dans toutes les leçons, sauf Luc, il est censé n'avoir point prêché sa propre Apocalypse, mais obéi aux suggestions d'Isaïe. Or il n'avait rien qui le soumit à Isaïe. Au contraire, étant antérieur à Abraham et fils d'Isaïe, père de David, il dominait Isaïe dans le temps et dans l'histoire.

Cependant Marc laisse échapper que le Joannès disait : Le temps est accompli — rappel de Jehoudda levant la main vers le ciel et disant : Il n'y aura plus de temps ![246]et le Royaume de Dieu est proche : faites pénitence et croyez à la Bonne nouvelle. Et Luc reconnaît que le jésus annonçait l'An de grâce[247]. Point de doute par conséquent, l'Année 788 termine le Cycle du Verseau ; le Cycle des Poissons commence avec le 15 nisan 789.

La leçon de Luc parait être la plus ancienne.

 

Joannès dit devant tout le monde [dans l'Apocalypse] : Pour moi, je vous baptise dans l'eau, mais il en viendra un Autre plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de dénouer les cordons de ses souliers. C'est lui qui vous baptisera dans le saint esprit et dans le feu.

Il prendra le van en main et il nettoiera son aire (l'aire du Christ, c'est la Judée) ; il amassera le blé (les Zélateurs de la Loi) dans son grenier, et il brûlera la paille (les Juifs non xénophobes) dans un feu qui ne s'éteindra jamais.

Il disait encore beaucoup d'autres choses au peuple, dans les exhortations qu'il lui faisait, [et dont le recueil s'appelle les Paroles du Rabbi.]

 

Ce qui me fait dire que cette leçon prime les autres, c'est qu'elle ne contient pas l'artifice par où Marc et Mathieu préparent l'entrée de Jésus. Alors qu'ici le Joannès donne clairement à entendre qu'il en viendra un Autre, lui vivant, et qu'il participera au baptême de feu en l'An de grâce imminent, Mathieu et Marc lui font dire que cet Autre viendra après lui, précaution nécessaire à l'économie de la fable.

La leçon de Marc est la plus ancienne avec celle de Luc. Bar-Jehoudda y apparaît sous les trois dénominations que lui ont values son Apocalypse et le baptême[248] : christ, fils de Dieu à la fois par sa généalogie[249] et son onction, et jésus par la rémission des péchés.

 

Joannès était dans le désert, baptisant et prêchant le baptême de pénitence pour la rémission des péchés.

Tout le pays de la Judée et tous ceux de Jérusalem venaient à lui ; et confessant leurs péchés, ils étaient baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain.

 

Joannès leur remettait leurs péchés, donc il était leur Jésus[250], et, Jésus le constate, il n'y eut point d'autre christ sous Tibère. Theudas ne fut christ que sous Claude[251]. Toutefois on ne consent plus à reconnaître dans Marc que le Joannès devait être baptisé dans le feu avec toute sa génération ; ce serait faire ressortir le néant du baptême d'eau.

Somme toute, Luc seul reconnaît que le Joannès eut de Dieu une Apocalypse directe. Mathieu a l'air de tomber des nues lorsqu'on lui parle de cette Apocalypse, — et ceci est admirable si l'on songe que Mathias est l'un des trois scribes qui l'ont transmise.

 

Voyant les pharisiens et les saducéens venir à son baptême, Joannès leur dit[252] : Engeance de vipères, qui vous a donc avertis de fuir devant la colère qui va venir ?

Faites donc de dignes fruits de pénitence.

Et ne songez pas à dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous le dis, Dieu peut, de ces pierres mêmes, susciter des enfants à Abraham.

Maintenant même la cognée est mise à la racine de l'Arbre (de vie). Tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu.

 

Le dernier septénaire est en train, nous le savons, et il ne servira de rien aux Juifs d'avoir eu Abraham pour père, car Dieu n'a pas révélé à Abraham ce qu'il a révélé au Joannès ; et ce n'est pas d'Abraham qu'il faut se réclamer en pareille occurrence, c'est d'Adam, car il ne s'agit de rien moins que de revenir à la Genèse et à l'Arbre de vie d'où sont issus tous les arbres individuels. Ici comme chez Luc on avoue encore que le feu est l'élément de l'Esprit-Saint dans lequel le Christ devait baptiser son Précurseur et renouveler le monde. Tout homme (soit juif, soit païen) verra prochainement le Jésus[253].

Purgée de sa date et de son caractère millénariste par l'Église, voilà bien toute la prophétie de Bar-Jehoudda. Réduite à quelques mots, voilà bien toute l'Apocalypse. On y retrouve jusqu'à l'image du Christ moissonneur, qui lui appartient en propre. Est-il besoin de dire que si le Christ Jésus est Moissonneur, ou Vendangeur ou Pêcheur, il n'exercera sur la terre aucun autre métier manuel. Jehoudda non plus ne fut oncques Charpentier, sauf peut-être à ses moments perdus, comme Louis XVI fut serrurier. Quant à son fils r Charpentier lui aussi, d'après Marc, vous verrez qu'en fait de bois équarri il n'a jamais vu que celui de la croix.

Dans Mathieu on n'avoue déjà plus que le Joannès était le jésus. On ne prononce plus le mot : rémission des péchés qui constitue l'étymologie spirituelle de ce surnom. Mais dans Luc on reconnaît que le peuple était dans une grande suspension d'esprit, tousse demandant en eux-mêmes si Joannès ne serait point le Christ. Vous avez pu voir, par deux passages de l'Apocalypse, qu'on avait à lutter contre des gens toujours prêts à adorer un fils de David, surtout quand il avait pour père un homme comme Jehoudda. Vous avez vu aussi que, tout en niant qu'il fût le Christ, il se faisait passer pour le christ provisoire, si bien qu'eu son vivant beaucoup le proclamaient Christ avec la grande lettre. La perspective de vivre mille ans avec m dans l'Éden excuse cette hyperbole.

Après avoir caché le plus possible que le Joannès eût été le jésus, il fallut nécessairement que dans son programme politique et social personne ne put retrouver les passions xénophobes et les résolutions subversives de Bar-Jehoudda. Voici ce contre programme bénin, candide et tout à tous, par où Luc prépare le Joannès à entendre, à tolérer les discours de Jésus, qui ne peut plus, au temps de sa fabrication, s'incarner dans un homme qui a prêché le refus du tribut, le massacre des étrangers et l'incendie du Temple, la liquidation des biens et l'affectation de leur produit à sa davidique personne, s'est fait roi des Juifs, a pris et pillé des villes, a débauché les soldats d'Antipas, tétrarque de Galilée, pour les lancer contre Jérusalem, a été finalement battu par Pilatus, arrêté en pleine fuite par les gens de Kaïaphas et crucifié la veille de la pâque : toutes choses à venir si nous nous en tenons à la date de 782, mais passées depuis longtemps au moment où écrit Luc, tellement passées qu'elles sont consignés dans d'histoire de Flavius Josèphe et de Juste de Tibériade.

 

Et le peuple lui demandait : Que devons-nous donc faire ? Il lui répondit : Que celui qui a deux vêtements en donne à celui qui n'en a point ; et que celui qui a de quoi manger fasse de même.

Il y eut aussi des publicains qui vinrent à lui pour être baptisés et qui lui dirent : Maître, que faut-il que nous fassions ?

Il leur dit : N'exigez rien au delà de ce qui vous a été ordonné.

Les soldats [d'Hérode Antipas] lui demandaient : Et nous, que devons-nous faire ? Il leur répondit : N'usez point de violence ni de fraude envers personne, et contentez-vous de votre paye.

 

Hé ! mais voici un fort honnête bourgeois de Tibériade et mûr pour le brevet de citoyen romain. Et ce pauvre Zacharie qui est mort, comptant sur lui pour secouer le joug de ses haïsseurs ! Et ce naïf Cléopas qui dira le lendemain de sa crucifixion : Nous espérons bien qu'il était celui qui devait délivrer Israël ! Où êtes-vous ? Bonnes gens, je ne vous peux voir. La vérité est, en ce qui concerne les soldats, qu'il leur disait : Trahissez votre maître, abandonnez son drapeau en pleine bataille et passez à mon service avec argent qu'il vous a donné. En ce qui touche les publicains, qu'il leur disait : L'enfer à quiconque percevra le tribut sur ses frères, palpera, regardera la Monnaie à l'image de la Bête ! En ce qui touche le Peuple, qu'il disait aux riches : Vendez vos biens, et m'en remettez l'argent non point en partie mais en totalité, si vous voulez être baptisés de feu ! Aux pauses : Vivez sur ces terres pharisiennes et saducéennes, elles sont à vous en attendant le Jardin aux douze récoltes ! A l'extorsion de fonds qu'il prêchait que de l'échéance fatale on substitue la charité individuelle et la distribution facultative du superflu. Bien fin qui sous ce déguisement reconnaîtra le héros de la Journée des Porcs, et les assassins d'Ananias[254] !

Toutefois une vérité perce à travers ces mensonges imbéciles, vérité qui brille comme un diamant dans du charbon. Le Maître, c'est le Joannès. Au Jourdain, on donne du Rabbi à pleines lèvres. Demain, chez les hellènes, il sera le Kurios et ses Paroles seront dites Logia Kuriou. Quelques siècles après, il sera le Dominus des Romains et enfin le Seigneur des Français. Et philosophiquement je trouve cela beau, si je considère qu'en son vivant le père de ce Juif disait aux autres Juifs : N'appelez personne sur la terre votre Maître, car vous n'avez qu'un Maître qui est au ciel. Notre Seigneur, à nous gens des Gaules, c'est ce Juif de gibet ! Qui niera que nous ne soyons le peuple le plus spirituel de la terre ?

