LOUIS-PHILIPPE

1830-1848

 

LIVRE PREMIER. — L'ÉTABLISSEMENT.

 

 

SOMMAIRE

I. — Les nouveaux députés en route pour Paris. — Quelles rumeurs ils recueillent chemin faisant. — Comment ils sont épouvantés de leur triomphe.
IL — Séance du 3 août 1830 : discours du lieutenant général.
III. — Comment il sera élevé au trône, non par la révolution, mais par peur de la révolution. — Quelles apparences bruyantes ont, à cet égard, fait illusion aux contemporains : les manifestations de la rue, le Palais-Royal. — De quelques signes où se marquent les dispositions du futur roi.
IV. — La proposition Bérard (6 août) : le vote du 7 août. — Les modifications à la Charte. — Proclamation de la royauté (9 août).
V. — Encore l'aspect du Palais-Royal ; crise du respect.
VI. — Les répercussions, à l'étranger, de la révolution de Juillet. — Impression en Angleterre, en Autriche, en Prusse ; irritation violente du tsar Nicolas. — Comment Louis-Philippe s'applique à dissiper les craintes. — Mais quels incidents vont surgir, menaçants pour le maintien de la paix.

 

I

Le 16 mars 1830, les députés avaient, au nombre de 221, refusé tout concours au ministère Polignac et atteint par contre-coup, le trône lui-même. Piqué au vif, Charles X avait dissous la Chambre, en gentilhomme offensé qui relève un défi plutôt qu'en monarque avisé qui sait à propos céder. A l'égal du roi, la nation s'était obstinée : de là entre le corps électoral et la couronne une lutte fort aiguisée où le point d'honneur tenait encore plus de place que l'intérêt. Dans cette lutte ou plutôt dans ce duel, le pays venait de l'emporter, et les 221 avaient été presque tous réélus.

Ils étaient convoqués pour le 3 août. Donc les voici qui, dans la dernière semaine de juillet, se pressent dans les diligences, à destination de Paris. Ils arrivent des extrémités de la France : Gascogne, Languedoc, Provence, Alsace. Aucune inquiétude ne trouble leur sérénité. Ils se sentent doublement glorieux de la besogne qu'ils ont faite et de celle qui leur reste à accomplir. Celui-ci trace le canevas d'une lettre à ses électeurs et que d'avance il compose triomphale à souhait : celui-là médite un discours, accablant pour les misérables ministres, et respectueusement condescendant pour Charles X. Du reste nulle prévoyance, nul désir surtout d'un total bouleversement. On imagine un roi humilié, diminué, tout meurtri d'une rude leçon et dédaigneusement pardonné, mais qui pourtant demeurera le roi.

Aux premiers relais, rien d'insolite : seulement quelques curieux groupés autour des voyageurs tandis qu'on change les chevaux. Cependant, comme on avance, on croise des voitures publiques qui, faisant la route en sens inverse, arrivent de Paris. Alors circulent les premiers bruits d'un coup d'État. Des ordonnances ont été, dit-on, affichées qui asservissent la presse, mutilent le droit de suffrage, dissolvent l'assemblée récemment élue : on ajoute que le peuple a inauguré la résistance, que le sang a déjà coulé. Ce que, chemin faisant, l'on voit ou l'on apprend aiguise l'inquiétude. Dans les petites villes, autour des bureaux de poste, une foule énorme attendant des nouvelles : les fonctionnaires mornes et obstinément silencieux : des dépêches que d'abord on essaie de cacher, puis qu'on dévoile à demi : le drapeau blanc flottant encore au-dessus des édifices publics, mais déjà menacé par les plus ardents. Les nouveaux élus remontent en voiture, anxieux pour leur mandat, soupçonnant la vérité quoique pas tout entière, redoutant une tempête là où ils n'imaginaient qu'une bourrasque. De leur main s'est échappé le crayon qui avait ébauché un message pour les électeurs ou une harangue pour le Palais-Bourbon. La route se poursuit, jalonnée, pour ainsi dire, de nouvelles qui annoncent, tantôt la victoire de l'émeute, tantôt le succès de la répression. Maintenant on n'est plus qu'à quelques lieues de Paris. Or, voici qu'on croise d'autres voitures, et à l'appareil tout à fait surprenant : elles sont ornées — et à profusion — de petits drapeaux tricolores ; juchés sur l'impériale, des hommes chantent la Marseillaise, faux d'ailleurs, tant ils ont eu d'années pour l'oublier ! En même temps, contre les perfides ministres, contre Charles X parjure éclate la colère ou le mépris : Hue ! Polignac, crie le conducteur à ses chevaux qui mollissent en gravissant les côtes.

