HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE IV. — CHARLES VII PENDANT LA TRÊVE AVEC L’ANGLETERRE - 1444-1449.

 

CHAPITRE X. — L’OCCUPATION DU MANS.

 

 

1446-1448

 

Conférences d’Évreux, de Louviers et de Rouen ; traité du 15 décembre 1446. — La situation en Angleterre ; déclarations faites devant le Parlement ; vote en faveur de Suffolk. — Relations entre Charles VII et Henri VI : ambassade de Moleyns et de Dudley ; ambassade de Havart ; traité passé à Londres le 18 décembre 1446. — Nouvelle ambassade de Moleyns et de Dudley ; prorogation de la trêve. — Réunion du Parlement ; arrestation et mort subite du duc de Glocester ; bill d’indemnité décerné à Suffolk. — Arrivée à Londres du comte de Dunois à la tête d’une nouvelle ambassade ; déclaration de Henri VI relativement à l’abandon du Maine ; ordres donnés à ce sujet. — Résistance opposée à l’exécution de ces ordres ; conférence du Mans ; mauvaise foi des commissaires anglais. — Réclamations de Charles VII ; convention passée à Tours ; elle n’est point exécutée. — Brezé à Rouen ; nouvelle convention faite avec Thomas Hoo ; les commissaires royaux s’avancent à la tête d’une armée pour la mettre à exécution. — Charles VII à Lavardin ; traités passés avec les ambassadeurs anglais venus vers le Roi ; attaque et occupation du Mans.

 

Nous avons vu plus haut dans quelles circonstances et à quelles conditions avait été réglée la question de l’abandon du comté du Maine. Ce ne fut pas, comme on l’a prétendu, par une clause secrète ajoutée au traité signé à Tours le 28 mai 1444, mais postérieurement à ce traité, sur l’initiative du roi René, et en vue de faciliter un accord entre la France et l’Angleterre[1].

L’année 1446 devait être marquée par deux événements d’une haute importance pour les relations des deux pays : la remise aux mains de Charles VII du comté du Maine, que le roi d’Angleterre avait pris l’engagement d’opérer avant le 30 avril ; la tenue d’une convention entre les deux rois, qui devait avoir lieu avant le 1er novembre. Par trois actes passés à la date du 20 février 1446, Charles VII déclara ratifier le second traité de Londres (19 décembre 1445), approuver l’engagement contracté en son nom au sujet de la convention, et donner des pouvoirs à l’archevêque de Reims et à Guillaume Cousinot pour se rendre en Angleterre, y porter ses lettres de ratification et recevoir celles de Henri VI[2]. Nous ne trouvons pas trace de l’envoi de cette ambassade[3] ; mais nous savons que Cousinot, Havart, et d’autres conseillers du Roi furent désignés pour se rendre à Évreux le 1er avril, afin de traiter, de concert avec les représentants du roi d’Angleterre, plusieurs questions litigieuses, telles que la somme à déterminer pour les appatis à lever dans les différentes provinces occupées par l’ennemi, la possession de certains lieux, la réparation des attentats à la trêve, etc.[4] Cette conférence, tenue d’abord à Évreux, puis à Louviers, donna lieu à des arrangements pris d’un commun accord (27 mai)[5]. Dans le cours de cette année, les commissaires des deux parties se réunirent encore pour s’occuper des réparations à donner relativement à des infractions à la trêve : courses des gens de guerre anglais en Touraine et dans le Maine ; détrousses faites par les faux-visages ; excès commis en Bretagne, etc.[6] Une conférence devait être tenue à Granville au mois d’août : les envoyés de Charles VII s’y trouvèrent seuls. A la date du 23 septembre, de nouveaux commissaires furent désignés pour se rendre à Rouen, à Évreux ou à Louviers, et s’y rencontrer avec les représentants de Henri VI[7]. Le 24 novembre, Charles VII donnait pouvoir au comte de Dunois, à Simon Charles et à deux autres de ses conseillers, de négocier avec les commissaires anglais[8] ; le pouvoir donné par Henri VI à Thomas Hoo et à ses autres représentants porte la date du 5 décembre. La conférence devait se tenir à Mantes ; elle aboutit à un traité signé le 15 décembre, au prieuré de Jusiers[9].

