LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME I. — LE CHARPENTIER

IV. — NATIVITÉ SELON MATHIEU.

 

 

I. — CALQUÉE SUR CELLE DE L'APOCALYPSE.

 

Remaniée et contée à la troisième personne, la Nativité du Joannès dans l'Apocalypse est devenue la Nativité du Jésus dans l'Evangile. Nous l'examinerons d'abord dans Mathieu où elle a le mérite de fixer la date avec une précision qui manque à Luc. Vivant, le jésus avait exploité la coïncidence astrologique de sa naissance avec celle du Soleil. C'est cette rencontre que les Evangélistes ont à leur tour exploitée dans leur fable où on le voit suivre mathématiquement la même carrière que le flambeau du Verbe, calculée sur un semestre depuis la Vierge Conceptrice jusqu'à l'Agneau Résurrecteur[1]. D'autres scribes sont venus, qui ont complété, créant des épisodes, mais sans s'écarter un seul instant de l'argument mathématique. En dépit de tout ce qui a été ajouté à l'Evangile et de tout ce qui a été retranché, la trame astrologique subsiste intacte jusque dans les détails. L'inexistence de Jésus, déjà supposée par le silence de l'histoire, est établie par toutes les Ecritures. Les autres preuves viendront, tirées du témoignage des hommes — et elles sont accablantes pour l'Eglise.

Inspirée, si l'on veut, mais pour des besoins hermétiquement juifs, mystification pure jusque sur la croix, la fable évangélique n'est qu'une mythologie pour chef-lieu de canton.

Rien de grand dans la cause : un intérêt de secte, moins encore, un intérêt de famille. Maria accouchant d'une marionnette dont l'Eglise tire les fils depuis seize cents ans. Car c'est l'Eglise seule qui a fait de Bar-Jehoudda Jésus, et de ce juif le Fils de Dieu. Jamais il n'a émis pareille prétention, ni pour lui les premiers évangélistes. C'était un de ces fils de Dieu comme Iahvé en faisait tous les jours parmi les Juifs. Il se disait fils de Dieu, et non le Fils de Dieu, fils d'homme et non le Fils de l'homme, christ selon David et non le Christ[2], sauveur par le baptême et non le Sauveur. Si tu dis que tout homme qui naît selon l'ordre de la Providence est fils de Dieu, lui objecte le rabbin de Celse, quel avantage as-tu sur les autres ?[3] Aucun.

 

La présence de Dieu dans cette région n'a point été signalée : grave lacune dans la fable évangélique, car il s'agit évidemment du Dieu des Juifs et on avouera bien que les Juifs étaient seuls compétents pour voir Dieu, puisque depuis la création il ne s'était montré qu'à eux. Si Dieu s'était de nouveau montré et dans la tribu de Zabulon, cet événement n'eût point passé inaperçu, étant donné les rivalités qu'il y avait entre les douze tribus d'Israël. Si Dieu s'était tout à coup prononcé pour Zabulon, il y aurait eu mouvement au moins dans Juda, Benjamin et Ephraïm. Le seul Dieu qui apparut vraiment en Judée, c'est Jupiter Capitolin, raflant de sa dextre puissante les deniers du tribut, tandis que le Iahvé du Temple, de sa senestre vigoureuse, empoignait les didrachmes !

 

II. — ENCORE LE SONGE DE JOSEPH.

 

Tout en proclamant dans la Généalogie que le jésus est fils de Joseph — sinon il n'eût pu l'être de David, et c'est à quoi les Juifs tenaient le plus — Mathieu, dans la Nativité proprement dite, se refuse à appeler Joseph père de l'enfant. Luc fera de même. Pour Mathieu, Joseph est simplement le mari selon le monde. Pour Luc, moins encore, le fiancé. L'Epoux, c'est un autre et qu'on ne voit pas.

On ne pouvait rendre un hommage plus direct au grand-père de Mathias, au grand Jehoudda qui avait dit :

 

Ne vous faites point appeler maîtres, car vous n'avez qu'un seul Maître, et vous êtes tous frères.

Aussi n'appelez personne sur la terre votre père, parce que vous n'avez qu'un Père qui est dans les deux[4].

 

Jehoudda ne se singularisait pas. Il répétait ce que disaient toutes les Écritures. Iahvé ne disait-il pas dans Isaïe : Je suis dans le ventre des mères d'Israël lorsqu'elles conçoivent ? Et Jésus ne dit-il pas des Juifs, après avoir défendu aux apôtres d'aller chez les goym : Il est écrit : Vous êtes dieux ?

 

Or la génération du christ était celle-ci : Maria, sa mère, après avoir été fiancée à Joseph, se trouva grosse avant qu'ils eussent été ensemble, ayant conçu de l'Esprit-Saint.

 

Elle était grosse parce que, comme dit plus explicitement Luc, le Verbe Jésus l'avait regardée et qu'un regard du Verbe, c'est la fécondité immédiate. Désignée par les prophéties comme devant être la servante du Seigneur, il lui a suffi d'être fiancée à un homme du même sang qu'elle pour être par avance grosse des œuvres du Verbe. Joseph n'a fait que le geste.

 

Or, Joseph, son mari, étant juste, [c'est-à-dire fidèle observateur de la Loi] et ne voulant pas la diffamer, résolut de la renvoyer sans éclat.

 

Joseph connaît son Deutéronome sur le bout du doigt, et plus il est juste, plus le scandale est grand, car il est écrit : Si un homme ayant épousé une femme... et cherchant un prétexte pour la répudier, lui impute un crime honteux en disant : J'ai épousé cette femme, mais m'étant approché d'elle j'ai reconnu qu'elle n'était point vierge... son père et sa mère la prendront, et ils représenteront aux anciens de la ville qui seront au siège de la justice les preuves de la virginité de leur fille... et les anciens de la ville prenant cet homme lui feront subir la peine du fouet... parce qu'il a déshonoré par une accusation infâme une vierge d'Israël... Et si ce qu'il objecte est véritable, s'il se trouve que la fille quand elle l'épousa n'était pas vierge, on la chassera hors de la partie de la maison de son père, et les habitants de cette ville la lapideront et elle mourra, parce qu'elle a commis un crime détestable dans Israël, étant tombée en fornication dans la maison de son père, et vous ôterez le mal du milieu de vous[5]. Voilà donc à quoi s'expose Joseph : ou recevoir le fouet et payer l'amende, s'il diffame Maria ; ou la livrer à la mort s'il dit vrai. Mathieu le place entre la thèse de Jehoudda sur la filiation divine des juifs et la terrible disposition de la Loi.

Comment comprendre que,le Lévitique lui ayant imposé l'obligation de n'épouser qu'une vierge, Joseph ait eu l'impudence de faire nazir dès le ventre, de consacrer à Dieu le fruit avéré du déshonneur de sa femme ! Il y a là un faisceau d'illégalités sacrilèges comme il ne s en est jamais rencontré dans la vie d'un juste. Joseph prend le parti le plus modeste qu'on puisse prendre quand on se moque des goym avec cette désinvolture, il se tait.

 

Mais comme il réfléchissait à ces choses, voilà qu'un ange du Seigneur lui apparut en songe, [le songe de Joseph] et lui dit : Joseph, fils de David, ne craignez point de prendre Maria votre épouse, car ce qui est né dans elle est du Saint-Esprit.

Elle enfantera un fils, et vous appellerez son nom jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés.

 

Et, en effet, le nom de Bar-Jehoudda fut appelé jésus, en d'autres termes il fut surnommé jésus, parce qu'à partir de 782, il remit les péchés dans l'eau du baptême.

Observons que l'Annonciation est à Joseph et non à Maria, comme dans Luc, parce que dans Mathieu la généalogie de Bar-Jehoudda est par Joseph. L'ange (Gabriel) fait à Joseph l'application de son propre système génésique. C'est une flatterie qui n'a pas été comprise. Le seul tort de Mathieu, c'est d'avoir présenté son allégorie sous des dehors si grossiers que le bon renom de Maria, épouse irréprochable, s'en est trouvé terni. Mais si l'on réfléchit que Mathias, sous le nom de qui on a mis cette Nativité, était le petit-fils de Salomé, tout soupçon d'irrespect s'évanouit. Tout soupçon d'imposture aussi, car, fils de Jehoudda dit Thomas, jamais Mathias n'aurait prétendu dire que son oncle, le Nazir, se fût appelé Jésus de son nom de circoncision, ni que son grand-père se fût appelé Joseph. Jésus est une simple épithète, Mathieu l'indique bien. Chez un juste comme Jehoudda, le premier-né, le békôr, s'appelait toujours comme son père, et si celui-ci se fût appelé Joseph son premier-né se fût appelé Joseph. L'ancienne Loi était formelle, à ce point que, si quelqu'un venait à épouser la veuve de son frère, il était obligé de donner le nom du mort au premier fils qu'il avait d'elle.

 

Or, tout cela s'est fait pour accomplir ce que le Seigneur avait dit par le prophète, en ces termes : Une Vierge concevra, et elle enfantera un fils, à qui on donnera le nom d'Emmanouël, c'est-à-dire Dieu avec nous.

 

Les scribes, avec leurs feintes habituelles, nous disent qu'ils tiennent d'Isaïe l'idée de la Vierge-Mère[6]. Ils se moquent agréablement de nous. Ils la tiennent de l'Apocalypse qui la tient du Thême de Jehoudda. Mais comme l'Apocalypse a avorté misérablement, il faut donner à la Vierge un sens autre que le sens millénariste, afin d'égarer les recherches du goy. Isaïe, comme bien on pense, n'a jamais voulu parler de Maria et de son békôr, mais bien de sa propre femme et de son propre fils : il est formel sur ce point.

