LE MENSONGE CHRÉTIEN - (JÉSUS-CHRIST N'A PAS EXISTÉ)

 

TOME I. — LE CHARPENTIER

III. — NATIVITÉ SELON L'APOCALYPSE.

 

 

I. — LES TROIS PREMIÈRES LETTRES DE L'APOCALYPSE.

 

Nous laissons Jehoudda en Egypte avec sa femme et les enfants qu'il en pouvait avoir à cette époque. L'ordre des matières appelle ici les trois Nativités de Bar-Jehoudda, en Évangile le Joannès-jésus. Bien que de ces trois documents deux soient postérieurs au premier siècle, ils ont la valeur de procès-verbaux établissant d'irréfutable manière qu'il est né au mois de décembre 739. Nous réservons, pour l'étudier à part, la Nativité selon l'Église — Nativité de Jésus au Recensement de Quirinius — faux monstrueux introduit dans l'Évangile dit de Luc au troisième siècle et qui se détruit par lui-même, le Recensement étant au plus tôt de 760 et le Jésus étant né depuis vingt et un ans.

Vient d'abord la Nativité du Joannès-jésus contée par lui-même dans l'Apocalypse de 782, qui est une mise au point de l'Apocalypse paternelle, laquelle faisait partie des Paroles du Rabbi transmises par Philippe, Jehoudda junior dit Thomas et Mathias.

L'Apocalypse du Joannès-jésus se divisait en vingt-deux chapitres, qui répondent aux vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu. La version grecque, dite de Pathmos, reproduit encore cette division : ses trois premiers chapitres sont consacrés à l'Envoi aux sept églises d'Asie ; ils remplacent donc un texte ancien, également composé de trois chapitres qu'on ne pouvait donner sans dénoncer ouvertement toute la fourberie évangélique[1].

En sa qualité de Verbe, le Christ Jésus était l'auteur de l'alphabet hébreu, composé de vingt-deux lettres. C'est pourquoi la Révélation qu'il avait faite à Jehoudda se compose de vingt-deux parties. Dans la copie de Philippe on trouvait, en tête de chaque division, la lettre qui y correspond dans l'alphabet, depuis l'Aleph jusqu'au Thav. Ce plan avait en soi quelque chose de divin. Et aussi de davidique[2]. Ce qu'on lit dans les Ecritures : Je suis l'Aleph et le Thav (l'Alpha et l'Oméga), le commencement et la fin, qui est, qui était et qui doit venir[3], c'est à la fois la déclaration du Christ qui est le commencement et la fin de toutes choses, et le manifeste de l'oint judaïque en qui Dieu a mis sa complaisance. Ce qu'il y avait de personnel au Joannès et à sa prédestination en tant que Précurseur occupait les trois premières parties (lettres Aleph, Beth et Gimel). Ces trois parties préludaient à ses Révélations, à ses Visions célestes, mais comme elles comprenaient la Nativité, les Généalogies et la Descente de la colombe, aujourd'hui transportées dans l'Évangile, elles ont disparu pour faire place à l'Envoi qui se trouve actuellement en tête de l'adaptation judéo-hellène dite de Pathmos. Qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Eglises ![4] L'Esprit leur commande énergiquement de supprimer tout ce qui établit l'identité du Joannès et du christ.

 

Pour justifier sa mission, Bar-Jehoudda invoquait deux choses : sa double origine davidique et l'investiture céleste. L'origine davidique d'abord, par conséquent les deux Généalogies qui sont aujourd'hui, Tune par le père dans Mathieu l'autre par la mère dans Luc. Venait ensuite sa Nativité astrologique[5], puis, sous la lettre Gimel, son investiture par la colombe, avant que les temps n'entrassent dans,le dernier septénaire du monde[6]. Luc a pieusement conservé la date de l'Apocalypse du Joannès-jésus : 781, quinzième année du règne de Tibère en style juif[7], et il ne peut la tenir que du Joannès lui-même, elle n'était que dans l'Apocalypse, elle y est encore.

