HISTOIRE DE CHARLEMAGNE

CHARLEMAGNE ROI

LIVRE PREMIER

 

CHAPITRE VI. — Famille de Charlemagne.

 

 

DÉTOURNONS un moment nos regards de tant de guerres, et arrêtons-nous à considérer Charlemagne dans le sein de sa famille, d'où partaient aussi quelquefois des mouvements et des orages qui troublaient la politique tant extérieure qu'intérieure. Charlemagne, porté à l'amour et par la tendresse de son aine et par la vigueur de son corps, eut un grand nombre de femmes et de maîtresses ; mais les mœurs avaient fait assez de progrès pour ne plus permettre d'avoir plusieurs femmes à la fois, comme au temps de la première race, encore moins d'avoir à la fois pour femmes les deux sœurs, comme avait fait Clotaire Ier, le plus licencieux et le plus pervers de tous ces mauvais rois. L'indissolubilité de ce lien sacré n'était pas encore bien reconnue, ni confirmée par l'exemple des souverains ; mais on ne pouvait avoir une femme qu'à la fois, et le divorce n'avait plus d'autre effet que de substituer une seule femme à une seule. Du moins le sage Fleuri et le judicieux Cordemoy font les plus grands efforts pour prouver qu'il est possible en toute rigueur que Charlemagne n'ait jamais eu qu'une femme à la fois, soit femme en titre, soit concubine. Des esprits sévères restent effrayés de ce grand nombre de femmes — car il en eut neuf —, en le supposant même successif, selon l'idée de M. l'abbé Fleuri ; ils disent que c'eût été un grand scandale dans la primitive église ; ils citent saint Grégoire de Nazianze et saint Basile, qui disent qu'au-delà des troisièmes noces, n'en connaissait plus de légitimes, et qu'elle condamnait tout le reste comme excès d'intempérance. Saint Basile imposait un an de pénitence à ceux qui s'étaient seulement mariés deux fois ; encore s'accusait-il de trop d'indulgence et de quelque relâchement dans la discipline ; car dans d'autres églises, disait-il, on les soumettait à deux ans de pénitence. L'intérêt de l'État semble dicter d'autres maximes.

Charlemagne, qui ne voulait être ni privé des douceurs de l'amour par la guerre, ni distrait des soins de la guerre par l'amour, et qui se sentait en état de suffire à tous les devoirs, à tous les plaisirs, à toutes les fatigues, menait partout avec lui ses femmes dans ses expéditions les plus lointaines, et elles habitaient plus les camps qu'elles ne régnaient dans une cour paisible. Les despotes de l'Asie avaient connu cet usage clans l'antiquité ; lorsqu'ils allaient à la guerre, ils traînaient à leur suite leurs femmes, leurs maîtresses, leurs enfants, leurs eunuques, leurs esclaves, et tout l'appareil de leur vaine grandeur ; c'est-à-dire qu'ils transportaient dans leurs camps, et qu'ils étalaient au milieu de leurs innombrables et faibles armées, le luxe et les vices de leur cour. Charlemagne menait sa femme à l'armée, parce que cette douce société était pont- lui un délassement naturel et comme le prix de ses travaux ; mais alors la reine paraissait sans suite et sans pompe, et moins comme la femme du roi que comme la compagne d'un guerrier.

La première femme de Charlemagne, nommée Himiltrude, n'est regardée que comme une concubine ; mais il faut prendre ce nom dans le sens que nous avons expliqué[1], c'est-à-dire dans le sens d'une femme légitime, qui, par la disproportion de naissance ou le défaut de dot, avait dans la maison moins de considération qu'une femme de condition égale ; mais dont les enfants étaient réputés légitimes, et pouvaient succéder, radins peut-être par le droit de leur naissance que par la volonté de leur père.

De ce mariage naquit un fils, que son père n'aima point assez, soit parce qu'il n'avait pas longtemps aimé sa mère, soit parce que ce jeune prince, avec un très beau visage, avait une taille difforme. Il est connu dans l'histoire sous le nom de Pepin-le-Bossu : ainsi ce Charlemagne distingué entre tous les hommes par sa taille majestueuse et par la beauté régulière de ses proportions, était fils de Pepin-le-Bref, et père de Pepin-le-Bossu.

Les Français ne s'accoutumèrent jamais à regarder Pepin comme destiné à être leur roi ; et s'il avait besoin, pour succéder, d'une disposition expresse de son père, il dut peu se flatter de l'obtenir.

C'était cependant cet engagement de Charlemagne avec Himiltrude, si peu respecté de la nation, et si peu agréable à Charlemagne, que le pape Étienne IV voulait faire regarder comme le lien le plus indissoluble et le plus sacré, pour empêcher Charlemagne d'épouser Hermengarde, fille de Didier, roi des Lombards ; le motif qui le faisait parler était trop manifeste pour qu'on pût s'y méprendre : on ne fit que rire en France de cette prétendue indissolubilité : Charlemagne épousa Hermengarde [770] ; mais cette alliance malheureuse, conclue par la politique, ne fut point ratifiée par l'amour ; Charlemagne n'aima pas même assez Hermengarde pour en avoir des enfants ; il la renvoya ignominieusement à son père [771], et détruisit le royaume des Lombards [774].

