LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME I. — LE CHARPENTIER

VI. — L'APOTHÉOSE DE JEHOUDDA.

 

 

I. — APRÈS LA MORT D'HÉRODE.

 

Après un règne grand par sa longueur, Hérode mourut. Les Zélotes poussèrent un soupir de soulagement. On se crut libre. Un parti de Galiléens et de Transjordaniens monte à Jérusalem, qui venait de proclamer Archélaüs, se rue dans le Temple et célèbre la Pâque sans prêtres selon le rite ancien. La maison de Dieu est à eux ! Armés du fouet allégorique de Jésus, ils chassent honteusement ceux qui, dans le sanctuaire comme au-dehors, prostituent l'agneau et vendent le Dieu des Juifs à l'étranger. Archélaüs ne pouvait encore se dire roi, tout proclamé qu'il fût par les pharisiens de Jérusalem et les saducéens !

Les Zélotes s'étaient jetés dans le sanctuaire hérodien pour y ramener leurs sacrifices comme dit dédaigneusement Flavius Josèphe.

Qui préside à cette pâque ? Si ce n'est Jehoudda, c'est quelqu'un des siens. Pour l'avoir célébrée avec l'agrément du peuple, il fallait se couvrir d'un respect méticuleux de l'ancienne Loi, et l'ancienne Loi autorisait tout Juif à sacrifier lui-même l'agneau, tranchons le mot à être prêtre un jour par an. C'est le premier article du programme zélote, en cela différent de tous les autres, dit Josèphe. C'est le premier article aussi du programme christien dans l'Évangile, où Jésus veut que les disciples préparent la pâque eux-mêmes[1]. Les Zélotes firent toutes les cérémonies de la fête sans le secours des lévites. Les prêtres ne possédant rien en Israël selon la Loi, c'était au peuple de les nourrir, mais largement[2] ; les sacrificateurs improvisés tendirent la main, firent des collectes et, pendant toute cette pâque, — sept jours, — ils se maintinrent dans le Temple par l'appel direct à la générosité publique. Ils n'eurent pas honte de mendier[3]. Point de terre, mais de l'argent et des dons, les décimes et les prémices, c'est la devise de ces Zélateurs, vrais disciples de Jehoudda. On ne refusa jamais de payer tribut au Temple : ce tribut était dans la Loi, il était légitime. On comptait bien un jour être à la place de ceux qui le touchaient. Personne n'en applique le principe plus durement que les chefs christiens ; ils poursuivent les rentrées sique en main. Ce qu'ils demandent aux prêtres, c'est, entretenus par le peuple, de ne point trahir la Loi, de proscrire les étrangers.

 

A ces Zélateurs intransigeants Archélaüs envoya un officier qui, vu la mollesse de la manœuvre, semble plutôt s'être présenté en parlementaire : ils massacrèrent cet officier avec quelques-uns de ses soldats et continuèrent les sacrifices, Archélaüs dut attendre la fin de la fête pour cerner les mutins avec toute son armée. On en tua trois mille, tant hors du Temple que dedans. Encore fallut-il une seconde sommation pour que les survivants abandonnassent la partie. Cette boucherie de 750, conduite avec toute la furie juive, eut un retentissement énorme. Le frère d'Archélaüs, Antipas, à qui la couronne échappait, faillit la recouvrer en représentant à Auguste l'horrible sacrilège d'Archélaüs faisant égorger comme des victimes, en plein Temple, non seulement ses compatriotes et sujets, mais les Juifs étrangers que la piété avait conduits à la pâque[4].

Bientôt toute la Galilée fut en feu.

Eléazar ou Ezéchias, bandit qu'Hérode avait autrefois défait, prit l'arsenal de Séphoris, arma des gens, tint la campagne sans qu'on pût savoir s'il aspirait à la tyrannie ou à la liberté. Shehimon, peut-être Galiléen, posa la couronne sur sa tête et se leva contre les Hérodiens. Une autre bande s'assembla au-delà du Jourdain, se jeta sur Bethara, brûla, saccagea les maisons royales voisines du fleuve. Atrongœus, un simple berger d'on ne sait où, se fît roi, entraîna ses quatre frères dans son parti et livra bataille aux troupes d'Archélaüs, pendant que les Juifs de partout, ivres d'espérances folles, tenaient une légion romaine assiégée dans Jérusalem. Il était temps que Varus accourût de Syrie avec des troupes, et nettoyât d'abord la Galilée. Séphoris, hier soulevée par un Jehoudda qui n'est pas celui de Gamala[5], fut brûlée et tous ses habitants faits esclaves. Ceux qui résistaient dans Jérusalem furent dispersés, laissant deux mille crucifiés autour des murailles. D'autres Juifs députèrent à Auguste, lui demandant ou de les débarrasser des Hérodes ou de les réunir à la Syrie sous des gouverneurs romains, tandis que les Juifs de Crète, de Mélos, de Pouzzoles et même de Rome, pris de passion pour un imposteur de Sidon, voulaient le faire roi, sous prétexte qu'il ressemblait à un des fils d'Hérode, Alexandre, naguère puni de mort par son père.

De partout surgissaient des rois et des messies, tous vivant de la crédulité juive, tous mourant de leur fourberie, après en avoir tiré autant de sang et d'argent que s'ils eussent été le Verbe de l'Ecriture. De Sidon aux galères où il finit le faux Alexandre avait reçu plus d'or et d'honneur que le véritable n'en eût reçu pendant toute sa vie, s'il eût régné. Un songe expliqué, un signe exploité, voilà le messie du jour.

 

Jehoudda ne rentra point en Palestine que le royaume d'Hérode ne fût distribué par Auguste en quatre parts, la Judée et Samarie à Archélaüs, la Galilée et Pérée à Antipas, la Bathanée, Gaulanitide et Trachonitide à Philippe, l'Abilène à Hérode Lysanias. Il laissa passer l'ouragan de feu que Varus déchaîna sur Jérusalem et revint à Bethsaïda où plusieurs enfants lui naquirent. Longtemps il se tint coi, n'attendant rien que sa part dans les chances d'une révolution. Comme les Jehoudda, les Cléopas mirent tout leur espoir dans le peuple qu'on allécha par des promesses.

Il y a dans cette famille comme un parti pris d'éviter tout contact avec Antipas. Jehoudda quitte Gamala qui semble avoir été rattachée à la Galilée en même temps que la Pérée. Bethsaïda, au contraire, capitale de la Bathanée, est du domaine de Philippe, Hérode par son père, mais Cléopas par sa mère. Les descendants de David s'y établissent et un de leurs fils portera le nom du tétrarque, comme si celui-ci en avait été le parrain.

Épuisés par la saignée de Varus, les pharisiens ne remuèrent plus. Résignés, beaucoup allèrent avec les fils d'Hérode.

 

II. — LE TRIBUT À LA BÊTE.

 

Jehoudda instruisit ses fils dans la Loi et leur insinua le culte du Christ dont l'avènement, pour être encore lointain, n'en était pas moins infaillible. La Loi recevait de rudes coups que le petit Jehoudda ne pouvait encore rendre, mais qui retentissaient cruellement dans le cœur du père. Bientôt on apprit que la Bête romaine allait revenir en Judée, non plus seulement avec les soldats de Varus, mais accompagnée de bestioles nouvelles, les publicains. Le bruit courut qu'Auguste avait déposé Archélaüs, envoyé à sa place un fonctionnaire romain, le chevalier Coponius[6], et chargé Quirinius, proconsul de Syrie, de recenser les Juifs en levant sur eux le tribut des nations serves. Il était donc vrai qu'Auguste allait recenser David ; un païen, des Juifs ; un barbare, la Terre Sainte !

