LE CHRISTIANISME ET SES ORIGINES — LE NOUVEAU TESTAMENT

 

CHAPITRE VI. — LE QUATRIÈME ÉVANGILE

 

 

J’ai averti bien des fois que le quatrième évangile est d’une époque très postérieure aux trois premiers. Ce qui saute aux yeux tout d’abord quand on ouvre ce livre, c’est la manière dont il y est parlé des Juifs. Sans doute les trois premiers sont déjà hostiles au judaïsme, et c’est à quoi on reconnaît qu’ils ne sont venus eux-mêmes que longtemps après Jésus ; mais ils sont encore assez voisins de lui pour ne pas oublier que Jésus est un Juif, ainsi que ses compagnons et ses disciples, qu’il a passé sa vie au milieu des Juifs et qu’il n’a jamais prêché qu’à eux. Aussi ne disent-ils jamais les Juifs pour parler des adversaires de Jésus. Ils disent les pharisiens, les grands prêtres, les docteurs, quelquefois le peuple : le nom même des Juifs se trouve à peine deux ou trois fois dans chacun de ces évangiles. Il revient au contraire plus de soixante-dix fois dans le quatrième, qui dit toujours les Juifs comme il dirait les ennemis. Il semble que Jésus ne soit pas un juif lui-même ; le rédacteur certainement n’en est pas un, et vit entièrement séparé d’eux. Il reconnaît cependant (IV, 22) que le salut est venu des Juifs ; mais cet hommage même témoigne qu’il ne leur appartient pas. On comprend dès lors combien il est absurde de supposer que ce livre soit l’œuvre du Juif Iehohanan ou Jean, fils de Zabdi ou Zébédée, le second parmi les Douze.

Il importe de distinguer, dans le quatrième évangile, la narration et les discours. Pour la narration, l’auteur s’est servi des évangiles plus anciens, et il n’en diffère pas autant qu’on pourrait le croire. Cependant, s’il y a déjà, entre deux évangiles quelconques, des différences embarrassantes pour le critique orthodoxe, celles qu’on trouve en passant des trois premiers au dernier sont bien plus marquées. II y a des personnages tout nouveaux, Nathanael, Nicodème, la Samaritaine, Lazare le ressuscité ; des faits nouveaux aussi, et qu’on s’étonne de ne pas voir mentionnés dans les autres livres. Tandis que ceux-ci ne font aller Jésus à Jérusalem qu’une seule fois, pour y faire la pâque et pour y mourir, le quatrième lui fait faire plusieurs voyages et célébrer plusieurs pâques. Il reste à l’orthodoxie la ressource de dire que le silence des trois évangiles sur ces voyages, quelque étrange qu’il soit, ne constitue pas une contradiction. Mais la contradiction est formelle entre les trois premiers livres et le quatrième sur le jour et sur l’heure de la Passion, et ceux qui ont voulu l’effacer ont dû faire pour cela des efforts aussi pénibles qu’inutiles[1]. Il y a des cas d’ailleurs où ne pas parler d’un événement équivaut tout à fait à le nier, quand, par exemple, dans la Passion du quatrième évangile, il n’est pas dit un mot d’une comparution de Jésus devant le sanhédrin.

Le quatrième évangile est le seul qui parle d’un mouvement du peuple qui veut enlever Jésus pour le faire roi (VI, 15) ; le seul qui raconte le lavement des pieds (XIII, 5) ; le seul qui suppose que des Grecs se soient présentés aux Douze, en demandant à voir Jésus (XII, 20) ; le seul qui se figure Jésus baptisant comme Jean, ou du moins faisant baptiser par ses disciples (IV, 1 et III, 22) : autant d’idées qu’on ne s’est faites de lui que de loin. Mais ce qui étonne le plus, de la part du quatrième évangéliste, est qu’il ait laissé dans les autres livres, sans leur donner de place dans le sien, les paroles fameuses : C’est là mon corps, c’est là mon sang ; faites ceci en mémoire de moi. Il connaissait cependant la commémoration de la mort de Jésus dans la Cène, et on ne s’explique guère que par là les paroles qu’il lui met dans la bouche en une occasion différente (VI, 54). Pourquoi donc, dans le long discours qu’il fait tenir à Jésus après la Cène, ces paroles ne se retrouvent-elles pas ? Je présenterai tout à l’heure à ce sujet une tentative d’explication.