Pour les 221, hier encore si béatement confiants, quel n'est pas l'ahurissement de cette entrée dans Paris ! Ils vont à leurs collègues déjà arrivés ; et par eux toutes les nouvelles se déversent en leur cerveau prêt à éclater : Charles X a tenté de former avec le duc de Mortemart un ministère in extremis, mais qui s'est effondré avant même qu'on en publiât les noms : le malheureux roi a quitté Saint-Cloud pour Trianon ; on annonce qu'il vient de rétrograder jusqu'à Rambouillet. Où est le gouvernement ? Il n'y en a point, à moins qu'on ne désigne sous ce nom une commission municipale qui essaie, à coups de sacrifices, de glisser un peu d'ordre à travers l'anarchie. Le vrai souverain est à l'Hôtel de Ville ; c'est La Fayette, mais est-il le maître ? Il est entouré de jeunes gens qui clament la République, et quoiqu'il semble disposé à leur résister, l'on ne sait bien encore ce que l'amour de la popularité ou l'enivrement des acclamations peut lui suggérer de faiblesse.

A ces récits les nouveaux venus contiennent mal leur trouble. Sans doute ils sont condamnés à se réjouir, puisque, somme toute, ils l'ont emporté, mais comme ils souhaiteraient être un peu moins victorieux ! Cependant une information tempère l'inquiétude. Le 30 juillet, une quarantaine de députés, réunis au Palais-Bourbon et devançant leur convocation, ont invité le duc d'Orléans à assumer la lieutenance générale du royaume. Le prince a hésité, a paru d'abord se dérober ; on vient enfin d'apprendre qu'il a accepté, qu'il a même, à l'Hôtel de Ville, pris contact avec La Fayette. A cette perspective, les visages se rassérènent. Combien avisée, combien géniale, n'apparaît pas la combinaison Le duc d'Orléans, ce sera la consécration de la victoire ; mais ce sera aussi la révolution contenue, puisque le lieutenant général est Bourbon et qu'il pourra se muer en roi.

 

II

On atteint le 3 août, jour de l'ouverture des Chambres. A une heure, au Palais-Bourbon, 240 députés, 70 pairs sont réunis. Nulle pompe, nulle étiquette, des habits de voyage, soit que la rapidité des événements n'eût permis aucun préparatif, soit qu'une habileté instinctive suggérât de dépouiller de tout appareil un pouvoir qui devait se glisser plutôt que s'afficher et, en maîtrisant la révolution, la saluer très bas. Dans l'hémicycle, pairs et députés sont confondus, mais agités de pensées très différentes. Chez les pairs, dominaient un sentiment profond de leur sort précaire et la conviction que leur privilège d'hérédité, leur existence peut-être, serait le gage fourni à l'ordre nouveau. A l'appréhension d'être mutilés ou de périr s'ajoutait un scrupule, poussé chez quelques-uns jusqu'à la plus extrême acuité. On venait d'apprendre l'abdication de Charles X, celle du duc d'Angoulême. Mais un enfant restait, le duc de Bordeaux, par qui se perpétuerait — fût-ce par un fil bien ténu — la tradition héréditaire. Ainsi pensaient beaucoup des membres de la Haute Chambre, et dans cet esprit ils attendaient avec une curiosité ardente les déclarations du lieutenant général. Quant aux députés, tous leurs espoirs se concentraient sur le duc d'Orléans, tant ils devinaient en lui le chef apte à les protéger, et leurs acclamations se proportionneraient à l'intensité même de leur crainte.

Le lieutenant général parut. Son discours, très préparé dans son apparente simplicité, dosait, avec un sens remarquable des proportions, les hommages à l'émeute victorieuse, les appels à la modération. Le prince commençait par célébrer le courage des Parisiens, troublés dans leur repos par une violation déplorable de la charte et des lois. Il flétrissait l'article 14 si odieusement interprété. Par une allusion habile à son passé militaire et à la journée de Jemmapes, il rappelait qu'il avait porté ces couleurs tricolores qui, pour la seconde fois, se déployaient pour fêter la liberté triomphante. Il annonçait plusieurs projets de réforme : C'est aux Chambres, observait-il avec une insinuante modestie, qu'il appartient de me guider. Sous ce langage se cachaient, très discrètes, mais très compréhensibles, de précieuses assurances pour la cause de l'ordre. Le prince insistait sur les périls qui avaient suivi l'insurrection : plus de garanties pour la société ; les personnes, les propriétés menacées ; les droits les plus sacrés en danger d'être méconnus. C'était pour sauver tout cela qu'il avait accepté le titre de lieutenant général. Cependant on attendait une phrase, une allusion relative à la famille royale déchue. En termes froidement corrects, le prince déplora des infortunes qu'il aurait voulu prévenir. Puis il annonça la double abdication de Charles X et du Dauphin. Du jeune duc de Bordeaux, pas un mot.