La Terre Sainte n'est point un mot du Moyen Age : ce mot est une idée, l'idée-mère du Zélotisme. Sainte toute terre sur laquelle est Iahvé. Naaman, venu de Syrie en Israël pour guérir de la lèpre, demande au prophète Elisée la permission d'emporter la charge de deux mulets de cette terre, afin que, rentré en Syrie, il puisse adorer Iahvé sur de la matière juive. Israël n'en a que l'usufruit, à la condition d'aimer exclusivement son Dieu. Quiconque l'abandonne est exproprié par lui, il envoie des ennemis qui le vengent en prenant la place d'Israël. Tel est le fond religieux du Zélotisme, la pensée maîtresse de Jehoudda. En faisant alliance avec Abraham, Iahvé lui a promis, et à sa postérité, tout le pays qui s'étend de l'Euphrate à l'Egypte : et voici que les Juifs ont été esclaves en Egypte, et voici qu'ils ont été exilés sur l'Euphrate. Iahvé a promis qu'Abraham et ses descendants régneraient éternellement sur la terre de Canaan : et voici que dans Canaan même ils vont payer tribut aux païens. Iahvé n'enverra pas son Christ avant la Pâque de 789 : et voici qu'Auguste envoie Quirinius en 760. David, que ton sang ne mente pas !

Les Innocents massacrés par Hérode, les maisons envahies sous Varus, les croix plantées, les patriotes pendus au bois, tout cela n'était rien. Mais taxer le sol !

L'impôt était la plus grande injure qu'on pût faire à Iahvé. On ne l'avait pas toléré de David. Iahvé seul avait le droit de compter avec son peuple. Après avoir ordonné on ne sait quel recensement, David sentit un remords en son cœur, et dit au Seigneur : J'ai commis un grand péché dans cette action ; mais je vous prie, Seigneur, d'ôter de devant vos yeux cette iniquité de votre serviteur, car j'ai fait une grande folie[7]. Dénombrer les Juifs, c'était œuvre satanique : Satan s'éleva contre Israël et excita David à faire le dénombrement d'Israël[8]. David avait voulu les taxer, car il dit : Apportez-moi le rôle afin que je sache à quoi il se montera. La famine et la peste furent la réponse de Iahvé : David craignait pis, il eut peur de tomber vivant entre les mains des recensés[9].

 

La grande amertume juive monta du cœur aux lèvres, lorsqu'on vit la famille de Hanan entrer dans le Temple — presque au bras des Romains ! — s'y installer superbement et prêcher l'obéissance à l'édit. Hanan dans le Temple, c'était l'abdication d'Israël entre les mains d'Auguste : Hanan l'apostat, Hanan l'adultère nommé par Quirinius, celui-là même que le César venait de commettre au Recensement !

La famille de Hanan et celle de Kaïaphas — le Caïphe de l'Evangile — qui, sauf une interruption de quelques mois, régnèrent dans le Temple pendant trente ans, étaient nettement saducéennes[10]. Très attachées à la Loi, quand la Loi servait leurs privilèges, elles n'en coquetaient pas moins avec Rome quand il y avait intérêt à être avec Rome. Leur pontificat fut marqué dans le Temple par une capitulation de l'Esprit juif. Plus sévères envers le peuple qu'envers eux-mêmes, chaque fois qu'il y avait un mouvement contre la chose établie, les Hanan et les Kaïaphas jugeaient et condamnaient, dans leur ressort, comme s'ils se fussent portés garants du bon ordre envers les Romains. Cette inflexibilité dans la peine les désignait à l'animadversion des patriotes. Ceux-ci en vinrent à penser qu'il n'y avait pas de différence entre les officiers du Temple et les soldats du César. lorsque Auguste prit la résolution de recenser la Judée, entre les saducéens qui s'étaient vendus, les pharisiens qui étaient à vendre et les esséniens qui n'étaient pas à acheter, il ne resta plus que les christiens de Jehoudda pour défendre la Loi.

Il ne s'agissait pas de recenser toute la Palestine, mais seulement l'ethnarchie vacante par la déposition d'Archélaüs, c'est-à-dire la Judée et la Samarie, Jérusalem, la ville de David, Betléhem, qui était sa maison.

 

III. — PRÉDICATION ET RÉVOLTE DE JEHOUDDA.

 

Zadoc, zélateur de la Loi, offrit son concours à Jehoudda, C'était un élève de Shammaï, maître connu par la rigidité de ses principes. Qu'était-il à Jehoudda et à Salomé ? Nul ne le saura jamais. Le frère de Jehoudda, celui que certaines Ecritures nomment ou plutôt surnomment Aggée[11] ? Je le crois. A voir Jehoudda et Zadoc on eût dit de Zacharie et d'Aggée, inséparables déjà dans l'histoire des prophètes[12].

La tête rasée, c'était avec le sac de cendre, le signe du deuil et du tremblement[13]. Jehoudda et Zadoc se rasèrent la tête et se vêtirent du sac[14].

Et la prédication commença.

 

Pour que Iahvé fût chez lui en Judée, il fallait que les païens n'y fussent pas. L'ennemi, ce n'est pas seulement le Romain, c'est tout Juif non xénophobe.

Si Iahvé abandonne ses enfants, c'est qu'on l'abandonne lui-même. Au contraire, si vous observez et pratiquez les commandements que je vous fais d'aimer le Seigneur, votre Dieu, de marcher dans toutes ses voies et de demeurer très étroitement unis à lui, le Seigneur exterminera devant votre face toutes les nations qui sont plus grandes et plus puissantes que vous, et vous posséderez leurs terres. Quoi ! même Rome et l'Occident ? Oui, par le moyen du Christ. Tout ce qui dépendait d'eux pour hâter l'œuvre du Christ, les Zélotes le tentèrent. Ils aimèrent Dieu avec furie. Le Christ viendrait plus joyeux, la Jérusalem céleste se poserait plus aisément sur Sion purifié, si le Temple d'Hérode, à peine achevé, brûlait en holocauste. Le Christ n'aurait pas la peine de détruire ce bâtiment de Sodome, si ses serviteurs lui préparaient les voies et faisaient place nette ù la cité qu'il amènerait des cieux. Le Temple était cause de tout. Oui, tout ce qui arrivait venait de ce que le Temple abandonnait Iahvé. Fils de magicien, race d'un homme adultère et d'une fille prostituée, enfants perfides, rejetons bâtards, je vous forai moi-même la guerre, j'étendrai la main sur vous pour vous perdre avec un bras fort et dans toute l'effusion de ma fureur, de mon indignation et de ma colère, je vous ferai périr par le glaive, par la dent des bêtes féroces, par la peste, par la famine ! Engeance de vipères ! Voilà comment Iahvé parle aux traîtres par ses prophètes. Les Hérodes et les Romains, Quirinius, Coponius, le tribut, tout cela c'était la faute du Temple et de la nation. Tout Israël a violé votre Loi, avait dit David priant le Seigneur... Cette malédiction et cette exécration qui est décrite dans la Loi de Moïse, serviteur de Dieu, est tombée sur nous, parce que nous avions péché contre vous. Le Seigneur a accompli ses oracles contre nous et contre nos princes pour faire fondre sur nous ces grands maux qui ont accablé Jérusalem, auxquels on n'a jamais rien vu de semblable sous le ciel !