La troisième femme de Charlemagne se nommait Hildegarde ; elle était d'une famille noble, de la nation des Suèves. C'est, de toutes les femmes de Charlemagne, celle qui paraît avoir été la plus chère et à son mari et au peuple français ; il sortit d'elle une nombreuse postérité, mais entre autres trois princes, l'espérance de la nation. L'aîné se nommait Charles, comme son père ; le second, qui se nommait Pepin, comme son aïeul, avait d'abord été nommé Carloman, comme son oncle et son grand-oncle. Le pape, en le baptisant, fit ce changement de nom, apparemment pour lui en donner un plus cher au Saint-Siège. Le troisième se nommait Louis, nom qui paraît être le même que celui de Clovis, à jamais illustré par le conquérant, véritable fondateur de la monarchie française, et porté depuis avec moins d'éclat par plusieurs autres princes de la première race. Ce nom de Louis, porté pour la première fois sous cette forme par le prince dont nous parlons, est, comme on sait, celui qui a été porté par le plus grand nombre de rois, tant de la seconde race que de la troisième.

Nous avons vu les deux premiers de ces princes marcher sur les traces de leur père dans la carrière de la gloire ; Charles se signaler contre les Saxons, gagner sur eux, à douze ans, la bataille de Draigny, et subjuguer dans la suite la Bohême ; Pepin faire la conquête de la Pannonie. Louis avait aussi commandé en Espagne, mais avec moins d'éclat et de bonheur. Hildegarde leur mère mourut, en 784, à Thionville, sous les yeux de Charlemagne, emportant au tombeau les regrets de tous les Français. Charlemagne fut pénétré de .douleur, mais il n'en fut point accablé ; il combattit son affliction comme une ennemie de sa gloire ; il s'imposa la loi de la vaincre par l'effort du travail, et de l'étouffer sous le poids des affaires. La satisfaction de n'avoir pas suspendu un moment des devoirs que l'état de son âme lui renduit si pénibles, lui tint lieu de consolation[2]. Il fit faire par Paul Diacre l'épitaphe d'Hildegarde.

Il ne pouvait se passer de femme ; il épousa trop tôt pour l'honneur de sa douleur, mais trop tôt surtout pour le bonheur de son peuple et pour le, sien, une femme impérieuse, injuste et cruelle, nommée Fastrade, fille d'un seigneur français[3]. Si cette femme toucha moins son cœur qu'Hildegarde, elle prit un plus grand empire sur son âme, et elle abusa de cet empire ; elle rendit Charlemagne complice de ses violences, elle lui fit faire des coups d'autorité contraires à son inclination ; elle parvint enfin à faire haïr ce prince aimable, de qui le don suprême était le don de plaire. On conspira, non pas comme les Rotbold, les Tassillon et les Arichise, seulement contre sa puissance, mais contre sa personne. On attenta en un mot à sa vie, et des ennemis domestiques, nombreux, puissants, redoutables, se joignirent à tant d'ennemis étrangers que Charlemagne avait toujours à combattre [785]. Le chef de la conjuration était Hartrade, un des comtes de Thuringe ; il croyait avoir à se plaindre de la reine, et il s'en prenait au roi, dont il n'avait pu obtenir justice contre elle. On ne sait point de particularités sur le sujet de ses mécontentements ; on n'en sait pas davantage sur la conspiration même, ni sur la manière dont elle fut découverte. Tout ce qu'on sait, c'est qu'elle répandit beaucoup d'effroi dans la maison royale, que le nombre et la qualité des conjurés semblaient annoncer des dispositions à une révolution, et annonçaient du moins quelles alarmes excitait le moindre abus du pouvoir de la part d'un vainqueur et d'un conquérant. C'est encore un des inconvénients des conquêtes, de rendre le conquérant trop redoutable, même à ses sujets. On le voit toujours armé de toute la puissance militaire, puissance toujours prête à braver toutes les lois, et à laquelle on ne connaît d'autre frein que les complots secrets. On en forma plusieurs contre Alexandre au milieu de son camp ; César, qui avait conquis Borne, tomba sous le poignard de la liberté qu'il avait détruite ; Charlemagne fut menacé, mais il écarta les orages et les dangers ; il répara en partie les torts de Fastrade, et ajouta même à l'amour et à l'admiration publique par la politique sublime qu'il eut de faire grâce de la vie à tous les conjurés, dont la plupart ne furent qu'exilés ; mais cette grâce fut bien légère pour Hartrade, car il eut les yeux crevés. Ce genre de supplice, usité depuis longtemps dans l'Orient, s'était introduit en France par les relations que ce royaume avait avec l'empire grec : l'abbé Velly a tort de dire qu'on en vit le premier exemple en France dans la personne d'Hartrade ; car nous avons vu que le duc d'Aquitaine, Hunaud, avait fait crever les yeux à son frère Hatton, et longtemps auparavant Ébroïn avait traité de même saint Léger.