 

III

J'ai tenu à citer presque entièrement ce discours. On y retrouve les deux traits qui marqueront tout le règne : révérences à la révolution ; esprit de conservatisme poussé souvent jusqu'à l'étroitesse. Roi élevé par l'émeute, tel devait être le certificat d'origine accolé par les contemporains au duc d'Orléans. Ce que l'on vient de voir au Palais-Bourbon suffit pour rectifier ce jugement simpliste à l'excès. Dès la première heure, entre le prince et les députés, organes de la bourgeoisie française, une alliance se forme, dissimulée bien plutôt qu'avouée, mais reposant sur une remarquable communauté des vues et des intérêts. Les nouveaux élus, tout submergés sous les événements, demeurent, au fond, consternés, comme des enfants en face d'un jouet qu'ils ont rêvé de raccommoder à leur fantaisie, et que, tout à fait sans le vouloir, ils ont cassé. Ce qu'ils souhaitent maintenant, ce n'est point poursuivre mais limiter au plus vite la victoire. Et dans le brisement de l'ancien lien monarchique, ils se tournent vers celui qui peut encore figurer la royauté, une royauté mise à leur taille, mais tout de même protectrice de leur personne, de leur fortune. Tel est le mandat tacite, très secret, mais éperdument suppliant, confié au chef futur. Un sentiment très sensé, mais un peu subalterne, celui de la peur, tel est le fondement du règne. Et là peut-être résidera la fragilité du règne lui-même, car il est rare que Dieu accorde aux œuvres que la peur a suscitées le privilège de la durée.

Ce qui a pu tromper les contemporains, c'est que cet endiguement de la révolution s'est poursuivi silencieusement, presque honteusement, tandis qu'une histoire tout extérieure s'étalait — et c'est là le second trait — aussi voyante que l'autre était discrète. Il y a eu dans les journées d'insurrection beaucoup de vaillance déployée, beaucoup de morts aussi : 163 du côté de l'armée, 504 du côté des insurgés[1]. Maintenant que la lutte est finie, quiconque a déplacé un pavé décuple ses prouesses ; et les héros de juillet — ainsi les appelle-t-on — se multiplient comme les pains de l'Évangile. Des récits à foison se publient — tous authentiques, disent les affiches — qui célèbrent la victoire du peuple. Un nouveau chant patriotique, la Parisienne, dont Casimir Delavigne a composé les paroles, commence à se répéter dans les rues, et Adolphe Nourrit le fait applaudir à l'Opéra. Des colonnes de manifestants se forment, tous se dirigeant vers le Palais-Royal où réside le prince. Aux portes nulles gens de livrée, tant on craint d'offusquer les vainqueurs, mais des gardes volontaires, pas toujours d'aspect rassurant. Qui pourrait dénombrer les députations ? Combattants des derniers jours, gardes nationaux qui ont repris leur uniforme, jeunes gens dits des Écoles, polytechniciens en rupture de grille. La cohue se grossit des exaltés de toute nuance, puis des gens qui suivent la foule sans savoir pourquoi et s'en retournent de même. Et de cette multitude s'élèvent des cris confus cris de joie, appels familiers, acclamations d'un enthousiasme un peu ironique. On demande le lieutenant général. Il paraît à l'une des fenêtres, agite un drapeau tricolore, écoute avec gestes le chant de la Marseillaise et quelquefois, dit-on, la chante lui-même. Quelques délégués obtiennent d'entrer ou, plus familiers que les autres, entrent sans rien demander. Ce sont alors des serrements de mains à l'infini, et, à l'infini aussi, des promesses de liberté. Le prince croit enfin avoir acquis le droit d'être chez lui ; mais voici qu'il est réclamé par une seconde, une troisième, une quatrième députation. Et de nouveau il s'exhibe. Mes amis, dit-il aux jeunes gens. Mes camarades, dit-il aux gardes nationaux. Derechef on chante la Marseillaise ; derechef on s'applaudit de la tyrannie brisée. Enfin les manifestants s'éloignent, bruyants, hardis, plus amusés encore qu'enthousiastes, au demeurant très satisfaits d'un chef taillé, pensent-ils, à leur mesure et qui sera bien le roi de leur choix.