Tandis qu’on s’occupait en France à résoudre des points de détail, de plus hautes questions étaient agitées au sein du Parlement anglais. Dans une séance solennelle, tenue le 9 avril 1446, en présence de Henri VI, le lord chancelier fit savoir que son maître avait décidé de se rendre en France au mois d’octobre suivant, pour y tenir une convention personnelle avec son oncle de France ; il ajouta que, en cela, le roi avait agi de son propre mouvement, par l’inspiration d’en haut, sans y avoir été poussé par aucun des seigneurs ni par d’autres de ses sujets. Le chancelier demandait que le roi voulût bien faire cette déclaration devant les États de son royaume, en sa haute cour du Parlement, et décharger les membres de toute responsabilité à cet égard[10]. C’est, paraît-il, dans la même session que le Parlement révoqua la clause du traité de Troyes portant qu’aucun traité avec le dauphin Charles ne serait conclu sans le consentement des États de chacun des deux royaumes[11].

D’excellentes relations s’étaient établies entre les cours de France et d’Angleterre. A la date du 24 mars, au moment où le roi d’armes Garter, alors en ambassade près de Charles VII, repartait pour l’Angleterre, le Roi lui remit une lettre pour sa nièce[12]. Marguerite y répondit à la date du 20 mai. Elle assurait le Roi de l’espoir qu’elle avait de répondre à son désir en assistant à la convention projetée entre son seigneur et lui ; elle comptait que, moyennant l’intervention du Saint-Esprit, elle verrait la conclusion de la paix générale que, sur toutes choses mondaines, elle souhaitait de cordiale affection, voir aboutir à toute bonne perfection. Elle promettait de s’y employer et d’y tenir la main de son mieux[13]. Le 2 juillet suivant, Henri VI fit partir Mathew Gough pour la cour de France, avec une lettre de créance conçue dans les termes les plus empressés[14]. Le 20 juillet, des instructions étaient données pour faire une levée de fonds, afin de subvenir aux frais des négociations avec la France et spécialement du voyage que le roi d’Angleterre devait entreprendre au mois d’octobre[15]. Dans le même mois, une ambassade, composée d’Adam Moleyns, évêque de Chichester, et de Jean Sutton, baron de Dudley, vint trouver le Roi[16] et séjourna près de lui, soit à Saint-Martin de Candes, soit à Razilly, pendant les mois d’août et de septembre[17]. Moleyns et Dudley repartirent avec une lettre de Charles VII pour la reine d’Angleterre[18]. L’envoi d’une ambassade avait été décidée ; au mois de septembre des instructions furent rédigées pour Cousinot et Havart, chargés de cette nouvelle mission auprès du roi d’Angleterre.

Charles VII avait su par l’évêque de Chichester et le baron de Dudley le bon vouloir et l’entier désir du roi d’Angleterre à l’égard de la paix ; de son côté, il était entièrement disposé d’entendre à tous bons et convenables moyens de paix et d’y vaquer par toutes voies licites et raisonnables. L’une des plus grandes joies qu’il pût avoir était de ouïr souvent des nouvelles du roi d’Angleterre, comme de l’une des personnes qui vive que plus il aime et a plus grande volonté de voir, et avec qui plus il désire avoir familière conversation. Le Roi avait examiné la requête présentée par les ambassadeurs relativement à une prorogation du terme fixé pour la convention personnelle entre les deux rois et du passage outre mer du roi d’Angleterre, qui devait être opéré avant le 1er novembre suivant ; il avait fait exposer les raisons qui militaient contre cette prorogation, lesquelles, disait-il, sont si claires et si apparentes que chacun visiblement peut connaître que sans grand grief et dommage le Roi n’y pouvait consentir. Voulant comme toujours procéder plainement et franchement avec le roi d’Angleterre son neveu, le Roi avait décidé l’envoi d’une nouvelle ambassade pour lui faire connaître les motifs de son refus et s’entendre avec lui sur ce qui serait à faire pour faciliter la conclusion de la paix. Le Roi est toujours prêt à y entendre et à s’y employer en tout ce qui serait raisonnable, licite et convenable ; il n’est chose dite ou promise en son nom qui ne soit tenue ; aussi voudrait-il bien qu’il en fût de même de la part du roi d’Angleterre, comme raison est, et qu’il a parfaite fiance que son vouloir est de ainsi le faire. Une fois les motifs et raisons du Roi exposés bien au long, s’il semble au roi d’Angleterre qu’il soit préférable de proroger son passage en France, les ambassadeurs demanderont que, tout d’abord, ce prince accomplisse réellement et de fait la promesse par lui faite touchant la délivrance du comté du Maine et des revenus des églises particulières, et que pour cela il envoie avec eux un fondé de pouvoirs, chargé d’opérer cette délivrance. La question de prorogation pourra ensuite être facilement résolue. Si l’on réclame à l’avance des lettres de sûreté relativement à cette prorogation, on pourra les donner, mais conditionnellement, et si secrètement que nul n’en soit informé sauf le roi d’Angleterre et monseigneur de Suffolk. Les ambassadeurs avaient en outre mission d’insister sur les attentats commis au mépris de la trêve et sur les mesures à prendre pour y porter remède[19].