Le récit de la résurrection de Lazare manque absolument dans les anciens évangiles, et c’est un grand embarras pour les orthodoxes. Comment ces trois évangiles ont-ils pu oublier le plus éclatant des miracles de Jésus, je dirai même le seul éclatant ? car tous les autres, guérisons ou résurrections, y compris sa résurrection à lui-même, se passent dans la solitude et dans l’ombre ; ils n’ont pas de témoins à qui on puisse en demander compte. Le miracle de la multiplication des pains et des poissons est bien censé s’accomplir devant une foule, mais c’est une foule insaisissable ; la scène n’est pas dans une ville, mais au désert, et, de ces quatre ou cinq mille hommes qu’on imaginait, on ne pouvait penser à en retrouver un seul. La résurrection de Lazare est tout autre chose. C’est en pleine lumière, sous les yeux de tout le bourg de Béthanie, à une demi-lieue de Jérusalem, que Jésus, dit-on, arrache au tombeau et à la mort un corps enterré depuis quatre jours et qui sent mauvais. Mais c’est précisément parce que ce miracle est si extraordinaire, qu’il manque dans les anciens évangiles ; on ne pouvait imaginer pareille chose, tant que le fil de la tradition primitive n’était pas absolument brisé, et que la légende tenait encore tant soit peu à la réalité.

Le miracle des noces de Cana est moins imposant, mais il n’est pas moins invraisemblable, et n’a pu entrer dans la pensée de personne qu’après que l’impression de la véritable existence de Jésus s’est trouvée absolument effacée. C’est un miracle amusant, de l’espèce de ceux des métamorphoses d’Ovide.

Le quatrième évangile n’est pas de Jean, mais il se donnait, sinon pour écrit par lui, du moins pour inspiré de lui ; l’auteur veut faire entendre qu’il l’a connu. Sans le nommer jamais (on sait qu’il le désigne par cette expression : un disciple que Jésus aimait (XIII, 23 et XX, 2), il lui donne l’avantage sur Pierre (ibid. et XVIII, 15). Nous devons à cette préoccupation une des particularités les plus curieuses et les plus intéressantes du quatrième évangile. Aucun des trois autres ne fait figurer la mère de Jésus dans le récit de la Passion, comme aucun non plus n’indique que Jésus, après sa résurrection, se soit montré à sa mère. Ce silence suppose, ou que Marie ne vivait plus quand Jésus est mort, ou qu’elle ne croyait pas en lui. Seul le quatrième évangile dit qu’elle était au pied de la croix (XIX, 25). Mais ce qui est bien remarquable, c’est qu’en s’occupant ainsi de Marie, ce n’est pas à elle qu’il semble que l’évangéliste s’intéresse, mais seulement au disciple aimé. Il est là, lui seul, avec Marie, et Jésus dit à sa mère : Femme, voici ton fils, et à lui : Voici ta mère. C’est lui encore que l’écrivain veut relever, en faisant parler Jésus, qui le déclare ainsi son héritier et son frère. Du reste le quatrième évangile, pas plus que les autres, ne parle de Marie après la résurrection, et n’indique que Jésus se soit jamais montré à elle.

Le quatrième évangile paraît bien se terminer aux derniers versets du chapitre XX : Jésus a fait encore d’autres signes devant ses disciples, qui n’ont pas été écrits dans ce livre. Mais ceux-ci ont été écrits, pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le fils de Dieu, et que par cette croyance vous ayez la vie éternelle en son nom. On ne s’attend pas à voir ici s’ouvrir un nouveau chapitre par ces mots : Après cela, Jésus se fit voir encore à ses disciples sur la mer de Tibériade, etc. Il est à croire, quoique ce chapitre soit dans tous nos manuscrits, qu’il a été ajouté au reste après coup. Il paraît avoir été fait pour achever de placer le quatrième évangile sous l’autorité de l’apôtre Jean. La tradition qui lui rapportait l’Apocalypse obligeait de supposer qu’il avait vécu bien vieux ; aussi est-il dit dans ce dernier chapitre qu’on avait cru, d’après une parole de Jésus, qu’il vivrait jusqu’à l’avènement du Seigneur ; mais on convient que la parole divine avait été mal comprise. On ajoute enfin que tout ce qui est dans ce livre repose sur le témoignage de Jean, et que c’est lui qui l’a écrit (καί γράψας ταΰτα), assertion que rien, dans ce qui précède, ne faisait prévoir.

Une particularité remarquable du quatrième évangile est qu’il n’y a pas de paraboles[2]. Mais cela tient au caractère général des discours dont il est rempli. Car, je le répète, la grande nouveauté de ce livre n’est pas dans la narration ; elle est dans le prologue et dans les discours, qui contiennent une théologie absolument inconnue et imprévue dans les livres antérieurs. Celui-ci est l’évangile du Verbe, de Logos, et ce Logos n’est plus le memra juif que nous retrouvions tout à l’heure dans l’Apocalypse ; c’est une idée grecque, platonique et alexandrine, qui a réussi à se faire accepter des judaïsants à la faveur de ce memra, que le mot grec semblait traduire.