Nous avons eu plus d'une fois occasion d'observer que les conquêtes sont impossibles quand il y a une politique extérieure, c'est-à-dire lorsque les diverses nations ont entre elles des liaisons suivies ; lors même qu'il n'y a point encore de politique extérieure, ni de communication entre les nations, les conquêtes sont encore difficiles à faire, et surtout à conserver : mais, soit dans l'état barbare, soit dans l'état civil, soit qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas de politique extérieure, et que les conquêtes soient faciles ou difficiles, il y a une grande raison qui s'élève toujours contre elles, et qui en montre l'abus, c'est l'impossibilité de gouverner des États trop vastes[4]. Nous avons vu que quand les rois de la première race voulurent saisir le vrai système de la monarchie, qui est de réunir le royaume, la nature même des choses y résista, le royaume se trouva trop étendu. Les influences du gouvernement ne pouvaient s'étendre partout, ni parvenir jusqu'aux extrémités ; le monarque fut obligé de donner des rois particuliers ou des fantômes de rois à de certaines portions de ses États : c'est ainsi que Clotaire II se vit forcé de donner l'Austrasie à Dagobert son fils, et Dagobert de la donner de même à Sigebert II. Charlemagne avait bien augmenté par ses conquêtes les inconvénients de la trop vaste étendue de l'empire français ; il sentit la nécessité d'y appliquer le même remède, il jugea qu'il falloir un roi en Italie, et un du côté de l'Espagne. Pepin, le second des fils d'Hildegarde, eut le royaume d'Italie, qui s'étendait des Alpes à l'Ofanto, et auquel on joignit la Bavière ; Louis eut le royaume d'Aquitaine ; qui comprenait le Poitou, l'Auvergne, le Périgord, le Limousin, le Languedoc, la Gascogne, et auquel était joint le département des affaires d'Espagne. Leur père, dans un voyage qu'il fit à Rome en 781, les fit couronner par le pape Adrien[5]. Pour lui, il se réservait plus particulièrement les affaires de la Germanie, comme celles qu'il avait le plus à cœur.

Ces rois enfants — l'aîné n'avait que quatre ans, et l'autre que trois[6] —, étaient utiles aux pays dont on leur confiait l'administration, ou plutôt dont on leur donnait le titre et les revenus ; ils y tenaient une cour particulière ; ils avaient un conseil composé des personnes les mieux intentionnées et les plus éclairées, qui connaissaient le pays, et qui avaient intérêt qu'il fut bien gouverné ; enfin les peuples savaient où adresser leurs plaintes et leurs demandes. Charlemagne, en donnant ainsi à ses fils des royaumes, leur donna aussi des ministres de son choix ; le titre de ces ministres était bajales, bajuli, sans doute à cause du fardeau dont ils étaient chargés. On ne sait le nom que de celui qu'il donna au roi d'Aquitaine, et on ne sait que son nom. C'était Arnoul, nom d'heureux présage dans la race carlovingienne, dont saint Arnoul, cet excellent bajule ou gouverneur de Dagobert, avait été le chef.

Lorsque Clotaire II et Dagobert avaient cédé l'Austrasie à leurs fils, ils s'étaient réellement dépouillés de leur autorité sur ce royaume ; Charlemagne, en confiant la sienne, se la réservait tout entière, il était le roi de tous ces rois ; ses fils n'étaient que ses représentants ; c'étaient les canaux par lesquels son influence se répandait sur ses sujets les plus éloignés : il mandait souvent ces jeunes princes pour recevoir ses ordres, quelquefois ses réprimandes, et pour apprendre de lui à réformer les abus qu'ils avaient ou introduits ou soufferts. De Paris ou d'Aix-la-Chapelle à Milan, à Ravenne, à Toulouse[7], il veillait sur eux avec plus de soin que bien des rois et bien des pères ne veillent sur leurs enfants, élevés sous leurs yeux dans leur propre maison ; il avait en eux des exécuteurs zélés et fidèles de ses volontés. Instruit de tout, présent à tout par eux, s'il y avait un mouvement à prévenir ou à réprimer, un voisin à combattre, un rebelle à soumettre, on retrouvait partout Charlemagne dans des fils formés par ses leçons, animés de son esprit, et guidés par ses ordres. C'était le jeune Pepin qui avait fait la conquête de la Pannonie, parce qu'elle appartenait au département de la Bavière jointe à l'Italie ; Louis fit souvent la guerre en Espagne, parce qu'elle était du département de l'Aquitaine.