Voilà le-prince dont la lithographie a consacré les attitudes et dont les contemporains ont conservé les traits. Mais voici de nouveau, sous cette histoire bruyante, l'histoire intime qui reparaît. Bien tard dans la soirée, le calme est revenu autour du Palais. Celui qui demain sans doute sera roi dresse le décompte de ce qu'il peut exercer d'autorité, de ce qu'il doit simuler encore de complaisances populaires. Il espère bien avoir raison des jeunes gens fanatiques qui, dans les premières heures, tenaient l'Hôtel de Ville et, dans leurs délibérations du restaurant Lointier, caressaient l'idée de la République ; non seulement il ne les craint pas, mais il serait tenté de leur rendre grâce ; car la République est le terrifiant fantôme qui, s'il prenait corps, précipiterait à ses pieds la nation tout entière. Plus gênant est La Fayette, ce connétable du régime nouveau ; mais on le sait d'âme assez vaine, et capable, si on le flatte, de se laisser absorber. La commission municipale, formée pendant les vacances du pouvoir, a créé un ministère provisoire qui dure encore. Là est Dupont de l'Eure, sorte de bonhomme Roland ressuscité à quarante ans d'intervalle, personnage d'esprit vide et faux, d'éloquence déclamatoire, que pourtant il faut conserver — car il est populaire — mais à la condition de ne le garder que comme enseigne, et de le prendre au mot dès le premier accès de mauvaise humeur démocratique qui lui suggérera de se retirer. En cette supputation, le prince ne peut négliger Laffitte qui fut de tout temps son familier, son confident, Laffitte qui le premier conçut l'idée de la lieutenance générale et qui, si la royauté s'établit, pourra se vanter d'en avoir été le parrain. De Laffitte le duc d'Orléans goûte l'esprit fertile en ressources, l'aimable faconde, la générosité, la parfaite bonne grâce. Il le sait populaire et est lui-même trop fin pour ne pas utiliser à son profit cette popularité. Laffitte, c'est l'homme moyen en qui se personnifie la révolution de Juillet, pas la plus malfaisante, pas la meilleure non plus. Tel quel, il sera précieux pour franchir les passes dangereuses, et si on doit le congédier, ce ne sera qu'après avoir dépassé la plus critique région des récifs. — Ainsi raisonne le prince dans les conciliabules privés qui se tiennent au Palais-Royal. Les principaux conseillers du roi futur, c'est Sebastiani, ce vieil ami de la maison d'Orléans ; Molé, que la révolution de Juillet ne surprend guère, car il en a vu d'autres et s'est accommodé de toutes ; Dupin, d'esprit lucide, terre à terre, un peu subalterne, mais doué de ce robuste bon sens qui discerne ce qu'on peut retenir, ce qu'il faut concéder. Cependant, en ces délibérations, deux hommes, Broglie et Guizot, tranchent sur le fonds commun. Un souci bien net les travaille, celui, non seulement de contenir, mais de démarquer la révolution. Tandis que d'autres accueillent le duc d'Orléans quoique Bourbon, ils jugent, eux, que son origine est le titre principal de son élévation. Par une fiction un peu fragile, mais singulièrement propre à perpétuer l'idée de la tradition et du respect, ils aspireraient à souder la nouvelle monarchie à l'ancienne. A leurs yeux, la double abdication de Charles X et du duc d'Angoulême, l'impuissance du duc de Bordeaux entraîné dans la disgrâce de ses parents, tout cela a créé la déshérence du trône ; de là un glissement quasi légitime de la branche aînée à la branche cadette, en sorte que la dernière crise, perdant son aspect de coupure violente, prendra une certaine apparence d'évolution naturelle. Et le duc de Broglie marque les signes auxquels pourra se révéler la continuité du système monarchique. Par hommage à la tradition, il conviendrait que le duc d'Orléans se nommât Philippe VII, qu'il gardât le nom de roi de France : la pairie serait, s'il était possible, maintenue dans son intégrité. L'inamovibilité de la magistrature serait conservée, et ici la sollicitude était extrême, tant Dupont de l'Eure qui, dans la commission ministérielle provisoire, était préposé à la justice, paraissait suspect Le prince écoute, mais n'ose accueillir qu'à demi ces suggestions. Il redoute surtout toute appellation, toute formule qui semblerait retour au passé. C'est qu'il mesure les démonstrations bruyantes qui retentissent jusqu'aux abords du Palais. Aussi il se résigne à rendre encore hommage à La Fayette, feint de ne pas remarquer les rusticités de Dupont de l'Eure, se sert de Laffitte comme d'un agent de liaison entre lui et le parti populaire. Plus tard seulement, par degrés, il se relâchera de cette prudence, et encore ne s'en départira-t-il jamais tout à fait. Ce sera chez lui timidité ; ce sera aussi répugnance sincère. Prince de branche cadette, il l'a été ; il se souviendra toujours qu'il le fut, et même lorsqu'il agira le plus en sens inverse de la révolution, il se plaira à lui rendre d'intermittents hommages.

 