 

II. — LE SONGE DE JOSEPH RÉALISE MALGRÉ SATAN (DÉCEMBRE 739, ÈRE DE BAR-JEHOUDDA).

 

Nous avons donné les deux Généalogies de Bar-Jehoudda, donnons maintenant ce que l'Église nous a laissé de sa Nativité[8] :

1. Et un grand prodige parut dans le ciel : une femme revêtue du Soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles.

2. Elle était enceinte, et elle criait, se sentant en travail, et elle était tourmentée des douleurs de l'enfantement.

 

C'est la Vierge, signe dans lequel le Soleil géniteur est conçu chaque année à l'équinoxe d'automne, sous l'influence du Lion, signe de la tribu de Juda et en même temps de Jehoudda. Elle a laissé faire la Balance, le Scorpion et le Sagittaire, qui sont sous l'influence de Satan, mais la voici qui prépare des temps meilleurs pour le prochain retour de l'Agneau, signe témoin de la Création. Elle est dans le Capricorne lorsqu'elle accouche, par conséquent au solstice d'hiver, et c'est sous ce même signe qu'au jubilé de 739 Salomé a accouché de son premier-né.

Dans cet horoscope Jehoudda réclamait pour son fils aîné le bénéfice du Songe de Joseph, — et c'est bien pour cela que les évangélistes ont donné le nom de Joseph à ce modèle de modestie. Joseph avait vu le Soleil, la Lune et onze étoiles du Zodiaque qui l'adoraient, lui douzième étoile, les Poissons, et lui promettaient l'empire sur ses onze frères. La Nativité de l'Apocalypse, c'est le songe de Joseph écrit par Iahvé dans le ciel avant même que Joseph existât. Parvenue au solstice d'hiver, la Vierge est au bout de sa mission, elle réunit sur sa tête les douze étoiles du Zodiaque. C'est la figure de Salomé au terme de sa gestation ; en accouchant, elle aussi, sous le Capricorne elle a donné un corps de chair au songe de Joseph.

 

3. Et je vis un autre prodige dans le ciel : Un grand Dragon roux, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses sept têtes, sept diadèmes.

4. Or sa queue entraînait le tiers des étoiles, et elle les jeta sur la terre[9] et le Dragon s'arrêta devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son fils, aussitôt qu'elle serait délivrée.

 

Commencé au ciel dans le signe de la Vierge, le drame se poursuit sur la terre dans la vierge de Sion, mère de Bar-Jehoudda, et sous le signe du Capricorne transformé par la politique internationale en Dragon cornu. Ce Dragon, c'est Satan lui-même, groupant les attributs de Rome, de César Auguste et d'Hérode.

Les sept têtes sont les sept collines, et les dix cornes, les villes de la Décapole soumises au protectorat de Rome, très païennes par tradition, et qui entraient comme autant de coins, étaient comme autant de pierres de scandale dans l'ancien royaume de David que le fils de Salomé prétendait reconstituer aux dépens de l'Empire et des voisins. Elles étaient de l'héritage de David, à raison de leur passé historique, quoiqu'elles fussent devenues par le malheur des temps les dix postes avancés de la civilisation occidentale dans cette zone géographique. Quant au Dragon, s'il est roux, c'est qu'il porte les couleurs d'Hérode, lequel était Edomite, du pays d'Edom, à savoir roux par étymologie.

 

5. Elle enfanta un fils mâle qui devait gouverner toutes les nations avec une verge de fer [et son fils fut enlevé vers Dieu et vers son trône].

 

Ce verset, qui succède au glorieux horoscope du fils de David d'après l'état du ciel au solstice d'hiver, a été profondément modifié en raison de la fâcheuse issue de ces pronostics.

Bar-Jehoudda ne faisait point de doute qu'il ne dût régner sur toutes les nations de la terre pendant mille ans, c'était l'opinion de son père, de sa mère, de ses frères et de ses sœurs. Quant à son Assomption, qui d'ailleurs ne date guère que de Trajan, elle n'était nullement prévue, puisqu'au contraire il devait paître les païens avec sa verge de fer à compter du 15 nisan 789. On est donc certain que la phrase entre crochets est une ecclésiastique addition.