Le Verbe du quatrième évangile n’est pas, comme le memra, le langage ou l’action de Dieu au dehors ; il est sa pensée, son esprit même : Au commencement était le Logos, et le Logos tenait à Dieu, et le Logos était Dieu. Ces cinq derniers mots sont les seuls, dans le Nouveau Testament tout entier, qui paraissent autoriser ce qui est aujourd’hui le dogme chrétien, savoir que le Christ est Dieu au même titre que Dieu même, et se confond absolument avec lui. Je dis qu’elles paraissent l’autoriser, mais ce n’est qu’une apparence, laquelle est formellement démentie par le verset : Mon père est plus grand que moi (XIV, 28)[3].

Le Logos était Dieu, cela vent dire l’émanation et l’inspiration de Dieu ; cela signifie que c’est Dieu encore qui était et qui agissait en lui. Il n’en est pas moins vrai que c’est de là qu’est sorti ce qu’on pourrait appeler la duité divine ; pour la Trinité, on l’entreverra plus loin.

Le jour où le Logos s’est fait chair, c’est-à-dire où l’esprit divin s’est mis dans un homme, ce Logos fait chair a été le Christ. Mais, dès lors aussi, on peut dire que le Christ était avant d’être, qu’il était dès l’éternité. C’est précisément ce que le livre des Proverbes avait dit de la Sagesse, sans penser d’ailleurs nullement à un Christ. Par pure figure poétique, il personnifiait la Sagesse et il la faisait parler (VIII, 22. Voir aussi I, 20). Il lui faisait dire que Dieu l’avait fait être avant toute création. C’est précisément ce que Philon disait du Logos. Tout ce qu’on appelle les mystères de la foi se ramène ainsi à des mélanges et à des confusions d'idées. D'abord, comme le mot grec Logos servait à la fois d'une part à traduire le memra des Juifs, c'est-à-dire la manifestation extérieure de Dieu, de l'autre à rendre l'idée philosophique d'une raison suprême et divine, ces deux idées se sont trouvées associées dans celle que le dernier évangéliste se faisait du Christ Fils de Dieu. Ensuite, sous ce second aspect, le Logos s'identifiant aisément avec la Sagesse des Proverbes, cette Sagesse, qui, n'était dans le vieux livre qu'une métaphore, s'est trouvée devenir une personne en devenant le Christ[4].

Mais, du moment que le Christ est Dieu, incarné, aux yeux de l'évangéliste, celui-ci était amené à ne pas lui mettre dans la bouche des paroles humaines. Tous ses discours ont un caractère transcendant ; il dialogue, pour ainsi dire, avec lui-Même, ou, si en veut, avec son Père, par-dessus la tête de l’Humanité. Celle-ci est incapable de le comprendre, et se méprend lourdement sur tout ce qu'il dit. Il est vrai qu'il y a déjà quelque chose de semblable dans les anciens livres ; on y fait souvent les Douze bien naïfs, pour mieux rehausser le maître ; mais cela est poussé beaucoup plus loin dans le quatrième évangile. Jésus n’y ouvre la bouche que pour présenter des énigmes dont les auditeurs ne trouvent jamais le mot, et qu’il ne prend pas la peine de leur expliquer. Ainsi il dit que nul ne peut entrer au royaume de Dieu s’il n’a une seconde naissance[5] ; à quoi Nicodème répond : Comment un homme peut-il naître, étant déjà vieux ? Est-ce qu’il peut rentrer dans le ventre de sa mère ? (III, 4) Ailleurs, en demandant à boire à la femme Samaritaine, qui vient tirer de l’eau au puits, il dit que lui à son tour peut lui donner une eau vive, une eau telle que celui qui boit est désaltéré pour toujours. Et elle dit : Donne-moi de cette eau pour que je n’ai plus soif, et que je n’aie plus besoin d’en venir puiser ici. (IV, 15.) Ailleurs, comme ses disciples lui offrent à manger, il répond : J’ai une viande à manger, que vous ne savez pas. Et ils se disaient l’un à l’autre : On lui a donc apporté à manger ? (IV, 33.) Il dit de même : Je suis le pain de la vie... Celui qui mangera de ce pain vivra à jamais, et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde. Et les Juifs disputaient entre eux, disant : Comment est-ce qu’il peut nous donner sa chair à manger ? (VI, 53.) Je pourrais citer encore plus de dix traits semblables ; c’est un procédé très puéril et très fatigant. Passe encore lorsque les disciples se contentent de dire : Cette parole est dure ; σκληρός έστιν οΰτος ό λόγος (VI, 61.)