Quelle abomination, en effet ! Des grands-prêtres désignés, révoqués par les Romains ! Des païens, maîtres du choix dans le Temple de Dieu ! Et ces Juifs qui acceptent ! Deux souverains sacrificateurs par an, quelquefois trois, sur un signe du proconsul !

Auguste enrichissant le Très-Haut de ses dons, lui offrant des victimes entières et des holocaustes[15] ! Auguste célébrant la pâque juive par procurateur !

O Christ Jésus, descends avec ton grand fouet, brandis-le au-dessus des têtes, fais-le siffler dans l'air, chasse de la Cour du Temple, livrée aux gentils, ces marchands et ces changeurs qui touchent à la monnaie des païens, — l'image de la Bête ! — pour les animaux de sacrifice, les agneaux d'alliance et les colombes de purification ! Enfonce tes lanières dans la chair adultère des lévites qui sacrifient, sous les regards de ton Père, au nom d'un souverain étranger[16] !

 

C'est donc la Guerre Sainte que prêchèrent Jehoudda et Zadoc, mais la Guerre Sainte telle que pouvaient l'entendre des hommes dans lesquels Jésus avait à défendre sa plus belle création : le Juif. Ils prêchèrent deux Guerres saintes à la fois, dont Iahvé était le principe et le but. Le Christ tournait sa face irritée, ici contre les Romains qui asservissaient ses enfants, là contre les prêtres qui trahissaient leur Dieu.

Pendant douze cent soixante jours, soit trois ans et demi, Jehoudda et Zadoc parcoururent les bourgs et les villages, fomentant la révolte.

Sur la révolte elle-même, sur les troubles que Jehoudda et Zadoc excitèrent, on ne trouve presque plus rien dans Josèphe, sinon un résumé embrassant en deux ou trois phrases une succession de faits qui n'a pas duré moins de trois ans[17]. Résurrection, apothéose pour tous ceux qui tomberaient dans la bataille. S'ils étaient tués, après tout, ce ne serait que pour trente ans[18]. Pour tous ceux qui abaisseraient la Loi juive devant la Bête, point de résurrection, point de Millenium, point de part à l'héritage d'Israël, à ce royaume de Dieu dont la vision tournait toutes les têtes. Et pour commencer, point de pain. L'année sabbatique 760 ayant coïncidé avec le soulèvement, ils empêchèrent qu'on fit les semailles, et, cette année-là ayant été précédée de sécheresse, le peuple fut réduit à la famine. Ils dirent qu'ils avaient demandé à Dieu cette sécheresse, qu'ils l'avaient obtenue pour punir les Juifs de leur nonchalance, et qu'elle était une preuve de leur accord avec le ciel[19]. Le passage des Antiquités judaïques où il est question des excès commis par Zadoc et Jehoudda vise une grande famine dont ils furent cause et qui ne put les empêcher de forcer les villes et de porter le feu de la guerre civile jusque dans le Temple de Dieu.

 

Il y a plusieurs façons de causer une famine, il n'y en a guère qu'une d'y échapper, c'est de piller les greniers publics. Lâchés à travers la Judée, le ventre vide et les dents longues, Jehoudda et Zadoc pillèrent consciencieusement, et dans les champs saccagèrent les moissons sur pied. Ce sont eux qu'on voit dans l'Évangile, ou plutôt qu'on revoit en 788, à travers les blés des pharisiens, l'année du sabbat et qui, pressés par la faim, arrachent les épis pour les manger.

En outre le Christ Jésus permit que, sous prétexte de défendre la liberté publique, Jehoudda et Zadoc pillassent indifféremment amis et ennemis, tuassent par soif du gain les personnes de la plus grande condition, forçassent les villes depuis celles de la Galilée jusqu'à Jérusalem, et tentassent de réduire en cendres le Temple où Dieu avait son pied-à-terre. Les Juifs de TransJordanie étaient restés à la porte de la Terre cananéenne, ruisselante de lait, de miel et de vin. D'autres, mieux partagés sans plus de mérite, étaient entrés, et le Jourdain coulait devant eux comme pour défendre la meilleure part de l'héritage contre les hommes de la rive orientale. Le rêve de ceux-ci était de rentrer n'importe comment en Galilée et, sous ce rapport, la partie, qui semblait mal engagée, s'égalisait, car les Galiléens n'avaient pas grand'chose à piller du mauvais côté du Jourdain, tandis que du bon les Gaulonites et les Bathanéens avaient tout à prendre. Ce point de vue ne fut pas indifférent à ceux qui suivirent Jehoudda. Il m'explique le mot de Josèphe que je n'avais pas compris tout d'abord et que j'attribuais à la malveillance : la soif du gain les guidait encore plus que les principes.

Josèphe qui se lamente sur les excès commis par la secte naissante et lui attribue tous ceux qui, se succédant de procurateur en procurateur jusqu'à Gessius Florus, amenèrent les Romains à raser le Temple, Josèphe ne dit plus comment finirent la révolte et les deux hommes qui l'avaient prêchée[20] !

 

Tout Josèphe a été bouleversé par l'Eglise. Josèphe, qui suit d'une génération le Jésus, Josèphe, témoin du sicariat de Ménahem, dernier fils de Jehoudda, Josèphe savait tout, disait tout. Il distingue les sectes entre elles avec une clarté parfaite, les Pharisiens croyant à l'immortalité de l'âme, et les Saducéens qui ne fondaient que peu d'espoir sur la vie future, et encore moins sur la résurrection. Et les disciples de Jehoudda, que croyaient-ils, ô Josèphe ? Cette secte était, dis-tu, entièrement différente des trois autres : en quoi, sinon en ceci qu'à la doctrine pharisienne Jehoudda ajoutait la croyance au Royaume de Dieu par son Christ, dans les conditions millénaires déterminées par son Apocalypse ? Si ce n'est pas cela, qu'est-ce donc ? Jehoudda ne se proclamait-il pas, lui et ses partisans, prêtres et sujets de ce Roi des Rois, de ce Seigneur des Seigneurs que Dieu avait oint pour la défense d'Israël et qui, invisible pour les profanes, était le souverain effectif de tous les christiens ? Et refuser le tribut aux hommes, n'était-ce point le payer d'avance à ce Roi dans le monde qu'il allait renouveler ? D'où vient donc que Josèphe ne dit plus en quoi la secte de Jehoudda différait des trois autres  — après nous avoir dit ailleurs qu'elle convenait entièrement à celle des Pharisiens ? Pourquoi la définition n'est-elle plus là ? Venez ici, Eusèbe, Rufin d'Aquilée[21], montrez vos mains, relevez vos manches, qu'on voie si vous n'avez pas caché la définition !

 

IV. — JEHOUDDA TUÉ DANS LE TEMPLE (761).

 

Puisqu'on a supprimé l'histoire, voyons si la vérité ne percerait pas dans les Ecritures canoniques, même refaites et maquillées comme elles sont toutes.

