LE CARACTÈRE DE LOUIS XV

 

— XII —

 

 

Que dire du Louis XV des cinq dernières années, qui n'ait été dit et redit, et ne soit passé à l'état de lieu commun ? Ce n'est pas le Louis XV de Metz et de Fontenoy, le Louis XV ayant au moins quelque sentiment de l'honneur et du devoir qu'on connaît ; c'est l'amant flétri de la du Barry, se laissant apostropher en termes grossiers, et affublant de sobriquets ignobles[1] ces filles qu'il ne cessa d'aimer pourtant, et qui vinrent lui payer sur son lit de mort un suprême tribut d'amour et de dévouement ; c'est le débauché qui semblait avoir perdu tout sens moral ; c'est le roi oublieux de ses devoirs et qui laissait aller les choses, pensant qu'elles dureraient au moins autant que lui ; c'est l'épicurien se souciant peu des maux de son peuple, et s'endormant au sein de la mollesse et des plaisirs[2].

C'est bien là le Louis XV de la du Barry et du duc d'Aiguillon. Mais est-ce là tout le Louis XV de cette triste époque ? Non, il y a encore ici deux personnages qu'il faut séparer. Louis XV se regardait comme l'oint du Seigneur, et, avec la dévotion ignorante et étroite qu'on lui avait inspirée, il croyait de bonne foi racheter les torts de sa conduite privée par sa fidélité aux principes de foi et son dévouement à l'Eglise[3]. Il ne cessa de s'occuper des intérêts religieux[4], comme le prouvent l'édit de février 1773 sur la réforme des religieux[5], l'abrogation de l'édit de Louis XIV interdisant les mariages mixtes en Alsace[6], et ses rapports constants avec le pape[7]. Il conserva toujours le respect le plus profond pour les choses de la religion, et resta même fidèle à certaines pratiques de piété[8]. Ce caractère faible et mon, qui sacrifia Monteynard comme il avait sacrifié Choiseul, en disant : Il faudra bien qu'il tombe, puisqu'il n'y a que moi qui le soutienne ; qui laissa mourir la Pologne en se bornant à dire que si Choiseul eût été là, l'événement ne se serait pas accompli, montra une énergie et une audace incroyables en dissolvant le Parlement. Avec une indifférence et une froideur apparentes, il garda cette bonté et cette facilité de relations qui étaient un des meilleurs traits de son caractère[9] ; au milieu de l'avilissement où il fut plongé, il ne perdit pas cette attitude vraiment royale qui inspirait encore le respect[10], et cette dignité de langage dont il ne se départait que dans ses cabinets[11]. Son esprit garda sa finesse et sa vivacité, et ses sentiments ne furent pas toujours dépourvus d'élévation[12]. Chaque jour il rendait visite à Madame Adélaïde, et souvent il prenait, avec ses filles, son café, qu'il avait l'habitude de faire lui-même[13]. Son amour pour elles ne s'affaiblit jamais[14]. Il montra une grande prédilection pour la jeune dauphine, qui s'indignait, on le sait, des faiblesses qu'il avait pour la créature[15], comme elle appelait Mme du Barry. Il faut dire que ces faiblesses inexcusables étaient entremêlées parfois de rigueurs passagères, motivées par l'excès du sans-façon de la du Barry[16].

Nous voici parvenus aux derniers moments du règne de Louis XV. Sa politique secrète semble reprendre plus d'activité sous le ministère du duc d'Aiguillon : elle étend ses ramifications jusqu'en Suède, et Dumouriez est investi d'une mission confidentielle[17]. Mais tout à coup les fils sont rompus. D'Aiguillon pénètre le secret ; les agents du roi, prévenus de conspiration, sont mis à la Bastille, et le comte de Broglie, qui avait osé défier le ministre, est exilé à Ruffec[18]. Pas plus que la première fois, il n'est pourtant disgracié : la correspondance secrète se poursuit. Mais, humiliation cruelle ! ce n'est plus seulement au ministre de Louis XV qu'elle va être dévoilée : c'est à la cour de Vienne, et, le 26 mai 1774, quatorze jours avant sa mort, le roi constate, dans une lettre au secrétaire du comte de Broglie, que sa correspondance occulte a été découverte par le cabinet secret du prince de Kaunitz[19].

