HÉRODOTE, HISTORIEN DES GUERRES MÉDIQUES

 

INTRODUCTION. — QUESTIONS PRÉLIMINAIRES SUR HÉRODOTE, SA VIE ET SON ŒUVRE.

 

 

L'histoire des guerres médiques proprement dites, c'est-à-dire le récit des entreprises de Darius et de Xerxès contre la Grèce, se présente dans l'œuvre d'Hérodote comme une partie facile à détacher de l'ensemble. Mais, si l'on peut à bon droit faire de cette histoire l'objet d'une étude particulière, il ne faut pas oublier qu'elle se rattache à une composition plus vaste, à l'exposé complexe de recherches historiques et géographiques qui embrassent, avec le monde grec, le monde barbare tout entier.

Aussi, avant d'examiner la véracité et l'autorité d'Hérodote dans le domaine restreint de l'histoire des guerres médiques, nous semble-t-il nécessaire de traiter certaines questions plus générales : que savons-nous de la vie et de la personne d'Hérodote ? dans quelles circonstances a-t-il entrepris de réunir les matériaux du monument qu'il nous a laissé, et comment a-t-il exécuté ce grand ouvrage ? l'a-t-il conduit jusqu'au terme qu'il voulait atteindre, ou bien possédons-nous seulement une partie d'une histoire plus étendue qu'il se proposait d'écrire ?

En tâchant de répondre, au moins par hypothèse, à ces questions difficiles, nous ne perdrons pas de vue, tant s'en faut, le sujet propre de notre travail ; car c'est pour l'histoire des guerres médiques qu'il importe le plus peut-être de déterminer quelques dates précises dans la carrière d'Hérodote, et de chercher à pénétrer le secret de la composition de son ouvrage.

 

§ I. — Examen des témoignages de Suidas et d'Eusèbe sur la biographie d'Hérodote.

La naissance d'Hérodote à Halicarnasse, sa parenté avec le poète Panyasis, son rôle politique dans les dissensions intestines de sa ville natale ; son exil à Samos, puis son retour à Halicarnasse ; dans la suite, son séjour à Athènes, et enfin sa participation à la colonisation athénienne de Thurii en Grande-Grèce, voilà les traits principaux de la biographie de notre historien, telle que les anciens nous l'ont transmise. C'est ce témoignage traditionnel qu'il convient de contrôler d'abord, et de corriger, s'il y a lieu.

On a soutenu récemment[1] que les données biographiques des grammairiens grecs, en ce qui concerne Hérodote, ne méritaient pas la moindre confiance. Aux yeux de M. Ad. Bauer, peu importe que Suidas ait reproduit avec plus ou moins de négligence les renseignements qu'il trouvait dans ses sources. C'est l'origine même de cette tradition qui est suspecte, c'est-à-dire, en fin de compte, le travail des Alexandrins. De celte source, en effet, dérive tout le reste. Les catalogues de Callimaque, les chroniques d'Ératosthène et d'Apollodore, tel est le fonds où ont puisé tous les auteurs qui ont écrit sur l'histoire littéraire de la Grèce, depuis Démétrius de Magnésie au temps de Cicéron, jusqu'à Hesychius de Milet au VIe siècle de notre ère, et jusqu'à Suidas. Mais les savants d'Alexandrie ne savaient rien de précis sur Hérodote, et, pour remédier à l'absence de données certaines, ils ont forgé de toutes pièces une biographie. Voilà, dit-on, la vérité, et en voici la preuve : c'est que, dès le temps de la guerre du Péloponnèse et pendant toute la durée du siècle suivant, la réputation d'Hérodote subit un effacement complet. L'historien appartenait à une génération qui avait suivi de près l'époque des guerres médiques : de cet âge héroïque, où Athènes avait fondé son empire maritime, il conserva toujours l'esprit et le caractère ; son œuvre, achevée seulement au début de la guerre du Péloponnèse, mais depuis longtemps préparée, maniée et remaniée sans cesse, ne répondait plus aux goûts et aux idées des contemporains de Thucydide. Aussi le souvenir de l'homme et du livre disparut-il bientôt : comme on n'avait pas eu le souci, au temps de son plus grand succès, de s'intéresser à sa personne et à sa vie, on y songea beaucoup moins encore après qu'on eut cessé d'entendre ou de lire ses écrits. Thucydide le visa parfois, sans daigner le nommer ; Ctésias, par ses vives critiques, contribua à le rejeter dans l'ombre, et l'éclipse de sa réputation fut totale quand parut une nouvelle école historique formée par Isocrate, et représentée avec éclat par Éphore. Théopompe fit d'Hérodote un résumé, preuve évidente, dit M. Kirchhoff[2], que l'ouvrage de cet historien n'était plus goûté du public. Enfin, continue-t-on, Aristote, le savant connaisseur des choses anciennes, ignorait à ce point l'œuvre d'Hérodote, qu'il la cite seulement pour quelques fables relatives à l'histoire naturelle[3] ; et, loin de savoir sur le compte de l'historien lui-même rien de ce que rapporte Suidas, il le considérait comme originaire de Thurii[4]. Cette erreur survécut assez longtemps dans l'école d'Aristote, puisque Duris de Samos, élève de Théophraste, la partageait encore[5]. Elle fut corrigée seulement, à Alexandrie, par les mêmes savants qui divisèrent l'histoire d'Hérodote en neuf livres.

