HISTOIRE DE SAINT-JUST

DÉPUTÉ À LA CONVENTION NATIONALE

TOME PREMIER

 

PRÉAMBULE.

 

 

Depuis quelques années, la Révolution française est le point de mire des plus vives attaques ennemis de la liberté, qui regrettent plus ou moins consciencieusement le régime du bon plaisir, le temps des privilèges et des lettres de cachet ; libéraux incolores dont les nerfs s'agacent aux accents de la liberté, et qui, d'une main guidée par la colère, tracent sur le papier leurs petites utopies roses, ne cessent de lancer contre elle d'impuissantes invectives. A ceux-ci cependant, un prince, placé sur les marches du premier trône du monde, et que l'impitoyable mort a frappé dans la force de l'âge et du génie, donnait un grand exemple et une grande leçon quand il recommandait à son fils d'être le serviteur exclusif et passionné de la Révolution française[1].

Au moment où les principes que cette Révolution a posés sont battus en brèche par des hommes siégeant dans les conseils d'un gouvernement qui a reconnu et proclamé leur immortalité[2], il est bon qu'une voix de plus se joigne à celles qui ont déjà retenti pour protester hautement contre cette singulière interprétation qui consiste à prendre des principes de 89 tout ce qu'on peut accommoder à ses passions présentes, et à en répudier tout ce qui y est absolument contraire. Nous défions qu'on trouve, de bonne foi, ces principes ailleurs que dans la Déclaration des Droits et dans la Constitution de 1791 toutes les subtilités de palais ne sauraient faire prendre le change à l'opinion sur ce point.

La Révolution, il ne faut pas l'oublier, c'est notre date d'affranchissement ; c'est notre Genèse ; c'est l'Iliade des temps modernes, l'épopée par excellence. Jamais pareil spectacle ne s'était offert et ne s'offrira aux regards des hommes. Nous n'avons point à refaire ici le triste inventaire des scandales, des maux et des abus de toute sorte auxquels elle vint mettre un terme ; mais nous rappellerons brièvement les immenses bienfaits qui doivent lui concilier notre éternelle reconnaissance. A part quelques milliers d'individus déshérites des plus barbares et des plus monstrueux privilèges, quel est le Français qui ne soit son très-humble obligé, qui ne soit tenu, sous peine de !a plus noire ingratitude, de s'incliner avec respect devant elle ? Loin d'avoir été éversive des bases sur lesquelles repose logiquement la société moderne, elle les a consolidées en mettant la morale et la raison à la place des préjugés, le droit à la place du privilège, la justice à la place du bon plaisir, et, pour ne citer qu'un exemple entre mille, elle a été la légitimation, l'affirmation et la consécration la plus éclatante de la propriété qui, avant elle, n'avait eu trop souvent d'autre source que la spoliation et le brigandage.

A nous donc, littérateurs, qu'elle a affranchis de l'humiliante protection des grands, et à qui elle a rendu la fierté qui convient à la dignité des lettres ! A nous, artisans, industriels et marchands, qu'elle a débarrassés des entraves des corporations, jurandes et maîtrises ! A nous, cultivateurs, ouvriers de la terre, anciens serfs, taillables et corvéables à merci, qu'elle a délivrés de l'oppression héréditaire A nous vous tous enfin que de sujets elle a faits citoyens ! et saluons-la ensemble d'un immense concert de bénédictions.

