L'AFFAIRE DU COLLIER

 

XXVI. — LA BASTILLE.

 

 

Le jour même de l'arrestation du cardinal, une lettre de cachet, contresignée Breteuil, ordonnait l'incarcération de Mme de la Motte à la Bastille[1]. Le 18 août, à quatre heures du matin, sous la direction de l'inspecteur Surbois, quelques hoquetons soutenus par la maréchaussée du pays se présentaient au domicile de la comtesse, rue Saint-Michel, à Bar-sur-Aube. Les hoquetons mirent plus de halle que de soin à exécuter leur mission. Ils n'avaient pas ordre, il est vrai, d’arrêter le comte de la Moite, mais ils le laissèrent tranquillement détacher les boucles d’oreille, ôter les bagues ornées de brillants qui étaient aux doigts de sa lemme, et faire ainsi disparaître le corps même du délit qu'elle portait sur elle. Aussitôt après le départ des hoquetons et de sa femme, La Motte alla rendre compte de l'événement à Albert Beugnot d’un ton, dit celui-ci, suffisant et tranquille ; mais le jour mène il rompt les scellés apposés chez lui, prend les objets qui lui conviennent : argent, diamants, dentelles, l'écrin de diamants d'une valeur de 100.000 livres qui avait servi de gage chez le notaire Minguet, et que La Motte avait fait retirer par Villette. ll recèle l'argenterie et une partie des bijoux chez sa tante Clausse de Surmont. Puis il prend la poste avec Mme de la Tour, sa sœur. Ils vont ensemble jusqu'à Meaux où ils se quittent : Mme de la Tour se rend à Paris et le comte, par la Belgique, gagne l'Angleterre[2]. Quand les hoquetons reparurent, ils trouvèrent maison vide. Dès le 23 août, La Motte eut même l'audace de se présenter à Londres, chez le bijoutier Gray, pour lui vendre les diamants qui lui restaient provenant du collier et ceux qu'il avait laissés entre ses mains lors de son premier voyage[3].

Le cardinal coucha chez lui, rue Vieille-du-Temple, la nuit du 15 au 16 août. L'après-midi du mardi 16, on le vit aux fenêtres de son salon, qui dominaient les grands jardins par lesquels la maison de Strasbourg communiquait avec l'hôtel Soubise, jouant avec son singe. Le soir, le marquis de Launey, gouverneur de la Bastille, alla le prendre pour le constituer prisonnier. C'est à onze heures et demie, dans la nuit, que la voiture où Rohan avait pris place avec Launey et le comte d’Agoult, commandant des gardes du corps, franchit les ponts-levis de la forteresse royale[4]. Il ne fut pas logé dans les tours, c'est-à-dire dans les locaux réservés aux détenus ordinaires. Deux appartements étaient aménagés pour recevoir les prisonniers de distinction, dans les bâtiments qu'occupaient les officiers de l'état-major. Le plus vaste d’entre, eux fut mis à la disposition de Rohan. Trois de ses domestiques, Brandner, Schreiber et Liégeois, furent autorisés à le servir. Une somme de cent vingt francs par jour — ce qui paraît presque invraisemblable étant donnée la valeur de l'argent à cette époque — fut affectée à son entretien[5]. Sa table était servie princièrement. Il voyait toutes les personnes qu'il désirait, sa famille, ses secrétaires, ses conseils.... Il lui arriva de donner dans sa prison un festin de vingt couverts où l'on ouvrit des huîtres et fit mousser le champagne. Hardy note que, à cause de cette affluence de visiteurs, le grand pont-levis de la Bastille était abaissé pendant toute la journée et les deux vantaux de la porte principale toujours ouverts ce qu'on ne se souvenait pas d’avoir jamais vu[6]. De sa prison, Rohan continua d’administrer les affaires de son diocèse, celles de la grande aumônerie et des Quinze-Vingts. Il tenait salon à peu près comme à l'hôtel de Strasbourg. Il se promenait des après-diners sur la plate-forme des tolus. Il était alors en redingote brune, en chapeau rond et rabattu. Les badauds s'attroupaient pour le voir. Il y eut des-manifestations et l'on dut interdire au prisonnier la promenade des tours. Pour prendre l'air le cardinal avait il est vrai encore les jardins du gouverneur, eu triangle, dans l'ancien bastion de la forteresse. Tel était, comme on sait, le régime auquel étaient soumis à la Bastille les prisonniers du roi, c'est-à-dire ceux qui y étaient, renfermés par lettres de cachet. Mais quand, à partir du 15 décembre, le cardinal eut été régulièrement décrété de prise de corps par le Parlement assemblé, et que, cessant d’être le prisonnier du roi, il devint celui de la magistrature, il fut soumis au régime ordinaire des détenus. Et, dans la solitude, son humeur devint plus sombre et sa santé s'altéra.