Jehoudda et Zadoc finirent la torche à la main. Coponius, procurateur de Judée, suppléa Quirinius dans la répression des troubles. Il fit donner sa cavalerie, nettoya le pays, enveloppa les partis de Zélotes qui tenaient la campagne. Jehoudda fut tué par les prêtres dans le Temple dont il s'était emparé. Il tomba dans le hékal, immédiatement derrière le voile qui selon l'Evangile se déchire à la mort du jésus, devant l'Autel des parfums, près de la table où étaient les Douze pains de proposition et le Chandelier à Sept branches.

Zadoc mourut avec lui, tomba à ses côtés. Morts et ressuscites ils sont comparés par l'Apocalypse aux deux oliviers, aux deux candélabres qui se tiennent devant Dieu dans le ciel et dont les deux chérubins qui gardaient l'entrée du sanctuaire dans le Temple, tout au moins dans l'ancien Temple, sont la représentation sur terre.

Quand ils auront achevé leur témoignage, la Bête qui monte de l'Abîme (Rome stylée par Satan), leur fera la guerre et triomphante les tuera. Leurs cadavres seront gisants sur la place de la Grande Cité (ils furent exposés publiquement), laquelle est nommée spirituellement Sodome et Egypte. (On n'est pas aimable pour Jérusalem quand elle est au pouvoir des païens). Et d'entre les peuples, les tribus, les langues et les nations (rassemblement qui indique une pâque), il y en aura qui verront pendant trois jours et demi leurs cadavres et ne permettront point qu'ils soient mis au sépulcre (injure pire que la mort, la loi voulait qu'ils fussent enterrés le soir même). Les habitants de la terre, à cause d'eux se réjouiront, pleins de gaieté, et s'enverront des présents les uns aux autres, parce que ces deux prophètes ont tourmenté ceux qui résident sur la terre[22] (tétrarques, chiliarques, pharisiens, publicains et juifs non xénophobes).

Les disciples, enfin autorisés à enlever les corps, les emportèrent en Samarie et les déposèrent dans les rochers de Macheron[23], le Migron d'Isaïe, où vingt-huit ans plus tard Salomé, Shehimon la Pierre, Maria Cléopas et le mari de celle-ci ont enterré le corps de Bar-Jehoudda crucifié par Pilatus.

 

Jehoudda laisse à tous les siens un fardeau que la haine religieuse rend facile à porter : l'héritage de la vengeance. Pendant trois jours et demi, son âme a erré criant justice sur la grande place de Jérusalem, autour de son corps sans sépulture. Pendant quatre générations, Hanan et tous les siens sont les victimes expiatoires qu'il réclame du fond de son tombeau. Ils sont sous le coup de la gheoullah du sang. Le vengeur du sang, le goel-ha-dam, c'est Jehoudda, l'aîné des fils. Après lui, vient Shehimon, puis Jacob, et ainsi de suite, jusqu'à Ménahem, le dernier-né. Pendant soixante ans, de 761 à la chute de Jérusalem, toute la pensée de ces hommes et toute leur chair s'épuise dans la poursuite aveugle de la réparation. On ne respire plus, on ne vit plus, on ne prie plus que pour les représailles. Le sang de Jehoudda ayant été versé dans le Temple, c'est, toutes les fois qu'on pourra, dans le Temple que sera versé le sang des meurtriers, de leurs descendants, de leurs alliés, de leurs complices, de leurs témoins même. Ce n'est plus rougir le saint lieu, c'est laver la tache. Dieu le veut, la Loi l'ordonne. Œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, coup pour coup[24].

Le meurtre de son homme de lumière, voilà ce que Salomé ne pardonna jamais au Temple. Le père tué pour avoir défendu la Loi, voilà le crime dont les sept démons de Maria réclamèrent inexorablement la gheoullah. Leur haine contre les pharisiens a trouvé dans les scribes évangéliques des interprètes d'une éloquence à la hauteur de son objet. On passait plutôt sur les supplices infligés aux fils, et même sur la crucifixion de Bar-Jehoudda en 788, que sur le massacre du Charpentier. Ils vengeaient leur père, on les a pris, on les a tués, c'est la guerre, mais lui, c'est le Verbe de Dieu qu'il vengeait lorsqu'on la égorgé ! Ecoutez le Verbe lui-même, l'auteur premier de la Loi, parlant par la bouche de Jésus[25] : Serpents, race de vipères, comment fuirez-vous le jugement du Gué-Hinnom[26] ? C'est pourquoi voici que moi-même je vous envoie des prophètes, des sages (dans le sens de savants) et des docteurs ; vous tuerez et crucifierez les uns — rien que dans la famille de Jehoudda on compte dans l'ordre de leur mort, Jacob junior, Éléazar, Bar-Jehoudda le jésus, Shehimon la Pierre, Jacob senior, Ménahem, cinq fils et un gendre — et vous en fouetterez d'autres dans vos synagogues — presque tous, le jésus lui-même, avant qu'on ne les lapidât ou qu'on ne les crucifiât — et vous les poursuivrez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent qui a été versé sur la terre depuis le sang du juste Abel jusqu'au sang de Zacharie[27] que vous avez tué entre le temple et l'autel. Sept mille noms d'hommes ont péri pour le grand Nom, sept mille chefs de famille sont morts pour la Loi pendant l'assaut du Temple. Tous par conséquent feront partie du Royaume de Jésus, car, au ciel où ils occupent devant Dieu la position qu'ils avaient devant le sanctuaire quand ils sont tombés, Jehoudda et Zadoc peuvent encore plus pour les amis que contre les ennemis. Désormais les hommes de lumière — dans les Sagesses valentiniennes, Salomé n'appelle jamais son mari que son homme de lumière — se chargent de rappeler chaque jour à Dieu la promesse qu'il a faite à tous.

Leur pouvoir est illimité. Si quelqu'un veut leur nuire, leur bouche vomit un feu qui dévore leurs ennemis. Contre qui veut leur nuire ils ont le pouvoir de fermer le ciel afin qu'il ne pleuve pas pendant leur prophétie (d'où sécheresse et a famine dont ils furent cause, dit Josèphe) ; ils ont sur les eaux le pouvoir de les tourner en sang — comme Moïse ; ceci doit être pris allégoriquement et pour le baptême qui a la vertu de changer l'eau vive en sang de la vie éternelle — et de frapper la terre de toutes sortes de plaies autant qu'ils le voudront. — Ce qui se vérifia chaque jour, hélas ! Frères, n'irritons pas les fils de cet olivier et les neveux de ce candélabre, vous voyez ce dont ils sont capables, quand l'olivier refuse son huile, d'une part, et que d'autre part le candélabre se change en torche incendiaire !

 

Tous les moyens ont été bons pour couper les liens qui unissent les Zélotes aux Christiens et le jésus à son père. Jehoudda mort, tous ceux qui se sont laissé séduire par lui ont été dispersés, disent les Actes des Apôtres[28]. Vraiment ? Vous êtes sûr ? Pas une exception ? Vous êtes sûr que la secte de Jehoudda est morte avec lui, qu'elle ne s'est pas continuée dans ses fils et dans ses neveux, cela jusqu'à la révolte finale, jusqu'à la destruction du Temple qu'il avait prédite et un peu commencée ? Vous êtes sûr, qu'après lui, il n'est pas resté la moindre église dans les bourgs de Gamala, de Bethsaïda, de Giscala, de Béthara, de Bathanea, de Cana, de Kapharnahum, dans les tétrarchies de Philippe et de Lysanias, au Jourdain, sous l'Hermon et aux flancs du Liban ? Vous êtes sûr de tout cela ? Les partisans de Jehoudda furent dispersés, dites-vous ? Oui, en effet, dispersés ; mais pas loin.

