HISTOIRE DU CARDINAL DE RICHELIEU

 

LA JOURNÉE DES DUPES

CHAPITRE TROISIÈME. — DÉCISION DU ROI.

 

 

Toute la Cour se trouvait à Paris. Le Roi, qui ne s'y était pas arrêté en revenant de Lyon le 29 octobre et qui était allé à Versailles puis à Saint-Germain, où le cardinal n'avait pas tardé à le rejoindre, venait de rentrer dans sa grand ville. Louis XIII ne pouvait loger au Louvre, parce qu'il faisait voûter la salle des Suisses[1] (actuellement salle des Cariatides), dont les vieilles solives du XVIe siècle ployaient sous le poids de la salle des gardes située au-dessus. Il était descendu à l'hôtel des Ambassadeurs extraordinaires, l'ancien hôtel du maréchal d'Ancre[2], que l'on trouvait à droite quand on montait la rue de Tournon. Il avait l'avantage d'y être plus prés du Luxembourg, Où demeurait sa mère, chez qui se tenait le Conseil. C'est du moins la raison qu'il donnait à ceux qui n'étaient pas dans ses secrets et notamment à son frère, fort désireux de loger à ce même hôtel des Ambassadeurs : Je connus, avait expliqué Louis XIII au cardinal le 2 novembre, que son dessein était, quand il serait dedans, de me le demander en don. Je lui dis que je voulais aller voir la Reine ma mère et que je faisais état d'y loger pour un soir. Il me proposa l'Arsenal pour un mois, je crus que je ne lui pouvais refuser[3]. En cette journée du 9 novembre 1630, Gaston était installé près de la Bastille, Louis XIII à mi-côte de la rue de Tournon et Marie de Médicis tout en haut, — dans son cher Luxembourg. A quelques pas, dans le petit hôtel du même nom, le ministre se tenait à la disposition de la mère et du fils.

C'est alors qu'une lettre[4] fort importante, fut écrite par le cardinal à Marie de Médicis. L'authenticité de cette lettre a été discutée, mais Richelieu ne fit aucune protestation lorsqu'il la vit paraître cinq mois plus tard dans le Mercure : Madame, disait-il, j'ai su connue nies ennemis ou plutôt ceux de l'État (une formule qu'il devait avoir à la bouche jusque sur son lit de mort), non contents de m'avoir décrié auprès de Votre Majesté, veulent encore rendre suspecte ma demeure auprès du Roi. Comme si je ne l'approchais que pour l'éloigner de vous et pour diviser ce que Dieu et la nature ont joint. J'espère eu la divine limité que leur malice sera reconnue, que nies déportements seront bientôt justifiés et que mon innocence triomphera de la calomnie. Lorsqu'il était allé rendre ses devoirs à Marie de Médicis, il avait remarqué, non sans inquiétude, les contenances extraordinaires de ses domestiques. Cette froideur n'annonçait que trop sa disgrâce. Signe avant-coureur confirmé le jour même par une parole du Roi qui l'avait assuré que, malgré les caresses et les sourires prodigués durant le voyage, il n'y avait rien de changé. La Reine, au Luxembourg, où Louis XIII était allé la voir, lui avait rappelé sa promesse de Lyon et, sans l'entrée subite d'un importun, elle eût continué ses plaintes et déroulé impétueusement la longue suite de ses griefs. Le cardinal, résolu de tout tenter pour fléchir la rancunière Florentine, se prosternait, si l'on peut dire dans sa lettre : Ce n'est pas, Madame, confessait-il, que je ne m'estime malheureux et coupable de ce que j'ai cessé de plaire à Votre Majesté et que la vie ne me soit odieuse en l'état où je suis, privé de l'honneur de vos bonnes grâces et de cette estime que je prisais bien plus que les grandeurs de la terre : comme je les tiens de votre main libérale, aussi je les porte et les abaisse à vos pieds. Écrasez, Madame, votre ouvrage et votre créature : tout ce qui proviendra de votre humeur royale, sera reçu de moi sans murmure et suivi de mille bénédictions. Mais, Madame, épargnez-moi de grâce, par cette pitié qui vous est naturelle ; car la pourpre que je porte, dont vous m'avez revêtu, perdra son éclat et son lustre, si le rebut de Votre Majesté y imprime de si noires taches. Quelle apparence y a-t-il que le plus obligé des hommes fût le plus ingrat et que, ma conscience, mes intérêts et ma première inclination m'attachant à votre service, je m'en sois séparé pour le seul avantage d'acquérir le nom de traître à la meilleure et à la plus grande reine de l'univers ?[5]

Richelieu savait-il que, deux ou trois jours plus tôt, chez les Carmélites de la rue Saint-Jacques, le garde des Sceaux Marillac s'était longuement concerté avec la Reine et Mme du Fargis ? Savait-il Glue Marillac l'accusait d'avoir commis de graves dilapidations dans le maniement des fonds d'État, où il puisait pour les affaires Publiques, selon les méthodes administratives du temps ?