 

6. Et la femme s'enfuit dans le désert où elle avait un lieu préparé par Dieu pour l'y faire nourrir [l'enfant] pendant quarante-deux mois [d'Agneau, années].

 

Ici, que celui qui a des oreilles entende, comme disait en son vivant le Joannès ! Au lieu de quarante-deux mois d'Agneau ou années[10], on a mis mille deux cent soixante jours. De plus, au lieu de montrer que c'est l'enfant qui a sa retraite et sa nourriture préparée par Dieu dans le désert, V Apocalypse du Saint-Siège essaie de nous faire croire que c'est la mère[11]. Mais c'est l'enfant, et nul autre, qui demeure dans un désert jusqu'à l'heure marquée, et cet enfant, c*est si bien celui-ci que Luc lui emprunte presque textuellement ce verset dans sa Nativité du Joannès-jésus et dit : L'enfant croissait et se fortifiait en esprit ; et il demeurait dans les déserts, jusqu'au jour de sa manifestation devant Israël[12]. Ce jour, on le connaît par l'Apocalypse, c'est 782, dernier septénaire avant la pâque de 789. Luc précisera en disant : l'an quinzième de Tibère. D'où Luc tire-t-il sa date, sinon de l'Apocalypse elle-même ? Nous sommes donc certains qu'il n'y avait pas mille deux cent soixante jours dans le texte primitif, mais quarante-deux mois comme dans le chapitre XI[13]. Ce chiffre de 1.260 jours a été substitué à celui de 42 mois (30 * 42 = 1.260) pour empêcher qu'on ne traduisît mois par années.

En effet il ressortait indubitablement de ce passage, rapproché de celui du chapitre XI, que le Joannès avait quarante-deux ans lors de son Apocalypse. Il était donc né, comme nous l'avons dit, au Jubilé de 739.

 

7. Alors il se fît un grand combat dans le ciel : Michel et ses anges combattaient contre le Dragon, et le Dragon combattait, et ses anges aussi :

8. Mais ils ne prévalurent pas ; aussi leur place ne se trouva plus dans le ciel.

9. Et ce grand Dragon, l'ancien Serpent[14] qui s'appelle le Diable et Satan, et qui séduit tout l'univers, fut précipité sur la terre, et ses anges furent jetés avec lui.

10. Et j'entendis une voix forte dans le ciel, disant : C'est maintenant qu'est accompli le salut de notre Dieu, et sa puissance et son règne, et la puissance de son Christ, parce qu'il a été précipité, l'accusateur de nos frères, qui les accusait devant Dieu jour et nuit.

 

Maintenant que le voilà par terre, ramené à la condition mortelle d'un Hérode et d'un César, le christ davidique va pouvoir lui régler son compte. L'Archange Michel et ses anges le lui ont livré, il n'échappera pas. J'ai vu, dit le jésus dans l'Evangile, j'ai vu Satan tomber du ciel comme un éclair. Or qui, en son vivant, disait avoir vu cela ? Le Joannès d'après la présente Apocalypse. On est donc certain qu'à cet endroit de l'Evangile ce n'est pas le Verbe Jésus qui parle, mais simplement le Joannès-jésus. Ensuite de quoi, Jésus donne pouvoir aux disciples de marcher sur les scorpions. Quels scorpions ? Ceux que le Joannès décrira dans la suite, les scorpions d'Hérode Antipas, de Kaïaphas et de Pontius Pilatus. Là encore Jésus ne fait que répéter ce que disait le Joannès pour exciter les Juifs à la confiance en soi.

 

11. [Et eux l'ont vaincu par le sang de l'Agneau et par la parole de leur témoignage ; et ils ont méprisé leurs vies jusqu'à souffrir la mort[15].]