Lorsqu'en 791 le jeune roi d'Aquitaine, Louis, fit ses premières armes, Charlemagne fit la cérémonie de lui ceindre l'épée. Ce fut l'institution de la chevalerie, et de la manière d'armer les chevaliers. Ce sont les grands princes qui, souvent sans y songer, forment les établissements et introduisent les usages, parce qu'on aime toujours à imiter un grand homme, et à s'appuyer de l'autorité d'un grand nom.

En donnant ainsi aux fils puînés d'Hildegarde ces brillants apanages, décorés du titre de royaumes, et revêtus de tous les droits d'une juridiction qui n'était subordonnée qu'à son autorité suprême[8], Charlemagne ne donna au prince Charles, l'aîné de ses fils, que le Maine pour tout apanage[9], et il eût pu ne lui en donner aucun ; l'apanage du fils aîné des rois est d'être l'héritier du trône. L'intention de Charlemagne avait été de fixer le partage des cadets, et de réserver à l'aîné les trois royaumes de l'ancienne division, savoir, l'Austrasie, la Neustrie et la Bourgogne ; observons que l'Austrasie s'était accrue par les conquêtes de Charlemagne jusqu'à comprendre la Germanie presque entière.

Cependant l'aîné de tous [792], Pepin-le-Bossu, traité en bâtard, n'avait aucune part à ces dispositions d'un père. On le destinait à l'état ecclésiastique ; mais il ne s'y destinait pas. L'exemple de Thierri, fils de Clovis, et de tant d'autres princes bâtards, ou qu'on pouvait regarder comme tels, et qui n'en avaient pas moins succédé à la couronne, formait en sa faveur un préjugé qu'il affectait de regarder comme un droit, et qu'il était résolu de faire valoir. La prédilection marquée de Charlemagne pour les fils d'Hildegarde, et l'indifférence que tout le monde, à l'exemple du roi, témoignait pour Pepin, avaient depuis longtemps jeté dans le cœur de ce jeune prince des semences de jalousie, auxquelles on n'avait pas fait assez d'attention : quand il vit les États de son père partagés d'avance entre les seuls fils d'Hildegarde, sans qu'on eût paru seulement songer à lui, il ne mit plus de bornes à son ressentiment[10]. Dès-lors tous les mécontents — et Fastrade en avait fait beaucoup — se rallièrent à lui ; on ranima les restes de la faction de Hartrade ; on en fortifia le parti de Pepin ; on le mit en relation avec ceux des complices de Hartrade qui étaient encore exilés, et qui devaient s'estimer trop heureux de n'avoir été qu'exilés, mais qui étaient toujours prêts à entrer dans tous les complots dont ils croiraient pouvoir attendre leur rétablissement ; enfin en irritant un caractère naturellement pervers et une ambition naturellement violente, on amena ce prince jusqu'au projet monstrueux d'assassiner un père qu'il ne regardait plus que comme son tyran, et des frères dans lesquels il ne voyait que des rivaux enrichis de ses dépouilles. Nous ne prétendons nullement infirmer le témoignage des historiens, qui est unanime sur ce fait ; nous observons seulement qu'une telle entreprise devait avoir bien des difficultés, et demandait des intelligences bien étendues et bien combinées, pour que quatre princes, presque toujours séparés, et très éloignés les uns des autres, fussent frappés par les assassins, si à propos et si bien de concert, qu'aucun des quatre n'échappât, qu'aucun ne pût être averti par le sort des autres, et ne restât pour les venger.

Comme il s'agissait d'une révolution générale, que les conjurés ne pouvaient opérer par leurs propres forces, ils se mirent sous la protection des puissances étrangères ; il est à présumer qu'on cacha soigneusement à celles-ci toute l'horreur du complot, et qu'on leur parla seulement de rétablir dans les droits de sa naissance un fils aîné injustement déshérité [792]. Les Saxons qui n'étaient pas encore transplantés, les Huns qui n'étaient pas encore subjugués, mais qui étaient menacés, et qui avaient même déjà été attaqués, les Grecs, les Lombards, c'est-à-dire ceux des Lombards qui souffraient encore impatiemment le joug de Charlemagne, furent sollicités d'entrer dans cette entreprise, et promirent de faire diversion ou de fournir des secours ; mais avant qu'ils pussent agir, la conjuration fut découverte par l'imprudence des conjurés. Au lieu de s'assembler, et même encore avec précaution, chez un d'entre eux, ils se donnèrent rendez-vous dans une église pour délibérer sur leurs affaires voulant peut-être par-là échapper plus sûrement au danger d'être entendus de leurs domestiques. Comme ils se croyaient apparemment maîtres de cette église, et qu'ils en avaient fermé les portes, tout ce que leur complot avait de plus coupable et de plus affreux fut dévoilé sans crainte. Près de se séparer, ils songèrent :à prendre une précaution qu'ils avaient négligée d'abord. Ils s'étaient contentés d'un examen un peu superficiel, pour s'assurer en entrant qu'il n'y avait personne dans l'église ; en sortant, ils recommencèrent cet examen avec plus d'exactitude ; ils trouvèrent un ecclésiastique caché sous l'autel, et qui avait été à portée de les entendre. Il avait tout entendu en effet, et il était tellement saisi d'horreur de tout ce qu'on avait dit, et d'effroi de ce qu'il avait à craindre pour lui-même, que n'en pouvant tirer aucun éclaircissement, ils le prirent pour un imbécile et pour un homme sans conséquence. Ce fut son salut, comme celui du roi et de ses fils, car ils avaient d'abord eu dessein de le tuer ; ils se contentèrent de prendre une précaution, qui devenait superstitieuse à force de supposer la superstition, ce fut de le faire jurer qu'il ne révélerait rien de ce qu'il avait entendu[11] ; ils crurent qu'un ecclésiastique, un prêtre même — car il s'annonça pour tel — n'oserait jamais violer un serment fait dans l'église et sur l'autel, quoiqu'il s'agît de la vie du roi et de ses enfants. Echappé de ce péril, cet homme courut tout révéler ; il donnait des avis tellement circonstanciés, qu'il ne fut pas possible de les négliger. On fit les perquisitions nécessaires ; tous les conjurés furent arrêtés, et condamnés à divers supplices, selon leur qualité, ou selon la part qu'ils avaient eue au complot. Le roi ne fit grâce qu'à son fils, et ne lui fit grâce que de la vie. Pepin fut rasé, et enfermé dans le monastère de Prum, où.il finit ses jours du vivant même de son père, en 811.