Elle a aboli, pour l'honneur de l'humanité, cette absurde et arbitraire division en classes distinctes par laquelle les hommes semblaient parqués comme des troupeaux d'origine et de qualités différentes ; ce n'est donc pas sans quelque peine que, dans ces derniers temps, nous avons vu ressusciter ces expressions de peuple, de bourgeoisie, de noblesse, quand, depuis 89, le premier terme a virtuellement absorbé les deux autres. La Révolution, en détruisant jusqu'aux titres de noblesse, ne cédait pas au mince plaisir d'humilier une caste qui avait usé et abusé de tout, elle voulait fonder un peuple de citoyens, et son esprit ne périra point. Toute tentative de restauration nobiliaire échouera devant le bon sens public ; et les distinctions héréditaires demeureront désormais incomprises dans une nation au sein de laquelle l'égalité a poussé de si profondes racines. J'honore le grand citoyen qui a rendu d'éclatants services au pays, non le titre exposé à tomber dans des mains indignes et qui peut être porté par un sot, un intrigant ou un fripon. Est-ce orgueil de plébéien qui nous fait parler de la sorte ? Allons donc l'envie est loin de notre cœur et plus élevées sont les tendances de notre esprit Qu'un homme de génie paraisse, écrivain, soldat, savant, artiste, homme d'État, vite je m'inclinerai respectueusement devant lui, qu'il soit sorti de l'échoppe d'un cordonnier ou d'un hôtel blasonné, et ainsi je reste dans les principes de la Révolution.

Quant à ce qui était jadis la bourgeoisie, il ne faut pas oublier qu'entre elle et le prolétariat il n'y avait pas de distinction légale, et que celui-ci était la source vive où elle se retrempait incessamment. Ce n'est pas au nom de la bourgeoisie, qui, d'ailleurs, ne formait pas une classe, qu'ont stipulé ces grands bourgeois de 89 et de 93 ils se sentaient peuple, cœur, tête et bras, et ce fut au nom du peuple qu'ils écrivirent fièrement sur le drapeau de la Révolution française l'évangélique devise Liberté, Égalité, Fraternité.

Qu'on cesse donc de représenter comme en dehors du peuple ceux qui, sortis de son sein, se sont élevés par le travail, par le talent, par l'économie, et aussi parles hasards de la fortune, au-dessus du prolétariat, c'est-à-dire, sont arrivés à fournir le salaire, au lieu de le recevoir. Les hommes de la Révolution n'ont pas entendu qu'on élevât de nouvelles barrières entre les citoyens, quand ils ont brisé de leurs mains puissantes le vieil édifice social vermoulu et injurieux respectons leur œuvre et contentons-nous de l'amener au degré de perfection compatible avec la faiblesse humaine. Ils ont voulu que tout fût accessible à tous ; en matière d'égalité, on n'ira pas plus loin que ces logiques et hardis novateurs. Lignes de démarcation insultantes, privilèges attachés au nom, à !a personne ou au titre, titres même, tout cela, grâce à Dieu et à la Révolution, évanoui, disparu, englouti dans les profondeurs du passé il n'y a plus, à cette heure, en France, qu'une immense démocratie ; quiconque aujourd'hui ne consent pas à en faire partie, se met en dehors de la grande famille française. Mais peu nombreuses sont les exceptions. Oui, sur cette noble terre de France, il est partout des cœurs animés encore d'un ardent amour de la liberté, de l'égalité et de tous ces glorieux principes de 89, fécondés de tant de larmes et de tant de sang. Parmi les descendants de ceux dont la caste a été détruite par le grand mouvement régénérateur du siècle dernier, beaucoup, disons-le à leur honneur, n'ont pas renié le désintéressement dont leurs aïeux ont donné l'exemple, dans une nuit à jamais fameuse ; et, si, dans les classes affranchies, il est quelque part des hommes que l'âpre appétit du lâche égoïsme, ou le farniente d'une tranquillité léthargique rendent indifférents aux conquêtes de nos pères, combien, dans l'atelier, dans la boutique, dans la ferme, dans !a caserne, se font gloire encore d'être les serviteurs exclusifs et passionnés de la Révolution française !

Un publiciste célèbre, qui, de concession en concession, en est arrivé à penser qu'il n'y a pas de meilleur moyen pour répandre le progrès dans les masses et améliorer la condition sociale des hommes, qu'une main de fer, appuyée sur des canons et des baïonnettes, répudiait dernièrement la Révolution et prétendait lui substituer la civilisation. Mais il confondait ainsi deux termes dont l'un n'est que le corollaire de l'autre la Révolution n'est pas un but, mais un moyen ; tandis que la civilisation n'est que le but suprême que doivent, sans cesse poursuivre les générations humaines.