Louis XVI avait désigné, dès le premier moment, pour interroger Behan à la Bastille, Breteuil et Thiroux de Crosne. Le choix était régulier. C'était, en effet, du ministre de Paris et du lieutenant de police que relevaient les prisonniers de la Bastille. Mais Boulait les récusa l'un et l'autre : le premier, pour cause d’inimitié personnelle, le second comme n'étant pas d’un rang : ô l'interroger. Ils furent remplacés par Vergennes, ministre des Affaires étrangères, et, le maréchal de Castries, ministre de la Marine. Le cardinal leur remit, le 20 août, un résumé clair, modéré et d’une rigoureuse exactitude, de l'histoire du Collier, telle qu'il la connaissait[7].

Cependant dans Paris couraient déjà des récits fantastiques. Dés le premier jour l'opinion se passionna. Et pendant des mois on trouvera, tel un écho, dans les gazettes de hollande hi constatation : On ne s'occupe à Paris que de l'affaire du Collier.

Pour suivre les contre-coups de ces événements dans l'opinion populaire nous avons un document d’une valeur inestimable, le journal du libraire Hardy[8]. Les boutiques des libraires en vogue peuvent alors se comparer aux salles de rédaction de nos grands journaux. Là paraissaient et s'enlevaient ces pamphlets, libelles, brochures, feuilles volantes, qui s'imprimaient dans la nuit, paraissaient le matin, et à midi parfois étaient déjà épuisés. Là se pressaient les échotiers, les nouvellistes, les curieux et les flâneurs. Grouillantes potinières où se répétaient les bruits de la rue, des cafés et des promenades, de la cour, du Palais et des salons. Le libraire Hardy, brave homme, d’esprit modéré, sans parti pris, a écrit au jour le jour la relation de tout ce qui venait de la sorte à sa connaissance.

L'opinion publique fut au début hostile au cardinal. On parlait de ses débauches, des sérails qu'il entretenait dans Paris. Il n'a pas paru une femme dans le procès, Mme de la Motte, la comtesse Cagliostro, la petite d’Oliva, sans qu'immédiatement les Parisiens ne se fussent confié l'un à l'autre : Encore une maitresse du cardinal ! Et puis le refrain : C'est un besogneux ! On publia des caricatures. L'une représentait l'Éminence captive tenant de chaque main une tirelire, avec ces mots : Il quête pour payer ses dettes. — Rohan était grand aumônier. — Une autre lui mettait la corde au cou, avec ces mots : Autrefois j'étais bleu, allusion au cordon du Saint-Esprit. Et les chansons de courir les rues.