La thèse que nous venons de résumer ne saurait nous convaincre. Admettons en effet, pour un moment, qu'aucun souvenir authentique de la vie et de la personne de notre historien ne se soit conservé pendant un siècle et demi environ ; admettons aussi que les manuscrits d'Hérodote répandus en Grèce au IVe siècle aient tous porté, d'après le texte que cite Aristote, l'intitulé suivant : Ήροδότου Θουρίου ίστορίης άπόδεξις ήδε ; comment imaginer que les savants d'Alexandrie aient pu rectifier cette erreur ? Il faut qu'ils aient eu d'autre part sur Hérodote des indications biographiques. Dira-t-on que l'œuvre elle-même contenait à cet égard des preuves décisives ? Mais nous sommes ici aussi bons juges que les Alexandrins, et nous voyons que, sauf le début actuel du livre, aucun mot ne prouve expressément qui Hérodote soit né à Halicarnasse. Sans doute il parle des relations de cette ville avec les autres cités de la confédération dorienne en homme qui connait bien cette histoire locale[6] ; mais parle-t-il autrement des villes ioniennes[7] ? Et, s'il s'intéresse particulièrement à la célèbre Artémise, qui régnait à Halicarnasse[8], ne témoigne-t-il pas d'une connaissance aussi profonde de tout ce qui regarde Athènes, Delphes ou Samos ? A ne considérer que le livre lui-même (sauf, bien entendu, l'intitulé), il nous serait impossible de déterminer la patrie d'Hérodote : la même impossibilité existait pour les Alexandrins.

Mais il n'est pas même permis de prétendre que l'œuvre de notre historien, à peine achevée, soit tombée tout à coup dans l'oubli. C'est ici une question de fait : les idées et les opinions d'Hérodote avaient beau passer pour surannées, on connaissait son livre, dans le temps où Thucydide, écrivant le préambule de l'histoire de la guerre du Péloponnèse, relevait chez son devancier de menues erreurs, et encore lorsque Ctésias, à son retour de Suse, s'élevait contre les fables et les mensonges de l'écrivain qui avait avant lui exposé l'histoire des Perses[9]. On connaissait Hérodote dans la première moitié du IVe siècle, s'il est vrai que Xénophon lui ait emprunté des expressions peu usuelles[10]. C'était encore lui rendre hommage, quoi que pense M. Kirchhoff, que de faire de ses écrits un résumé, comme Théopompe[11], et l'on sait qu'Éphore se servit beaucoup de son récit des guerres médiques[12]. Ænéas le Tacticien lui empruntait plusieurs anecdotes, dans un ouvrage composé vers l'année 360[13]. Mais c'est Aristote surtout qui atteste l'estime où l'on tenait Hérodote dans la seconde moitié du IVe siècle. L'auteur de la Rhétorique le cite comme le représentant du style où les idées se rattachent l'une à l'autre comme par un fil[14], et fait allusion à un passage de son histoire[15]. Comment oublier surtout le chapitre de la Poétique où Hérodote est pris pour le type de l'historien, par opposition au poète ? L'historien et le poète ne diffèrent pas l'un de l'autre parce qu'ils écrivent l'un en prose, l'autre en vers : on pourrait mettre en vers l'ouvrage d'Hérodote, ce n'en serait pas moins toujours une histoire ; la différence, c'est que l'un rapporte les choses telles qu'on les raconte, l'autre telles qu'on peut se les représenter[16]. A l'appui de cet important témoignage, nous pouvons aujourd'hui, grâce à la découverte de la Constitution d'Athènes, ajouter qu'Aristote a fait usage d'Hérodote, jusqu'à lui emprunter, dans le récit de la tyrannie de Pisistrate, une expression textuelle[17]. Dans le même chapitre il le cite par son nom, tandis qu'il se contente ailleurs de désigner une assertion de Thucydide comme l'opinion la plus répandue[18].