Eh bien, la Révolution française a plus fait en quatre ans, pour la civilisation et le bonheur de l'humanité, qu'en quatorze siècles cette interminable monarchie, essayant toujours d'enrayer dans sa marche lente la civilisation, qui s'avançait d'un pied boiteux à travers les misères, les larmes et les gémissements des peuples. Ah ! certes, dans ces heures de douloureux enfantement, il y eut de terribles et sanglantes convulsions, dont, Dieu merci, nous n'aurons plus à être témoins Mais les calamités ont passé comme un orage, et les principes sont restés debout, malgré les attaques passionnées dont ils ont été l'objet depuis soixante-cinq ans, pareils à ce dieu de la fable qui, insulté par des sauvages et poursuivant sa marche rayonnante,

Versait des torrents de lumière

Sur ses obscurs blasphémateurs.

Qui ne sait, d'ailleurs, combien, dans ses commencements la Révolution se montra douce et conciliante, appelant partout dans ses conseils, plaçant à la tête des administrations et de la garde nationale des hommes de l'ancien régime, comme pour les dédommager des privilèges qu'elle leur enlevait ? Que si des sévérités inouïes et de regrettables excès ont contribué à répandre une ombre sanglante sur cette époque, la plus glorieuse de notre histoire, il faut surtout les attribuer aux résistances désespérées de la réaction, aux intrigues du parti royaliste, à la criminelle intervention de l'étranger, appelé par des traitres, et non point en rejeter !a responsabilité sur les grands citoyens qui, ayant juré de sauver la patrie, l'ont sauvée en effet.

Maintenant, en plaignant les victimes de tous les rangs et de tous les partis, en déplorant des fureurs souvent funestes, quelquefois fatalement nécessaires, en flétrissant enfin les barbaries de quelques enragés, à moitié fous, rappelons-nous aussi les atrocités commises par d'autres régimes, les souffrances séculaires du peuple ; gardons la meilleure part de notre pitié et de nos larmes pour les patriotes emportés, eux aussi, par , !e tourbillon révolutionnaire, pour les grands citoyens victimes.de leur dévouement à la cause de la justice, du bon sens et de l'humanité, et souvenons-nous de ce qu'avec tant de raison et en si beaux termes, disait notre illustre maitre, Augustin Thierry, à propos de la Révolution d'Angleterre : Infortunes royales ! génie des fondateurs d'empire ! voilà les mots qui ont encore le plus de prise sur notre pitié ou sur notre admiration. Que les malheurs d'un roi soient pour les rois plus touchants que ceux d'un autre homme ; qu'aux yeux des courtisans de César, le génie de César, qui les engraissa dans le repos, soit le plus puissant des génies, cela se conçoit ; mais nous, citoyens, fils de citoyens, quelle autre mesure pouvons-nous donner à notre intérêt ou à notre enthousiasme que la grandeur des infortunes et la moralité des actions ? Les misères personnelles de Chartes Stuart, que sont-elles devant les misères collectives du peuple anglais ? Qu'est-ce que l'astuce de Cromwell devant la grande idée de la liberté ? Le roi a péri mais combien d'hommes ont péri pour l'autre cause ! Les familles des patriotes ont payé cher une seule espérance. Le roi est mort ; mais le peuple, qui ne pouvait mourir, fut obligé de contempler dans lui-même l'instrument de sa propre servitude il vit les enseignes de la patrie foulées aux pieds par des traitres, et le nom de la liberté inscrit par dérision sur les sabres de ses vainqueurs[3].