12. C'est pourquoi, cieux, réjouissez-vous, et vous qui y habitez. Malheur à la terre et à la mer, parce que le Diable est descendu vers vous, plein d'une grande colère, sachant qu'il n'en a que pour peu de temps.

13. Or après que le Dragon eut vu qu'il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui avait enfanté l'enfant mâle[16].

14. Mais les deux ailes du grand Aigle furent données à la femme, afin qu'elle s'envolât dans le désert en son lieu, où elle est nourrie[17] [un temps et des temps et la moitié d'un temps], hors de la présence du Serpent[18].

15. Alors le Serpent vomit de sa bouche, derrière la femme, de l'eau comme un fleuve, pour la faire entraîner parle fleuve.

16. Mais la terre aida la femme ; elle ouvrit son sein, et elle engloutit le fleuve que le Dragon avait vomi de sa bouche[19].

17. Et le Dragon s'irrita contre la femme et il alla faire la guerre à ses autres enfants qui gardent les commandements de Dieu [et qui ont le témoignage de Jésus-Christ][20].

18. Et il s'arrêta sur le sable de la mer[21].

L'oiseau qui emporte au désert la femme et l'enfant n'est point un aigle ordinaire, c'est le Grand Aigle, précurseur de la Grande Année, c'est proprement l'aigle Phénix, annonciateur-né du Renouvellement des Cycles. Il date, lui aussi, la Nativité ; comme l'enfant, il est jubilaire et si on pouvait retrouver ses ailes dans quelque hypogée on y verrait marquée comme sur celles des pigeons-voyageurs la date du départ avec le nom et l'adresse de l'envoyeur.

 

Cette Nativité, qui commence au ciel pour finir sur la terre, vaut qu'on s'y arrête. C'est l'archétype de la Nativité selon Mathieu : une mère, qui était vierge quand elle a été épousée, l'enfant jésus et point de père. Car cet enfant a ceci de commun avec l'enfant de Maria qu'on ne lui voit point de père. Au milieu des Mages qui marchent au signe dans Mathieu, nous retrouvons la vierge davidique sous le nom de Maria, l'enfant sous le nom de Jésus, le père charnel sous le nom de Joseph, le Serpent rouge sous le nom d'Hérode, et la retraite au désert sous le nom de fuite en Egypte. Malgré tout, le Joannès a eu un père et très en vue, puisque nous assistons plus loin[22] à son Ascension en pleine place publique.

Pour dessiner l'horoscope de son fils, Jehoudda n'avait eu besoin de personne. Il est vrai qu'on envoyait chercher l'astrologue un peu comme on envoyait chercher la sage-femme ; l'astrologue consultait ses tables et sans sudation divinatoire, sans fatigue pour ses méninges, il apportait à la famille, qui le communiquait aux voisins, l'horoscope du nouveau-né. S'agissait-il d'une ville assiégée ou d'une nation en transes ? Même procédure, avec cette nuance qu'on sonnait de la trompe afin d'impressionner la nation ou la ville dans le sens et dans le but qu'on poursuivait. Quand l'astrologue était en même temps mathématicien, médecin, et qu'il s'y connaissait en métaux ou en pierres, il était à lui seul toute l'Académie des sciences juives. On citerait cent cas dans lesquels l'astrologie a décidé du sort de tout un pays, et fait sortir de ses chiffres la paix ou la guerre. Et même on faisait des thèmes de géniture pour un peuple, des horoscopes pour une ville plus facilement encore que pour un individu, car c'est des généralités de l'histoire que la plupart du temps on tirait les particularités de l'avenir.

Le thème de géniture de Bar-Jehoudda escompte son immortalité. (Les Juifs ne détestent pas l'escompte et on leur attribue l'invention de la lettre de change.) En mariant le thème de conception annuelle du Christ solaire dans le sein de la Vierge avec la conception de Bar-Jehoudda dans le sein de Salomé, on trouvait le moyen de dire que le Précurseur incarnait le Verbe Jésus.