Au moment où Isaïe fit cette prophétie, Achaz, roi de Juda, pour qui il la faisait, était assailli par de puissants ennemis et sur le point de perdre la couronne. Isaïe, pour consoler le roi, annonce la naissance d'un Enfant miraculeux qui naîtra d'une vierge et qui donnera la victoire aux Juifs. Ce signe ne se réalisant ni chez Achaz ni ailleurs, Isaïe se décide, pour conserver son crédit, à s'approcher de sa propre femme, dont la virginité n'était sans doute pas contestée, et à lui faire un enfant : J'ai pris, dit-il, de fidèles témoins (Isaïe ne recule devant aucune preuve) et me suis approché de la prophétesse (comme qui dirait de la bourgeoise), laquelle a conçu et enfanté un fils. A peine est-il besoin de dire qu'Achaz, une des pires canailles qui aient jamais régné, fut en fin de compte abominablement rossé. Bar-Jehoudda ayant fini comme Achaz et plus mal encore, Mathieu lui applique la prédiction que Jehoudda et Salomé, en cela semblables à Isaïe et à sa femme, n'avaient pu réaliser que dans la même mesure.

 

III. — COMMENT ON DISSIMULE À LA FOIS LE NOM DE CIRCONCISION ET LE NAZIRÉAT DU NOUVEAU-NÉ.

 

Pendant qu'ils chercheront dans Isaïe, les goym ne seront pas tentés d'identifier l'individu qu'on surnomme ici Jésus avec l'auteur de l'Apocalypse. C'est une identité qu'on laisse à deviner, mais qu'on n'avoue plus au moment où on écrit, elle mène trop loin. Mais que celui qui a des oreilles entende !

 

Joseph s'étant donc éveillé fit ce que l'ange du Seigneur lui avait ordonné, et prit sa femme.

Et il ne l'avait point connue, quand elle enfanta son fils premier-né, à qui il donna le nom de Jésus[7].

 

Ce dernier membre de phrase est un faux caractérisé, dont aucun disciple de Jehoudda et de ses fils n'a pu être dupe. Pour le reste le scribe s'est rigoureusement conformé à la loi formulée par le Rabbi. Il ne pouvait pas appeler père du jésus un homme qui avait dit : N'appelez personne sur la terre votre père. Et voilà pourquoi le scribe passe sous silence la circoncision qui fut pratiquée sur le nouveau-né au huitième jour, car c'est dans cette cérémonie qu'on choisissait le nom de l'enfant ; en l'espèce Jehoudda et nul autre.

Pour la même raison on cache aux goym cette chose essentielle que, dans cette famille où la Loi régnait despotiquement, le Jésus, en sa qualité de békor, avait été naziréé avant sa naissance, c'est-à-dire voué au dieu des Juifs par anticipation.

Cela se comprend, il existe des écrits, notamment celui que Luc a arrangé, où le Nazir (dont on a fait Naziréen) est nommément Joannès :

 

Il (Joannès) sera grand devant le Seigneur ; il ne boira point de vin ni de ce qui peut enivrer ; et il sera rempli du saint-esprit dès le ventre de sa mère[8].

 

Et alors c'est l'identité avouée ! Car il n'y a pas deux enfants Nazirs dans l'Evangile, mais un seul alternativement appelé le Joannès ou le jésus. Or on se réserve d'inventer le bourg de Nazareth pour expliquer autrement que par la vocation religieuse un des surnoms ordinaires du Joannès-jésus. De plus l'état de Naziréen n'entraîne pas qu'un régime alimentaire particulier, il engage étroitement dans les liens et dans les cérémonies de la Loi ; tous les sentiments s'en ressentent, ils s'exaltent jusqu'à la passion. Chez un Nazir qui a conscience de son état le vœu couvre le crime. Or les temps viennent, et ils sont venus, où transfiguré en Jésus, Bar-Jehoudda cesse d'avoir été un criminel.

Aux termes de la Loi, le premier-né devait être présenté au Seigneur dans la première année, afin que les lévites homologuassent pour ainsi dire son naziréat. Donc Ben-Jehoudda fut apporté au Temple quelque temps après sa circoncision. Les Nativités anciennes contenaient cette Présentation, Valentin en a eu connaissance, ainsi que des allégories de Siméon et Anna, témoins mythologiques de l'acte[9].

 

IV. — L'ÉTOILE DES MAGES.

 

La date de la naissance est fixée mathématiquement par les Mages :

 

Jésus étant donc né à Betléhem de Juda[10], aux jours du roi Hérode, voici que des mages vinrent d'Orient à Jérusalem.

Et ils demandèrent : Où est celui qui vient de naître Roi des Juifs ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l'adorer.

Ce que le roi Hérode ayant appris, il en fut troublé, et toute la ville de Jérusalem avec lui.

 

Hérode étant mort en mars 750, c'est en deçà que se place la naissance du roi-né que le Dieu des Juifs oppose à Antipas l'héritier présomptif. Mais le règne d'Hérode ayant été long de trente-sept années, comment trouver celle de la Nativité ? Rapprochée des indications de l'Apocalypse, l'intervention des Chaldéens — car ce sont bien des Chaldéens, des calculateurs de périodes astronomiques — va nous permettre de fixer la date. La naissance de l'enfant a coïncidé avec une mesure de temps connue de ces mathématiciens. Ce n'est pas à cause de son étoile qu'ils ont entrepris ce voyage, — ils étaient blasés sur l'étoile, elle était annuelle — c'est à cause de l'année, et cette année a la même signification pour les Chaldéens que pour les Juifs. Hérode en est troublé et tout Jérusalem avec lui. Quelle est donc cette année exceptionnelle ?

 

Et ayant assemblé tous les princes des prêtres et les scribes du peuple, il s'enquit d'eux où devait naître le christ ?

Ils lui dirent : Dans Betléhem de Juda, selon ce qui avait été écrit par le prophète (Michée) :

Et toi, Betléhem, terre de Juda, tu n'es pas la moindre d'entre les principales villes de Juda, car de toi sortira celui qui doit conduire mon peuple d'Israël.

 

Sur la maison d'où le messie doit sortir, aucun désaccord entre les Juifs, voire talmudiques, c'est la maison de David. On a cité Michée, on aurait pu citer tous les prophètes. Hérode n'avait à consulter personne.

 

Alors, ayant fait venir les mages en secret (c'est assez dire que personne ne les a vus), Hérode s'enquit donc avec grand soin du temps auquel l'étoile leur était apparue.

Et les envoyant à Betléhem, il leur dit : Allez, informez-vous exactement de cet enfant et lorsque vous l'aurez trouvé, faites-le moi savoir, afin que moi aussi, j'aille l'adorer.

 

Hérode ne conteste pas les prophéties, ce n'est pour lui ni une question de principe, ni une question de lieu : c'est une question de période, et ce que les Chaldéens lui ont dit du temps auquel l'étoile leur est apparue l'a fortifié dans le sentiment général.

Le signe est apparu dans un temps marqué sur leurs tables, ils ont marché à l'étoile, parce que la pénultième année jubilaire est venue. Ils ne se sont pas trompés dans leurs calculs, et quand ils arrivent le christ est né.

 

Ayant entendu ces paroles du roi, ils partirent. Et en même temps l'étoile qu'ils avaient vue en Orient allait devant eux, jusqu'à ce qu'étant arrivée sur le lieu où était l'enfant, elle s'y arrêta.

Lorsqu'ils virent l'étoile, ils furent transportés d'une joie extrême. Et entrant dans la maison, ils trouvèrent l'enfant avec Maria, sa mère, et se prosternant, ils l'adorèrent ; puis, ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Et ayant reçu, pendant qu'ils dormaient, un avertissement de ne point aller retrouver Hérode, ils s'en retournèrent dans leur pays par un autre chemin.

 

Ceci pour la bonne marche de l'allégorie, et afin qu'Hérode, apprenant d'eux en quelle maison de Betléhem était l'enfant, ne pût le faire périr au lieu d'aller l'adorer comme il l'avait dit tout d'abord.

Cette étoile, qui marque la Nativité d'un sceau astrologique indélébile, a fort embarrassé l'ancienne Eglise. D'autant plus que, dans le texte primitif, elle ne guidait pas de Mages vers Betléhem, mais des Chaldéens. Les scribes avaient donc été médiocrement inspirés en introduisant un signe zodiacal dans leur thème et en lui faisant accomplir des cascades telles qu'aucun observatoire n'en avait enregistrées dans les temps les plus troublés de l'histoire babylonienne.

Comment l'Eglise s'est-elle tirée de là ? En soutenant qu'il ne s'agit pas d'une étoile classée qui s'est levée normalement et mathématiquement : Ce fut, dit l'Eglise, un phénomène lumineux du genre des comètes et des météores, comme ceux qui précèdent les événements dont la face du monde est bouleversée. Ce ne fut donc pas, guidés par une constellation déjà existante, mais émus par un prodige inconnu d'eux-mêmes que les Chaldéens ou les Mages, il n'importe, sont venus à Betléhem adorer le Sauveur du monde ![11] En un mot, il n'est pas question d'un de ces vulgaires signes dont se servent les astrologues dans leurs thèmes de géniture, mais d'un phénomène exceptionnel et pressant qui a fait capituler toute l'astrologie devant le Jésus !