Il nous paraît donc démontré que, durant tout le cours du IVe siècle, les écrivains les plus différents par leur éducation et leurs goûts ont connu Hérodote, et cela suffit pour que certaines données biographiques aient pu se propager avec son œuvre pendant cette période. Il reste cependant à expliquer l'intitulé inexact reproduit par Aristote. Faut-il admettre que l'auteur de la Rhétorique ait eu réellement sous les yeux un exemplaire commençant par ces mots : Ήροδότου Θουρίου ίστορίης άπόδεξις ήδε ? Ce n'est pas là une conclusion nécessaire : dans un ouvrage comme la Rhétorique, plein d'extraits des auteurs les plus divers, on comprend sans peine qu'Aristote ait cité de mémoire des mots et des phrases entières sans se reporter au texte original[19]. Si l'usage était alors de désigner Hérodote par un ethnique qui rappelât son séjour et peut-être sa mort à Thurii, Aristote a pu, tout en respectant la construction essentielle de la phrase qu'il voulait citer, introduire dans le texte une variante inexacte. Mais il est certain aussi que la même variante pouvait se rencontrer déjà dans quelques manuscrits, par suite d'une inexactitude semblable, ou par l'effet de quelque préoccupation patriotique de la part de scribes de Thurii. Quoi qu'il en soit, il ne nous semble pas possible qu'Aristote ait considéré Hérodote comme originaire de Thurii : il connaissait trop bien l'histoire d'Athènes pour ignorer la fondation récente de cette colonie. A plus forte raison n'a-t-il pas contribué à répandre cette erreur dans son école : si Duris de Samos donnait à Hérodote l'épithète de Θουρίος, il ne faisait sans doute que se conformer à l'usage répandu en Grèce depuis de longues années : la phrase de Suidas ne permet pas une autre conclusion. En résumé, deux faits nous semblent acquis : d'une part, l'usage communément établi à la fin du IVe siècle et au début du nie de désigner Hérodote par l'épithète de Thurien ; de l'autre, la certitude avec laquelle les Alexandrins ont reconnu qu'il était en réalité originaire d'Halicarnasse. Or cette certitude reposait soit sur des données biographiques extrinsèques, conservées par la tradition, soit sur l'intitulé du livre dans les manuscrits réputés les meilleurs ; mais, dans ce dernier cas même, les Alexandrins ont cid avoir quelque raison pour préférer la donnée de ces manuscrits à l'usage général qui désignait Hérodote comme Thurien, et il est naturel de penser que cette raison était justement celle que donnent Strabon et Plutarque[20], à savoir qu'Hérodote, né à Halicarnasse, avait pris part à la colonisation de Thurii.

Ainsi les Alexandrins ont pu avoir, et ont eu, sur Hérodote des renseignements biographiques. Dès lors il n'est pas permis de rejeter en bloc les témoignages qui dérivent de celte source.

Ces témoignages peuvent se répartir en deux groupes : d'une part, les notices biographiques de Suidas sur Hérodote et sur Panyasis, auxquelles il faut joindre une épigramme conservée par Étienne de Byzance ; de l'autre, les listes chronologiques d'Eusèbe, et quelques autres indications du même ordre disséminées dans divers auteurs. Examiner d'abord séparément les données propres à chacun de ces deux groupes de documents, et les comparer ensuite les unes aux autres, telle est la méthode à suivre pour apprécier le plus sûrement possible la valeur de cette tradition.

La notice de Suidas[21] sur Hérodote contient une assertion certainement erronée : C'est à Samos, dit Suidas, qu'Hérodote apprit le dialecte ionien et qu'il écrivit son histoire en neuf livres. Il est aujourd'hui démontré, par plusieurs inscriptions du Ve siècle découvertes à Halicarnasse[22], que le dialecte ionien était alors dans cette ville la langue usuelle, comprise de tous. Ce fait, les grammairiens d'Alexandrie l'ont ignoré ; et comme de leur temps la langue commune était répandue partout, ils ont dû supposer qu'une ville dorienne d'origine avait parlé jadis un dialecte dorien. Trouvant d'ailleurs dans la tradition qu'Hérodote avait séjourné à Samos, ils ont pensé qu'il avait appris l'ionien dans cette ville, et ils ont rattaché à cette observation hypothétique le fait certain, que son histoire, composée de neuf livres, était écrite dans ce dialecte. La phrase de Suidas ne nous parait donc pas signifier qu'il y ait eu vraiment une tradition ancienne suivant laquelle tout l'ouvrage d'Hérodote aurait été écrit à Samos. Elle se borne à fournir une explication, du reste inexacte, de l'ionisme d'Hérodote, et forme une sorte de parenthèse dans l'ensemble de la notice biographique.

Cette erreur une fois écartée, il ne reste plus dans le texte de Suidas que les faits suivants : naissance d'Hérodote à Halicarnasse, ses démêlés avec le tyran Lygdamis, troisième successeur de la reine Artémise, et son exil à Samos ; son retour à Halicarnasse ; dans la suite, sa participation à la colonisation de Thurii, sa mort dans cette ville. Aucun de ces faits ne pouvait être tiré de l'ouvrage seul d'Hérodote : pour les rejeter, il nous faudrait donc découvrir par quelle combinaison les biographes alexandrins ont pu arriver à imaginer ce récit. Cette combinaison, M. Ad. Bauer croit la saisir dans la prétendue parenté d'Hérodote et du poète Panyasis[23] : du moment où on avait retrouvé la patrie véritable d'Hérodote, il fallait, dit-il, qu'on lui donnât encore une famille illustre, et c'est pourquoi on le rapprocha d'un autre écrivain d'Halicarnasse, à peu près contemporain, le poète Panyasis ; or, Panyasis ayant été victime de sa lutte contre les tyrans, on imagina de mêler Hérodote à ces dissensions politiques, et on fit de lui le vengeur de son parent.

