HISTOIRE DE CHARLEMAGNE

CHARLEMAGNE, LÉGISLATEUR

LIVRE TROISIÈME

Histoire de l'Église, de la législation, de la littérature, des mœurs et des usages, sous le règne de Charlemagne. Mort de ce prince.

 

CHAPITRE PREMIER. — Église.

 

 

L'INSATIABLE curiosité de l'esprit humain, jointe à sa profonde ignorance, est la source de toutes les erreurs qui troublent l'univers, et en particulier de celles qui, dans tous les temps, ont troublé la paix de l'église ; l'orgueil, l'opiniâtreté font le reste, et produisent l'hérésie, maladie de l'esprit dont on n'a pas eu assez de pitié, parce qu'on a été plus frappé de l'indocilité qui en est le principe, que du ridicule qui en est le résultat, et parce que Dieu, qui, en donnant à l'église l'infaillibilité, lui a promis l'indéfectibilité, ne lui a pas promis de préserver tous ses ministres des passions qui font naître l'intolérance. L'incrédule est sans doute encore plus coupable que l'hérétique, mais il est moins inconséquent. C'est un voyageur qui, ayant besoin de deux guides pour arriver au terme de sa course, n'en veut prendre qu'un parce qu'il le croit suffisant : l'autre les croit tous deux nécessaires, surtout le second, et il s'obstine à ne les pas suivre. Les deux guides nécessaires à l'homme pour parvenir à la vérité, sont la raison et la révélation ou l'autorité de l'église, qui est pour lui une révélation continuée. L'hérétique croit à la révélation, il croit à l'église, et il n'a que la misérable ressource de fermer les yeux pour ne la pas voir où elle est, et les oreilles pour ne point entendre sa voix ; il choisit ce qu'il veut croire, et suit son guide où il lui plaît.

Cet aveuglement est déplorable sans doute ; mais un aveuglement plus déplorable encore est de persécuter ces insensés. Laissons à l'Être suprême le soin de les changer ou de les punir. Venger Dieu ne saurait être la fonction d'un mortel : si ce Dieu, à qui appartient la vengeance, dédaigne ou diffère de l'exercer, qui sommes-nous pour prévenir ses desseins ?

Parmi les diverses hérésies, toutes également condamnables et déplorables, il en est quelques unes que l'on conçoit plus aisément que les autres : telles sont, par exemple, les interminables disputes qui concernent la liberté de l'homme, et l'action de Dieu sur la créature ; ces questions ont été agitées sous différents noms et sous différentes formes par les philosophes de tous les pays, de toutes les religions, de toutes les sectes ; la raison a quelque prise sur ces matières ; elles ont pour nous un intérêt qui nous porte à les approfondir, elles ont un rapport marqué avec la morale, elles ont ce degré de clarté et d'obscurité qui fait que les raisonneurs disputent longtemps, et que les sages craignent de décider. D'un côté, le sens intime nous avertit de notre liberté ; de l'autre, nous voyons que les objets ont sur nous une influence puissante, et que les idées et les sentiments qui déterminent nos actions ne dépendent pas de nous, et semblent quelquefois entraîner notre volonté. La foi seule peut éclairer plus sûrement, sur ces questions, les simples même et les ignorants, que la raison n'éclaire les sages ; mais la foi, contente de consacrer d'un côté la liberté de l'homme, de Vautre la toute-puissance de Dieu et sa prescience, abandonne le reste à la dispute, et permet à la raison humaine de concilier, comme elle peut, ces vérités par une foule de systèmes, tous insuffisants, mais tous compatibles avec l'orthodoxie.

Les hérésies les plus inconcevables sont celles qui roulent sur les mystères ; car les mystères étant reconnus pour être d'un ordre supérieur à la raison, c'est à notre foi qu'ils sont proposés ; il n'y a qu'à savoir ce que la foi enseigne, et s'y tenir.

Les hérétiques s'y sont pris de deux manières pour attaquer les mystères. Les uns ont voulu les réduire à des idées qui tombassent sous les sens, et dont la raison fût l'arbitre. C'était détruire l'essence du mystère, et ôter tout mérite à la foi ; mais du moins on conçoit encore cette erreur ; c'est abuser de la raison, en l'appliquant à des objets qui ne sont pas de son domaine.

Une folie plus inconcevable, et qu'on ne croirait pas possible sans les nombreux exemples qu'en fournit l'histoire ecclésiastique, c'est de vouloir modifier les mystères, sans leur rien ôter de ce qu'ils ont d'incroyable et d'inexplicable aux yeux de la raison, et en s'écartant de la seule autorité qui ait le droit de nous les faire croire, l'autorité de l'église. Sur quoi autoriser un pareil changement ? Pourquoi ce choix fantasque et bizarre entre des objets tous également incroyables si on ne consulte que la raison, tous également respectables si on se soumet à la foi ?

Lorsque Arius, à l'exemple de Cérinthe et de quelques autres hérétiques du premier siècle de l église, attaquait ouvertement la divinité de Jésus-Christ, son erreur était du premier de ces deux genres, il anéantissait le mystère de la Trinité. Si Jésus-Christ n'était pas Dieu, n'était qu'une créature envoyée de Dieu, il n'y a plus de mystère ; mais l'église propose un Mystère.

De même, lorsqu'un des sectateurs d'Arius, s'éloignant déjà de la doctrine de son maître, disait que les noms de Père, de Fils et de Saint-Esprit étaient seulement des titres qui exprimaient des qualités différentes d'un même Dieu ; rien de pins simple qu'une pareille opinion ; il n'y a rien là qui étonne la raison, ni qui exerce la foi.

Au contraire, lorsque les demi-ariens, épuisant toute leur condescendance à convenir que le Fils est d'une substance semblable à celle de Père, refusaient obstinément d'accorder que cette substance fût la même ; que gagnaient-ils à ce refus ? Le mystère n'en subsistait pas moins dans toute son obscurité ; mais cette obscurité cessait d'être respectable, n'étant plus proposée par une autorité suffisante. Si le Fils était d'une substance semblable à celle du Père, il était Dieu ; voilà la difficulté ; il n'y avait de sauvé que le terme de consubstantiel.

Mais, disaient-ils, ce terme n'est pas dans l'évangile, on ne peut donc pas être forcé de le prononcer.

Quoi donc ! répondent les théologiens catholiques, l'église toujours infailliblement inspirée par son chef invisible, n'a-t-elle pas le droit d'employer des termes qui ne sont pas dans l'Écriture, quand elle les juge les plus propres à exprimer le sens qu'elle attache à de certains passages de l'Écriture ? Tous les termes théologiques sont-ils dans l'Écriture ?

Les Anoméens, autre secte d'Ariens, à qui ce terme de consubstantiel faisait aussi de la peine, proposaient de le mettre à l'écart, et de s'envelopper dans une proposition si générale, que chacun y donnerait l'étendue qu'il voudrait : il n'y avait qu'à, selon eux, dire : que le Fils est semblable en tout au Père. C'était se montrer accommodants. Mais la vérité, leur répondait-on, n'admet point ces ménagements et ces réticences politiques une autorité irréfragable ne les adopte point. L'église voulait qu'on prononçât le mot de consubstantiel, c'était le seul qui donnât une idée juste du mystère ; l'éviter, était une obstination coupable : et qu'y gagnait-on ? le mystère restait tout entier. Si le Fils était égal en tout au Père, il était Dieu.