Cependant telle est la puissance d’un sentiment sincère et profond, qu’on ne laisse pas d’être touché des discours du quatrième évangile ; s’ils ne mordent pas sur la foule, ils passionnent certaines âmes délicates et raffinées. Le fond de ce mysticisme est déjà dans les Lettres de Paul, pleines d’une foi si exaltée ; mais il est ici tout à la fois plus subtil et plus doux. C’est une sorte d’intimité avec Dieu ; le Fidèle repose, pour ainsi dire, dans son sein, comme, sur le lit du festin, l’apôtre aimé reposait dans le sein de Jésus. On ne vit plus qu’en lui, et en dehors de la vie ordinaire, à laquelle on n’appartient plus, on est de Dieu, on n’est plus du monde.

Cette antithèse entre Dieu et le monde est inconnue aux trois premiers évangiles ; elle revient sans cesse dans le dernier. Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui et le monde ne l’a pas connu (I, 10). — Le monde ne peut vous haïr — c’est Jésus qui parle à ses frères, qui ne croyaient pas en lui — ; moi, il me hait (VII, 7). — Celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu ; c’est pour cela que, vous, vous ne les entendez pas, parce que vous n’êtes pas de Dieu (VIII, 47). — C’est maintenant que va avoir lieu la condamnation de ce monde ; c’est maintenant que le prince de ce monde (c’est-à-dire le diable) va être exterminé (XII, 31). — Je vous laisse la paix ; ce que je vous donne, c’est ma paix à moi ; ce n’est pas comme le monde la donne que, moi, je la donne[6] (XIV, 27). — Si vous étiez du monde, le monde vous aimerait comme ce qui serait sien ; mais vous n’êtes pas du monde, et c’est moi qui vous ai mis à part du monde, c’est pourquoi vous êtes hais du monde (XV, 19). — Et, dans une prière où, près de quitter les siens, il les recommande à son père : C’est pour eux que je prie ; je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi (XVII, 9). Certes ce n’est pas là de l’humanité ; c’est le pieux égoïsme des sectaires, mais un égoïsme plein d’exaltation et de passion. Enfin c’est dans le quatrième évangile que Jésus prononce devant Pilate les paroles fameuses : Mon royaume n’est pas de ce monde... mon royaume n’est pas d’ici (XVIII, 36) ; qui ne se retrouvent nulle part ailleurs, et qui ne sont pas, en effet, des temps où la foi commençait à se répandre. Dans ce premier élan, on voulait tout enlever ; c’est plus tard, quand la résistance à la parole divine s’est exaspérée et est devenue menaçante, qu’on a abandonné le monde à lui-même, et qu’on s’est retiré de lui.

Alors, ce que le Fidèle éprouve, il suppose que le Fils de Dieu l’a éprouvé aussi ; il se le représente se réfugiant et s’enfermant dans son Père, et il s’y enferme avec lui. Dans le plus ancien évangile, je l’ai déjà dit, Jésus, en parlant de Dieu, ne dit pas une seule fois mon Père. Dans les deux suivants au contraire, il parle souvent de ce Père céleste et lui fait appel, mais il ne se confond pas avec lui ; il a son existence propre, et partout il parle et agit de lui-même. Ici au contraire, il ne nous présente jamais que Dieu qui parle et agit en lui. Amen, amen, je vous le dis, le Fils ne peut de lui-même faire rien que ce qu’il voit faire au Père : et ce que fait le Père, le Fils le fait après lui. Car le Père aime le Fils et lui fait voir tout ce qu’il fait (V, 19). — Je suis le bon pasteur, et j’abandonne ma vie pour les brebis. C’est pour cela que le Père m’aime, parce que j’abandonne ma vie pour la reprendre plus tard. Personne ne me l’enlève ; c’est moi qui l’abandonne de moi-même. J’ai le pouvoir de l’abandonner et j’ai le pouvoir aussi de la reprendre. Voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père (X, 14-18). On remarquera qu’en faisant ainsi de sa mort un acte divin, au même titre que sa résurrection, il lui ôte ce qui la rend touchante. — Moi et le Père, nous ne faisons qu’un (X, 30), paroles qui n’impliquent nullement ce qu’on appelle la Trinité ; car on lit en un autre endroit (XVII, 11), dans son adieu à ses disciples : Père saint, conserve-les sous l’autorité de ton nom, que tu m’as communiquée, afin qu’ils ne fassent qu’un comme nous (XVII, 11). Et plus loin (21) : Que tous ne fassent qu’un, et, comme toi, mon Père, tu es en moi et moi en toi, qu’ils ne soient eux-mêmes qu’un en nous. C’est simplement du mysticisme. — Il dit encore, en ressuscitant Lazare : Père, je te rends grâces de ce que tu m’as écouté : je sais bien, moi, que tu m’écoutes toujours ; mais j’ai dit cela pour cette foule qui m’environne, afin qu’ils croient que c’est bien toi qui m’as envoyé (XI, 41). — Père, l’heure est venue ; glorifié ton Fils, afin que ton Fils te glorifie... Oui, moi, je t’ai glorifié sur la terre ; j’ai accompli l’œuvre dont tu m’avais chargé (XVII, 1-4). Et ce dernier verset nous donne le sens de la parole que, suivant le quatrième évangile, Jésus prononce au moment même où il meurt : C’est accompli (τετέλεσται, XIX, 30). Ce qui s’accomplit en cette heure-là avait d’ailleurs été décrété avant la création du monde (XVII, 24)[7].