L’ambassade ne partit pas aussitôt, car elle n’arriva en Angleterre que dans les premiers jours de décembre[20]. Pendant son séjour, Marguerite écrivit à deux reprises au Roi[21]. Le 18 décembre fut signé, entre les deux ambassadeurs de France, d’une part, et Suffolk, Moleyns et Dudley, de l’autre, un traité réglant certains points relatifs aux revenus des bénéfices, aux moyens à employer pour la pacification de l’Église et à des faits de piraterie[22]. Il fut convenu que Moleyns et Dudley se rendraient en France, et Henri VI leur remit une lettre les accréditant auprès du Roi[23]. Leur mission avait principalement pour but de prolonger la trêve, qui expirait le 1er avril 1447[24].

Moleyns et Dudley arrivèrent à Tours dans le courant de février[25], en compagnie de Mathew Gough. A la date du 17, Charles VII désigna le comte de Dunois, Pierre de Brezé, le sire de Précigny, Cousinot et Havart pour traiter avec eux[26]. Le 22 février fut signée à Tours une convention portant prorogation de la trêve jusqu’au 1er janvier 1448[27]. Le 23, les ambassadeurs d’Angleterre prirent au nom de leur maître l’engagement qu’il se rendrait en France avant le 1er novembre pour y tenir la convention projetée[28]. Nous avons une lettre de Charles VII à son allié le roi d’Écosse, écrite évidemment à ce moment, et lui faisant part du renouvellement de la trêve[29].

En quittant la Cour, les ambassadeurs anglais emportaient une lettre du Roi annonçant à son neveu l’envoi d’une nouvelle ambassade. Il avait été convenu, en effet, que le comte de Dunois se rendrait en Angleterre avec plusieurs notables conseillers du trône[30]. Le Roi donna ses pouvoirs à la date du 14 avril[31]. Le 2 mai, il écrivait à la commune de Londres, lui faisant part de l’envoi de ses ambassadeurs, et l’engageant à s’employer au succès de leur mission[32].

A l’époque où nous sommes parvenus, les divisions qui existaient en Angleterre, au sein du conseil privé, s’étaient notablement aggravées. Le duc de Glocester ne pouvait se résigner à l’effacement auquel l’avaient condamné Suffolk et ses partisans. Il les attaqua très vivement, ne dissimulant point sa volonté de profiter de l’insuffisance notoire du jeune roi pour prendre en main la direction du royaume. Henri VI, persuadé que, dans l’accomplissement de ce dessein, son oncle ne reculerait devant rien, et averti secrètement par Suffolk que sa vie même était en danger, s’en remit entièrement à son ministre et aux amis de celui-ci. D’ailleurs l’influence qu’exerçait Marguerite sur son mari le poussait irrésistiblement à placer en Suffolk toute sa confiance.

Sur ces entrefaites, le marquis de Suffolk fit décider la convocation du Parlement. L’assemblée fut tenue, non à Westminster, ni à Cambridge, où d’abord elle avait été convoquée, mais à Bury-Saint-Edmund’s, le 10 février 1447 ; elle eut lieu au milieu d’un déploiement de force inusité. Le chancelier ouvrit la séance, comme il l’avait fait deux ans auparavant, par un discours en faveur de la paix ; il prit pour thème ce texte : Qui autem ineunt pacis concilia, sequitur illos gaudium[33]. Il demanda le vote d’un subside pour pourvoir aux frais du voyage du roi en France. Sans soupçonner que sa sécurité pût être menacée, le duc de Glocester se rendit à Bury (18 février) pour prendre sa place parmi les pairs. A peine arrivé, il fut arrêté par le grand connétable, lord Beaumont, assisté du duc de Buckingham, du marquis de Dorset et de deux autres seigneurs. Trente-huit de ses serviteurs furent également emprisonnés. Le motif allégué était un crime de haute trahison : Glocester aurait formé un complot pour mettre le roi à mort, arracher sa femme Éléonore à la prison où elle était confinée[34], et se faire proclamer roi.