D'autres proposaient un autre accommodement, car ces discoureurs traitaient de la foi comme d'un héritage litigieux, ils faisaient des transactions : ils passaient tout ce qu'on voulait, pourvu qu'on leur passât de ne point user du mot consubstantiel. Ceux-ci demandaient si on ne pourrait pas dire en général que le Fils est semblable au Père, selon les Écritures, sans s'expliquer davantage.

Si c'était l'amour de la paix qui suggérait tous ces subterfuges, le principe en était louable ; mais pour avoir la paix, il faut s'entendre. Reconnaissait-on par cette formule, que les Écritures établissent l'égalité du Père et du Fils, ou laissait-on ce point-là dans l'incertitude ? La vérité aime à dissiper les nuages, l'erreur aime à les répandre.

Ces folies — toute fausse théologie ne mérite point d'autre nom — n'auraient été que risibles, si elles n'avaient pas toujours entraîné à leur suite l'intolérance et la persécution, souvent des guerres et des massacres ; c'est un spectacle affligeant et propre à ébranler les faibles, que cette alternative continuelle de conciles ou de synodes ariens et catholiques, qui, selon que la partie était liée, consacrent et condamnent tour-à-tour Arius et saint Athanase, la foi et l'hérésie, et qui viennent tous également aboutir à la violence[1]. Elle commençait dès le concile ; celui qui succombait, était poussé ignominieusement hors de la salle, avec cette formule peu charitable : Chassez l'hérétique. Le concile de Rome, tenu en 769, pour la condamnation du faux pape Constantin, et auquel assistèrent des évêques français, envoyés par les rois Charlemagne et Carloman, offre un exemple de cette rigueur qui fait de la peine. Une faction, comme nous l'avons dit, avait élu Constantin pape, quoiqu'il ne fut que laïc ; on fit comparaître ce malheureux, qui avait alors les yeux crevés, on l'interrogea sur son intrusion. Après avoir dit que le peuple lui avait fait violence, et après avoir imploré, avec beaucoup d'humilité, la miséricorde du concile, Constantin cita, pour sa justification, quelques exemples de pareils choix ; il dit qu'Étienne et Sergius, simples laïcs, avaient été faits, le premier, évêque de Naples, le second, archevêque de Ravenne. Les évêques, indignés de cette insolence, dit M. Fleury, le firent frapper sur le cou, et le chassèrent de l'église. Cette violence, surtout exercée sur un aveugle, était-elle bien décente ? Si les faits qu'il alléguait, étaient faux ou sans application, ne pouvait-on le lui prouver doucement, et avec la pitié que son état devait inspirer ?

En général, quelle que fût l'erreur de l'hérétique, ou l'obstination du schismatique, qu'on chassait ainsi de l'assemblée, un traitement plus doux l'aurait peut-être ramené ; cet affront l'aigrissait ; il ne respirait plus que la vengeance, et souvent il parvenait à faire assembler un autre concile, où sa partie étant mieux liée, il prenait sa revanche. Plus souvent on ne lui en laissait pas le temps, on armait contre lui le bras séculier ; les princes, toujours empressés de donner à ces disputes l'espèce d'importance qu'elles ne doivent point avoir, semblaient n'attendre d'un concile que le signal du meurtre et de la violence. Du temps de l'arianisme, on les voyait tour-à-tour, et souvent les mêmes, frapper en sens contraire et les ariens et les catholiques ; cependant leur prédilection la plus marquée était pour les ariens, ou plutôt leur fureur la plus acharnée était contre les catholiques ; les évêques étaient déposés, exilés, emprisonnés, quelquefois assassinés ; les prêtres massacrés, les vierges violées, les religieuses jetées toutes nues hors de leur cloître, les monastères saccagés. Encore si les cruautés eussent été abandonnées à l'hérésie, qui n'a de triomphes à espérer que par la violence ! Mais, il faut l'avouer, les deux partis souffraient et persécutaient tour-à-tour au nom de l'erreur et de la vérité ; on faisait à celle-ci l'outrage de la défendre avec des armes essentiellement consacrées à sa rivale ; les vrais chrétiens, les catholiques, dont le plus beau triomphe fut toujours dans le martyre, autorisaient leurs adversaires à s'arroger cette palme glorieuse.

Au reste, l'arianisme, et toutes ses différentes subdivisions ne furent pas la seule atteinte portée au mystère de la Trinité ; de la seconde personne, on passa bientôt à la troisième. La divinité du Saint-Esprit ne fut pas plus respectée que la divinité du Verbe, et ne devait pas, en effet, l'être davantage par les hérétiques assez conséquents dans leur témérité pour ne vouloir point de mystère : ceux-ci placèrent le Saint-Esprit au-dessus des anges, comme une créature plus parfaite, mais sans aucune proportion avec la Divinité ; on les appela pneumatomaques ennemis de l'esprit.

Après le mystère de la Trinité, ou attaqua le mystère de l'Incarnation, toujours par la même raison et par la même autorité. La vraie religion est une chaîne ; si vous en détachez un chaînon, vous avez le même droit de les détacher tous.

Dès le commencement du troisième siècle, une secte qu'on nomma les docites, mais qui n'avait eu ni assez d'éclat ni assez de durée pour troubler la foi ni la paix, avait soutenu que Jésus-Christ ne s'était incarné qu'en apparence : c'était couper le mystère par la racine. Mais ces retranchements de mystères en feraient renaître une multitude d'autres ; car, comment l'Être infiniment vrai, comment le Dieu de vérité nous aurait-il trompés par les apparences d'une fausse Incarnation ? Comment nous aurait-il dit formellement dans l'évangile, qu'il s'était incarné, etc. ? Mais c'est trop ressembler à ces raisonneurs que de disputer contre eux.

A la fin du quatrième siècle, et dans le cours du cinquième, on attaqua l'Incarnation avec plus d'acharnement, mais en laissant subsister une partie du mystère, ce qui est, comme nous l'avons dit, la manière d'errer qui rassemble le plus d'inconséquences.

Apollinaire, évêque de Laodicée, voulait bien que le Christ eût pris un corps humain, mais non pas une aine humaine ; il n'en avait pas besoin, la Divinité lui en tenait lieu ; de plus, ce corps n'avait pas été pris dans le sein de Marie, il était descendu du ciel, et s'était évaporé après la résurrection. C'est ainsi, à peu près, que les luthériens admettent, au moment de la consécration seulement, la présence réelle du corps de Jésus-Christ, qui disparaît aussitôt. Encore un coup, quand on admet une partie du mystère, sur quoi se fonde-t-on pour en rejeter les autres parties ? Apollinaire fit secte, et eut l'honneur d'être condamné à Rome dans un concile tenu exprès pour lui en 377.

