LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME I. — LE CHARPENTIER

VIII. — LE JOANNÈS-JÉSUS.

 

 

I. — ANNÉES D'APPRENTISSAGE.

 

Du Recensement, qui est de 760, à Pontius Pilatus qui arrive en 780, Josèphe ne trouve rien à dire sur la secte de Jehoudda. D'où vient qu'il glisse aujourd'hui sur ces vingt ans, comme s'ils ne contenaient pas la première croisade des christiens à Rome en 772 : fait d'une importance exceptionnelle, en ce que les Pierre et les Paul de l'imposture ecclésiastique y sont devancés par des apôtres dont la prédication n'a nullement pour objet la Résurrection de Jésus de Nazareth ? Nous avons expliqué la cause de cette anormale discrétion.

Pendant le Recensement, où était Bar-Jehoudda ? Après le Recensement, qu'est-il devenu ? Mystère, Il semble difficile qu'il soit resté en Judée depuis 761 jusqu'en 782, date de son Apocalypse. A-t-il fait des voyages à Cyrène, dans l'île de Chypre, à Rome même ? Nous ne le pensons pas, mais rien ne s'y oppose. Un seul déplacement est certain, celui d'Egypte, et l'unique question qui se pose à ce sujet est de savoir si le voyageur est revenu pour tout de bon après la mort d'Hérode en 750 ou s'il y est retourné après celle de son père en 761.

Selon le Talmud, c'est bien en Egypte qu'il a étudié la magie. Et d'après son Apocalypse, un temps s'écoule composé d*une période, de deux périodes et d'une demi-période, soit vingt-quatre ans et demi, pendant lequel il est nourri au désert loin des persécuteurs, sans qu'on puisse savoir s'il fait partir la première période de sa Nativité (739), du massacre des Innocents (747) ou du Recensement (760), ou bien s'il a séjourné en Judée entre la première période et les suivantes.

La carrière de Bar-Jehoudda, en tant que Joannès et christ jésus, commence en la quinzième année de Tibère, par conséquent en 781, année sabbatique selon le compte juif. Et comme il n'a été mis en croix que le 14 nisan 788, jour de la préparation à la pâque de 789, sa prédication a duré sept ans bien pleins. Qu'a-t-il fait pendant ces sept ans ?

Rien d'édifiant sans doute, car les scribes se taisent modestement sur ce septennat. En insistant sur ces choses on éveillera l'esprit critique, et il se trouvera des gens mal intentionnés pour identifier jusqu'à la fin Bar-Jehoudda avec le Joannès de l'Apocalypse, le Joannès de l'Apocalypse avec le Joannès baptiseur et le Joannès baptiseur avec celui que l'Eglise appelle Jésus. Quod est vitandum.

Sur quatre Evangiles, un seul, Mathieu, avoue le séjour de Bar-Jehoudda en Egypte, Encore le place-t-il à l'âge d'innocence où l'on ne peut étudier les sciences occultes qu'entre deux tétées. De parti pris les trois autres évangélistes font le silence : l'un d'eux, Luc, par la Nativité de Jésus au Recensement de 760 et sa présence à Jérusalem pendant la pâque de 772, s'est carrément proposé de rendre impossibles et l'identification de Joseph avec Jehoudda, et celle du Joannès-jésus avec Bar-Jehoudda, et le long séjour de cet imposteur hors de Judée, et la part qu'il a pu prendre comme héritier de la doctrine paternelle au mouvement de 772 à Rome. Les Evangiles synoptisés[1], lorsqu'ils ramassent toute la carrière de Bar-Jehoudda en une seule année, pour ainsi dire en une seule Pâque, ont eu pour but de nous cacher ce qu'on peut appeler sa vie criminelle, son fanatisme sanguinaire, ses vagabondages, ses extorsions d'argent, ses emprisonnements, ses fustigations, ses pillages, ses incendies et surtout cette cynique exploitation du nom de Dieu que recèle la Rémission des péchés par le baptême. 11 semble que cet homme, mort cinquantenaire, n'ait vécu publiquement que cette année-là et pour cette Pâque-là. Ce raccourci était fort utile à sa mémoire et à l'intérêt de l'Eglise. A la vérité on voyait bien la prison obscurcir l'existence de l'inventeur de la Rémission — l'Eglise en fut quitte pour rejeter le mal sur les Antipas et les Hérodiade — mais on n'en pouvait conclure que sa crucifixion eût été précédée de deux emprisonnements dont l'un avec fouet. Le Quatrième Évangile, en décuplant l'étendue que les Synoptisés attribuent à sa vie publique, nous ouvre des horizons plus vastes, striés fâcheusement de grilles et de lanières.

Bar-Jehoudda n'est pas allé qu'une seule fois à Jérusalem, pour y mourir. Il y est allé au moins cinq fois pendant sa prédication ; chaque fois il y a fait scandale, deux fois il y a été emprisonné, une fois lapidé quelque peu, une autre fois fouetté par les gens du Temple, et s'il le fut par les soldats de Pilatus comme le disent certains évangélistes, c'est la répétition d'un châtiment qui lui avait été appliqué déjà.

Pour compléter les fourberies ecclésiastiques, Luc dira que le jésus avait environ trente ans lors de ses débuts, alors qu'il en avait cinquante lors de sa crucifixion. On a obtenu ce chiffre de trente ans en retranchant du total les vingt ans (739-759) qui séparent la nativité réelle du Recensement.

 

Sur le fait et l'emploi du séjour en Egypte le Talmud est d'autant plus digne de foi qu'il ne trahit aucune animosité, et que le renseignement est jeté innocemment dans un dialogue entre rabbins à propos des signes extérieurs permis ou défendus. On n'y envisage Ben-Sotada[2] que sous l'aspect charlatanesque, celui qui lui est au fond le plus favorable. Un fou, disent les rabbins de Tibériade. Ils le ménagent : c'était un brigand, disent ceux de Babylone ; un scélérat, disent les Romains et les Grecs. Dans le livre de Celse, La Vérité (sur les christiens), ouvrage du quatrième siècle où se trouve citée la fort honnête Réplique d'un rabbin aux prétentions sacrilèges de l'Évangile, le séjour de Bar-Jehoudda en Egypte est une tradition qu'on ne discute pas. Laissant de côté la christophanie de Jésus, on examine l'individu qui a été crucifié par Pilatus et on ne nie pas qu'il ait rapporté du Nil quelques secrets de magie d'ailleurs connus et classés. On le considère comme un imposteur ridicule et, le mouvement contre Pilatus ayant misérablement avorté, il n'était rien resté du Révélateur que sa retentissante faillite. Au contraire, les quelques tours qu'il avait réussis dans les villages de Bethsaïda et de Bathanea[3] avec son frère Shehimon, également convaincu de magisme, passaient pour avoir été appris à la grande école de Sérapis, la même que celle de Moïse. On peut admettre qu'il avait des rivaux sur les bords du Nil. Tel cet Apollos, Juif d'Alexandrie, fort savant dans les Écritures, que nous voyons à Ephèse propager le baptême une quinzaine d'années après la mise en croix de l'inventeur[4].