 

Telle était l'autorité des révélations que Bar-Jehoudda put soutenir son personnage de jésus jusqu'à la fin et que ses frères purent le prolonger après sa mort. Si on n'avait pas pensé qu'il dût vivre mille ans sans compter la suite, et qu'on pût les vivre avec lui, jamais on n'eût considéré qu'il pût sauver les autres et leur octroyer la rémission. Par lui on se trouva porté au-dessus de Noé, de Job et de Daniel, les seuls hommes qu'on estimât sauvables dans le cataclysme final[255]. Jésus-né, jésus-christ, il put donner ou refuser le salut à volonté. Avec cela d'heureuses dispositions pour le charlatanisme et quelques études de magie, il était de ceux qui, savamment triturés par d'autres charlatans, deviennent dieux.

On admirait cet homme qui jouait aux échecs avec Iahvé, calculait les chances, faisait mouvoir les étoiles, poussait les planètes, jusqu'à ce que le Roi des Rois, étourdi par ses chiffres et amolli par ses prières, échec et mat, fût obligé de tirer sa grande épée pour lui, entraînant contre le monde païen toutes les puissances du feu ! On lui demandait d'où il savait ces choses sublimes. On voulait être du secret, on s'agenouillait devant lui pour être initié. Pour avoir la foi qui donne la grâce, et la grâce qui donne le salut, on donnerait tout, et, en effet, on donna tout, biens, famille et vie. On croyait avant de savoir, comme des condamnés à croire. Sans le Christ, plus d'Israël ! On ne chercha même pas à comprendre. A ceux qui en étaient, capables, on lisait les Révélations de Jehoudda. On adorait cet imposteur par la raison même qui faisait croire au Christ : peur du châtiment et attente du salaire. Je dis : salaire, comme l'Apocalypse. La récompense est facultative, le salaire est un dû. Bar-Jehoudda et ses frères s'attribuaient le pouvoir de retenir ou de déchaîner le mal, bénéfiques ou maléfiques à volonté, selon l'état du ciel, la position des astres et la direction des vents.

Voilà donc le Joannès épanoui de son vivant dans une continuelle apothéose. Il remet les péchés, il sauve les hommes et il sauve les femmes. Il est le jésus en titre et sans partage. Quiconque aura de son eau sera reçu dans le Jardin. Piperie grossière et magnifique, spéculation stupide et géniale que l'Église, jalouse des grandes inventions, a mises sous le nom de Dieu lui-même !

 

 

 



[1] Placé à tort dans les œuvres de Lucien, mais contemporain à peu d'années près du grand satirique. M. Salomon Reinach qui aime à dérider les gens graves date Philopatris de Nicéphore Phocas, empereur d'Orient au neuvième siècle. (Cf. A. Heulhard, Phocapharnès, Paris, 1904, in-8°.)

[2] Les trois lettres (Alep, Beth et Gimel) ou chapitres qui composent le Prologue de l'Apocalypse sont étudiées dans le volume Ier du Mensonge chrétien, Le Charpentier, chapitre intitulé le Joannès-Jésus, §§ V, VI et VII.

[3] Les choses consignées sous les trois lettres Aleph, Beth et Gimel.

[4] Celui qui trône, c'est l'Ancien des jours sans nuit, Iahvé lui-même, le Père.

[5] Je placerai mon arche dans les nuées. (Genèse.) C'est l'arca d'où est partie la colombe.

[6] Les vingt-quatre Heures du jour tel qu'il était avant la création de la terre, c'est-à-dire sans nuit. C'est pourquoi les Vingt-quatre sont sans ombre, tout blancs. Le Joannès annonçait qu'on reverrait les jours de vingt-quatre heures de lumière à partir du 15 nisan 789. (Apocalypse, XXI.)

[7] Les sept planètes d'où est issue la division de la semaine. C'est le Chandelier céleste, celui des jours de lumière qui vont revenir, l'archétype du Chandelier à sept branches continuellement exposé et allumée dans le Temple. Dans Zacharie (III, 7-9) Iahvé dit : Voyez la pierre que j'ai mise devant Josué (le grand-prêtre) : sur cette seule pierre, sept yeux. C'est moi-même qui en ai ciselé la gravure, parole d'Iahvé-Sabaoth.

[8] La mer de lumière qui régnait au-dessus de la voûte céleste. On l'avait représentée en airain dans le Temple de Salomon. (Sur la mer d'airain, cf. Joël, III, 18, Zacharie, XIV, 8, Ezéchiel, XLVII, 1-3). Le Joannès l'a faite transparente ; il est logique avec son système, lequel est emprunté sans détour à Ézéchiel, I, 22.

[9] Les Chérubins, gardiens des quatre points cardinaux, image de la croix céleste. Plus tard attributs des quatre évangélistes. Ils viennent textuellement d'Ézéchiel, I, 5-16.

[10] Pour porter et transmettre les vingt-quatre Heures de lumière ininterrompue, ils ont vingt-quatre ailes, chacun d'eux répondant à six heures disposées entre les quatre branches de la croix. Cf. Isaïe (VI, 2, 3) : Les séraphins étaient autour du trône ; ils avaient chacun six ailes, deux dont ils voilaient leur face, deux dont ils voilaient leurs pieds, et deux autres dont ils volaient. Ils se criaient l'un à l'autre et ils disaient : Saint, saint, saint est le Seigneur, dieu des armées, la terre est toute remplie de sa gloire.

[11] Dieu, en effet, devait venir, mais mille ans après le Christ Jésus, comme on le verra tout à l'heure. C'est pour avoir cru le Fils inséparable du Père que Jehoudda Is-Kérioth, en dehors des raisons politiques, s'est prononcé contre le fils de David.

[12] C'est le Livre des destinées du monde qui contient les Promesses préexistant au bénéfice des Juifs. Il n'y a pas d'ombre en lui, c'est pourquoi on lit au travers. Une face regarde le ciel, l'autre, la terre. Il est scellé d'autant de sceaux qu'il y a de jours dans la semaine, et d'années sabbatiques dans un jubilé, de jubilés dans un siècle, etc. Iahvé a tout préétabli dans la forme sabbatique. C'est ce qui avait permis à Jehoudda de fixer le Renouvellement du monde au Grand Jubilé qui échéait le 15 nisan 789.

Grotius a pressenti le calcul en disant qu'il y avait sept volumes en un, le premier enveloppé avec le second et ainsi de suite. Il faut sept fois sept années sabbatiques, c'est-à-dire l'espace d'un jubilé, avant que l'Agneau puisse prendre le Livre pour en exécuter les ordonnances. Le temps part du jubilé de 739, date de la naissance de Bar-Jehoudda, selon le calcul des Mages rapporté dans l'Évangile de Mathieu (v. le Charpentier).

[13] A cause de son éclat, et aussi parce que c'est à Iahvé de choisir celui qui l'ouvrira.

[14] Le Lion, le signe avant la Vierge. Dans le livre du monde, c'est le dernier des six bons signes qui sont encore au pouvoir de Satan pour sept ans. Ici c'est la figure de Jehoudda à qui Dieu avait révélé le thème qui, partant du jubile de739, fixait le Renouvellement du monde au jubilé de 789. Il ne faut pas oublier que, depuis sa victoire sur la mort en 761, ainsi qu'on l'a vu dans le Charpentier, chapitre VI, Jehoudda était au ciel où son fils le rejoint dans cette vision. Il faut également se rappeler que ses prophéties et ses calculs lui avaient mérité le nom de Joannès bien avant que son fils s'en parât à son tour. Le Joannès de cette Apocalypse n'est qu'un disciple. Le maître, c’est Jehoudda. Jehoudda a obtenu le pouvoir d'ouvrir le Livre et de délier les sept sceaux, mais l'exécution du contenu est réservée à l’Agneau.

[15] L'Agneau est debout, en croix, tel qu'on le disposait à la pâque, et il semble égorgé d'avance, parce que celui du 15 nisan 789 était le dernier qui dut être immolé par les Juifs, les temps finissant le jour même et le Christ opérant sa descente avec les Douze Apôtres dont il va être question plus loin. La Passion de Jésus dans l'Evangile est une allégorie solaire issue du supplice du Précurseur, lequel, crucifié la veille de la pâque, s'est trouvé avoir été l'Agneau de sa propre Apocalypse. Ici l'Agneau est pris comme le Signe du Christ, et dans ce signe se rencontrent tous les attributs de la puissance divine, c'est-à-dire les sept Esprits de lumière que nous avons vus il n'y a qu'un instant (IV, 5) devant le trône du Père.

[16] Jehoudda, sous la figure du Lion, a bien pu ouvrir le Livre et en délier les sceaux, mais ce n'est qu'un homme : l'Agneau est le seul qui puisse le prendre dans la droite du Père, il est le seul des douze signes qui soit franchement à l'orient dans le Zodiaque.

[17] Ce verset et le suivant sont manifestement interpolés par l'Église judéo-hellène, et postérieurs à l'apparition des Evangiles. Maître est rendu par Kurios dans la traduction grecque des Paroles du Rabbi. Mais Kurios ne veut nullement dire Seigneur dans le sens où l'entend l'Église romaine. C'est le mot maître, rabbi, tel qu'on le donnait à Bar-Jehoudda dans la vie et d'après ses écrits.

Le cantique nouveau dont il est question au début du verset est celui que Jésus et les Douze sont censés chanter dans l'Évangile au sortir de la Cène et que chante le traître Judas tout le premier.

[18] Versets composés avec le verset 6 du présent chapitre. Interpolation ecclésiastique. L'Agneau de l'Apocalypse originale a simplement l'air d'être immolé (v. 6).

L'interpolation constituée par les versets 9 et 10 est pleinement millénariste. Elle émane d'une Église juive qui non seulement considère les disciples comme sauvés par le baptême que lui a légué le Rabbi, mais encore rachetés par son sang de christ ressuscité et assis à la droite de Iahvé. Désormais Bar-Jehoudda est l'Agneau de Iahvé comme il l'a été le 14 nisan 789. Ce n'est plus Élie qui reviendra au Grand Jour, c'est lui. Le Précurseur est en train de passer Christ, avec la grande lettre.