Au premier bruit de la découverte de cette conjuration, les rois d'Italie et d'Aquitaine quittèrent leurs royaumes [793], et coururent se ranger auprès de Charlemagne à Ratisbonne, pour le défendre, s'il était encore en danger, ou pour le consoler du moins par leur zèle, des attentats d'un fils dénaturé.

L'homme qui sauva l'État en cette occasion eut pour récompense l'abbaye de Saint-Denis ; il se nommait Fardulfe, et était Lombard de nation.

Tels étaient les chagrins que trouvait au sein de sa famille ce Charlemagne qui remplissait l'univers de sa gloire. Si l'on ne peut pas dire qu'il les eût absolument mérités, on ne peut pas dire non plus qu'il eût la consolation de n'avoir à cet égard aucun reproche à se faire : car, sans examiner si ce roi distingué entre tous les pères par sa tendresse pour ses enfants, fut assez tendre et assez juste envers le fils d'Himiltrude ; si, puisqu'il donnait des partages à ses fils, et puisque les partages eurent lieu sous la seconde race comme sous la première, il n'eût pas mieux fait d'imiter Clovis et les autres rois qui avaient admis leurs bâtards à succéder ; si enfin il n'eut pas tort d'ajouter au malheur que Pepin avait eu d'être maltraité par la nature, celui de le maltraiter encore du côté de la fortune : il est certain qu'il eut la faiblesse de souffrir dans Fastrade des hauteurs et des violences qui aliénèrent les cœurs que Charlemagne savait si bien gagner. Il sentit ce tort, et il s'empressa de le réparer, non en usant de plus de fermeté à l'égard de Fastrade, mais en redoublant d'attention pour prévenir ou pour dissiper les mécontentements par des bienfaits, par des égards, par ces mots obligeants et flatteurs, qui n'ont tout leur prix que dans la bouche des rois.

Fastrade ne survécut que deux ans à la conjuration de Pepin-le-Bossu ; elle mourut en 794[12], et ne fut regrettée que de Charlemagne, dont le suffrage, dit un auteur moderne, ne décidait rien en cette occasion, parce qu'entraîné par un penchant impérieux il appliquait sans discernement à l'objet qu'il possédait, ce goût vif que la nature lui avait donné pour les femmes en général.

Il n'avait eu de Fastrade que des filles.

Il prit peu de temps après une cinquième femme, dont l'histoire ne dit ni autant de mal que de Fastrade, ni autant de bien que d'Hildegarde ; elle se nommait Luitgarde, et était de la nation des Allemands. Elle mourut encore du vivant de Charlemagne [800], sans laisser d'enfants.

Charlemagne eut ensuite successivement quatre concubines ; Madelgarde, Gersuinde, Régine, Adelaïde ; il eut des enfants de toutes les quatre, et même des fils des deux dernières, mais ils entrèrent tous dans l'état ecclésiastique.