D'autres sectaires nés de celui-ci, et allant sur son marché, attaquèrent l'honneur de Marie ; ils contestèrent à la mère sa virginité, comme on avait contesté au fils sa divinité ; ils accordaient cependant à Marie l'honneur d'être mère de Dieu, mais ils ne l'en jugeaient pas trop digne, car ils avaient découvert que depuis la naissance de Jésus-Christ, elle avait eu plusieurs enfants de saint Joseph, son mari. On les appela les Antidicomarianites ; ces grands noms, prostitués à des visions telles que celles-ci, sont presque aussi ridicules que les opinions qu'elles expriment. Mais ce qui étonne le plus dans ces sortes d'hérésies, c'est de voir à quel point elles sont gratuites : énoncer un tel fait ou telle autre rêverie qui passe à travers un cerveau malade, dans un hôpital de fous, c'est absolument la même chose. Les Antidicomarianites — puisque tel est le nom de leur folie — avaient-ils eu des mémoires secrets sur la manière dont saint Joseph vivait avec la sainte vierge, depuis la naissance du Messie ? Qu'on lise tant qu'on voudra Bayle, à l'article indiqué dans des vers connus, on n'y trouvera qu'un exemple monstrueux de l'ancienneté, de l'insolence et de l'absurdité de la calomnie, rapportée comme tel par ce critique judicieux, d'après l'abbé Faydit.

Passons à des hérésies moins obscures, quoique non moins destituées de fondement. Ce qui multipliait tant alors les hérésies, c'est qu'il n'y avait presque point d'autre littérature que la théologie, et qu'on voyait la gloire des Athanase, des Cyrille, des Augustin, des Prosper ; mais ces pères, en développant éloquemment la doctrine de l'église, ne l'altéraient point. Imitateur malheureux de leur zèle contre l'hérésie, Nestorius, évêque de Constantinople, s'égara en voulant suivre leurs traces ; à force de disputer contre les hérétiques, et de les suivre dans les subtilités de la dialectique, il devint hérétique lui-même. Il n'alléguait point, comme les Antidicomarianites, des faits chimériques et impossibles à savoir, mais son erreur se rapprochait assez de celle d'Apollinaire. Selon lui, Marie était mère du Christ, c'est-à-dire de l'homme, mais elle n'était pas mère de Dieu. Le 'Verbe s'était incarné, non pas en naissant d'une femme, mais en s'unissant à la chair du Christ, qu'il avait prise comme un temple pour y habiter ; mais c'était l'homme et non le Dieu qui était mort, et c'était le corps de l'homme que le Dieu avait ressuscité. On voit que le Verbe, ainsi uni au Christ, ressemble bien à la Divinité qui sert d'âme à l'humanité. C'était éviter les difficultés qui naissent de la mort d'un Dieu ; mais cette union du Verbe avec le, Christ, de la divinité avec l'humanité, laissait subsister un assez grand mystère, et ce n'était pas -la peine d'innover. Nestorius trouva dans saint Cyrille, évêque d'Alexandrie, un redoutable adversaire, et il fut condamné, en 431, au concile d'Éphèse, troisième concile œcuménique.

Ce qui était arrivé à Nestorius, arriva aussi au moine Eutycus ; le zéle contre le nestorianisme le jeta dans une erreur contraire, nommée de son nom l'eutychianisme. Nestorius séparait trop les deux natures, Eutychès les confondit. Il soutenait que depuis l'Incarnation, la divinité et l'humanité du fils de Dieu ne sont plus qu'une seule nature ; c'était, selon lui, la divinité ainsi confondue avec l'humanité qui avait souffert.

Après plusieurs conciles contradictoires, il se tint enfin, en 451, à Chalcédoine, un concile œcuménique, qui porta le dernier coup à l'eutychianisme, et fixa la foi de l'église sur le mystère de l'incarnation. Cependant on disputa beaucoup et longtemps contre l'autorité de ce concile ; les nestoriens et les eutychiens, et ceux qui les condamnaient tous les deux, continuèrent à se faire la guerre, et par des écrits, et par les armes. L'empereur Zénon donna, en 482, son Hénoticon ou édit d'union, qui ne réunit personne, et qui sembla même porter quelque atteinte au concile de Chalcédoine. Enfin, en 553, le concile de Constantinople, cinquième concile œcuménique, consacra la doctrine des quatre conciles œcuméniques précédents, nommément du concile de Chalcédoine, et condamna aussi quelques écrits infectés de nestorianisme, surtout ceux de Théodore évêque de Mopsueste, de Théodoret évêque de Cyr, d'Ibas évêque d'Édesse : c'est ce qu'on appelle l'affaire des trois chapitres.

Justinien, qui, comme tous les princes faibles et peu éclairés, donnait trop d'attention et trop d'importance aux débats théologiques, avait prévenu le concile de Constantinople, et condamné, de son autorité privée, les trois chapitres dès 546. Cette entreprise sur l'autorité de l'église ne lui avait pas réussi ; ceux mêmes qui pensaient comme lui refusaient de souscrire son édit ; l'affaire des trois chapitres devint la grande affaire de l'église. On ne se soumit enfin qu'à l'autorité du concile de Constantinople, et on ne s'y soumit qu'avec le temps.

Justinien, mal corrigé par ce premier exemple — car les disputeurs se corrigent peu —, voulut encore faire des lois en matière de doctrine ; et cette fois il fut encore moins heureux, car il adopta une erreur. Des raisonneurs avaient encore raffiné sur l'Incarnation, et ils avaient trouvé que du moment où le corps de Jésus-Christ avait été formé dans le sein de Marie, il était devenu incapable d'altération, de passion, de besoin ; il ignorait la faim et la soif. Pendant sa vie, il mangeait sans besoin — par conséquent sans plaisir —, comme, après sa résurrection. Justinien trouva cette opinion belle, et se hâta, en 564, de la consacrer par un édit. L'édit ne réussit point ; on condamna ses protégés sous le nom des incorruptibles ; il est vrai qu'ils s'en vengèrent en appelant leurs adversaires les corrupteurs ou les corrupticoles.

De l'eutychianisme, qui subsistait toujours, quoique condamné, ou parce qu'il était condamné, naquit, vers le milieu du septième siècle, le monothélisme, erreur à laquelle le pape Honorius passe pour avoir été favorable. Du moins, disaient les monothélites, s'il faut reconnaître deux natures en Jésus-Christ, il ne faut reconnaître en lui qu'une seule volonté ; il veut tout, il fait tout par une seule opération, qu'on peut appeler théandrique ou déi-virile, c'est-à-dire divine et humaine tout ensemble ; et la distinction des deux natures n'est que dans notre entendement. L'empereur Héraclius embrassa le monothélisme, comme Justinien avait embrassé le corruptibilisme : il donna en 639, en faveur de cette nouvelle doctrine, l'édit connu sous le nom d'Ecthése, c'est-à-dire exposition. Ces princes étaient bien pressés de faire des édits. Du moins Héraclius désavoua le sien ; mais en 648, l'empereur Constant en donna un, connu sous le nom de Type, c'est-à-dire formule ou formulaire, par lequel il défendait de parler d'une ou de deux opérations en Jésus-Christ. Si, par un édit on pouvait faire cesser toutes les disputes théologiques, il n'y aurait pas sans doute de meilleur parti à prendre ; mais l'expérience a fait voir que le remède à ce mal n'est pas de défendre de parler, mais de ne pas s'apercevoir qu'on parle ; quand on n'écoutera plus ces discoureurs — chose si facile — ! ils se tairont d'eux-mêmes : d'ailleurs, disent les théologiens, ces défenses de parler peuvent-elles concerner l'église ? Peut-on exiger qu'elle se taise sur la foi, elle qui doit l'enseigner ? Le monothélisme fut condamné au concile de Constantinople, tenu en 680 et 681, sixième concile œcuménique. On y confondit un moine monothélite, nommé Polychrone, par un moyen qui, employé plus souvent et de bonne foi avec certains faiseurs de miracles, aurait pu en diminuer le nombre. Le concile lui ordonna de rendre compte de sa foi, qu'il avait rendue suspecte. Ma foi ! dit-il fièrement, c'est par les œuvres que je veux la manifester. Faites apporter un mort, je mettrai sur lui ma profession de foi ; vous pourrez tous la lire, et si le mort ne ressuscite à l'instant, par le seul attouchement de cette cédule, le concile et l'empereur feront de moi ce qu'ils voudront. On apporta un mort ; le moine étala sur le corps sa profession ; elle était toute monothélite : le mort ne ressuscita point ; le moine, et sa profession, et le monothélisme, furent proscrits ; ce qui n'empêcha pas l'empereur Philippique de se déchirer, longtemps après, pour le monothélisme, et de faire condamner ce concile œcuménique de Constantinople par tin concile particulier, tenu dans la même ville en 712. Un autre, tenu aussi dans la même ville en 714, et sous l'empire d'Anastase condamna de nouveau les monothélites, et réhabilita le concile œcuménique de Constantinople.