Mais à Versailles la cour était hostile à la reine. La noblesse et le clergé poussaient des cris aigus à propos de l'arrestation retentissante du 15 août et croyaient devoir se solidariser avec l'un de leurs principaux représentants. A la ville, dit la Correspondance secrète, on accusait, Mme de la Motte et le cardinal ; mais à la cour on accusait la reine. Enfin le Parlement, entraîné par le jeune et fougueux Duval d’Eprémesnil, se prononçait ouvertement en faveur de celui qu'on appela immédiatement une illustre victime de l'arbitraire royal et des intrigues ministérielles. L'arrestation du 15 août était proclamée un coup de force et une illégalité. On se récriait contre un acte aussi absolu de despotisme que l'était celui de l'enlèvement de S. E. le prince Louis de Rohan-Guéméné, que quelques personnes attribuaient à l'animadversion particulière d’un ministre empressé d’exercer sa vengeance[9].

***

Mme de la Motte arriva à la Bastille le 20 août, à quatre heures du matin. Avec la vivacité de son esprit, elle avait dès le premier moment bâti tout un système de défense, unissant ses rancunes, ainsi qu'elle le fit toute sa vie, à ce qu'elle croyait son intérêt. On a dit sa rivalité avec Cagliostro. Elle n'avait pas tardé à démêler que l'alchimiste la desservait dans l'esprit du cardinal. D'autre part, ce personnage étranger, parlant mal le français, bizarre d’allure, doublement suspect en qualité d’alchimiste et de franc-maçon, dépensant des revenus immenses dont personne ne connaissait la source, et soupçonné de pratiquer l'espionnage, lui paraissait l'homme à endosser les responsabilités. Elle le chargea dès son premier interrogatoire. Le 23 août, Cagliostro et sa femme étaient embastillés. Le comte de Cagliostro, écrit Hardy, arrivé depuis peu dans la capitale où il faisait étalage de prétendus secrets et d’un charlatanisme de nouveau genre, passant d’ailleurs pour espion, vient d’être arrêté avec son épouse soi-disant maitresse du cardinal.

Mme de la Motte se montrait donc rassurée. Son mari et Rétaux étant en fuite, il était difficile d’apporter contre elle un témoignage probant. Le cardinal avait négocié directement avec les joailliers. La pièce signée Marie-Antoinette de France était tout entière de son écriture, hors la signature contrefaite par Rétaux. C'est entre ses mains que le collier avait été remis. Mme de la Motte ne s'alarma que le jour où elle apprit qu'on faisait chercher Rétaux de Villette hors de France. Vergennes réclamait son extradition. A cette nouvelle elle vit l'urgence de faire se sauver la d’Oliva. Si Létaux était saisi il pourrait indiquer le nom de la figurante, et l'accord de leurs dépositions deviendrait écrasant. Du fond de la Bastille, Mme de la Motte trouva les moyens de faire tenir un avis à la jeune femme, rue Neuve-Saint-Augustin, où celle-ci était allée demeurer depuis le 1er juillet. Une calomnie atroce, lui mandait-elle, me relient captive et la même main qui me frappe peut mettre vos jours en danger à cause de la scène du Bosquet, si vous ne sortez de Fiance sans délai. Nicole d’Oliva, effrayée, partit de nuit, avec son amant, Toussaint de Beaussire, et gagna Bruxelles[10] ; mais ils y furent, l'un et l'autre, arrêtés dans la nuit du 16 au 17 octobre 1785 et à leur tour écroués à la Bastille. Quand l'inspecteur Quidor eut saisi Métaux de Villette à Genève, où il vivait caché sous le nom de Marc-Antoine Durand, et que celui-ci fut entré, le 26 mars 1786, dans la prison de la rue Saint-Antoine, il ne manqua plus à l'instruction, en fait de personnage important, que le comte de la Motte.