Indépendamment de tant de femmes et de tant de concubines, qui n'étaient distinguées des autres femmes des rois, qu'en ce qu'elles ne portaient pas le titre et ne recevaient pas les honneurs de reines ou d'impératrices, et que cette alliance était ce qu'on appelle en Allemagne mariage de la main gauche, en France et ailleurs, mariage de conscience, il paraît que Charlemagne eut plusieurs maîtresses proprement dites, et qu'il aima diverses femmes, dont on sait qu'une au moins lui fut rebelle ; c'est sainte Amalberge : peut-être obtint-elle principalement ce titre de sainte, pour avoir eu le courage de résister au plus puissant des rois et au plus aimable des hommes[13]. L'accident arrivé à cette vertueuse fille, qui, en voulant échapper à Charlemagne, tomba et se cassa le bras, n'a pas peu contribué sans doute à établir la réputation d'incontinence dont la mémoire de ce grand prince est restée chargée : en effet, cet air de violence, et je ne sais quel air d'inceste spirituel que ce titre de sainte semble avoir répandu après coup sur cette entreprise de Charlemagne, ont dû faire tort à ce prince ; cependant, plus la vertu de la sainte doit avoir été prompte à s'alarmer, plus il reste permis de croire que le généreux Charlemagne n'eut contre lui que les apparences, et n'avait pas réellement intention d'aller jusqu'à la violence.

Ceux qui voudraient trouver dans Charlemagne toute la pureté d'un saint, puisqu'enfin il a été canonisé, observent qu'il fit de très beaux règlements pour réprimer les effets de l'incontinence ; ils ajoutent que Charlemagne n'était capable ni de l'hypocrisie, qui eût affecté un zèle pour les mœurs qu'aurait démenti sa conduite, ni de la tyrannie qui exige dans les autres des vertus dont on se dispense soi-même. Ces raisons peuvent avoir quelque force ; mais ii est certain que l'opinion reçue ne met point la continence au nombre des vertus qu'on révère dans Charlemagne.

La Vision de Wetin[14], ouvrage composé en 825, onze ans après la mort de ce prince, fait voir quelle idée on en avait de son temps. On y rend justice aux grandes vertus de Charlemagne, on y rend hommage à sa gloire, on y vante son zèle pour la religion ; on ne l'attaque enfin que sur un seul point, l'incontinence. Wetin est transporté en songe dans un lieu d'expiation, tel que notre purgatoire ; il est fort étonné d'y rencontrer Charlemagne. L'ange qui conduit Wetin, et qui lui explique tout ce qu'il voit, le rassure en lui déclarant que ce prince recevra dans l'éternité la récompense des justes, mais qu'en attendant il est justement puni, dans ce lieu de souffrances, de son amour pour la volupté. En effet, un monstre tel que le vautour de Prométhée, lui déchire le coupable organe de ses plaisirs en respectant toutes les autres parties de son corps.

Un bon mari est naturellement un bon père ; Charlemagne aima autant ses enfants qu'il avait aimé ses femmes et ses maîtresses ; le partage qu'il fit de ses États entre ses fils fut autant l'effet de sa tendresse que de sa politique ; il aimait à leur fournir les occasions de se former et de se signaler ; il jouissait de leur gloire encore plus que de la sienne ; sans s'aveugler sur leurs fautes, sans cesser de veiller sur eux, il les laissait suivre la nature et l'exemple ; il les abandonnait à leurs talents, jamais à leurs défauts. Il avait entendu parler, peut-être avec éloge, de la magnificence du jeune roi d'Aquitaine, Louis, et de l'éclat de sa cour, il craignit que cet éclat ne fût fatal à ses peuples ; il envoya en Aquitaine un homme de confiance, nommé Archambaud, qui, sous prétexte de traiter de quelque autre affaire, était chargé secrètement d'examiner la conduite de Louis, et d'écouter ce qu'on en disait : cet homme, qui n'aurait pas voulu tromper Charlemagne, et qui savait qu'on ne le trompait pas longtemps, lui avoua que l'administration du roi d'Aquitaine avait d'abord été imprudente ; et que son luxe avait été à charge à ses peuples ; mais il assura que ce prince avait eu le mérite de se réformer de lui-même ; que son administration était devenue très sage, et ses peuples très heureux, et qu'il avait trouvé dans une austère économie les moyens de tenir toujours une cour brillante, sans fouler ses sujets. Charlemagne fit part de ces bonnes nouvelles à ses courtisans : Mes amis, s'écriait-il dans les transports de sa joie, réjouissons-nous de ce que ce jeune homme est déjà plus sage et plus habile que nous[15].