Il n'était pas besoin de ce coup imprévu pour ajouter aux dégoûts et aux tristesses de Louis XV. Tourmenté par le remords, il allait de plus en plus, chercher près de sa sainte fille des consolations et des secours[20]. La voix de la religion se faisait entendre près de lui avec une énergie qu'il autorisait sans se laisser toucher : Sire,  avait dit l'évêque de Senez, en prêchant la cène devant le roi[21], mon devoir de ministre du Dieu de vérité m'ordonne de vous dire que vos peuples sont malheureux, que vous en êtes la cause, et qu'on vous le laisse ignorer. D'autres avertissements vinrent le frappe : à des morts subites, qui eurent lieu autour de lui, renouvelèrent des terreurs qu'il avait souvent ressenties, et que le dérangement de sa santé ne pouvait qu'accroître[22]. Enfin le 27 avril 1774, le roi tomba malade, et bientôt la petite vérole se déclara. Nous n'entrerons pas dans le détail des intrigues qui, dans les premiers jours, s'agitèrent autour de son lit de mort, et dont le duc de La Rochefoucauld a tracé un saisissant tableau[23]. Le 4 mai, Louis XV, sentant la gravité de son état, interrogea son grand aumônier, le cardinal de la Roche-Aymon, sur la nature du mal. En apprenant qu'il avait la petite vérole : On ne revient pas à mon âge de cette maladie, dit-il, il faut que je mette ordre à mes affaires. Il fit venir alors Mme du Barry, et la congédia en ces termes : Madame, comme je pense à demander les sacrements, il ne convient pas que vous restiez ici, attendu que je ne veux point qu'il arrive la même chose qu'à Metz, et que je veux éviter tout esclandre. Arrangez votre retraite avec le duc d'Aiguillon ; je lui ai donné des ordres pour que vous ne manquiez de rien. Il paraît, écrivait l'ambassadeur anglais, lord Stormont, à sa cour, que le roi a pris de lui-même cette détermination, et au moment où l'on s'y attendait le moins[24]. A plusieurs reprises, Louis XV demanda son confesseur[25]. Le 7mai, vers quatre heures du matin, il dit au duc de Duras qui le veillait : Mais voici la troisième fois que je demande à me confesser ; est-ce que l'abbé Maudoux n'est pas ici ? S'étant endormi, il se réveilla au bout d'une demi-heure, et demanda si l'abbé Maudoux était arrivé. Celui-ci entra presque aussitôt ; il passa seize ou dix-sept minutes avec le roi qui, après avoir fait appeler le duc d'Aiguillon, eut un nouvel entretien avec son confesseur, et demanda à recevoir les sacrements[26]. Le saint Viatique lui fut administré à sept heures du matin. Quand le grand aumônier parut avec le saint Sacrement, le roi, écartant brusquement les couvertures, chercha à se mettre à genoux, jeta son bonnet de nuit aux pieds de son lit, et joignit les mains avec une piété qui faisait fondre en larmes[27]. Comme on voulait le retenir, en lui représentant l'état où il se trouvait et le danger qu'il courrait : Quand mon grand Dieu, s'écria-t-il, fait à un misérable comme moi l'honneur de le venir trouver, c'est le moins qu'il soit reçu avec respect[28]. Après avoir communié, le roi appela son grand aumônier, et celui-ci se fit en ces termes l'interprète de ses sentiments : Messieurs, le roi m'ordonne de vous dire, ne pouvant pas parler lui-même, qu'il se repent de ses péchés, et que, s'il a scandalisé son peuple, il en est bien fâché[29] ; qu'il est dans la ferme résolution de rentrer dans les voies de sa jeunesse, et d'employer tout ce qui lui reste de vie à défendre la religion[30].