Quoi qu'il en soit, le cardinal brûlait du désir de se justifier. Cela seul bien considéré, Madame, continuait-il, me devrait absoudre de crime et de soupçon devant le tribunal de Votre Majesté, qui m'a presque condamné sans m'ouïr. Je souscris à mes malheurs, et ne veux point disputer contre ma souveraine maitresse ni lui demander raison de ce qu'elle a fait. Je ne pense non plus à me fortifier de l'appui du maitre ni de ses officiers ni de la mémoire de mes services passés, contre le cours de votre indignation : la pensée en serait criminelle et bien contraire à l'humeur que j'ai fait toujours paraître de chercher la gloire dans la fidélité et la sûreté dans la seule innocence. Je désire encore moins de traîner ma misérable fortune par le reste de la France, on la porter jusque dedans Rome pour y voir des ruines encore plus lamentables que la mienne. Je m'ennuierais partout où Votre Majesté ne serait point et sans la permission de la voir, je ne veux plus que celle de mourir. Mais je consentirais, pour ma réputation et en faveur du rang que je tiens en la maison de Dieu, que ce fût au moins après mon innocence connue et, si ce n'est trop d'audace, après l'honneur de vos bonnes grâces recouvrées. Madame, cela m'arrivant, je n'aurai plus de regret de sortir de la Cour ni du monde, où je meurs mille fois le jour depuis que Votre Majesté a fait semblant que je ne sois plus moi-même,  c'est-à-dire, Madame, de Votre Majesté le très humble, très fidèle et très obligé sujet et serviteur, Armand, Cardinal de Richelieu[6].

Tandis qu'il signait cette longue lettre, où l'on remarque une fois de plus cette soumission volontaire et sans doute calculée, Richelieu était décidé à ne pas laisser la Reine arracher au Roi sa disgrâce en une de ces conférences secrètes qui avaient lieu au Luxembourg. Il avait remarqué que Louis XIII y allait le matin : Il fit prendre garde quand il irait, écrit Fontenay-Mareuil, afin d'y aller voir. La Reine, de son côté, prétextant qu'elle avait pris médecine, commanda qu'on ne laissât entrer personne le lendemain 10 novembre, dès que le Roi serait chez elle.

Ce dimanche matin 10 novembre 1630, le carde des Sceaux avait pris médecine lui aussi et ne pouvait se rendre auprès du cardinal, qui venait de le mander. Ils sont tous malades : c'est le vide qui commence à se faire. Le croit-on déjà mort, qu'on se retire de lui ?

Vers onze heures, on vient le prévenir : le Roi est chez la Reine. Laisser attaquer une place non fortifiée sans la secourir (ce sont ses propres paroles) vrai moyen de la perdre. A la hâte il a mis de l'ordre dans ses idées, il ;t jeté sur le papier quelques phrases inspirées par les circonstances du moment et qui serviront à le défendre devant le Roi. Voici le texte de précieux autographe inédit :

Mémoire pour parler au Roy[7].

Le Roy a trouvé bon dans Ruel que M. de Bordeaux hantast céans comme auparavant jusques à ce qu'il s'en allast. Il avait trois ou quatre contes à faire clorre, sans la closture desquels j'eusse perdu beaucoup.

Je ne sçais ce que c'est que du courrier de Rome, n'y en ayant aucun à attendre sur l'affaire de M. Despernon : bien ai-je dit au Roy que celui qui étoit allé à Rome pour avoir des commissaires du Pape pour le mariage de Monsieur devoit estre attendu pour procéder au Parlement.

Cependant M. de Bordeaux s'en ira présentement sans attendre le règlement de son affaire, qu'il laisse à la justice du Roy.

Sçavoir de Sa Majesté, s'il ira prendre congé ou non.

Le Roy doit prendre garde aux faux rapports qu'on lui fait ; tesmoin celui des pouvoirs de Brou et de Brouage.

M. de Bordeaux, passant, donneroit ordre aux bastiments de Richelieu et fortifications de Brouage, parce qu'il est actif, s'il plaint au Boy. Il n'y entrera pas, armant beaucoup mieux perdre mon argent que les bonnes grâces du Roy.

En un mot, le Roy taillera et rougnera non seulement en cette affaire, mais en tout autre qui me concerne ; seulement le supplierai-je de considérer qu'il m'est impossible de soustenir les affaires, si j'ai l'esprit inquiété de [mot illisible] redouter de la chose que j'avale le plus.

L'Esp. a dit à Rome qu'il espéroit qu'une pierre tomberoit bientost qui desferoit tout le bastiment.

Le Cordelier d'Esp. idem et le [mots illisibles] qui le dit, etc., horreur de ces gens-là.

Courrier, intercepté idem.

Bernardière, idem.