L'Église a enlevé de partout Jehoudda. Elle a fait sur lui l'oubli le plus profitable, le silence le plus lucratif. Joseph, le Charpentier, le Zibdeos, Jonas, Joannès, Zacharie, Panthora, le nouveau Moïse, on lui donne tous les noms sauf le sien.

Arrosée de son sang, la famille de Jehoudda poussa des rejetons vigoureux par toute la TransJordanie. C'est sous des noms supposés, avec toutes les déformations nécessaires, l'histoire de cette famille que nous retrouvons, comme à travers un brouillard, dans l'Evangile.

Aux précautions qu'on a prises pour dissimuler la commune origine des apôtres, on peut juger de l'intérêt qu'il y avait à ne la point confesser.

 

V. — ASCENSION SUR LA PLACE PUBLIQUE DE JÉRUSALEM.

 

Jehoudda et Zadoc dorment dans la terre où les disciples les ont mis, mais leurs doubles sont remontés au ciel, leur origine, d'où ils reviendront le 15 nisan 789, redonner le souffle et le mouvement à leurs corps. Et si vous voulez bien y réfléchir une minute, vous verrez que s'il en eût pu être autrement, les Révélations du Charpentier eussent été sans objet.

Nous avons deux versions de cette Ascension, l'une dans l'Apocalypse de 782 et la plus précieuse, puisqu'elle émane du fils même de l'assumé, l'autre, postérieure de plusieurs années et dans laquelle l'Ascension est remplacée par une Assomption, l'Assomption de Moïse. On lit dans l'Apocalypse :

Au bout de ces trois jours et demi, l'esprit de vie qui procède de Dieu les pénétra, et ils se tinrent sur leurs pieds, tandis qu'une grande terreur tomba sur ceux qui les virent. Après cela on entendit une forte voix du ciel, leur disant : Montez ici (l'abbé Edgeworth est un plagiaire), et ils montèrent au ciel en la nuée, à la vue de leurs ennemis. Et à cette heure-là il y eut un grand tremblement de terre... Voilà donc deux prophètes qui, à l'instar d'Élie et d'Enoch, montent au ciel pour avoir témoigné du Christ Jésus pendant trois ans et demi. Malgré toutes les injures faites à leur corps, au bout de trois jours et demi, sous Auguste, après une exposition publique devant une foule énorme sur la place de Jérusalem, ces deux enfants de Dieu s'enlèvent de terre à la face de leurs adversaires.

Tout l'Evangile est là. Quand les scribes le voudront, ils feront — comme de cire, dit Janotus de Bragmardo — la résurrection du jésus sous Tibère. Ils trouveront dans le cas de Jehoudda et de Zadoc jusqu'au tremblement de terre qui l'accompagne.

 

J'aurais voulu pouvoir vous conter cette doubla ascension d'une manière plus conforme à la dignité du sujet.

Mais je me sens inférieur à ma tâche. L'art de conter les ascensions s'est perdu. L'art des ascensions lui-même a été tué par un effet rétroactif du machinisme moderne. Pour rendre à souhait l'éclat de ces deux ascensions, il faudrait une plume plus experte que la nôtre. La résurrection du jésus ne peut lutter avantageusement avec ces deux-là : d'abord c'est une résurrection simple, et l'autre est double, ce qui naturellement augmente la difficulté.

Ensuite, malgré l'autorité qui s'attache aux douze Juifs que l'Evangile donne pour témoins à Bar-Jehoudda[29], l'impartialité païenne nous oblige à préférer le témoignage des peuples, tribus, langues et nations, dont les représentants ont vu Jehoudda et Zadoc se tenir sur leurs pieds trois jours et demi après leur mort et monter au ciel devant tous leurs ennemis. Devant tous leurs ennemis, vous entendez ? Aucun compérage. Il s'agit ici d'une ascension publique avec admission des étrangers, voire des ennemis. Cette circonstance, qui ne se rencontre malheureusement pas dans la résurrection de Bar-Jehoudda, donne au récit de l'Apocalypse la valeur d'un procès-verbal.

La résurrection géminée de Zadoc et de Jehoudda se présente dans des conditions de vraisemblance et d'authenticité qui font manifestement défaut à celle du Jésus. L'humanité a-t-elle le droit de biffer une page historique et ancestrale au bénéfice d'un événement qui n'a cessé, en dépit de l'Eglise, de demeurer hypothétique et obscur ?

Je ne pense pas. Nous ayons ici un double miracle, constaté par des témoins nombreux, les nus désintéressés dans la question, les autres hostiles aux intéressés ; nous possédons toutes les garanties de la preuve philosophique, et nous ne pouvons admettre que Jehoudda et Zadoc soient dépossédés d'une gloire qui les fait non seulement les égaux de Bar-Jehoudda mais ses supérieurs, car on ne peut sans une injustice criante leur refuser le mérite d'avoir essuyé les plâtres résurrectionnels. Et quels plâtres ! Il semble donc bien que si une Résurrection suivie d'Ascension est une preuve incontestable de divinité, le nom de Christ et de Fils de Dieu convient tout d'abord à Jehoudda et à Zadoc. Dieu a donc avoué trois fils en Judée, deux en 761, le troisième en 789. Voilà qui ébranle toutes les bases de la religion et le dogme de la Trinité lui-même, car la qualité de Premier-né de Dieu doit être refusée au Jésus, tandis qu'elle ne peut l'être à ses deux prédécesseurs. Il ne reste plus qu'à déterminer lequel de Jehoudda ou de Zadoc était l'aîné. C'était incontestablement Jehoudda.

Il y a plus, et nous sommes obligés d'insister sur un nouveau point dont la gravité ne saurait échapper à personne.

 

Par Luc, par le Quatrième Evangile en deux endroits, par les Actes des Apôtres, tous textes qui sont l'œuvre de Dieu, nous avons la preuve incontestable que le crucifié de Pilatus n'a été qu'assumé, c'est-à-dire enlevé par une tierce puissance à une époque très éloignée de sa mort. Il a fallu l'intervention de Jésus pour le tirer du sein de la terre. Au contraire, nous voyons par l'Apocalypse, également ouvrage de Dieu, que Jehoudda et Zadoc se sont enlevés d'eux-mêmes au ciel. Il y a dans cette auto-ascension la preuve d'un organisme individuel beaucoup plus puissant.