[19] Interpolation de la même main que celle des versets 9, 10. L'Agneau vu par le Joannès n'est pas mort, il a simplement l'air de l'être. Revoyez le verset 6.

[20] Celles qui devaient ressusciter le 15 nisan 789, comme on le verra plus loin.

[21] C'est l'Agneau qui ouvre les Sept sceaux depuis le lion jusqu'à lui-même, soit sept signes, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau et les Poissons.

Le Lion a déjà pris sa place dans le thème. La Vierge qui le suit est dans la coulisse astrologique, mais elle s'absorbe dans l'œuvre mystérieuse de l'équinoxe d'automne, elle ne paraîtra que pour accoucher de son enfant annuel, sous le Capricorne, au solstice d'hiver.

[22] Jehoudda, dans le Lion toujours.

[23] L'Arcitenens ou Sagittaire.

Les signes ont été déplacés. C'est la Balance qui devrait être ici. Nous ne la rencontrons qu'au verset 5.

[24] Le Veau.

[25] L'Homme.

[26] La Balance, premier des signes soumis à Satan. Employé par Iahvé à sa vengeance.

[27] Que le porteur de la Balance fasse monter démesurément le prix des denrées avant de déchaîner la famine, c'est dans son rôle. Mais qu'il se garde de gâter le vin, à cause de la coupe que le christ doit boire à la Grande Pâque, et l'huile à cause de l'huile vierge qui doit servir à sa royale onction.

Tous ces chevaux proviennent du haras de Zacharie le prophète (I, 8-11) : J'ai eu la nuit une vision : un homme monté sur un cheval bai, derrière lui des chevaux roux, bais et blancsQu'est-ce que ces êtres ? demandai-je. — Ce sont ceux que Iahvé a envoyés pour parcourir la terre. Ici ils sont messagers de mort.

[28] L'Aigle.

[29] Chaque Animal, ainsi que nous l'avons montré, répond à l'une des parties de la croix terrestre. Aucune des quatre parties n'échappe à cette première catégorie de fléaux.

[30] Ceux-là sont fort nombreux. Pour s'en tenir au temps de Bar-Jehoudda, il y a sous Hérode les six mille Innocents tués pour avoir refusé le serment à Auguste vers 747 ; les trois mille Galiléens et les gens de Transjordanie massacrés par Archélaüs dans le Temple en 750 ; les victimes de la terrible expédition de Varus, avec les deux mille crucifiés qu'il laissa sous les murs de Jérusalem : les sept mille martyrs du Recensement de 761, Jehoudda et Zadoc en tête ; les apôtres crucifiés à Rome en 772 et les quatre mille Juifs déportés en Sardaigne où la plupart succombèrent sous les coups des brigands, etc.

[31] Quoique leur sang crie vengeance, il leur est prescrit d'attendre est le terme fixé par Iahvé à l'accomplissement de sa promesse. Ce terme est dans l'Apocalypse : c'est le Jubilé de 789 dont on n'est séparé que par un septénaire. Qu'ils se taisent donc jusqu'à la Grande Pâque dont le Joannès a vu l'Agneau tout préparé. Encore un sceau, un septénaire, et ils seront à leur terme. Les six sceaux ouverts jusqu'ici représentent les six années sabbatiques, soit les quarante-deux ans écoulés depuis la naissance du Joannès-jésus.

[32] Les tremblements de terre marchaient assez bien, et tous hors de Judée.

Nous avons cité ceux qui renversèrent douze villes d'Asie en 771.

[33] Cette image est prise à Isaïe comme presque toutes celles qui font le coloris de l'Apocalypse. C'est une de celles qui ont le plus frappé les païens. On la trouve reproduite dans Philopatris (Œuvres de Lucien) par deux honnêtes citoyens d'Alexandrie qui s'indignent à bon droit des abominables imaginations du Joannès galiléen.

[34] Toutes ces images, et parfois des versets entiers, sont copiés textuellement dans Isaïe. On n'en finirait pas si on voulait donner les références.

[35] La croix. Le Joannès oppose les quatre bras protecteurs aux quatre Vents destructeurs.

[36] Il importe en effet d'excepter la Judée du cataclysme qui se prépare. Jusqu'à présent, elle a été épargnée par Iahvé, elle n'a souffert que des hommes, Hérodes, Césars et gens du Temple. Assise au centre de la croix terrestre, elle ne risque rien. Que les Anges commis à l'administration des Vents destructeurs n'aillent pas l'oublier !

Le croirait-on ? C'est au ciel que les Juifs sont menacés, dans la bataille qui va se livrer là-haut entre les Anges de Dieu et ceux de Satan. La Judée sera défendue par les Cent quarante-quatre mille êtres préadamiques qui sont l'image archétype des Douze tribus avant la Création ; mais la victoire est certaine, ils en ont le signe sur le front, et ils sont dans les quatre bras de la croix, à raison de trois par bras, d'une tribu par signe zodiacal.

Il faut aller jusqu'au chapitre XIV (1 et 3-5) pour savoir à quoi s'en tenir sur cette garde judaïque préétablie. Là nous apprenons qu'elle est composée d'êtres qui portent sur le front le nom de l'Agneau et celui du Père, et qui pour cette raison ont été rachetés de la terre, c'est-à-dire du péché d'Adam ; ils sont vierges et ne se sont pas souillés avec la femme. En un mot ils sont hermaphrodites comme Adam avant sa séparation d'avec Eve, et comme le Christ Jésus à l'image de qui ils sont.

[37] Addition certaine. Les païens admis au salut, c'est le renversement de toutes les promesses faites à Israël et à David, c'est un démenti donné à la Loi, à tous les prophètes, au grand Jehoudda surtout. Il s'agit, au contraire de purger le monde de tous les incirconcis qui le déshonorent par leur présence. Les martyrs de la Loi, circoncis par conséquent, étaient seuls sauvés ; c'est cette catégorie qui vient immédiatement après les Préadamites dans l'ordre des élus. C'est la stricte observation de la Loi qui leur vaut le salut et les rachète du péché d'Adam dont ils sont héritiers solidaires. De nombreuses coupures ont été pratiquées dans l'énumération des armées célestes auxquelles le Christ commande. Tout l'état-major manque, notamment les Douze Apôtres et les Trente-six Décans. Ils y étaient les uns et les autres, puisqu'on a pu les reporter dans l'Évangile.

[38] Ils sont morts pour la pâque nationale. Le Recensement est une des épreuves de la Grande tribulation, laquelle dure depuis que les Juifs suivent la Loi qui les sépare du monde.

[39] C'est à ces fontaines que Jésus fait puiser dans les allégories de la Piscine, des Noces de Cana et de la Samaritaine. (Quatrième Evangile, II, 1-12, IV, 7 et suiv.) Il est lui-même cette source de vie. (Quatrième Évangile : Jésus à la fête des Tabernacles.)

La source principale de la bergerie davidique est celle de Siloé-lez-Jérusalem où nous verrons Bar-Jehoudda réunir ses partisans en 777.

[40] Le septième sceau, c'est le dernier septénaire (782-789) avant la fin du Cycle en cours, le Verseau millénaire.

[41] L'archétype de l'autel des parfums qui était dans le Temple. Jehoudda, sous la figure du prophète Zacharie est à l'autel des parfums quand il demande à Dieu de tenir son serment et de lui envoyer son premier-né, le Joannès-jésus. (Luc, I.)

[42] Aimable attention à l'adresse des Gentils. Voilà qui n'arrive pas aux fontaines d'eau vive où l'Agneau doit mener boire les Juifs ! Elles sont en Terre-Sainte, et elles vont servir au baptême du peuple élu, sacrement dont les païens ne doivent pas profiter.

[43] C'est l'Extrême Occident qui est frappé d'abord. Il l'est dans toutes ses parties, terre, mer, navires, eaux potables. A l'estime du Joannès l'Occident représente le tiers du monde ; c'est pourquoi le tiers des étoiles, du soleil et de la lune cesse de l'éclairer. Après cela restent les d'eux tiers de l'Œuvre de Dieu, mais comme on va le voir, l'Occident n'en a pas pour longtemps, ni l'Orient. Les premières nations frappées — ne disons pas peuples, il n'y a qu'un peuple — sont l'Espagne d'où arrivait Pontius Pilatus, les Gaules d'où étaient les cavaliers de la garde d'Hérode, et la province lyonnaise qui avait donné asile à Archélaüs et à ses gens. L'Italie va avoir son tour.

[44] C'est l'Enfer Central dont la Mer Morte est l'image la plus rapprochée.

[45] Nous avons déjà vu à l'œuvre la Balance et le Sagittaire. Voici le Scorpion, troisième des signes sataniques, transformé par Iahvé en ministre de la Justice à l'endroit des Juifs. Avec la partialité qui le distinguent, au lieu de traiter ceux-ci comme les païens d'Occident, notamment en les privant de lumière, le Joannès-jésus les pique au fond de la conscience pour y exciter le zèle religieux qui peut encore les sauver... Il ne tourmente que ceux qui n'ont pas le signe de la croix. Encore leur donne-t-il cinq mois pris pour signes, de la Balance aux Poissons, pour venir à résipiscence. A partir des Poissons, si toutefois ils viennent au baptême du Joannès, ils sont sauvés, l'Agneau leur tend les pattes !

[46] Le mois pris pour signe, comme plus haut ; donc les cinq mauvais signes. Balance, Sagittaire, Scorpion, Capricorne et Verseau. Il reste un mois aux Juifs, celui des Poissons, pour rentrer en grâce par le moyen du baptême. A eux de voir ce qu'ils ont à faire, s'ils ont quelque souci du salut.

[47] Aveu qu'il y a eu deux versions après l'araméenne, l'une en grec, l'autre en latin. On voit ce qui peut rester de l'original !

[48] Ceux d'Orient cette fois, l'Orient comptant pour le second tiers d e l'Œuvre de Dieu. Ce sont les Chaldéens, Assyriens, Parthes et autres nations chez qui les Juifs ont été déportés et avec lesquels ils ont été en guerre. Le dernier tiers est au milieu, et la Judée au centre du milieu. In medio stat virtus.