Card. Je voudrois qu'il tue fust arrivé... En la grâce de Dieu. Ce que vos ennemis n'ont pu faire, vous à feriez vous-mesme. Walstein, Hollande, Brandebourg n'ont pas voulu consentir. Aurait-on lettre Monsieur avec Reyne, l'Esp. ? Et vous avez les doubtes sur les bons pour n'avoir voulu adhérer.

Je crois qu'il vaudrait mieux que je me retirasse ; regardant mes incommodités ; je ne puis plus estre auprès du Roi. On me chargera[8].

Ce qui semble si obscur dans ces notes jetées en hâte avec plusieurs mots illisibles pour parler au Roi est clair et net dans l'esprit de Richelieu. Le cardinal évoque les grandes et les petites choses dont on lui fait grief. La Reine lui reproche d'appuyer M. de Sourdis, archevêque de Bordeaux, dans sa querelle contre le duc d'Épernon, gouverneur de Guyenne ; la Reine n'oublie pas que le duc d'Épernon l'a aidée jadis à s'évader du château de Blois ; mais Richelieu ne peut abandonner le prélat, fidèle et énergique serviteur. On accuse aussi le ministre de fortifier Brouage et de hâter la construction de la maison de Richelieu pour s'y réfugier en cas de disgrâce, et d'envoyer Sourdis pour veiller à ces travaux. Soupçon qu'on essaye de semer dans l'esprit du Roi, toujours ombrageux et méfiant. Or Richelieu n'a reçu M. de Sourdis qu'avec l'assentiment du Roi. Sa Majesté le lui a permis, au château de Rueil, il s'en souvient fort bien. Sourdis est venu clore certains comptes relatifs au château de Richelieu ; il va rembourser au cardinal les sommes que celui-ci a tirées de ses coffres et consacrées aux travaux du port de Brouage ; mais, si le cardinal commande, c'est sous le gouvernement de la Reine mère. Ce n'est pas l'affaire de M. d'Épernon qui attire à Paris M. de Sourdis ; on n'attend nul courrier de Rome pour cette affaire ; celui qui doit en arriver bientôt, n'y est allé que pour obtenir du Pape les dispenses nécessaires au mariage de Monsieur. Puisque la présence de M. Sourdis importune la Reine, l'archevêque va partir immédiatement et le Roi règlera selon son bon plaisir les comptes que devait régler M. de Bordeaux. Richelieu voudrait savoir seulement si M. de Sourdis doit aller prendre congé. M. de Bordeaux, en retournant à son diocèse, devait visiter les bâtiments de Richelieu et les fortifications de Brouage. Un mot du Roi, et M. de Bordeaux n'y entrera pas : la dépense, les comptes, tout cela n'est rien. Ce qui est tout pour le cardinal, ce sont les bonnes grâces du Roi. Cette querelle de Brouage — est-il nécessaire d'insister — est le grief le plus dangereux insinué contre le cardinal : comme le maréchal d'Ancre, comme Luynes, comme plus tard Fouquet, il se préparerait en prévision de sa disgrâce une place de sûreté dans l'ouest avec l'archevêque de Bordeaux, son ami, son familier, pour instrument et pour complice ! Voilà le fond de la campagne. D'Épernon lui-même n'a-t-il pas fait savoir à Rome que le bâtiment se déferait bientôt, que la fortune du cardinal était près de s'écrouler. Le Cordelier, agent du duc d'Épernon, n'a-t-il pas dit, la même chose et ajouté qu'il avait horreur de ces gens-là ? Ces gens-là c'est lui, Richelieu, c'est Mme d'Aiguillon, ce sont les serviteurs du Roi. Mêmes discours dans une lettre interceptée ; mêmes discours dans la bouche d'autres ennemis du Roi. Le cardinal aimerait mieux que ce fût fini. En la grâce de Dieu ! Et ce cri monte aux lèvres de Richelieu : Ce que vos ennemis n'ont pu faire, vous le feriez vous-même ! Sire, vous sacrifieriez votre ministre au moment où il va vous procurer les alliances nécessaires : celle de Waldstein, le général disgracié par l'Empereur, celle de la Hollande et du Brandebourg, au moment où Monsieur, dans les lettres qu'il n'a pas manqué d'écrire à la Reine, ose reprocher au cardinal, comme un crime, d'avoir voulu s'allier aux princes protestants d'Allemagne ! Le cardinal est las à la fin de cette hostilité grandissante de la Reine et de la famille royale : le peu de force que Dieu lui a donné pour servir son maitre s'épuise et il redit, renouvelle la prière qu'il a si souvent adressée au Roi : Je crois qu'il vaudrait mieux que je me retirasse, regardant mes incommodités ; je ne puis plus être auprès du Roi... On le chargerait encore.