Les combinaisons de ce genre ne sont pas étrangères, il est vrai, aux habitudes des Alexandrins. Mais elles se présentent, ce semble, dans des conditions un peu différentes : quand certaine tradition nous montre, par exemple, les trois poètes tragiques d'Athènes rattachés par quelque point de leur vie à la bataille de Salamine[24], ce synchronisme imaginaire repose sur une ressemblance littéraire entre les trois auteurs ; et la même cause explique l'anecdote qui nous montre Thucydide assistant dans son enfance à une lecture d'Hérodote[25]. Aucun lien de cette nature n'autorisait ou n'invitait les Alexandrins à rattacher ainsi Hérodote à Panyasis : nous pouvons sans doute, dans le livre de l'historien, trouver quelques traits de ressemblance avec les œuvres du poète[26] ; mais les deux genres eux-mêmes, l'histoire et le poème épique, étaient trop nettement distincts dans l'esprit des Alexandrins pour qu'ils eussent l'idée d'inventer un rapprochement factice entre les deux auteurs[27].

L'incertitude des témoignages anciens sur le degré de parenté qui unissait Hérodote à Panyasis[28] ne doit pas davantage servir d'argument contre la réalité historique de cette parenté. Ce sont là des détails que les contemporains ignorent ou oublient sans peine, à plus forte raison les historiens, même bien renseignés, de la littérature. Ajoutons que le texte de Suidas nous fournit les éléments d'un choix entre les deux traditions qui avaient cours à ce sujet. Si le nom de la mère d'Hérodote s'est conservé, Dryo ou Rhoio, c'est probablement parce qu'elle servait de trait d'union entre les deux personnages : il est donc vraisemblable que Panyasis était le frère de Rhoio, c'est-à-dire l'oncle maternel d'Hérodote[29], et cette conclusion concorde avec les données chronologiques qui placent la maturité du poète un peu avant celle de l'historien[30].

Pour le détail des troubles survenus sous le gouvernement du tyran Lygdamis, Suidas atteste trois faits : la mise à mort de Panyasis, l'exil d'Hérodote et sa lutte contre le tyran. Or nous possédons une inscription qui, sans confirmer directement ces faits, donne cependant à ce témoignage une autorité inattendue[31]. Dans l'intitulé de ce document figure le nom de Lygdamis, à une place qui convient seulement à un dynaste. C'est sans aucun doute le Lygdamis de Suidas. De plus, la loi en question a pour objet de régler, au profit de citoyens bannis, puis amnistiés, la durée et le mode du droit de revendication immobilière[32]. Il y avait donc eu, sous le gouvernement de Lygdamis, après une ou plusieurs révoltes rigoureusement réprimées, un retour et une réintégration des bannis. Avec ces événements s'accordent tout d'abord au moins deux des faits rapportés par Suidas : Panyasis succombe dans l'une des révoltes que suppose l'inscription , et la même entreprise ou une entreprise analogue entraîne l'exil d'Hérodote. Reste à examiner le troisième point : la chute de Lygdamis et la part qu'y aurait prise l'exilé de Samos.

C'est le trait de la notice de Suidas qui a trouvé le plus d'incrédules : on remarque qu'Hérodote, s'il exprime franchement des sentiments démocratiques[33], n'a pas le tempérament d'un homme d'action, d'un ennemi farouche de la tyrannie, et l'on s'étonne surtout de l'entendre dans son livre parler avec tant de faveur de la reine Artémise, la grand'mère du tyran qu'il aurait chassé. On se demande aussi comment le même homme aurait pu, après avoir expulsé le dynaste protégé par le Grand Roi, entreprendre dans toute l'étendue de l'empire perse les voyages qu'il dut y faire pour recueillir les matériaux de son histoire. Aucune de ces raisons n'est par elle-même décisive ; mais l'une et l'autre nous autorisent à tenter de donner au texte de Suidas une interprétation un peu différente. Cette interprétation, nous la trouvons dans le texte épigraphique qui nous a déjà servi tout à l'heure. Il suffit en effet de faire coïncider le retour d'Hérodote et son offensive contre Lygdamis avec la victoire qu'obtint le parti démocratique, quand le tyran accorda l'amnistie aux exilés et leur permit de revendiquer leurs biens. Cette concession seule attestait une véritable défaite du tyran ; mais ce qui achève de nous révéler une révolution politique à Halicarnasse, c'est l'intitulé du texte de loi : Lygdamis, au lieu de gouverner seul, partage désormais le pouvoir avec l'assemblée des citoyens ; il n'a plus qu'une puissance restreinte, limitée par les droits du peuple. Nous supposons qu'Hérodote avait travaillé de toutes ses forces à ce résultat, et qu'il fut un des chefs du parti victorieux. C'était assez pour que la tradition déclarât qu'il avait chassé le tyran Lygdamis. Si notre hypothèse est juste, il lui avait ôté seulement le pouvoir absolu, content d'établir dans sa ville, à côté de l'autorité traditionnelle d'un dynaste, les droits politiques de rassemblée populaire. Ainsi put-il ne point passer dans ses voyages, aux yeux des satrapes du Grand Roi, pour un adversaire irréconciliable de la Perse ; ainsi s'explique qu'il ait admiré sans embarras la courageuse Artémise : il n'avait pas, à proprement parler, renversé la dynastie de cette reine.