Le duc de Glocester n’était pas plutôt en état d’arrestation, que le bruit de sa mort se répandit : il avait, disait-on, été frappé soudain d’une attaque d’apoplexie, occasionnée par le deuil et déplaisance que lui avait fait éprouver son emprisonnement[35]. Mais la rumeur populaire attribuait à sa mort une cause tragique : le duc aurait été étranglé dans sa prison. Plusieurs applaudirent à cette mort, comme devant être profitable au royaume ; la meilleure partie de la population déplora l’événement, estimant qu’il produirait de funestes conséquences[36].

La poursuite dirigée contre les complices du duc ne tarda point à aboutir à une abolition générale : cinq seulement en furent exemptés ; l’intervention de Suffolk empêcha l’exécution au moment même où les condamnés allaient être attachés au gibet. Les murmures populaires n’en atteignirent pas moins le tout-puissant ministre : c’est lui qu’on rendait responsable de la mort du duc. Pourtant, malgré l’opinion généralement admise, il y a lieu de penser que Glocester mourut d’une mort naturelle[37].

Le marquis de Suffolk n’en était pas moins désormais seul maître, et il ne craignit pas de s’enrichir des dépouilles du défunt : la plus grande partie des possessions de Glocester fut distribuée au premier ministre, à ses parents et à ses partisans. Peu après il demanda à faire justice publiquement des accusations dirigées contre lui au sujet des négociations entamées avec la France pour l’abandon de l’Anjou et du Maine. Le Parlement fut convoqué. Suffolk fut entendu le 25 mai. Le 17 juin, par un acte royal revêtu de l’approbation du Parlement, il fut déchargé de toutes accusations relativement à la délibération portant cession de l’Anjou et du Maine[38].

L’ambassade à la tête de laquelle était le comte de Dunois ne tarda pas à arriver en Angleterre[39]. Le 1er juillet, Henri VI donnait des pouvoirs au duc de Buckingham, au marquis de Suffolk, à Adam Moleyns, à Jean, seigneur de Scrope, et au baron de Dudley pour traiter avec les envoyés de Charles VII[40]. Le moment était venu de remplir les engagements contractés. A la date du 27 juillet 1447, les ambassadeurs de France signèrent un nouveau traité, prorogeant jusqu’au 1er mai 1448 le délai fixé pour la tenue d’une convention entre les deux rois, et passèrent un acte relatif à la jouissance des revenus des bénéfices ecclésiastiques[41]. Ce même jour, des lettres patentes de Henri VI prescrivirent, conformément à la promesse donnée par lui, d’opérer, avant le 1er novembre suivant, la cession de la ville du Mans et du comté du Maine entre les mains de Charles VII[42]. Le lendemain, 28, Henri VI donna d’autres lettres patentes portant commission à Mathew Gough et à Fouques Eyton de recevoir en son nom du marquis de Dorset les villes, châteaux et forteresses du comté du Maine, en contraignant au besoin ceux qui les occupaient à en opérer la remise[43]. En même temps il ordonna de délivrer ces places à Charles VII ou à ses représentants[44].

Nous avons une lettre adressée, à cette même date, par Henri VI au Roi. Après avoir exprimé sa satisfaction des bonnes nouvelles que les ambassadeurs lui avaient apportées de la santé du Roi et félicité ce prince de ce qu’il s’employait non seulement à la paix entre les deux royaumes, mais encore à l’union de l’Église universelle, il ajoutait : Et quant à cette bonne amour et affection qu’il vous plaît avoir à notre personne, nous croyons fermement qu’il en est ainsi, et vous en remercions tant de bon cœur que plus pouvons, vous priant que en ce bon vouloir veuilliez toujours demeurer et persister envers nous. Aussi soyez sûr que, de notre part, nous avons envers vous singulière amour et parfaite dilection, et autant que neveu peut avoir à oncle. Combien que, ainsi qu’il nous a été rapporté, vous ne révoquiez point en doute qu’il en soit ainsi, afin que vous connaissiez effectuellement la chose être telle, en faveur et contemplation de vous principalement, nous avons été et sommes content que les cité, ville et château du Mans, et toutes les autres places villes et forteresses qui sont en notre obéissance au comté du Maine, soient baillées et délivrées réellement et de fait par vos mains à notre beau père le roi de Sicile et à notre oncle Charles d’Anjou, son frère, ainsi et par la forme et manière qui plus à plein est contenue en nos lettres patentes que nous vous enverrons touchant ladite matière. Henri VI finissait en annonçant l'envoi d’une ambassade qui, après avoir rendu visite au Roi, se rendrait à Lyon pour assister à l’assemblée qui devait s’y tenir en vue de la pacification de l’Église[45].