Bar-Jehoudda n'eut jamais rien de la douceur des Thérapeutes[5]. S'il a vu les esséniens de Judée, il n'en a rien retenu non plus. Il voyageait beaucoup, les esséniens aussi. Il apparaît même pendant sa prédication comme en état de vagabondage. S'il eût eu quoi que ce fût de commun avec eux, il eût pu loger dans leurs maisons, puisque d'une part on y faisait profession d'hospitalité et que de l'autre il se plaignait de ne savoir où reposer la tête. L'Évangile ne les nomme même pas.

 

II. — LE TATOUAGE AU BRAS.

 

Il revint d'Egypte avec quelques formules de malédiction et de bénédiction dans la tète, et quelques recettes de médecine secrète : de vains prestiges par lesquels il ne pouvait étonner que les paysans obtus dont le Liban bornait l'horizon. Il assaisonnait ses pratiques d'un secret qu'il avait de prononcer le nom de Iavoué d'une certaine façon[6] (peut-être en détachant le tétragramme I-A-O-U).

Enfin, il s'était tatoué le bras d'un signe en forme de croix dont il faisait un état excessif, depuis l'interprétation que son père en donnait, car la croix était une fort vieille chose, familière à tous les Juifs[7]. Le nouveau n'était pas de la porter sur la peau, de l'avoir presque dans le sang. Nous la trouvons tracée sur le front de Caïn. Celui qui me rencontrera me tuera, dit Caïn. Alors Iahvé le marqua d'un signe pour que personne le rencontrant ne le frappât[8]. Pendant toute la bataille des Hébreux contre les Amalécites, Moïse, les bras étendus en forme de croix, prie Iahvé de donner la victoire à son peuple. Ur et Aaron lui soutiennent les mains, l'un à droite, l'autre à gauche, afin que, de toute la journée, il n'abandonne point cette position. S'en relâche-t-il, les Amalécites avancent ; la reprend-il, les Amalécites reculent. Ainsi se vérifie la puissance du signe sauveur, et avec d'autant plus d'à-propos ici que de son côté le commandant de l'armée s'appelle Jésus[9]. Le signe de Iahvé, c'est la croix, Iahvé le dit lui-même dans Ezéchiel : Passe par le milieu de la ville, dit-il au secrétaire de ses commandements, passe par le milieu de Jérusalem, et marque un Thav au front de ceux qui gémissent et soupirent sur les abominations dont est pleine la cité. Ceux-là ne périront pas : Egorgez tout jusqu'à l'extermination, mais sans approcher de ceux qui portent le Thav.

Le nouveau était en ceci que Bar-Jehoudda, interprétant toutes choses dans le sens de son naziréat, se disait marqué du signe qui réunissait en lui les douze stations du soleil, les douze divisions du système paternel, les douze éléments de l'immortalité depuis V Agneau initial jusqu'à celui du Renouvellement.

Symboliquement Mathieu a raison, Iahvé a ramené son Fils d'Egypte dans le signe que Bar-Jehoudda rapporte sur son bras. Mais si, au lieu de le ramener dans son signe, Bar-Jehoudda l'eût rapporté dans une suite de traits formant la lettre thav, on eût fort proprement lapidé ledit sieur, attendu qu'il était défendu à la créature de faire concurrence, même en imitation, au Verbe inventeur de la figure et du langage hébraïques. Les rabbins qui, dans le Talmud, discutent sur ce tatouage, sont obligés de reconnaître que Bar-Jehoudda n'avait point violé la Loi, que c'était un signe et non la lettre thav.

Ce bon serviteur savait que les lettres de l'alphabet hébreu depuis l'aleph jusqu'au thav — d'où son père disait que le Christ contient tout — composaient les divers instruments de la Création du monde, qu'elles appartenaient en propre au Verbe Jésus et qu'elles ne devaient pas être reproduites sur la peau d'une simple créature. Ceux qui, de métamorphose en métamorphose, ont fait de Bar-Jehoudda Jésus, et de Jésus un dieu de chair, sont ici jugés par lui-même.

 

Dans la pierre et dans le marbre, mille ans avant Jehoudda, les rois d'Assyrie portent la croix sur la poitrine. La croix entre deux cornes d'abondance, c'est le signe que les princes asmonéens et les Macchabées ont fait mettre sur leurs monnaies[10]. Si la croix suffisait à prouver le christianisme d'un homme, personne n'eût été plus christien qu'Hérode ! Il l'eût même été beaucoup plus que les apôtres. Il avait fait graver ce signe sur les murs du Temple, il l'avait mis sur ses monnaies, au-dessus d'un globe, et quoiqu'il s'y donne du basileus, il y avoue fort explicitement le même Maître que Bar-Jehoudda. Comme manifestation numismatique, Ménahem, en 819, n'en fera pas plus pour le Christ — une croix fleurdelisée — ni Bar-Kocheba qui, au-dessus d'un temple tétrastyle représentant les quatre coins du ciel selon la doctrine millénariste, fera mettre l'Etoile dont il est le fils et la croix dont il est le serviteur[11]. La monnaie de Ménahem, c'est celle qu'eût fait frapper son frère aîné s'il eût réussi le coup de 788.

Jamais les Romains ne songèrent à proscrire la croix qui était le signe du dieu Latinus dont la couronne était faite des douze pointes solsticiales. Jules César honore le signe des signes, et Cossus Maridianus, un de ses triumvirs monétaires, fait mettre son nom disposé en croix au revers des frappes. La porte du temple élevé à la clémence de César porte une croix. Antoine, qui fait mettre la croix sur ses galères, à l'imitation de Cléopâtre, grande adoratrice de ce signe ; Auguste, qui fait une offrande à Horus, tenant une croix à la main ; Livie, sa femme, dont les affranchis dorment leur dernier sommeil sous un semis de croix ; Tibère, son fils, qui passe sa vie entouré d'astrologues et dont les offrandes sont reçues par les trois personnes de la triade égyptienne, tenant chacune une croix à la main ; les paysans de la campagne romaine qui vont adorer dans des temples en forme de croix, voilà les précurseurs ! La croix, c'est le signe de Jupiter Axur, celui de Jupiter Optimus et Maximus. La croix sur la hache des faisceaux, la croix sur les tuniques, la croix sur les tombeaux, la croix sur les médailles, la croix sur les boucliers gaulois de la colonne trajane, les enseignes romaines terminées en croix au-dessus de la pila, elle est partout et c'est en tous lieux le plus commua de tous les signes. Sur l'autel de l'apothéose à Rome, la croix. Dans l'apothéose de Marc-Aurèle et de Faustine, le génie de l'éternité qui les emporte sur ses ailes, tient à la main le globe parsemé de croix. Presque toute l'antiquité pria les bras en croix et non les mains jointes. Livie, mère de Tibère, pria les bras en croix. Apulée a vu des gens replier l'index sur le pouce et prier en baisant cette croix. Croix, notre vie ! disait-on. Et c'est par elle, en effet, qu'on revivait, qu'on ressuscitait chaque printemps.