On n'en était pas encore au mystère de la Rédemption, et ce n'est que dans des temps très postérieurs à ceux que nous examinons qu'on y a porté atteinte, en voulant que Jésus-Christ ne fût pas mort pour tous les hommes, et en abusant de quelques expressions de l'Écriture pour établir qu'il n'était mort que pour plusieurs[2] ; mais on ne pouvait laisser en paix le mystère de l'Incarnation ; on ne pouvait marcher entre le nestorianisme et l'eutychianisme, sans pencher un peu d'un côté ou d'un autre. Ces deux natures unies sans confusion, ces deux opérations, ces deux volontés, dont l'une ne contrarie jamais l'autre, faisaient quelque peine aux théologiens inquiets ; des restes de monothélisme subsistaient encore du temps de Charlemagne, et il s'éleva sous son règne une nouvelle hérésie concernant le même mystère.

La plupart des hérésies que l'église avait eues à coin battre jusqu'alors venaient de l'esprit subtil et minutieux des Grecs modernes, aussi différents des anciens que les Italiens le sont des Romains du temps de la république. Arius était Africain, mais il dogmatisait Alexandrie, qui est de l'église grecque, et la plupart de ses sectateurs et de ses adversaires étaient des Grecs[3]. L'hérétique Apollinaire était évêque de Laodicée ; Nestorius était évêque de Constantinople ; Eutychès était un moine grec, voisin aussi de Constantinople. L'hénotique, l'echtèse, le type, le monothélisme, tous ces noms grecs annoncent le pays qui avait donné naissance à toutes ces idées, et où l'on s'en occupait. L'hérésie que vit naître Charlemagne vers la fin du huitième siècle venait de l'Espagne. Ses auteurs étaient Élipand archevêque de Tolède, et Félix évêque d'Urgel. Le Christ, considéré dans sa divinité, est fils de Dieu ; considéré dans son humanité, il est encore fils de Dieu. Les deux évêques espagnols trouvaient que c'était mettre trop d'égalité entre les deux natures, ils demandaient une différence plus marquée : que le Christ, dans sa divinité, fût pleinement et entièrement fils de Dieu, ils v consentaient ; mais ils demandaient que comme homme il ne fût que son fils adoptif. C'était déroger, très peu au mystère, et par conséquent c'était d'autant moins la peine de s'écarter de la foi de l'église. Le zèle de Charlemagne s'alluma contre ces novateurs : Charlemagne était le plus grand théologien de son siècle, parce qu'il en était l'homme le plus savant, et qu'alors il n'y avait guère d'autre érudition que la théologie ; il convoqua contre eux, dans ses États, divers conciles, à Narbonne, à Ratisbonne, à Francfort sur le Mein [794] ; il disputa lui-même contre eux, et verbalement, et par écrit ; il fit écrire aussi contre eux par le savant Alcuin, et par Paulin patriarche d'Aquilée, qui lui dédia ses ouvrages ; il manda aux Espagnols, qu'en souffrant parmi eux cette hérésie, ils s'étaient rendus indignes du secours qu'il avait en intention de leur fournir contre les Sarrasins. C'était pousser le zèle jusqu'à confondre les principes des choses, que de faire dépendre ainsi d'une opinion théologique les intérêts politiques : mais comme la théologie était alors la seule science, elle était aussi dans tous les esprits le premier des intérêts, elle décidait des alliances et des guerres ; cependant on pouvait trouver le zèle de Charlemagne inconséquent, même sous ce point de vue. Quelque condamnable, en effet, que pût être l'hérésie d'Élipand et de Félix, l'erreur des Sarrasins était bien plus importante et bien plus funeste au christianisme ; mais en matière d'opinions religieuses, celles contre lesquelles on s'élève avec le plus de force, sont précisément les plus nouvelles et les plus voisines de la foi qu'on professe, comme c'est contre ses parents et ses voisins qu'on a les procès les plus acharnés. Félix d'Urgel quitta et reprit plusieurs fois son erreur ; il paraît qu'il était plutôt irrésolu et changeant, qu'opiniâtre. Enfin, après plusieurs variations, il se laissa engager à venir plaider sa cause au concile d'Aix-la-Chapelle ; l'empereur lui promit toute sûreté, et lui tint parole, ne pensant pas comme un de ses successeurs — Sigismond —, que cette fidélité dans les promesses ne fût pas due aux hérétiques : Félix allégua ses raisons et ses autorités ; elles furent réfutées avec douceur ; cependant, à cause de ses fréquentes rechutes, Félix fut déposé de l'épiscopat, et relégué à Lyon pour y finir ses jours. Il n'en publia pas moins une rétractation adressée à son clergé et à son peuple d'Urgel, où il se qualifie jadis évêque. La franchise de ce procédé méritait qu'il fût rétabli, ou du moins rappelé de l'exil. On dit cependant qu'il laissa en mourant un écrit, par lequel il désavouait sa rétractation.

Pour Élipand, on sait, par une lettre qu'il adressait à Félix, que dans sa quatre-vingt-deuxième année il persistait dans son erreur. Les Espagnols disent qu'il n'y mourut pas.

Une autre hérésie agitait depuis longtemps l'église, et était dans toute sa force du temps de Charlemagne, c'est celle des iconoclastes ou briseurs d'images : elle n'avait aucun rapport avec les trois grands mystères de notre religion ; et quoiqu'elle fût née chez les Grecs, ainsi que la plupart des précédentes, comme son nom l'atteste, elle était sans aucune subtilité, la matière n'en étant pas susceptible. C'était une erreur du cœur plus que de l'esprit, et le premier iconoclaste dut être une âme froide et dure. Il est si naturel de vouloir conserver et révérer, au moins dans leurs images, les objets de sa tendresse et de sa vénération ; il est si heureux qu'il existe des arts capables de les reproduire et de nous en entretenir encore lorsqu'ils ne sont plus, que l'église avait bien naturellement adopté un usage si propre à nourrir des sentiments d'affection et de piété. Le même principe qui nous fait désirer d'avoir le portrait d'une mère, d'un fils, d'un ami, de tous ceux dont le commerce a pu' contribuer à la douceur de notre vie, fit qu'on désira d'avoir les portraits de ceux qui avaient édifié le monde par leurs vertus, ou qui l'avaient éclairé par leurs lumières, de là les images et le culte des saints.

