HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION DE 1848

TOME PREMIER

 

CHAPITRE XVIII.

 

 

Suites de la journée du 16 avril. — Mouvements désordonnés qui ont lieu à Paris. — Panique générale organisée par les réactionnaires. — Hourra des gardes nationaux contre les communistes. — Arrestations arbitraires. — Proclamation du gouvernement provisoire pour calmer les esprits. — Mot d'ordre donné aux réactionnaires pour la rentrée des troupes de ligne à Paris. — Le gouvernement provisoire décrète une fêle pour la remise des drapeaux. — Décrets rendus en faveur du peuple. — Question relative au cumul. — Fête nationale de la fraternité. — Détails de cette fête. — Remise des drapeaux à l'armée et à la garde nationale. — Les intrigants et les réactionnaires le serrant autour du scrutin électoral. — Résultat général des élections. — Tableau des représentants du peuple élus en 1848.

 

Comme on devait s'y attendre, la déplorable journée du 16 avril, qui avait si fortement compromis la République naissante, eut ses suites naturelles.

Dans les départements, elle encouragea la réaction. L'audace des contre-révolutionnaires ne connut plus de bornes : ils rayèrent des listes électorales tous les vrais républicains, et affichèrent la singulière prétention de vouloir créer une République à leur image, c'est-à-dire une République qui aurait continué la royauté, en ne changeant rien de ce qui existait sous la monarchie, et en conservant tous les abus dont vivaient les âmes damnées du système renversé en février : les contre-révolutionnaires voulaient encore une République sans républicains ; et, pour atteindre ce but, ils se servirent habilement de la calomnie, dans les campagnes surtout, trompèrent perfidement la bonne foi des hommes peu éclairés, en peignant les républicains comme des pillards, comme des monstres avides de sang, et comme voulant abolir la famille et la propriété : les cris de fureur poussés à Paris par les réactionnaires contre les communistes retentirent dans les départements les plus éloignés de la capitale, et y on inventa, pour les républicains en général, le mot de partageux, tandis qu'à Paris on les classait en catégories de rouges et de bleus.

On comprend que des élections faites au milieu de circonstances si défavorables pour la République et pour les républicains, durent être faussées : c'était le but que voulaient atteindre tous les contre-révolutionnaires ; et leurs espérances furent dépassées dans les départements encore soumis à l'influence des prêtres et de l'aristocratie.

A Paris, les réactionnaires, craignant sans doute que les grossiers mensonges répandus dans les campagnes n'eussent pas le même succès au milieu d'une population généralement plus éclairée, se servirent d'un autre moyen. Sous prétexte de maintenir l'ordre, les anciens gardes nationaux se montrèrent en uniforme et en armes dans la rue, et se formèrent d'eux-mêmes[1] en postes de surveillance, en patrouilles et en provocateurs : les gardes nationaux, occupant en outre tous les points indiqués pour leurs réunions ordinaires, ne cessèrent de pousser des cris contre les communistes ; ils arrêtaient même les citoyens qui leur paraissaient appartenir à cette secte. La maison du citoyen Sobrier fut sérieusement menacée dans la journée du lundi.

Le mal devint bien plus grave le lendemain. La réaction, qui profitait de tous les mouvements désordonnés pour jeter l'alarme parmi la population, organisa une panique générale pour le mardi. A cet effet, elle fit circuler, dès le matin, les bruits les plus effrayants et les plus absurdes : on disait que les communistes mettaient à feu et à sang le faubourg Saint-Antoine ; que bien des postes de la garde nationale avaient été attaqués, égorgés, incendiés ; on citait principalement tels et tels postes[2], et enfin on assurait que le gouvernement provisoire était assiégé à l'Hôtel-de-Ville. Sous l'impulsion de celte véritable panique, les gardes nationaux couraient les rues, le fusil à la main : le rappel battit encore ; les légions furent sur pied et elles marchèrent, croyant aller à une lutte certaine.

Cependant la tranquillité de Paris n'avait été troublée que par les mouvements désordonnés que provoquait la réaction. Les communistes, objet fort innocent de tout cet effroi, ne s'étaient montrés nulle part ; personne n'avait vu ces hommes dont on se servait comme d'un épouvantail ; le faubourg Saint-Antoine n'était point en insurrection, et eût été aussi calme qu'à l'ordinaire, sans les menées des agitateurs, qui effrayaient la population ; enfin aucun poste n'avait été attaqué. Lorsque le général Courtais passa en revue la '1rD légion sur la place Vendôme, il se vit dans la nécessité de refréner le zèle des gardes nationaux : on avait outrepassé ses prescriptions par un empressement plus propre à troubler l'ordre qu'à le faire régner.

Il est temps qu'on en finisse avec ces faux bruits, s'écriait un journal indigné ; il est temps qu'on mette un terme à toutes ces vaines alarmes. Paris n'est pas un camp, et les citoyens ne doivent pas rester plus longtemps exposés aux accusations, à la brutalité du premier venu. Nous espérons que le gouvernement procédera à une enquête, et que nous saurons à quoi nous en tenir et à qui nous devons imputer ces perturbations de tous les jours.

Le gouvernement n'ordonna point l'enquête que demandaient les républicains ; mais il publia une proclamation pour rappeler la population à la concorde.

Au nom du grand principe de fraternité si glorieusement proclamé par la République, au nom de la liberté à garantir, au nom de l'ordre à établir dans la liberté, le gouvernement provisoire qui veille à votre sécurité, portait cette proclamation, vous invite, citoyens, à la concorde...