 

III. — LA PROCURATURE DE PONTIUS PILATUS (780-790).

 

Religieusement les Juifs, depuis le Gens, étaient gouvernés par la famille saducéenne de Hanan. Nommé par Quirinius, conservé par Coponius, Marcus Ambivius et Annius Rufus, Hanan fut l'homme d'Auguste, et, sauf deux années d'interrègne sacerdotal sous Valerius Gratus, c'est sa famille (Eléazar, son fils, pendant un an, et Joseph, son gendre, surnommé Kaïaphas) qui jusqu'à la fin retint les Juifs sous le joug de Tibère. Kaïaphas était en fonction depuis plusieurs années quand Pilatus arriva en 780 et il fut l'homme de Pilatus pendant les dix années que celui-ci gouverna la Samarie et la Judée. On peut dire que le César avait deux lieutenants en Palestine : le procurateur et le Grand-Prêtre. Jérusalem n'est plus la Ville de David : spirituellement, disait Bar-Jehoudda, c'est Sodome et Gomorrhe[12].

 

Pontius Pilatus appartenait à l'armée et à l'administration romaines depuis assez longtemps. Il avait servi en Espagne, et il existe des monnaies de Tibère, frappées à Turiaso, dans la province actuelle de Tarragone, avec son nom sur les revers[13]. S'il avait pu prévoir le cas qu'on ferait un jour du signe de la croix, il l'y aurait fait mettre afin de pouvoir en revendiquer la priorité sur Bar-Jehoudda. Mais on ne songe pas atouts Peut-être avait-il été surnommé Pilatus, parce que, l'un des premiers parmi les centurions primipilaires, il avait porté le javelot surmonté de la pila par laquelle Auguste signifiait qu'il était le maître de l'orbis terrarum.

La forme ronde était un attentat au Christ. Ce qui est rond peut tourner, et dans ce mouvement l'axe du. monde risque de se déplacer aux dépens de Jérusalem.

Je ne sais où j'ai lu que Pilatus était une créature de Séjan. C'est une fantaisie d'historien. Une fois à Caprée, dans ce qu'on appelle son île, bien que le goût lui en eût été légué par Auguste, Tibère laissa les choses aller, ne changeant plus les commandants de province et confiant dans l'étoile de l'Empire. Pendant plusieurs années il laissa la Syrie, comme l'Espagne, sans lieutenant consulaire. Quand il en nomma un, ce fut un Pison, Cnéius, qui d'ailleurs fut fidèle et refusa d'accueillir dans ses légions les enseignes de Séjan. Pilatus suivit cet exemple et jusqu'à la fin de sa procurature il se maintint en crédit.

 

Il était en fonctions depuis deux ans lorsque Dieu adressa la parole à Bar-Jehoudda. Antipas était tétrarque de la Galilée et Pérée, Philippe, de la Gaulanitide, Trachonitide et Bathanée, Lysanias, de l'Abilène[14].

On a contesté ce dernier renseignement, fourni par Luc, sous le prétexte que Lysanias l'ancien, celui d'Auguste, était mort depuis cinquante ans. Ce n'est pas de lui qu'il s'agit mais d'Hérode Lysanias, fils d'Hérode le Grand et de Cléopâtre. Cet Hérode, dit le tétrarque dans les Actes, était demi-frère de Ménahem senior et de Salomé. C'est le premier mari d'Hérodiade[15] dont il eut une fille, Salomé — la danseuse de l'Evangile — qu'il a donnée à son frère Philippe.

Il y avait dans Josèphe sur ce Lysanias, tétrarque de l'Abilène, une mention qui a disparu, avec beaucoup d'autres. On y lisait qu'après la mort d'Hérode Archélaüs, tant pour obéir au testament de son père qu'à la volonté d'Auguste, avait seul régné sur la Judée, et qu'après dix ans de règne il avait cédé la place à ses trois frères, Philippe, Hérode junior (Antipas) et Lysanias[16]. Eusèbe dit que cela est dans Josèphe et qu'on l'y peut voir, si l'on veut. Or cela n'y est plus.

Dans le Josèphe qui nous est parvenu nous trouvons bien Archélaüs tétrarque de Judée, avec le titre d'ethnarque, Hérode Antipas tétrarque de Galilée, et Philippe tétrarque de Bathanée et de Trachonitide[17], mais il y a quatre princes puisque chacun d'eux a un quart du gouvernement total de la Palestine. On nous a fait sauter une tétrarchie et un tétrarque. Nous allons retrouver l'une et l'autre, sinon à l'endroit où nous les cherchons, du moins un peu plus loin, en la première année de Caligula qui donne la tétrarchie de Lysias à Agrippa Ier[18] et en la douzième année de Claude qui à donne à Agrippa II la tétrarchie qu'avait eue Philippe (la Bathanée et la Trachonitide) et Abila qui avait été de la tétrarchie de Lysias[19]. Ce Lysias est l'Hérode dont parlent Luc, comme ayant été tétrarque de l'Abilène sous le nom de Lysanias, et Eusèbe sous le nom de Lysias, qui concorde avec l'indication originale de Josèphe[20].

La haine de Bar-Jehoudda contre Antipas ne s'étend pas à Philippe et à Lysanias. Il semble qu'au contraire il ait trouvé refuge en Abilène dans les circonstances critiques. L'Abilène, pour Bar-Jehoudda, c'est l'anti-chambre du désert. Sa mère et ses frères habitent soit Bethsaïda soit Kapharnahum dans la tétrarchie de Philippe, aucun dans celle d'Antipas. On vit chez des princes qui par leur mère au moins tiennent des Cléopas. Aussi n'y a-t-il pas un mot contre eux dans l'Évangile.

Pourtant Philippe était dans le même cas qu'Antipas. Il avait commis les mêmes crimes de tolérance, admis les mêmes cultes étrangers, contribué à leur éclat par de l'argent juif. Il avait été élevé dans Rome aux mêmes écoles. Toutefois, il n'avait pas donné le scandale de bâtir une ville sur un ancien cimetière et de l'appeler Tibériade. Construite par Antipas, nommée par lui, à moitié peuplée d'étrangers, plus païenne que juive, Tibériade est en Galilée la ville de la Bote. Ville trois fois maudite par son nom, par sa population et par son origine : cette assiette sépulcrale si contraire aux lois et aux traditions juives qu'on passait pour impur pendant sept jours quand on s'était trouvé, même par devoir, en des lieux semblables ! De tous les vivants qui sont dans cette ville et en cette compagnie, Bar-Jehoudda dit qu'ils sont morts d'avance.

Les lieux où il baptise sont beaucoup plus haut, sur divers points dont les scribes ont fait Béthanie et le faux Origène Bethabara ou lieu du bac, et qui ne sont autres que Bathanea, Bethara, les sources du Jourdain et celles de Zebda en Abilène[21]. Je pense qu'il opéra toujours le plus loin possible de Bethsaïda et de Panéas qui, sous les noms de Juliade et de Césarée, étaient devenues des villes à demi païennes où Philippe tolérait toutes sortes d'idoles et de monstruosités semblables.

 

IV. — LES ÉGLISES.

 

Du Recensement à l'Apocalypse, la secte semble dormir, et pourtant elle veille. Elle attend le terme fixé par Jehoudda, le Grand Jour où le Fils de l'homme baptisera de feu le fils de David.

En l'absence du Nazir quelques disciples voyagent, hirsutes, maléfiques, jetant des sorts, appelant les maux, surveillés par les chiens qui grognent derrière leur besace, faisant peu de recrues malgré les splendeurs du Royaume. On les avait vus à l'œuvre. On les craignait comme chez nous on a craint les chauffeurs. Il y a là quelque chose comme une Camorra, une Maffia, une Mano Negra dans un milieu indéfinissable, tout à la fois balkanique et marocain, macédonien et kurde, albanais et berbère, arnaute et kabyle, troublé de passions et d'idées fort troubles elles-mêmes et sur lesquelles ne peut rien la lanterne sourde de l'histoire. Jamais nos cerveaux modernes n'auront la puissance de quitter leur boite pour descendre au fond de cet abîme, où d'ailleurs il n'y avait que du vide. Tout ce qu'on sait de ces hommes, c'est que le Christ les empêchait de voir Dieu.