L'extradition ne s'obtenait pas en Angleterre comme en Belgique ou en Suisse. Vergennes essuya un refus. Le gouvernement français fit son possible pour enlever La Motte d’un coup de main. Histoire de brigands conçue par un certain Lemercier, agent secret de la cour de France en Angleterre. Le projet fut monté par la police de Paris d’accord avec le comte d’Adhémar, ambassadeur de France à Londres. On avait découvert la retraite du comte de la Motte à Newcastle-sur-Tyne, en Angleterre, sur la frontière d’Écosse. Des vaisseaux charbonniers furent frétés et tenus en rade. L'équipage, composé de cinq hommes, était acheté. On offrit mille livres sterling au particulier chez lequel La Motte était logé, c'était un maître de langues nommé Costa qui avait épousé une Française. Il devait verser au comte un narcotique. La Motte, une fois endormi, serait mis dans un sac et transporté à bord. Mais le projet, découvert par La Motte, manqua[11].

Et nous voyons rentrer en scène Bette d’Étienville et ses compagnons : autres histoires de brigands, de brigands d’Offenbach.

C'est le 13 août, que Mme de la Motte avait commencé à déménager ses meubles de la rue Neuve-Saint-Gilles : le même jour d’Étienville avait pris la chaise pour Saint-Orner. Le 16, il arrive à Arras où il trouve la prétend ne baronne de Courville qui s'était hâtée de prendre la fuite de son côté. La baronne lui annonce que le cardinal vient d’être arrêté et mis à la Bastille. On s'étonna dans la suite que Mme de Courville eût pu savoir à Arras, dés le 16 août, que Rohan avait été mis il la Bastille, l'incarcération n'ayant eu lieu que ce jour-là : il est plus que probable que d’Étienville et la dame se sauvèrent dès qu'ils apprirent la fuite de Mme de la Motte, et que, devant les juges, d’Etienville imagina ce détail, sans en calculer l'invraisemblance, pour ne pas indiquer le vrai motif de son départ. Quoi qu'il en soit, à Arras, le 10 août, Mme de Courville dit à son compagnon qu'il faut quitter la France, se réfugier à Londres : que le cardinal est arrêté pour la négociation d’un collier de diamants où il a maladroitement, compromis le nom de la reine, acquisition l'aile pour lui fournir à elle, baronne de Courville, les 500.000 livres promises pour son mariage. Les diamants que vous m'avez vus provenaient du collier. La baronne de Courville ne voit de salut que dans la fuite. Elle presse d’Étienville de l'accompagner ; mais celui-ci refuse : s'il part on le croira coupable également. Son lime est pure. Il ne réclame que les 30.000 livres montant du dédit. La demande est juste, dit la dame, et je vous donnerai les 30.000 livres à Saint-Omer, si vous m'accompagnez jusque-là. — Or voilà qu'arrivés à l'endroit où les chevaux de la diligence changent, déclare d’Étienville, je vis la dame de Courville retournant vers Paris, accompagnée d’un homme vêtu d’une lévite bleue. Je crus alors qu'elle était arrêtée et continuai ma route jusqu'à Saint-Orner où j'appris effectivement l'arrestation du cardinal[12]. Cependant le baron de Fages avait appris la fuite de son ami, lequel s'était sauvé en apprenant celle de Mme de la Motte. Fages s'associe un certain comte de Précourt, qui se présente ainsi au public : J'ai l'honneur d’être colonel et chevalier de Saint-Louis ; je me suis trouvé dans deux combats sur mer, à trois batailles, cinq sièges, plus de vingt, chocs ou rencontres, et j'ai fait toute la dernière guerre civile en Pologne où j'ai commandé. — Il s'ensuit, conclut le Bachaumont, que c'est nu aventurier, mauvais sujet, que l'on ne doit point s'étonner de trouver ici. Précourt avait été mêlé, lui aussi, à l'intrigue du baron de Fages à qui il servait, avec d’Étienville, de caution chez les marchands. Il obtient du comte de Vergennes un sauf-conduit et un ordre d’arrêter d’Étienville. Et, à leur tour, Précourt et de Fages prennent la diligence pour Saint-Orner, afin de joindre le fugitif. Le 16 septembre, ils le trouvent à Dunkerque. La suite a été résumée par l'avocat des joailliers Loque et Vaucher mettant rince guillemets les propres termes dont d’Étienville s'est servi dans sa défense.