Par une seconde lettre du même jour, Henri VI accréditait nominativement auprès du Roi l’évêque de Norwich[46]. De son côté, la reine Marguerite écrivit au Roi en faveur de Jean Cambray, frère de l’un de ses écuyers[47]. Enfin, dans une lettre missive à Mathew Gough, Henri VI annonçait l’envoi de deux lettres patentes adressées à Gough et à Eyton : ces lettres devaient être remises par son roi d’armes Garter, chargé de déclarer plus au long ses intentions ; il enjoignait derechef de se conformer à ses ordres si diligemment et bien et duement que lui et son oncle en dussent être contents[48].

Le 4 septembre suivant, par lettres patentes datées de Rouen, à la relation du grand conseil, conformément aux appointements faits pour la délivrance du Maine, commission fut donnée à Nicolas Molineux, maître de la Chambre des comptes, à Osbern Mundeford, bailli du Maine, et à Thomas Dirhill, vicomte d’Alençon, de régler avec les commissaires de Charles VII la question des provisions à donner aux sujets du roi d’Angleterre qui devraient abandonner les terres dont ils jouissaient dans le comté du Maine[49].

Se conformant aux ordres de leur maître, Mathew Gough et Fouques Eyton firent, au nom du roi d’Angleterre, commandement à Osbern Mundeford, capitaine du Mans et de Beaumont-le-Vicomte pour le marquis de Dorset, capitaine général et gouverneur des pays d’Anjou et du Maine, de remettre la ville du Mans entre leurs mains. Cette sommation fut faite à la date du 23 septembre. Mais Mundeford demanda communication d’un double des lettres du roi, afin d’y donner réponse et humble obeissance, comme vrai homme lige et très humble sujet du roi son souverain seigneur. Après avoir pris connaissance des lettres, il les déclara bonnes, amples, et contenant noble puissance et belle charge, et protesta qu’il n’entendait en aucune manière contrevenir aux ordres de son maître. Toutefois, il réclama décharge pour son seigneur le marquis de Dorset, auquel jadis le roi avait, par lettres patentes, donné le gouvernement et administration du comté du Maine et la garde de la ville du Mans, avec jouissance des places du comté, sa vie durant. Les deux commissaires se bornèrent à répondre qu’ils n’avaient reçu aucune lettre de décharge ni du roi, ni du marquis de Dorset. Là-dessus Mundeford déclara qu’il ne pouvait opérer la remise du Mans, et demanda un délai pour qu’on pût en référer au roi d’Angleterre[50].

Sur ces entrefaites, l’ambassade de, Henri VI arriva à la cour de France[51]. A la date du 15 octobre, la trêve fut prolongée jusqu’au 1er janvier 1449, et le terme fixé pour la convention entre les deux rois renvoyé au 1er novembre 1448[52]. Le surlendemain Charles VII donna des lettres patentes portant pouvoir à Guillaume Cousinot et à Jean Havart de recevoir des mains des commissaires de son neveu la ville du Mans et les autres villes, châteaux et forteresses du comté du Maine[53]. Le même jour, 17 octobre, Charles VII écrivit au roi d’Angleterre une lettre qui lui fut portée par Garter[54].

Pour couper court à la difficulté soulevée par Osbern Mundeford, des lettres patentes furent rédigées à la date du 23 octobre[55]. Henri VI, s’adressant au marquis de Dorset, lui donnait l’ordre formel de faire délivrer à ses commissaires la ville du Mans et toutes les places du comté du Maine, et le déchargeait de la garde de ces places[56]. En outre, d’autres lettres patentes furent dressées, portant ordre à Richard Frogenhall, bailli d’Alençon, de faire remise desdites places aux commissaires royaux[57]. Par une lettre missive, adressée à Mathew Gough et Fouques Eyton, Henri VI leur témoigna sa satisfaction des diligences qu’ils avaient faites pour assurer l’exécution de ses ordres, leur annonçant l’envoi des lettres de décharge, et leur enjoignant de ne rien épargner pour opérer à bref délai la remise des places, afin que son honneur fût sauf[58].