 

Mais pensez-vous vraiment qu'au mois de septembre, date astrologique de leur départ pour Betléhem, les Mages aient pu voir au ciel une autre étoile que celle qui y était de par l'Apocalypse ? Si vous le croyez, c'est que vous n'avez pas le sens de l'allégorie. Le signe céleste qui monte sur l'horizon ces nuits-là n'était et ne pouvait être que la Vierge, cette Vierge que les plus vieilles traditions sidérales nous montrent présidant à la naissance du soleil, et les plus vieilles sphères, allaitant un jeune enfant nommé par quelques-uns Jésus et par les Grecs Christos.

Pour les christiens, tout au moins pour ceux qui ont composé l'Evangile, le monde postadamique ayant commencé en automne, le Christ Jésus avait remis entre les mains de la Vierge comme une synthèse des œuvres de vie qu'il contenait en lui. On la concevait à la fois comme le plus virginal et le plus fécond de tous les signes, puisque, d'une part, elle appartient aux six Mille de Dieu, et que d'autre part, après la révolution de Tannée, elle avait reparu pleine de tous les fruits de la récolte. Telle avait été Salomé, la plus pure assurément de toutes les filles de Judée quand elle avait épousé Jehoudda, et par son mariage la plus féconde de toutes les femmes de la maison de David.

Mathieu, très rudement, dit que Maria porta dans le ventre : lourde expression mais juste, si Ton songe que dans un canon astrologique fort répandu, la Vierge, placée sur le Zodiaque déroulé, occupait la région du ventre et par conséquent y présidait. Le ventre de la Vierge est célèbre. Elle est représentée assise sur un trône, signe de sa majesté, et tenant entre les mains deux épis et des raisins, signe de la fécondité dont en son vivant la mère des apôtres avait donné neuf preuves solidement constituées. L'étoile des Mages, c'est donc la Vierge qui se lève à l'équinoxe d'automne avec son camarade le Bouvier. Les scribes ont incarné le Bouvier dans Joseph. Maria et Joseph ne sont point un faux ménage, comme les méchants l'ont insinué, ils sont mariés en justes noces — en équinoxes, si vous, aimez mieux. C'est un ménage où il n'y a ni époux ni épouse, mais une constellation-femme et une constellation-homme en relations familières. Le Bouvier s'appelait communément l'Homme de la Viergeson Homme, dit fort bien Mathieu. Or, l'Homme de la. Vierge n'est point assez fat pour s'imaginer qu'il puisse contribuer à la géniture de Jésus, il est trop au-dessus du cercle zodiacal qui traverse la Vierge en ce moment. En revanche, il est assez naturel que l'Ange avertisse le Bouvier avant la Vierge : le Bouvier est toujours levé avant elle.

 

Il ne faut pas faire porter à Joseph la peine de notre ignorance. Ce n'est pas sa faute si on n'a pas reconnu immédiatement en lui le Bouvier, dans le Bouvier Janus, l'antique et vénérable constellation qui, se levant à minuit — l'heure de l'arrivée des Mages à Betléhem — lors du solstice d'hiver, lève son bâton pour fermer Tannée qui finit et pour ouvrir Tannée qui commence.. Peut-être aurions-nous compris tout de suite si les experts en Dieu ne s'en étaient mêlés. Bon portier de lumière, tous les hommes te vénèrent, et sans l'Eglise jamais tu ne leur aurais semblé ridicule !

Il ne connaît que la consigne. Pour épouser la Vierge il veut être sûr qu'elle est grosse — il sait de quelles œuvres. Concierge et accoucheur à la fois, il ne veut lui tirer le cordon qu'après le lui avoir ombilicalement noué ! Au besoin il emploierait les grands moyens, car l'instrument qu'il tient à la main sur les sphères ressemble tout aussi bien à un forceps.

Le Bouvier a fait lit à part dès le premier jour. Levé à minuit, tout à ses portes, pendant que la Vierge donne un nouveau Soleil au monde, comment pourrait-il être son homme autrement qu'en allégorie ?

Grâce à de patientes recherches dans les archives de l'état civil du firmament, je pourrais vous dire très exactement quel jour et à quelle heure il s'est astrologiquement marié, quels furent ses témoins et ses invités. La cérémonie fut célébrée un 24 décembre, à 23 heures 59 secondes — heure de l'Europe centrale — si le Bouvier a été exact, et à minuit tout était terminé. Les étoiles ne furent nullement étonnées devoir accoucher la fiancée au bout d'une seconde de présentation, elles clignèrent de l'œil d'un petit air qui ne cachait aucun sous-entendu. Il en était venu de plusieurs milliers de lieues à la ronde, parées de leurs plus beaux diamants, avec des robes dont la queue filait en comète. L'échoppe de Joseph brillait de plus de feux qu'un parterre de rois. Telles furent, si la nuit du 25 décembre était claire, les noces de Joseph et de Maria. Pour éviter les disputes et les coups on n'avait pas invité de théologiens.

Mathieu n'a donc fait que son devoir de reporter sidéral et un peu sèchement, lorsqu'il a dit dans la note envoyée à la Gazette de Gamala : Comme Maria sa mère eut été fiancée à Joseph, avant qu'ils fussent venus ensemble (la voilà bien la joyeuse conjonction !), il advint qu'elle porta dans le ventre de par l'Esprit Saint. Il n'y a rien à reprendre dans ce compte rendu, il est parfait, et même il rappelle Tacite, sauf que, la concision ne lui paraissant pas une vertu juive, Jehoudda l'a remplacée par la circoncision.

La Vierge ne devant Jésus qu'aux œuvres de Dieu, il n'est point nécessaire que le Bouvier l'épouse pour qu'elle engendre. Elle est enceinte quand Joseph la prend, et malgré ses feux il ne la connut point jusqu'à ce qu'elle eût enfanté son Fils. Il ne la connut pas davantage (dans le sens où l'entend Mathieu) après la naissance de Jésus. Il n'en est pas moins fort honoré de la voir en cet état, comme ces seigneurs de l'ancien régime qui n'épousaient les filles qu enceintes des œuvres du roi. Il fait bien un peu la grimace, au début, et même il rumine, pour ménager le préjugé humain, le projet de quitter cette pauvre Vierge dont la grossesse n'éclate pas moins que la virginité, mais un examen superficiel de la sphère céleste le ramène au sentiment de ses devoirs. Il se garde donc bien de lever sur elle la massue dont il est armé. On le représente toujours avec cette massue qui, je vous prie de me croire, ne fut oncques fabriquée par un charpentier galiléen et qui est, si j'ose m'exprimer ainsi, du bois dont on fait les astres. Et non seulement il ne s'en servira pas contre la Vierge, mais s'il le pouvait, il descendrait du ciel pour assommer tous les théologiens qui se permettent de discuter la nonuple maternité de Salomé.

A propos, ne vous faites pas trop d'illusions sur la jeunesse des conjoints. Certes ils sont beaux, même à présent qu'ils ont deux mille ans de plus, ils le seront longtemps et d'une beauté qui ne passera point, mais ils ne sont plus de la première fraîcheur : la Vierge et le Bouvier ont le même âge, celui qu'on donnait au monde dans l'école de Jehoudda — cinq mille ans, je pense. Quoiqu'ils ne soient jamais en conjonction franche, ils se voient depuis la Genèse ; il ne s'agit donc pas d'un mariage de fiancés, mais d'une vieille habitude. Des gens qu'on n'a jamais vus l'un sans l'autre... vous comprenez... l'opinion publique... autant régulariser, et chaque année, le 25 décembre, on régularise ! Il n'y a de nouveau, chaque fois, que le nouveau-né. C'est lui, chose curieuse, qui fait le voyage de noces à la place des parents, et pour son coup d'essai il visite la Judée : il s'y trouve si bien qu'il n'en sort plus. Il est là parmi les siens, dans l'élément qu'il a créé, dans son peuple, chez lui, dit le Quatrième Evangile. Tous les Juifs sont les fils du Christ Jésus, il les a faits jadis dans son premier voyage. Ce peuple est son chef-d'œuvre. Je m'arrête, ne voulant pas que le Soleil m'accuse de flagornerie.

 

La Vierge n'est pas le seul signe auquel les Chaldéens aient eu affaire. Ils sont arrivés sous le Capricorne y dont Hérode est le correspondant en Judée. C'est la Vierge, capricornée comme dans l'Apocalypse, qui les conduit à Bethléem. La fausse Nativité de Jésus qu'on a superposée dans Luc à celle du jésus décrit avec beaucoup de soin la situation respective des principales constellations appelées à former le signe. Et c'est une chose curieuse de voir que dans leur travail de mensonge les faussaires ont respecté pieusement la donnée astrologique de la Nativité selon l'Apocalypse.

La Nativité de Jésus est en harmonie avec le signe agreste, le Capricorne, sous lequel elle se produit. La Vierge y demeure avec tous ses attributs et tous ceux du Bouvier. Les bergers de Bethléem qui sont surtout de Chaldée en savent tout autant là-dessus que les anges descendus pour leur apprendre la grande nouvelle. Voyez le Signe ! c'est tout ce que peuvent dire les anges. Nous le connaissons bien, pourraient répondre les bergers, il y a assez longtemps que nous gardons les troupeaux du Capricorne ! C'est sur de la paille arrachée à son brillant Epi que la Vierge dépose le céleste nourrisson, mais comme elle a dû sortir de sa propre maison avec le Bouvier pour mettre Jésus au monde, il n'y a plus de place pour eux dans celle où l'évangéliste les amène. C'est d'ailleurs pour son Fils un simple lieu de passage — on dit le mot : une hôtellerie. Ce n'est pas Jésus qui n'a pas de place dans cette hôtellerie — Jésus a douze maisons plutôt qu'une ! — ce sont eux, les pauvres ! Lisez vos textes, messieurs les exégètes, lisez vos textes.