On prétend que sa tendresse pour ses filles nuisit à leur établissement. Éginard dit formellement que ce monarque ne put jamais se résoudre à marier aucune de ses filles, parce qu'il ne pouvait s'en séparer[16]. On a vu les raisons qui l'avaient empêché de marier Rotrude, l'aînée des filles d'Hildegarde, avec l'empereur Constantin, fils de la fameuse Irène ; on ne peut le blâmer d'avoir voulu dérober sa fille aux dangers dont l'ambition d'Irène la menaçait. Mais toutes les puissances de l'Europe devaient briguer l'alliance de Charlemagne, et toutes les alliances n'avaient pas le même inconvénient. Ces princesses étaient filles de Charlemagne, et Hildegarde leur mère avait été d'une fécondité remarquable. Charlemagne n'y fit point assez d'attention ; il aima plus ses filles pour lui que pour elles-mêmes, il eut sujet de s'en repentir. Des désordres honteux déshonorèrent sa maison ; Rotrude eut du comte Ptoricon un fils, nommé Louis, qui fut abbé de Saint-Denis, et chancelier de France[17]. Berthe eut deux enfants d'Angilbert, un des seigneurs les plus aimables de la cour de son père, savoir Nitard, connu pour avoir écrit une partie de l'histoire de son temps, et Harnilde, dont on ignore la destinée. On pourrait induire du récit de quelques historiens, que Berthe, du consentement de son père, avait épousé secrètement Angilbert ; d'autres ne parlent point de mariage ; d'autres disent clairement qu'il n'eut lieu qu'après qu'il eut été rendu nécessaire par la naissance de ces enfants. Quoi qu'il en soit, Angilbert renonça dans la suite au monde et à la faveur ; il se fit moine, et fut abbé de Saint-Riquier. Un de ses successeurs dans cette abbaye, nommé Auscher, qui, dans le douzième siècle, a écrit la vie d'Angilbert, prétend qu'Angilbert était déjà prêtre lorsqu'il épousa la princesse Berthe, ce qui n'empêcha pas Charlemagne de consentir à ce mariage. Ce trait n'est pas aussi dépourvu de vraisemblance que la décence des usages actuels pourrait le faire croire. Les mariages des prêtres n'étaient pas rares alors ; ce fut Charlemagne qui réforma cet usage, comme un abus introduit à la faveur des guerres et de la licence ; mais il pouvait en avoir profité pour réparer l'honneur de sa fille ; et lorsque les prêtres eurent été rappelés à la loi du célibat, Angilbert aura cru expier et ses galanteries et son mariage en se faisant moine.

Les galanteries d'Hiltrude — fille non d'Hildegarde mais de Fastrade, et abbesse de Farmoutier — avec un autre seigneur, nommé Odillon, causèrent encore, s'il se peut, plus de scandale.

On parle aussi d'une Emma, fille de Charlemagne, dont la mère n'est point connue, et qu'il fit, dit-on, épouser au célèbre Éginard, son secrétaire et son historien, ayant découvert le commerce que cette princesse avait avec lui. Voici comment on raconte cette histoire.

Éginard ayant passé une nuit dans l'appartement de la princesse Imma ou Emma, et voulant se retirer avant le jour, trouva la terre couverte de neige ; il craignit que la trace de ses pas ne trahît le mystère de ses amours ; il fit part de son inquiétude à Emma, qui, prenant son parti d'après les circonstances, le porta sur ses épaules jusqu'au-delà de la neige[18]. Cependant, si les pas d'un homme sortant de l'appartement d'Emma, étaient un indice de leur commerce, les pas d'une femme allant de l'appartement de la princesse à l'appartement d'Éginard, ne pouvaient-ils pas aussi être suspects ? Il faut sans doute supposer qu'elle le porta dans un lieu où les pas d'une femme pouvaient s'adresser sans faire naître aucun soupçon, et d'où Éginard pouvait ensuite se retirer sans inconvénient. Mais Charlemagne qui se levait souvent au milieu de la nuit pour observer les astres, vit ce stratagème de l'amour ; il reconnut sa fille courbée sous son fardeau et marchant avec peine, il reconnut aussi Éginard. Il fit d'abord la démarche assez peu prudente, ce semble, d'assembler son conseil, et de le consulter sur cette matière, qui n'était pas de son ressort ; c'était d'ailleurs un peu trop compter sur la discrétion des conseillers. Le conseil se montra plus sage que le prince, il ne décida rien, et s'en rapporta entièrement à la prudence de Charlemagne. Celui-ci fit- venir Éginard et Emma, et après leur avoir fait quelques plaisanteries qui les déconcertèrent beaucoup, en leur annonçant qu'ils étaient découverts, il se hâta de les marier. Cette histoire, rapportée dans la chronique de Lauresheim, publiée par Marquard Frehert, dans son recueil des écrivains de l'histoire germanique, sert de sujet à un conte en vers flamands, de Jacob Cast, grand pensionnaire de Hollande, traduit en vers latins hexamètres par Gaspard Barlée, sous le titre de Virgo Άνδροφορος, et où diverses estampes représentent des particularités de cette aventure. Un savant allemand, nommé Hermann Flayder, fit sur le même sujet un drame latin, intitulé Imma Portatrix, qui fut joué, en 1625, par des écoliers de l'université de Tubinge ou Tubingue en Souabe.

Vincent de Beauvais, auteur du treizième siècle, rapporte une histoire semblable de l'empereur Henri III ; et dans une histoire du maréchal de Saxe, qui a paru peu de temps après sa mort, on attribue aussi à ce général une aventure à peu près pareille : l'original de tous ces contes est l'anecdote d'Éginard et d'Emma. Mais la plupart des critiques la rejettent, en se fondant sur le silence d'Éginard. Un sujet, disent-ils, aurait-il dissimulé l'honneur d'avoir été le gendre de son souverain, et d'un souverain tel que Charlemagne ? On pourrait même alléguer son témoignage formel ; car Éginard dit expressément que Charlemagne ne maria aucune de ses filles.