Le 31 octobre s’ouvrit au Mans une conférence[59] entre Guillaume Cousinot et Jean Havart, commissaires de Charles VII, assistés de trois conseillers du roi René, et les trois commissaires anglais, Nicolas Molineux, Osbern Mundeford et Thomas Dirhill. Dans la première réunion, Guillaume Cousinot exposa que, depuis quatre ans, dans l’intention de parvenir à la conclusion de la paix entre les deux royaumes, plusieurs ambassades avaient été envoyées de part et d’autre ; que, dans une de ces ambassades, où figuraient lui Cousinot et Havart, avec le comte de Dunois et le sire de Précigny, des résolutions avaient été prises relativement à certaine promesse faite antérieurement par le roi d’Angleterre au Roi son oncle, relativement à la délivrance du comté du Maine. Cousinot présenta un instrument notarié contenant le texte de la lettre missive du roi d’Angleterre du 22 décembre 1445 et de ses lettres patentes du 27 juillet 1447, et requit, en son nom et au nom de son collègue, l’accomplissement de la promesse du roi d’Angleterre, savoir la remise de la ville du Mans et des places du comté du Maine entre les mains du Roi ou de ses représentants, avant le 1er novembre 1447. Les deux commissaires royaux étaient venus pour en prendre possession au nom de leur maître, conformément aux lettres de commission données par Charles VII, en date du 17 octobre précédent, et dont ils produisaient le texte.

Les commissaires anglais demandèrent qu’un double de ces lettres leur fût remis, et s’engagèrent à donner réponse le soir même.

A cette seconde réunion, Nicolas Molineux souleva une nouvelle difficulté au sujet des lettres de commission, dont l’original, paraît-il, offrait des ratures. Cousinot répondit que cet original était à Sablé, où l’on pouvait aller le collationner avec la copie, et réclama la délivrance des places sans plus de délai. Les commissaires anglais requirent le renvoi au lendemain, jour de la Toussaint, où une troisième séance fut tenue à l’issue de la grand’messe.

Après la production des pouvoirs du roi d’Angleterre, Molineux exposa que, en vertu de la commission donnée par leur maître, lui et ses collègues s’étaient rendus au Mans dès le 1er octobre, espérant y trouver les commissaires de l’oncle du roi. En leur absence, et n’ayant d’eux aucune nouvelle, ils avaient envoyé un message à l’oncle du roi leur seigneur et aux gens de son conseil, et un autre message aux conseillers du roi de Sicile et de monseigneur Charles d’Anjou, faisant savoir leur venue et se déclarant prêts à procéder de façon à ce qu’il ne pût être dit que, de la part du roi leur seigneur, il y ait eu délai ou dissimulation. Depuis ce temps, on les avait laissés sans nouvelles, et c’est seulement par la production des lettres de pouvoir des deux envoyés du roi de France qu’ils avaient su que des commissaires avaient été désignés par celui-ci. Bien que ces commissaires n’eussent montré que des lettres de congé, d’alliances ou de trêves, ils se déclaraient disposés à procéder à l’exécution de la commission dont ils avaient charge, et requirent Cousinot et Havart d’en faire autant.

Cousinot répondit que, environ deux ans auparavant, le roi d’Angleterre avait envoyé au Roi son oncle des lettres missives, par lesquelles il avait promis, en parole de roi, de faire délivrance des château, ville, et cité du Mans, et de toutes les autres places du comté du Maine, toutes excusations et empêchements cessant, et que cette promesse n'avait point reçu d’exécution ; que depuis le roi d’Angleterre s’était engagé à opérer ladite cession avant le 1er novembre 1447, c’est-à-dire au jour où l’on était arrivé ; que le Roi n’avait apporté aucune négligence à l’envoi de ses commissaires, attendu qu’il avait eu à traiter et à conclure avec les ambassadeurs du roi d’Angleterre, venus vers lui ; qu’aussitôt après leur départ il avait donné ses lettres de commission pour prendre possession des lieux susdits, ce que lui, Cousinot, et Havart étaient prêts à faire, et pour cela à prendre jour et heure. Il somma donc les commissaires du roi d’Angleterre de mettre entre ses mains la ville du Mans et toutes les places du comté du Maine.