Les quatre Anges de l'Euphrate sont élevés à la même école que les Chaldéens qui viennent au berceau du fils de David dans la Nativité du Joannès selon lui-même et selon l'Évangile (Mathieu, I). Ils savent l'Année (789) ; le mois (nisan) le jour (15e de nisan) et l'heure (celle du lever de l'Étoile du matin, un peu après la troisième veille de nuit) de leur entrée en scène.

Les quatre Anges de l'Euphrate étaient classiques. Ici ils ont pour mission d'avertir les Juifs de Babylone qu'il faut rallier Jérusalem, et d'anéantir les nations qui auraient la mauvaise grâce de s'opposer à leur passage.

Le Joannès prend ces quatre Anges dans Ézéchiel. Ils entrent dans la composition du fameux char que Iahvé envoie à Ézéchiel sur les bords du Nahar-Kébar, le canal par lequel Nabuchodonosor avait relié l'Euphrate au Tigre. On peut dire de ces quatre Anges que ce sont les quatre points cardinaux déplacés et mobilisés en faveur des Juifs. Ce sont Quatre animaux anthropomorphes avec des faces quadrilatérales représentant le Lion, le Taureau, l'Aigle et l'Homme (Ézéchiel, I, 3-16). Nous venons de les voir dans le ciel où le Joannès nous a conduits, et ils sont à leur poste. Mais Iahvé peut en les déplaçant faire pencher toute la machine en faveur des Juifs. C'est à cette manœuvre qu'il se livre ici, elle est d'une impartialité contestable.

[49] Particulièrement les Grecs et les Romains auxquels on n'a pas encore touché, mais qui ne perdront rien pour attendre.

Les versets 20 et 21 sont pris partout, notamment dans la Lettre de Jérémie.

[50] Voit l'Assomption de Moïse déjà citée.

[51] Aggelos, à tort traduit par ange dans les versions ecclésiastiques. Les laïques ont suivi. C'est envoyé, messager, prophète qu'il faut lire. Maléak, disait le texte araméen. De Maléak ou Maléaki on a fait le prophète Malachie, qui n'a jamais existé sous ce nom.

[52] Apocalypse, ch. V, 3.

[53] Que nous avons vu tout à l'heure au verset 1 du chap. VI.

[54] Mathieu et Luc donnent tous deux le surnom de Boanerguès à deux des grands fils du Charpentier pour barques de pèche. Joannès et Jacob. Nous voyons ici que les cinq autres le pouvaient porter.

[55] Ce céleste attribut n'empêche pas Jehoudda d'avoir été de ce monde. Il apparaît en haut dans l'Arche de salut qu'il a construite en bas, et il n'y a rien d'étonnant à ce que son visage brille comme le soleil, puisque Salomé, sa femme, est enveloppée de ce même soleil, qu'elle a la lune sous ses pieds et les douze signes du Zodiaque sur la tête.

[56] Il n'est pas écrit au dedans et au dehors, une face vers le ciel, une face vers la terre, comme le Livre aux sept sceaux. C'est un travail d'homme, il contient ce qui regarde plus spécialement la mission davidique du Joannès.

[57] Comme procédé allégorique la manducation du livre vient tout droit d'Ézéchiel : Je regardai, dit Ézéchiel, et je vis devant moi s'avancer une main qui tenait un livre enroulé. — Fils d'homme, me dit-il (l'envoyé de Dieu), ce rouleau qui est devant toi, mange-le. Mais va-t'en parler à la maison d'Israël. Alors j'ouvris la bouche et il me fit engloutir le livre. — Nourris ton ventre, me dit-il encore, et remplis tes entrailles de ce rouleau. Sur ce je le mangeai et il devint en ma bouche comme miel pour la douceur. (II, 6 ; et II, 1, 2.)

[58] En effet on n'a encore rien dit des Grecs, des Syriens, des Égyptiens ont tenu la Judée sous le joug et des Romains qui la foulent depuis le Recensement. Le Livre rappelle au Joannès que c'est à lui de les bouter hors. Ils sont du dernier tiers.

[59] Quatrième Évangile, I, 1, 6, 14.

[60] Le cordeau ou la canne à mesurer est très souvent employé dans la littérature prophétique, comme prélude soit de construction soit de démolition. Il est parfois dans la main de Iahvé lui-même. Zacharie le voit dans celle d'un homme qui lui apparaît : Où vas-tu ? lui dit-il. — Mesurer Jérusalem pour voir quelle est sa largeur et quelle est sa longueur. (II, 5, 6.)

[61] Cf. Le Charpentier, au ch. de la Nativité selon l'Apocalypse.

[62] XIII, 5.

[63] Ce compte semble devoir être pris dans son acception ordinaire. Jehoudda et Zadoc ont prêché contre le grand-prêtre Joazar avant de se lever contre Hanan et Quirinius. Il se peut aussi que, décidées en 760 seulement, les opérations du Recensement aient été difficiles, et la révolte plus longue que nous ne croyons.

[64] Pris par Zacharie (IV, 10 et suiv.) : Que sont donc ces deux oliviers, l'un à droite, l'autre à la gauche du Chandelier (à sept branches) ?Ne sait-on pas, reprit-il, ce que cela signifie ?Non, répondis-je, mon maître. — Ce sont, dit-il, les deux oints qui se tiennent devant le Seigneur de toute la terre. Zacharie l'entend de Zorobabel et du grand-prêtre Jésus. Ici Joannès l'entend de son père assimilé à Zacharie (Luc, I) et de Zadoc, assimilé à Aggée, prophète associé de Zacharie.

[65] Le feu parait avoir été leur grand argument vis-à-vis du Temple (cf. Le Charpentier) et celui du Joannès-jésus vis-à-vis des Samaritains (Luc, IX, 54, 55).

[66] Les mêmes pouvoirs qu'Elie, en ce qui touche la sécheresse. Josèphe constate que la famine accompagna la prédication de Jehoudda et de Zadoc, et même il la leur attribue. Cela tient à ce que la Loi en main, ils empêchèrent de semer pendant l'année sabbatique 761. La récolte des années précédentes ayant été mauvaise, faute de pluie, il y eut famine. (Cf. Le Charpentier.)

[67] La Bête qui monte de l'abîme marin. Rome sous les espèces de Coponius, procurateur de Judée, et de Quirinius, proconsul de Syrie.

[68] Interpolation ecclésiastique d'autant plus criante qu'il s'agit d'un événement de 761 dans le verset. Mais il est probable que, dans l'Apocalypse originale transmise avec les Paroles du Rabbi par ses frères, les églises naziréennes avaient ajouté à cet endroit le membre de phrase : Où le Rabbi a été crucifié. Toutefois cette addition n'a pu se faire qu'après l'aveu tardif que le Joannès avait été mort pendant trois jours, car en 789 on n'avoua même pas qu'il eût été crucifié.

[69] Ils furent exposés pendant trois jours.

[70] Sur les tourments et les persécutions qu'ils ont fait subir aux Juifs non xénophobes, revoir la citation de Josèphe, au ch. Apothéose de Jehoudda dans Le Charpentier.

[71] Point de départ de l'Assomption de Jehoudda qui nous est parvenue, mutilée et corrompue, sous le titre l'Assomption de Moïse (Panthora). (Cf. Le Charpentier.)

[72] Pour l'effet, le Joannès sabbatise le chiffre des Zélotes tombés au Recensement. A Élie qui demande justice contre Israël, disant : Seigneur, ils ont tué vos prophètes, ils ont renversé vos autels, et ils me cherchent pour m'ôter la vie, Iahvé répond : Je me suis réservé sept mille hommes qui n'ont point fléchi le genou devant Baal (Paul aux Romains, XI, 2-4).

[73] Il y a une autre coupure au commencement du chapitre, et une autre à la fin : il nous manque le premier et le troisième malheur dont les Zélateurs de la Loi ont été victimes.

[74] Le Septième ange sonne après le sixième septénaire (les quarante-deux ans écoulés depuis 739). Il sonne donc sabbatiquement, mais il ne sonne pas jubilairement. Le Christ Jésus a sept ans devant lui pour accomplir la prophétie.

[75] Peut-être a-t-on changé le temps du verbe, car le Seigneur n'est pas venu, ainsi que cela résulte de l'état actuel de la terre, mais le Royaume annoncé était de ce monde, on en aura la preuve dans un instant.

[76] Tacite, Suétone et Josèphe. Voir les Oints du Capitole dans Le Charpentier.

[77] Nous l'avons mise à sa vraie place au chapitre des Nativités. (Le Charpentier.)

[78] Apocalypse, ch. XXI.

[79] Luc, chap. I, cantique de Zacharie.

[80] Quatrième Évangile, I, 7.

[81] Luc, X, 18, 19 20. Ne pas oublier que Satan veut dire ennemi.

[82] Luc, X, 18, 19 20. Ne pas oublier que Satan veut dire ennemi.

[83] Tacite, Annales, livre VI.

[84] Apocalypse, XII, 14.

[85] Je recommande particulièrement la lecture de ce chapitre avec les notes qui l'accompagnent. Il montre chez Bar-Jehoudda une parfaite connaissance de l'histoire juive dans les quarante-deux années qui se sont écoulées jusqu'à son Apocalypse.

[86] Bellua, la Bête, disait Tibère du monstre de l'Empire (Suétone). Il y a un léger changement dans l'extérieur de la Bête romaine. Elle n'avait que sept diadèmes au verset 3 du ch. XII et disposés sur les têtes au lieu de l'être sur les cornes. A cela près, c'est la même Bête, la même Rome aux sept collines, la même Décapole envahie par l'élément païen.

[87] C'est de Satan qu'elle tient sa puissance, et non de Dieu. Je serais bien surpris si au lieu du léopard, il n'y avait pas une louve dans l'original. Ses pieds sont ceux d'un ours à cause de ses possessions du Nord.

