LE CARACTÈRE DE LOUIS XV

 

— II —

 

 

Quand le tzar Pierre était venu en France en 1717, il avait été enchanté de la beauté et des manières du jeune roi. Les contemporains sont unanimes à vanter son charme irrésistible à cette époque[1]. On admirait la grâce avec laquelle il dansait, montait à cheval et passait les revues[2]. Le culte que la France avait voué au seul héritier de la monarchie de Louis XIV, cuite encore ravivé par les alarmes de la maladie soudaine de 1721, n'était pas près de s'éteindre[3]. Les auteurs du temps ne tarissent pas sur la séduction exercée alors par Louis XV:

Le roi, dit le marquis d'Argenson, était d'une figure charmante alors. On se souviendra longtemps qu'il ressemblait à l'Amour à son sacre à Reims le matin, avec son habit long et sa toque d'argent, habit de néophyte ou de roi candidat[4]. Je n'ai jamais rien vu de plus attendrissant que sa figure alors ; les yeux en devenaient humides de tendresse pour ce pauvre petit prince, échappé à tant de dangers en jeunesse[5].

L'avocat Barbier dit de son côté :

Je vis hier, 3 du mois (septembre 1722), notre Roi, qui se porte bien, a un bon et beau visage, et n'a point la physionomie de ce qu'on dit de lui : morne, indifférent et bête. Je le vis se promener à pied dans les jardins, son chapeau sous le bras, quoiqu'il fit vent et froid. Il a une très belle tête. Cela fera un beau prince et de bon air[6].

Morne, indifférent et bête, est-ce là le bruit public, ou seulement une rumeur répandue par la malveillance jalouse ou l'hostilité systématique ?[7] Si nous interrogeons à ce moment les contemporains, ils nous montrent ce roi de douze ans peu avancé pour son âge[8], adonné à des plaisirs bizarres ou puérils[9], digne en un mot de l'épithète de grand enfant. Mais pourtant, des occupations plus viriles ont commencé : l'équitation, le tir, la chasse[10]  ; la chasse seul plaisir qu'il aimât[11], et qui devait tenir une si grande place dans cette existence désœuvrée ! Le jeu va venir à son tour[12], puis la table[13]. En 1722, on voit le roi encore adonné aux travaux de l'esprit ; il vient d'apprendre le blason, il s'intéresse à l'astronomie[14] ; mais bientôt, plus d'études, plus de vie intellectuelle[15] : la vie physique prédomine, et la précocité corporelle est attestée par les écrits du temps[16]. — Indifférent, Louis XV ne l'est pas au fond ; mais il y a chez lui le germe de cette sotte manie, dont parlera plus tard d'Argenson, de faire des tours aux gens de son entourage, de s'amuser méchamment aux dépens d'autrui[17]. Et pourtant son cœur est bon : il pleure au départ de Villeroy, et montra un violent désespoir de la retraite momentanée de Fleury[18]. On commence à bien penser de son cœur et de sa sensibilité, écrit Marais[19]. Les qualités de son esprit sont toujours vantées par les contemporains, qui célèbrent sa vivacité et enregistrent ses réparties[20] ; mais en même temps la disposition à la taciturnité subsiste : Il cherche à éviter le monde qu'il n'aime point, lit-on dans le Journal de Marais ; il craint, et veut être presque seul[21].

Il fut question de bonne heure du mariage du roi. Dès 1721, le régent avait résolu de trancher la question. Saint-Simon a raconté avec sa vivacité et son charme habituels cette scène curieuse où le jeune prince, que les surprises effarouchaient, apprit tout d'un coup qu'il était fiancé à l'infante d'Espagne. Le maréchal de Villeroy, secouant sa perruque tout à son ordinaire : "Allons, mon maître, disait-il, il faut faire la chose de bonne grâce". Mais Louis XV, les yeux pleins de larmes, ne se décida qu'avec peine à se rendre au Conseil pour y prononcer un oui sec, en assez basse note[22]. L'Infante vint en France ; elle avait sept ans de moins que le roi, ce qui donna occasion au jeune prince de dire à quelqu'un qui venait lui faire part de son mariage : je suis plus avancé que vous : j'ai une femme et même un enfant[23].