Molineux, s’excusant de ne pouvoir dire et proférer en parole françoise comme il le ferait selon la langue maternelle, prit la parole à son tour. Le roi notre maître, dit-il en substance, a fait effectivement la promesse sus mentionnée ; mais il a voulu en même temps régler le sort qui serait fait à ses sujets et obtenir pour eux une bonne provision. Il faut donc, avant d’opérer la remise des places, que cette question soit tranchée. Nous sommes prêts à besogner sur le fait de la provision. Mais si les commissaires royaux veulent soutenir que la provision ne doit être faite qu’après la délivrance, nous déclarons que telle n’est point notre interprétation. Dans ce cas, nous serons obligés d’envoyer vers le roi notre seigneur pour connaître sa volonté.

Cousinot répliqua que, bien que Molineux se fût excusé de ne pas parler réthoriquement la langue française, il avait assez de sens et de prudence pour s’expliquer, en français ou en latin, aussi bien que lui-même le pourrait faire[60]. Il était clair que le roi d’Angleterre avait pris, en parole de roi, l’engagement d’opérer la délivrance susdite au jour où l’on était arrivé. Quant à produire toutes les lettres d’alliance et de trêves, il était prêt à le faire, et à donner, si on le désirait, communication des originaux. Mais il ne pouvait admettre la prétention de s’occuper de la provision avant d’opérer la délivrance des places, et derechef il requit les commissaires anglais de procéder à cette délivrance.

Là-dessus Molineux se récria et manifesta son étonnement de ce que, en vertu de la seule commission à eux donnée, et sans avoir d’autres lettres, les commissaires royaux fissent pareilles requêtes et sommations. Les lettres qu’ils avaient produites ne leur donnaient point ce pouvoir. Quand on leur montrerait les lettres du roi leur maître, contenant décharge pour ceux qui avaient la garde des places, ils seraient prêts à obéir. Pour le moment, ils devaient se borner à traiter la question de la provision, car les deux choses ne pouvaient être séparées.

Après un nouvel échange d’observations entre Cousinot et Molineux, la conférence prit fin, et acte fut dressé de ce qui avait été dit de part et d’autre.

La mauvaise foi des commissaires anglais était flagrante. A la dernière heure ils démasquèrent leur batteries, en faisant intervenir une quinzaine de capitaines et de seigneurs qui requirent les commissaires de procéder au fait de la provision avant d’opérer la délivrance des places[61].

Aussitôt qu’il eut reçu le rapport de ses commissaires, Charles VII s’empressa de porter plainte à Mathew Gough, lequel ne tarda pas à se rendre près de lui pour traiter l’affaire verbalement. Le 30 décembre fut conclue entre Dunois, Brezé et Précigny d’une part, et Mathew Gough de l’autre, une convention réglant les difficultés soulevées par les commissaires de Henri VI. En voici les principales stipulations : les lettres du Roi donnant au roi de Sicile et au comte du Maine l'autorisation de faire alliance et trêves durant vingt ans seront remises dès à présent aux mains de Gough et d’Eyton ; on leur délivrera également des lettres patentes du Roi par lesquelles il s’engagera à faire régler le fait des provisions entre les commissaires de chaque partie conformément à l’appointement pris entre ses ambassadeurs et les représentants du roi d’Angleterre et aux lettres de celui-ci ; le Roi consent à accorder le délai de quinze jours demandé par Mathew Gough pour la délivrance des places, laquelle devra être opérée le 15 janvier ; de son côté, Gough promet de s’employer auprès de Fouques Eyton pour que, dans un délai de quatre jours, il envoie à Brezé l’engagement signé de délivrer, à la date du 15 janvier, le Mans et les autres places, et il prend le même engagement en ce qui le concerne ; la trêve se prolongera de part et d’autre jusqu’au 15 janvier ; une fois la délivrance du Mans opérée, la remise des autres places étant ainsi garantie. on publiera aussitôt le traité conclu récemment et portant, moyennant délivrance du comté du Maine, prolongation de la trêve pendant un an ; les sujets du roi d’Angleterre auront, d’ici au 15 janvier, pleine liberté d’emporter leurs biens où bon leur semblera ; les officiers du marquis de Dorset pourront dans le même délai continuer à percevoir les deniers qui leur sont dus actuellement ; toutes les lettres de promesses et d’obligation données par le roi d’Angleterre seront rendues aussitôt la délivrance accomplie. Enfin le Roi s’engagera par lettres patentes à faire ratifier par le roi de Sicile et le comte du Maine les clauses susdites[62].