C'est tout naturellement que l'âne et le bœuf sont venus dans la suite des temps se grouper autour de la crèche et réchauffer le petit enfant de leur haleine. Ce bœuf était en puissance dans le Bouvier, et l'âne — nous le verrons bientôt — avait des titres non moins célestes à la vénération des Juifs[12].

 

Bar-Jehoudda n'est pas né à Betléhem. Est-ce qu'il y naît dans l'Apocalypse ? Il n'avait point à y naître ; par son père et par sa mère il en est depuis bientôt mille ans. C'est si peu une condition qu'avant de conférer avec les scribes et les docteurs, les Chaldéens accourus au signe ignorent complètement en quel endroit le roi des Juifs doit prendre naissance.

S'il était né à Betléhem, dans une maison qui devait être classée parmi les monuments historiques, un enfant descendant de David par son père et par sa mère, circoncis le huitième jour devant témoins, présenté au Temple le quarantième et désigné à l'attention publique par une ambassade venue du fond de la Chaldée, Hérode n'aurait pas eu besoin du rapport des Mages pour trouver son adresse et assouvir la jalousie de l'héritier présomptif Antipas. Il va sans dire également que si le seul fait de naître à Betléhem avait été une cause de mort pour l'enfant, Jehoudda n'aurait pas attendu l'accouchement de Salomé pour fuir les hérodiens.

Bar-Jehoudda ne naît à Betléhem que juridiquement. A chaque jubilé le bien patrimonial fait retour à son premier maître[13]. Dépossédé par la force, le fils de David rentre dans sa maison par la loi de réintégrande. La postérité d'Hérode doit céder la place, Dieu le veut. Ce n'est pas à ce jubilé-ci, parce que le pouvoir est encore aux hommes, ce sera pour l'autre, le jubilé du Rétablissement de toutes choses, la dernière des réintégrandes, celle d'Eve dans Adam. Ce jour-là, ce n'est pas seulement la ville d'où David est sorti que Dieu restituera, c'est tout son royaume.

 

Si les scribes n'étaient pas libres de changer la date à laquelle Bar-Jehoudda était né — l'Apocalypse les liait à 739 — au moins dépendait-il d'eux de le faire naître ailleurs qu'à Gamala. Etant donné ce parti, Betléhem était tout indiqué, et même ils ne pouvaient élire un autre lieu, les prophéties le leur défendaient. Betléhem, berceau de David et en même temps de Bar-Jehoudda, c'est une figure comme tout le reste, mais une figure qui en dit long sur l'esprit qui préside à ce choix. Le Jésus naît dans la maison d'Israël la plus heureuse en conquêtes, la plus glorieuse que le peuple juif ait connue. La première chose qu'il dût faire, c est de sauter sur l'épée de David, arme faible en comparaison de celles du Christ de l'Apocalypse, mais la terre d'Israël ne lui en fournissait pas d'autres. Si quelque Français, prophétisant sur la Revanche, annonçait que le Libérateur doit naître dans la maison de Napoléon Ier, en concluriez-vous que c'est un homme pacifique ? Point ne le crois. Il est donc insensé de dire que dans l'Évangile original le jésus était un christ de paix. Betléhem est une belliqueuse image. Et pour compléter la pensée de Mathieu, prenez-moi dans Luc la prophétie de Zacharie, après l'avoir mise au futur comme toute prophétie doit être et comme tout christien l'entendait : Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, de ce qu'il visitera son peuple et le délivrera, de ce qu'il nous suscitera, dans la maison de David, son serviteur, un sauveur qui nous délivrera d'entre nos ennemis et des maux de nos haïsseurs, pour témoigner sa faveur à nos pères et nous rappeler sa sainte alliance, le serment qu'il a fait à notre père Abraham, en nous permettant à nous, arrachés à la main de nos ennemis, de le servir sans crainte[14] ; et dites-moi s'il a paru sous Auguste et sous Tibère un homme qui commandait aux Juifs de tendre la joue gauche après la joue droite !

Pour le reste, l'évangéliste n'a jamais prétendu dire que des Mages Perses fussent venus à Betléhem adorer le Roi des Juifs. C'est comme s'il eût représenté M. Edouard Drumont répandant Tor, l'encens et la myrrhe aux pieds d'un petit Rothschild nouvellement né. Ce serait d'une exécution difficile, même si, contre toute attente, M. Drumont se laissait tenter par l'appât d'une récompense.

 

V. — DISSIMULATION DES VRAIES CAUSES DU SÉJOUR EN ÉGYPTE.

 

La mystification continue après le départ des Mages.

Après qu'ils furent partis, un ange du Seigneur apparut à Joseph, pendant qu'il dormait, et lui dit : Levez-vous, prenez l'enfant et sa mère, fuyez on Egypte, et n'en partez point jusqu'à ce que je vous le dise, car il arrivera qu'Hérode cherchera l'enfant pour le mettre à mort.

Joseph, s'étant levé, prit l'enfant et sa mère durant la nuit, et se retira en Egypte où il demeura jusqu'à la mort d'Hérode, afin que fût accompli ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète (Osée), disant : J'ai rappelé mon Fils d'Egypte.

Le prophète Osée n'a rien dit qui se rattache à cette situation. Mais il importe extrêmement que les goym ne puissent savoir à quelles études Bar-Jehoudda s'est adonné en Egypte, quel genre de Fils de Dieu il en a ramené, quel signe il en a rapporté qui explique son surnom de jésus, quelles Apocalypses il a répandues à son retour qui justifient son pseudonyme de Joannès. Si l'on avoue qu'il est tout à la fois le Joannès et le jésus, si surtout on avoue qu'il a été marqué au bras du signe de la vie éternelle, cette croix dont l'Occident par Pontius Pilatus a fait l'instrument de sa mort, inutile d'aller plus loin, il n'y a pas d'Évangile possible.

 

Il faut toujours entendre le contraire des prophéties utilisées par les scribes évangéliques. Mathieu allonge ou raccourcit les citations à sa fantaisie, selon le parti qu'il en tire. Osée faisait allusion au retour d'Egypte sous Moïse : Dans sa jeunesse, j'aimai Israël et d'Egypte je ramenai mon fils, disait Osée. Mais combiné avec Osée, Isaïe donne son vrai sens à la citation, car Isaïe avait affirmé les droits d'Israël sur l'Egypte et il avait voulu que le dieu des Juifs y eût un temple.

En ses rêves de gloire, Isaïe embrassait trois terres pour le compte de Iahvé, terres promises à Abraham et qui, toutes les trois, par le malheur des temps, avaient échappé à ses fils. Mais Jésus refera dans l'unité ce que les hommes ont séparé. Les trois temples sont tombés. Tombé le premier, celui du Garizim, abandonné par les Juifs purs ; tombé le second, celui de Sion, ruiné par Titus ; tombé le troisième, celui d'Héliopolis d'Egypte, fermé par ordre de Rome. Que reste-t-il aux Juifs ? Rien que Jésus. Jésus, voilà le temple de l'avenir pour tous les Juifs qui ont foi dans la promesse. Trois temples en un, l'inaltérable Corpus Judæorum ; trois terres sous la même Loi, l'impérissable Lex Judæorum. Les Chaldéens, c'est Abraham parti du Harran : première étape du peuple de Dieu ; Betléhem, c'est la postérité d'Abraham établie en Judée : seconde étape du peuple juif ; l'Egypte, c'est Joseph régnant sur Pharaon, puis, après la servitude, Moïse ramenant les Juifs en Judée : troisième étape du peuple de Dieu, la dernière avant la promulgation de la Loi que Jésus vient rappeler aux Juifs de la dispersion, s'ils veulent vivre et vaincre.

Tel est et non autre le sens religieux de ce voyage qui a valu tant de médailles aux peintres académiques.

En allant en Egypte, Bar-Jehoudda retourne à la source d'où Moïse a jadis ramené Jésus. C'est une indication pour tous les Juifs d'avoir à le suivre dans la voie où son père a retrouvé l'Etre méchant et jaloux qu'il a proposé à la nation juive pour son Créateur. Jérusalem n'est plus, mais Alexandrie reste. Sérapis se serrera un peu pour faire place à Jésus, comme Pharaon s'est serré pour faire place à Joseph. Les Juifs d'Alexandrie ont deux quartiers sur cinq, que diable !

 

VI. — LA DATE DE LA NATIVITÉ SELON MATHIEU (739).

 

Alors Hérode, voyant que les Mages s'étaient moqués de lui (beaucoup moins que l'évangéliste ne se moque de nous) entra dans une grande colère, et il envoya tuer dans Betléhem et dans tout le pays d'alentour tous les enfants de deux ans et au-dessous, selon le temps dont il s'était soigneusement enquis des Mages.

 

C'est donc bien sur une période de temps mathématiquement déterminée qu'aurait porté la consultation des Mages ; cette période, c'est un jubilé, une année de deux ans. En faisant tuer tous les enfants qui sont nés au-dessous, c'est-à-dire en dedans de ces deux années, Hérode se croit assuré de ne pas manquer son coup, car il ne sait pas encore que Joseph, après un songe de nuit, a emmené l'enfant et sa mère en Egypte.