On a vu, disent-ils, ce bourgeois de Saint-Orner délaissé à Arias par la baronne de Courville, porté jusqu'à Saint-Omer, sa patrie, où il séjourna quelque temps, épargnant à la plus tendre des mères la douleur d’apprendre une aussi cruelle aventure, de là gagnant Dunkerque sans autre projet, que d’y chercher le calme d’une vie ignorée, rencontrant à Dunkerque le sieur de Précourt et le baron de Fages, arrêté par eux en vertu d’un ordre du roi qu'ils refusent de lui montrer.

On l'a vu, toujours rassuré sur son innocence, et pourtant se croyant perdu lorsqu'il voit une sentinelle à sa porte, conduit de Dunkerque à Lille par la diligence ; arrêté à Lille par un de ses créanciers, qui veut le faire mettre en prison ; réclamé par le sieur de Précourt comme un prisonnier d’État, déposé jusqu'au départ du sieur de Précourt dans la tour de Saint-Pierre, la prison militaire de la ville, où il est appelé Monseigneur par deux femmes détenues pour fraude an droit du tabac, évaluée à six francs pour chacune : et où il n'hésite pas à faire deux heureux en délivrant ces deux femmes, où il oublie ses maux pour partager leur joie, où il remercie le ciel de lui avoir donné une âme sensible.

On l'a vu passer de la tour Saint-Pierre au corps de garde de la porte des malades, révolté de ce traitement, mais résigné ainsi que l'agneau que l'on sacrifie.

On l'a vu avec une forfanterie plus ridicule encore fournir de sa bourse l'argent nécessaire aux personnes qui venaient l'arrêter et payer les frais d’un voyage qui ne lui présentait que la perspective d’un avenir fort malheureux, et l'on sait maintenant qu'il payait avec l'argent d’une dame d’Autun à laquelle il avait vendu de faux sauf-conduits.

Enfin le voilà à Versailles, toujours conduit et gardé par le sieur de Précourt comme un criminel. Mais ici la scène change. Le fugitif d’Étienville poursuivi comme un voleur, arrêté par ordre du roi, et le baron de Fages, qui se prétendait volé, et le sieur de Précourt, porteur de l'ordre prétendu, le coupable et les deux satellites, si divisés jusqu'à présent, n'auront plus que le même intérêt, les mêmes alarmes : c'est un triumvirat dont d’Étienville devient le conseil et va diriger les démarches.

A Versailles, en effet, Précourt avait expliqué à son prisonnier que Vergennes, qui connaissait à présent les dépositions des prisonniers de la Bastille, ne voulait pas compliquer le cas du cardinal déjà extraordinairement compliqué, qu'il ne désirait pas qu'on poursuivit l'affaire de. la clame de Con.-ville et qu'il conseillait à d’Étienville de se réfugier dans l'enclos du Temple, pour se mettre à l'abri de ses créanciers. Ce qui fut fait. D'Étienville et de Fages, redevenus compères et compagnons, vivent deux mois côte à côte dans l'enclos protecteur. Ils l'ont des démarches auprès du lieutenant de police, auprès de la famille du cardinal de Rohan, promettant à celui-ci une discrétion absolue, voire des dépositions favorables moyennant de légers secours. Ils apprennent que la prétendue baronne de Courville est réfugiée à Londres. Nonobstant cette cohabitation et celte intimité, de Fages continue de porter plainte contre d’Étienville, artifice nécessaire à écarter d’eux l'accusation d’escroquerie, car on ne doit pas supposer qu'ils aient été d’accord pour duper les joailliers et autres fournisseurs. Enfin d’Etienville, poursuivi pour affaire plus grave, les faux sauf-conduits délivrés à la daine d’Autun, est chassé de l'asile du Temple et cherche refuge à Saint-Jean de Latran. Le 22 décembre 1785, il est écroué au Grand Chatelet.