IV

On touchait au vote qui consacrerait la nouvelle royauté. Rien ne fut jamais moins solennel ni plus rapide. La Chambre venait d'achever la vérification des pouvoirs quand, le 6 août, un député obscur, du nom de Bérard, vint lire à la tribune une proposition déjà connue depuis deux jours, déjà communiquée aux ministres, et qui statuait à la fois sur les changements à la Charte et sur le choix du duc d'Orléans comme roi. L'homme semblait médiocre pour une si haute initiative ; et il semble que, dans l'entourage du lieutenant général, on se soit montré peu flatté d'un parrain si chétif. Le déplaisir — si l'on en éprouva — était, peu justifié ; car Bérard appartenait au groupe de gauche, et il n'était pas sans intérêt que de cette partie de la Chambre vînt la motion en faveur de la monarchie. La proposition subit elle-même, en cours de route, quelques modifications. Les choses une fois mises en train, toutes les formes furent abrégées avec une célérité singulière, comme dans les chapelles du château, au mois de septembre, se précipite une messe de chasseurs. Peu s'en fallut même que, bâclant tout en vingt-quatre heures, on n'observât cette unité de temps chère à la tragédie classique. Dès que Bérard se fut assis, une commission fut nommée, en cette même journée du 6 août, pour examiner le projet. Puis Dupin fut désigné comme rapporteur, et, le soir même — toujours le 6 août — déposa son rapport. La discussion, commencée le 7 août, fut close en cette même journée. Elle eût été plus courte encore, si l'on n'eût dû entendre les protestations des députés légitimistes qui, jugeant l'ordre de choses nouveau incompatible avec leur serment, déclarèrent, pour la plupart, qu'ils se retiraient de la vie publique. Un seul débat important, à propos de l'inamovibilité judiciaire qui triompha grâce à Dupin. Au vote, sur l'ensemble, il y eut, sur 253 suffrages, 219 bulletins favorables, 33 bulletins hostiles. Quand tout fut fini, on se souvint que la Chambre des pairs existait encore. On nous fit, a écrit plus tard le duc de Broglie, la charité de nous transmettre le projet. Au Luxembourg, un seul épisode digne de mémoire : ce fut un discours de Chateaubriand, mais d'une fidélité si sévère à l'égard du pouvoir déchu qu'un ennemi n'eût guère dit autrement, et eût seulement gravé ses traits avec une moins cruelle éloquence. Assez tard dans la nuit, on alla aux voix ; le projet fut adopté au Luxembourg par 89 voix contre 10, et 14 bulletins blancs.

On ne pouvait, en une révolution, tourner court avec plus de dextérité. La Charte elle-même, modifiée plus que renouvelée, supprimait plutôt des formules jugées désuètes ou provocantes qu'elle ne ravissait au pouvoir ses essentielles attributions. Au droit héréditaire on substituait le droit contractuel, les Chambres offrant la couronne et le prince l'acceptant. La religion catholique, proclamée religion de l'État, devenait, par une simple constatation numérique, la religion de la majorité des Français. On supprimait l'odieux article 14, source de tous les maux. On stipulait que la censure ne pourrait jamais être rétablie. Ces changements très voyants une fois opérés, le reste n'était plus que développement de la prérogative parlementaire : droit pour les députés de nommer leur président ; partage avec le roi du droit d'initiative ; extension du droit d'amendement. Ajoutez à cela la publicité des séances de la Haute Chambre, l'âge de l'éligibilité abaissé à trente ans, la nomination des présidents des collèges électoraux réservée aux électeurs ; et l'on aura le bilan assez modeste des changements accomplis. Une seule mesure violente, c'était celle qui annulait les nominations de pairs faites par Charles X. Pour les questions qu'on ne pouvait régler tout de suite, on se libérait par des promesses : ainsi annonçait-on des lois spéciales sur le jury en matière de presse, sur les administrations de département et de commune, sur les conditions électorales, sur l'instruction publique et la liberté d'enseignement.

Devenue résolue à force de crainte, la Chambre venait de se constituer faiseuse de roi. Le 8 août était un dimanche. Le lendemain 9, au Palais-Bourbon, le rite du couronnement s'accomplit. Par une attention délicate pour la population parisienne, le service de l'ordre avait été confié à la garde nationale seule. Sur les bancs prirent place, à gauche les députés, à droite les pairs de France, mais ceux-ci en petit nombre, car ils étaient diminués de tous les démissionnaires, puis de tous ceux qui, ayant été nommés sous Charles X, venaient d'être frappés d'exclusion. Sur ceux même qui étaient présents pesait une ombre soucieuse ; car ils avaient entendu l'avant-veille les clameurs populaires monter contre eux ; et ils sentaient que la même opinion publique qui tolérait encore la monarchie ne supporterait plus une autre hérédité. Beaucoup de monde dans les tribunes, mais point de diplomates : c'est que l'Europe n'a point encore reconnu le nouveau gouvernement. Aux murs s'étalent de grands drapeaux tricolores, mais on remarque que les tentures fleurdelisées ont disparu. Sur l'estrade un trône a été dressé ; un peu au-dessous, un siège modeste a été préparé où le prince demeurera assis jusqu'à ce que la Chambre lui ait offert le titre de roi et jusqu'à ce que lui-même ait prêté serment à la Charte renouvelée. Ainsi s'affirme le dessein des députés, attentifs à répudier cette quasi légitimité rêvée par Broglie, et à créer de toutes pièces une royauté qui tiendra d'eux seuls son titre originel. Tout le programme de la séance se déroule suivant cette pensée. A deux heures, le prince entre dans la salle, accompagné de la duchesse, de ses deux fils aînés, de ses filles. Le président de la Chambre des députés lit la déclaration votée l'avant-veille, et le président de la Chambre des pairs fait connaître, à son tour, l'acte d'adhésion de ses collègues. Après un bref discours, le roi — le roi Louis-Philippe, car on peut désormais l'appeler de ce nom qu'il a adopté — jure la formule du serment, accepte le titre de roi des Français. Alors seulement il prend place sur le trône. La Chambre venait d'accomplir à sa manière et en l'accommodant à sa propre taille, le cérémonial qui, depuis quatorze siècles, se déroulait dans la cathédrale de Reims.