Richelieu s'était donc préparé en vue d'un assaut, qui, d'après ses renseignements, devait porter principalement sur les précautions prises par lui el ; cas de disgrâce : car la disgrâce était dans l'air. Mais les événements allaient se dérouler soudainement d'une manière qui le surprit lui-même.

Le cardinal, décidé à avoir une explication avec la Reine, se rend au Luxembourg. Qui rencontre-il ? Marillac. Hé, Monsieur, s'écrie-t-il, vous voilà ! et vous disiez que vous étiez malade ![9] Le garde des Sceaux marmonne quelque vague explication ; le cardinal passe outre. Il monte l'escalier de l'aile droite, celle de l'ouest, — un escalier qui n'existe plus aujourd'hui et qui menait alors à l'antichambre de l'appartement de la Reine, situé au premier étage du principal corps de logis. Surintendant de la maison, il ne doute pas que toutes les portes ne s'ouvrent devant lui.

La Reine, dans son cabinet n'en doute pas non plus : elle sait qu'il peut apparaître à l'improviste, le geste impérieux, l'œil étincelant :

Il peut entrer, sortir, dans l'ombre s'approcher

Et marcher sur mon cœur comme sur ce plancher.

Aussi la Reine fit-elle dire, dès la veille, qu'elle ne recevrait personne ce matin-là voulant prendre médecine, — comme le garde des Sceaux. Elle a commandé tout à l'heure que les huissiers fussent éloignés et les verrous tirés en dedans. Les portes résistent à l'effort de Richelieu. Barrée la porte qui donne dans la chambre ; barrée celle de la galerie, qui donne dans le cabinet. Le cardinal frappe, frappe. On ne répond pas... Tout à coup, il se souvient que, par la chapelle, qui se trouve au bout de l'appartement de la Reine, on peut prendre un couloir obscur et tortueux aboutissant à une porte dérobée qui conduit au cabinet de Marie de Médicis. Il s'élance de ce côté.

Cependant, la Reine, bien tranquille derrière ses portes verrouillées, se répand en confidences et en plaintes, endoctrinant peu à peu le Roi et cherchant à le gagner par ses effusions. Elle entend faire maison nette : plus de Richelieu à la tête de son conseil, plus de parents de Richelieu dans sa maison. Non seulement elle retire au cardinal l'emploi de son surintendant, mais elle met dehors cette Combalet qui lui a été imposée comme dame d'atour, et cette Pontcourlay, comme dame d'honneur, et cette Meilleraye, comme demoiselle d'honneur, et M. de La Meilleraye, capitaine de ses gardes, et toute cette séquelle encombrante et détestée. Libre au Roi de maintenir le cardinal dans son Conseil : elle n'en veut plus dans le sien. La Reine pense bien, qu'après un tel affront, l'orgueilleux cardinal se dégoûtera de la Cour et du ministère et qu'on sera à jamais débarrassé du personnage.

Louis XIII écoutait sa mère, l'œil morne. Faut-il croire, comme l'observe Voltaire, que sa faiblesse était appuyée en secret dans son cœur par le dépit que lui inspirait la supériorité du cardinal ?... Ah ! le voici, s'écrie soudain le Roi bouleversé, car, débouchant du couloir obscur, Richelieu vient de paraître : — Je suis sûr que vous parliez de moi !Point du tout, dit Marie de Médicis. — Avouez-le, Madame, réplique le cardinal. — Eh ! bien, oui ! s'écrie-t-elle, la poitrine gonflée, la voix haletante, oui ! nous parlions de vous comme du plus ingrat et du plus méchant de tous les hommes ![10] L'ingrat, qui lui doit tout, qui a reçu d'elle plus d'un million d'or ; un fourbe, un traître, un scélérat, qui voudrait marier sa scandaleuse nièce, la Combalet, à Monsieur ou du moins au comte de Soissons ! Louis XIII et Gaston seraient déclarés bâtards, le comte de Soissons monterait sur le trône et la Combalet deviendrait reine de France[11] ! Voilà le but suprême de toutes ces menées ! Mais cela ne sera pas ! Elle, Marie de Médicis, dès aujourd'hui, chasse cette Combalet et ses parents et son Richelieu ; elle ne mettra les pieds au conseil du Roi que si le traitre n'y parait plus.