On voit qu'il s'était consolé de cette perspective de managé. On voulut l'en distraire encore davantage : un réseau d'intrigues enveloppa le roi, dans le but de corrompre ses moeurs[24], Soulavie a dit, dans un ouvrage où quelques renseignements dignes de foi sont mêlés à beaucoup de mensonges et d'erreurs, que l'enfance de Louis XV s'était passée dans un grand recueillement[25]. Le jeune roi avait en effet une piété sincère et profonde ; on l'avait vu faire arrêter son carrosse pour se mettre à genoux devant le saint Sacrement[26]. La duchesse d'Orléans, — comme plus tard Mme de Mailly et Mme de Pompadour — se moquait des terreurs de l'enfant au sujet de l'enfer et de son horreur pour le jansénisme[27]. On voulut arracher Louis XV à l'influence de Fleury, et s'attaquer à cette innocence qui n'avait encore reçu aucune atteinte. Nous n'avons point à entrer ici dans le détail de ces intrigues honteuses. Qu'il nous suffise de dire que les femmes de la cour échouèrent, comme les jeunes débauchés qui avaient voulu corrompre le roi[28]. Louis XV resta pur au milieu des entraînements et des séductions jusqu'à son mariage, jusqu'au moment où il eut une femme et non plus un enfant, il resta le prince qui faisait chasser la maîtresse d'un de ses valets[29], gardait une sage réserve dans ses paroles[30], et fuyait le monde et les femmes[31].

Le Régent mourut le 2 décembre 1723. Le duc de Bourbon devint premier ministre, et occupa ce poste jusqu'au 11 juin 1726. Cette période de deux ans et demi fut fatale à Louis XV. Dès janvier 1721, Marais disait, en parlant d'une maladie du Régent : On est obligé de prier pour sa conservation, car ce qui le suit ne le vaut pas, et le public craint de tomber aux mains de M. le duc, qui ne connoît point de lois et qui n'a jamais rien su que la chasse[32]. M. le duc, qui apprenait au roi, à l'âge de douze ans, à jarreter un lapin sans couteau[33], ne contribua pas peu à développer en lui les goûts frivoles, l'amour effréné de la chasse, la passion du jeu et de la table. Ce fut ce prince qui fit renvoyer l'infante, et, presque en même temps, conclut le mariage avec Marie Leszcinska[34], que Louis XV épousa le 5 septembre 1725.

Cette princesse avait près de sept ans de plus que son mari. Elle n'avait ni grandeur ni beauté, mais un air de bonté et de douceur. Le roi, en cette circonstance, sortit de sa timidité et de sa réserve habituelles[35] ; il parut content de la reine, mais jamais il ne subit son influence, jamais il ne ressentit pour elle de tendresse véritable et ne répondit à la passion qu'il lui inspira[36]. Il continua à se livrer à la chasse avec fureur, jusqu'à s'en rendre malade : la chasse, les soupers et le jeu[37], voilà, pour plusieurs années, toute la vie du jeune roi. Régulier d'ailleurs dans sa conduite, suffisamment empressé à l'égard de la reine[38], par nature plus que par sympathie, il montrait, comme le remarque Barbier[39], qu'il s'en fallait bien que chez lui l'esprit fût aussi formé que le corps. Et cependant ce goût de la chasse, il ne faudrait pas le prendre pour une passion : Barbier est dans le vrai quand il nous dit que cette seule occupation de Louis XV n'était qu'un prétexte pour être en mouvement[40]. D'Argenson nous parlera plus tard de cette volubilité de mouvement qui fut un besoin de toute sa vie. Le principal était pour le roi de sortir de lui-même, de s'arracher à ce mortel ennui qui déjà commençait à le dévorer.

Un événement important de cette période de la vie de Louis XV fut le renvoi de M. le duc (11 juin 1726). Les contemporains vantent la prudence et le secret admirables dont le Roi fit preuve dans cette circonstance. Nous reconnaissons plutôt ici une dissimulation qui était un des traits de son caractère, et une dureté dont il donna des marques plus d'une fois, bien qu'au fond il eût le cœur bon et sensible[41] ; nous verrons souvent de semblables contrastes. Fleury fut l'auteur de cette disgrâce, d'ailleurs bien méritée ; ce fut lui qui remit à la reine, trop inclinée vers le prince auquel elle devait son élévation, ce billet sec et dur, que le vieux précepteur avait dicté à son docile élève :

Je vous prie, madame, et s'il le faut je vous l'ordonne, de faire tout ce que l'évêque de Fréjus vous dira de ma part, comme si c'était moi-même[42].