Il y a un passage, dans les évangiles qui portent les noms de Matthieu et de Luc, qui nous permet de surprendre la première origine de ces idées : Je te rends témoignage, Père, Seigneur du ciel et de la terre, que tu as caché ces choses aux sages et aux habiles, et que tu les as dévoilées aux simples... Tout a été remis à moi par le Père, et nul ne reconnaît le Fils que le Père, et nul ne sait qui est le Père que le Fils, et celui à qui le Fils le veut révéler (Matth. XI, 25-27). Ces paroles viennent immédiatement après l’invective contre les Juifs qui n’ont pas cru ni à Jean le Baptistès ni à Jésus. Comment expliquer cette incrédulité de la part de ceux qui étaient précisément le peuple de Dieu et les dépositaires de la Loi ? Comment se fait-il que ce soient les docteurs et les prêtres qui aient rejeté l’envoyé d’en haut ? C’est qu’il y a là une vérité plus haute que leurs lumières, un secret ou mystère de Dieu même, qu’on ne peut apprendre que de lui et de son Fils. C’est de là qu’est sortie toute la doctrine du quatrième évangile. Mais, dans Matthieu et Luc, cela est dit une fois, en passant ; et il n’en est plus parlé : ce n’est qu’une vue qui traverse la pensée, et non une théologie qui s’établit.

Ce commerce intime, d’abord du Christ avec Dieu, puis des Fidèles avec le Christ et avec Dieu tout ensemble, développe un profond sentiment d’amour, non pas plus ardent que celui de Paul, je l’ai dit déjà, mais plus tendre : Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres : comme je vous ai aimés, ainsi, vous, aimez-vous les uns les autres. C’est en cela que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres (XIII, 34)[8]. — Comme mon Père m’a aimé, ainsi, moi, je vous ai aimés : demeurez dans mon amour (XV, 9). — Il n’y a pas de plus grand amour que celui-là, d’abandonner sa vie pour ses amis. C’est vous qui êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs ; car le serviteur ne sait rien de ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai communiqué (XV, 14). — Et, parlant du temps où ils ne l’auront plus avec eux : En ce temps-là, vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis pas que je prierai mon Père pour vous ; car lui-même mon Père vous aime, parce que vous m’avez aimé (XVI, 27)Moi, je suis en eux, et, toi, tu es en moi (il s’adresse cette fois à son Père), afin que l’unité soit consommée en eux, et que le monde voie que c’est toi qui m’as envoyé, et que tu les as aimés, comme moi, tu m’as aimé (XVII, 23). Ainsi cet évangile, qui se donne comme inspiré du disciple que Jésus aimait, est en effet l’évangile de l’amour. Et, dans son élan, il donne un démenti, non seulement à la Loi, mais même aux anciens évangiles et à Paul, en disant que cette parole : Aimez-vous les uns les autres, est un commandement nouveau (XIII, 34), tandis que Paul et les évangiles, qui se font en cela quelque illusion, disent également qu’aimer son prochain, c’est le fond même de la Loi (Rom. XII, 9 ; Marc, XII, 31, etc.).

On lit déjà dans les anciens évangiles ce qu’on appelle la parabole du bon pasteur (Matth., XVIII, 12 ; Luc, XV, 4) ; on l’applique généralement à Jésus, et c’est lui qu’on nomme de ce nom ; mais, dans Matthieu et Luc, le pasteur n’est pas Jésus, c’est Dieu. C’est seulement dans le quatrième évangile qu’il dit de lui-même : C’est moi qui suis le bon pasteur (X, 11 et 14), celui qui donne sa vie pour ses brebis. » Et il développe cette image avec une effusion qui vient aboutir à cette parole : «J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut aussi que je m’en fasse suivre, et elles entendront ma voix, et il n’y aura plus qu’un troupeau, qu’un pasteur (X, 16). Cela est aussi large que Paul, et beaucoup plus que les anciens évangiles. Et je ne crois pas que Paul lui-même ait atteint à la grandeur de la réponse à la femme Samaritaine (IV, 20). Elle vient de dire à Jésus : Nos pères, c’est sur cette montagne (celle de Garizim) qu’ils ont adoré, et, vous, vous dites que Jérusalem est le lieu où il faut adorer. Et Jésus répond : Femme, crois-moi, le temps arrive que ce n’est plus sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père... Le temps arrive, et nous y voilà, ou les vrais adorateurs adoreront le Père selon l’Esprit et la vérité. Selon l’Esprit, c’est-à-dire non plus suivant la lettre et-la loi écrite, mais d’après l’inspiration et le sentiment qui vient de Dieu. Il est clair que Paul ne pouvait avoir l’idée de parler ainsi quand Jérusalem et le Temple étaient debout, et, pour ce qui est de Jésus, il était plus loin encore de ces idées. Cela est grec bien plutôt que Juif ; cela a été pensé à Éphèse.