Convaincu que les droits de la conscience humaine sont sacrés et inviolables ; qu'entre vrais républicains il ne saurait exister d'autre lutte que la discussion bienveillante et libre ; que l'union des esprits est bien près de s'accomplir quand elle a été préparée par l'union des cœurs ; que les ennemis de la République peuvent seuls être intéressés à répandre la défiance, à encourager aux dissentiments par des dénominations vde partis qui bientôt se traduisent en cris hostiles aux personnes ; le gouvernement provisoire déclare désapprouver de la manière la plus formelle tous cris provocateurs, tout appel à la division des citoyens, toute atteinte portée à l'indépendance des opinions pacifiques.

 

Il était difficile d'être plus précis que le gouvernement provisoire le fut dans ces circonstances menaçantes pour la tranquillité publique ; mais les réactionnaires ne tinrent aucun compte de sa proclamation.

C'est qu'il y avait au fond de leurs menées turbulentes une intrigue qu'ils voulaient faire aboutir. Quelque apparence de force qu'ils eussent puisée dans la prise d'armes de la garde nationale du dimanche, ils savaient bien que si cette masse d'hommes en armes venait à se décomposer naturellement, le peuple se montrerait toujours plus nombreux et plus redoutable que l'aristocratie et ceux qui se rangeaient à ses opinions royalistes. Mais les habiles du parti ne doutaient pas que si des troupes de ligne venaient à Paris, elles ne se rangeassent du côté des vaincus de Février.

Dans cette conviction, le mot d'ordre fut donc donné aux réactionnaires, qui demandèrent formellement la rentrée des troupes cantonnées dans les environs, comme le seul moyen, disaient-ils, de rétablir et faire régner l'ordre dans la capitale. Ils s'adressèrent pour cela au général Changarnier, complètement dans leurs intérêts. Ce général transmit au gouvernement provisoire le vœu de la garde nationale, et le gouvernement donna l'ordre de laisser entrer dans Paris les troupes de ligne, dont quelques clubs avaient jusqu'alors repoussé l'introduction, non pas, comme le disaient les réactionnaires, en haine des soldats français, qui sont aussi les hommes du peuple, mais afin de les soustraire à l'influence pernicieuse de ceux qui se proposaient d'exploiter leur prétendue défaite, leur insulte de février. Ces clubs savaient très-bien que les chefs de corps, et même les officiers, la plupart royalistes, se montraient de fort mauvaise humeur contre le peuple de Paris ; les républicains auraient donc voulu laisser aux militaires le temps d'apprécier la révolution et les bienfaits qu'elle devait répandre sur l'armée : ils ne pouvaient pas comprendre d'ailleurs comment une ville gardée par cent cinquante mille hommes en armes pouvait avoir besoin, pour le maintien de l'ordre, de quelques régiments, alors si nécessaires sur les frontières de la République.

Le gouvernement avait donc fait cette concession, non pas seulement aux réactionnaires, mais à bien des patriotes, qui pensaient, comme l'avait dit Ledru-Rollin, que l'armée française ne devait pas être mise en état de suspicion.

Mais ne voulant pas que la rentrée des troupes pût devenir l'objet de la moindre manifestation partielle quelconque, le gouvernement provisoire eut l'heureuse pensée d'annoncer que ce jour-là serait consacré à une grande fête nationale destinée à réunir tous les citoyens et l'armée en un seul faisceau ; et la célébration de cette grande fête fut fixée au 20 avril.

Voulant en même temps donner au peuple une preuve de sa sollicitude, le gouvernement provisoire publia plusieurs décrets qui auraient produit le plus grand bien, si les réactionnaires eussent permis leur complète exécution.

Considérant, y était-il dit, que la subsistance du peuple doit être une des premières préoccupations de la République ; qu'il importe surtout de diminuer le prix des objets d'alimentation qui peuvent ajouter aux forces physiques des travailleurs ; décrète :

ART. 1er. — A Paris, les droits d'octroi sur la viande de boucherie sont supprimés[3].

ART. 2. — Ces droits seront remplacés :

Par une taxe spéciale et progressive sur les propriétaires et sur les locataires occupant un loyer de 800 fr. et au-dessus ;

Par un impôt somptuaire établi sur les voitures de luxe, les chiens, et sur les domestiques mâles, quand il y aura plus d'un domestique mâle attaché à une famille.

ART. 3. — Le ministre des finances est autorisé à appliquer les mêmes mesures, dans le plus bref délai, aux villes des départements...

— Considérant que l'octroi établi sur les boissons pèse d'une manière inique sur les diverses qualités de vins, portait un autre décret ; que cet impôt frappe la boisson ordinaire des travailleurs de 1 00 p. 1 00 de la valeur primitive, tandis que les vins de luxe ne payent que 5 ou 10 p. 100 de leur prix vénal ; que cette inégalité choquante provoque des fraudes nuisibles à la santé des travailleurs ; décrète :

Le ministre des finances et le maire de Paris présenteront, dans le plus bref délai, un règlement qui modifiera le droit d'octroi sur les vins ; ce règlement sera basé sur le principe d'égalité proportionnelle proclamé plus haut, et il aura pour objet de mettre à la portée des travailleurs une boisson saine et fortifiante, et de punir des peines les plus sévères toutes fraudes qui en dénatureraient la qualité.

 

Le gouvernement provisoire, après s'être ainsi occupé utilement des classes ouvrières, chargea une Commission, présidée par l'un de ses membres, le citoyen Flocon, de présenter un rapport sur les questions relatives au cumul.

En même temps il prescrivit, pour être soumis à la prochaine Assemblée nationale, un bilan général de l'actif et du passif formant le point de départ financier de la République française à la date du 24 février.