Richelieu, en larmes, est tombé à genoux, tandis que les pires injures lui sont jetées à la face par l'Italienne en furie et que, devant le flot qui semble ne devoir jamais s'arrêter, Louis XIII lève les bras et répète : Mais, Madame, mais, Madame ! que dites-vous ? que faites-vous ? Vous me désobligez, vous me torturez ! Le Roi se tourne vers Richelieu. Celui-ci parvient à placer quelques mots. Il s'humilie. Jamais il n'a prétendu offenser la Reine ; s'il l'a fait hélas ! c'est sans le vouloir. Il implore son pardon, il confessera tout, même ce qu'il n'a pas commis, pourvu que l'honneur de la Reine soit sauf. Et sans doute il se souvient alors des dernières lignes de sa note volante, qui lui permettent d'entrer dans les détails et de donner les précisions nécessaires ; un esprit à la fois aussi souple et aussi net que le sien ne peut s'en tenir à des paroles vagues. Il ne désire rien tant que de recouvrer les bonnes grâces de la Reine. S'il les a perdues à jamais, il ne veut, sous le bon plaisir du Roi, qu'une retraite éternelle, où il pleurera, jusqu'à sa mort, le malheur qu'il a de déplaire à sa bienfaitrice. Marie de Médicis ne répond que par un geste de mépris et, lorsque le Roi intervient en faveur de son ministre, elle lui demande, à travers ses pleurs, s'il aura la cruauté de préférer un valet à sa mère.

Louis XIII commande au cardinal de sortir. Richelieu se lève et s'éloigne. Demeuré seul un instant avec Marie de Médicis, le Roi dit qu'il est tard et qu'il s'en va coucher à Versailles. Il quitte la chambre à son tour. Le voici dans l'escalier ; le voici sur le marchepied de son carrosse. Debout sur le pas de la cour. Richelieu, qui espérait une parole ou un regard de son maitre, suit des yeux le Roi, qui passe à grand fracas dans la pesante voiture et qui, sans même tourner la tête, disparait par la porte du Luxembourg[12].

Louis XIII et Richelieu avaient à peine quitté le cabinet de la Reine, que M. de Marillac montrait dans l'antichambre sa tête rougeaude et ses yeux inquisiteurs. Tout prêt à recueillir la succession du cardinal, il venait flairer le vent. M. de Bullion était dans l'antichambre. Le garde des Sceaux interroge le secrétaire d'État : Qu'est ceci ? demande-t-il vivement. Il y a quelque chose ; dites-moi ce que c'est. On s'assoit. La conversation s'engage. Mais une porte s'ouvre : le garde des Sceaux est prié de se rendre chez la Reine. Il est introduit. La Reine cause avec Mme du Fargis. Un long entretien s'engage en grand mystère ; après quoi Marie de Médicis reçoit sa petite cour. Elle ne cache pas sa joie d'avoir renvoyé le cardinal et tous les siens ; les affaires de l'État seront bientôt aux mains de M. de Marillac. La nouvelle vole sur toutes les lèvres. Elle se répand instantanément à travers Paris. Joie universelle. L'édifice que l'on croyait si solide s'est écroulé.

Un incessant défilé de cavaliers el de dames monte et descend l'escalier du vaste palais. La Reine triomphe et le vieux garde des Sceaux, ne pouvant croire à sa fortune, mais songeant aux terribles rancunes d'un Richelieu, accepte les compliments, les caresses, les sourires, tout en jurant qu'il ne sait rien.

Le carrosse du Roi, après quelques tours de roue, est entré dans la cour de l'hôtel des Ambassadeurs. Le Roi descend, brosse droit dans son cabinet, commande à Saint-Simon, qui l'avait accompagné au Luxembourg, de fermer la porte en dedans et déboutonne son pourpoint si furieusement que les boutons en sautent[13]. Il s'étend sur un lit de repos ; las et altéré, il demande à boire. Peu à peu détendu, il revient à la réalité. A quels emportements sa mère n'a-t-elle pas osé se livrer en sa présence ! et ces cris, ces larmes ! Elle prétend donc lui imposer sa volonté ? Elle prétend le contraindre à chasser un ministre nécessaire au bien du Royaume ? Après une pareille insulte, le cardinal consentira-t-il seulement à reprendre les rênes ? Où est-il maintenant ? dit Louis XIII. — Mais, Sire, il est ici[14], répondit respectueusement le jeune favori. Quelques instants plus tard, un gentilhomme de M. de Saint-Simon, M. de Tourville, se hâte vers le Petit Luxembourg : il a ordre de dire au cardinal que Sa Majesté part pour Versailles et veut l'y voir le soir même.