Avant de chercher à dater les événements que nous venons de reconnaître, achevons la notice biographique de Suidas : Hérodote, ayant encouru la jalousie de ses concitoyens, prend part volontairement à la colonisation athénienne de Thurii, et c'est dans cette ville qu'il meurt. Ces deux faits s'accordent avec le témoignage de l'épitaphe composée pour son tombeau, d'après Étienne de Byzance[34]. Mais cette épitaphe n'a par elle-même ni plus ni moins d'autorité que le texte de Suidas : le titre donné à l'historien, Ίάδος άρχαίης ίστορίης πρύτανις, révèle assez les préoccupations littéraires et le goût des Alexandrins pour les classifications. L'inscription a donc été rédigée à une époque fort éloignée de la mort d'Hérodote. Néanmoins la tradition qui le montrait en butte à la jalousie de ses concitoyens garde quelque valeur : la modération de ses opinions politiques a dû l'exposer ii la haine des hommes de parti. Enfin la mort d'Hérodote à Thurii nous semble probable, quoique d'autres témoignages parlent d'Athènes et de Pela. C'est un problème que nous discuterons dans la suite de cette introduction.

Une seconde série de documents biographiques sur Hérodote se compose, avons-nous dit, de quelques fragments de chronologies anciennes. Ces données, d'ailleurs très pauvres, se rattachent presque toutes à une seule date : la fondation de Thurii. La démonstration de cette vérité a été faite par M. H. Diels dans un savant article sur la Chronique d'Apollodore[35] : par une habile comparaison des notices chronologiques qui proviennent de cette source, l'auteur a reconnu et prouvé qu'Apollodore avait usé couramment d'une combinaison ingénieuse qui consiste à dater la vie des personnages illustres par leur άκμή, c'est-à-dire par leur quarantième année. Cette remarque, qui sert à expliquer la plupart des dates fournies par les grammairiens grecs sur les grands écrivains de l'époque classique, s'applique bien au témoignage le plus précis que nous possédions sur Hérodote. Il s'agit du passage des Nuits attiques où Aulu-Gelle rapporte les calculs d'une femme érudite qui vivait au temps de Néron, Pamphila[36] : Hérodote aurait eu cinquante-trois ans au début de la guerre du Péloponnèse, en 431. Mais dans le même passage, Thucydide est censé avoir eu alors quarante ans ; or on ne peut douter que cet âge n'ait été fixé par Pamphila, ou plutôt par Apollodore, d'après ce que dit Thucydide lui-même quand il rappelle que, dès le commencement des hostilités, il avait pu y appliquer toute la force de son esprit[37]. Le même calcul plaçait la maturité d'Hérodote treize ans auparavant, en 444/3 (Olympiade 84, 1), c'est-à-dire l'année où tous les Grecs furent officiellement conviés à coloniser la nouvelle ville de Thurii[38]. On savait qu'Hérodote avait pris part à cette entreprise, et, à défaut d'autres données, on partait de cette date pour placer sa naissance quarante ans plus tôt, en 484/3. Ce calcul semble avoir servi de base, plus ou moins directement, aux témoignages analogues de Denys d'Halicarnasse[39] et de Diodore[40]. Il apparaît encore chez Pline l'Ancien, qui considère l'année 444 comme une date capitale dans la vie de notre auteur : seulement, par une erreur facile à comprendre, l'écrivain latin attribue à cette année 444, qui représente l'άκμή d'Hérodote, la composition même de son ouvrage[41].

Le calcul approximatif d'Apollodore offre-t-il du moins un résultat satisfaisant ? Un texte d'Eusèbe semble, au premier abord, contraire à cette combinaison : l'historien, d'après cette chronique, se serait fait connaitre dans l'Olympiade 78, 1, soit en 468/7[42]. Si l'on prend ce texte à la lettre, il faut reculer dans le passé la naissance de notre auteur, et la placer aux environs de l'année 500. C'est le parti qu'a récemment adopté M. Stein[43]. Mais une objection grave nous parait s'opposer à cette conclusion : est-il possible d'admettre qu'Hérodote ait eu vingt ans l'année de Salamine ? Un homme de vingt ans garde un souvenir très vif des événements dont il est témoin, et ce n'est pas le cas pour Hérodote. Dans tout le récit des guerres médiques, on sent, il est vrai, l'homme pénétré des sentiments d'admiration et de fierté qu'inspira la défaite de Xerxès à tous les contemporains grecs de cette expédition formidable ; mais nulle part, à propos des faits de l'année 480, l'historien ne fait profession de témoin oculaire ; il a grandi certainement au milieu des souvenirs récents de la guerre ; mais il n'en a conservé aucune impression directe. Suivant toute vraisemblance, il était encore enfant en 480, lorsque la reine Artémise, qui régnait dans sa ville natale, réunit des vaisseaux et des hommes pour prendre part à la campagne de Xerxès. S'il fallait changer quelque chose aux calculs d'Apollodore, la date de 490 serait la plus haute où il »eus parût possible de remonter.