Bar-Jehoudda n a eu qu'à se laisser porter, à se laisser faire, — par où il est inférieur à Elie — mais Jehoudda et Zadoc ont spontanément développé en eux une force ascensionnelle qui les met sur le même plan que Jésus, lorsqu'après sa tournée résurrectionnelle parmi les héros de l'Evangile, il s'enlève du Mont des Oliviers pour regagner le ciel dont il descendu. Nous ne pouvons donc pas, sans blesser profondément l'ordre divin, mettre au-dessous du Jésus deux personnes qui pour les moyens auto-ascensionnels sont sur le même pied que le Verbe Créateur. Le Saint-Siège n'a pas le droit de nous demander cela. II ne nous sera pas difficile non plus de démontrer, textes canoniques en main, que la résurrection du jésus au Guol-golta, à supposer qu'elle ait eu lieu à la date indiquée, soit le 17 nisan 789, n'est que la septième dans l'ordre chronologique. Deux résurrections en 761, les résurrections de la fille de Jaïr, d'un des fils (Jacob junior) de la veuve de Kapharnahum (Salomé) et d'Eléazar, gendre de celle-ci, au cours de l'année 788, voilà bien six cas de résurrection avant celle du Jésus. Encore passé-je sous silence celles qui se sont produites au vu et au su de tout Jérusalem, lorsque, sortant du tombeau la veille de la septième résurrection, divers morts importants entrèrent dans la ville. Admettons qu'il y ait là quelque illusion d'optique, quoique après tout ce soit douter de la parole de Dieu, il n'en reste pas moins que Bar-Jehoudda vient avec le numéro 7 seulement sur la liste des ressuscites. Si la résurrection est une preuve de divinité, pourquoi ne point adorer sept Juifs, les deux premiers surtout, au lieu d'un qui vient chronologiquement le dernier ? Nous aurions un culte qui serait fondé sur l'esprit démocratique, ce qui se rapprocherait de nos institutions, et sur un chiffre sabbatique, ce qui concorderait avec les secrets desseins de la Providence.

Si, malgré tout, la théologie persiste dans ses errements, nous aurons au moins flétri son iniquité, car il résulte bien de l'Apocalypse que Jehoudda et Zadoc donnèrent naissance à une résurrection dont celle du Jésus n'est qu'un surmoulage. En un temps qu'on peut dater assez exactement de l'an 761, quand un chef christien mourait de mort violente loin du pays natal, on racontait qu'il était allé au-devant du Christ Jésus, et les disciples le croyaient. Varus qui périt en Germanie avec les légions que vous savez, vers les années correspondant à la résurrection de Jehoudda et de Zadoc, s'il s'était fait christien quand il ravageait la Galilée, eh bien ! il aurait pu, quoique mort, aller lui-même à rendre à Auguste les légions tant pleurées !

 

VI. — L'ASSOMPTION DE MOÏSE.

 

La vérité, à laquelle nous sacrifions tout, nous oblige à reconnaître qu'à côté de l'Apocalypse, si formelle sur l'auto-ascension de Jehoudda et de Zadoc, il existe un document où Jehoudda n'est qu'assumé. Laissons Zadoc sur qui le document est muet. Comment se fait-il qu'à la pâque de 761 Jehoudda se soit enlevé de lui-même au ciel et qu'à une date bien postérieure, sous Trajan peut-être, le Seigneur Jésus ait été obligé de venir le chercher sur terre pour l'assumer ? N'y a-t-il pas entre ces deux actes une contradiction qui les ruine l'un et l'autre ? Nullement. L'ascension de Jehoudda est conforme à l'état de la doctrine de 761 ; son Assomption, à l'état de la doctrine après 788. Jusqu'au 15 nisan, premier jour de l'année 789, son double attend au ciel que Jésus descende ressusciter les corps à cette date. N'étant point venu publiquement à cause de l'incrédulité des Juifs, il faudra que Jésus opère en tapinois et dans des écrits qui sentent l'huile araméenne toute la série de résurrections et d'assomptions dont on nous rebat les oreilles depuis la fabrication de l'Evangile. Sinon les corps des martyrs resteraient indéfiniment en terre où, selon le langage des Psaumes, ils goûteraient la corruption comme ceux des incirconcis, par exemple, ce qui serait contraire à la promesse. La première de toutes ces apothéoses fut naturellement celle de Jehoudda.

Personne, étant donné l'esprit hiérarchique de la famille juive, n'admettra que le fils aîné de Jehoudda ait été enlevé au ciel sous le nom du jésus, et que pendant ce temps le corps de son père, le nouveau Moïse, se soit décomposé dans les grottes de Macheron. L'Assomption du jésus fut donc précédée de celle da grand Jehoudda sous le nom de Moïse. Il était bien permis d'appeler Moïse un homme qui avait appliqué la Loi assez rigoureusement pour mériter le nom de Panthora.

 

Cette Assomption existe, mais dans quel état, grands dieux ! Elle nous est arrivée en lambeaux[30]. De l'araméen elle est passée dans le grec, du grec dans le latin et du latin dans les langues modernes, laissant à chacune de ses transformations le quart de sa substance. Mais l'original était araméen comme les Paroles du Rabbi, et qui sait si elle ne provient pas de cet écrit fameux ? C'est un produit fabriqué dans la famille de Jehoudda, car de toute l'antiquité juive un seul homme l'a citée, le scribe qui a mis une Lettre sous le nom de Jehoudda junior, autrement dit Thomas[31].

Jehoudda n'y est pas nommé, bien entendu. Mais nomme-t-on Jehoudda dans l'Evangile ? C'est pourtant sa veuve et lui qui mènent tout l'apostolat. Qui fut surnommé Panthora ? Qui peut prendre le nom de Moïse, sinon celui qui avait épousé Maria Magdaléenne, sœur de Moïse, et qui, par une conséquence logique de son propre système, n'était devant Dieu que le frère de sa femme ? Il ne saurait être un instant question du premier Moïse qui, de l'aveu de tous les évangélistes sérieux[32], était au ciel depuis des siècles avec Élie, Hénoch et autres. De toute évidence, c'est le nouveau Moïse qui converse ici avec Jésus[33], qui passe en revue l'histoire de la Judée depuis les Macchabées, et qui s'arrête juste au moment où Rome, par Quirinius vainqueur, attache le joug au cou de la Judée. C'est ce Moïse-là qu'il s'agit d'assumer, d'arracher à la terre qui retient encore son corps glorieux, et c'est Jésus qui l'assume.

L'homme assumé a particulièrement souffert de ce monstrueux Hérode qui faisait périr par le glaive les principaux Enfants de Dieu, ou les étranglait dans des endroits cachés pour qu'on ne pût retrouver leurs corps et les honorer comme martyrs[34]. De là les invectives de l'Evangile contre les Juifs hérodiens : n'ont-ils pas supporté, ne supportent-ils pas encore, comme rois et comme tétrarques, des Iduméens qui commandent au Temple sans appartenir à la race des lévites ?

L'Assomption de Jehoudda porte la marque des deux grandes persécutions auxquelles il a été mêlé. Persécutions dirigées contre le peuple et très caractérisées. La première est ou celle d'Hérode contre les Innocents, ou celle de Varus. La seconde est celle de Quirinius aidé par Hanan, lequel fit pis que tous.

Dans ces deux conjonctures, un parti considérable, au lieu de donner sa vie pour la Loi, a pactisé avec l'étranger : ce parti, c'est celui des Pharisiens et des Saducéens, d'où la haine que les christiens lui ont vouée et qui enflamme tout l'Evangile. Le scribe en parle dans le style d'un évangéliste : En ce temps-là, dit-il, régneront des hommes de pestilence et d'impiété, en révolte contre leur âme, hommes de ruse qui ne cherchent que leur propre approbation, composés dans toutes leurs actions, recherchant à toute heure du jour les festins, gloutons, dévorant les biens des pauvres et prétendant agir ainsi par charité pour eux, et ils disent : Ne me touchez pas de peur de me souiller ! L'Hanan et le Kaïaphas de l'Évangile sont deux de ces hommes pestilentiels : l'un a condamné Jehoudda, l'autre le Jésus. Ceux qui confesseront la circoncision seront crucifiés et torturés, d'autres seront forcés de porter publiquement les idoles souillées des païens, d'adorer des divinités étrangères, et de blasphémer le Saint nom en jurant par la fortune de l'Empereur. Mais les peines décrites par l'Apocalypse sont réservées aux pervers qui attirent la colère de Dieu sur la nation et à ceux qui auront failli dans la lutte. Le Roi des Rois se lèvera et prendra les Romains eux-mêmes pour ministres de sa vengeance.