Dès 739 ce thème eut la forme qu'il a dans l'Apocalypse, et il repose sur un calcul astrologique établi d'après les règles du genre. De l'Apocalypse il a passé dans l'Évangile où il s'est conservé intact pendant deux siècles, et sous Septime-Sévère il n'y a encore d'autre Joannès, d'autre jésus, d'autre christ, que Bar-Jehoudda, né sans père charnel apparent, sous Hérode, au Jubilé de 739.

 

Toutefois, entre les mains de l'Eglise, la Nativité selon l'Apocalypse a subi de profondes modifications dont le texte actuel porte la marque. Dans l'ancien le Précurseur y disait lui-même[23] en quelle année, dans quelles circonstances il était né sous Hérode. Il ne cachait pas que Iahvé ne fût son père mais à la mode de Judée seulement, comme il l'était de tous les Juifs. Iahvé ne s'en cachait pas non plus, et il envoyait deux anges sur la terre pour préparer la naissance de son fils. Ces deux anges ont disparu pendant la translation de la Nativité apocalyptique dans l'Evangile de Mathieu. Mais on retrouve le premier dans la Généalogie du jésus par son père et le second dans la Généalogie par sa mère.

 

III. — RENVERSEMENT DES SORTS CHALDÉENS ET CONVERSION DU ZIB EN SIGNE FAVORABLE.

 

Il n'y avait point de Mages autour de son berceau, mais des Chaldéens, grands experts en astrologie, et c'est guidés par le signe, qu'ils venaient l'adorer comme un dieu. Le jésus ajoutait que les Chaldéens avaient averti le tétrarque Hérode[24] à la demande de qui on avait fait égorger tous les nouveau-nés, tant sa peur était grande d'être renversé un jour par l'Enfant du ciel.

Mais le trait le plus remarquable de cette autobiographie, c'était le voyage des Chaldéens à Jérusalem. Ce voyage qui n'a jamais eu lieu, sinon dans l'esprit détraqué du Joannès, est une véritable abdication de la Chaldée. C'est le renversement de toutes les prédictions que les Joannès de Babylone et de Ninive avaient faites en faveur des Assyriens et des Perses. Effrontément dépouillés, mobilisés à contrecœur, le Messie davidique les embrigade, les immatricule dans cette armée qui doit subjuguer toutes les nations, y compris la leur. L'empire du monde va passer des Assyriens aux Juifs, et les Chaldéens capitulent devant cette inéluctable destinée.

 

C'était le décret des Apocalypses perses que les Juifs disparussent à jamais en un même jour, sous le même signe, le Zib ou les Poissons, la veille du premier jour du douzième mois dit Adar, afin qu'ils ne vissent plus la pâque, la lumière de l'Agneau, sous lequel avait commencé et devait être renouvelé le monde[25]. Consultés par les Mages, les sorts en avaient décidé ainsi pour toutes les provinces soumises à l'empire de Darius jusqu'à l'Ethiopie[26]. Mais, dans les deux journées plus imaginaires qu'historiques des 14 et 15 adar, les Juifs avaient renversé les sorts et, prenant les devants, massacré leurs ennemis : d'où leur était venue cette fête des Phurim, par laquelle ils préludaient à la pâque annuelle[27].