[88] On a beaucoup épilogué autour de cette Bête. A la différence du Christ dont les sept étoiles, les sept yeux, les sept esprits, les sept anges, etc. sont immortels, Rome perd une de ses têtes, la Palatine, chaque fois qu'un Empereur cesse de vivre. Mais faute d'une tête l'Epire ne tombe pas. Après Auguste, Tibère. On adora Auguste dans Césarée et on suivit Tibère. Blessée dans la tête d'Auguste, Rome guérit dans celle de Tibère.

Que la Bête soit devenue Néron à un moment donne, c'est fort probable. Cette Bête condamnée à mort par Iahvé meurt petit à petit avec chaque empereur.

Rome a sept têtes qui sont les sept collines, en quoi elle ressemble au dieu Kronos, le Temps, que les mythologies phéniciennes et pythagoriciennes représentent avec sept têtes, les sept planètes. La conformation de Rome la condamne au même sort que Kronos. Après la rupture du septième Sceau, il n'y aura plus de Temps, donc plus de Rome. C'est le Christ qui fait et qui défait Kronos.

Les Juifs croyaient en outre, et le Talmud confirme, que les cinq lettres formant le nom de Satan représentent le nombre 364, d'où il suit que Satan est maître de l'année pendant trois cent soixante jours, plus les quatre jours qui s'écoulent dans la Genèse avant la création du Soleil. Comme conséquence mathématique, le Joannès admet que, malgré tout, le Satan romain sera battu par le Christ, celui-ci n'eût-il pour lui qu'une seule journée, le Grand Jour. Les Sept jours delà semaine pascale sont le cadre de cette lutte, dont le quatrième jour (passage) et le huitième (triomphe) sont les deux grandes étapes. C'est le thème de la Passion de Jésus dans l'Évangile, thème construit sur le fond de vérité fourni par le supplice de Bar-Jehoudda.

[89] Absolument exact. On éleva des temples à Jupiter (le Dragon) dans Césarée et ailleurs, d'autres à Auguste (la Bête) non seulement à Césarée, mais à Sébaste de Samarie, et à Panéas, aux sources du Jourdain.

[90] Très exact encore. La bouche qualifiait Auguste de maître du monde, et Tibère dut refréner la basse adulation du Sénat qui voulait lui décerner le titre de Seigneur, jusque-là réservé au maître des dieux (Cf. Le Charpentier.)

[91] Les païens ne se doutent pas que l'empire du monde va passer au christ des Juifs et que le décret céleste qui destitue César à leur bénéfice est signé depuis quarante-deux ans. Dans sept ans la Bête aura vécu. C'est la troisième fois que le Joannès indique la date de sa naissance et celle de son Apocalypse.

[92] En quatre circonstances célèbres parmi les Zélateurs de la Loi, le massacre des six mille davidistes par Hérode, la Guerre de Varus, le Recensement, et la déportation des Juifs de Rome en Sardaigne.

[93] Sur le sens mystique de cette immolation, sur le bris de sceau, sans lequel le monde n'eût pas existé, revoir le ch. V, verset 6, note 2.

[94] J'entends très bien, quoique je ne sois pas Juif. C'est très clair, malgré toutes les sophistications de l'Eglise.

[95] Pleine du talion, qui perpétue les vengeances, jusqu'à extinction des familles et des peuples. Cette phrase ne provient nullement de la Genèse, comme l'insinue l'Eglise. La phrase correspondante dans la Genèse a un sens beaucoup plus restreint : elle ne vise que la punition du meurtre individuel : Quiconque aura répandu le sang de l'homme sera puni par l'effusion de son propre sang : car l'homme a été créé à l'image de Dieu (Genèse, IX, 6). C'est dans une tout autre pensée que la phrase de l'Apocalypse a été employée par l'Évangile de Matthieu : Celui qui a frappé par l'épée périra par l'épée (XXVI, 52). Dans Mathieu c'est une maxime de pacification. Et dirigée contre qui ? Contre Shehimon (Pierre), révolté en 802 et frère puîné du christ crucifié en 789 pour s'être servi de l'épée contre Pilatus. Cette maxime est un placage du quatrième siècle. On ne la trouve d'ailleurs que dans Mathieu, revu et corrigé pour la quatrième ou cinquième fois.

[96] La première tête coupée de la Bête marine, la tête historique, c'est celle du grand Pompée, que ses assassins tranchèrent, mirent au bout d'une lance et que tous les Juifs d'Egypte, enfin vengés, purent voir passer, sanglante, sur le rivage, quand on la portait à Ptolémée.

La première Bête terrestre qui fait revivre contre les Juifs la partie morte de la Bête romaine, c'est Hérode faisant revivre Pompée dans Antoine, et Antoine dans Auguste : S'il était possible qu'une bête farouche eût le gouvernement d'un royaume, disaient les Juifs, il n'y en aurait point qui traitât les hommes avec plus d'inhumanité.

(Discours des ambassadeurs qui demandèrent à Auguste la réunion de la Syrie et de la Judée dans Josèphe, Antiquités, liv. XVII, ch. XII.)

Ensuite cette Bête est devenue à deux cornes, c'est-à-dire, dans le style allégorique des prophètes (on citerait cent exemples), figurée par deux puissances. Ces deux cornes ressemblent à celles de l'Agneau, lequel en a sept, comme on l'a vu plus haut. Elle participe donc de l'Agneau, et, quoiqu'elle tienne le même langage que Satan (Jupiter) et la Bête romaine, ses deux cornes sont juives quant à la pâque. En effet, l'une est Hérode et ses enfants, l'autre est le grand-prêtre Hanan et ses successeurs, particulièrement son gendre Kaïaphas. C'est sous Hanan et par ordre d'Hanan que le père du Joannès-jésus a été tué dans le Temple en 761. C'est sous Kaïaphas et par Kaïaphas que le Joannès-jésus sera condamné à mort en 788.

[97] Topique. Après la déposition d'Archélaüs, l'Empire eut une corne à Césarée, le procurateur, une autre à Jérusalem, le grand prêtre, choisi par le procurateur. Et ces cornes firent qu'en Judée on se prosterna devant Tibère, le guérisseur d'Auguste mort. Mais la plaie d'Auguste, refermée en apparence dans Tibère, est béante au fond. Ainsi sera-t-elle jusqu'à ce que réunis par Iahvé le 15 nisan 189 le Christ né dans la Vierge et l'enfant né sous la Vierge ne fassent tomber d'un coup les sept têtes et les dix cornes. Disons les douze cornes, puisque, de leur côté, la postérité d'Hérode et le Temple en ont deux. Que feront ces Douze cornes contre les Douze Apôtres ?

[98] En effigie seulement. Allusion ironique aux statues de Jupiter Tonnant, Foudroyant ou Trisulce érigées dans les villes de la Judée et de la Décapote. Les Sept Fils du vrai Tonnerre, les Sept Boanerguès se rient de ces foudres en marbre et en métal.

[99] Temples et statues d'Auguste à Césarée, à Sébaste, à Panéas et dans les villes de la Décapote. Adorer un mort, un homme à qui Jehoudda avait donné un coup d'épée en 761, quelle folie et quel blasphème ! Ah ! si le Joannès, auteur de cette critique, eût pu prévoir qu'il serait un jour Jésus-Christ, Dieu d'Occident !!!

[100] Situation faite aux Juifs par l'omnipotence universelle de Rome. En quelques lieux qu'ils soient, eux à qui l'empire du monde est promis par les écritures, ils trouvent la Bête instillée, représentée par des agents officiels ou bénévoles. Partout, au doigt des chevaliers, sur le front des esclaves, sur le bonnet de l'affranchi, l'image ou le chiffre de la Bête et de ses petits. Même à l'état de repos elle insulte à la Loi par cette idolâtrie en gros et en détail. Mais étendant la griffe n'a-t-elle pas osé lever un tribut sur la Judée ? Et douze ans après n'a-t-elle pas demandé que, pour bénéficier de l'affranchissement, les Juifs esclaves dans Rome lui reconnussent le droit d'avoir une loi à elle ?

[101] Ajouté par l'adaptation grecque. Ce nombre 666 a fait verser des torrents  d'encre. C'est le nom d'un empereur ou d'un général, mais chiffré en caractères grecs, par conséquent étranger à l'Apocalypse originale.

Dans le nom il faut trouver des lettres dont la valeur numérale équivaut à 666. On a nommé Néron et bien d'autres, notamment Titus. Ce dernier parce qu'on trouve Τειταν, Titan, qui se rapproche de Titus. Mais le nombre de la Bête est un chiffre mobile, qui varie avec la personne désignée. Il a été successivement Auguste, Tibère, Caïus Caligula, Claude, et ainsi de suite jusqu'à Hadrien qui a consommé la ruine de Jérusalem et la dispersion des Juifs. L'exécuteur des ordres d’Hadrien, celui qui fit passer la charrue sur l'emplacement du Temple, c'est Titus Annius Rufus, Tit. An., et voilà le dernier nom de la Bête.

[102] Luc, XXII, 10 ; Marc, XIV, 13.

[103] Comme le grand-prêtre qui portait le nom de Iahvé écrit sur son front. Il n 'y avait pas que les Douze tribus angéliques avec l'Agneau sur la montagne de Sion, il y avait leurs chefs, les Douze Apôtres et les serre-files, les Trente-six Décans. Toute la croix céleste descendait. Nous allons en avoir la preuve d'ici peu.

[104] Nous savons par là que le cantique chanté au ch. V, v. 9, par les martyrs de toute nation est apocryphe.

[105] La Bonne nouvelle n'en était une que pour Israël. C'en était une fort mauvaise pour les goym qui, après avoir été accablés de toutes sortes de plaies, avaient pour comble de malheur à subir l'éternelle domination des Juifs, à commencer par la circoncision.