 

Toutefois, Israël ne sera pas tombé sans honneur. Toute une famille se dévouera, fera le sacrifice d'elle-même, s'offrira, innocente, en victime rédemptrice. Un homme de la tribu de Lévi[35], qui aura sept fils, les appellera à lui et leur dira : Vous voyez, mes fils, que pour la seconde fois le peuple a été horriblement frappé. Voyez et sachez que je n'ai jamais tenté Dieu, non plus que nos parents ni nos ancêtres ; jamais nous n'avons transgressé ses ordres ; vous savez que c'est là notre force. Faisons donc ceci : jeûnons pendant trois jours (pour chasser les démons), et le quatrième, nous entrerons dans une caverne qui est dans un champ, et nous mourrons plutôt que de transgresser les ordres du Seigneur des Seigneurs, du Dieu de nos pères. Si nous agissons ainsi, et si nous sommes tués. Dieu vengera notre sang. La caverne, c'est Gamala, burg de l'homme aux sept fils, ou mieux encore Bathanea. Une caverne mène à tout à la condition d'en sortir. Le père en sortit le premier, et chacun des sept fils en sortit à son tour. Et tous moururent pour la Loi à laquelle le père les avait voués, pour le Jésus auquel il les avait naziréés[36]. Et tous, entrant en campagne après trois jours de jeûne en manière de purification, se croyaient invulnérables[37].

L'Assomption de Jehoudda ne finissait point, comme aujourd'hui, à pic sur son serment et la consécration de ses sept fils à Dieu. L'intérêt était au moins de montrer comment ce fils de Lévi avait tenu parole et ce qu'il était advenu de ses naziréens. Le but même était de faire voir comment, de son côté, le Christ Jésus avait répondu au serment qu'on lui avait prêté.

Moïse meurt donc dans l'homme qui a consacré ses sept fils à Dieu, et c'est Panthora qui est assumé. Par qui ? Par le Seigneur Jésus, celui, qui après le troisième jour ressuscite ses serviteurs dans l'Evangile comme dans l'Apocalypse[38].

 

A cette Assomption il ne manque qu'une chose : l'Assomption elle-même.

Elle n'allait pas sans quelque tracas. Satan, toujours porté à calomnier les Juifs et aies accuser devant Dieu disputait le corps du nouveau Moïse à Michaël l'archange qui le revendiquait au nom de son Maître[39]. Il y avait débat dans lequel le diable faisait valoir contre Jehoudda quelques arguments de poids, les meurtres, les incendies, les pillages. Michaël en était bien un petit peu ébranlé, mais, opposant aux crimes que le révolté avait commis le zèle dévorant que le défenseur de la Loi avait montré, et n'osant proférer une sentence de malédiction, il s'écriait : Que le Seigneur te reprenne ![40] Et le Seigneur le reprenait, malgré les droits de Satan.

Ce dispositif nous a été conservé par la Lettre de Jehoudda junior y autrement dit Thomas, lettre fausse comme tout le Nouveau Testament, mais ancienne, la plus ancienne peut-être des Écritures canoniques. Elle date d'un temps où la sanglante querelle entre christiens et Juifs orthodoxes durait encore, survivant à Jérusalem elle-même. Beaucoup, tout en condamnant les Juifs latinisants, s'étaient éloignés des partisans de Jehoudda tant à cause de leurs excès que de la fort médiocre figure qu'ils eurent dans la défense de la Ville Sainte. Jehoudda Is-Kérioth le premier vit clairement ce qu'il y avait au fond de leur programme, et donna un grand exemple, peut-être un peu tardif, en refusant de suivre le faux Jésus jusqu'au bout de sa folie. Mais pour un christien de bonne souche comme est l'auteur de la Lettre de Jehoudda junior, faire la moindre réserve sur le passé du père aux sept fils, c'est blasphémer ceux qui sont dans la gloire. Malheur à ces apostats ! Ils ont marché dans le chemin de Caïn[41] — les christiens comparaient Jehoudda à Abel —. Pour un salaire ils se sont jetés dans Terreur de Balaam — en se vendant à Rome Hanan a ratifié la prophétie de Balaam annonçant le triomphe de l'Italie sur la Judée ; mais tous ont péri dans la révolte de Choré — tous ont été précipités, éventrés, égorgés par les christiens sicaires —. Haïssez leur chair ! Haïssez même le vêtement souillé par leur chair ![42] Oui, frères, fuyez, abhorrez ces maroufles qui dénigrent ce qu'ils ne comprennent point ! Ils seraient capables de vous persuader que Jehoudda n'a point été enlevé au ciel et que son fils aîné, crucifié par Pilatus, n'est pas vivant parmi vous[43] !

 

 

 



[1] Sans passer par le Temple, parce que d'ailleurs le Temple n'existe plus depuis 823, date de la prise de Jérusalem par Titus.

[2] Les prêtres, dit le Deutéronome (XVIII, 1, 2), et les lévites n'auront point de part ni d'héritage avec le reste d'Israël, parce que le Seigneur est lui-même leur part et leur héritage. Dieu dans les Nombres (XVIII, 20), à Aaron : Vous ne posséderez rien dans la terre des enfants d'Israël, et vous ne la partagerez point avec eux, c'est moi qui suis votre part et votre héritage au milieu des enfants d'Israël. Dieu encore dans Ezéchiel (XLIV, 28), parlant aux prêtres : Ils n'auront point d'héritages, car je suis leur héritage moi-même, et vous ne leur donnerez point de partage comme au peuple d'Israël, parce que c'est moi qui suis leur partage.

[3] Josèphe a le plus grand tort de le leur reprocher. Eût-il voulu qu'ils pillassent le trésor ?

[4] Discours d'Antipas contre Archélaüs à Rome, devant Auguste. (Josèphe, Antiquités, liv. XVII, ch. II.)

[5] De plus, à considérer l'Évangile comme un document, il n'était pas encore revenu d'Egypte.

[6] D'une famille distinguée, amie de Cicéron et d'Atticus. Elle avait rempli diverses charges dans l'armée de mer avec Pompée et en Asie avec Antoine. Cf. Plutarque, Antoine.

[7] Les Rois, II, chap. XXIV.

[8] Paralipomènes, livre I, chap. XXI.

[9] Rois et Paralipomènes.

[10] Cette secte ne croyait pas à la résurrection des corps, en quoi elle inclinait à la philosophie païenne.

[11] Un frère de Joseph (Jehoudda) est dit Aggaï, Aggée, par Hippolyte de Thèbes (déjà cité).

[12] Presque toutes les images qui les concernent dans l'Apocalypse viennent de Zacharie. J'ai toujours pensé que Zadoc répondait à l'Alphée de l'Évangile, Alphée, l'homme du commencement, père d'un apôtre nommé Lévi dans Marc, II, 14, et Jacob dans Mathieu, X, 3, et dans les Actes des apôtres, I, 13.