 

V

Louis-Philippe était roi, mais combien n'était pas fragile ce trône qu'on venait de relever Quand le prince revint au Palais-Royal, il put se convaincre que, si l'onction parlementaire avait réussi à lui conférer le suprême pouvoir, il devrait par ses propres moyens conquérir le respect.

Son premier ministère constitué le 11 août, est, à part le garde des Sceaux, Dupont de l'Eure, composé d'hommes d'ordre : Molé aux Affaires étrangères, Guizot à l'Intérieur, le baron Louis aux Finances, le duc de Broglie à l'Instruction publique. Mais plus que jamais le Palais-Royal semble propriété commune. Tout le monde y entre à son gré. Et d'abord les députés. Deux ou trois grands banquets fêtent l'avènement ; il semble que s'y assoit qui veut. Toutes les mains se tendent vers le prince qui les serre avec la même effusion banale et sourit à toutes les extravagances. S'il se hasarde dans la rue comme il en a pris depuis longtemps la coutume, on l'entoure, on l'enveloppe avec cette griserie impérieuse des foules qui tout ensemble acclament, menacent, risquent d'étouffer. Je parle au roi comme à mon égal ; tel est le langage de tout bon garde national. Le défilé des députations continue. Tous les polytechniciens qui ont combattu durant les trois journées deviennent incontinent lieutenants : des croix de la Légion d'honneur sont attribuées à l'École de droit, à l'École de médecine : de là des fêtes, des congratulations et, avec le prince lui-même, des colloques d'une familiarité infinie. On assiste à des résurrections inattendues : un jour surviennent quelques vieillards, naturellement en quête de récompense, et qu'on appelle les vainqueurs de la Bastille. Les vieux amis de la Maison d'Orléans ont rêvé une étiquette relâchée, mais pas à ce point, et se prennent à regretter presque les belles révérences de l'ancienne cour. Cependant toute une multitude se précipite à la curée des places, et les antichambres se remplissent de solliciteurs plus que jamais elles ne se remplirent de courtisans. Est dénoncé carliste quiconque occupe un poste convoité. Et toute cette Boule a ses protecteurs : tels les candidats magistrats qui évoluent sous l'œil paternel du garde des Sceaux Dupont de l'Eure. Ce qui enhardit, ce sont les caresses, les coquetteries du roi pour ceux qu'il craint. Cependant en ses heures rares de solitude il peut méditer, non sans quelque mélancolie, sur les leçons dont on a nourri sa jeunesse. Ne lui a-t-on pas appris dans Bossuet, dans Racine, dans Massillon, que la flatterie était le grand fléau corrupteur des rois ? La flatterie n'a-t-elle pas changé de côté ? Une caricature du temps montre Louis-Philippe abordant, la tête découverte, le tout-puissant La Fayette qui a gardé son chapeau ; et La Fayette de dire à son prince avec une courtoise condescendance : Sire, je vous en prie, couvrez-vous.

 

VI

Louis-Philippe a beau se prêter à toutes les fantaisies de son peuple. Il y a des heures où l'intérêt supérieur de ce peuple l'arrache aux bruits de la place publique. Quelles répercussions auront au dehors les événements de Juillet ? C'est ce que le prince s'applique à deviner d'après les dépêches qui arrivent de l'étranger.

Lei premier courrier qui est déposé sur son bureau est celui de Londres. Là-bas, nous n'avons pas d'ambassadeur — car le duc de Laval est en congé et ne reparaîtra pas — mais un simple chargé d'affaires, M. de Vaudreuil. M. de Vaudreuil, avec un désir visible de mander les nouvelles qui plaisent, insiste sur les sentiments de la nation britannique, indignée des Ordonnances de Juillet, et portée par un irrésistible mouvement de sympathie vers le nouveau gouvernement. Le roi est trop perspicace pour ne pas mettre au point ces informations optimistes. Il craint l'hostilité de l'aristocratie anglaise ; il redoute un certain mauvais vouloir de la part des ministres tories, Wellington, lord Aberdeen. Cependant un examen plus mûr tempère ses appréhensions. Sous Louis XVIII, sous Charles X, une perpétuelle contrariété de vues a séparé le cabinet de Pâris de celui de Londres. L'opposition s'est manifestée en 1823 dans les affaires d'Espagne, tout récemment et avec beaucoup plus de vivacité à propos de l'Algérie. Sans doute, au Foreign office, on constatera avec une secrète joie la fin d'une politique intimement liée à la Russie, négligente, jusqu'à la hauteur, de l'amitié anglaise. Ainsi pense Louis-Philippe. Il juge que l'Angleterre, loin d'être une adversaire, peut devenir une alliée ; et sans trop d'inquiétude il classe les dépêches venues de l'autre côté du détroit.