Voilà donc l'influence de Fleury désormais absolue et sans rivale. Fleury commande, Fleury domine : c'est le maire du palais, et Louis XV passe à l'état de roi fainéant. Le vieux précepteur condamne son élève à une longue enfance et à une inaction stérile : cette date est importante dans la vie de Louis XV. A seize ans, il pouvait encore devenir un homme ; quand plus tard, à trente ans, retrouvant son initiative, il dira : Me voici premier ministre, le pourra-t-il ? Le pli sera définitivement pris, les mauvaises habitudes seront contractées d'une façon irrémédiable toute sa vie, le roi portera la trace de ce joug prolongé et funeste.

Malgré le vice de sa première éducation, le jeune prince annonçait parfois d'heureuses dispositions. Quoique ce fussent de faibles lueurs, des étincelles jaillissant par intervalles, il n'aurait peut-être pas été impossible d'allumer le foyer et de l'entretenir. On voit par la correspondance du marquis de Silly avec le duc de Richelieu, alors ambassadeur à Berlin, que, dès le commencement de 1726, le caractère de Louis XV se développait[43]. Le 25 mai, Richelieu répondait à Silly, qui lui disait que Louis croissait à vue d'œil, et que sa figure et son maintien devenaient plus aimables chaque jour : Je suis charmé que le roi croisse ; je n'ai jamais douté de son esprit, mais seulement du temps de son développement[44]. Le marquis de Silly, qui trouvait le roi sérieux et trop méditatif pour son âge[45], annonce, peu de temps après, qu'il a travaille avec ses ministres avec attention, avec curiosité et avec esprit, principalement sur les affaires étrangèresJe crois savoir, ajoute-t-il, qu'il veut être le maître. Ce n'est pas d'aujourd'hui, continue Silly, que je vous ai mandé mon opinion sur lui et sur son caractère ; la manière dont il commence à se développer fortifie l'idée que j'ai toujours eue[46].

Il aurait fallu encourager ces bonnes dispositions, faire ce que le vieux maréchal de Villars tenta plus d'une fois dans les rares occasions où il pouvait parler au Roi[47] : lui tenir des discours convenables sur les bons principes[48]. Un accident à la chasse ayant, en 1727, retenu le Roi au lit, Villars passa souvent des jours entiers à son chevet : Il m'écoutoit, dit-il, avec plaisir, et s'informoit des désordres arrivés dans le gouvernement pendant sa minorité[49]. — Au lieu de cela, la vie se passait dans des voyages incessants et dans de frivoles distractions : Le goût où est le Roi de vivre en liberté, écrit à ce propos Silly, et avec un nombre de gens qu'il est plus accoutumé à voir que d'autres, la chasse, et peut-être l'éloignement du travail, sont, je crois, les vrais motifs de ses voyages[50].

Du reste, toujours la même régularité dans sa conduite : Jamais on n'avait vu moins de galanterie, écrit le maréchal de Villars. Tandis que les dames agaçaient le roi sans pouvoir lui toucher le cœur[51], les honnêtes gens de la cour, comme parle Villars, admiraient la fidélité exemplaire du jeune époux[52]. On ne voyait pas poindre encore cette belle courageuse[53] que les uns attendaient avec impatience, que d'autres redoutaient avec raison.

 

 

 



[1] Et aussi l’heureux développement de ses facultés. Peu à peu, sous la mauvaise direction de Villeroy, l’ivraie étouffa le bon grain. Voir Dangeau, t. XVII, p. 83 ; Buvat, t. I, p. 265-66.

[2] Voir Dangeau, t. XVIII, p. 230 et passim ; Marais, t. II, p. 31, 38, 109.

[3] La France pour l’enfant avait tous les amours, mère, amante et nourrice. (Michelet, Louis XV, p. 19).