Enfin, il décida que le décret du 4 juillet 1793, portant que les enfants trouvés prendraient le nom enfants de la patrie, serait remis en vigueur, et que l'ancienne inscription placée au-dessus de la porte de l'hospice serait rétablie[4].

Il était facile de s'apercevoir, par ces décrets et plusieurs autres empreints de l'esprit révolutionnaire, que le gouvernement provisoire voulait utiliser les moments qui lui restaient, et faire oublier aux républicains les fautes qu'il avait commises récemment. L'accueil que le peuple fit, à la fête nationale du 20 avril, aux membres de ce gouvernement, lui prouva que les travailleurs n'étaient point des ingrats.

Cette grande fête, dédiée à la fraternité, avait un double but : la rentrée de la troupe de ligne dans la capitale et la remise des nouveaux drapeaux de la République à tous les corps présents ou représentés par leurs délégués, et l'union de tous les citoyens dans un même esprit, autour de la République.

Ce matin, dès cinq heures et demie, raconte le journal républicain auquel nous empruntons une partie de cette relation bien incomplète, le tambour a éveillé les habitants de Paris. Cette fois, ses roulements n'étaient plus un signal d'alarme, mais un appel à la fraternité du peuple et de l'armée. À sept heures, les légions et les régiments s'ébranlaient, sous une pluie battante, et se dirigeaient vers les points qui leur avaient été désignés. Les airs nationaux retentissaient dans toutes les rues. Une masse imposante d'hommes, hérissée d'une forêt de baïonnettes, s'est échelonnée sur les boulevards, depuis la place de la Bastille jusqu'à celle de la Révolution, et ces immenses colonnes s'étendaient sur les Champs-Elysées, au delà de l'Arc de triomphe, presque jusqu'à Neuilly. Quatre cent mille hommes avaient répondu à cette convocation fraternelle. Le peuple de Paris, l'armée s'étaient réunis pour recevoir leurs drapeaux des mains des membres du gouvernement provisoire, et sceller, par une solennelle fédération, l'éternelle durée de la République. Les bataillons de la garde mobile et les détachements de l'armée étaient intercalés entre chaque légion ou bataillon de la garde sédentaire.

Vers dix heures et demie, les membres du gouvernement provisoire sont arrivés à l'Arc de triomphe de l'Etoile, où l'on avait dressé un amphithéâtre qui se prolongeait jusque sous la voûte du monument. Sous cette voûte se trouvait un autre amphithéâtre, occupé seulement par des dames invitées à la solennité ; des deux côtés de la voûte, régnaient des gradins où étaient placés, avec les personnes munies de billets, les orphéonistes, à droite, et à gauche, les musiques des régiments de ligne et des carabiniers.

En avant, on apercevait un hémicycle assez étroit, entouré de drapeaux destinés à la garde nationale et à l'armée, et sur lequel devaient prendre place les membres du gouvernement provisoire. Cet hémicycle était surmonté, de chaque côté, de piédestaux où se trouvaient placés les emblèmes de la République. De longues banderoles tricolores flottaient dans l'espace : les inscriptions suivantes étaient écrites sur chacune d'elles :

22, 23, 24, 25 FÉVRIER 1848.

Les membres du gouvernement provisoire occupèrent immédiatement les sièges qui leur étaient destinés.

Le citoyen Dupont (de l'Eure) au centre. Il avait à sa droite : les citoyens Lamartine, Ledru-Rollin et Albert ; à sa gauche : les citoyens Arago, Crémieux, A. Marrast, Marie, Flocon, Garnier-Pagès et Louis Blanc.

Les ministres à portefeuille et les sous-secrétaires d'Etat étaient derrière, et plus haut, le Conseil d'Etat, ayant à sa tête le citoyen Cormenin ; les députations de la Cour de cassation, le premier président Portalis, en tête de la Cour des comptes, déjà Cour ; d'appel et des tribunaux ; des officiers généraux des armées de terre et de mer ; des fonctionnaires administratifs, des ponts, et chaussées, du Conseil de l'instruction publique, etc., etc.

Une salve de vingt-un coups de canon salua leur arrivée.

Quoiqu'il eût plu toute la matinée, la masse des curieux était compacte et le nombre des gardes nationaux immense. Cette fois on ne criait plus : A bas les communistes ! comme le jour où la noble et courageuse population de Paris avait été le jouet des menées réactionnaires ; on se contentait de manifester hautement ses sympathies pour le régime nouveau que nous avons proclamé à l'Hôtel-de-Ville.

La garde nationale criait : Vive la ligne ! vive le peuple ! l'armée criait : Vive la garde nationale ! vive le peuple ! et tous, d'un commun accord, faisaient avec enthousiasme retentir les airs du cri de vive la République.

Il y avait, cette fois, union dans tous les rangs, et la fraternité républicaine régnait dans tous les cœurs. Les adversaires de la démocratie, les partisans de la régence, les restaurateurs du passé, les réactionnaires en un mot, s'étaient sentis déplacés au milieu de cette grande démonstration, et ils restèrent cachés.

Lorsque les membres du gouvernement provisoire eurent pris leurs places dans l'hémicycle, le citoyen Dupont (de l'Eure) s'est levé, et, s'adressant aux colonels de la garde nationale et de l'armée, il prononça, au milieu d'un religieux silence, le discours suivant :

Le gouvernement provisoire va confier ces drapeaux à votre honneur, à l'honneur des citoyens et des soldats que vous commandez.

Que ces couleurs républicaines, dont l'histoire consacre les glorieux souvenirs, rappellent partout à vos yeux l'image vivante de la France libre et régénérée !