Shehimon s'était fixé dans Kapharnahum, avec sa mère[22]. Chaque fois que Bar-Jehoudda vient à Kapharnahum, qu'il habita peu ou prou avant la grande aventure, il va droit à la maison. Cette maison, tout court, c'est celle de l'assemblée, c'est l'église. C'est là qu'il guérit la mère de Shehimon, qui est la sienne, d'une fièvre qui la terrassait. C'est le seul miracle qu'il ait accompli chez celle que Luc appelle la Veuve de Kapharnahum pour ne pas l'appeler la veuve du grand Jehoudda. Quant à la fièvre dont il la guérit, nous savons de quelle nature elle était. Cette fièvre durait depuis la mort de l'homme de lumière, elle était faite d'espérance et d'anxiété. Le terme approchait. Le fils aîné vengerait-il le père ? Le Nazir se rappellerait-il que depuis le ventre il était l'Antéchrist, le Précurseur du Verbe ? Et les six autres démons que Jésus avait émis par Salomé, répondraient-ils à cette céleste origine ?

Outre l'église de Kapharnahum, la Grande Église, il y en avait deux en Syrie : l'une à Antioche, fondée par Ménahem Ier, l'autre à Damas, par Ananias[23]. Ces deux hommes étaient dits Presbytres, c'est-à-dire Anciens ; ils sont de l'étoffe dont on a fait plus tard les épiscopes ou présidents. Aucun ne s'avouait christien pour ne pas trahir le mystère de Dieu. Mais le secret transpira, et bientôt on leur donna ce nom ineffable qu'ils cachaient aux païens comme la clef du bonheur. C'est à Antioche, en effet, que les Juifs de cette secte furent appelés pour la première fois christiens[24] — ceci bien avant les faits exploités dans la fable évangélique.

Ménahem Ier étant un peu plus âgé que Lysanias et Philippe, devait avoir près de soixante ans, s'il vivait encore. Avec lui Lucius de Cyrène et Shehimon dit Niger étaient apôtres[25]. Qui les avait faits apôtres et assez notoires pour que les premiers ils aient été désignés sous le nom de christiens ? Le Verbe. Est apôtre quiconque prêche le Christ[26].

 

V. — LE PSEUDONYME APOCALYPTIQUE DE BAR-JEHOUDDA.

 

La vie de Bar-Jehoudda jusqu'en l'année onzième de Tibère, soit 777, nous échappe complètement. Mais en l'an 782[27] il lance son Apocalypse sous le pseudonyme que son père avait pris pour le Thème du monde.

Ne croyez point que Bar-Jehoudda ait été assez sot pour produire l'Apocalypse sous son nom de circoncision. Quand on voulait imposer aux Juifs, on signait Moïse, Enoch, Elie, et cette fois, comme le prophète révélait l'accomplissement du thème qu'avait exposé son père, il mit son œuvre sous le nom de Joannès. L'Eglise, au milieu de ses inventions les plus folles, convient que l'auteur de l'Apocalypse était à Bethsaïda sous Kaïaphas et contemporain de Pilatus. Complétons cet aveu. Il n'y a jamais eu au Jourdain de baptiste appelé Jochanan pendant la procurature de Pilatus ; Joannès n'est que le pseudonyme de Bar-Jehoudda. C'est en ce sens que le Coran a pu dire : Personne avant lui n'a porté ce nom[28], et c'est en ce sens seulement, car des centaines, des milliers de Juifs portaient le nom de Jochanan au temps de Bar-Jehoudda. Mahomet d'ailleurs se trompe, car le père de Bar-Jehoudda avait, lui aussi, porté le nom de Joannès dans les Ecritures de la secte. Ne l'oublions jamais, Bar-Jehoudda n'est qu'un disciple, mais revêtu d'une mission à laquelle le premier Joannès ne pouvait prétendre ; il est le Joannès-nazir, le Joannès-jésus, chargé d'administrer le baptême d'eau.

C'est bien le Joannès ou Oannès-nazir que Pilatus va crucifier le 14 nisan 788. Celui que le Talmud de Tibériade appelle Ben-Sotada, le Talmud de Babylone l'appelle Oannôzri[29]. Or, qu'est-ce que ce nom ? Une contraction d'Oannès et de Nazir, Oannazir, nous dirions Jeannazir.

Lucien, quoiqu'il ait été visiblement sophistiqué, trahit encore aujourd'hui cette vérité capitale : le crucifié est celui qui expliquait les ouvrages des prophètes (son père et son oncle), qui en a composé et qui lui-même, a introduit cette doctrine (du baptême de Rémission) dans le monde[30]. Mieux que cela, Lucien donnait son vrai nom qui était et dans Josèphe et dans Celse l'épicurien[31].

Le bon empereur Julien qui, avec tout son entourage, perça l'imposture évangélique, si transparente au fond, ne pouvait être dupe du pseudonyme sous lequel Jehoudda et son fils avaient placé leurs Révélations. Dieu, dit-il, ne s'est point occupé exclusivement des Juifs, mais il veille sur toutes les nations et il n'a donné aux Juifs rien de bon, rien de grand, tandis qu'il a comblé les païens de faveurs beaucoup plus remarquables. Les Egyptiens peuvent citer chez eux les noms d'une foule considérable de sages dont un grand nombre ont succédé à Hermès (il veut parler des Joannès avec lesquels Moïse entra en contestation). Les Chaldéens et les Assyriens en ont eu autant depuis Oannès et Bélus et les Grecs des milliers depuis Chiron. Et depuis lors se sont montrés toutes sortes d'hommes inspirés et interprètes des choses divines : privilège dont se vantent exclusivement les Juifs[32]. Avant Julien, Apulée ayant à repousser une accusation de magie répond qu'il s'intéresse aux sciences occultes en ce qu'elles ont d'inoffensif et cite le Joannès — l'égyptien ou le chaldéen — parmi les révélateurs dont il a vu les ouvrages dans les bibliothèques publiques[33]. Et cette déclaration est accueillie comme un aveu par les murmures de ses ennemis : ne l'avaient-ils pas accusé d'adorer en secret le scélérat qui avait signé l'Apocalypse ?

 

VI. — L'APOCALYPSE DE 782.

 

C'est une erreur énorme de croire que le Joannès ait prêché la fin du monde. La fin du monde eût été le Mataioangile, la Mauvaise nouvelle. L'attente de la fin du monde eût tari la source de tout courage, brisé le ressort de toute énergie. C'eût été la paralysie totale de l'effectif christien. On ne se serait pas fait tuer pour un Christ qui aurait détruit complètement le monde, on mourut pour un Christ qui allait venir renouveler éternellement le bail du Juif avec la terre. Cette distinction éclaire tout. On voit pourquoi, dans quel intérêt de race les christiens dits Galiléens ont montré une foi, un esprit de contention qui nous étonne encore après dix-neuf siècles, et pour quel motif l'annonce du cataclysme limited, que tous les hommes d'aujourd'hui prennent pour la fin du monde, a pu être nommée l'Évangile, la Bonne nouvelle. L'Évangile de Jehoudda et de tous ses apôtres, c'est la terre purgée de tous les païens, de tous les Juifs insuffisamment Juifs, et renouvelée, après le baptême du feu, pour une seule espèce d'hommes, les Juifs élus du Christ. Cette terre-là, c'est la Terre Sainte définitive, le monde aux Juifs in æternum.