[4] Il s’est acquitté de toutes ses fonctions avec une grâce merveilleuse, écrit Marais, et en habit de novice, il ressemblait à l’Amour. (T. II, p. 364).

[5] Journal et Mém. du marquis d’Argenson, t. II. p. 87. Le sacre eut lieu le 25 octobre 1722.

[6] Journal de Barbier, éd. Charpentier, t. I, p. 238.

[7] On n’est pas content de la hauteur que le maréchal donne au roi, écrit Marais le 3 mars 1722. Pourtant Marais dit plus loin : Tout Paris est consterné de la détention du maréchal, qui est fort aimé parmi le peuple. (t. II, p. 253 et 225). Il est certain qu’il y eut toujours à la cour, parmi certaines gens, un parti pris de dénigrement.

[8] Le roi avait dix ans, mais élevé et tenu de façon qu’il était encore bien plus jeune que son âge. Saint-Simon, Additions à Dangeau, t. XVIII, p. 204.

[9] Voir dans le curieux Journal du marquis de Calvière (Portraits intimes du XVIIIe siècle, par MM. de Goncourt, 2° série), les amusements du roi en 1722 : Jeu au volant, à la queue du loup, au moine, etc. ; illuminations avec de petites bougies, jeunes chats qu’il tourmente, chocolat et omelettes faits par lui (p. 123 à 155, passim). Les actions du roi ne sont que des enfances, écrit Marais (t. III, p. 106). Dans sa maladie de février 1723, il s’amuse comme un enfant. (Ibid., t. II, p. 409.)

[10] Le roi monta à cheval pour la première fois le 7 mai 1720. (Dangeau, t. XVIII, p. 283). Il commença à tirer en juillet 1720 et fit ses premières prouesses à la chasse quelques jours après. (Ibid., p. 314 et 324)

[11] Marais, t. III, p. 45.

[12] Dès le mois de novembre 1722, Louis XV annonçait cet amour du jeu ; en juillet 1724, il joue un jeu affreux. (Marais, t. II, p. 370 et t. III, p. 116)

[13] Voir Marais, t. III, p. 32.

[14] Marais, t. II, p. 306, 317 ; le marquis de Calvière, p. 141.

[15] Il n’est permis à personne de lui parler ni de sa santé, ni de son éducation. Le tout va comme il peut. Marais, t. III. p. 132 (août 1724)

[16] Marais constate (t. II, p. 83) que Louis XV s’est trouvé homme à onze ans, et, en 1724, le maréchal de Villars écrit (p. 304) : Il n’est question que de chasse, de jeu et de bonne chair, peu ou point de galanterie, le roi ne tournant point encore ses beaux et jeunes regards sur aucun objet. Les dames sont toujours prêtes, et l’on ne peut pas dire : le Roi ne l’est pas, parce qu’il est plus fort et plus avancé à quatorze ans et demi que tout autre jeune homme à dix-huit.

[17] Ainsi le roi trouvait charmant de lasser le maréchal de Noailles par une marche trop prolongée, de faire mouiller sa suite, de donner des soufflets à son valet de chambre, de lancer du fromage mou au visage d’un prélat — bouffon, il est vrai, — de faire en un mot toutes sortes de malices. Voir Calvière, p. 118 et 127, et Marais, t, II, p. 307 ; t, III, p. 75, 76, 110, 112.

[18] Voir Marais, t. II, p. 325-26 ; Saint-Simon, t. XI, p. 401-402, etc.

[19] T. II. p. 328, Cf. p. 330, et t. III, p. 113.

[20] Villars, p. 278 ; Marais, t. II, p. 428 ; Buvat, t. Il, p. 237, 282.

[21] T. II, p. 443.

[22] Mémoires, t. XII, p. 17-19.

[23] Journal de France et de la cour du Régent par le duc de Richelieu, dans les Pièces inédites sur les règnes de Louis XII, Louis XV et Louis XVI, t. II, p. 194 (févr. 1722).

[24] Voir Marais, t. II, p. 319-20, 322. Cf. t. III, p. 114. Voir aussi Barbier, t. I. p. 360-62.

[25] Mém. du maréchal duc de Richelieu, t. III, p. 341.