Les images, disaient le pape Grégoire III, dans une lettre à l'empereur Léon l'Isaurien[4], et saint Germain, patriarche de Constantinople, dans une lettre à l'évêque de Claudiopolis — qui s'était déclaré contre les images[5], facilitent au peuple la connaissance de l'histoire de la religion ; la peinture est une histoire abrégée ; les mères montrent ces tableaux à leurs enfants, et les leur expliquent : elles-mêmes, à cet aspect, élèvent leur esprit et leur cœur à Dieu. Au moyen de cette représentation, le mystère est plus présent et plus sensible ; le fait saisit l'imagination, et se grave dans la mémoire. Privé de ces objets édifiants, le peuple adoptera des fables, que la représentation de l'objet ne pourra plus rectifier.

Mais, disent des esprits farouches, ce culte est une idolâtrie.

Il est vrai qu'il peut avoir le danger de dégénérer en idolâtrie chez le peuple ignorant, dont cependant la dévotion peut le moins se passer des images ; il est vrai que, dans les premiers siècles du christianisme, il n'y avait point d'images dans les églises, de peur que ce ne fût pour les néophytes une occasion de rechute dans l'idolâtrie, dont ils étaient à peine sortis. A mesure que le temps dissipa cette crainte, la vénération et l'amour multiplièrent les images ; et l'église, en consacrant cet usage, a jugé que, renfermé dans de justes bornes, il est exempt du vice d'idolâtrie, et par sa doctrine elle a prémuni contre ce vice les fidèles, en leur enseignant que le culte s'adresse au saint et non pas à l'image et que le culte qu'elle appelle de latrie, c'est-à-dire d'adoration, est réservé à l'Être suprême.

Mais on peint jusqu'à Dieu même et ses anges qui sont de purs esprits, et on les représente sous une figure humaine ; c'est être anthropomorphite !

On les représente sous la forme que l'Écriture même nous enseigne qu'ils ont daigné prendre, quand ils ont voulu se communiquer aux mortels.

Il y a dans l'histoire de cette hérésie une chose remarquable, c'est qu'on la voit d'abord paraître sur le trône, au lieu que toutes les autres étaient nées dans l'école. On raconte que l'empereur Léon l'Isaurien n'étant encore qu'un simple petit mercier portant ses marchandises de village en village sur un âne, deux Juifs lui prédirent qu'il parviendrait à l'empire, et lui demandèrent, pour prix de leur prédiction, d'abolir dans ses États le culte des images. Cette histoire, très contestée, surtout par un homme qu'on accuse d'avoir quelquefois débité pour histoire des fables vraisemblables, mais qui du moins a combattu avec succès toutes les fables absurdes ; cette histoire, réduite à ses éléments, signifie peut-être que Léon l'Isaurien avait reçu quelques instructions des Juifs, à qui leur loi défend de faire aucune représentation de la Divinité, que Léon avait adopté ce principe, et qu'il l'avait étendu aux images des saints. Quoi qu'il en soit, le 7 janvier 730, l'empereur Léon proscrivit, par un décret solennel, toutes les images et les représentations, soit de la Divinité, soit des saints, comme des monuments d'idolâtrie, et ordonna de les renverser dans toute l'étendue de son empire. Un ordre si contraire et à la nature et l'habitude, ne pouvait s'exécuter sans contradiction, et le cruel Léon eut toutes les occasions qu'il cherchait de persécuter. La résistance vint d'abord du patriarche de Constantinople, saint Germain ; l'empereur le chassa, le fit déposer, et fit nommer à sa place un homme qui était dans ses intérêts et dans ses principes. Il voulut ensuite donner à ses sujets l'exemple d'exécuter son édit, et d'abattre les images ; il commença par un grand crucifix qui était dans le vestibule de son palais, il le fit abattre en sa présence, devant tout le peuple, par un de ses écuyers nommé Jouin[6]. On ne put soutenir ce spectacle, les femmes surtout se soulevèrent, et renversant l'échelle sur laquelle Jouin était monté, elles le firent tomber, se jetèrent sur lui, et le mirent en pièces : l'empereur les fit périr dans les supplices. L'église grecque les honore comme martyres ; mais des martyres ne devaient pas commencer par être des bourreaux. L'objet de leur zèle était juste, les effets étaient coupables.

Les empereurs étaient encore alors réputés maîtres de Rome et d'une partie de l'Italie ; mais ils négligeaient fort le gouvernement de cette contrée, qui, de sa part, chancelait dans son obéissance. L'imprudente innovation de Léon excita un grand soulèvement parmi les Italiens ; ils conservèrent les images des saints, ils renversèrent celles de l'empereur ; et l'empereur, qui renversait celles de Dieu et des saints, trouva mauvais qu'on ne respectât pas les siennes : il voulut châtier l'Italie ; il envoya contre elle une flotte, lui qui n'en avait jamais envoyé pour la défendre des incursions des Sarrasins ; elle fit naufrage dans la mer Adriatique, et Léon fut obligé de borner ses persécutions à l'Orient. Il avait tenté inutilement de faire assassiner le pape Grégoire II, à qui les Romains donnèrent en cette occasion, sur la ville et le duché de Rome, une sorte de surintendance et d'inspection générale, qu'on a regardée comme le principe de la souveraineté acquise peu de temps après par les papes.

Quelques années auparavant, un Juif de Laodicée avait persuadé au calife Yézid d'ordonner aussi le renversement des images dans toutes les églises chrétiennes de ses États, et pour cette œuvre méritoire, il lui promettait trente ans de règne ; les Juifs et les Arabes se rendirent les instruments de cette profanation ; le calife mourut dans l'année[7].

Le pape Grégoire III, qui succéda, le 18 mars 731, à Grégoire II, écrivit à l'empereur des lettres de reproches et de plaintes sur son hérésie et sur son schisme ; car Léon usurpait le sacerdoce et le patriarcat, et s'arrogeait la suprématie. Ces lettres — car on les a — sont éloquentes, et la cause de la vérité y est très bien défendue[8]. Peut-être Grégoire pouvait-il se dispenser de dire à l'empereur, alors son souverain. Comme vous êtes grossier et ignorant, nous sommes obligés de vous parler avec force.

Peut-être ne devait-il pas lui dire non plus : Vous nous avez écrit d'assembler un concile œcuménique, mais nous ne le jugeons pas à propos.

Un prêtre, nommé George, fut chargé de porter ces lettres. Lorsqu'il eut pris des instructions sur les lieux, et qu'il sut à quel prince il avait affaire, il prit le parti de revenir sans avoir rempli sa mission : à son retour, il subit la pénitence pour cette inexactitude, et on le renvoya exécuter son ordre ; l'événement prouva que sa prudence n'avait pas été excessive : l'empereur ayant su sa marche, le fit enlever en Sicile, et l'envoya en exil. On renvoya un autre homme porter d'autres lettres, ce qui n'était pas fort prudent. L'empereur retint celui-ci une année entière en prison. Enfin l'Italie en corps envoya des députés présenter à l'empereur une requête pour la conservation des images ; l'empereur retint les députés pendant huit mois, et les renvoya sans réponse.