Que vos cœurs se pénètrent de la sainte devise de la République, devenue désormais l'immortelle foi delà patrie !

Si cette patrie avait besoin de vos bras, que ce drapeau serve de guide à votre courage !

Qu'il soit, au sein de la paix, un symbole de discipline et d'ordre, un signe de ralliement pour la défense de ces grands principes que la Révolution a proclamés, que la République vivifiera !

Citoyens soldats, soldats citoyens, tous enfants du peuple, également chers au peuple, portez avec orgueil cet emblème de la force et de la grandeur du peuple armé !

Il est pour la République un gage d'union et de puissance, pour tous les peuples libres une garantie d'alliance et d'amitié, pour les peuples opprimés encore une espérance d'affranchissement.

 

Puis le vénérable Dupont (de l'Eure), prenant d'une main ferme un drapeau aux couleurs nationales, le présente en disant :

Colonels, au nom de la République,

Nous prenons à témoin Dieu et les hommes, que vous avez juré fidélité à ce drapeau !

 

A ces mots, les colonels ont répondu, en agitant leurs épées dans les airs :

Nous le jurons ! vive la République !

Et des milliers de voix ont répété à l'unisson : Vive la République !

 

Aussitôt après ce discours, accueilli avec un enthousiasme inexprimable, la remise des drapeaux fut régulièrement faite, et voici dans quel ordre.

Au moment où les légions, les détachements et les bataillons arrivaient successivement devant l'Arc de Triomphe, le colonel ou le chef de bataillon montait sur l'estrade ; il recevait de l'un des membres du gouvernement provisoire le drapeau qui lui était destiné ; ce drapeau était ensuite remis au porte-drapeau, et le défilé s'opérait aux cris mille fois répété de vive la République ! vive le gouvernement provisoire ![5]

Pendant tout le temps que dura cette fête patriotique, la garde nationale sédentaire et mobile fraternisa avec l'armée, et ne cessa point de donner à ses représentants des marques de la plus vive sympathie. Vive la ligne ! vive la garde nationale ! vive le peuple ! vive la République ! tels étaient les cris qui retentissaient à chaque instant de la barrière de l'Etoile à la Bastille, de la place de la Révolution au Pont-Neuf, répétés par quatre cent mille hommes, qui furent, en ce moment, l'écho de la grande capitale.

 

Il faut remonter aux fastes historiques de notre première Révolution, aux fêtes populaires de 1793 et 1794 pour trouver une journée aussi belle que celle du 20 avril, aussi digne de figurer dans les pages de notre histoire.

Rien ne manqua à ce magnifique spectacle que les rayons du soleil : presque toutes les légions de la garde nationale avaient couronné leurs fusils de branches de lilas ; les baïonnettes de la 6e légion se cachaient sous des rubans tricolores, et ces mêmes armes qui, aux journées de février, avaient porté la terreur dans les rangs des ennemis de la liberté, portaient en ce jour mémorable les symboles de la paix et de la fraternité.

Au moment où Paris s'illuminait à jour, le défilé n'était pas encore terminé.

Cette fête se montra, en effet, ce.que le gouvernement provisoire avait voulu qu'elle fût : la fête de la fraternité, de ce principe vivifiant et fécond sans lequel la liberté et l'égalité seraient des chimères.

Qui n'aurait pas cru voir s'ouvrir la carrière des grandes réformes politiques et sociales que le peuple attendait de sa République !

Mais pendant que le peuple donnait ainsi un nouveau baptême à la République naissante, les intrigants de tous les régimes et de toutes les couleurs se serraient autour de l'urne électorale, sachant bien que si les élections leur étaient favorables, ils seraient pour longtemps les maîtres de la position. Vainement le ministre de l'intérieur et les clubs patriotiques avaient-ils voulu ouvrir les portes de l'Assemblée nationale à des hommes nouveaux : tout le personnel de l'ancien gouvernement monarchique se présenta en masse[6]. Il était évident que les élections ne seraient, dans bien des départements, qu'un assaut contre la République.

 

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TABLEAU DES REPRÉSENTANTS DU PEUPLE

ENVOYÉS À L'ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUANTE, PAR TOUS LES DÉPARTEMENTS DE LA FRANCE ET PAR SES COLONIES, À LA SESSION DE 1848.

 

Ce tableau est conforme, non-seulement aux premières élections du mois d'avril 1848, mais encore aux deux élections complémentaires qui eurent lieu quelque temps après. Il présente la liste définitive de tous les élus siégeant au 10 décembre.

AIN.

MM. Maissiat. — Regembal. — Francisque Bouvet. — Quinet. — Bodin. — Bochard. — Tendret. — Guigne de Champvans. — Charassin.

AISNE.

MM. Lherbette. — Quinette. — Baudelot. — Barrot (Odilon). — Nachet. — Vivien. — Théoph. Dufour. — De Taillancourt. — Maxime Lemaire. — Plocq. — Quentin Bauchard. — Desabes. — Jules Leproux. — Debrotonne.

ALLIER.

MM. De Courtais. — Tourret. — Bureaux de Pusy. — Terrier. — Félix Mathé. — Laussedat. — Madet. — Fargin Fayolle.

ALPES (BASSES-).

MM. Laidet. — Duchaffault. — Auguste Chaix. — Fourtoul.

ALPBS (HAUTES-).

MM. Allier. — Bellegarde. — Faure.

ABDÈCHE.

MM. Valadier aîné. — Champanhet. — D'Autheville (le colonel). — Chazalon. — Laurent. — Royol. — Rouveure. — Sibour. — Mathieu.

ARDENNES.