Comment donc interpréter le témoignage d'Eusèbe ? Il est naturel d'y chercher une allusion à l'un des faits signalés par Suidas dans la vie d'Hérodote, et cette hypothèse est d'autant plus permise que la même année 468/7 marquait aussi, suivant quelques auteurs, une date importante dans la biographie de Panyasis[44]. Cet événement, dont le souvenir s'était conservé dans la biographie de l'oncle et dans celle du neveu, ne serait-ce pas la révolte qui avait amené la mort de l'un et l'exil de l'autre ? Âgé alors de dix-huit ou de vingt ans, Hérodote avait pu prendre déjà une part active à l'œuvre politique poursuivie par son oncle : en ce sens l'auteur de la chronologie reproduite par Eus'cb2 pouvait dire avec raison qu'Hérodote avait commencé alors à se faire connaître à ; 0,. L'échec de l'entre- prise s'explique d'ailleurs à cette date par l'appui que le tyran trouvait dans la puissance perse, encore à peu près intacte en Asie.

Dans cette hypothèse, le texte de Suidas sur les successeurs d'Artémise doit être légèrement modifié[45]. Car, si le fils de cette reine était encore un jeune homme, d'après Hérodote, en 480[46], il ne peut pas avoir eu, douze ans plus tard, un fils (Lygdamis) en état de régner. Aussi bien ce qui ressort avant tout du témoignage de Suidas, c'est qu'Hérodote fut envoyé en exil et Panyasis mis à mort par le troisième successeur d'Artémise. Entre les deux princes qui avaient succédé à cette reine, les auteurs de chroniques durent naturellement supposer une parenté directe ; mais, loin d'être certaine, cette parenté semble même contredite par ce fait, que Lygdamis porte le même nom que le père d'Artémise : suivant l'usage grec, il passerait plutôt pour le petit-fils de ce Lygdamis que pour son arrière-petit-fils. Cc serait un second fils d'Artémise qui aurait succédé au premier. et dans ce cas la date de 468/7 n'aurait rien qui dût nous surprendre.

Les victoires de Cimon sur les bords de l'Eurymédon, en 465[47], furent une menace pour tous les tyrans des villes grecques en Asie ; mais nous ne savons pas si l'attaque heureuse d'Hérodote contre Lygdamis date des années qui suivirent immédiatement cette victoire. L'inscription d'Halicarnasse, qui appartient sans aucun doute à la première moitié du Ve siècle, ne peut pas être avec certitude rapportée à une date précise. Cependant une limite extrême, au-dessous de laquelle on ne saurait placer la chute du tyran Lygdamis, nous est fournie par les inscriptions athéniennes relatives au tribut des alliés : dès l'année 454, Halicarnasse figure sur ces listes comme une ville indépendante[48], tandis que d'autres cités cariennes, également gagnées à l'alliance d'Athènes, sont inscrites avec le nom de leur dynaste[49]. Voici donc un fait incontestable : Lygdamis, en 454, n'avait plus même la situation amoindrie que nous avons définie plus haut d'après l'amnistie accordée aux exilés : le modus vivendi organisé, suivant notre hypothèse, au retour d'Hérodote, ne se prolongea pas jusqu'en 454, et Halicarnasse n'attendit pas les nouvelles campagnes de Cimon, en 449, pour secouer définitivement le joug.

La connaissance exacte de ces événements nous échappe ; mais si, comme il semble probable, Hérodote partit de Samos pour quelques-uns de ses grands voyages, on peut admettre par hypothèse que son retour à Halicarnasse n'eut pas lieu aussitôt après la victoire de l'Eurymédon. Quoi qu'il en soit, pendant quelque temps, les partis réconciliés se calmèrent, et Hérodote dut contribuer à cette pacification. Mais bientôt la violence l'emporta, et Lygdamis tomba sous les coups de tyrannicides : ce fut dans la suite un titre de noblesse à Halicarnasse que d'appartenir à la famille de ces libérateurs[50]. Hérodote, suivant nous, n'avait pas pris part à cette révolution nouvelle, el le triomphe d'un parti violent rendait difficile son séjour dans sa ville natale. Attiré d'ailleurs au dehors par le goût des voyages, il se résolut à quitter de nouveau sa patrie, non pas pour aller directement à Thurii, comme on pourrait le penser d'après Suidas, mais pour visiter le monde, qu'il avait déjà commencé à parcourir.