La comparaison du bon pasteur m’amène à parler ici d’une autre image, celle de l’agneau, également étrangère à Paul et aux évangiles : Voici l’agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde (I, 29). On pourrait croire qu’elle est empruntée à l’Apocalypse ; mais l’agneau de l’Apocalypse n’a rien de la mansuétude que respire le quatrième évangile : il est dit dans l’Apocalypse qu’au dernier jour les hommes épouvantés se réfugient dans les cavernes, et disent aux montagnes : Dérobez-nous à la face de Dieu et à la colère de l’agneau (VI, 16). Mais ce qui est plus décisif encore, c’est que le mot grec qui a été traduit par agnus ou agneau n’est pas le même dans l’Apocalypse et dans l’évangile. C’est άρνίον dans l’Apocalypse, et dans l’évangile άμνός[9]. Or άμνός est précisément le mot dont les Septante se sont servis dans le verset célèbre d’Isaïe : Et comme l’agneau muet devant celui qui le tond, ainsi il n’ouvre pas la bouche (VIII, 7). C’est dans le portrait de l’homme de douleurs par lequel le prophète figurait Israël, et où depuis on a vu le Christ ; celui dont il est dit au verset 12 qu’il a porté les péchés des autres. Je ne doute donc pas que l’agneau du quatrième évangile ne soit celui d’Isaïe, et non pas le redoutable agneau aux sept cornes du visionnaire de Patmos. On sait d’ailleurs que le verset de Jean est entré dans la liturgie, et qu’on le répète jusqu’à trois fois à la messe sous la forme que voici, à la suite de la consécration : Agneau de Dieu, qui ôtes les péchés du monde, aie pitié de nous. Agneau de Dieu, qui ôtes les péchés du monde, aie pitié de nous. Agneau de Dieu, qui ôtes les péchés du monde, donne-nous la paix. La formule est un peu différente dans la messe des morts.

Le quatrième évangile rappelle Paul par cet autre côté encore, qu’il y est beaucoup parlé de l’Esprit saint ou simplement de l’Esprit, dont les anciens évangiles parlent à peine. Jean oppose, comme Paul, l’Esprit à la chair, antithèse qui n’est pas dans les évangiles[10]. Ce qui vient de la chair est chair, ce qui vient de l’Esprit est Esprit... L’Esprit jette où il veut son inspiration (III, 6-8). — C’est l’Esprit qui donne la vie ; la chair ne sert de rien (VI, 63). — Dieu est Esprit (IV, 24). — C’est parce que tu m’as vu, Thomas, que tu as cru : heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru (XX, 29). — Celui que Dieu a envoyé dit les paroles mêmes de Dieu ; car ce n’est pas avec mesure que Dieu lui dispense l’Esprit (III, 34). Mais une nouveauté remarquable du quatrième évangile, c’est que l’Esprit, qui jusque-là n’était qu’une manifestation de Dieu, y devient pour la première fois comme une personne. Jésus dit à ses disciples que, lorsqu’ils ne l’auront plus, son Père leur enverra l’Esprit pour le remplacer : Il vous donnera un autre Paracletos (XIV, 16). Le mot Paracletos se trouve déjà dans Philon ; il signifie aide ; Philon dit que Dieu a fait le monde sans aucun autre aide que lui-même[11]. Il parle ainsi, parce qu’il ne distingue pas de Dieu son Logos, comme il l’appelle. Si on le distingue, si on personnifie le Logos, celui-ci (c’est-à-dire le Christ du quatrième évangile) sera déjà un aide, un Paracletos ; nous pourrions traduire : un intermédiaire ou médiateur. Le mot est en effet appliqué à Jésus lui-même dans la première Épître qui porte le nom de Jean (II, 1). Et, dés lors, on comprend très bien qu’il dise dans l’évangile : Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paracletos, pour demeurer avec vous à jamais : l’Esprit de la vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit pas et qu’il ne le connaît pas ; mais, vous, vous le connaissez, parce qu’il va demeurer avec vous et qu’il sera en vous. Ainsi l’Esprit est personnifié à son tour comme le Verbe, et on peut dire que la Trinité est faite, ou du moins les trois éléments qui la composent sont formés ; il ne reste plus qu’à constituer la doctrine de leur réunion et de leurs rapports.