Voici, un peu plus tard, les informations venues de Vienne, les informations venues de Berlin.

A Vienne, la cour et toute la noblesse attachée à la cour éclatent en indignation, tant émeut l'incroyable scandale du trône renversé ! Plus contenu est le prince de Metternich, mais sans qu'il y ait lieu de se rassurer tout à fait. Incontinent il se rapproche de la Russie. Chez lui nulle pensée, nul désir surtout d'intervention active. Mais la France redevient la grande suspecte, celle qu'enserrera la ligue, subitement reformée, des puissances continentales.

A Berlin, on peut observer à la fois plus d'inquiétude et moins de colère. A quelles inspirations obéira la France ? Si les influences turbulentes, mal contenues, réussissent à y prédominer, une poussée de propagande révolutionnaire ne suggérera-t-elle pas quelque entreprise sur le Rhin ? A cette pensée, le roi Frédéric-Guillaume, prince pacifique et assagi par les années, se sent pénétré d'anxiété. En revanche si l'appréhension de la guerre fait passer un frisson d'angoisse, on échappe à Berlin à cette impression de stupeur effarée qui trouble la société viennoise au point de lui ravir son sang-froid. Parvenue et traitée en parvenue par l'Autriche, accueillie avec une nuance un peu dédaigneuse dans l'association des grands États, la Prusse ne saurait s'indigner contre cette autre parvenue qu'est la nouvelle monarchie : de là une attente défiante, nais exempte de cette morgue altière qui, dans les cercles de Vienne, tiendra longtemps à distance le gouvernement français.

Le courrier le plus lent à arriver est celui de Saint-Pétersbourg. On prévoit un accès de mauvaise humeur, tant la politique de Charles X a lié partie avec celle de la Russie et tant le tsar lui-même s'est toujours proclamé le champion de la légitimité ! La réalité devait dépasser toute attente. Notre ambassadeur, le duc de Mortemart, était remplacé par un chargé d'affaires, le baron de Bourgoing. A la première nouvelle des événements parisiens, Nicolas l'avait mandé au palais et, après avoir déploré les mesures fatales de Charles X, avait manifesté les plus vives inquiétudes[2]. Quand il sut, à quelques jours de là, que la révolution était consommée, son indignation ne connut plus de bornes. Le 17 août, à une heure avancée de la soirée, il appela de nouveau notre chargé d'affaires : Je veux, lui dit-il, la légitimité avant tout. Il ajouta avec véhémence et en frappant sur la table : C'est un principe dont je ne me départirai jamais. — Votre Majesté, observa M. de Bourgoing, veut donc mettre le feu à l'Europe. Et l'empereur de répondre : On ne transige jamais avec ses principes. Comme, après cette première explosion, le prince semblait s'adoucir, M. de Bourgoing entreprit de dépeindre l'état de la France. Le roi, dit-il, n'a fait qu'obéir à la nécessité. Contre la violence et les conspirations républicaines, la royauté du duc d'Orléans était la seule ressource. Le principe de la légitimité, ajouta-t-il, est lui-même subordonné au temps, aux lieux, aux circonstances. Et partant de là, le diplomate français osa rappeler que l'empereur Alexandre, en 1814, avait entendu respecter l'entière liberté des décisions de la France. Nous ne vous ferons pas la guerre, interrompit le tsar se modérant de plus en plus ; mais si nous vous reconnaissons, ce ne sera qu'après nous être concertés avec nos alliés. Bourgoing s'enhardissait peu à peu : Ne craignez-vous pas l'influence de l'opinion française en Europe ? L'observation raviva la mauvaise humeur du souverain : Comment voulez-vous, répliqua-t-il dédaigneusement, qu'à huit cents lieues de distance, nous redoutions votre guerre de plume ? Rebuté de ce côté, notre envoyé saisit un autre argument : Si la France, dit-il, se voit abandonnée, elle resserrera ses liens avec l'Angleterre. La considération était de nature à piquer au vif Nicolas ; car l'un des principaux soucis de la politique russe était de tenir le cabinet de Paris séparé de celui de Londres : Défiez-vous, dit-il, des cajoleries de l'Angleterre, elle se réjouit de vous voir entrer dans une fausse route. Et, quelques instants plus tard, il ajouta : Ne craignez-vous pas que les Anglais ne profitent de vos troubles pour attaquer Alger et couper vos communications avec l'Algérie ?Nous ne nous jetterons dans l'alliance anglaise, observa M. de Bourgoing, que si nos alliés naturels nous abandonnent. Le tsar parut touché de cette allusion à l'amitié russe : Bien que je sois très mécontent de ce qui s'est passé, je répète que je ne vous ferai pas la guerre ; je n'agirai pas seul ; je me concerterai avec mes alliés. A la fin de l'entretien, l'empereur s'adoucit à tel point qu'il embrassa M. de Bourgoing. En dépit de cette démonstration, l'envoyé français, en achevant la dépêche où il relatait l'entretien, recommandait la prudence, une extrême prudence : Surtout, disait-il, qu'on ne parle pas de la Belgique ; qu'on ne parle pas des bords du Rhin[3].