Une seule donnée chronologique d'Eusèbe a trait à cette nouvelle période de son existence : c'est celle qui nous le montre à Athènes, en 445/4 ou 446/5, honoré d'une récompense pécuniaire par le conseil des Cinq Cents[51]. Comme toujours, dans un témoignage de ce genre, il faut distinguer deux choses : la date, et le fait même rapporté à cette date par le chroniqueur. Ici la date petit paraître dépendre encore de la fameuse colonisation de Thurii. Du moment où Hérodote avait pris part à cette entreprise athénienne, il fallait bien qu'il eût séjourné auparavant à Athènes, et, s'il avait reçu dans cette ville une récompense publique, une combinaison toute naturelle devait faire placer cet honneur un peu avant son départ pour l'Italie. Malgré la justesse de ce raisonnement, nous ne considérons pas comme impossible que les sources d'Eusèbe aient contenu, sur ce détail de la vie d'Hérodote, une donnée certaine, indépendante de tout calcul approximatif : en effet, un historien athénien de la fin du IVe siècle, Diyllos, parlait, lui aussi, d'une récompense accordée à Hérodote ; il n'en indiquait pas la date, au moins d'après Plutarque, mais il citait l'auteur de la proposition[52] : ce document, conservé peut-être dans le recueil de Cratéros[53], pouvait bien porter sa date avec lui.

Une question plus importante est de savoir si le fait d'une récompense officielle, donnée à Hérodote pour une lecture de son livre, est exact. Mais cette question se rattache au problème plus général de la formation et de la composition de son histoire. Ce problème lui-même nous oblige à parler d'abord des voyages qui ont précédé et. préparé l'œuvre de l'écrivain.

 

 

 



[1] AD. BAUER, Herodots Biographie, Vienne, 1878 (extrait des Sitzungsberichte der phil.-hist. Classe der Kais. Akademie der Wissenschaften, t. LXXXIX, p. 391 et suiv.).

[2] AD. KIRCHHOFF, Ueber die Entstehungszeit des Herodotischen Geschichtswerkes, 2e éd., Berlin, 1878, p. 9.

[3] ARISTOTE, Histoire des animaux, III, 22 ; De la génération des animaux, III, 5.

[4] ID., Rhétorique, III, 9.

[5] D'après SUIDAS, au mot Πανύασις.

[6] HÉRODOTE, I, 144 : VII, 93.

[7] ID., I, 142-148, 170, etc.

[8] ID., VII, 99 ; VIII, passim.

[9] Nous examinerons plus loin (1re partie, liv. I, chap. I et II) le sens et la portée de ces critiques.

[10] Le mot άποχειροβίοτος ne se trouve, à l'époque classique, que chez HÉRODOTE (III, 42) et chez XÉNOPHON (Cyropédie, VIII, 3, 5 37). On relève encore dans XÉNOPHON (Helléniques, VI, 3, S 20, et 5, 5 35) l'expression δεκατευθήναι Θηβαίους, qui parait provenir du serment cité par HÉRODOTE (VII, 132).

[11] Il est difficile, d'ailleurs, de fonder un argument solide sur un témoignage contestable de SUIDAS, au mot Θεόπομπος. La plupart des savants doutent que le résumé en question ait été l'œuvre du célèbre historien du IVe siècle. Voir à ce sujet la notice de MM. C. et T. MÜLLER sur Théopompe (Fragm. histor. græc., t. I, p. LXVIII) et W. CHRIST, Griechische Litteraturgeschichte, 2e édition, p. 311.

[12] C'est ce qu'a bien mis en lumière M. Ad. Bauer lui-même, dans un article intitulé : Die Benutzung Herodots durch Ephoros bei Diodor (extrait des Neue Jahrbücher for Philologie und Pädagogik, Supplementband X (1879), p. 281-342).

[13] ÆNEAS TACTICUS, Commentarius poliorceticus, éd. Hug, 31, § 14, 25-27, 28-30. — Cf. HÉRODOTE, VII, 239 ; VIII, 128 ; V, 35. Pour la date de l'écrit d'Ænéas, voir W. CHRIST, Griechische Litteraturgeschichte, 2e édition, p. 308.

[14] ARISTOTE, Rhétorique, III, 9.

[15] ID., ibid., III, 16. Cf. HÉRODOTE, II, 30.

[16] ARISTOTE, Poétique, 9.

[17] ARISTOTE, Constitution d'Athènes, 14. - Cf. HÉRODOTE, I, 60.

[18] ARISTOTE, Constitution d'Athènes, 18. - Cf. THUCYDIDE, VI, 58.

[19] Dans le même passage (Rhétorique, III, 9), Aristote attribue à Sophocle des vers qui sont d'Euripide.

[20] STRABON, XIV, p. 656. — Cf. PLUTARQUE, Sur l'exil, 43 ; Sur la malignité d'Hérodote, 35. Nous dirons plus loin les raisons qui nous font admettre l'authenticité de cet écrit de Plutarque, 1re partie, liv. I, chap. IV.

[21] SUIDAS, Lexique, éd. Bekker.