L'ensemble de la Révolution est aujourd'hui suffisamment connu, pour ceux du moins qui ont pris la peine de lire les livres sérieux, appuyés sur des documents certains, que des écrivains consciencieux ont publiés, à quelque point de vue qu'iis se soient placés d'ailleurs. Mais, sur les principaux personnages de cette immense épopée, que d'erreurs, que de préjugés, que de criantes injustices sont encore répandus, et ont malheureusement trop de cours parmi des gens plus habitués à se former une opinion d'après des traditions menteuses que d'après une étude approfondie des hommes et des choses La génération qui nous a précédés, à part un nombre trop restreint de personnes impartiales et convaincues, n'a guère étudié l'histoire de la Révolution que dans d'ignobles libelles et de calomnieuses compilations. Aussi les plus absurdes préjugés se sont-ils enracinés dans certains esprits, et, chaque jour, nous entendons les malédictions tomber de bouches qui ne devraient s'ouvrir que pour glorifier la Révolution et les hommes purs qui lui ont consacré leur génie, leurs vertus et leur sang. Demandez à cet honnête père de famille, qui, dans les choses ordinaires de la vie, n'affirmera jamais rien qui ne lui ait été rigoureusement démontré, où il a puisé les niaises et sanglantes calomnies dont il ne craint pas de se faire l'écho, au sujet des plus grands acteurs du drame révolutionnaire il vous répondra : Je l'ai toujours entendu dire ; et voilà pourtant sur quelle autorité beaucoup de nos concitoyens ont fondé leur jugement sur la Révolution française.

Je n'oublierai jamais, pour ma part, l'impression singulière que je ressentis lorsque, enfant encore, je lus, pour la première fois, l'Histoire de la Révolution, par M. Thiers. Avec quelle avidité je parcourus ces pages où l'enthousiasme remplaçait l'anathème ; la vérité, le mensonge ; et la justice, les plus criantes iniquités. Je n'avais cependant aucun parti pris ; mes premières opinions, si l'on peut compter pour quelque chose les opinions d'un enfant, étaient plutôt royalistes, et je me souviens encore du stoïcisme avec lequel je me laissais abîmer de coups, lorsque, dans les jeux brutaux du collège, des républicains de douze ans, après m'avoir terrassé, voulaient me forcer de crier : Vive la République ! Mais la lecture du livre de M. Thiers produisit en moi un changement complet : l'étude déchira le voile qui m'aveuglait. Comment, me disais-je, saisi d'admiration, voilà les hommes à qui l'on ne cesse de jeter la pierre ? Je me fis, par la pensée, acteur du grand drame dont une main savante déroulait les tableaux à mes yeux j'appris par cœur les discours des orateurs de la Constituante et de la Convention, auprès desquels me paraissaient bien paies et bien monotones les plus brillants génies de l'antiquité. Les fureurs de l'époque, le sang versé, les injustices ne furent plus une énigme pour moi ; je commençai de m'expliquer comment l'emportement des passions humaines peut souiller les plus belles choses mais tout s'effaça dans mon esprit devant la grandeur du but et l'immensité des résultats, et dès lors je vouai une reconnaissance profonde à l'homme qui remettait ainsi en honneur des noms que j'avais si souvent entendu maudire.

Certes, depuis le jour où M. Thiers a élevé à ta Révolution ce magnifique monument, bien des documents nouveaux se sont produits qui ont servi à éclairer d'une vive lumière une foule de points restés douteux ; bien des erreurs ont été relevées ; bien des réparations ont été faites, et, grâce aux travaux des plus éminents historiens, tout Français peut se rendre compte aujourd'hui, à peu près complètement, de ce qu'a été notre Révolution mais une histoire générale, embrassant l'ensemble des vastes choses accomplies en quelques années, ne pouvait donner qu'une idée encore imparfaite sur chacun des rudes jouteurs de cette lutte si acharnée et si glorieuse, et, avec la meilleure volonté du monde, l'écrivain le plus impartial n'a pu, dans de telles conditions, tout voir, tout réfuter, tout dire et tout mettre en relief. Il y a donc désormais un puissant intérêt à procéder par monographies, parce que, avec un cadre plus large, il y aura moyen de s'étendre beaucoup plus sur chaque individualité et de mieux faire ressortir et apprécier telle ou telle figure qu'on ne connaît encore que par des portraits de fantaisie. Prendre donc pour l'objet de la plus consciencieuse étude un des acteurs intègres et purs de cette époque ; dégager sa personnalité de tout ce qui s'est produit autour de lui ne puiser les renseignements qu'à des sources honorables, authentiques et officielles ; ne rien admettre qui ne soit rigoureusement démontré ; indiquer nettement la part d'influence de cet homme sur les événements de son temps ; ne rien dissimuler de ses actes ou de ses paroles ; mais aussi réfuter, à l'aide des preuves les plus certaines, les odieux mensonges répandus sur sa mémoire ; flétrir de toute la sévérité d'une conscience indignée les calomnies, la plupart du temps niaises et invraisemblables, dont il a été l'objet ; dévoiler les calomniateurs, l'intérêt qu'ils ont eu et l'impureté des sources où ils ont puisé, c'est rendre un signalé service à la cause de la Révolution française et à l'histoire, et ce service, nous le leur avons rendu en écrivant, d'une plume sincère, la vie d'un des plus illustres membres du Comité du Salut public.