Trois jours après, le 10 mai 1774, le roi expirait dans les sentiments les plus édifiants[31]. Le vide se fit aussitôt autour de ce corps en lambeaux, et le monarque qui avait demandé par son testament à être enterré sans pompe fut, au milieu du mépris populaire et de la satisfaction trop évidente du plus grand nombre, conduit à Saint-Denis, au grand galop, dans son carrosse de chasse, comme un fardeau dont on est pressé de se défaire.

Vous frémissez encore, Messieurs, dit l'évêque de Senez[32] dans l'oraison funèbre qu'il prononça quelque temps après, au souvenir de ces affreux moments. Le roi expirant au milieu des horreurs de cette maladie cruelle ; son corps, frappé de la corruption anticipée du tombeau ; privé dans les derniers instants, comme celui du malheureux Osias, des honneurs funèbres, et emporté précipitamment sans pompe, sans appareil, à travers les ombres de la nuit ; les tendres et courageuses princesses qui ont recueilli son dernier soupir atteintes de la même contagion ; l'effroi, qui se joint encore à la douleur ; la famille royale obligée de fuir la mort de palais en palais. Dieu terrible, soyez béni au milieu de notre malheur ! Soyez béni des sentiments de pénitence que vous avez inspirés au roi dans ses derniers jours, et de nous avoir épargné la pensée désespérante qu'une âme qui nous était si chère soit tombée dans votre éternelle disgrâce[33].

 

 

 



[1] C'est Mme Campan qui raconte le fait et qui déclare avoir entendu de la bouche du roi ces sobriquets. Mémoires, t. I, p. 15-16. Dans une lettre à Mme Louise, le roi appelle sa fille Mon petit coeur, et dans une conversation : Mon cher coeur. Vie de la R. M. Térèse de saint Augustin, t. I, p. 105 et 219.

[2] Je savais il y a du temps, par M. le chancelier, l'affaire des Jésuites d'Artois, écrivait Louis XV en 1762 à Tercier, mais je l'avais entièrement oubliée, me souciant assez peu par quelle manière je sortirai de ce monde, puisque tôt ou tard il en faut sortir. Je ne ferai pourtant rien qui me puisse faire partir tôt, parce que tout homme doit tâcher de vivre jusqu'à l'âge le plus reculé. Correspondance secrète, t. I, p. 278.

[3] Voir ce que dit à ce sujet M. de Saint-Priest, d'après les manuscrits du duc de Choiseul, l. c., p. 47. On connaît l'horreur du roi pour les jansénistes. Voir Barbier, t. IV, p. 305 ; t. V, p. 28, 181, 284.

[4] Je ne donne les évêchés ni au nom ni à la faveur, écrivait Louis XV à Tercier le 3 février 1764, mais à ceux qui, je crois, feront le plus le bien de la religion et la paix du royaume. Correspondance secrète, t. I, p. 311-12. Dès 1746 le duc de Luynes écrivait : Le roi marque toujours d'ailleurs la même volonté de ne donner les bénéfices qu'à des sujets qui en soient dignes, et quelques recommandations qui lui aient été faites, il dit qu'on ne lui en parle jamais si les témoignages ne sont pas favorables (t. VII, p. 204).

[5] Voir Theiner, l. c., t. II, p. 315.

[6] Louis XV espérait ainsi ramener l'Alsace à la foi. Voir Theiner, t. II, p. 446.

[7] Voir en particulier le duc de Luynes, t. XV, p. 348, et Barbier, t. V, p. 365.

[8] Voir les conversations du roi avec Mme Louise, rapportées dans sa Vie, t. II, p. 4-5. En 1770, le Roi, renouvelant l'exemple qu'il avait donné dans son enfance, descendit de voiture en rencontrant le saint Sacrement, et accompagna le prêtre qui le portait chez un mourant (t. I, p. 166-67). On voit par les détails donnés dans le même ouvrage (t. I, p. 68), que Louis XV faisait partie de la confrérie de N.-D. du Carmel.

[9] Voir à ce sujet l'ouvrage de du Gas de Bois-Saint-Just, Paris, Versailles et les provinces au XVIIIe siècle, t. I, p. 290.