Cet empereur était en effet ignorant et ennemi des sciences, comme tous les persécuteurs ; il sembla prendre plaisir à détruire tous les monuments et de la doctrine et de la piété de Constantin. Il y avait à Constantinople une bibliothèque de trente mille volumes, fondée près du palais par les empereurs ; un homme distingué par son mérite était à la tête de cet établissement, et avait sous lui douze hommes choisis, qui enseignaient gratuitement les lettres, tant sacrées que profanes. Les empereurs précédents consultaient souvent ces savants hommes, et sur toute sorte de matières. Léon, sentant malgré lui de quel poids pouvait être leur suffrage, voulut les engager à se déclarer contre les images. Sur leur refus, il fit entourer la bibliothèque de matières combustibles, il y fit mettre le feu, et réduisit en cendres et les livres et ceux qui les gardaient[9]. Ce trait est si fort, qu'on serait tenté de le prendre pour une de ces imputations de parti, toujours fréquentes dans les temps de trouble, et qui échappent alors par erreur ou autrement aux défenseurs mêmes de la vérité. La bibliothèque a été brûlée ; on ne peut ni s'être trompé, ni avoir voulu tromper sur un fait tel que la destruction d'un pareil monument. Mais fut-ce par l'ordre de l'empereur ? Voilà ce qui pourrait être une imputation de parti : d'un autre côté, ce qui pourrait aider à croire au récit des historiens, c'est le soulèvement presque général qu'on voit ensuite dans les esprits contre Léon.

Un concile, tenu à Rome en 732, consacra le culte des images, et l'empereur à Constantinople redoubla d'efforts pour l'abolir. Il mourut dans son impiété en 741.

La persécution continua et augmenta sous Constantin Copronyme son fils, et sous Léon Chazare ou Porphyrogénète, son petit-fils.

En 754, Constantin Copronyme fit tenir à Constantinople un grand concile iconoclaste, qui ordonna la destruction des idoles, rendit grâces aux empereurs grecs, qui, à l'exemple des apôtres, avaient considérablement avancé ce grand ouvrage, et anathématisa saint Jean Damascène, le docteur de l'Orient, qui avait écrit contre les iconoclastes. Quoique personne n'eût assisté à ce concile de la part de Rome, et qu'il ne s'y fût trouvé aucun patriarche, il ne s'en intitula pas moins le saint et grand concile œcuménique de Constantinople. Il est vrai qu'il était composé de 338 évêques[10], tous élevés dans la foi du culte des images[11], et dont aucun n'eut le courage de réclamer pour la vérité contre l'erreur armée du pouvoir suprême.

Copronyme était encore plus violent persécuteur que son père, surtout à l'égard des moines, les plus ardents défenseurs des images ; il les avait pris dans la plus grande aversion, et ne les appelait jamais que les abominables ; il fit tuer à coups de Fouet, en sa présence, André-le-Galybite, pour quelques remontrances que ce moine célèbre par ses vertus avait osé lui faire. Un gouverneur de l'Asie mineure, nommé Michel[12], assemble dans une vaste plaine les moines et les religieuses de son gouvernement, et leur déclare qu'ils ne rentreront plus dans leurs cloîtres ; qu'il faut se marier à l'instant, ou se résoudre à avoir les yeux crevés, et à être transportés dans l'île de Cypre. Plusieurs cédèrent, mais plusieurs se dévouèrent au supplice ; il y en eut même de traités plus cruellement qu'on ne l'avait annoncé ; on en fit périr un grand nombre ; on assaisonna cette barbarie de plaisanteries exécrables : il y eut quelques uns de ces religieux à qui on se fit un jeu d'oindre la barbe d'huile et de cire fondue, on y mettait ensuite le feu, on leur brûlait le visage et la tête. Le gouverneur mit à l'encan les monastères et tous leurs biens, et en envoya le prix à l'empereur, qui lui écrivit des lettres de remerciement, soit que le gouverneur n'eût fait qu'exécuter ses ordres, soit qu'il eût imaginé de lui-même ce moyen de faire sa cour.

Copronyme inventait tous les jours pour les moines quelque tourment ou quelque affront nouveau. Ceux dont il épargna la vie, il s'attachait à les rendre ridicules. Il les fit tous passer en revue dans l'Hippodrome, un à un, tenant chacun, malgré soi, une femme par la main, apparemment pour les punir de n'avoir pas voulu en prendre. Le peuple, appelé à ce spectacle, leur crachait au visage, et leur jetait de la boue. Le supplice de saint Étienne, abbé — qu'on nomme le Jeune ou saint Étienne d'Auxence, pour le distinguer du premier martyr du même nom —, est accompagné, ainsi que le supplice d'une foule d'autres martyrs du même temps et de la même cause, de circonstances d'atrocité qui doivent égaler le nom de Constantin Copronyme à celui de Néron. Peut-être, encore un coup, ces circonstances sont-elles des imputations de parti, ou peut-être sont-elles seulement des effets naturels de la brutalité des subalternes.

Nous avons dit que la persécution, sous Constantin Copronyme, et sous Léon Porphyrogénète, s'étendait jusqu'à l'impératrice Irène, femme de Léon. Qu'elle était intéressante alors ! Combien une princesse jeune, belle, cherchant à plaire, opprimée par un beau-père et un mari odieux, pour la cause commune des âmes pieuses et sensibles, devait être chère à la nation ! Nous avons dit quels moyens moins intéressants elle était soupçonnée d'avoir employés pour se délivrer promptement de cette persécution. Devenue maîtresse absolue par la mort de son mari, par le bas âge de son fils, et par l'affection des peuples, son premier soin fut de mettre en liberté des sentiments qu'elle savait être ceux de la plus grande partie de ses sujets ; et avec le secours d'abord du patriarche Paul, qui s'accusa en public de la 'faiblesse qu'il avoir eue de déguiser jusqu'alors ses vrais sentiments, par la crainte de déplaire aux empereurs précédents, et qui s'en punit en se déposant lui-même ; ensuite, avec le secours du patriarche Taraise, successeur de Paul, elle parvint à rétablir pleinement le culte des images[13]. Elle voulut consacrer ce dogme par la solennité d'un concile œcuménique, tenu dans le même lieu que le premier des conciles œcuméniques, celui où l'hérésie d'Arius avoir été foudroyée, et.la vraie foi de l'église sur la Trinité solidement établie, c'est-adire à Nicée en Bithynie ; elle écrivit en son nom, et au nom de l'empereur Constantin Porphyrogénète son fils, au pape Adrien, pour le prier d'assister au concile en personne ou par ses légats : elle manda aussi tous les patriarches ; mais ils ne purent s'y trouver, et on ne put même parvenir jusqu'à eux pour leur porter les ordres de l'impératrice, par la crainte des Sarrasins, qui infestaient toutes les mers. Le pape fut représenté par deux légats, et les patriarches par des moines. Le concile se tint en 787. On établit le culte des images, et on en fixa les principes. On apporta une image de la Vierge au milieu de l'assemblée ; elle y fut saluée par tous les évêques, et on brûla devant elle les écrits des iconoclastes. Le même concile tint ensuite une session publique, à Constantinople, dans le palais de Magnaure : on y lut à haute voix, en présence du peuple, les décrets faits à Nicée ; ils furent souscrits par l'impératrice, et par l'empereur son fils. Le pape Adrien, très content de ce concile, et de la part qu'il y avait eue par ses légats, s'empressa d'en envoyer les actes à Charlemagne son ami. Sa surprise et sa douleur furent extrêmes de voir que Charlemagne, loin d'y applaudir composa, ou fit composer par les évêques. de sa domination, auxquels il avait donné ces actes à examiner, un ouvrage, dans lequel il rejetait les décisions du second concile de Nicée, comme contraires à l'usage et à l'opinion de l'église d'Occident, et s'efforçait de prouver que ce concile n'était point œcuménique[14]. Cet ouvrage que nous avons, et qui est fort connu sous le nom de livres Carolins, n'est ni sans fiel, ni même sans quelques légères erreurs. Il respire, en plus d'un endroit, la prévention et l'aversion contre les Grecs. L'auteur, quel qu'il fût, ne montre pas toute l'érudition ecclésiastique nécessaire, lorsqu'il avoue qu'il ne connaît ni la personne ni les écrits de saint Grégoire de Nysse, dont l'autorité était réclamée par le concile de Nicée.