[13] Ezéchiel, VI.

[14] Apocalypse : Je commettrai deux prophètes vêtus de sacs, etc.

[15] Ces sacrilèges durèrent jusqu'au jour où les christiens de Ménahem, dernier fils de Jehoudda, entrèrent dans le Temple en 819. On célébrait encore ces sacrifices au temps de la légation de Philon à Caligula : Et ils resteront, dit Philon, comme un monument éternel des vertus de l'Empereur. Philon n'était pas bon prophète.

[16] Tel est, et non autre, le sens de l'allégorie où Jésus chasse les vendeurs du Temple dans l'Évangile. A toutes les pâques où ils se trouvèrent en nombre, les christiens préparèrent dans la mesure des moyens humains le travail d'extermination qu'ils attendaient de Jésus.

[17] Josèphe, Guerre des Juifs, livre XVIII, ch. III. Version un peu différente de celle des Antiquités, et qui semble la meilleure, car il résulte de l'Apocalypse que Jehoudda et Zadoc ont prêché la Guerre sainte pendant plus de trois ans. Aucun doute que les passages de Josèphe relatifs à Jehoudda et à Zadoc n'aient été remaniés par l'Église comme tous ceux qui, de près ou de loin, touchent à l'histoire de Bar-Jehoudda.

[18] En un mot jusqu'à ce qu'ils soient parvenus à leur terme, l'Agneau de 789, comme le dit très bien l'Apocalypse.

[19] Ils ont le pouvoir d'empêcher les pluies, dit l'Apocalypse, et de fermer le ciel.

Si vous obéissez au commandement que je vous fais aujourd'hui d'aimer le Seigneur votre Dieu, et de le servir de tout votre cœur et de toute votre âme, il donnera à votre terre les premières et les dernières pluies, celles qui font germer le blé et gonfler l'épi. (Deutéronome, XI, 13 et 14.) Raisonnement des deux prophètes : Vous n'aimez pas suffisamment le Seigneur votre Dieu, et c'est pourquoi nous ne vous avons pas donné d'eau. Quant à cette année, c'est l'année de repos pour la terre, la Loi vous défend de semer. Grâce à la connaissance que nous avons du système de Jehoudda, nous avons pu dater cette année sabbatique : c'est 760. En effet, par ce système dont la prédication de Bar-Jehoudda dans l'Évangile n'est que la stricte application, nous savons que 788 est une année jubilaire, c'est-à-dire une année sabbatique survenant après sept périodes de sept ans, soit quarante-neuf ans. Nous obtenons par soustraction successive les années sabbatiques 781, 774, 767 et 760.

[20] C'est une preuve indirecte de l'intervention ecclésiastique dans le texte de Josèphe, mais nous en donnons de directes et de matérielles.

[21] Imposteurs célèbres à qui l'on prête toutes sortes d'Histoires ecclésiastiques, remaniées de siècle en siècle pour les besoins de l'Église.

[22] Apocalypse, XI, 7-12.

[23] Un passage de Clément le Romain me le fait croire, mais surtout le rapprochement topographique avec la sépulture de Bar-Jehoudda en 789.

[24] Exode, XXI, 24, 25 ; Lévitique, XXIV, 19, 20.

[25] Mathieu, XVIII, 33-35.

[26] L'Enfer, tel que Jehoudda l'a dépeint dans l'Apocalypse, c'est-à-dire le Gué-Hinnom d'où l'on ne sort pas et non le Gué-Hinnom de Jérusalem où fut crucifié le jésus, et d'où l'on sort quand on a des parents qui vous en enlèvent la nuit.

[27] Dans Mathieu on a ajouté : fils de Barachie, sans doute au temps de la réfection des Evangiles par Hiéronymus alias Saint-Jérôme (la sixième environ). Ce qualificatif n'est pas dans Luc et on ne le trouve pas non plus dans le manuscrit dit du Sinaï, à cet endroit de Mathieu.

Voici le motif de cette interpolation :

On a vu que, dans la Nativité de Bar-Jehoudda sous le nom du Joannès (Luc, I), son père apparaît sous les traits de Zacharie qui fut le dernier des prophètes et qui était fils de Barachie. C'est une façon de dire qu'il a renoué la tradition prophétique interrompue depuis Zacharie. Mais ce n'est pas pour marquer davantage cette intention comparative que l'interpolateur le fait fils de Barachie, c'est pour créer une difficulté au fâcheux païen et au déplorable juif talmudiste instruits de l'identité du Zacharie évangélique et de Jehoudda, si peu fils de Barachie !

Toute l'ancienne Écriture, sauf Hiéronymus, le saint Jérôme de l'Église, tient que, nonobstant ce qualificatif insoutenable de fils de Barachie, le Zacharie en question ici est bien le père du Joannès. Origène ou pour mieux dire l'auteur du traité XXVI in Matthœum, ch. 23, dit formellement que le Zacharie père de Joannès a péri par l'épée. Grégoire de Nysse également (Homélie de christi Nativitate). C'est d'ailleurs l'évidence même.

[28] Actes, V, 37.

[29] Et parmi lesquels figure Bar-Jehoudda lui-même, sous le nom de Joannès, fils de Zibdeos !

[30] Voyez-en l'analyse dans l'Histoire des idées messianiques, de M. Vernes. La critique se divise au sujet de la date de composition. Les uns proposent Hadrien (M. Vernes, Histoire des idées messianiques), les autres Claude. Il y a plus de cent ans entre les deux termes proposés. Je ne sais d'ailleurs s'il est possible de dater avec quelque chance de précision un écrit qui nous est arrivé après tant de manœuvres destinées à le rendre méconnaissable. Ce qui nous frappe ici, c'est que les faits visés dans l'Assomption de Moïse s'arrêtent juste au Recensement.

[31] Connue dans le Canon sous le titre de Lettre de Jude.

[32] Voyez plutôt la scène de la Transfiguration.

[33] On a lu Josué, mais c'est Iehoschoua qu'il faut lire, (formule complète du nom de Jésus et de celui de Josué).

[34] Sur ces effroyables exécutions, voir Josèphe, Antiquités judaïques.

[35] Il est dit le Taxo : mot fort énigmatique, peut-être parce qu'il a été défiguré, et qui implique, s'il est grécisé, l'idée de judicature et de commandement. N'y avait-il pas Dago (de dag, poisson) ?

[36] Dans les écrits d'Hégésippe ils sont comparés aux Réchabites célèbres par l'observation stricte de tout ce que leur père leur avait ordonné. (Jérémie, XXXV. Rois, IV, X, 51.)

[37] Sauf Philippe et Thomas dont on ne connaît pas la fin.

[38] Après trois jours pour Eléazar (Lazare) et le troisième jour pour Bar-Jehoudda.

[39] Sur le rôle antisatanique de Michaël vous verrez l'Apocalypse.

[40] Lettre de Jehoudda junior (v. 9).

[41] Mathieu, XXIII, 35.

[42] Lettre de Jehoudda junior.

[43] Ses frères ont enlevé son corps déposé dans le Clamart de Jérusalem et ont répandu le bruit qu'il n'était pas mort. Les christiens de Jordanie ont cru cela pendant un siècle, jusqu'au jour où les scribes écrivirent son Assomption, c'est-à-dire le rudiment de l'Évangile.