 

Aux accusés on réunit tous les témoins qui parurent utiles : la comtesse de Cagliostro, Mme de la Tour et Marie-Jeanne, la jeune fille encore innocente qui avait vu la reine dans un bocal plein d’eau, Rosalie la soubrette, le baron de Planta, Me Laporte qui avait parlé à Mme de la Motte du Collier, Grenier, l'orfèvre ; Du Clusel, premier commis de la Marine, et Claude Cerval, dit l'Italien, qui avaient négocié des bous de finance que les La Motte disaient tenir du cardinal, enfin Toussaint de Beaussire, arrêté, à Bruxelles avec sa ma dresse, Nicole d’Oliva. Tous furent logés à la Bastille.

 

 

 



[1] Orig. Bibl. de l'Arsenal, ms. Bastille 12457, f. 39.

[2] Dossier ms. la Bibliothèque de la ville de Paris, réserve.

[3] Déposition du joaillier Gray, p. 24 ; déposition de Victor Laisus, domestique du comte de la Motte, Arch. nat., X2, B/1417 ; et Me Target dans la Collection complète, IV, 140-141.

[4] Journal du major de Losme, collection Alf. Bégis, publ. dans la Nouvelle revue, 1er décembre 1880, p. 522-547, et Bibl. de l'Arsenal, ms. Bastille,

12457, f. 65, verso.

[5] Lettre de La Chapelle, premier commis du département de la Maison du roi, au gouverneur de la Bastille : Versailles, le 28 oct. 1785. Vous pouvés, Monsieur, employer sur les états du quartier le traitement de M. le Cardinal de Rohan à raison de 160 lb. par jour. Bibl. de l'Arsenal, ms. Bastille 12457, f. 63.

[6] Voici la liste des visites que le cardinal reçut à la Bastille dans la seule journée du 29 août 1785 : Prince de Condé, duc de Bourbon, comtesse de Brienne, princesse de Carignan et comtesse Charlotte, ses filles, prince et princesse de Vaudemond, prince Ferdinand de Rohan, prince et princesse de Montbazon, duc et duchesse de Montbazon, prince Camille de Montbazon, prince Charles de Rohan, comtesse de Marsan, maréchal de Soubise, duchesse de la Vauguyon, prince de Lambesc, vicomte de Pont et comte de la Tour, son écuyer ; Carbonnières ; Dubois ; les abbés Georgel, Odoran, de Villefond, Sinatery et Bidot ; Louvet et Calés, chargés de dépenses ; Racle, chargé des affaires Guéméné ; Ravenot ; Roth, valet de chambre ; Travers, chirurgien, et les avocats Target, Colet, Tronchet et de Bonnières. Bibl. de l'Arsenal, ms. Bastille 12457, f. 59.

[7] Publié par Peuchet, Mémoires Historiques, III, 162-165.

[8] Siméon-Prosper Hardy, né à Paris en 1729, libraire à Paris, rue St-Jacques, depuis le 15 mai 1755, mort à Paris le 16 avril 1806.

[9] Gazette d’Amsterdam, 27 septembre 1785 confirmée par les Mémoires de Mme Campan.

[10] Le passeport pour Bruxelles fut délivré par le ministère des Affaires étrangères, le 23 septembre 1785.

[11] Déclaration sous serment faite, le 3 avril 1786, devant le magistrat de Middlesex par Benjamine Costa, publ. dans les Mémoires du comte de la Motte, p. 153-155 ; — confirmée par le rapport, en date de sept. 1785, de Lemercier à Thiroux de Crosne, publ. par Peuchet, III, 171-173, et par des lettres de Rohan à Target, Bibl. v. de Paris, ms. de la réserve.

[12] Interrogatoire de Bette d’Étienville. 10 janv. 1786. Arch. nat., X2, B/1417, et déclarations contenues dans le doss. Target. Bibl. v. de Paris, ms. de la réserve.