Au reste, l'erreur principale de Charlemagne et de ses évêques, sur la doctrine de ce concile, était très-naturelle ; elle venait de l'impéritie du traducteur des actes. On y avait lu, avec autant d'étonnement que de scandale, cette formule : Je reçois et j'honore les images, et je leur rends la même adoration que je rends à la sainte Trinité. On jugea en France que la haine pour les iconoclastes avait jeté les pères de Nicée dans l'idolâtrie. L'original grec portait au contraire : Je reçois et j'honore les saintes images ; mais je ne rends qu'à la seule Trinité l'adoration de latrie. Ce qui était conforme à la doctrine que l'église avait professée dans tous les temps.

Alcuin avait aussi écrit, contre le second concile de Nicée, une lettre qu'il avait fait approuver par les princes et les évêques d'Angleterre.

Il paraît que l'erreur de Charlemagne ne fut pas promptement dissipée ; car au concile de Francfort sur le Mein, qui se teint en 794, et où il rassembla les évêques de toutes les provinces de son obéissance, le second concile de Nicée fut rejeté, toujours sur le fondement de la même erreur. Cette opposition de deux conciles, tous deux très nombreux et très solennels, fit redouter dès lors au pape Adrien la séparation des deux églises, qui ne devait avoir lieu que dans le siècle suivant ; il craignait de voir naître ce schisme, d'un malentendu, dans le moment où l'église grecque, abjurant l'erreur dont on avait voulu l'infecter, se réunissait à l'église romaine sous une impératrice orthodoxe, et prenait avec le Saint-Siège de nouveaux engagements. Adrien écrivit contre le livre de Charlemagne, non en controversiste, mais en père commun, et en pacificateur ; sa lettre à Charlemagne[15] est d'un ton aussi doux, aussi aimable, aussi paternel, et en même temps aussi respectueux que celui des livres carolins est aigre et amer. Il est vrai que le Saint-Siège ne pouvait trop ménager un bienfaiteur tel que Charlemagne ; mais enfin Adrien eut sur lui un avantage marqué dans cette dispute. Le malentendu cessa enfin, et la paix se maintint entre les deux églises, comme entre les deux empires ; lorsqu'on proposa le mariage de Charlemagne avec Irène, l'orthodoxie de cette princesse fut une des raisons qui facilitèrent les négociations. Nous avons dit ce qui empêcha la réunion des deux couronnes impériales.

L'article de la procession du Saint-Esprit, qui devait un jour être compté parmi les causes du grand schisme d'Orient, commençait depuis longtemps à exciter des disputes. Le Saint-Esprit procédait-il du père seulement, ou du père et du fils à-la-fois, ou du père par le fils ? L'église seule pouvait le savoir, et les simples lumières de la raison ne fournissaient rien sur ce point à opposer à son autorité ; mais l'église grecque et l'église latine différaient sur ce même point et de doctrine et d'usage. Dès le règne de Pepin-le-Bref, il s'était tenu à Gentilly, près Paris, un concile, dans lequel on agita principalement deux questions ; l'une concernait le culte des images — question dominante alors — ; l'autre était la procession du Saint-Esprit : l'empereur Constantin Copronyme envoya des ambassadeurs à ce concile ; ils eurent de grandes contestations avec les légats du pape sur les deux articles ; mais ils se plaignirent principalement de l'usage qui s'était introduit dans l'église de France, d'ajouter le mot filioque au symbole de Constantinople.

Cette addition du mot filioque fut encore agitée, sous Charlemagne, dans le concile d'Aix-la-Chapelle, tenu en 809. Charlemagne, l'oracle des théologiens, par sa doctrine autant que par  sa puissance, ne se jugea pas en état de décider la question ; il eut recours à la source la plus naturelle de lumières en pareille matière ; il fit partir pour Rome Bernard, évêque de Vormes, et Adélard, abbé de Corbie, prince du sang royal ; ils eurent avec le pape Léon III une longue conférence où la matière fut épuisée. Le pape déclarait qu'en son particulier il était persuadé que le Saint-Esprit procédait du fils comme du père, que par conséquent il approuvait ce qu'exprime l'addition filioque ; que cependant il n'était pas d'avis qu'on fît cette addition, parce qu'elle pouvait fournir aux Grecs, déjà mal disposés, le prétexte d'alléguer une innovation, et de se séparer de l'église ; on pensa en France que, s'ils étaient disposés à saisir un si faible prétexte, ils n'en manqueraient jamais, et que le mal était déjà fait ; que par conséquent la condescendance serait en pure perte ; que cependant le retranchement de cette addition donnerait lieu de croire qu'elle contenait une doctrine erronée.

Le pape insista, et dit qu'il ne proposait point de faire retrancher avec éclat cette addition de tous les missels ; mais il demanda si on ne pourrait pas du moins cesser de l'employer dans la chapelle du roi, sous prétexte de se conformer à la pratique de l'église romaine ? Nous ignorons ce que la cour de France pensa de cet expédient, mais l'addition filioque est restée ; Rome même l'a depuis adoptée dans l'onzième siècle, et le concile de Florence, tenu en 1055, l'a consacrée. Mais dans le temps de la conférence dont nous parlons, Léon III, pour montrer qu'il n'approuvait pas qu'on eût fait cette addition, fit graver le symbole sans l'addition sur deux grands écussons d'argent, en latin sur l'un en grec sur l'autre, et il fit suspendre ces deux écussons à droite et à gauche de la confession ou du tombeau de saint Pierre, comme des monuments publics de l'attention de l'église romaine à conserver le symbole tel qu'elle l'avait reçu. C'était condamner bien hautement un usage qui a fini par être universel dans l'église latine.