Le christianisme ne fut pas du tout une superstition triste et qui fît des mélancoliques. Joie nationale, au contraire, et plénitude sociale en perspective. Le premier article du code est qu'on ne travaillera point.

L’Apocalypse faisait partie des Paroles du Rabbi[34] d'abord écrites en araméen par Philippe, Jehoudda dit Toâmin et Mathias, les deux premiers, frères, le second, neveu de l'auteur. Nous n'en possédons plus que l'adaptation judéo-grecque dite Apocalypse de Pathmos, adaptation incomplète, infidèle, plusieurs fois revue et corrigée par l'Eglise après additions et retranchements, jusqu'à ce que la personnalité du Joannès et les preuves de son identité avec le crucifié de Pilatus eussent disparu. Les trois premiers chapitres de l'adaptation grecque sont, avons-nous dit déjà, un Envoi. Un disciple du Joannès et qui prend son nom rappelle aux Juifs millénaristes dispersés en Asie les promesses et les Révélations faites à leur maître commun par Dieu, promesses dont la réalisation est suspendue, mais immanquable, étant donné leur origine.

On ignore de quelle époque est cette adaptation, on en est réduit aux hypothèses. Au fond elle est de plusieurs époques, où domine toutefois celle d'Antonin. Je donnerai mes raisons pour ce qu'elles valent, sans insister sur ce point d'importance secondaire. Le texte qui nous est parvenu contient des additions qui ne sauraient être antérieures au quatrième siècle. Mais, la vérité souffre beaucoup plus des retranchements opérés dans l'original araméen que des additions faites à la version grecque.

 

L'Apocalypse ne saurait être née à Pathmos ; peut-être y a-t-elle été déportée. L'homme qui l'a datée de Pathmos se console de son exil avec ce petit livre de prophéties obscur pour tout le monde, pour lui plein de clartés sublimes et de sous-entendus glorieux. Mais il ne la donne pas comme étant de lui, au contraire, il la réédite pour le réconfort des millénaristes d'Asie. Comment a-t-on pu croire que l'Apocalypse avait été composée au milieu de la mer d'Ionie ? Païenne, consacrée à Vénus, hélas ! l'île de Pathmos s'effondrait l'une des premières dans le cataclysme qui devait emporter tout ce qui n'était pas la Judée. La première victime de la prophétie, c'était le déporté. Précipité au fond de l'abîme dès le prologue, il n'eût jamais habité la nouvelle Jérusalem que le Christ Jésus devait bâtir sur les ruines de l'ancienne.

L'Apocalypse de Pathmos ne connaît point d'autre Royaume de Dieu que le Royaume millénariste, point d'autres fondateurs de la secte christienne que Jehoudda et Zadoc et point d'autres prophètes montés au ciel. Comme Josèphe, l'adaptateur judéo-hellène ne connaît pas de secte qui aurait été fondée par un certain Jésus, de Nazareth ou de Betléhem au choix. C'est si bien l'Apocalypse de 782 que l'Assomption de l'auteur n'y figure pas, non plus que celle de ses frères. Bar-Jehoudda en est encore à l'Ascension de son père et de son oncle.

Ce rugissement du lion de Juda serait anachronique sous Domitien. L'anathème aux rois, aux tétrarques et aux chiliarques est une date politique. Sous Domitien il n'y avait plus de tétrarques en Galilée — cela, depuis les fils d'Hérode, — il n'y avait plus de rois, plus de chiliarques depuis les Agrippa. Mais, dira-t-on, il y avait les rois d'Asie. Eh ! qu'importent les rois d'Asie au Juif relégué dans Pathmos ? A quels rois, à quels tétrarques, à quels chiliarques en veut-il, sinon à ceux dont ont pâti Jehoudda et sa famille ? Les Juifs ont souvent défendu leur liberté, jamais celle des autres.

Depuis l'entrée des légions de Pompée dans le Temple et la tache de servitude imprimée sur le peuple par Auguste, le nationalisme juif a le droit d'appeler Rome la grande Babylone, d'en souhaiter, d'en prédire, d'en décrire l'agonie dans les flammes. Avant de s'appeler Tibère, la Bête s'est appelée Pompée, César, Antoine, Crassus, elle s'appelait Auguste au temps de Jehoudda.

La haine des Juifs contre la Babylone d'Occident n'a pas attendu Néron pour faire explosion. Pour fourbir poétiquement son glaive et faire crouler lyriquement les étoiles, le Joannès n'a pas attendu que ce grimaud de Domitien s'en allât réciter aux divinités infernales un peu de Martial et de Quintilien. Josèphe, Tacite et Suétone, le premier d'après les Apocalypses des Joannès juifs, les seconds diaprés les histoires antérieures, sont unanimes à dire que l'idée de la Mission juive avait envahi l'Asie bien avant Néron ; que le mouvement christien devait commencer en Orient — Josèphe précise et nomme Babylone ; que le Christ viendrait en Judée et que de là partiraient les (douze) puissances surhumaines auxquelles l'Occident succomberait fatalement. Il fallait d'abord que les Quatre animaux (Keroubim) du grand fleuve Euphrate fussent déliés et, en desséchant les fleuves, ouvrissent la voie aux rois mystérieux qui emporteraient l'Empire. Ces rois étaient d'autant plus certains de la victoire qu'ils n'avaient plus la Méditerranée devant eux pour leur barrer le passage, Bar-Jehoudda la supprimait.

 

Pour le fond allégorique, toutes les Apocalypses des Jehoudda sont pillées. Si les visions qu'elles contiennent leur appartenaient en propre, les Joannès auraient eu le mérite de les avoir rêvées. Mais pas un trait qui ne soit effrontément plagié. Jehoudda et Bar-Jehoudda sont des imposteurs revêtus de la peau de poisson des Joannès chaldéens. Libre au Joannès-jésus d'intituler son livret : Révélation du Christ Jésus, de dire que Dieu la lui a octroyée pour annoncer à ses serviteurs ce qui doit bientôt arriver, qu'il la lui a signifiée par un ange terrestre (son propre père), que, par conséquent, il est un attestateur de la parole de Dieu et un témoin oculaire du Christ Jésus, nous sommes fixés, ce sont d'impudents coquins qui n'ont rien vu, rien entendu, rien deviné. Mais qui eût osé les contredire ? Le Fils de l'homme, sauveur des Juifs et bourreau des païens ! Comment eût-on douté qu'ils l'eussent vu ? Il était si ressemblant !

Sans essayer une reconstitution de l'Apocalypse, telle qu'elle était en 782, nous pourrons indiquer, parfois avec la plus grande précision, les points sur lesquels s'est appesantie la main frauduleuse de l'Eglise.