[10] Mém. de Mme Campan, t. I, p. 16 ; t. III, p. 33 et 36-37. Cf. Paris, Versailles et les provinces, t. I, p. 200 et 292.

[11] Je ne sais si le Roi se servait dans l'intimité d'expressions peu convenables, a dit en 1820 le duc de Choiseul, mais j'ai toujours entendu dire au duc de Choiseul mon oncle, et à mes parents, qu'il était remarquable par la dignité de ses paroles, par celle de ses manières. Revue de Paris, t. IV, p 45.

[12] Mém. de Mme Campan, t. I, p. 17.

[13] Idem, ibid.

[14] Vie de Mesdames de France, t. II, p. 20.

[15] Maria-Theresia und Maria-Antoinette, par le chevalier d'Arneth, 2° édit. (1866), p. 10, 55 et 106.

[16] Voir Mme Campan, t. I, p. 31-34 ; Vie privée de Louis XV, t. IV, p. 140-41, et la lettre du Roi au comte de Broglie en date du 22 mars 1769 (Correspondance secrète, t. I, p. 407).

[17] Voir la Correspondance secrète, t. I, p. 152, et le remarquable ouvrage de M. A. Geffroy, Gustave III et la cour de France, t. I, p. 196-198.

[18] Correspondance secrète, t. II, p. 184-86 et p. 361-69.

[19] Voir Correspondance secrète, t. II, p. 376-78.

[20] Voir Lacretelle, Hist. de France pendant le XVIIIe siècle, t. IV, p. 301.

[21] Mém. pour servir a l'hist. ecclés. pendant le XVIIIe siècle, par Picot, t. IV, p. 408.

[22] Il paraît se faire dans le tempérament du roi une révolution considérable, dit Hardy dans son Journal, à la date du 14 janvier 1772. On prétendait que le Roi était extrêmement affecté de ce qu'il allait entrer le 15 février dans sa soixante-troisième année, qu'il regardait comme une année climatérique, et qu'il craignait par cette raison que ce ne fut la dernière. Ms. fr. 6681, p. 5. (Des fragments de cet ouvrage ont été donnés, sans indications d'auteur ni de provenance, dans la Nouvelle Revue encyclopédique, en 1847). Le Roi avait à ce moment de continuelles indigestions, et on le disait atteint du scorbut. — Il convient de citer ici un passage de Soulavie qui, s'il est fondé, jette un triste jour sur certains mystères de la fin de cette vie. L'histoire, dit-il, doit frapper d'un éternel opprobre les chirurgiens de l'âge avancé de Louis XV ; ils n'osèrent attaquer l'opinion inhumaine que le maréchal de Richelieu, Bertin et Lebel lui avaient inspirée : Le partage et le don de la maladie du roi à jeunes personnes robustes, vives et bien portantes, disaient-ils, est le seul spécifique qui nous reste pour attirer au dehors les humeurs morbidiques du roi, et pour rajeunir sa personne. (Mém. hist. et politiques du règne de Louis XVI, t. I, p. 150). Il y avait longtemps qu'on procurait au roi, comme le disait d'Argenson (t. IX, p. 208), des petites filles très neuves.

[23] Voir la Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV, dans les Portraits littéraires de M. Sainte-Beuve, nouvelle édition, 1864, t. III, p. 520-539. Cette relation s'arrête au début de la maladie, avant le renvoi de Mme du Barry.

[24] Journal de Hardy, dans la Nouvelle Revue encyclopédique, t. V, p. 279. Le mot esclandre se trouve dans les dépêches de l'ambassadeur anglais, lord Stormont, publiées dans l'Athenæum, 1854, p. 421-22. Cf. Mém. de Besenval, t. II, p. 76, et Soulavie, Mém. hist. et politiques du règne de Louis XVI, t. I, p. 155.

[25] Athenæum, p. 422.