[106] Vous vous rappelez que les sources qui appartiennent aux goym ont été comme empoisonnées, afin qu'ils ne puissent plus ni en boire ni s'en servir pour le baptême sauveur.

[107] On voit qu'ils n'avaient pas le nombre de la Bête, mais seulement son image et son signe.

[108] On a supprimé les spectateurs de marque. Outre les Cent quarante mille, il y a les Douze Apôtres et les Trente-six Décans de l'année.

[109] Addition ecclésiastique.

[110] Au lieu de semblable à un fils d'homme, les éditions ecclésiastiques portent semblable au Fils de l'homme, mais le Fils de l'homme n'est semblable qu'à lui-même. Le Joannès veut dire que le Verbe Jésus, assis dans la nuée, est en forme d'homme.

[111] Cet ange et les deux suivants (17,18) portent les ordres du Père à son Verbe. N'oublions jamais — l'Évangile ne cesse de le répéter — que le Christ est soumis aux volontés du Père.

[112] Arrangement ecclésiastique. Celui qui tient la faux, ce n'est pas l'ange, c'est le Fils de l'homme. A preuve les versets 14 et 15 de ce chapitre.

[113] Même observation que dessus.

[114] Les raisins sont foulés hors de Jérusalem. Les exécutions d'impies et de malfaiteurs ont toujours eu lieu hors de la ville dans le Gué-Hinnom ou le Topheth, alias Guol-golta. Lorsque le Joannès écrivait ce verset, il ne s'attendait guère à être mis au rang des impies et des malfaiteurs, crucifié au Gué-Hinnom et jeté dans le Guol-golta. Il entra certainement une idée de représailles dans le traitement que les Juifs du Temple infligèrent à ce méchant homme.

[115] Marc, XIV, 62. Mathieu, XXVI, 64. Luc, XXIII, 69. Dans Marc, on a supprimé dès à présent. Dans Mathieu, on a mis un jour. Dans Luc désormais. Si Bar-Jehoudda a parlé — or il n'a pas ouvert la bouche (Actes des Apôtres, VIII, 32) — il n'a pas pu dire à Kaïaphas autre chose que ce qui était dans son Apocalypse : Demain 15 nisan, au petit jour, le Christ apparaîtra.

[116] Mathieu, III, 11, 12, et les deux autres synoptisés, tous trois d'après l'Apocalypse.

[117] Mathieu, XIII, 36-43.

[118] Il y avait certainement le Pécheur, comme il y a le Moissonneur et le Vendangeur.

[119] Mathieu, XIII, 47-52. Tout le chapitre vient des Paroles du Rabbi, transmises par Mathias.

[120] Ce chapitre ne formait qu'un avec le suivant. On l'a coupé en deux pour garder la division en vingt-deux chapitres compromise par les suppressions opérées jusqu'ici.

[121] Tout ce qui vient à point de Iahvé est sabbatique, tout est jubilaire. Voici les sept ministres de sa vengeance contre les païens.

[122] Déjà vue. Elle est transparente par contraste avec la mer d'en bas.

[123] Au début ce nombre a dû être César, applicable indistinctement à tous les Empereurs.

[124] Cet animal n'a l'air de rien, mais il désaxe le monde, tout simplement. C'est Jehoudda que nous avons déjà vu sous la figure du Lion.

[125] Le Joannès se répète un peu, mais ne faut-il pas faire impression sur les Juifs qui par faiblesse ou par prudence tolèrent autour d'eux les idoles, au lieu de les renverser comme le veut la Loi ?

[126] La Méditerranée. Mer maudite, elle portait la Bête, mais patience !

[127] Les eaux païennes seulement. Il n'arrive rien de pareil aux eaux de Judée, qui conservent leur efficacité baptismale. Elles demeurent d'une telle pureté que l'Agneau se dispose à en boire et à y conduire les élus, accompagnés par les Douze Apôtres, les Trente-six Décans et les douze Tribus célestes.

[128] Allusion probable à la défaite de Varus au-delà du Rhin. Le troisième Ange n'aurait pas mieux fait que les Germains ! Cette catastrophe ne réjouit pas moins les christiens qu'elle n'abattit Auguste. De tous les proconsuls de Syrie qui avaient agi contre eux. Varus était après Quirinius le plus profondément et le plus justement exécré.

[129] Rome, et dans l'espèce Caprée où Tibère s'était concilié les Douze Apôtres : il leur avait consacré douze palais !

[130] Le Joannès spéculait beaucoup sur l'Euphrate (IX, 14) et, pour faciliter l'irruption des Barbares, le sixième Ange dessèche le lit du fleuve, il ouvre le chemin de Rome aux Parthes et à ce qui peut rester des Mèdes ou des Assyriens. Mais il y a la Méditerranée ? Iahvé la desséchera : il n'y aura plus de mer (sic, XXI, 1). C'est le renversement complet de la prophétie de Balaam.

[131] C'est la première fois qu'on entend parler de ce Faux prophète. On a cherché et, bien entendu, trouvé toutes sortes de noms : Simon, le magicien de Chypre, attaché aux Hérodes et par extension aux procurateurs romains, notamment Félix ; Tibère Alexandre. Juif apostat, procurateur de Claude ; Josèphe l'historien qui, contre l'Apocalypse même, prophétisa la victoire de Vespasien sur ses compatriotes et l'empire du monde aux Romains. Mais pour cela, il a fallu sortir de l'époque du Joannès. Le Faux prophète est inhérent a la genèse des Juifs. C'est le syndic de tous les faux oracles, Assyriens ou Égyptiens, les Balaam, les Aman, les Jannès et les Mambrès qui avaient prédit la ruine d'Israël pour une cause quelconque. Il est souvent recommandé dans la Loi de fermer l'oreille aux discours de ce faux prophète. A ce type de prophète oriental le Joannès-jésus ajoute dans son esprit celui qui en Italie ou en Grèce prédisait la pérennité de Rome.

[132] Au lieu d'avoir l'Esprit-poisson comme les Révélateurs juifs, le Dragon, la Bête et le Faux prophète ont l'Esprit-grenouille. La grenouille est impure selon la Loi, elle ne reçoit pas de révélations comme le poisson, elle est amphibie et manque d'exégèse.

[133] Évidente addition d'Église. Après la chute de Jérusalem en 823, le Fils de l'homme n'étant pas descendu et ne parlant même plus de descendre, on fut plus réservé que n'avait été le Joannès sur la date, le Jour et l'Heure de son avènement. On commença à lui faire dire qu'il viendrait sans prévenir, comme un voleur. (Luc, la Première aux Thessaloniciens et l'Envoi de l'adaptation grecque de l'Apocalypse).

[134] La gaieté étant dans le tempérament français, et d'autre part une certaine détente ne nuisant point au labeur le plus austère, citons, sans l'affaiblir par un commentaire, le jugement que porte à cet endroit (p. 151) la seule traduction du Nouveau Testament approuvée par le Saint-Siège : Saint Jean, disent MM. Glaire et Vigouroux, fait allusion aux voleurs qui enlevaient les vêtements des baigneurs !!! Sale farce.

[135] Le Haram Megiddo, c'est la plaine qui s'étend autour de Megiddo, sous le Carmel, entre la Samarie et la Galilée. Josèphe l'appelle le Grand Champ. Sur la topographie, voir le Chanaan du père Hugues Vincent, Paris, 1907, in-8°.

[136] Jérusalem est la Grande cité (XI, 8), l'Urbs, et non Rome, cette Babylone d'Occident qui d'ailleurs n'en a plus que pour un instant. Elle devait être divisée en trois parties, selon le plan de Renouvellement adopté pour le reste de la terre, de telle façon que la montagne du Temple, abstraction faite du parvis souillé par les païens et les Juifs latinisants, fût exceptée du tremblement. Quant aux villes Païennes, elles tombent complètement.

La division de Jérusalem en trois parties est annoncée par Zacharie que nous avons cité. (le Charpentier.)

[137] La Babylone d'occident. Rome où sont les Juifs transportés par Pompée, Crassus, Gabinius, Saturninus, Varus et Quirinius.

[138] Du poids le plus fort, comme était le talent.

[139] Ceci, autrement qu'au figuré, nous le montrerons.

[140] Interpolation évidente.

[141] Si c'était le Joannès qui parlât, il ne manifesterait aucun étonnement, car la Bête est de son invention et il en a fourni ailleurs une explication complète.

[142] Non seulement la Bête désignée dans l'Apocalypse originale a été et n'est plus, mais une autre Bête dont nous ne connaissons pas le nom, Néron peut-être, et qui avait remplacé Tibère dans une version antérieure, a été et n'est plus.

A la différence de la Bête le Verbe Jésus est, a été et sera : les trois temps de l'éternité.

[143] C'est le Livre que nous avons vu déjà, écrit des deux cotés, et dont le père du Joannès a pu déchiffrer le contenu. L'auteur de ce chapitre se sert de tous les éléments épars dans l'Apocalypse originale.

[144] Ici commence l'explication de la Bête substituée. Elle implique une longue prolongation dans la vie du Temps de la Terre païenne et de la Bête qui devaient finir en 789. Nous ne sommes donc plus dans le cadre et dans les conditions de l'Apocalypse jordanique. Dans celle-ci la Bête et la Ville qui la porte étaient tellement faciles à reconnaître, l'allégorie était à ce point datée de Tibère, successeur d'Auguste, le délai filé pour la disparition de la Bête et de sa Ville était si rigoureusement limité au dernier septénaire qu'il a fallu donner un autre sens aux chiffres indiqués dans l'Apocalypse originale. C'est ainsi que les sept collines, vouées à la ruine parce qu'elles constituaient un sabbat de Satin et par multiplication (7*7 = 49) un jubilé de Satan, sont remplacées ici par sept empereurs passés ou à venir, et les dix cornes de la Décapole par dix empereurs successeurs de ceux-là.