Pas plus que la pâque elle-même, cette fête n'est une fête commémorative, les Phurim ne tiennent pas plus à un massacre de Perses dans Suse que la pâque au passage de la Mer Rouge : de toute évidence ce sont des fêtes cycliques, celle de l'Agneau dans laquelle les Juifs affirment leur privilège d'éternité, l'autre par laquelle ils convertissent en signe favorable cette funeste étoile du Zib ou Poissons sous laquelle devait s'achever, au sens chaldéen, leur misérable vie. Qu'est-ce donc que le songe de Mardochée ? C'est en son genre le songe de Joseph avec quelque chose de plus qui vient de la Genèse et que nous retrouvons dans l'Eden millénariste ; cette petite fontaine qui devient un grand fleuve aux eaux abondantes, cette lumière qui envahit tout, la bassesse des justes qui s'élève au sommet et dévore ceux qui sont dans l'éclat[28]. Est-ce que Zacharie n'a pas vu cette fontaine de vie que Iahvé fera sourdre, lors de l'embrasement final, pour le salut des Juifs de la Loi ? A leur retour de captivité, ils baptisent du nom de Poissons la porte qu'ils ouvrent dans la nouvelle muraille de Jérusalem, en face de Babylone. D'où le Joannès a-t-il tiré la figure du baptême ? Pourquoi sou père est-il dit dans l'Evangile Zibdeos, le faiseur de poissons ? Pourquoi les Juifs du Temple l'appelaient-ils Beel-Zib-Beel ? Pourquoi le Zib est-il désormais le signe du Christ Jésus ? C'est que par son horoscope le fils de David a renversé définitivement les sorts. Ces Jannès, ces Mambrès qui jadis traversèrent les destins des Hébreux et s'inscrivirent en faux contre l'Apocalypse de Moïse[29], les voilà confondus ! Balaam, du fond de son tombeau, déchire sa prophétie : l'étoile de Juda ne pâlira point devant celle de Rome, et, si par la complicité de Satan l'Italie semble l'emporter sur la Judée, ce sera bientôt son tour d*être asservie. Dès le moment que le Joannès montrait les Chaldéens marchant au signe, c'est qu'il indiquait la coïncidence de sa Nativité davidique avec le jubilé de 739 ; les Chaldéens n'avaient marché qu'à cause de cette coïncidence. La date était dans l'Apocalypse. Le Joannès donnait la date, elle était dans les copies que Philippe, Jehoudda dit Thomas et Mathias ont laissées de ses écrits. Elle y était puisque nous allons la retrouver dans l'Evangile, authentique en cela, qu'on a mis sous le nom de Mathias.

 

IV. — UN SEUL ENFANT, LE JOANNÈS-JÉSUS, ET NON DEUX.

 

Voilà cette Nativité autobiographique, cette Nativité du christ racontée par lui-même en la quarante-deuxième année de son âge. Il n'y a pas deux enfants mâles, l'un nommé Joannès, qui ne serait né que pour être le précurseur de l'autre nommé Jésus, mais un seul enfant qui est le précurseur du Christ céleste, lequel doit descendre le premier jour du Jubilé Millénaire ou Millenium du Zib, à savoir le 15 nisan 789. Il est proprement l'Antéchrist, Celui qui vient devant le Christ, car, à son époque, le mot n'avait pas le sens défavorable qu'il a pris dans la suite. Le Joannès disait du Christ : Celui qui vient après moi[30].

En 782, date de l'Apocalypse du Jourdain, à la veille du Grand Jour dont nous ne sommes séparés que par un septénaire, nous n'avons devant nous qu'un seul homme : le Joannès-jésus. Nous sommes en la quinzième année de Tibère, Dieu adresse la parole au Joannès, et Jésus n'est pas né ! Il ne naît pas davantage dans les deux Nativités qui nous sont parvenues sous le nom de Mathias et de Luc et qui sont celles de Bar-Jehoudda. Avant que l'Eglise ne lui fabriquât par un faux inexpiable l'extrait de naissance qu'elle a introduit dans Luc[31] au commencement du quatrième siècle, Jésus n'était pas encore né ; de son côté, le Joannès n'était pas encore mort décapité par Hérodiade ; voilà le fait, le fait absolu, irréfragable. Le précurseur de l'enfant-Joannès devant l'enfant-Jésus est une fourberie postérieure de beaucoup à l'apparition des premiers Evangiles qui semble dater d'Hadrien.

