LE VRAI ET LE FAUX SUR PIERRE L'HERMITE

 

AVANT-PROPOS.

 

 

En étudiant les documents originaux et les ouvrages modernes relatifs à l'histoire de la première croisade, nous sommes arrivé à nous convaincre de la nécessité d'entreprendre une enquête approfondie sur le rôle joué par Pierre l'Hermite dans cette entreprise, qui remua profondément l'Occident tout entier. Aucune des études publiées sur ce sujet n'était basée sur une critique consciencieuse des sources ; il est impossible de voir dans les œuvres de d'Oultreman, de Vion, de Paulet des récits puisés aux sources ; aussi est-ce à peine si, chez nous, en Allemagne, on leur a accordé quelque attention.

C'est ce qui nous a engagé à entreprendre le travail dont nous publions aujourd'hui les résultats. Le but que nous nous sommes proposé a été avant tout de discuter, parmi tous les renseignements relatifs à la personne de Pierre l'Hermite, ceux qui peuvent prétendre à l'authenticité, de manière à faire ressortir avec évidence les nombreuses inventions sorties de l'imagination des romanciers des temps passés et modernes, et nous avons la conviction de n'avoir négligé aucun renseignement important. Ce que nous offrons au public, c'est donc une étude écrite dans un esprit ennemi du romanesque à basée sur une exacte recherche des documents originaux et des amplifications que l'imagination de divers auteurs leur a fait subir par la suite : c'est à ce point de vue qu'il faut la lire et la juger.

Les neuf pièces qui forment le supplément (de l'édition allemande[1]) contiennent les documents originaux qui peuvent servir à écrire l'histoire de Pierre l'Hermite et permettent de contrôler ce qui est avancé dans le cours de cette étude : le Supplément III reproduit le texte du Codex d'Albert d'Aix, qui se trouve à la bibliothèque ducale de Darmstadt ; il a été négligé jusqu'à ce jour par les éditeurs de l'Historia d'Albert. Les Suppléments IV, V et VI présentent des commentaires sur les passages empruntés aux Gesta Francorum. Ces commentaires ont pour but de compléter sur quelques points de détail ce qui est dit dans le cours de notre étude.

La reconnaissance nous fait un devoir d'adresser ici publiquement nos remerciements les plus respectueux et les plus sincères au savant secrétaire de- la Société de l'Orient latin, M. le comte Paul Riant, pour l'intérêt actif qu'il a témoigné à l'exécution de ce travail. Non content de mettre à notre disposition, de la manière la plus gracieuse, les manuscrits les plus précieux et des livres rares que nous avions en vain cherchés en Allemagne, il a bien voulu nous ouvrir le trésor de sa science et de son immense érudition ; grâce à son infatigable appui, nous avons pu éviter bien des erreurs et apporter plus d'un fait nouveau : sans lui, cela ne nous eût pas été possible.

Nous prions également MM. les conservateurs des bibliothèques de Heidelberg, de Carlsruhe, de Stuttgart et de Darmstadt de vouloir bien recevoir nos plus vifs remerciements pour la complaisance qu'ils ont mise à nous faciliter l'étude de leurs riches collections.

Puisse ce livre mériter l'estime des littérateurs !

Grosseicholzheim, le 11 juillet 1879.

Signé : H. HAGENMEYER.

 

 

 



[1] M. Hagenmeyer, Peter der Eremite, Leipzig, 1879, éd. Harassowitz. Pour rendre le livre plus accessible, nous avons cru, d'accord avec l'auteur, devoir supprimer dans la traduction ces suppléments, qui forment une partie importante de l'édition allemande ; mais nous ne saurions trop la recommander aux personnes désireuses de remonter personnellement aux sources : elles y trouveront, à côté des textes auxquels l'auteur se reporte dans le cours de son étude, des notes aussi nombreuses qu'intéressantes. (Note du traducteur).