[145] Le compte des sept empereurs passés et à venir part certainement de Vespasien, sous qui a été consommée la ruine du Temple, et comprend, outre Vespasien lui-même, Titus, Domitien, Nerva, Trajan (le cinquième, celui qui est mort du vivant de cet interpolateur), Hadrien, qui est vivant, et un septième qui est à venir et qui fut Antonin.

[146] Incompréhensible, à moins que la Bête ne compte elle-même pour une tête.

[147] Dieu fait ici de la basse politique ; il compose, réduit à compter sur les mauvais gouvernements pour exécuter le plan de vengeance qui a misérablement échoué en 789.

[148] Que les Juifs qui habitent Rome de force ou de plein gré, esclaves ou hommes libres, abandonnent la Ville maudite avant la Grande Année, mais s'ils trouvent le moyen de coopérer à la vengeance divine, qu'ils ne s'en privent pas !

[149] Comme l'a été longtemps la Judée avant la naissance du Joannès. La Judée dans ses périodes de malheur est appelée soit Veuve, parce que son céleste Epoux fait le mort, soit la Délaissée ou la Répudiée, parce qu'il a rompu avec elle, soit la stérile, parce qu'il ne lui suscite pas d'enfants. Elle est nommée la Stérile et présentée sous les traits d'Eloï-schabed dans la Nativité du Joannès selon Luc. il vous en souvient.

[150] Un seul jour pour la destruction totale de Rome, trois pour la purification de Jérusalem.

[151] Les Hérodes notamment.

[152] Ceci, et tout ce qui suit, imite d'Isaïe et des invectives qu'on y trouve contre Tyr, Sidon et les villes maritimes de Phénicie ou de Chypre.

[153] La Méditerranée, lac gréco-latin.

[154] Addition ecclésiastique, nécessitée par la fourberie qui gît au fond du martyrologe romain, notamment en ce qui concerne Pierre (Shehimon crucifié a Jérusalem par Tibère Alexandre et Paul l'hérodien Saül mort on ne sait où, de sa belle mort, probablement en Espagne).

[155] Image qui a passé dans Mathieu : ... Mieux vaudrait pour lui que l'on suspendit une meule de moulin à son cou et qu'on le précipitât au profond de la mer (XVIII, 6) et dans Marc, IX, 41.

[156] Imitation des anciens prophètes, Isaïe surtout.

[157] Remise du char d'Ezéchiel (XI, 22-23) :

Les Chérubins élevèrent les ailes, les roues s'élevèrent avec eux, et la gloire (la lumière) du dieu d'Israël était sur les Chérubins. Et la gloire du Seigneur monta du milieu de la ville et alla s'arrêter sur la Montagne qui est à l'Orient de la ville.

[158] Trois fois Alléluia. Le chiffre trois a son importance.

[159] Qui Il ? On a enlevé le sujet. C'est Jehoudda, le Lion.

[160] On ne pouvait pas, on n'avait pas encore forgé la Nativité de Jésus pendant le Recensement. Pour l'adaptateur comme pour tous les millénaristes, de quelque pays qu'ils fussent, l'auteur de l'Apocalypse et le jésus ne font qu'un.

[161] Nous verrons cela de plus près au chapitre : les Paroles du Rabbi.

[162] C'est le même que le Moissonneur, le Vendangeur et le Pécheur, mais sous son aspect conquérant. Il est la Parole par qui Dieu a créé le monde dans la Genèse. Cette fois pas d'ambiguïté, pas de femme en travail d'enfant, pas d'allégories astrologiques. Ce Christ-là n'est pas fils de David, il n'est pas né à Betléhem d'un père incertain et d'une mère appelée Maria.

[163] C'est par le christ davidique qu'il paissait les païens avec une verge de fer. En un mot, ce juif était la verge dont il se servait pour cette fonction. (Voyez le verset 5 du ch. XII.) De cette manière il était sur que la besogne serait bien faite.

[164] C'est donc bien lui qui est le Vendangeur, et non l'ange qu'on lui a substitué aux versets 19 et 20 du ch. XIV.

[165] Les Douze Apôtres, les Trente-Six Décans et les Cent quarante-quatre mille préadamiques. Il est question de cette force imposante dans l'allégorie de l'Arrestation au Mont des Oliviers, allégorie non moins astrologique et non moins spirituelle que la Cène, et où Jésus dit que, s'il lui plaisait, il pourrait appeler à la rescousse les légions de son Père.

[166] La Bête prise ici, ce n'est pas la Bête à sept têtes, c'est la Bête à deux cornes, en l'espèce Hérode Antipas, tétrarque de Galilée et Kaïaphas, grand-prêtre. Il semble bien qu'ici le faux prophète soit Simon, le Magicien chypriote.

[167] La Bête à sept têtes cette fois.

[168] Mathieu, Marc, Luc.

[169] Pour ceux qui ne connaissent pas l'Evangile, disons que le Joannès y est transfiguré post crucem en Jésus. (Mathieu notamment, XVII, 1-14.)

[170] Luc, XII, 50, 51.

[171] Actes des Apôtres, II, 3.

[172] Deuxième aux Thessaloniciens, I, 7-9.

[173] Première aux Corinthiens, XV, 53.

[174] Première aux Corinthiens, XV, 40, 41 et suivantes.

[175] Apocalypse, ch. X, 1.

[176] C'est ainsi que s'explique le tour astrologique de l'Évangile dont personnages principaux sont tous plus ou moins sidéralisés.

[177] Mathieu, III, 13-17. Sur cette mystification, v. le Charpentier.

[178] Celui qui en séduisant la moitié féminine d'Adam a introduit mort dans le monde. On se rappelle qu'il a été précipité sur la terre par Michael et qu'il a prêté sa puissance à la Bête romaine. Une fois pris, la Mort est enchaînée avec lui.

[179] Durée correspondant au règne personnel du Christ. Le Père ne descend qu'à la fin du Millenium.

[180] Valentin reconnaît également dans sa Sagesse que c'était la doctrine de Jehoudda.

[181] Ce verset a été fort remanié, et sa conclusion : C'est ici la première résurrection a été rejetée à la fin du verset suivant. Mais il en reste assez pour voir que les Juifs morts pour la Loi ou vivants dans la Loi régnaient pendant mille ans avec le Christ Jésus, non celui que la fable évangélique a tiré de la côte du Joannès crucifié, mais celui que ce même Joannès, simple christ davidique, attendait encore dans la cour de Kaïaphas quelques heures avant d'être mis en croix.

[182] On ouvre les Cinq Livres de la Loi avant d'ouvrir le Livre de vie. On n'est inscrit au Livre de vie que si l'on est jugé avoir satisfait littéralement à ceux de la Loi.

[183] Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point, combien de fois Jésus le répète-t-il dans l'Évangile ! Selon le Joannès millénariste, c'était le second ciel et la seconde terre. Le Joannès tenait que le déluge avait une première fois renouvelé le ciel et la terre (Épître de Pierre.) La mer devait disparaître aussi pour permettre aux Apôtres qui n'avaient pas le pied très marin de mettre les nations sous leurs pieds, comme disait Isaïe.

[184] L'Époux de Jérusalem, c'est le Christ Jésus. Voir dans le Quatrième Évangile les allégories des Noces de Cana, de la Samaritaine, dans Luc celle des servantes qui attendent l'Époux avec la lampe allumée, etc.

[185] Après mille ans.

[186] La Rénovation, dit Luc.

[187] Elles ne passeront pas.

[188] Ici Iahvé parle en grec au Joannés. C'est presque une trahison.

[189] Proclamation de Jésus à la fête des Tabernacles. Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive ! Celui qui croit en moi, comme dit l'Écriture (l'Apocalypse, nulle autre), des fleuves d'eau vive couleront de son sein. Quatrième Evangile, VII, 31 et 38.

[190] Les Douze Apôtres de l'Agneau, archétypes des Douze pères des douze tribus. (Voir verset 14.) Ce sont les douze chefs des Cent quarante-quatre mille anges formant les douze tribus préadamiques, l'armée du Christ. Vous vous rappelez que dans Ezéchiel nous avons vu ces douze chefs de la maison d'Israël avec les douze signes du Zodiaque correspondants. (Le Charpentier.)

[191] Disposition arrée divisible par la croix.

[192] Les douze Cycles millénaires et aussi les douze Mois qui répondent aux douze signes du Zodiaque.

[193] Tout est de fer pour les goym, d'or pour les Juifs.

[194] L'ange a douze fois douze coudées de haut. C'est un géant d'environ soixante-quinze mètres. Que feront les cinq on six mille hommes de Pontius Pilatus contre cent quarante-quatre mille gaillards de cette envergure ?

[195] Les douze pierres qui ornaient le costume du grand prêtre, tel que Iahvé l'a révélé à Moïse pour en affubler Aaron.

[196] Ce merveilleux pavage faisait bien partie de l'Apocalypse du Joannès-jésus. C'est, avec l'image du ciel qui disparaît comme un livre qu'on roule, la particularité qui frappe le plus les interlocuteurs de Philopatris. (Œuvres de Lucien.

[197] La rédaction de ce verset n'a pas du épuiser les forces du Joannès. On lisait dans Isaïe, IX, 19 : Vous n'aurez plus le soleil pour vous éclairer pendant le jour et la clarté de la lune ne luira plus sur vous ; mais le Seigneur deviendra lui-même votre lumière éternelle, et votre Dieu sera votre gloire.

[198] A savoir que Jésus était une simple christophanie.

[199] J'avais d'abord pensé que la Jérusalem céleste ne descendait qu'avec Dieu, après le Millenium, mais il résulte du Dialogue avec Tryphon, où l'on invoque l'autorité du Joannès, que c'était avec le Christ et les Douze.

[200] Envoi de l'Apocalypse de Pathmos à l'Église de Philadelphie.

[201] Quatrième Évangile, XIV, 8.

[202] Quatrième Évangile, XIV, 9.

[203] Voir la Sagesse de Valentin, édition Amélineau.

[204] Ceci est à la fin de l'Extrait des Livres du Jésus, dans la Sagesse de Valentin remaniée et mutilée par l'Église.