Bien avant le verset XIV, 16, on trouve déjà beaucoup plus haut l’annonce de l’Esprit dans un autre, où il ne manque que le mot de Paracletos : Celui qui croit en moi, des fleuves, comme a dit l’Écriture, couleront de son ventre, des fleuves d’eau vive[12]. Il entendait parler de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croient en lui ; car il n’y avait pas encore l’Esprit, parce que Jésus n’était pas encore glorifié (par sa résurrection) (VII, 39). Rien ne montre plus clairement que ce passage, que les phénomènes qu’on qualifiait de manifestation de l’Esprit ne se sont produits qu’après la mort de Jésus et n’ont pas été connus de lui.

On lit encore (XIV, 26) : Voilà ce que je vous ai dit, tandis que je demeurais avec vous ; mais le Paracletos, l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom, celui-là vous enseignera toutes choses, en même temps qu’il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. — Et plus loin : Quand viendra le Paracletos, que je vous enverrai de chez mon Père, l’Esprit de la vérité, qui vient du Père, celui-là témoignera pour moi (XV, 26). — Mais, moi, je vous dis la vérité, il vous est bon que je m’en aille ; car, si, moi, je ne m’en vais, le Paracletos ne viendra pas à vous ; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai (XVI, 7). — Enfin c’est seulement après sa mort, quand Jésus ressuscité apparaît à ses disciples, qu’il leur dit, en soufflant sur eux : Recevez un Esprit saint (XX, 22).

On sait que, dans le récit de la Passion, les anciens évangiles, s’abandonnant naïvement à l’impression des choses, représentent Jésus frémissant à l’approche de la mort : Et il dit : Abba, père, tu peux tout ; éloigne de moi ce breuvage-là : cependant, non ma volonté, mais la tienne (Marc, XIV, 36). Ce second mouvement est d’autant plus beau que le premier était plus touchant. Le quatrième évangile a craint qu’il n’y eût encore là trop d’émotion pour un personnage divin ; il corrige : Voici que mon âme est troublée ; faut-il donc dire : Père, sauve-moi de cette heure ? Mais c’est pour cela que je suis arrivé jusqu’à cette heure. Père, glorifie ton nom. Ici, Jésus a eu seulement la pensée qu’il pouvait demander grâce, mais il n’est pas allé jusque-là.

Ce besoin de grandir Jésus jusqu’au surhumain a introduit dans la narration elle-même un trait singulier. Quand Jésus est arrêté, il marche au-devant de ceux qui l’arrêtent, et leur dit : Qui cherchez-vous ? Ils répondirent : Jésus de Nazareth. Jésus leur dit : C’est moi... Et comme il eut dit : C’est moi, ils reculèrent et tombèrent par terre (XVIII, 6). Jamais il n’y eut de miracle plus à contresens ; car que peut-il y avoir de sérieux dans le supplice d’un personnage qui d’un seul mot jette par terre les gens qui veulent l’arrêter ? Il y a déjà quelque chose de semblable dans l’évangile qui porte le nom de Matthieu ; mais du moins, dans celui-là, Jésus se borne à des paroles : il ne tiendrait qu’à lui, s’il voulait, d’appeler pour sa défense douze légions d’anges (XXVI, 53). Le plus ancien évangile s’est gardé de ces puérilités.

J’ai annoncé plus haut que je tenterais d’expliquer la plus grande singularité peut-être du quatrième évangile, l’absence, dans son récit de la Cène, des paroles fameuses : C’est mon corps, c’est mon sang. Je suppose qu’elle se rattache à une préoccupation de doctrine.

Des témoignages divers et, avant tout, certains versets des Épîtres qui portent le nom de Jean (I, IV, 2 ; II, 7), nous montrent des esprits qui se refusaient à croire à l’incarnation réelle du Christ ou Logos, trouvant sans doute indigne d’un dieu d’être enfermé ainsi dans notre boue. Un passage de Clément d’Alexandrie (VI, 15, p. 804 de Potter) fait assez voir qu’il était lui-même dans ces idées et ne regardait l’incarnation que comme un symbole. Comment l’entendait-il ? c’est ce qu’on ne voit pas très bien ; mais ceux dont parlent les Épîtres paraissent avoir simplement supprimé l’humanité de Jésus. Ils croyaient que le Christ n’avait eu que l’apparence d’un corps et n’avait pu mourir aussi qu’en apparence : on les appelait apparenciens, δοκηταί. C’est ce qui est expliqué dans les Épîtres attribuées à Ignace (Trall., 10 et Smyrn., 2). Plusieurs critiques ont pensé que l’auteur du quatrième évangile tient â les combattre. Ils interprètent ainsi le verset célèbre : Et le verbe a été fait chair, et surtout ce passage, à la fin du récit de la mort de Jésus : Et un des soldats lui perça le flanc de sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Celui qui l’a vu en a témoigné, et véritable est son témoignage ; et celui-là sait qu’il dit vrai, de sorte que, vous, vous devez le croire (XXI, 34). Plusieurs critiques ont pensé que, par ces paroles, l’évangéliste a voulu établir que Jésus a eu un corps véritable et qu’il est mort véritablement.