 

VII. — LA COLOMBE DE L'ARCHE CÉLESTE.

 

L'Evangile des Naziréens ou Ebionites, premier monstre évangélique, et les Sagesses valentiniennes, la plus ancienne glose faite sur cette fable, disent en quoi consistait l'Investiture céleste du Joannès-nazir. Dieu lui envoyait le Verbe Jésus sous la forme d'une colombe, le Verbe étant pour la blancheur à la ressemblance de cet oiseau que le Précurseur appelait, de son côté, par son naziréat virginal. Dans ces écrits que nous n'avons plus, tel celui des Naziréens, ou qui nous sont parvenus dénaturés, tels ceux des Valentiniens, mais que tous les christiens du second siècle, soit millénaristes, soit gnostiques, ont eus et suivis, on ne racontait pas comme aujourd'hui le fantasmagorique baptême d'un certain Jésus de Nazareth par le Joannès Nazir. L'Investiture par la colombe provenait de l'Apocalypse où le Joannès expliquait lui-même, autobiographiquement, à la première personne, sa mission, son onction, son état de christ. Il disait quelle messagère était descendue pour lui révéler le mystère du salut et quelles paroles il avait entendues. Ces paroles n'avaient rien de nouveau pour personne et c'était leur force[35]. Il les avait prises dans les Psaumes de son père David[36].

 

Les Evangiles sont obligés de renier l'Apocalypse ; au moins ne renient-ils point son auteur, comme a fait l'Eglise. Aucun ne peut avouer que le Joannès ait laissé une Révélation écrite : avouer cela, ce serait avouer pour christ-jésus Jehoudda, fils de Jehoudda. Jésus, que les évangélistes ont logé dans le corps du Nazir[37], use d'un subterfuge des plus curieux pour déguiser cette vérité que l'auteur de l'Apocalypse s'était dit christ dans l'Apocalypse même, mais il la fait avouer par Isaïe[38] : L'Esprit du Seigneur est sur moi, dit-il[39], c'est pourquoi il m'a consacré par son chrisme (onction) et m'a envoyé... publier l'An de grâce du Seigneur et le jour de la rétribution.

Mon Père (selon la thèse même de son père terrestre) m'a envoyé l'Esprit-Saint sous la forme d'une colombe, dit le Joannès-jésus dans les écrits valentiniens[40]. Et ainsi revêtu de la grâce divine, il a pu révéler des mystères inouïs, à travers toutes les épreuves qui l'ont mené à la croix. Car cette colombe, c'est l'aile du Verbe, c'est la Parole ailée. On n'arriva pas du premier coup à détacher Jésus de la colombe et à en faire un être qui va et qui vient sous la forme d'un homme. On n'osait pas. La colombe fut longtemps l'unique image qu'il eût prise pour traverser les airs : colombe envolée de l'Arche céleste pour annoncer au Joannès le salut contre le feu, comme autrefois la colombe envolée de l'arche terrestre était revenue pour annoncer à Noé le salut contre l'eau.

L'arche que jadis avait conduite Noé venait des hommes, charpentée par lui et par ses ouvriers avec une hache et du bois. Combien plus noble et plus haute l'Arche du baptême que Bar-Jehoudda allait mener sur le lac de Génézareth ! Elle venait du ciel d'où, aidé par Dieu lui-même dans ce génial ouvrage, le grand Zibdéos de l'Evangile l'avait tirée, afin qu'au jour dit ses fils pussent y monter pour jeter leurs filets et pêcher les Juifs.

Toutes les allégories de l'Evangile, le Charpentier Joseph, Zibdéos le Faiseur de poissons, ses fils les Pêcheurs d'hommes, la Barque du baptême, ces images sur lesquelles ânonne depuis des siècles la pauvre exégèse théologique, tout cela est descendu du ciel sur les ailes de la colombe. Tombée dans l'encrier des évangélistes, elle est remontée au ciel, à moitié plumée, laissant dans l'air, avec le remords d'être venue, la longue tache que lui ont imprimée les impostures humaines.. Vous la chercheriez en vain dans la marmite de l'Eglise, on n'y trouve que des pigeons. Mais, avant de monter dans la barque de Pierre, pape à Rome — ineffable piperie ! — Shehimon a voulu dire un dernier adieu à la vieille Arche construite par son père, l'arche qui devait déposer Israël au port de salut[41].

 

Il n'y avait pas deux personnes au Jourdain pendant la descente de la colombe, il n'y en avait qu'une, le Joannès, fils de David. C'est à lui que le Verbe remettait la clef du Royaume et renouvelait la promesse faite à l'ancêtre. L'Esprit-Saint, disait-il, descendit sur moi sous la forme d'une colombe, et une voix du ciel vint qui jadis avait parlé à David : Tu es mon fils, je t'ai engendré aujourd'hui[42]. Il était âgé de quarante-deux ans lorsque Dieu l'engendrait. Voilà l'antique version qui de l'Apocalypse avait été transportée et mise à la troisième personne dans l'Évangile dont se sont servis Valentin et l'auteur du Tryphon et qui, dans cette teneur originale, a disparu des Écritures canoniques. Et cela se conçoit, car elle ne pouvait provenir que d'un écrit antérieur aux Évangiles actuels et dont le héros ne devenait fils de Dieu que par l'Investiture. Et en effet, dans cet écrit, c'est Bar-Jehoudda qui est en scène sous le pseudonyme de Joannès. Cette leçon : Je t'ai engendré aujourd'hui, Ego hodie genui te, qui s'oppose à toute intervention de Dieu dans la naissance du Jésus, elle était encore dans l'Evangile dont se servait Augustin, évêque d'Hippone, au cinquième siècle[43], mais déjà ce n'était plus la réédition d'une parole apportée au Joannès par la colombe de 782, on en avait enlevé tout ce qui en décelait la source apocalyptique, tout ce qui rappelait l'identité du bénéficiaire. Au cinquième siècle la métamorphose du Joannès en Jésus était presque complète, et Jésus était le Fils de Dieu, non depuis 782, mais depuis la Création, depuis le ciel, depuis toujours !

Les scribes du Quatrième Évangile ont eu à leur disposition l'Apocalypse dans laquelle le Joannès disait de lui-même : J'ai vu l'Esprit descendant du ciel comme une colombe et s'arrêtant sur moi. Ils ont conservé la phrase, mais quand on introduisit Jésus dans la fable, on fit sauter le moi d'un simple petit coup de pouce, et on le remplaça par un lui qui vient fortifier grammaticalement l'hypothèse d'un deuxième individu présent à la scène. Dans cette version le Joannès ne parle plus de lui, mais de Jésus dont il dit : J'ai vu la colombe s'arrêter sur... lui. Le beau est que le moi primitif est resté, simplement reculé d'un mot : ... Moi, reprend le Joannès, je ne le connaissais pas[44]. Que de temps avant d'en arriver à l'impudent histrionisme d'aujourd'hui, à cet indécent procédé de pantomime anglaise grâce auquel Jésus remplit aux côtés du baptiste le rôle subalterne du baptisé l Scène tellement scandaleuse que le scribe ne peut s'empêcher d'en rougir. Mais, s'écrie le baptiseur, c'est tout le contraire de ce qui devait se passer ! — Littéralement : C'est moi qui dois être baptisé par vous, et vous venez à moi ![45] — Le scribe emploie le présent puisque c'est le mode dans lequel il place l'action, mais c'est l'imparfait qui convient. Seigneur, pense le Joannès, c'est vous qui deviez me baptiser de feu et voilà que je vous baptise d'eau ! C'est le renversement de toutes les Apocalypses de la famille ! Elle est bien bonne, comme on dit à Lutèce ! Elle est bien bonne, en effet ! Mais Dieu, s'il a quelque honneur, doit la trouver mauvaise.