 

On vit alors s'accomplir ce qui avait été dit par le prophète Jérémie :

Une voix a été entendue dans Rama, des plaintes et de grands gémissements : Rachel pleurant ses enfants, et ne voulant pas recevoir de consolations parce qu'ils ne sont plus.

 

Le Massacre des Innocents au-dessous de deux ans, on le sait, est inconnu de l'histoire et il ne saurait en aucune façon s'entendre de la punition des fils d'Hérode en révolte plus ou moins ouverte contre leur père. Cette exécution fut vue d'un fort bon œil par Jehoudda et par tous les davidistes, elle ne fut même pas trop antipathique à ceux des fils d'Hérode qui furent épargnés et qu'elle débarrassa de concurrents redoutables. La citation de Jérémie n'est pas moins déplacée que celle d'Osée. C'est la suite de la mystification qui a pour but de nous cacher les vrais motifs et les véritables dates du départ de Bar-Jehoudda pour l'Egypte et surtout l'emploi qu'il a fait de son séjour en ce pays de divination et de thaumaturgie. Au surplus n'y a-t-il mystification qu'à l'endroit des goym, car Rachel étant femme de Jacob dans la Genèse et mère de Joseph, c'est ici la mère de Jehoudda dont le père s'appelait Jacob et qui pleure sur toute cette lignée d'enfants et de petits-enfants qui, depuis le mouvement de 746 jusqu'à la révolte de Ménahem en 819, sont morts martyrs de la Loi. L'allusion est d'autant plus directe que dans la Genèse Juda, chef de la tribu dont Betléhem dépend, est également fils de Jacob. Tous les Juifs ont compris.

 

Lorsque Mathieu fait tuer par Hérode tous les enfants de la double année, il ne veut pas dire que Bar-Jehoudda avait deux ans à son départ pour l'Egypte, mais que tous les enfants nés à Iahvé dans les deux années jubilaires (739-740), selon le temps (le calcul) dont Hérode s'était enquis auprès des Mages, ont été, à un moment donné, massacrés par les Hérodes.

Si ces deux ans eussent été l'âge des Innocents qu'Hérode fait massacrer, l'enfant cause de cette hécatombe aurait eu lui-même deux ans lors de l'arrivée des Chaldéens. Avec le naturel sanguinaire que lui prête Mathieu, Hérode n'eût jamais laissé vivre le petit christ jusqu'à cet âge. Or il combine tout pour assurer la précieuse existence de ce roi-né, et même il attend qu'il soit en fuite pour faire tuer tous les Innocents de Betléhem et dépendances.

C'est une des choses qui nous indisposeraient le plus contre Hérode, s'il n'était constant, d'autre part, que ces poupards de la double année étaient six mille et avaient des barbes comme on n'en a qu'au-dessus de trente ans[15].

Jamais Hérode ne s'inquiéta des petits enfants qui naquirent dans la Judée sur la fin de sa vie : les femmes de Judée, pourvu qu'elles ne fussent pas les siennes, pouvaient faire tous les enfants qu'elles voulaient. Jamais il ne massacra d'enfants innocents, en dehors des siens, en supposant que ceux-ci fussent innocents, ce qui est douteux, et la chose eut lieu fort loin des environs de Betléhem sur des jeunes gens en âge d'intriguer pour la couronne.

Quelle qu'ait été la confiance de l'Évangéliste dans l'imbécillité de ses compatriotes, il n'a jamais eu la prétention de leur faire croire qu'Hérode avait mis à mort, en son temps, tous les petits Juifs de deux ans et au-dessous. Plus l'Eglise rapproche du temps de Tibère la composition de l'Evangile, plus elle expose l'auteur à rencontrer des coreligionnaires qui lui disent : Pardon, je n'avais pas trois ans quand Bar-Jehoudda est né et pourtant me voici ! Peut-être l'auteur lui-même eût-il été du nombre. Toute sa génération se trouve dans le même cas. L'Evangéliste trahit ici, et de façon irréfutable, le parti pris arithmétique qui préside à son œuvre. En effet, du décret qu'on attribue à Hérode il résulte qu'en dehors du jésus il n'y aurait pas eu un seul Juif de trente-trois ans en l'an 30 de l'Erreur christienne, et ainsi de suite, de décade en décade, jusqu'à la prise de Jérusalem par Titus. Il n'y aurait eu en Judée qu'un seul homme de cet âge-là, le jésus. Etant le seul enfant qui eût échappé au décret sanguinaire d'Hérode, les mères de famille lui auraient fait une renommée bien dangereuse pour sa sécurité ! Le seul fait d'exister était sa condamnation à mort !

 

VII. — RETOUR D'ÉGYPTE.

 

Le lecteur sagace — trop longtemps on l'appela candide — a pu tirer de Mathieu cette conclusion que, sans la double année, les Mages n'auraient rien su de la naissance du jésus. C'est la preuve qu'en dehors du fait et de la date la Nativité est manifestement une allégorie astrologique. D'où provient cette allégorie ? De l'Apocalypse, où nous avons déjà vu une Femme à qui il ne manque que le nom de Salomé pour être celle de Jehoudda, accoucher d'un enfant à qui il ne manque ; que le nom de Bar-Jehoudda pour être le jésus, lequel est obligé de fuir, en un désert auquel il ne manque qu'un nom pour être celui d'Egypte, un Serpent Rouge à qui il ne manque qu'une étiquette pour être le roux Iduméen Hérode.

Vous vous rappelez cet affreux Satan qui guette l'Enfant pour le dévorer au sortir de la Vierge ? Ce drame commencé au ciel ne se termine point par la chute de Satan sur la terre. Il se poursuit en Judée dans des personnages réels. Trompé dans ses espérances, le Serpent roux, sous les traits d'Hérode, d'Auguste et de Tibère, persécute la vierge de Sion, sous les, traits de Salomé, et essaie de lui tuer son fils aîné — : le mâle, est-il dit, par opposition au Verbe Jésus qui, vous le savez assez, est des deux sexes.

Dans sa peau de pourpre le Serpent joue tour à tour le rôle de la Bête romaine qui vient de la mer et celui de la Bête protéiforme qui vient de la terre. Mais, malgré l'effort qu'il déploie, la postérité de Jehoudda lui échappe. Le grand Aigle — qui se moque des aigles romaines autant que le Verbe du Serpent — le grand Aigle prête ses ailes à la femme de Jehoudda. Le Serpent jette comme un fleuve d'eau après elle pour qu'elle en soit emportée, mais, aidant la femme, la terre ouvre sa propre bouche et engloutit le fleuve que le Serpent avait vomi de sa gueule — détail où nous apprenons que Salomé s'est retirée avec sa famille en un lieu assez éloigné des bouches du Nil.

Ici une indication fort précieuse dans l'Apocalypse. Bar-Jehoudda occupe ce lieu pendant une période, deux périodes et une demi-période, et on ne peut guère douter qu'il ne s'agisse de périodes sabbatiques qui semblent avoir été séparées par des intervalles. Son séjour ou ses séjours successifs en Egypte ont donc duré en tout vingt-quatre ans et demi.

 

Après la mort d'Hérode, survenue en mars 750, Joseph et Maria reviennent avec l'enfant : Lève-toi, dit l'ange du Seigneur à Joseph, prends l'enfant et sa mère (l'ange connaît la doctrine de Jehoudda, il ne dit pas : ton fils) et t'en va au pays d'Israël, car ceux qui voulaient la vie de l'Enfant sont morts.

Observons que Dieu envoie à Joseph un ange fort mal renseigné sur les affaires de son peuple, et qu'il lui tend un piège abominable. Car non seulement ceux qui voulaient la vie de l'enfant ne sont pas morts, mais ils sont plus altérés que jamais de son précieux sang. Au lieu du vieux roi, qui a facilité si benoîtement sa fuite en Egypte, Bar-Jehoudda va trouvera son retour trois fils d'Hérode tellement acharnés contre tout prétendant qu'ils ne peuvent se supporter eux-mêmes. Il va trouver notamment cet affreux Antipas qui naguère voulait se ceinturonner de ses entrailles. A l'arrivée, on s'aperçut qu'on avait été trompé par l'ange : le perfide Archélaüs, fils d'Hérode, et de la même humeur massacrante, régnait en Judée à la place de son père.

Il s'est écoulé plus d'une année avant qu'Auguste ne décidât en faveur d'Archélaüs, et Mathieu emploie un mot assez impropre en disant que ce prince régnait en Judée. Archélaüs ne fut qu'ethnarque à portion congrue pour la Judée, l'Idumée et la Samarie : les autres provinces, Galilée, Transjordanie et Abilène, avaient été attribuées à Antipas, à Philippe et à Lysanias, ses frères. Mais ce que Mathieu veut dire, c'est qu'Archélaüs régnait sur Betléhem et la tribu de David.

Entre la mort de son père et l'acceptation d'Auguste, Archélaüs eut le temps de massacrer trois mille insurgés dans le Temple, comme don de joyeux avènement, et d'aller à Rome pour y plaider sa cause ; ses frères eurent le temps de l'y suivre et d'intriguer abondamment ; un parti eut le temps de se former et d'envoyer une ambassade à Auguste, demandant que la Judée fût annexée à la Syrie, mais il faut croire que la visite des Mages à Betléhem n'avait pas eu un retentissement durable, car personne ne se leva pour proposer Bar-Jehoudda comme roi des Juifs. C'était pourtant le candidat qui divisait le moins, qui eût coûté le moins cher, puisqu'il était oint d'avance, et qu'il retenait par devers lui tous les éléments d'un sacre en bonne forme, or, encens et myrrhe. Et déjà il avait annexé la Perse par ses Mages. Vaste entreprise où aurait échoué David en son meilleur temps.