Richelieu se préparait à gagner Pontoise en attendant de pousser jusqu'au Havre ; il prenait ses dispositions pour acheminer vers cette place, dont il avait le gouvernement, des mulets chargés de ses papiers, de ses trésors, en évitant autant que possible les centres habités, crainte du pillage. Il pensait au maréchal d'Ancre et, pour sauver son pouvoir, se résolvait à sauver d'abord sa vie. Il avait fait avertir sa nièce de leur commune disgrâce et elle était accourue. Bouthillier était là regardant et écoutant. Richelieu commande son diner et son carrosse le départ aussitôt qu'il aura mangé. On annonce le cardinal de La Valette, second fils du duc d'Épernon, le prélat guerrier, si dévoué au ministre, que son père l'a surnommé le Cardinal-valet. Il sait que Richelieu était tout à l'heure dans le cabinet de la Reine et, inquiet, il est accouru aux nouvelles. Le ministre lui conte la scène du Luxembourg et le départ précipité du Roi. Quant à lui, il part pour Pontoise et de là pour Le Havre, le conseil en est pris. La Valette interrompt : Et quoi ? Va-t-on faire le jeu de la Reine et quitter la partie ? Qui quitte la partie la perd. Rien n'est perdu. Le Roi est sorti brusquement du Luxembourg, mais ce n'est pas le cardinal qu'il fuyait : c'était la Reine, pour n'être pas davantage pressé des choses qu'il ne voulait pas faire... Pontoise ! Le Havre ! Mais non, Versailles ! A Versailles auprès du Roi ! Si le cardinal y trouve Sa Majesté en l'humeur qu'il s'imagine, au moins ne s'en pas sans s'être mis en son devoir et en état de rendre compte de ses actions. Si, au contraire, le Roi est en autre disposition. comme La Valette n'en doute point, il l'y fortifiera et pourra lui faire prendre toutes les résolutions qui seront nécessaires pour sa conservation et la ruine de ses ennemis[15].

Richelieu se défend mollement ; il se laisse glisser vers les raisons de La Valette, qu'approuvent les survenants, Bouthillier, le marquis de Châteauneuf, le président Le Jay, entrés depuis quelques instants dans la chambre. Et voici Tourville ! Il demande à être reçu. On lui oppose la consigne ; il insiste ; on avertit le cardinal. Introduit, il parle. Le visage de Richelieu s'illumine et, tandis que La Valette accompagne le porteur de la bonne nouvelle à l'hôtel des Ambassadeurs, le ministre n'attend que le retour du Cardinal-valet. Les chevaux sont attelés. A Versailles !

En carrosse, La Valette dit et redit à Richelieu la conversation qu'il vient d'avoir avec le Roi : u Eh ! bien, s'est écrié le Roi, je crois que vous cites surpris de tout re qui se passe. — Plus que Votre Majesté ne peut se l'imaginer ! — M. de Richelieu a un bon maitre, a repris le Roi. Allez lui dire qu'il vienne incessamment me rejoindre à Versailles, où je vais[16].

On arrive au rendez-vous de chasse que devait remplacer bientôt (en 1632) le château de briques et de pierres enserré aujourd'hui dans l'immense palais du Roi-Soleil. Louis XIII attend le cardinal au premier étage, dans un cabinet aux tapisseries de haute lice. En cette courte journée de novembre, il fait froid. Sur la cheminée les quatre petits chandeliers d'argent éclairent mal : dans le foyer un grand feu de bois[17].

Richelieu entre : M. de Saint-Simon, premier écuyer, le marquis de Mortemart, premier gentilhomme de la Chambre, M. de Beringhen, premier valet de chambre, sont là. Le cardinal tombe sur le tapis de Turquie aux pieds du Roi, dont il embrasse les genoux. Prosterné, il dit à Louis XIII qu'il est le meilleur de tous les maîtres. — Et moi, répond le prince en le relevant, j'ai en vous le plus fidèle et le plus affectionné serviteur qui soit au monde ; j'ai été témoin du respect et de la reconnaissance que vous avez toujours eus pour la Reine ma mère. Si vous aviez manqué à ce que vous lui devez, je vous aurais abandonné ; mais je sais qu'elle n'a aucun sujet de se plaindre de vous ; elle s'est laissé prévenir par une cabale que je saurai bien dissiper. Continuez à me servir comme vous avez fait jusqu'ici et je vous maintiendrai contre toutes les intrigues de vos ennemis[18].

De nouveau Richelieu, éperdu de reconnaissance, tombe aux pieds de Louis XIII, qui le relève encore. Le Roi lui annonce qu'il le logera ce soir dans l'appartement du comte de Soissons, qui est au-dessus du sien, et, congédiant du geste tous les assistants, il le prie de rester dans son cabinet.

Seul avec ce prince de vingt-neuf ans, Richelieu reprend sa tactique habituelle : son amour pour le Roi égale sa gratitude ; mais il ne croit pas pouvoir demeurer auprès de Sa Majesté la main au timon des affaires, s'il doit être plus longtemps en butte à la haine implacable de la Reine. L'assaut d'aujourd'hui se renouvellera demain. A la moindre indisposition du Roi, la perte du cardinal est certaine ; le torrent de ses ennemis finira par l'emporter. Comment le Roi le défendra-t-il contre sa mère ? Le cardinal ne veut point passer pour le persécuteur d'une princesse qui l'a comblé de ses bienfaits ; il ne veut pas être l'occasion du plus léger dissentiment entre la mère et le fils.