 

V. — QUE BAR-JEHOUDDA AVAIT CINQUANTE ANS LORS DE SA CRUCIFIXION.

 

Quand on lit l'Evangile sans savoir que la personne humaine de Jésus est autre que sa personne divine, en un mot quand on est dupe de la fable, on en emporte cette impression que le crucifié de Pilatus mourut très jeune : le plus qu'on puisse lui donner sur la croix, c'est trente-trois ans. Or il en avait cinquante. Là-dessus le Quatrième Evangile, la tradition d'Asie et Irénée, évêque millénariste de Lyon, sont unanimes. L'histoire confirme : le mariage d'Antipas avec Hérodiade étant de 787, la prédication du Grand jour ne pouvant être que de 788, et Pilatus n'étant plus en Judée à la pâque ; de 790, date de la mort de Tibère, Bar-Jehoudda n'a pu être crucifié qu'à la pâque de 789, car il n'a point paru à celle de 788. Le propos que le Quatrième Evangile prête aux Juifs de Jérusalem : Tu n'as pas encore cinquante ans, ne pouvant appartenir qu'à l'une des dernières fêtes de 787, Bar-Jehoudda avait atteint lors de son supplice les cinquante ans que tout le monde lui donnait avant l'irruption de l'Eglise dans la chronologie.

A la fin du second siècle, Irénée, en termes qui ne laissent aucune place à l'équivoque, professait que la prédication du Rabbi avait duré jusqu'aux environs de sa cinquantième année[32]. Il professait cela conformément à Polycarpe, évêque de Smyrne, et Polycarpe le tenait de Jochanan le Presbytre, lequel le tenait de l'Evangile, c'est-à-dire ici des Paroles du Rabbi[33]. Telle est la tradition qu'on appelle à tort la tradition d'Asie, car elle est avant tout celle de Judée. Il n'y en a pas d'autre, et elle est fondée sur les écrits de Philippe, de Thomas et de Mathias, les deux premiers, frères du crucifié, le dernier, son neveu. Tous les anciens qui avaient vécu avec Jochanan en Asie confirment qu'il enseignait cela, poursuit Irénée[34]... Plusieurs même d'entre eux avaient vu non pas seulement Jochanan, mais d'autres apôtres aussi, et c'est là ce qu'ils ont entendu d'eux, et ils attestent que c'était là leur enseignement.

Il ne faut point mépriser le faux quand il sert à connaître le vrai. A propos des Lettres, combien fausses ! d'Abgar, roi d'Edesse, à Jésus, et de Jésus à Abgar[35], Eusèbe donne 340 des Grecs comme date de la crucifixion, ce qui fait 789 de Rome.

 

 

 



[1] On trouvera le texte et la critique de cet Envoi dans le chapitre intitulé : Les Paroles du Rabbi, qui ne fait pas partie du présent volume.

[2] Le psaume CXVIII est divisé en vingt-deux parties, composées chacune de huit versets et précédées des vingt-deux lettres suivantes : Aleph, Beth, Gimel, Daleth, He, Vau, Zain, Heth, Teth, Jod, Caph, Lamed, Mem, Nun, Samech, Ain, Phe, Sade, Coph, Res, Sin, Thav.

[3] Apocalypse (Envoi, I, 8).

[4] Ch. III, 22 de l'Envoi. Sur quoi commence ce qu'on a pu conserver de l'Apocalypse du Jourdain.

[5] Transposée par l'adaptateur grec et placée au ch. XII, lettre Lamed.

[6] La dernière période sabbatique (782-789) avant le Millenium.

[7] Tibère a régné vingt-trois ans et est mort en 790. L'année commençant à la pâque (équinoxe de printemps) pour les Juifs, et au solstice d'hiver (fin décembre) pour les Romains, les trois premiers mois de 782, consulat des deux Geminus, appartiennent encore à l'année 781 chez les Juifs. L'année 788, sabbatique, et première du dernier Jubilé, fut celle de la Manifestation de Bar-Jehoudda comme christ politique.

[8] Apocalypse, XII, 1-6.

[9] Elles tombent sur l'Occident qui bientôt en recevra une seconde bordée. Nous verrons quand nous en serons aux Révélations proprement dites de Bar-Jehoudda que la destruction du monde païen s'opère par tiers, un tiers pour l'Occident, un tiers pour l'Orient, un tiers pour le Milieu, abstraction faite de la Judée qui naturellement ne périt pas, puisque c'est la Terre sainte.