Varus, proconsul de Syrie, eut le temps de réprimer une première révolte après la Pâque de 750, de laisser une légion dans Jérusalem, de retourner à Antioche, et, considérant l'affaire comme terminée, de laisser la lieutenance à Sabinus. Sabinus eut le temps de soutenir un siège dans Jérusalem à la Pentecôte suivante. Trois chefs de révoltés. Judas, Simon, Atrongœus, eurent le temps de se dire rois dans Sephoris, dans Jéricho, dans Emmaüs. Varus eut le temps de revenir avec les légions de Syrie auxquelles se joignirent d'enthousiasme les Arabes d'Arétas, de dégager Sabinus, de faire campagne en Galilée, de crucifier deux mille hommes, de pacifier momentanément la Judée par le fer et par le feu, de favoriser, d'organiser peut-être l'ambassade des Juifs qui, traversant les desseins des hérodiens, vinrent demander à Auguste la réunion de la Judée à la Syrie. Auguste attendit que le calme fût rétabli pour accepter Archélaüs, et, les compétitions qu'il eut à trancher, les révoltes que ses lieutenants eurent à réprimer n'ayant pas duré moins d'un an, le Jésus n'en avait guère moins de douze lorsque son père et sa mère purent apprendre qu'Archélaüs régnait sur Betléhem.

Archélaüs ne fut pas plus roi de Judée que son frère Antipas ne fut roi de Galilée, comme le veut l'Église dans un autre chapitre de Mathieu[16]. Pour des gens qui refusent le titre de roi à tout ce qui n'est pas le Verbe, c'est le prodiguer avec une légèreté fâcheuse. Et ces erreurs qu'aucun christien du premier âge n'eût commises sont de nature à affaiblir l'autorité des scribes évangéliques.

Jehoudda et Salomé attendirent certainement que Varus eût évacué la Galilée pour la traverser. Nulle région n'avait été plus ravagée, plus incendiée, plus crucifiée. C'était se réfugier dans des ruines fumantes, autour des gibets. On avait le choix entre vingt résidences plus favorables. On eût été cent fois plus tranquille à Betléhem ou sous l'aile romaine, à Césarée. Aussi Mathieu ne nous mène-t-il pas dans la Galilée proprement dite, mais dans certaines parties de la Galilée. Il ne s'explique pas davantage sur cette Galilée in partibus, parce que tous les christiens de son temps savaient que ces parties étaient situées au-delà du Jourdain, et galiléennes de fort récente étiquette. Elles ne furent dites galiléennes qu'après la prise de Jérusalem par Titus, et la réduction de toute la Palestine en province romaine. Pour un christien un peu informé elles sont bathanéennes et gaulonites, elles dépendent non de la tétrarchie d'Antipas, fils de Malthacé la Samaritaine, mais de celle de Philippe, fils de la davidique Cléopâtre.

 

VIII. — NAZARETH EN ÉVANGILE ET COMMENT UN VOEU DEVIENT UNE VILLE.

 

Gomme vous l'avez vu dans Mathieu et dans la citation de Luc, c'est bien avant 750 que le Joannès-jésus a été fait nazir, puisqu'il Ta été dès le ventre de sa mère et que celle-ci a accouché en 739.

Or, voici ce que nous lisons dans Mathieu :

Hérode étant mort, un ange du Seigneur apparut à Joseph en Egypte, pendant qu'il dormait (c'est-à-dire en songe)

Et lui dit : Levez-vous, prenez l'enfant et sa mère, et retournez dans le pays d'Israël ; car ceux qui cherchaient l'enfant pour lui ôter la vie sont morts.

Joseph s'étant levé, prit l'enfant et sa mère, et il se mit en chemin pour revenir dans le pays d'Israël.

Mais ayant appris qu'Archélaüs régnait en Judée, en la place d'Hérode, son père, il appréhenda d'y aller ; et ayant reçu, pendant qu'il dormait, un avertissement du ciel, il se retira dans les parties de la Galilée [qui sont au-delà du Jourdain],

En y venant, il habita dans une ville appelée Nazareth, afin que fût accompli ce qui avait été dit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.

 

L'intention de tromper est ici manifeste. Ouvrez les prophètes, vous n'y trouverez pas trace d'une telle prédiction applicable au Joannès. Eludant le motif légal pour lequel le jésus avait été naziréé, on feint qu'il tenait ce nom de la topographie galiléenne. Ce qu'on veut cacher, c'est ce qu'avoue Luc, dans la Nativité du Joannès : l'identité de Joannès le Naziréen avec Jésus de Nazareth. Nazareth est une ville imaginaire que les scribes ont forgée de la qualité du Joannès et dont aucun Juif n'a entendu parler avant le huitième siècle. Et puis, ce n'est pas après la mort d'Hérode, à une date indéterminée de l'ethnarchat d'Archélaüs, que le Joannès-jésus, alors âgé d'une douzaine d'années, a été appelé Naziréen ; c est douze ans plus tôt, en 739.

Rappelons encore une fois le verset de Luc sur le Joannès : Il sera grand devant le Seigneur ; il ne boira pas de vin, ni rien de ce qui peut enivrer, et il sera rempli du Saint-Esprit dès le ventre de sa mère[17].

Vous voyez où l'Eglise veut en venir (Mathieu et Luc n'y sont pour rien). Ses scribes essaient de nous faire croire qu'à côté du Joannès-jésus, qui ne sera plus appelé Naziréen ni dans Mathieu ni dans Luc ni dans le Quatrième Evangile, il a existé un certain Jésus, lequel était de Nazareth, à cause de quoi il a été dit Nazaréen. Encore faudrait-il dans ce système que Nazareth existât. Mais le nom seul de Naziréen dépose contre cette hypothèse. Si Nazireth eût existé quelque part, ses habitants n'auraient point été dits Naziréens, mais Naziréthains, et personne n'eût toléré qu'à la faveur d'un calembour offensant pour la religion les Naziréthains pussent se présenter partout comme en état de naziréat perpétuel. Naziréen est très régulièrement formé, au contraire, comme dérivé de nazir. Aussi est-ce le nom qu'ont pris après la chute de Jérusalem les disciples de Bar-Jehoudda. Et c'est celui qu'ils ont gardé dans l'histoire des hérésies, car leur bouche s'étant licenciée à traiter Jésus de fantoche[18], les disciples du Nazir ont été mis au rang des hérétiques ! Il est bon que vous sachiez cela, et si vous ne l'admirez point sincèrement, c'est que vous n'avez aucun sens de l'esthétique. Nous vous avons déjà montré que le surnom de Nazir ne tenait point à la topographie mais à la vocation tout individuelle du premier-né que ses parents consacraient à Iahvé. Né à Betléhem, c'est à Betléhem même que l'enfant aurait été voué à Iahvé, dès sa naissance ou tout au moins dès sa circoncision le huitième jour.

Puisqu'il était békôr, Joseph et Maria n'eussent point attendu sa douzième année pour le naziréer. Mais comme dans la mystification que patronne Jésus, le Joannès était dit à bon droit le Nazir, les scribes lui ont pris ce nom qu'il méritait par son régime pour le transporter à Jésus qui ne le mérite en rien.

Les scribes, gens d'Egypte ou de Syrie, qui ont fabriqué ce verset, montrent une ignorance extraordinaire des rites juifs ou plutôt un furieux mépris du public.

Impossible d'être moins naziréen que Jésus, C'est un de ces naziréens qui passent leur vie à ne point distinguer entre les viandes pures et impures — si bien que le porc se trouve autorisé — à boire du vin avec les publicains, les douaniers et les gens de mauvaise vie, comme il le fait dans Kapharnahum, et même à en mettre là où il en manque, comme il le fait dans Cana : contradiction énorme, violation perpétuelle de la Loi et qui fait éclater jusque dans la lie du tonneau la supercherie des scribes ecclésiastiques.

 

Le Joannès n'ayant été dit de Nazareth qu'à cause de son naziréat et Nazareth n'existant pas plus que Jésus, on ne voit pas bien comment il aurait pu y habiter. En revanche, on ne voit pas comment, étant le Verbe de Dieu dans la fable, Jésus aurait pu descendre ailleurs que dans la Gê-Nazareth, la Terre des Voués, la terre natale de Jehoudda et de ses sept fils[19].

On a dit du Nazir qu'il était de Nazareth pour lui créer un alibi hors de son état religieux. Pour le même motif on a dit de son frère Shehimon le kannaïte[20], qu'il était de Cana, avec cette différence que Cana existe. Même jeu de mots dans le fond et dans la forme. Si on eût fait Shehimon kannaïte, on aurait avoué que son frère aîné l'était plus que lui et qu'à ce point de vue ils étaient bien fils de leur père.

Ce n'est donc point par ignorance que pèchent les scribes. Il y a chez eux parti pris de dérouter, de désorienter le lecteur, ce qui est bien différent. Il n'a pas plus été possible, malgré le zèle des intéressés, de retrouver, sur la rive gauche du lac de Génézareth, remplacement d'un Kapharnahum où l'Evangile montre une synagogue, un poste commandé par un centurion, un péage et un bureau de publicains, qu'il ne l'a été de retrouver le nom de Nazareth dans aucun Talmud, Autant Bar-Jehoudda est à l'aise dans les parties de Galilée situées à l'orient du Jourdain, autant il est à l'étroit dans la partie occidentale du lac de Génézareth. Le Kapharnahum de la rive gauche est comme Nazareth un village du pays de féerie, où Jésus prêche insaisissablement. Kapharnahum était sur la rive droite, près de Bethsaïda, et il n'a été transporté sur la gauche qui par une décision des cartographes ecclésiastiques consécutive à la construction de Nazareth.