Louis XIII ne se laisse pas convaincre. Il prend la parole à son tour, allègue sou intérêt, celui de l'État, l'impossibilité où il est d'abandonner un bon serviteur à des haines iniques ; le cardinal va-t-il préférer à la protection qu'il lui offre une retraite honteuse ? Le Roi regardait les yeux du cardinal qui s'emplissaient de larmes. Richelieu déclare, avec une gravité feinte, qu'il assistera de loin aux bons succès du ministre que Sa Majesté mettra à sa place. Louis XIII ordonne : le ministre restera au gouvernement parce que telle est la volonté royale ; le Roi saura le défendre ; le Roi est plus obligé à son État qu'à sa mère[19].

A lui aussi les larmes montent aux yeux. Il embrasse le cardinal. Richelieu sent alors, — ce sont ses propres expressions, — que les singuliers témoignages de bienveillance qu'il plaît au Roi de lui rendre, lui percent le cœur[20]. Il sait maintenant ce que sera pour lui ce maitre loyal et convaincu. Le Roi est désormais son appui, son indestructible appui ; il se chargera de ceux qui voulaient le perdre.

Louis XIII veut en finir, et d'un seul coup. Million, Bouthillier, La Ville-aux-Clercs, Marillac sont mandés près de lui. Les trois premiers seulement se présentent au château. En arrivant à Versailles, le garde des Sceaux, parti du Luxembourg triomphant, a reçu l'ordre, de se rendre dans une maison de campagne toute proche, à Glatigny. Le Conseil va se réunir sans lui, sous l'œil du cardinal. En proie à l'un des plus violents exercices intérieurs qu'il pense avoir jamais eus, Marillac retrouve bientôt la sérénité de son âme, adore la volonté divine, demande son aumônier, qui l'avait accompagné. Il veut se confesser, entendre la messe. Avant toute chose, il fait porter au Roi sa lettre de démission.

Le malheureux ! Au printemps de cette même année, dans un reconnaissant post-scriptum, il se prosternait devant Richelieu, son bienfaiteur : Il y a aujourd'hui quatre ans accomplis, avait-il écrit au cardinal le 1er juin 1630, que le Roi m'a mis sur les bras la charge que je porte, et que je vous ai l'obligation de l'honneur que j'en ai reçu, dont je vous remercie très humblement[21].

Le Conseil commence dans le cabinet du Roi. Louis XIII rappelle sa maladie de Lyon, les intrigues et les complots ; il nomme les coupables : le duc de Bellegarde, la Fargis, Marillac. Celui-ci est le plus coupable de tous ; il perdra les Sceaux, il finira ses jours en exil. Sou fige et la dignité de sa vie lui épargnent un sort plus cruel. Les Sceaux lui seront demandés par M. de La Ville-aux-Clercs, qui partira tout à l'heure pour Glatigny ; son successeur sera M. de Châteauneuf, (Charles de l'Aubespine, marquis de Châteauneuf), un ami de Richelieu.

Mais, le frère du garde des Sceaux destitué, le maréchal de Marillac ? Il faut penser à tout. La citadelle de Verdun est entre les mains de son neveu Biscarras. En Piémont, les sept mille hommes qu'il a amenés de Champagne lui sont dévoués ; il est populaire dans l'armée et il exerce le commandement en chef sur les troupes du Roi, car ce commandement lui fut donné le matin même par Richelieu[22], qui, ne voulant pas avoir à Paris un ennemi de plus, lui a refusé le congé qu'il sollicitait. L'arrestation du maréchal est nécessaire. Le Roi et le cardinal l'ordonnent ; Bouthillier prend la plume, il enjoint à Schomberg de se saisir de son collègue : Mon Cousin, dit le document signé Louis, contresigné Bouthillier, le maréchal de Marillac a écrit ici des lettres très insolentes contre vous. Mais il y a bien pis. Je désire m'en assurer ; j'écris au sieur du Hallier qu'il l'arrête dans la Savoie, s'il y passe, et que je me suis confié en vous comme en lui de cette affaire. Si vous jugez qu'il prît un autre chemin, je vous prie de le faire arrêter vous-même. Je m'assure qu'il n'y a personne en mon armée qui ne vous obéisse, quand ils verront la présente. Prenez garde qu'en venant il ne s'accompagne de ses gardes et compagnies, qui sont sous son nom, lesquelles il faut laisser en Italie. Car, sachant en sa conscience sa déloyauté, il pourra peut-être prendre garde à lui ou son frère pourra l'avertir. En un mot, je vous prie de faire en sorte que vous ou le sieur du Hallier ne manquiez pas d'exécuter ma volonté. Priant, sur ce, Dieu qu'il vous ait, mon Cousin, en sa sainte et digne garde.

Écrit à Versailles le 12 novembre 1630.

P. S. — Le porteur ne sait aucune chose de ce qu'il vous porte, mon Cousin, je vous prie, sur tous les plaisirs que vous me sauriez faire, ne manquez pas à exécuter ce que dessus[23].