 

Et l'Eglise veut que Jésus ait été cousin du Joannès, nés à cinq mois d'intervalle l'un de l'autre ! Leurs parents ont des rapports tellement intimes qu'ils se communiquent l'état des grossesses dans chaque ménage ! Leurs mères ont des rapports tellement étroits qu'elles se feraient scrupule d'accoucher Tune sans l'autre ! Mais vous avez entendu le cri de la vérité par la bouche de cet homme que les évangélistes ont dépouillé de tout, de son père, de sa mère, de ses frères, de ses sœurs, de son investiture, de sa crucifixion même, pour les donner à Jésus : Je ne le connaissais pas ! J'étais venu baptiser dans l'eau afin qu'il fût manifesté dans Israël ![46] Vérité irréfutable à tous les points de vue. Ni corporellement, ni même spirituellement le Joannès n'a connu le Jésus de la mystification dont il demeure le seul protagoniste en chair. Alors quelle sorte de Christ annonçait-il donc ? Quel Verbe a-t-il manifesté dans Israël, ce fils de David que Dieu engendre en la quinzième année de Tibère ? La suite de son Apocalypse va nous l'apprendre.

Ah ! les Manichéens avaient bien raison de dire à Augustin qu'il n'y avait pas un seul exemplaire de l'Evangile qui n'eût été falsifié ! Ils avaient bien raison de lui montrer, avec preuves à l'appui, que le crucifié de l'Evangile ne pouvait être Jésus, Messie-fantôme (sic) lancé dans le monde par les judéo-christiens aux abois. Et comment Augustin n'aurait-il pas cru Faustus et les autres évêques manichéens ? Ils avaient en main l'Apocalypse originale avec tous les écrits de Bar-Jehoudda ![47]

 

Bar-Jehoudda fut donc pendant sept ans tout le salut.

Lui-même, en se proclamant fils de Dieu, christ par révélation, ne prétendit pas être l'objet d'une exception intransmissible. Il fut le prototype de l'oint, de l'enfant de Dieu que tout Juif pouvait devenir par le baptême d'eau. Vienne le baptême de feu et tout baptisé était admis aux mille ans de vie ! Par la faculté qu'il avait de transmettre ce pouvoir, il était le sauveur, le jésus de sa génération.

Ce qu'on a essayé de cacher le plus possible dans l'Evangile, c'est qu'il avait été surnommé jésus par les uns et christos par les autres. On a laissé échapper le second fait, mais on a presque réussi à en éliminer le premier, qui n'est pas moins constant. Il n'en reste plus, qu'une preuve, d'ailleurs saisissante.

Si le nom de Jésus est le nom propre du Verbe dans-la fable, il ne lui revient pas au point de vue baptismal ; dans les Evangiles primitifs Jésus ne baptise pas. Ce cri des pharisiens à Bar-Jehoudda crucifié : Toi qui sauves les autres, sauve-toi maintenant toi-même ! ne peut donc s'adresser qu'à un Juif connu par le pouvoir qu'il s'attribue de remettre les péchés. Refuserez-vous d'écouter Jésus lorsqu'il viendra vous dire dans la Sagesse de Valentin que jésus était le surnom de Joannès baptiseur ?

Le Baptiste Joannès a prophétisé sur moi, dit Jésus, en disant[48] : Moi, à la vérité, je vous baptise dans l'eau pour le repentir et la Rémission de vos péchés ; celui qui viendra après moi m'est supérieur (il n'est pas encore question de sa chaussure)[49] : il a son van à la main et purifiera son aire ; la paille, il la brûlera dans un feu inextinguible, mais le froment, il le rassemblera dans son grenier[50]. La vertu qui était en jésus a prophétisé sur moi, sachant que j'amènerais les mystères au monde (par la révélation), afin de purifier les péchés de ceux qui croiraient en moi, qui m'écouteraient, afin que je les fasse pure lumière et que je les introduise dans la Lumière.

 

Jésus a donc deux acceptions dans l'Evangile ; tantôt il est mis pour Joannès-jésus : alors c'est un homme qui parle et il mesure humblement la distance qui le sépare du Christ Verbe, quoiqu'on l'appelle Rabbi, le maître ; tantôt il est la personnification de ce Verbe, et en ce cas on l'appelle du nom que les disciples proscrivaient radicalement parmi eux : Seigneur, pris dans le sens absolu.

Pour marquer la différence, nous accompagnerons le Rabbi jusqu'au tombeau[51], après quoi nous reconduirons le Seigneur jusqu'au ciel[52]. Chacun chez soi.

 

FIN DU TOME PREMIER

 

 

 



[1] Mathieu, Marc, Luc, qualifiés de synoptiques par l'Église, comme si leur synoptisation ne venait pas d'elle.

[2] Le fils de la déviation adultérine. Nous avons donné le sens de cette expression plus haut.

[3] Comme dit l'empereur Julien.

[4] Actes des Apôtres, XVIII, 20 et suiv.

[5] Secte héliocole établie en Égypte et composée, semble-t-il, de moines voués à Sérapis, sérapisants.

[6] Ceci dans le Talmud, selon Tricalet (Motifs de crédibilité, 1763, in-12°, t. I, p. 112). Le Talmud de Babylone alors ? car je ne trouve rien de pareil dans celui de Tibériade.

[7] Nous disons tatouage et non incision. Ceci sera comme un signe en votre main (Exode, XIII, 10). Vous ne ferez point d'incision dans votre chair en pleurant les morts, et vous ne ferez aucune ligure ni aucune marque sur votre corps (Lévitique, XIX, 18). Les prêtres ne feront point d'incision dans leur corps (Lévitique, XXI, 5). Ne vous faites point d'incision (Deutéronome, XIV, 1). On ne découpera pas le corps (Jérémie, XVI, 6). Exception semble avoir été faite pour le signe de la croix : Ceci sera comme un signe en votre main (Exode, XIII, 16). L'un dira : Je suis au Seigneur... Un autre écrira sur sa main : Au Seigneur ! (Isaïe, XLIV, 5). Je vous porte gravé sur ma main (Isaïe, XLIX, 16). Apulée, qui ne fut oncques juif ni christien, avait le signe au bras. Il s'offre à le montrer devant Maximus, proconsul d'Afrique, si quelqu'un dans l'assistance le possède également. (Apologie d'Apulée).

[8] Genèse, IV, 14.

[9] Jésus Nave (Exode, XXVII).

[10] V. l'album de l'abbé Ansault contenant des exemples (plusieurs centaines) de croix antérieures à l'Erreur christienne ou tout à fait indépendantes de la fable évangélique.

[11] Bar-Kocheba est le dernier des christs davidiques. C'est lui qui a consommé la ruine de la Judée par sa révolte sous Hadrien. Il était, je crois, de la lignée de Jehoudda.

[12] Apocalypse, XI, 8.

[13] Cohen, Monnaies romaines (Coloniales de Tibère). Turiaso, aujourd'hui Tarazona.

[14] Luc, III, 1.