[26] Journal de Hardy, l. c., p. 252-253 ; maladie et mort de Louis XV, ms. fr. 15364, au mot maladie ; lettres de Mme du Deffand à la duchesse de Choiseul, et à Horace Walpole, dans les recueils de M. de Saint-Aulaire, t. III, p. 111 (datée par erreur du 5 pour 8 mai), et de M. de Lescure, t. II, p. 403. Le Roi a soutenu toute cette cérémonie, ajoute Mme du Deffand dans la première de ces lettres, avec la plus grande fermeté, et ne paraît pas plus mal. Dans une lettre du 20 juillet 1774, adressée au roi de Suède, Mme de Boufflers vante la tranquillité du Roi, la patience, la douceur, le courage avec lesquels il s'est déterminé à remplir ses devoirs… Ayant été presque toujours à Versailles pendant la maladie, je puis assurer à Votre Majesté que j'ai rassemblé sans partialité toutes les circonstances pour former mon jugement. Il est bien vrai que souvent il a eu des absences momentanées ; mais la majeure partie de sa conduite, la plus importante, a été courageuse et raisonnée. Voir cette curieuse lettre dans le très curieux ouvrage de M. Geffroy, Gustave III et la cour de France, t. I, p. 266-72.

[27] Journal de Hardy, l. c., p. 253.

[28] Récit des derniers moments de Louis XV, par M. du Buisson de la Boulaye, attaché à la personne du roi, récit recueilli par sa fille Mme de Riancey. Nous devons la communication de ce récit à l'obligeance de M. H. de Riancey, chez lequel les luttes quotidiennes de la politique n'affaiblissent pas le culte de l'histoire et le goût éclairé des choses de l'esprit.

[29] A ces mots, dit M. de la Boulaye, le roi, se retournant péniblement sur son oreiller, interrompit le cardinal : Monsieur l'aumônier, dit-il, répétez ces mots, répétez-les.

[30] Lettres de Mme du Deffand, citées plus haut, et Vie privée de Louis XV, t. IV, p. 237.

[31] Il est mort tenant son crucifix et récitant lui-même les prières, écrivait Louis XVI à Mme Louise. — Je suis si consolée, écrivait celle-ci à l'abbé Bertin, quand je pense aux grâces singulières que le Roi a reçues dans ses derniers moments, et dont il paraît avoir si bien profité, que, s'il dépendait de moi de le rappeler à la vie, j'avoue que je ne voudrais pas le replonger au milieu des dangers qui assiègent le trône, et risquer son âme une seconde fois. Vie de la R. M. Térèse de saint Augustin, t. II, p. 18 et 20. — Cette cruelle maladie, écrivait Marie-Antoinette à sa mère, a laissé au roi la tête présente jusqu'au dernier moment, et sa fin a été fort édifiante. Maria Theresia und Marie-Antoinette, p. 105. Voir p. 109 ce que disait Marie-Thérèse de la mort du Roi.

[32] L'évêque de Senez était ce même M. de Beauvais qui avait fait entendre au Roi des paroles véhémentes dans son discours de la Cène. Au début de cette oraison funèbre il fit en ces termes allusion à ce fait : Monseigneur, dit-il en s'adressant au comte de Provence, quand j'annonçais, il y a peu de temps, la divine parole devant votre auguste aïeul ; quand je lui parlais de son peuple et que son coeur paraissait si touché de la misère publique, hélas ! qui eut prévu le coup terrible dont il était menacé ? qui eut pensé que nous eussions pu lui dire alors dans un sens si littéral : encore quarante jours, adhuc quadraginta dies ! Encore quarante jours, et vous serez porté dans le sépulcre de vos pères, et cette même voix que vous entendez dans ce moment sera l'interprète du deuil de votre peuple à vos funérailles. (P. 84).

[33] Oraison funèbre de très grand, très haut, très puissant et très excellent prince Louis XV le bien-aimé, roi de France et de Navarre, prononcée dans l'église de l'abbaye royale de Saint-Denis, le 27 juillet 1774, par M. J.-B. Ch. Marie de Beauvais, évêque de Senez. Paris, imp. Guill. Desprez, 1774, in-4°, p. 45.