Cependant Un message contraire traversait la Manche, portant la nouvelle de la disgrâce du cardinal. Le roi Charles crut donc d'abord au triomphe de Marie de Médicis ; mais il fut aussi sévère pour sa belle-mère que Louis XIII et que la postérité : La Reine votre mère a tort, dit-il à Henriette de France ; le cardinal a rendu des services trop signalés au Roi sou maitre. Cette aventure me remet dans l'esprit l'accusation intentée contre Scipion devant le peuple de Rome. Il l'écouta patiemment et, au lieu d'y répondre : Je me souviens, dit-il, qu'à tel jour je défis l'armée carthaginoise ; Romains, allons au Capitole en rendre grâce aux dieux. Si j'avais été à la place du cardinal, j'aurais écouté les plaintes de la Reine avec la n'élue tranquillité et me serais contenté de dire au Roi votre frère : Depuis deux ans La Rochelle est prise, trente-cinq villes huguenotes sont réduites et rasées ; Casai a été secourue deux fois ; la Savoie et une grande partie du Piémont sont entre vos mains ; ces avantages, Sire, que vos armées ont remportés par mes soins, vous répondent de mon application et de ma fidélité[24]. Charles Ier allait apprendre bientôt que le bon sens de Louis XIII maintenait sa pleine et entière confiance au cardinal.

Richelieu n'oubliera pas cette porte qui le mit sur le chemin de la victoire : Dieu, écrira-t-il au mois de mai de l'année 1612, s'est servi de l'occasion d'une porte non barrée, qui me donna lieu de me défendre, lorsqu'on tâchait de faire conclure l'exécution de ma ruine[25].

 

 

 



[1] Père Griffet, Histoire du Règne de Louis XIII, t. II, p. 58.

[2] Aujourd'hui caserne de la garde municipale.

[3] Comte de Beauchamp, Louis XIII d'après sa correspondance avec le Cardinal de Richelieu, p. 84.

[4] M. Avenel place cette lettre au début d'avril 1631, parce qu'elle fut publiée à cette date dans le Mercure. Il la croit apocryphe. Le style, un peu plus contourné que celui de la correspondance ordinaire du cardinal, ne l'est pas plus que celui des Mémoires ; c'est le langage très complimenteur et alambiqué dont usait Richelieu à cette époque de ses relations avec la Reine mère. Il n'aurait pas laissé paraître cette lettre dans le Mercure, si elle n'était pas de lui. Elle provoqua une fausse réponse de Marie de Médicis et un pamphlet, dont le lieutenant civil Moreau fit rechercher l'auteur. Moreau, qui ne croit point à l'authenticité de la réponse, admet bien celle de la lettre : Une lettre, dit-il au cardinal, que l'on a fait courir, il y a quelque temps de vous à la Reine mère du Roi. Sans doute Richelieu savait-il d'autant mieux à quoi s'en tenir, que le Père Joseph exerçait une surveillance étroite sur le Mercure français. L'Éminence grise transforma peu à peu cette compilation de nouvelles en journal de polémique officieuse.

[5] Manuscrit de l'Arsenal, 5417, Recueil Conrart, publié, avec des variantes, par Avenel, Lettres du Cardinal de Richelieu, t. IV, p. 137-135.

[6] Manuscrit de l'Arsenal 5417, Recueil Conrart.

[7] Ce titre écrit dans la marge parait être de la main de Charpentier, secrétaire du cardinal.

[8] Archives de M. Gabriel Hanotaux.

[9] Batiffol, La Journée des Dupes, p. 55.

[10] Père Griffet, Histoire du Règne de Louis XIII, t. II, p. 61.

[11] Voir P. de Vaissières, L'Affaire du Maréchal de Marillac, p. 50.

[12] Voir P. Griffet, Histoire du Règne de Louis XIII, t. II, p. 62, et Mémoires de Fontenay-Mareuil, p. 230.

[13] Saint-Simon, Parallèle des trois premiers Rois Bourbons, p. 171.

[14] Père Griffet, Histoire du Règne de Louis XIII, t. II, p. 64.

[15] Mémoires de Fontenay-Mareuil, p. 230.

[16] Levassor, Histoire de Louis XIII, p. 556.

[17] E. Coûard, L'Intérieur et le mobilier du Château de Versailles à la date de la Journée des Dupes, p. 18-20.

[18] Père Griffet, Histoire du Règne de Louis XIII, t. II, p. 68.

[19] Mme Thiroux d'Arconville, Vie de Marie de Médicis, t. III, p. 252.

[20] Avenel, Lettres du Cardinal de Richelieu, t. IV, p. 12.

[21] Affaires étrangères, France, 795 bis, f° 59, in fine.

[22] Avenel, Lettres du Cardinal de Richelieu, t. IV, p. 6.

[23] Avenel, Lettres du Cardinal de Richelieu, t. IV, p. 9-14.

[24] Voir Levassor, Histoire de Louis XIII, t. III, p. 555.

[25] Avenel, Lettres du Cardinal de Richelieu, t. VI, p. 921.