Telles furent les questions théologiques qui occupèrent l'église sous le règne de Charlemagne, et telle est la part que ce prince y prit. Au reste, toutes les sectes, tous les partis ont cherché, dans tous les temps, à s'appuyer de l'autorité de Charlemagne : tin docteur protestant, nommé Chrétien Nifanius, prétendit prouver, dans le dernier siècle, que Charlemagne n'avait pas été ce qu'il appelait papiste, c'est-à-dire catholique[16]. Il trouvait dans les règlements faits par Charlemagne pour les églises de la Saxe des choses contraires au rit romain, et conformes aux idées de Luther. Un zélé catholique, nommé Nicolas Schatenius[17], ne souffrit point qu'on imprimât cette tache à la mémoire d'un si grand prince ; il réfuta Nifanius, et prouva le catholicisme de Charlemagne. Nifanius ne se tint pas pour réfuté ; il revint à la charge, et donna plus affirmativement encore Charlemagne pour un confesseur de la vérité évangélique ; beaucoup de docteurs de Fun et de l'autre parti entrèrent dans la querelle ; les uns faisant toujours de Charlemagne, selon Nifanius, un témoin de la vérité ; les autres, selon Schatenius, un parfait catholique romain. Un docteur, nommé Henri Thana, prit un parti mitoyen ; il convint que Charlemagne était catholique, mais il prétendit que ce prince n'avait pas beaucoup de religion. Hoffman a extrême ment loué la piété que Charlemagne fit paraître dans la conversion des Saxons ; il serait à désirer qu'on pût louer autant son humanité envers eux. Quoi qu'il en soit, l'église de France fut préservée d'erreur ; mais la discipline intérieure de cette église, tombée dans le plus grand relâchement par l'esprit de licence et de désordre qu'avait introduit la continuité des guerres tant civiles qu'étrangères, fournissait au zèle de Charlemagne une ample matière de règlements et de capitulaires.

 

 

 



[1] Arius fut condamné au concile de Nicée, tenu en 325, sous l'empire de Constantin, et reconnu pour le premier concile œcuménique, où le ternie de consubstantiel fut employé dans le symbole pour exprimer le rapport du fils au père. Ce concile fut confirmé, en 381, par le concile de Constantinople, reconnu pour le second concile œcuménique, et où l'on dressa le symbole qui se dit à la messe.

Mais, pour suivre l'ordre des temps, si, en 325, le concile de Nicée est contraire aux ariens, en 329, le concile d'Antioche leur est favorable.

En 335, concile de Tyr, où saint Athanase est déposé, quoiqu'il eût fait voir qu'une femme, qui l'accusait de l'avoir violée, ne le connaissait pas, puisqu'elle prit un de ses diacres pour lui, et quoiqu'il eût fait paraître vivant l'évêque Arsène, qu'on l'accusait d'avoir tué.

En 342, concile de Rome, qui justifie saint Athanase.

En 345, concile d'Antioche, favorable aux ariens et aux eusébiens : ceux-ci tiraient leur nom d'Eusèbe, évêque de Césarée, un des plus ardents zélateurs de l'arianisme.

En 347, concile de Sardique contraire aux ariens, et où saint Athanase est encore justifié.

La même année, concile de Philippopolis, favorable aux ariens, et où le pape Jules et saint Athanase sont excommuniés.

En 351, concile de Sirmium, favorable aux ariens, et où l'on dérida que c'était le fils qui avait apparu à Abraham, et qui avait lutté contre Jacob.

En 353, concile d'Arles, favorable aux ariens, et qui condamne saint Athanase.

En 355, concile assemblé d'abord dans l'église de Milan, puis transféré dans le palais de l'empereur Constance, qui tire l'épée, en plein concile, contre les évêques qui lui résistent. Le résultat fut favorable aux ariens, et saint Athanase fut condamné.

En 357, concile de Sirmium, entièrement favorable aux ariens.

En 358, concile d'Ancyre, où triomphèrent les demi-ariens, qui n'étaient que des ariens mitigés ou déguisés.

En 359, concile de Rimini, où les catholiques furent surpris par une formule de foi captieuse des ariens, qui, par ce moyen, parurent, pour un moment, avoir pour eux le suffrage de l'église. C'est au sujet de ce concile que saint Jérôme a dit : Ingentuit totus orbis et arianum se esse miratus est. L'univers s'étonna et gémit de se trouver arien. (S. Hieronym. advers. Luciferianos. Ejus oper. t. 4, col. 300, edit. Benedictin.)

La même année, concile de Séleucie, dont le résultat est assez équivoque.

En 360, concile de Constantinople, favorable aux ariens, où saint Cyrille, évêque de Jérusalem, fut déposé ; c'était pour la seconde fois.

En 361, concile d'Antioche, favorable aux ariens.

En 362, concile d'Alexandrie favorable aux catholiques.

En 363, autre concile d'Antioche, et en 365, concile de Lampsaque, favorables aux ariens.

En 370, trois conciles, à Alexandrie, en Illyrie, à Antioche, tous trois favorables aux catholiques, et qui confirmèrent le concile de Nicée.

C'est cette foule de décisions contradictoires qui servit de prétexte au changement de Julien : on sait que cet empereur, grand prince d'ailleurs, n'épargnait à ceux qu'il appelait par dérision les Galiléens, ni les sarcasmes, ni les persécutions.

En 380, sous l'empereur Théodose, concile de Constantinople, favorable aux catholiques.

Deux autres conciles, tenus successivement à Constantinople en 382 et 383, sous le même empereur, ne produisirent guère que des disputes entre les différents partis ; mais Théodose fut favorable aux catholiques, et la doctrine de l'Église prévalut, parce qu'elle prévaut et qu'elle prévaudra toujours. Cependant la plupart des empereurs furent ariens, et l'erreur avait tellement gagné les puissances, qu'à la fin du cinquième siècle, et au commencement du sixième, Clovis était le seul prince catholique de toute la chrétienté.

[2] Tillemont, Histoire ecclésiastique, t. 5, p. 561. Fleury, t. 9, ann. 581, l. 40, n. 25. Tom. 1 des Conc., p. 989 et suivantes.

[3] Eginard, Annal. ann. 792. Cod. Carol. 97. Fleury, liv. 44, n. 50 et suivants, liv. 45, n. 9 et 13.

[4] Tom. 7 des Conc., p. 23.

[5] Tom. 1 des Conc., p. 298.

[6] Tom. 7 des Conc., p. 19. Vit. S. Steph. Auxenc.

[7] Anastas. in Greg. II.

[8] Tom. 7 des Conc.

[9] Constantin Manassès. Fleury, Histoire ecclésiastique, t. 9, p. 230.

[10] Ce concile était plus nombreux même que le premier concile œcuménique de Nicée ; celui-ci n'était composé que de trois cent dix-huit évêques.

[11] Fleury, Histoire ecclésiastique.

[12] Théophane, p. 375.

[13] Concil., t. 7, p. 51 et suivantes. Théophane, p. 386-387.

[14] Concil., t. 7. Fleury, I, 44.

[15] Tome 7 des conciles.

[16] Christiani Nifanii ostensio quod Carolus Magnus non fuerit papista. Francofurti, 1670, in-8°.

[17] C'est le P. Schaten, jésuite. Son ouvrage pour titre : Carolus M. Romanorum Irnperator et Francorum, Rex Romano-Catholicus explicatus et vindicatus adversus Christianum Nifanium.