MM. Talon. — Blanchard. — Payer. — Mortimer-Ternaux. — Toupet-Desvignes. — Drappier. — Tranchard. — Léon Robert.

ARIÈGE

MM. Anglade. — Durrieu (Xavier). — Arnaud. — Darnaud. — Galy-Cazalat. — Th. Vignes. — Casse.

AUBE.

MM. Lignier. — Auguste Millard. — Gayot. — Blavoyer. — Delaporte. — Stourm. — Gerdy.

AUDE.

MM. A. Barbes. — Sarrans. — Trinchand. — Raynal. — Ed. Joly. — Solié-Marc. — Anduze-Faris.

AVEYRON.

MM. Grandet. — Vezin. — Abbat. — Affre. — Pradié. — D'Albis de Salze. — Dubruel. — Vernhette. — Médal. — Rodât.

BOUCHES-DU-RHÔNE.

MM. Barthélémy. — Démosthènes Olivier. — Berryer. — Astouin. — Laboulie. — Pascal. — Poujoulat. — Louis Reybaud. — Alex. Rey. — Sauvaire. — Barthélémy.

CALVADOS.

MM. Deslongrais. — Bellencontre. — Lebarrillier. — Auguste Marie. — Désolais. — Person. — Demorteux. — Douesnel. — Besnard-Hervieux. — Lemonnier. — Thomine-Desmazures. — Durand.

CANTAL.

MM. Delzons. — Félix Parieu. — Murât Sistrières. — Daude. — Teilhard. — Latérisse. — Richard. — Paulin Durieu.

CHARENTE.

MM. Garnier-Laboissière. — Hennessy. — Ernest de Girardin. — Babaud-Larribière. — Pougeard. — Râteau. — Math. Bodet. — Lavallée. — Planât.

CHARENTE-INFÉRIEURE.

MM. Renou de Ballon. — Baroche. — Gaudin. — Dufaure. — Brard. — Target. — Debain. — Audry de Puyraveau. — Dupont (de Bussac). — D'Argenteuil. — Bngeaud. — Regnault de Saint-Jean-d'Angely. — Coutenceau.

CHER.

MM. Bouzique. — Bidault. — Duvergier de Hauranne. — Félix Pyat. — De Vogué. — Duplan. — Poisle. — Desgranges.

CORRÈZE.

MM. Ceyras. — latrade. — Madesclaife. — Bourzat. — Penières. — Favart. — Dubousquet-Laborderie. — Lebraly.

CORSE.

Napoléon Bonaparte. — Conti. — Piétri. — Casablanca. — Pierre-Napoléon Bonaparte. — Louis Blanc.

CÔTE-D'OR.

MM. Monnet. — Maire. — Magnin. — Philippon. — Mauguin, — Ed. Bougueret. — Godard-Poussignol. — James Demontry. — Maréchal. — Perrenet. — Joigneaux.

CÔTES-DU-NORD.

MM. Morhéry. — Peirët. — Félix Carré. — De Tréveneunc. — Glais-Bizoin. — Loyer. — Legorrec. — Tassel. — Dépassé. — Simon. — Ledru. — Marie. Houvenagle. — Michel. — Racinet. — Denis.

CREUSE.

MM. Fayolle. — Guizard. — Leyraud. — Félix Leclerc. — Lassarre. — Sallandrouze. — Desainethorrent.

DORDOGNE.

MM. Dezeimeris. — Dusollier. — Auguste.Dupont. — Lacrouzille. — Taillefer. — Grolhier-Desbrosses. — Savy. — Goubie. — Delbetz. — Ducluzeau. — Chavoix. — Barailler. — Auguste Mie.

DOUBS.

MM. Demesmay. — Convers. — Tanchard. — Mauvais. — Bixio. — Baraguayd'Hilliers. — De Montalembert.

DRÔME.

MM. Bonjean. — Mathieu-. — Bajard. — Sauteyra. — Rey. — Curnier. — Morin. — Belin.

EURE.

MM. Dupont (de l'Eure). — Picard. — Dumont. — Davy. — Sevaistre. — Alcan. — Legendre. — Canel. — Langlois. — De Montreuil. — Demanté.

EURE-ET-LOIR.

MM. Marescal. — Raimbault. — Suber vie. Barthélémy. — Lebreton. — Trousseau. — Isambert.

FINISTÈRE.

MM. Graverand. — V- Rosse. — Découvrant. — L. Lebreton. — Brunel. — Kersauson. — Lacrosse. — Tassel. — Fauveau. — Keranflech. — De Fournas. — Mège. — Rivérieux. — Soubigou. — Leflô.

GARD.

MM. Teulon. — Fayand. — Béchart. — De.Larpy. -Demians. Roux, — Carbonnel. — Reboul. — Labruguière. — Bousquet. — Chapot.

GARONNE (HAUTE-).

MM. Pagès (de l'Ariège). — Joly. — Marrast (Armand). — Arnoult. — Dabeaux. — Calés. — Pégot-Ogier. — Mule. — Malbois. — De Rémusat. — De l'Espinasse. — Azerm.

GERS.

MM. Gavarret. — Alem-Rousseau. — Boubée. — Gounom. — Aylies. ;j David. — Carbonneau. — De Panat.

GIRONDE.

MM. Billaudel. — Richier. — Th. Ducos. — Servières. — Lagarde. — Denjoy. — Simiot. — Hovyn-Tranchère. — Desèze. — Hubert-Délisle. — Am. Larrieu. — Cl. Thomas. — Feuillade-Chauvin. — Mole. — Lubbert.

HÉRAULT.

MM. J. André. — Reboul-Coste. — Charamaule. — Vidal. — Renouvier. — Carion-Nisas. — Bertrand-Toussaint. — Gazelles. — Brives. — Laissac.