[22] A la célèbre inscription de Lygdamis, découverte par M. Newton en 1863, et sur laquelle nous reviendrons tout à l'heure, il faut joindre les textes épigraphiques trouvés à Halicarnasse par MM. Haussoullier et Clerc (Bulletin de correspondance hellénique, t. IV (1880), p. 295, et t. VI (1882), p. 191).

[23] Voir le texte de la notice de SUIDAS, au mot Πανύασις.

[24] PLUTARQUE, Propos de table, VIII, 1, § 3. — HESYCHIUS DE MILET, fr. 26 (Fragm. histor. græc., t. IV, p. 163). — SUIDAS et Vies anonymes des tragiques.

[25] SUIDAS, aux mots Θουκυδίδης et όργάν. — MARCELLINUS, Vie de Thucydide, § 54.

[26] Il suffit de rappeler l'intérêt que porte Hérodote au culte d'Héraclès (Panyasis avait composé une Héracléide) et la connaissance profonde qu'il a des colonies ioniennes (Panyasis avait écrit un poème intitulé Ίωνικά). Le surnom de τιρατοσκόπος, donné au poète, expliquerait assez bien aussi le goût de l'historien pour les prodiges. Ces idées ont été longuement développées par M. AD. SCHÖLL, Herodots Entwicklung zu seinem Beruf, dans le Philologus, t. X (1855), p. 25-81.

[27] Signalons encore l'invraisemblance qu'il y a à supposer les Alexandrins si bien renseignés sur Panyasis et si peu sur Hérodote. Tout le fondement de cette théorie consiste dans la prétendue éclipse qu'aurait subie la réputation d'Hérodote. Nous avons montré l'insuffisance de cette hypothèse.

[28] D'après SUIDAS (au mot Πανύασις), les anciens ne savaient pas au juste si Hérodote était le cousin ou le neveu du poète.

[29] Il faut remarquer, en outre, que le mot έξάδελφος, employé par Suidas, ne vient certainement pas d'une source ancienne. On disait en grec άνεψιός.

[30] EUSÈBE, Chronique (éd. Schöne), Ol. 72, 4 (489/8). Une mention analogue se rencontre pour Hérodote vingt ans après, Ol. 78, 1.

[31] Pour le texte et le commentaire de ce document épigraphique, nous renvoyons au Recueil des Inscriptions juridiques de la Grèce, dû à la collaboration de MM. Dareste, Haussoullier et Th. Reinach, fasc. I, n° 1.

[32] Nous empruntons les termes mêmes de M. Dareste.

[33] On sait l'éloge qu'il fait du régime qu'il appelle ίσηγορίη (V, 78).

[34] ÉTIENNE DE BYZANCE, au mot Θούριοι.

[35] Rheinisches Museum, t. XXXI (1876), p. 1-54.

[36] AULU-GELLE, Nuits attiques, XV, 23.

[37] THUCYDIDE, V, 26, § 5.

[38] L'éditeur d'Hérodote, Stein, a résumé dans une note toutes les circonstances de la fondation de Thurii (introduction, p. X, n. 2, 5e édition).

[39] DENYS D'HALICARNASSE, Sur Thucydide, 5, p. 820 Reiske.

[40] DIODORE DE SICILE, II, 32.

[41] PLINE, Histoire naturelle, XII, 8.

[42] EUSÈBE, Chronique, Ol. 78, 1.

[43] Introduction, p. III, n. 2.

[44] D'après Suidas, quelques auteurs faisaient naître Panyasis à cette date ; l'erreur venait peut-être d'une confusion entre la naissance du poète et un acte important de sa vie.

[45] Nous adoptons ici une correction proposée jadis par M. Ad. Schöll (Philologue, t. X, p. 35), et reprise depuis par M. Fr. Rühl (Ibid., t. XLI, p. 88), ainsi que par l'éditeur d'Hérodote, Stein (Introduction, p. VIII).

[46] HÉRODOTE, VII, 99.

[47] Nous suivons ici la chronologie généralement adoptée, telle qu'on la trouve, par exemple, dans les tables de PETER, Zeittafeln der griech. Geschichte, éd., 1886, et de CURTIUS, Histoire grecque, trad. Bouché-Leclercq, t. V.

[48] Corp. Inscr. Attic., I, n° 226.

[49] Ibid., n° 230 et 240.

[50] Telle est du moins l'hypothèse qu'on peut faire d'après l'éloge que reçoit, sur une inscription d'Halicarnasse (LE BAS et WADDINGTON, Inscriptions d'Asie Mineure, n° 505), un personnage du nom de Νιρεύς fils de Néon.

[51] EUSÈBE, Chronique, éd. Schöne, p. 106. Pour la date de cette lecture, Eusèbe indiquait, d'après saint Jérôme, l'Ol. 83, 4 (445/4), et d'après la version arménienne, l'Ol. 83, 3 (446/5).

[52] PLUTARQUE, Malignité d'Hérodote, 36, § 6.

[53] Cf. Fragm. histor. græc., t. II, p. 617-622.