Dom Mabillon, loin de rejeter cette anecdote, l'a crue confirmée par le titre de neveu, neptitas vestra, neptitatem vestram, qu'Épinard donne à l'empereur Lothaire, petit-fils de Charlemagne[19] ; mais le bollandiste Papebroch essaie d'expliquer ce titre par une autre généalogie[20].

Les Bénédictins, auteurs de l'histoire littéraire de la France, disent qu'il est difficile de se refuser aux preuves qui établissent la vérité de l'anecdote ; M. de Foncemagne répond que celles qui la combattent ne sont pas moins fortes[21] ; on les trouve presque toutes rassemblées dans la préface que M. Schminke a mise à la tête d'une bonne édition qu'il a donnée de la vie de Charlemagne, par Éginard.

Charlemagne eut en tout vingt enfants connus, et il est à présumer qu'il en eut d'autres que l'on ne connaît pas.

D'Himiltrude, il avait eu, outre Pepin-le-Bossu, une fille, nommée Rochais ou Rothaïs, dont la destinée n'est pas connue.

D'Hermengarde, il n'eut point d'enfants.

D'Hildegarde, il en eut neuf, savoir quatre fils : Charles, Pepin, Louis, et un Lothaire, mort dans l'enfance. Les cinq filles furent Adélaïde, Rotrude, Berthe, Gisèle, et Hildegarde ; Adélaïde et Hildegarde moururent jeunes.

De Fastrade, il n'eut que deux filles : Théodrate, abbesse d'Argenteuil, et Hiltrude, abbesse de Farmoutier. Luitgarde n'eut point d'enfants.

Voilà tous les enfants nés des femmes qui eurent le titre de reine, si cependant on doit mettre Himiltrude au nombre de ces femmes.

Quant aux concubines :

De Madelgarde naquit Rothilde.

De Gersuinde, Adeltrude.

De Régine, deux fils : Hugues, dit l'abbé, parce qu'il le fut de Saint-Bertin, de Saint-Quentin, et de Noaillé ; Drogon, évêque de Metz, et une fille, nommée Adalinde.

D'Adelaïde, un fils, nommé Thierri, qui fut ecclésiastique.

Enfin, selon quelques uns, d'une mère inconnue ; cette Emma, qui fut ou ne fut point femme d'Éginard, ni peut-être même fille de Charlemagne.

On montre à Bourges, dans le chœur de l'église de Saint-Laurent, le tombeau et l'épitaphe de sainte Eu-fraise, première abbesse de ce monastère. Quelques auteurs disent qu'elle était fille naturelle de Charlemagne. C'est une erreur, dit le père Anselme.

Charlemagne pourvut à la subsistance de ses bâtards par des bénéfices et des terres, mais il les exclut de la succession du royaume.

 

 

 



[1] Voir l'introduction, chapitre II.

[2] Negotia pro solatiis accipiens. TACITE.

[3] Eginard. in Annal. et in Vit. Carol. Magn.

[4] Souvenons-nous de la fable du conquérant et de la pauvre femme :

Eh ! pourquoi donc, seigneur, répondit la matrone,

Ne pouvant nous régir, nous avez-vous conquis ?

[5] Le 15 avril, jour de pâques.

[6] On porta ce dernier en Aquitaine dans son berceau ; mais, pour son entrée, on lui fit des armes et des habits de guerre proportionnés à sa taille ; on le mit comme on put à cheval, et ce fut dans cet appareil qu'il reçut les hommages des grands et du peuple.

[7] Milan était la capitale du roi d'Italie, et Ravenne le lieu de sa résidence la plus ordinaire. Toulouse était la capitale du roi d'Aquitaine.

[8] Egin. in vit. Ludov. Pii.

[9] On se sert ici du mot d'apanage, faute d'autre terme. L'apanage, tel qu'il est conçu aujourd'hui, est très postérieur à ces temps. Il a remplacé les partages des cadets, et il est absolument étranger à l'héritier du trône.

[10] Egin. Annal.

[11] Egin. Annal.

[12] Egin. Annal.

[13] Histoire de l'académie royale des inscriptions et belles-lettres, tom. 7, page 283, Rec. des Bolland.

[14] Wetin était un moine de l'abbaye de Richenoue, près de Constance.

[15] Vit. Ludov. Pii.

[16] Egin. in Vit Carol. Magn.

[17] Ex illicita copula, D'un commerce illicite. Annal. de S. Bertin.

[18] Chroniq. de Lauresheim. Bayle, art. Eginard.

[19] Annal. Ord. Bened. l. 28, n. 47.

[20] Bolland. 2. Junii ad translat. Marcellini et Petri.

[21] Histoire de l'académie royale des inscriptions et belles-lettres, tom. 14, p. 218.