De même que Jehoudda, Salomé, Bar-Jehoudda et ses frères, Gamala, ville natale de Jehoudda et peut-être du Nazir, tout ce pays est baptisé d'un nom qui le rend méconnaissable. La terre que baigne la rive orientale du Jourdain et du lac a pour capitale Nazareth, cela dispense de nommer le berceau de la famille.

C'est un pays d'Attendeurs, de Désireurs, de Souhaiteurs, de Cuideurs de Christ, et aussi de jésus au petit-pied, qui s'étend de Gamala aux sources du Jourdain, en passant par Bethsaïda et Kapharnahum.

Tous les noms géographiques sont ou supposés ou changés. Une province, la Bathanée, une ville, Bathanea, sise au-delà du Jourdain[21] et qui est le lieu où Bar-Jehoudda fut sacré roi des Juifs en 788, deviendra Béthanie, village si voisin de Jérusalem que, lors de sa manifestation, il n'y eût pas tenu une demi-heure contre les gens de Pontius Pilatus et ceux du Temple.

Quant à la ville que les scribes sanctifient en y faisant habiter Jésus, des gens qui, à aucun prix, ne veulent prononcer le nom de Gamala, berceau des apôtres, ne peuvent l'appeler autrement que Nazareth. Ils ont créé ainsi dans l'esprit des dupes une Ville Sainte, une Ville immaculée, dont les Marchands de Christ[22] du huitième siècle ont donné le nom au village qu'ils ont construit à l'opposite de la Nazireth des évangélistes. Où était la Nazireth des Naziréens ? Mathieu répond : Le temps ancien a traité comme viles la terre de Zabulon et celle de Nephtali ; mais l'avenir glorifiera les abords de la mer (de Galilée), au delà du Jourdain, la contrée des nations[23].

Ce n'est donc pas à l'occident du Jourdain qu'il fallait construire Nazareth, mais à l'orient où sont Gamala, bourg natal de Jehoudda, et Bathanea, bourg-capitale de Bar-Jehoudda. C'est une autre folie de chercher Kapharnahum sur la rive occidentale du lac, où d'ailleurs on n'a jamais pu le trouver. Kapharnahum était aux confins de Zabulon et de Nephtali. L'historien Josèphe qui y est allé, qui y a séjourné, place Kapharnahum au même endroit que Mathieu appliquant Isaïe, et non selon le bon plaisir de l'Eglise interprétant à rebours l'Evangile.

Nazareth n'en était pas moins très bien trouvé pour y loger la christophanie de Jésus. Nom céleste et qui n'avait point servi ; excellent nom pour le Verbe en visite chez les disciples du Nazir. Le Temple détruit, Sion aux Romains, où vouliez-vous qu'il descendît sur cette terre envahie ? Il a Douze logis là-haut, mais en Judée, hélas ! où reposera-t-il sa tête ? Dans la maison du Seigneur, sa maison ? Demandez à Titus et à Hadrien ce qu'ils en ont fait !

 

IX. — LE SOLDAT PANTHER.

 

Je ne veux point passer à la Nativité selon Luc, sans vous faire voir quelles conséquences ont eues, pour l'honneur de Jehoudda et de sa femme, ces étranges façons de présenter les choses.

C'est la récompense des héros juifs de se survivre dans un surnom qui évoque l'œuvre ou caractérise ridée maîtresse de leur vie. Le nom de famille s'efface devant celui que les scribes décident.

Auprès des christiens de TransJordanie, dans cette région où le grec se mêle à l'araméen pour composer une sorte de sabir, Jehoudda s'appelle Panthora[24], Toute-la-Loi, et le plus grand honneur qu'on puisse faire à son fils aîné, c'est de l'appeler Bar-Panthora. De même le plus grand éloge qu'on puisse faire de la mère, — éloge inusité, presque une apothéose civique. — c'est de désigner son grand fils sous le nom de Bar-Salomé. Permis aux évangélistes pour dépister l'histoire, cette ennemie, de masquer Jehoudda sous Joseph, Salomé sous Maria, Bar-Jehoudda sous Joannès et ensuite sous Jésus, c'est de bonne guerre. Mais le nom patriotique de Jehoudda, c'est Panthora.

Alors que, saluant en lui la Loi martyre, les christiens lui décernaient ce glorieux nom, les Juifs talmudiques continuaient à le traiter de Sotada, produit de l'adultère, par allusion à la façon dont Bethsabée était entrée dans le lit de David ; et ces deux épithètes en antagonisme absolu faisaient parallèlement leur chemin dans le monde, les Juifs christiens appelant le fils de Jehoudda Bar-Panthora, les talmudistes, au contraire, Ben-Sotada. Ces deux épithètes sont cause de la plus sotte calomnie qui ait jamais atteint l'honneur d'une femme.

 

Sous le nom de Maria, mère du jésus, l'innocente Salomé, mère de Bar-Jehoudda, porte dans quelques récits juifs et païens la peine d'avoir trompé Joseph avec un individu qu'ils appellent par corruption, les uns Panthera, les autres Pandira, les autres Pandera.

Voici l'étymologie de cette énormité. Le livre de la Mischna qui traite des épouses suspectes d'adultère s'appelle Sota[25]. Le héros de l'Évangile étant dit Ben-Sotada dans le Talmud de Tibériade[26], les ignorants et les médisants (c'est presque toujours la même chose) en ont conclu que le jésus était né d'une femme adultère. Ce coq-à-l'âne fantastique a d'autant plus de crédit que les christiens sont les premiers à proclamer Panthora père du jésus. Celse le platonicien fait d'après eux le jésus fils de Panthora[27]. Épiphane le jésu-christien corrompt légèrement la leçon primitive en faisant Panthora père de Joseph[28], mais Jean Damascène[29], qui habite Jérusalem au huitième siècle et qu'on a canonisé, introduit sans aucune difficulté Panthora dans sa Généalogie du jésus. Le père du jésus, c'est Panthora. Entre les christiens, les païens et les Juifs l'accord est complet, car sous le nom de Joannazir (le Joannès nazir), le Talmud de Babylone fait le jésus fils de Panthora et de Maria[30].

Que se passe-t-il alors ? Une chose dont l'Église avec ses fourberies superposées est absolument responsable. Les païens, ennemis de l'imposture qui monte à l'Orient, voient que dans la fable Joseph avait pris sa fiancée si pompeusement enceinte des œuvres d'autrui qu'il avait eu l'intention de la chasser (il ne la garde que pour ne pas faire esclandre) ; ils voient que Maria est une gaillarde dont le corps était rempli de sept démons qui sont pour le moins les sept péchés capitaux, le plus fort chez elle devant être la luxure, puisqu'elle n'a même pas pu se retenir étant fiancée. Le doute est d'autant moins permis que les Juifs du Talmud désignent l'enfant sous le nom de Ben-Sotada, fils de l'adultère.

On a cherché l'homme avec qui Maria avait si scandaleusement trompé Joseph, et alors on a trouvé qu'elle avait eu des relations fort étroites (neuf enfants) avec un certain Panthora. Jésus, premier enfant de Maria, est né d'un adultère ; sa mère était sota, et Joseph sotada, le Talmud le constate officiellement, puisque le jésus y est dit Ben-Sotada. Dans ces conditions, de qui est-il donc fils ? Il ne peut être que de Panthora, puisque les Ecritures christiennes elles-mêmes confessent qu'il était fils de Maria, d'une part, et de Panthora, de l'autre. Reste à savoir qui était ce séducteur de si haute envergure, dans lequel personne n'est allé chercher ce qui y était en puissance, c'est-à-dire Joseph lui-même. On découvre qu'il a vaillamment porté les armes dans des circonstances obscures. On fait de ce Panthora un soldat romain, une manière de pandour dont le vrai nom est plutôt Pantéros, Tout amour :

Je suis Michel dit Puits d'amour

Au troisième major-tambour[31].

Ce miles gloriosus, à qui la guerre laisse des loisirs, a porté les feux de Suburre jusque dans la maison de Joseph, il a fait la facile conquête de la facile Galiléenne. Et comme, une fois l'enfant né, on ne voit plus Joseph auprès de sa femme ; comme, au contraire, on la montre errant de village en village, à la poursuite de son fils qui la repousse avec insolence, on suppose qu'elle a été définitivement expulsée par son mari à la suite de nombreux adultères, et on la transforme en une dévergondée qui fait publiquement commerce de ses vices. La légende de l'irrésistible Pantéros et de la galante Maria s'élargit, s'étend, flatte le goût de scandale qui est au fond de toutes les polémiques, et voici que la tragique figure de Jehoudda. Toute la Loi s'efface devant le soldat Panther, personnage de Tout à la Joie pour gradins supérieurs de petit théâtre romain.

Mais laissons cette atellane entrée dans la tradition païenne par la porte que lui ouvre un thème de géniture trop risqué. Le soldat Panther a ceci de commun avec Jésus qu'il n,a jamais existé. Nous sommes d'accord avec les calomniateurs de Maria, à la condition de rendre aux personnages leur nom et leur identité : Maria n'a trompé Joseph qu'avec son mari. C'est ce que je ne cesse de vous dire sous cette forme qui vous semble beaucoup trop simple pour être vraie : Salomé a eu neuf enfants dont le premier fut Bar-Jehoudda, avec le même homme, Jehoudda le Gaulonite.