ILLE-ET-VILAINE.

MM. Legraverand. — Bertin. — Marion. — Fresneau. — P. Jouin. — De Tredern. — De Kerdrel. — Garnier-Keruault. — Legeard de la Diryais. — Bidard. — Dandigné de la Chasse. — Roux-Lavergne. — P. Rabuan. — Méaulle.

INDRE.

MM. Charlemagne. — H. Bertrand. — Grillon. — Fleury. — Rollinat. — Delavau. — De Barbançois.

INDRE-ET-LOIRE.

MM. Crémieux. — Jullien. — Taschereau. — Luminais. — Gouin. — Fouqueteau. — D'Ornano. — Jullien.

ISÈRE.

MM. Saint-Romme. — Farconnet. — Marion. — Tranchard. — Bertholon. — Crépu. — Froussard. — Alph. Blanc. — Cholat. — Aug. Clément. — Repellin. — Durand-Savoyat. — Ronjat. — Renaud. — Brillier.

JURA.

MM. Grévy. — Cordier. — Chevassu. — Valette. — Tamisier. — Huot. — Gréât. — Jobez.

LANDES.

MM. Bastiat. — V. Lefranc. — Duclerc. — Pascal-Duprat. — François Marrast. — De Dampierre. — Numa Turpin.

LOIR ET CHER.

MM. Ducoux. — Durand (Romorantin). — Normant. — G. Sarrut. — Léon Gérard. — Salvat.

LOIRE.

MM. Alcock. — Baune. — Martin-Bernard. — Callet. — Chavaslieu. — Devilaine. — Jules Favre. — Fourneyron. — Levet. — Point. — Verpilleux.

LOIRE (HAUTE-).

MM. Breymand. — Grellet. — Ed. Lafayelte. — Laurent. — Badon. — Aug. Avond. — Lagrévol. — Le général Rullière.

LOIRE-INFÉRIEURE.

MM. Lanjuinais. — Braheix. — Bedeau. — Billault. — Waldeck-Rousseau. — De Sesmaisons. — F. Favre. — Fournier. — Desmars. — De Granville. — De la Rochette. — Favreau. — Camus de la Guibourgère.

LOIRET.

MM. Roger. — Rondeau. — Martin. — AbaUucci. — Arbey. — Péan. — Michot. — Considérant.

LOT.

MM. Cavaignac (le général). — Lucien Murât. — Rolland. — Cariât. — Ambert. — De Saint-Priest. — Labrousse.

LOT-ET-GARONNE.

MM. P. Vergnes. — Dubruel. — Mispoulet. — Le général Tartas. — Baze. — De Luppé. — le général Radoult-La Fosse. — Boissié. — Bérard.

LOZÈRE.

MM. l'abbé Fayet. — Desmolles. — Comandré. — Renouard.

MAINE-ET-LOIRE.

MM. Guillier de la Touche. — Tessié de la Motte. — Bineau. — Farran. — Dutier. — Le général Oudinot. — Louvet. — David (d'Angers). — Freslon. — Lefrançois. — Jouneaulx. — Cesbron-Lavau. — De Falloux.

MANCHE.

MM. Vieillard. — Havin. — De Tocqueville. — Laumondais. — Dudouy. — Demetzange. — Abraham Dubois. — Boulalignier. — Diguet. — Delouche. — Lempereur de Saint-Pierre. — Gaslonde. — Perrée. — Des Essars. — Daru (Napoléon).

MARNE.

MM. Léon Faucher. — Périguon. — Bertrand. — Bailly. — Dérodée. — Auberlin. — Ferrand. — Leblond. — Souillé.

MARNE (HAUTE-).

MM. Montrol. — Chauchard. — Toupot de Bevaux. — Walferdin. — Delarbre. — Milhoux. — Couvreux.

MAYENNE.

MM. Bigot. — Jamet (Emile). — Goyet-Dubignon. — Duboys - Fresnay. — J. Roussel. — Dutreuil. — Chenais. — Boudet. — Chambolle

MEURTHE.

MM. Marchal. — Liouville. — Laflize. — Viox. — De Saint-Omer. — De Ludre. — Charron fils. — Vogin. — Leclerc. — D'Adelsward. — Ferry.

MEUSE.

MM. Launoy (Auguste). — Salmon. — Moreau. — Etienne. — P. Gillon. — Chadenet. — Buvignier. — de Saux.

MORBIHAN.

MM. Beslay. — Dubodan. — Danielo. — De La Rochejaquelein. — Leblanc. T-Harscouet de Saint-Georges. — Parisis. — De Fournal. — Crespel de Latouche. — A. de Perrieu. — Dahirel. — De Pioger.

MOSELLE.

MM. Woirhaye. — J. Raynaud. — Labbé. — Bardin. — Deshayes. — D'Espagne. — Totain. — Le général Poncelet. — Valette. — Antoine. — G. Rolland.

NIEVRE.

MM. Girerd. — Archambault. — Manuel. — E. Martin. — Gambon. — Grangier de la Marnière. — Le général Lafontaine. — Dupin aîné.

NORD.

MM. Hannoye. — Corne. — Choque. — Delespaul. — Boulanger. — Desmoutiers. — Regnard. — Pureur. — Malo. — Serlooten. — Loiset. — Vendois. - Bonte-Pollet. — Huré. — Duquesne. — Farez. — Lemaire. — L. Desurmont. — Giraudon. — Heddebault (Gery). — Lenglet. — Mouton. — Descat. — Dufont. — Aubry. — Antony Thouret. — Négrier.

OISE.