[10] Nous dirions quarante-deux printemps.

[11] On lit en effet dans cette traduction que la femme s'enfuit au désert pour y être nourrie. Jusqu'alors on avait toujours dit, en parlant de l'enfant : pour l'y faire nourrir.

[12] Luc, II, 80.

[13] Apocalypse, XI, 2.

[14] Celui de la Genèse, mais dans la forme qu'il avait sous Auguste.

[15] Addition au texte original, mais antérieure de beaucoup aux fourberies ecclésiastiques. Il s'agit ici des fils, petits-fils, gendres, neveux et petits-neveux de Jehoudda et de Salomé, depuis Jacob junior dit Andréas lapidé en 787, Éléazar lue pendant la révolte de Bar-Jehoudda, Bar-Jehoudda crucifié le 14 nisan 788, Jacob et Shehimon, crucifiés en 802 par Tibère Alexandre, Ménahem et Absalom suppliciés en 819, jusqu'à Eléazar II forcé dans Massada par les soldats de Vespasien.

Il n'était pas question en 782 de désarmer Satan parle martyre. Satan en avait pour trop peu de temps, comme il est dit au verset 12 !

[16] Ici c'est Hérode seul.

[17] Avec l'enfant ; elle n'est pas seule.

[18] Les temps ne sont plus évalués à quarante-deux ans. Quant au désert où a vécu Bar-Jehoudda, c'est celui d'Egypte.

[19] Le Nil lui-même.

[20] Interpolation ecclésiastique.

[21] Le rivage de Phénicie, nommément Césarée de la mer, où, après la déposition d'Archélaüs en 760, la Bête romaine débarqua et s'installa. Ce fut la résidence de tous les procurateurs de Judée, Pontius Pilatus compris. Grâce à Satan, Jupiter et Auguste y eurent des temples. D'autres dieux que Iahvé, quelle ignominie !

[22] Apocalypse, XI, et, dans le présent volume, Apothéose de Jehoudda.

[23] Cela est constaté dans la Réplique d'un rabbin aux premiers Évangiles, écrit cité par Celse. (Anticelse, I, 58, dans les œuvres d'Origène. Patrologie grecque de l'abbé Migne.)

[24] Il s'agit ici d'Hérode Antipas, que son père, dans son premier testament, désignait pour lui succéder au trône de Judée. Par un retour de dispositions fréquent chez les vieillards, Hérode ne lui laissa plus qu'une simple tétrarchie, la Galilée, sous l'ethnarchat d'Archélaüs. L'Evangile de Mathieu a fait disparaître Antipas pour lui substituer son père, comme si la rivalité avait été entre le vieux roi et le petit enfant, alors qu'elle était entre celui-ci et l'héritier présomptif. Un ange descendait du ciel opportunément et ordonnait aux parents d'emmener l'enfant en Egypte pour le mettre à l'abri de cette jalousie meurtrière.

[25] Le livre d'Esther n'est que l'affabulation anecdotique de cette Apocalypse.

[26] Esther, III, 7, 8, 13.

[27] Phur, en hébreu, le sort. (Esther, IX, 21-23.)

[28] Esther, XI, 5-12. Apocalypse, XXII.

[29] Deuxième de Paul à Timothée, III, 8.

[30] Mathieu, IV, 11. Marc, I, 7. Quatrième Evangile, I, 30.

[31] Je parle ici de la Nativité du pseudo-Jésus au Recensement de 760. Nous l'examinerons dans l'ordre chronologique des faux sur lesquels est fondé le jésu-christianisme.

[32] Contra hæreses.

[33] Philippe, pour les avoir le premier transmises, était dit l'Evangéliste (Actes des Apôtres, XXI, 8).

[34] Il s'agit de Jochanan dit Marcos dont on a fait l'évangéliste Marc.

[35] Honnêtement et savamment avoué par M. L.-J. Tixeront, prêtre de Saint-Sulpice (les Origines de l'Eglise d'Edesse et la légende d'Abgar, Paris, 1886, in-8°).