Si, d'ailleurs, il y eut jamais un moment favorable à l'étude de l'histoire, c'est, à coup sûr, celui où nous vivons présentement ; profitons donc des loisirs que nous font la tribune et la presse, ces deux grandes voix si retentissantes jadis et à peu près muettes aujourd'hui. Ceux qui pensent qu'un peuple doit être pour quelque chose dans la direction de ses destinées, et que ses affaires doivent être débattues et discutées au grand jour, au soleil de la publicité, n'ont qu'à déserter cette vallée de silence et à se faire, par la pensée, citoyens de la formidable époque où, suivant l'expression du générât Foy, la France accomplit son colossal effort. En s'identifiant aux hommes et aux choses, ils comprendront bien des faits jusqu'alors restés inintelligibles pour eux ils comprendront, par la résistance et les trahisons des uns, les emportements et les sévérités des autres ils comprendront comment, dans la crise la plus violente à laquelle une nation ait été en proie, l'Assemblée des représentants du peuple a pu, pour le salut commun, suspendre momentanément l'exécution d'une Constitution dans laquelle la liberté et la tolérance étaient poussées aux extrêmes limites, et qui, en permettant une excessive licence aux ennemis du dedans, d'intelligence avec ceux du dehors, eût été de nature à compromettre les moyen de défense ; ils connaîtront enfin la vérité sur des hommes que les plus odieux mensonges et les plus infâmes calomnies ont jusqu'ici défigurés à leurs yeux, et ils verront quel désintéressement, quel amour de la patrie, de la justice et de l'humanité animait la plupart de ces héroïques conventionnels.

Quant à l'écrivain qui s'imposera la tâche d'écrire sincèrement la vie d'un de ces grands acteurs, il ne devra jamais perdre de vue que tous les hommes de la Révolution qu'a dirigés un patriotisme sans arrière-pensée, ont un droit égal à son respect. Son affection et son penchant pour les uns ne devront diminuer en rien l'équité qu'il doit aux autres. S'il considère comme un devoir de se montrer sévère envers ceux qui n'ont vu dans la Révolution qu'un moyen de satisfaire des passions perverses, une ambition sordide, et qui ont élevé leur fortune sur les ruines de la liberté, il bénira, sans réserve, tous ceux qui, par conviction, se sont dévoués à la Révolution, qu'ils s'appellent, d'ailleurs, Mirabeau ou Danton, Robespierre ou Camille Desmoulins, Carnot ou Saint-Just, Romme ou Couthon, le Bas ou Merlin (de Thionville), Vergniaud ou Cambon ; il se rappellera que la plupart ont scellé de leur sang la fidélité à des principes qui eussent assuré dans l'avenir la grandeur et la liberté de la France et qu'il n'a pas tenu à eux de faire triompher ; il réconciliera devant l'histoire ceux que de déplorables malentendus ont divisés, mais qui tous ont voulu rendre la patrie heureuse, libre et prospère ; son œuvre enfin devra être une œuvre de conciliation générale, parce que là est la justice, là est la vérité, là est le salut de la démocratie.

 

Janvier 1859.

 

 

 



[1] Testament du duc d'Orléans.

[2] Voyez les articles de M. Le Play, conseiller d'Etat, publiés dans le journal la Patrie.

[3] Voyez Dix ans d'études historiques, édit. Tessier, 1 vol. in-8°, p. 116.