Rapports de Londres, de Vienne, de Berlin, de Saint-Pétersbourg, le roi, avant la fin d'août les possède tous. Il ne les a pas attendus — au moins ceux de Saint-Pétersbourg — pour multiplier à travers l'Europe les déclarations rassurantes. Une sagesse très avisée guide le choix de ses messagers. Les grands seigneurs lui échappent, liés qu'ils sont presque tous à la branche aînée. Les hommes du nouveau régime — fussent-ils sensés et habiles — gâteraient tout. Le prince désigne, pour interprètes de ses pensées, des militaires, très avancés dans sa familiarité, et, à défaut d'illustre naissance, se recommandant par leur grade. Dans cet esprit il expédie à Londres le général Baudrand, à Vienne le général Belliard, à Saint-Pétersbourg le général Athalin, à Berlin le général comte de Lobau.

Il les charge de lettres autographes à l'adresse des souverains. Pour les écrire, il s'est interrompu de recevoir les députations, d'écouter ou de chanter la Marseillaise, de célébrer l'héroïsme du peuple de Paris. Et jamais deux rôles n'ont été poursuivis simultanément avec un plus imperturbable sang-froid. Toutes portes fermées, extrême déclamation devient l'extrême prudence ; et tout ce qui était sujet de congratulation devient réserve, regret, presque matière à excuse ou à repentir : Je gémis des malheurs de la branche aînée de ma famille, écrit le nouveau souverain au Tsar Nicolas. Ma seule ambition aurait été de les prévenir et de rester dans le rang où la Providence m'avait placé ; mais les circonstances étaient impérieuses ; j'ai dû me dévouer. La moindre hésitation de ma part pouvait plonger le royaume dans des désordres dont on ne pouvait prévoir le terme. Et la lettre s'achève en des assurances réitérées que rien ne sera négligé pour le maintien de la paix[4]. Ainsi s'exprime Louis-Philippe, de bonne foi au balcon du Palais-Royal, de bonne foi aussi dans la solitude silencieuse où il trace ses dépêches intimes. C'est qu'il puise dans ses contacts de jeunesse, dans les souvenirs de sa vie errante, dans ses petits déplaisirs — vrais ou imaginés — de prince de branche cadette, assez de complaisance révolutionnaire pour participer à la griserie des événements récents. D'un autre côté, il est homme de sagesse, ennemi de toute politique violente, dominé comme ses aînés — et en cela il leur ressemble — par le sens supérieur de l'intérêt national, et c'est pourquoi sa plume très maîtresse d'elle-même, s'applique à tempérer les écarts de parole, y compris les siens propres, qui pourraient scandaliser à l'étranger ou fournir matière aux rapports défavorables de la diplomatie.

Qu'aucune complication ne surgisse : alors le temps, les réflexions, la sagesse du roi des Français désarmeront les soupçons et remettront toutes choses de niveau. Combien autres seront les conjonctures, si quelque incident de politique extérieure, surgissant comme à point nommé, réveille ce qui sommeille toujours de questions irritantes dans les cartons des chancelleries ! Combien le danger ne sera-t-il pas plus grave si cette complication se produit comme suite au moins apparente de la révolution de Juillet, en sorte qu'elle en semble la contrefaçon et la conséquence. Que les troubles éclatent presque sur notre frontière, et alors notre rôle sera plus malaisé encore, parce que nous paraîtrons trahir nos propres intérêts si nous nous fixons dans l'indifférence, et dévoiler des intentions de conquête si nous intervenons. Que sera-ce si les questions pendantes, en touchant aux traités de 1815, suscitent une double tentation : en France celle de secouer ces traités : à l'étranger celle de les resserrer contre nous. Or, successivement trois foyers s'allumèrent : dans les provinces belges, en Pologne, en Italie.

 

 

 



[1] Moniteur du 4 février 1840.

[2] Dépêche du baron de Bourgoing, 8 août. (Aff. étr. Russie, vol. 180, f° 298.)

[3] Affaires étrangères, Russie, vol. 180, f° 285 à 297.

[4] Affaires étrangères, Russie, vol. 180, f° 279. Une lettre à peu près pareille fut adressée à l'empereur d'Autriche. (METTERNICH, Mémoires, t. V, p. 27-40 et suivantes).