Cela étant donné, je serais disposé à penser que l’évangéliste a craint, s’il mettait dans la bouche de Jésus ces mots : C’est là mon corps, c’est là mon sang, de donner ainsi de la force à l’opinion qu’il avait à cœur de combattre. Car ces paroles ne pouvaient-elles pas être interprétées en ce sens, que Jésus déclarait ainsi qu’il n’avait pas eu en effet d’autre corps ni d’autre sang que ce corps et ce sang figurés par le pain et le vin, une figure pouvant aisément être substituée à ce qui n’avait été qu’une apparence. Ce n’est qu’Une conjecture que je présente ; mais, si cette conjecture paraissait plausible, il serait piquant que le quatrième évangile eût écarté, comme trop purement symboliques, les mêmes paroles que l’orthodoxie catholique prend au contraire aujourd’hui si matériellement, comme le témoignage positif d’une réelle transsubstantiation.

En résumé le quatrième évangile a été justement appelé l’évangile de l’inspiration, par opposition aux trois autres, plus matériels en quelque sorte[13]. Il n’a pas été moins considérable que les autres dans l’histoire de l’Église, mais il l’a été autrement. C’est le livre des théologiens et des mystiques. Il semble que les premiers évangiles répandent autour d’eux ces fleurs des champs dont ils nous parlent, qui poussent partout, pour la joie de tous ; celles du quatrième sont des fleurs de serre d’espèce rare, réservées à quelques-uns seulement, qui en sont éblouis ou enivrés. Les images dont je me sers ne me font pas oublier que le quatrième évangile est souvent pénible et d’un goût médiocre ; mais, tel qu’il est, il a conduit certaines âmes dans des voies qui n’avaient rien de vulgaire, et où la foule ne les suivait pas[14].

 

 

 



[1] Voir le livre de M. Wallon, De la croyance due à l’Évangile. 1858, p. 867 et suivantes.

[2] Le mot même de parabole n’y est pas, mais on y trouve deux fois un équivalent de ce mot, παροιμία (dans la Vulgate, proverbium, X, 6 et XVI, 21, 25). D’ailleurs, ces deux passages sont les seuls, et la parabole y est réduite à son minimum.

[3] Et ceux-ci encore : Toi, le seul dieu véritable, XVIII, 3. — Je monte vers mon père, et votre père, mon Dieu et votre Dieu, XX, 17.

[4] Il ne faudrait pas qu’un verset de Paul (I Cor., II, 7) fit croire que lui, Paul, eût déjà identifié le Christ avec la Sagesse de Dieu. Ce verset dit seulement que l’avènement du Christ est le secret de la Sagesse de Dieu, secret préparé par elle dès le commencement des temps. Paul n'a pas, d'ailleurs, l'idée qu'il y ait eu nulle part un Christ, un Fils de Dieu, avant le moment où Dieu a suscité Jésus. — Sur la Sagesse, voir mon tome III, p. 284 (et 287), et sur le Verbe ou Logos, p. 304, ligne dernière, et les pages suivantes.

[5] Ou une naissance d’en haut, άνωθεν.

[6] Donner la paix, en hébreu schalom, c’est la formule sémitique de salutation, de bénédiction. Voir le dictionnaire de Littré, au mot Salamalec.

[7] Comparer Paul, I Cor., II, 7.

[8] Comparez Rom., XIII, 8.

[9] C’est aussi άμνός dans la première épître attribuée à Pierre (I, 19).

[10] Si ce n’est dans un verset unique (Marc, XIV, 38), où elle n’a pas le même caractère et ne donne pas la même impression.

[11] Tome I, p. 5 de l’édition de Mangey.

[12] On ne trouve pas dans l’Écriture de texte qui réponde exactement à cette phrase. Voir Joël, III, 18.

[13] Clément d’Alexandrie, dans un livre perdu cité par Eusèbe, Hist. ecclés. VI, 14.

[14] Je n’ai pas parlé de l’histoire de la femme adultère, au commencement du chap. VIII ; on sait que ce récit est une interpolation, qui manque dans les bons manuscrits. On voit par Eusèbe (Hist. ecclés., à la fin du livre III) qu’il se trouvait dans un évangile apocryphe aujourd’hui perdu, l’Évangile selon les Hébreux.