 

Je n'ai pas encore pu déterminer avec certitude l'époque à laquelle l'absurde légende du soldat Panther est entrée en circulation et à quelle catégorie d'imbéciles elle doit être attribuée. Je trouve, il est vrai, ce Panther dans Celse le platonicien, auteur du Discours véritable, contemporain et ami de Julien, et on l'y met sur le compte du rabbin dont Celse invoque l'autorité. Mais je flaire là une des mille supercheries de l'Église pour sophistiquer le témoignage de ce rabbin. Il est trop bien renseigné sur les faits et gestes de Jehoudda, de sa femme et de leurs fils, il a contre eux trop de bons arguments tirés de l'histoire pour descendre à de pareils procédés de discussion.

Salomé n'a jamais été soupçonnée. Son incorruptibilité conjugale et son opiniâtre fécondité sont la cause même de sa glorification. Les Juifs et les païens, qui sont tombés d'accord pour dénoncer l'imposture évangélique, n'avaient pas l'ombre d'un prétexte pour mettre en doute la vertu de Maria. Au surplus, les anciens apologistes de l'Eglise n'ont jamais eu à la défendre[32]. La stupide histoire du soldat Panther semble bien n'avoir été lancée qu'au Moyen Age par quelque Juif exaspéré des mauvais traitements que les juridictions ecclésiastiques faisaient subir à toute sa race. Elle a été introduite dans Celse par l'Anticelse lui-même, par le gagiste qui a composé cette prétendue réfutation de l'irréfutable écrit rabbinique dans lequel le philosophe païen s'était documenté. Sa présence dans Celse et dans l'écrit juif ne peut s'expliquer que par une fraude ecclésiastique. On a commencé par vider Celse de toute sa documentation sur Bar-Jehoudda, ses origines, sa famille, son usurpation et sa fin. Et puisque Celse s'était appuyé sur le rabbin, il fallait ruiner son témoignage. On raconta que ce qui en faisait la matière, c'était l'histoire scandaleuse de Panther : la mère du Jésus chassée par le charpentier, son mari, pour avoir commis adultère avec le soldat Panther[33]. Calomnie idiote à laquelle aucun rabbin des premiers siècles n'a pu songer, surtout le garant de Celse à qui la vérité toute nue suffisait pour disculper les Juifs d'avoir condamné un dieu. Ceux qui ont fabriqué ces fables ont été bien aveuglés, dit ici le gagiste qui en fait état[34]. Certes ! Aussi n'y en a-t-il aucune trace dans tout le reste du Discours véritable. Celse n'a pas pu les connaître, ni son rabbin, parce qu'elles dérivent d'une expression juridique mal interprétée et que le Talmud de Tibériade, où se trouve cette expression, est un travail du quatrième siècle. L'interprétation seule du mot Sotada montre que cette calomnie ne peut être d'un Juif instruit. Si Bar-Jehoudda eût été considéré par le Talmud comme le fruit de l'adultère maternel, on l'eût appelé Mamzèr, et non Sotada, qui veut dire simplement produit de la déviation que l'adultère de David avec Bethsabée apporte dans son arbre généalogique[35].

 

Vous ne voulez pas me croire parce que je suis Français et que je ne viens pas d'assez loin pour vous mentir impunément. Vous ne voulez croire ni les Juifs, parce qu'ils sont Juifs, ni les païens, parce qu'ils sont païens. Vous ne voulez croire ni les évangélistes, lorsque par hasard ils ne vous trompent pas, ni Jésus lorsqu'il vous dit la vérité, ni l'histoire, lorsque ses témoignages sont concordants, ni la chronologie, lorsque ses dates sont arithmétiques, ni la raison, lorsqu'elle ne se double d'aucun intérêt. Ah ! vous êtes bien fils de l'Église !

 

 

 



[1] On sait que les trois Synoptisés seuls ont suivi ce plan dont Cérinthe s'est écarté dans le Quatrième Evangile.

[2] Je ne suis pas le Christ, dit-il aux pharisiens (Quatrième Évangile, I, 20). Cela se voyait bien ! Cela se vit encore mieux lorsqu'on le descendit de la croix.

[3] Anticelse, I, 57.

[4] Mathieu, XXIII, 8 et 9.

[5] Deutéronome, XXII, 13-22.

[6] Isaïe, VII, 14. Je ne reproduis pas les interprétations que les docteurs ont ajoutées de leur propre mouvement au texte des Évangiles. Elles ne sont point de mon sujet, et plusieurs confinent à la folie.

[7] Contradiction flagrante avec le verset où il est dit : Vous le surnommerez jésus.

[8] Luc, I, 15.

[9] Cet épisode a été conservé par Luc. L'Église s'est bornée à le transporter après la fausse Nativité de Jésus qu'on place au Recensement de 760, pour des raisons de haute diplomatie ecclésiastique sur lesquelles nous nous expliquerons en temps voulu.

[10] Observons que le scribe connaît parfaitement la géographie, car il ne confond pas Betléhem de Juda avec Betléhem de Galilée citée dans Josué (XX, 15) comme étant l'une des douze villes attribuées à la tribu de Zabulon. C'est auprès de cette Betléhem qu'a été bâti le village de Nazareth au huitième siècle.

[11] C'est la défaite qu'a trouvée l'Anticelse. D'où l'on peut conclure hardiment que le vrai sens de l'allégorie évangélique n'avait point échappé à Celse et à Julien.

[12] Dès le cinquième siècle l'Eglise a commencé son travail contre tous ceux qui, ayant percé à jour les fourberies évangéliques, niaient que Jésus fût venu en chair et que la prophétie de Michée suffit à démontrer qu'il était né à Bethléem. Que celui-là songe, s'écrie l'Anticelse, qu'on montre à Betléhem la grotte où il est né (plus d'hôtellerie) et dans cette grotte la crèche où il fut enveloppé de langes (les langes eux-mêmes peut-être ?) Tous les récits de la naissance qui sont dans l'Evangile sont d'accord là-dessus. (Anticelse, I, 51.) Mais celui qui est dans l'Apocalypse ?

Quant à la grotte de Betléhem, elle existait bien. C'est celle où, à la fin du quatrième siècle, les femmes du pays continuaient à adorer Tammouz, lequel était le nom syriaque d'Adonis.

[13] Lévitique, XXV, 10, 13, 28. Les Evangiles ont été faits par des Juifs qui connaissaient à fond le droit mosaïque, ils sont le plus souvent examinés par des gens qui l'ignorent absolument.

[14] Luc, Prologue.

[15] Au septième ou huitième siècle on a recompté les Innocents mis à mort par Hérode : ils étaient devenus quatorze mille !

Macrobe avait conté un mot d'Auguste qui peut fort bien avoir été dit. Auguste, apprenant qu'Hérode avait fait tuer son fils Antipater comme conspirateur, s'était écrié : Mieux vaut être le porc d'Hérode que son fils ! On pensa que c'était l'occasion ou jamais de donner un air de vérité au Massacre des Innocents et on fit dire à Macrobe qu'Auguste avait eu ce bon mot, en apprenant que parmi les enfants au-dessous de deux ans dont Hérode, roi des Juifs, avait ordonné la mort en' Syrie (en Syrie !), son fils s'était également trouvé. Antipater ayant environ quatorze ans à sa mort, treize mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf enfants au-dessous de deux ans avaient été tués par une erreur regrettable évidemment, mais irréparable. Auguste, insensible à cette perte, n'a de larmes que pour Antipater. Auguste est un païen.

[16] La pseudo-décollation du Joannès.

[17] Luc, II, 15.

[18] Epiphane, Contra heræses, et mieux les Philosophumena. Nous en parlerons au chapitre Les Paroles du Rabbi.

[19] A un degré moindre que le Nazir, tous étaient voués.

[20] Le Zélote.

[21] Nommée avec Gadara et Abila par Polybe de Mégalopolis, et par Josèphe (Antiquités judaïques, livre XII, ch. III). C'est Bathanea, vieille capitale de la Bathanée.

[22] Christemporoi. Le mot est du philosophe Justin.

[23] D'après Isaïe, VIII et IX.

[24] Du grec pan, tout, et de l'hébreu, thora, loi.

[25] J.-G. Wagenseil, Sota, hic est liber Mischnaicus de uxore adultera suspecta, etc. (Altdorfi Noricorum, 1674, in-4°.) Vous pouvez vous offrir la lecture de cet ouvrage, il a 1.234 pages sans compter les corrections et additions, mais peut-être êtes-vous assez puni par la lecture de celui-ci ; il vaut mieux pour vous que les peines se confondent.

Sur le mot Sota, voyez les Nombres, V, 25, et toute l'ancienne Loi.

[26] Dans le traité Nazir il n'est pas nommé autrement : le fils de l'Adultère. Tout le monde sait de qui il s'agit.

[27] Voir dans l'Anticelse ce que l'Église nous a laissé de la Vérité sur les christiens.

[28] Contra hæreses, 78.

[29] Livre IV, ch. XV. De fide.

[30] Traité du Sanhédrin.

[31] Le Caïd, paroles de Sauvage, musique d'Ambroise Thomas, acte II.

[32] C'est même la seule façon d'expliquer qu'au huitième siècle Jean Damascène, plus tard canonisé, n'ait pas craint d'introduire Panthora dans sa Généalogie de Jésus.

[33] Anticelse, I, 28.

[34] Anticelse, I, 28.

[35] L. Germain Lévy, La Famille dans l'antiquité israélite (1905, in-8°) aux mots Mamzèr et Sôtah.