MM. Barillon. — D. Marquis. — Leroux. — Cél. Lagache. — Gérard. — De Mornay. — Desormes. — Flye. — Sainte-Beuve. — Tondu de Metz.

ORNE.

MM. De Tracy. — De Corcelles. — Gigon-Labertrie. — Ballot. — Piquet. — Hamard. — Curial. — De Charencey. — Guérin. — Druet. — Desvaux. — Vaudoré.

PAS-DE-CALAIS.

MM. Pieron. — Petit de Bryan. — Degeorge. — D'Hérambault. — Emmery. — Bellait d'Ambricourl. — Cary. — Cornille. — Lantoine-Harduin. — Pierret. — Lebleu. — Saint-Amour. — Fourmentin. — Fréchon. — Olivier — Dehissel. — Lenglet.

PUY-DE-DÔME.

MM. Allaroche. — Jouvet. — Charras. — -Baudet-Lafarge. — Trélat. — Lavigne. — Girod-Pouzol. — Jusserand. — Combarel dé Leyval. — Lasteyras. — Bravard-Verrières. — Goutay. — E. Rouher. — Bravard-Toussainb — Astaix.

PYRÉNÉES (BASSES-).

MM. Nogué. — Condon. — Boutœy. — Renaud. — Leremboure. — BaintGaudens. — Dariste. — J. Lestapis. — Et cheverry. — lie Lâussat. — M. Barthe.

PYRÉNÉES (HAUTES-).

MM. Vignerte (J.-J.). — Dubarry. — Recurt. — B. Lascazes. — Deville. — Cenac.

PYRENEES-ORIENTALES.

MM. Théodore Guyter. — Emmanuel Arago. — Etienne Arago ; — Lefranc. — Picas.

RHIN (BAS-).

MM. Leichtenberger. — Kling. — Culmann. — Schlosser. — Martin (de Strasbourg). — Foy. — G. Lauth. — Dorlan. — Gloxin. — Victor Chauffour. — P. Champy. — Boussingault. — Engelhard. — Westercamp. — Bruckner.

RHIN (HAUT-).

MM. Kœnig. — Yves. — Kestener. — Rudler. — Dolfus. — Stœcklé. — Bardy. — Struch. — Prudhomme. — De Heeckeren. — Fawtier. — Heuchel.

RHÔNE.

MM. Laforest. — Doutre. — Auberthier. — Lacroix. — De Mortemart. — Gourd. — Paullian. — Benoit. — P. Mouraud. — Chanay. — Férouilhat. — Pelletier. — Greppo. — Rivet.

SAÔNE (HAUTE-).

MM. De Grammont. — Dufournel. — Milliotte. — Guerrin. — Minal. — Noirot. — Angar. — Lélut. — Signard.

SAÔNE-ET-LOIRE.

MM. Mathieu. — Mathey. — Le général de Thiard. — Bourdon. — Lacroix. — Rolland. — Pézérat. — Menand. — Petit-Jean. — Reverchon. — Amédée de Bruys. — Dariot. — Jeandeau. — Martin-Rey.

SARTHE.

MM. Trouvé-Chauvel. — Gasselin (de Chantenay). — Jules Lebreton. — De Saint-Albin. — G. de Beaumont. — De Lamoricière (le général). — Chevé. — Gasselin (de Fresnay). — Degoussée. — Sanglais. — Lorette. — By. Hauréau.

SEINE.

MM. Lamartine. — F. Arago. — Garnier-Pagès. — Marie. — Carnot. — De Lasteyrie (Ferdinand). — Vavin. — Berger. — Bûchez. — De Cormenin. — Gorbon. — Albert. — Wolowski. — Peupin. — Ledru-Rollin ; - Flocon ; — Louis Blanc. — Agricol Perdiguier. — Coquerel. — Garnon. — Guinard. — Lamennais. — Caussidière. — Moreau. — Goudchaux. — Changarnier. — P. Leroux. — V. Hugo. — Lagrange. — Boissel. — Proudhon. — Fould. — Raspail. — N...

SEINE-ET-MARNE.

MM. Georges Lafayette. — Oscar Lafayette. — Drouin de Lhuys. — Jules de Lasteyrie. — Chappon. — J. Bastide. — Portalis. — Auberge. — Ev. Bavoux.

SEINE-ET-OISE.

MM. Pigeon. — Durand. — Landrin. — Lecuyer. — d'Albert de Luynes. — Bezanson. — Lefebvre. — Berville. — Pagnerre. — Remilly. — Barthélémy Saint-Hilaire. — Flandin.

SEINE-INFÉRIEURE.

MM. Desjobert. — Lefort-Goussolin. — Morlot. — Lebreton. — Osmont. — Leva vasseur. — Amiral Cécile. — V. Grandin. — Germonière. — P. Lefebvre. — Girard. — Dargent. — Bautier. — Desmarest. — Senard. — Randoing. — Thiers. — Loyer. — Ch. Dupin.

SÈVRES (DEUX-).

— MM. Baugier. — Blot. — Boussi. — Charles aîné, — Chevallon. — Demarçay. — Maichain. — J. Richard.

SOMME.

MM. De Beaumont. — Creton. — Gauthier de Rumilly. — Porion. — Tillette de Clermont. — Magniez. — Blin de Bourdon. — Delâtre. — Allart. — Randoing. — Morel Cornet. — Defourment. — Labordère. — Amable Dubois.

TARN.

MM. Gisclard. — Tonnac. — Et. de Voisins. — Mouton. — Le général Rey. — De Saint-Victor. — De Puységur. — J. Boyer. — G. de Marliave. — Carayon-Latour.

TARN-ET-GARONNE.