[205] La lumière dont le Christ enveloppait Jérusalem.

[206] Apocalypse, XIX, 18 et 21.

[207] Résurrection de la chair, lieu fortuné dans lequel les élus attendent le jugement dernier, destruction du monde par le feu don de prophétie et vaticination, les Kannaïtes (Zélotes) et les Sicaires ont tout cela. (Philosophumena, liv. IX, 26.)

[208] Au Concile de Constantinople, en 692, on constate l'antique usage de la grappe qu'on distribue avec l'Eucharistie et qu'on doit bénir séparément, comme de simples prémices.

Depuis que le corps et le sang de Bar-Jehoudda sont la seule matière du sacrement, le raisin a repris sa place dans les prémices, et même on n'en donne plus qu'à ceux qui en demandent, et encore séparément.

[209] Quoique la lettre Jacques soit d'une fausseté peu commune même parmi les documents ecclésiastiques, elle traduit une des plus vielles idées du christianisme selon Jehoudda et ses fils.

[210] L'interpolateur de Clément d'Alexandrie n'a visé ici que les Nicolaïtes, disciples de Shehimon (Pierre) : Il y a, dit-il, des hommes qui ont interprété les Paroles du Rabbi comme s'il avait dit que Dieu préside à l'acte générateur accompli à plusieurs (en commun). Mais quoi ! n'ajoutent-ils pas ensuite quelques-unes des Paroles dites à Salomé : Mon Royaume est quand l'homme et la femme ne font qu'un, ces hommes qui ont appliqué la règle évangélique d'une manière absolument contraire à la vérité ?... Mais il est un Sauveur pour le célibataire. En effet comme elle (Salomé) avait dit au Rabbi : J'ai donc bien fait, moi qui n'ai pas enfanté. Le Rabbi répondit : Mange de toute cette herbe excepté de celle qui est amère. (C'est l'absinthe de la génération, racine contenant amertume et souillure, Lettre de Paul aux Hébreux.) J'ai du non pas arranger mais transposer une phrase de ce passage pour la rendre compréhensible. Il va sans dire que jamais Bar-Jehoudda n'a dit à sa mère une aussi énorme grossièreté avant que l'Eglise ne se soit avisée de déclarer vierge cette matrone juive célèbre par sa fécondité. Sur cette question, cf. le Charpentier.

[211] Saint Jérôme, dit l'Eglise. En son Commentaire sur Osée.

[212] M. Eugène Véron (Histoire naturelle des religions) a pensé que les gens mariés étaient absolument exclus du Royaume. C'est une erreur. Le jésus se bornait à dire, comme Jehoudda, que dans le Millenium les époux ressuscites se rejoindraient semblables aux Anges, c'est-à-dire formeraient un être bi-sexuel. Cette idée, mal interprétée par l'Eglise, a pu éloigner du mariage en ce monde, mais ne contient aucune prohibition, (Mathieu, XXII, 23-33 ; Marc, XII, 18-27 ; Luc, XX, 34-36, se copient là-dessus et sont d'accord.)

[213] En ramenant l'Eden d'où il avait expulsé Adam, le Verbe Jésus ramenait la fontaine qui s'élevait de la terre au commencement et qui en arrosait toute la surface. Il ramenait aussi le grand fleuve qui arrosait l'Eden et dont les quatre grands fleuves d'Asie ne sont que des branches. (Genèse, II, 6 et 10.)

[214] Douze récoltes par an et pas de travail ! Cet arbre de vie, c'est le plant de la Vigne du Seigneur.

[215] Interpolation faite pour déguiser la pensée excommuniatrice du Joannès. Elle dénote chez son auteur un esprit malicieux et badin. Que l'Eglise n'a-t-elle gardé toutes ces feuilles de vigne pour certains de ses papes !

[216] Dieu est ajouté.

[217] Ce qui jusque-là n'était permis qu'au Grand-Prêtre.

[218] Répétition des versets 23 et 25 du chapitre précédent et qui est la marque d'un fort mastiquage à l'effet de boucher les trous faits dans le texte primitif.

[219] À partir de ce verset nous allons d'altération en altération, de répétition en répétition et de confusion en confusion. Tout le monde parle à la fois, le Joannès du Jourdain, celui qui se dit de Pathmos, le Seigneur, l'ange, le serviteur de l'ange. Toute cette fin est de la main qui a corrigé l'Envoi dit de Pathmos, par conséquent ecclésiastique.

[220] L'adaptateur judéo-grec — c'est lui qui parle ici — a les Paroles de Rabbi sous les yeux. Les Paroles de la prophétie, c'est l'Apocalypse elle-même.

[221] Faux évident. Le pseudo-Johanan vient d'avouer et avoue de nouveau aux versets 9 et 10, 18 et 19 qu'il prend ces visions dans les Paroles de Rabbi autrement dites Livres du jésus.

[222] Répétition. C'est la scène du Joannès avec son père (XIX, 20) que l'adaptateur arrange et s'applique.

[223] Il a marché le temps, depuis la quinzième année de Tibère, date à laquelle le septième et dernier sceau de l'Apocalypse a été rompu !

[224] Excitation au martyre. Les Douze Apôtres ne ferment plus les portes de la Jérusalem céleste aux incirconcis qui verseront leur sang pour le nouveau dieu galiléen, Bar-Jehoudda ressuscité.

[225] I, 20, 21.

[226] III, 28.

[227] L'Épouse, c'est la Judée sous Antonin.

[228] L'eau de la vie, c'est le baptême. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement, dit l'Evangile. Bar-Jehoudda ne prenait rien que la bourse et la vie.

[229] Le Livre du Rabbi contient l'Apocalypse qui contient elle-même la clef du Livre du monde que Jehoudda a trouvée et avec laquelle l'Agneau ouvrira au Christ.

[230] Un faussaire intrépide que l'Eglise appelle saint Jérôme après avoir placé d'autres faux sous son nom. Hiéronymus avait sans doute percé le secret — le même que celui de Polichinelle — des origines christiennes, et il y avait trouvé deux siècles de millénarisme jusqu'à l'Évangile. De là son éloignement pour l'Apocalypse. Mais il eut beau essayer de la rayer du Canon, il lui en resta cette opinion que le monde finirait après le Millenium en cours. La Lettre de Barnabé n'en donne pas à ce pauvre monde pour plus longtemps.

[231] Ici je traduis à peu près textuellement l'auteur du Dialogue avec Tryphon, LXXXI.

[232] Paroles du Rabbi reportées dans Luc, XX, 35, 36.

[233] Actes, XXI, 8.

[234] Allusion au dispositif de l'Apocalypse, emprunté à Zacharie et quel Jérusalem devait être renouvelée par tiers.

[235] Le Saint-Siège propose l'interprétation suivante :

Le Sauveur répond aux Juifs d'une manière énigmatique, parce qu'il connaît leur incrédulité et la malice de leur cœur. Hérode le Grand fit rebâtir et embellir le temple de Jérusalem, vers l'an 20 avant J.-C. Le temple proprement dit fut achevé en un an et demi, et les bâtiments accessoires en huit ans ; mais la décoration n'en fut achevée que l'an 61 de notre ère (817 de l'ère consulaire), c'est-à-dire plusieurs années après la mort de J.-C. Les Juifs disent à Notre-Seigneur qu'il y a 46 ans qu'on travaille au temple, sans prétendre par là que tout est terminé.

Or les Juifs ne disent rien de semblable, et même ils disent tout autre chose par l'organe du scribe, car, vous le pensez bien, c'est lui qui fait la demande et la réponse. En effet la construction du Temple ayant commencé en la quinzième année du règne d'Hérode, soit 728, ce n'est pas en quarante-six ans qu'on l'a mené au point où il est en 785, c'est en cinquante-sept ans. Le scribe compte comme on compte dans la secte, d'après l'Apocalypse et à partir de la nativité de Bar-Jehoudda, 739. S'il en était autrement, Jésus pourrait répondre : Pour des habitants de Jérusalem vous êtes inexcusables, vous êtes d'une ignorance qui surpasse par anticipation celle de l'exégèse catholique, car vous avez vu poser la première pierre de l'édifice.

[236] Mathieu, XIII, 35.

[237] Quatrième Évangile, VIII, 57, 58.

[238] Sa généalogie dans Mathieu.

[239] Il a été parfaitement compris, et ramené à sa juste expression, non-seulement par les Juifs du Temple, mais aussi par ceux de son ressort. Seulement, de sa faillite le Quatrième Évangile veut sauver le baptême, qui est un article d'exportation et très vendable.

[240] Jésus n'est qu'une christophanie, c'est entendu.

[241] Le nom du Joannès est resté lié si étroitement aux monstrueuses visions de l'Apocalypse, ces visions elles-mêmes sont si bien celles du christ gaulonite que la primitive Eglise s'est trouvée forcée de les attribuer à celui dont elle a fait Jean, le disciple chéri de Jésus et qui, vous le savez assez, est le même homme que le Joannès baptiseur.

[242] Mathieu, XXXI, 52.

[243] Deuxième Epître de Pierre, I, 20.

[244] La même Epître, I, 19.

[245] Mot de police par lequel on désigne l'action de se déguiser dans un but défini.

[246] Apocalypse, ch. X.

[247] Dans l'épisode de Jésus chez les Naziréens. Ainsi nommait-on les disciples du Nazir et de ses frères.

[248] Le premier verset est : Commencement de l'Évangile du christ Jésus, fils de Dieu...

[249] Il y est fils d'Adam, qui est fils de Dieu.

[250] Revoir sa Nativité selon Mathieu, et dans la Nativité selon Luc le discours de Zacharie.

[251] Theudas est le Thaddée de l'Évangile. Battu, pris et décapité.

[252] Mathieu, III, 6 et suiv.

[253] Luc, citant Isaïe, pour ne pas citer le Joannès lui-même.

[254] Nous verrons ces choses en leur temps, plus loin.

[255] Ezéchiel, XIV, 12-21.