[15] Du moins selon toute vraisemblance. J'ai dit pourquoi il n'y avait pas de certitude.

[16] Histoire ecclésiastique, liv. Ier, ch. IX. Toutefois il n'est pas exact qu'Archélaüs ait régné seul sur toute la Judée et que ses frères n'aient eu leurs tétrarchies qu'au bout de dix ans. La première affirmation a pour but de corroborer le texte de Mathieu (prologue), la seconde, celui de Luc (III, 1) : l'ensemble, de briser tout lien entre la mère de Bar-Jehoudda et celle de Philippe et de Lysanias.

[17] Dans la Chronologie du même Eusèbe, même renseignement, avec un frère de plus : Archélaüs succède à Hérode et ses [quatre] frères Hérode Antipas, Lysias (Lysanias) et Philippe. Le chiffre quatre a été mis là par un scribe qui a cru qu'Hérode et Antipas faisaient deux personnes et devaient être séparés par une virgule.

[18] En même temps que celle dont avait joui Philippe, Caligula laisse à Antipas, pour une année encore, la Galilée et la Pérée. (Antiquités, l. VIII, ch. VIII.)

[19] Antiquités judaïques, l. XX, ch. V.

[20] Qu'on a fait disparaître, quand, pour les besoins de l'imposture ecclésiastique et de la chronologie (pseudo-décapitation du Joannès antérieure à sa crucifixion), l'Eglise eut fait Hérodiade femme de Philippe. Nous verrons tout cela en temps utile.

[21] Zebda s'appelle aujourd'hui Ez-Zebedani, dans une vallée qui est visiblement le bassin d'un ancien lac. De belles et fortes sources coulaient dans les environs d'Abila et elles alimentent encore l'Oued Barada qui arrose la plaine.

[22] Que certains Évangiles appellent sa belle-mère pour ne pas avoir à avouer que la mère de Shehimon dit la pierre est en même temps celle de Bar-Jehoudda, dit Joannès ou le jésus.

[23] Dans les Actes, c'est Ananias qui baptise Saül (Paul), lequel ne fut jamais baptisé, et c'est Ménahem qui lui impose les mains, contre toute vraisemblance. La seule chose qu'on puisse retenir de ces impostures dont on mesurera l'énormité bientôt, c'est l'existence d'une église à Damas et d'une autre église à Antioche, toutes deux millénaristes à outrance.

[24] Actes des Apôtres, XI, 27.

[25] C'est très probablement à cause de Lucius qu'on a mis plus tard un Evangile sous le nom de Luc.

[26] Les Actes des Apôtres (XIV, 1, 4) le reconnaissent en donnant ce titre à Saül et à Barnabas qui d'ailleurs ne le méritent aucunement dans le sens où les Actes l'entendent. Dans les Lettres de Paul (aux Romains, XVI, 7) on donne le titre d'apôtres à Andronicus et Junias qui, s'ils étaient parents de Saül comme on le dit, furent des apôtres franchement anti-jehouddiques.

[27] L'an quinzième de l'empire de Tibère César, Pontius Pilatus étant gouverneur de la Judée ; Hérode, tétrarque de Galilée ; Philippe, son frère, de l'Iturée et de la province de Trachonite, et Lysanias, de l'Abilène, Hanan et Kaïaphas étant grands-prêtres, le Seigneur fit entendre sa parole à Joannès, fils de Zachûri, dans le désert. (Luc, III, 1 et suiv.)

Le scribe de ces versets a pris la filiation du Joannès dans la Nativité du Joannès-jésus selon Luc et il vient de procéder à la fausse Nativité de Jésus au Recensement. Il n'est pas exact qu'Hanan fût grand-prêtre pendant la prédication du second Joannès, mais il était grand-prêtre quand le premier Joannès a prêché le refus du tribut.

[28] Coran, ch. XI, Maria, v. 8.

[29] Voyez là-dessus, si vous ne voulez pas remonter à la source juive, les théologiens catholiques Wagenseil (Sota, déjà cité) et Pfeitfer (Theologiæ judaïcæ et mahumeticæ principia), combien d'autres !

[30] Emprunté presque textuellement à Peregrinus.

[31] Qu'il ne faut pas confondre avec Celse le platonicien, ami de Julien et auteur de la Vérité sur les jésu-christiens.

[32] C'est à tort que M. Talbot dans sa traduction de Julien (Paris, 1863, in-8°, p. 336) a mis Ninos où il y a Άννου, ce que d'ailleurs il reconnaît. Ninos n'est qu'une corruption d'Annos, comme Ninive n'est qu'un dérivé d'Annive. Les armes parlantes de Ninive, c'est un poisson oannique.

[33] Apologie, prononcée devant Maximus, proconsul d'Afrique sous Antonin.

[34] Les Logia Kuriou de Papias, les Livres du jésus de Valentin, nous verrons cela en son lieu.

[35] Dans certains écrits, celui de Celse, par exemple, l'oiseau révélateur n'était pas proprement une colombe, mais un volatile qui, attendu le voisinage du Jourdain, pouvait fort bien être un canard — il y en a d'immortels. Mais passons, nous n'en sommes pas réduits à de basses distinctions ornithologiques.

[36] Psaume II, 7.

[37] V. la scène de Jésus dans la synagogue des Naziréens. Luc, IV, 17-19.

[38] Isaïe, LXI, 1.

[39] Allusion à son naziréat. V. p. 206, verset 66.

[40] Deuxième Sophia valentinienne dont l'auteur, juif ou non, se sert d'un Évangile où Jésus ne se faisait pas encore baptiser par le Joannès, car c'est le Joannès lui-même qui parle ici sous son surnom de Jésus.

[41] Première des deux fausses Épîtres de Pierre, III, 20, 21. L'auteur reconnaît que la barque du baptême est l'équivalent de celle de Noé adaptée à d'autres fins.

[42] Psaumes, II, 7.

[43] Confessions, l. XI, ch. XIII. L'Evangile d'Augustin était sans doute celui d'Ambroise de Milan.

[44] Quatrième Evangile, I, 32, 33.

[45] Mathieu, III, 14 et 15.

[46] Quatrième Évangile, I, 31.

[47] Nous le montrons au chapitre, Les Paroles du Rabbi : et nous reviendrons sur le cas vraiment inouï de cet Augustin qui, après avoir professé l'inexistence de Jésus, requiert persécution contre ceux qui la discutent ou la nient.

[48] Pistis Sophia, trad. Amélineau, p. 183. Les Juifs valentiniens — Valentin était Juif — niaient formellement la venue en chair de Jésus. Ils avaient leurs raisons pour cela, ayant contribué à la fabrication du Jésus actuel par la correction du Joannès-jésus et de ses frères, car ils sont anti-millénaristes déterminés.

[49] On a introduit la chaussure de Jésus dans la phrase quand on eut décidé de lui donner les pieds avec lesquels il vient au Jourdain.

[50] Ils se servent ici de l'Evangile dit des Naziréens ou Ebionites, disciples des fils de Jehoudda, et qui nièrent, eux aussi, l'existence de Jésus, quand on leur présenta un jésus autre que le Joannès.

[51] C'est la matière du volume intitulé Le Roi des Juifs, et qui succède à celui-ci.

[52] C'est la matière du volume qui sera spécialement consacré à la fabrication de Jésus et des Evangiles.