L'ANCIENNE FRANCE - LE ROI

 

CONCLUSION.

 

 

Quand les érudits auront débarrassé les études sur la Révolution, des déclamations et des considérations politiques dont elles continuent d'être encombrées, il apparaîtra sans doute qu'on s'est servi de cette expression — la Révolution — pour désigner dans l'histoire de France le passage du régime patronal au régime administratif[1] ; transformation que tous les peuples ont subie ou subiront au moment correspondant de leur histoire. L'énergie et le despotisme révolutionnaires, dont l'œuvre a été complétée par le génie de Napoléon, ont ainsi fait chez nous ce que le génie de Jules César et l'habileté d'Auguste avaient fait à Rome. Il est vrai que les Français ont vu, en 1792, la forme républicaine succéder à la forme monarchique ; tandis que les Romains avaient vu la forme monarchique succéder à la forme républicaine ; la transformation sociale n'en a pas moins été la même de part et d'autre, rendue inévitable de part et d'autre par la ruine des traditions ; et les conséquences en ont été de part et d'autre identiques : parmi les débris du régime patronal, ont jeté leurs racines et se sont développées, chez les Romains comme chez les Français, jusqu'à pénétrer dans les moindres recoins de leur vie publique et privée, la contrainte législative et la bureaucratie.

Enfin législation et bureaucratie, après avoir perdu leurs forces à leur tour, ont laissé dans la Rome antique les voies libres à la tyrannie : prenons exactement ce mot clans son sens historique ; et il semble bien que rien ne puisse plus éviter cette dernière forme de gouvernement à la France, qui conserverait du moins l'espoir de voir encore s'ouvrir à son essor un Siècle des Antonins.

 

FIN DE L'OUVRAGE

 

 

 



[1] On crut pouvoir remplacer la force des croyances par celle des lois, et la puissance de la tradition par des, règlements administratifs m. Rameau, dans Bulletin de la Société d'économie sociale, IV, 733.