[26] Journal de Dangeau, t. XVIII, p. 268.

[27] Correspondances de la duchesse d’Orléans, t. II, p. 367.

[28] Les dames le suivent, dit Marais en 1724, mais il ne les aime ni ne les regarde. (T. III, p. 110.)

[29] Le roi a su que Bontemps le père, un de ses premiers valets de chambre, avait amené à Versailles sa maîtresse, appelée Zénobie, et qu’il avait dîné avec elle. Il a demandé à son fils avec qui il avait dîné. — Avec mon frère, Sire. — Et qui encore ? ne me mentez pas. — Il a fallu dire la fille. Le roi a envoyé ordre à Bontemps de la faire sortir sur-le-champ de Versailles et de ne point paraître devant lui. (Marais, t. II, p. 407, février 1723)

[30] Le marquis de Calvière, p. 138.

[31] Voir Marais, t. II, p. 443 ; Barbier, t. I, p. 368. Il ne paraît pas qu’on ait réussi dans le dessein du voyage de Chantilly. Le roi ne songe qu’à chasser. Et Barbier ajoute : J’avoue en mon particulier que c’est dommage, car il est très bien fait et très beau prince mais si c’est son goût, qu’y faire ? — Cf. sur la pureté des moeurs du jeune roi, Soulavie. (Mém. du duc de Richelieu, t. IV, p. 64-65, et t. V, p. 30 et 53.)

[32] T. II, p. 57.

[33] Le marquis de Calvière, p. 150.

[34] Voir dans la Revue rétrospective, t. XV, p. 162-214, les curieuses pièces, extraites des archives du royaume, relatives à ces négociations. Il y a là une lettre du roi de Sardaigne au duc de Bourbon, où il dit : Il y avait quelque chose de mieux et de plus convenable que ce choix, que tout le monde condamne, et qui, joint à tout ce qu’il a paru depuis que vous êtes dans le ministère, ne donne pas une grande idée de votre conseil.

[35] Voir Villars, p. 316 ; Barbier, t. I, p. 408 et suiv. ; lettre de Math. Marais, t. III, p. 359. La conduite du roi a trompé tout le monde, écrit Barbier. Voir aussi, sur les prouesses du jeune mari, la lettre du duc de Bourbon au roi Stanislas, dans la Revue rétrospective, t. XV, p. 213 ; une lettre de Voltaire à la présidente de Bernières, du 17 Septembre 1725, et la lettre de Marais.

[36] Dès le mois de janvier 1726, la Reine se plaignait à Villars des changements qu’elle voyait dans l’amitié du roi, et elle portait plainte également à Fleury, qui répondait assez sèchement : ce n’est pas ma faute. (Mém. de Villars, p. 320. Cf. p. 327) Cependant le président Hénault accuse formellement Fleury d’avoir brouillé le roi et la reine. (Mémoires, p. 148-149)

[37] Voir Villars, p. 304, 308, 321, 326, 329, 337, 345, 361, 376 ; Barbier, t, I, p. 372, 379, 401, 436, t. II, p. 61, 110, 166. Journal de Narbonne, publié par M. Le Roi (1866), p. 148, 295 et 513.

[38] Voir le Journal de Barbier, t. I, p. 408-411, t. II, p. 49. Louis XV eut de Marie Leczinska dix enfants, dont voici l’ordre de naissance : 1° Louise-Élisabeth, 14 août 1727 ; 2° Anne-Henriette, 14 août 1727 ; 3° Marie-Louise, 28 juillet 1728, 4° Louis, dauphin, 4 septembre 1729 ; 5° le duc d’Anjou, 30 août 1730 ; 6° Marie-Adèlaïde, 23 mars 1732; 7° Mme Victoire, 11 mai 1733 ; 8° Mme Sophie, 27 juillet 1734 (en avril 1735 la reine fit une fausse couche) ; 9° N..., née le 16 mai 1736 ; 10° Louise-Marie, née le 17 juillet 1737.

[39] Journal, t. I, p. 409.

[40] Journal de Barbier, t. II, p. 110. Cf. p. 166.

[41] Mém. de Villars, p. 325-26. Lettre du marquis de Silly, dans les Pièces historiques publiées par Soulavie, t. II, p. 249. Lettres de Math. Marais, t. III, p. 425-430.