MM. Léon de Maleville. — Faure-Déré. — Rous. — Detours. — De Cazalès. — Delbrel.

VAR.

MM. M. Maurel. — L. Guignes. — Marius André. — Alleman. — Arnaud. Philibert. — L'amiral Cazy. — Ed. Beaume. — Arène.

VAUCLUSE.

MM. P. de Laboissière. — Raspail (Eug.). — Reynaud-Lagardette. — Pin. — Bourbousson. — Gent.

VENDÉE.

MM. De Lespinay. — Th. Mareau. — Guy Defontaine. — Rouillé. — Bouhier de l'Ecluse. — Luneau. — De Tinguy. — Parentbeau. — Grellier-Dufougeroux.

VIENNE.

MM. Bonnin. — Barthélémy. — Bérenger. — Bourbeau. — Proa. — Pleignard. — Junyen. — Hennecart.

VIENNE (HAUTE-).

MM. Dumas. — Maurat-Ballange. — Th. Bac. — Frichon. — Allègre. — Brunet. — Coralli. — Tixier.

VOSGES.

MM. Doublat. — Buffet. — Forel. — Boulay. — Hingray. — Najean. — Houël. — Falatieu. — Huot. — Braux. — Turck.

YONNE.

MM. Guichard. — Larabit. — Léon Robert. — Ralhier. — Vaulabelle. — Charton. — Carreau. — Rampon. — Raudot.

ALGÉRIE.

MM. Didier. — De Rancé. — De Prébois. — F. Barrot.

INDE. — MARTINIQUE.

MM. Schœlcher. — Pory-Papy. — Mazulime.

GUADELOUPE.

MM. Périnon. — Charles Dain. — Louisy-Mathieu.

 

FIN DU PREMIER VOLUME

 

 

 



[1] Lorsque le général en chef de la garde nationale se rendit à la place Vendôme, il se montra fort étonné d'y trouver presque toute la 1re légion. Il n'avait demandé que quelques hommes par bataillon ; les bataillons entiers avaient voulu se mettre sous les armes ; car, depuis deux jours, la garde nationale s'était littéralement emparée de la ville, et les rues, comme les promenades publiques, étaient encombrées de citoyens en uniforme, la plupart armés, équipés et munis de cartouches. Le zèle des vainqueurs du 16 avril ne connaissait plus de bornes.

[2] Ainsi que cela se voit souvent à Paris, les gens intéressés à faire courir les bruits propres à agiter la population s'y étaient pris de manière à rendre impossible toute vérification. Ainsi, par exemple, ayant voulu m'assurer par moi-même de la vérité de ces attaques contre les postes, je demandai à un groupe qui en parlait sur le boulevard Montmartre, quels étaient les postes ayant été attaqués. — Tenez, monsieur, me répondit un garde national, celui de Bonne-Nouvelle a été attaqué ce matin à huit heures, et celui de la Pointe-Saint-Eustache l'a été à la pointe du jour. — Je me dirigeai sur le poste de Bonne-Nouvelle : le factionnaire me répondit que c'était avant son arrivée ; mais un cordonnier à côté me dit qu'il n'y avait rien eu à son poste, C'est contre celui de la Halle que se sont rués les communistes, ajouta-t-il. Là, tout comme à la Pointe-Saint-Eustache, on me répondit comme le cordonnier l'avait fait, et l'on me renvoya du côté de la rue Lobau, d'où l'on me renvoya encore à la place Maubert, réassurant que là 'je trouverais les traces d'incendie et le sang d'un garde national blessé. Rien de pareil n'avait eu lieu à la place Maubert ; mais on m'y donna l'assurance que c'était seulement au faubourg Saint-Antoine qu'avaient eu lieu ces attaques nocturnes. Je m'y rendis, et j'acquis la conviction qu'il ne s'était rien passé d'extraordinaire dans ce quartier. Les circonstances étaient trop graves pour que je pusse croire à une mystification ; c'était une véritable panique organisée par la malveillance et propagée de bonne foi par la peur.

[3] Par un décret subséquent, les droits d'octroi sur la viande de porc frais et sur la charcuterie furent également supprimés.

Mais en même temps, la volaille, le gibier, la marée, le poisson d'eau douce, les huîtres et le beurre arrivant de l'extérieur à destination particulière, jusqu'alors compris dans les mêmes droits perçus en gros aux halles et marchés, devaient être taxes par un nouveau tarif.

[4] La réaction, qui a révoqué tant de bons décrets portés par le gouvernement provisoire, a eu le triste courage de faire rétablir l'ignoble et impie dénomination d'Enfants trouvés !

[5] La forme des drapeaux avait été modifiée ainsi : La hampe est surmontée d'une pique, au bas de laquelle est un médaillon où se trouve gravé en relief le coq gaulois, et au-dessous de ce médaillon une plaque oblongue portant les lettres initiales R. F., également gravées en relief.

Dans la partie blanche de la flamme, au centre d'une couronne en feuilles de chêne, on lit, en lettres d'or, les mots : Liberté, égalité, fraternité, et au milieu le mot : unité.

Les mots République française sont en outre inscrits sur le drapeau.

Conformément au décret du 28 février, les cravates devaient être rouges. Nous ignorons si l'on s'est conformé à ces dispositions.

[6] Une liste de candidats, publiée par un journal, portait à mille cent quarante le nombre des hauts fonctionnaires qui, comme sous la royauté, se présentaient aux élections, se soutenant les uns les autres et voulant, comme jadis, entrer en masse à l'Assemblée, au mépris de l'incompatibilité, qu'à défaut des lois, l'opinion publique avait prononcée.