[42] Ce texte est celui des Mém. de Villars. Lemontey a donné (t. II, p. 261), la version suivante, d’après un manuscrit de la Bibl. de l’Arsenal : Madame, ne soyez point surprise des ordres que je donne. Faites attention à ce que M. de Fréjus vous dira de ma part, je vous en prie et je vous l’ordonne.

[43] Lettre du 9 février 1726, Pièces historiques, t. II, p. 231.

[44] Mém. du duc de Richelieu, t. IV, p. 130, et Pièces historiques, l. c.

[45] Lettre du 14 juillet 1726, Pièces historiques, t. II, p. 240.

[46] Lettre du 28 juin, l. c., p. 257. — Le duc de Luynes rapporte une conversation qui eut lieu, vers 1725, entre Fleury et l’abbé de Pomponne, et dans laquelle celui-ci dit au cardinal : Souvenez-vous de ce que vous me dîtes il y a deux ans : que vous trouviez dans le roi la mémoire la plus heureuse, mais que vous n’étiez pas aussi content de l’étendue de son esprit et encore beaucoup plus affligé de lui voir autant d’irrésolution. (T. V, p. 112.)

[47] Mém. de Villars, p. 303.

[48] Mém. de Villars, p. 308.

[49] Mém. de Villars, p. 308.

[50] Lettre du 21 mai 1727, l. c., p. 258. Bien des pamphlets circulèrent alors sur l’enfance tardive du roi et sur l’administration du vieux cardinal. Nous extrayons le passage suivant d’une Lettre de six François écrite à Henri IV, en janvier 1731 (ms. fr. 15231, f. 134) :

Vous estiez un grand Roy et un bon Roy ; le nôtre d’à présent a peut-estre de quoy l’estre, mais nous n’en sçavons encore rien. Il ne le sçait pas luy-mesme. Vous astiez souvent à cheval ; en cela il vous ressemble. Vous aimiez la chasse ; luy aussy. Vous chassiez pour vous délasser ; luy c’est pour tuer le temps. Et vous estiez toujours occupé du soin de vos affaires et de celles de votre peuple ; luy n’a point cet embarras : il n’y pense pas. Ne l’en grondez pas, ce n’est pas tout à fait sa faute : il a un vieux précepteur qui fait tout pour lui. Ce pauvre diable fait tout de son mieux et ne fait rien qui vaille, parce qu’il n’a jamais rien sçu dans ce métier etc.

Dans la réponse de Henri IV, on lit : Vous n’osez rien asseurer du vôtre ; cependant il est discret, pieux, chaste et fidèle ; pour les vertus militaires, la prophétie est en sa faveur quand l’occasion l’exigera. (Fol. 136 v°)

Et plus loin : Il est doux, aimable, bon, juste pieux et chaste ; qui a scau lui inspirer ces vertus mérite vos éloges. (Fol. 138 v°)

Dans d’autres pamphlets, on indique le logement des personnages de la cour le roi loge A la Beauté couronnée, rue des Innocents, et ailleurs Au Perroquet couronné, rue Baudet, vis à vis des Innocents. La reine loge A la Poule qui pond, rue de la Femme sans tête. Voir ms. fr. 15362, p. 323.

[51] Lettre du marquis de Silly, 14 juin 1726, l. c., p. 241.

[52] Mém. de Villars, p. 346. 348. Voir l’anecdote du duc de Béthune (septembre 1727). Les courses de traîneaux, écrit Villars en janvier 1729, ont fait espérer aux dames un peu plus de vivacité au roi pour elles. On a dansé après souper, et si cela recommence souvent, il n’est pas impossible que quelque belle courageuse ne mette la main sur le roi (p. 360). — Soulavie écrit à ce propos (Mém. du duc de Richelieu, t. IV, p. 177) : Ses beaux yeux cependant et le charme de ses manières attiraient les femmes, sa bonté les rendait hardies. On formait des projets, on proposait même. Mais le jeune monarque, toujours timide, répondait encore aux corrupteurs : Elle n’est point aussi belle que ma femme.

[53] Mém. de Villars, p. 362.