Fouques Eyton devait envoyer son adhésion à la convention du 30 décembre dans un délai de quatre jours. Loin de se conformer à l’engagement pris en son nom par son collègue, le commissaire anglais demanda que la remise des places ne fût opérée qu’à la Chandeleur. Charles VII, faisant preuve de condescendance, consentit à accorder jusqu'au 20 janvier, et fit notifier cette concession par deux de ses conseillers, Havart et Menypeny. Sans répondre à la communication du Roi, les commissaires anglais envoyèrent deux messagers, porteurs d’une lettre pour les conseillers qui avaient signé la convention. Dans cette lettre, Mathew Gough et Fouques Eyton demandaient l’autorisation de surseoir à la remise du Mans et des autres places jusqu’à ce qu’ils eussent reçu une réponse de leur maître, près duquel ils avaient envoyé pour prendre ses ordres[63].

Dunois, Brezé et Précigny répondirent à la date du 14 janvier. Ils avaient communiqué au Roi la lettre des commissaires anglais. Le Roi et tous les membres de son Conseil s’étonnaient fort des termes qu’ils tenaient, connaissant les promesses faites par leur maître et sa volonté formelle au sujet de l’accomplissement de ces promesses[64]. Toutefois, pour honneur et révérence de Dieu, principalement, et pour montrer par effet la bonne amour et l’affection que le Roi avoit toujours eu et avoit encore à la personne du prince son neveu ; voulant en outre faire droit à une requête des habitants du Mans qui espéraient qu’un nouveau délai faciliterait une solution amiable, le Roi consentait à accorder aux commissaires anglais jusqu’à la Chandeleur et à prolonger la trêve pendant ce temps. Les trois conseillers du trône demandaient une réponse immédiate, que le héraut Parthenay, porteur de leur lettre, devait rapporter ; ils manifestaient l’espoir que cette réponse serait telle que le Roi en devrait être content[65].

Tandis qu’on attendait la réponse des commissaires anglais, Brezé reçut une lettre de Thomas Hoo, datée du 20 janvier. Le chancelier anglais avait appris que le très excellent prince l’oncle du roi son seigneur assemblait de jour en jour une grande armée, dans l’intention de faire guerre aux pays et aux sujets de son maître ; il en exprimait son étonnement : Car, disait-il, quelques paroles qui vous aient été dites ou données à entendre par Fouques Eyton ou par d’autres, ne faites aucune difficulté que les promesses relatives à la délivrance du Mans seront entretenues et accomplies de point en point, quelque délai qui en ait été ou soit fait. Thomas Hoo demandait à Brezé de veiller à ce que rien ne sè produisît qui pût entraîner des hostilités ou tout autre inconvénient, car la chose ne serait point facile à apaiser, et elle amènerait la destruction et désolation du pauvre peuple. Il terminait ainsi : Ne faites aucun doute, car la ville du Mans sera rendue et délivrée au Roi, et de bref, sans quelque délai ou difficulté, en quoi faisant je me mettrai en tout devoir[66].

La réponse des commissaires anglais n’ayant pas donné la satisfaction attendue, il fallut rouvrir les négociations. Brezé et d’autres conseillers du Roi se rendirent à Rouen[67], où un nouvel arrangement fut conclu avec Thomas Hoo. Il fut stipulé que, si la délivrance du Mans n’était point opérée le 8 février, ceux qui détenaient cette ville seraient réputés désobéissants et exclus du bénéfice de la trêve[68]. Sur la requête des commissaires anglais, un dernier délai leur fut donné jusqu’au 10 février.

Le 9 de ce mois, Charles VII fit partir le comte de Dunois, Pierre de Brezé et le sire de Précigny, accompagnés d’un certain nombre de gens de guerre, pour être en mesure de se présenter le lendemain devant le Mans. Aussitôt arrivés, les commissaires royaux firent notifier leur venue à Mathew Gough et à Fouques Eyton. En l’absence du premier, Eyton fit répondre qu’il ne savait rien de l’appointement passé avec les gens du Roi[69]. Les commissaires royaux eurent beau multiplier leurs démarches, ils n’obtinrent aucune satisfaction. Le Roi s’était avancé jusqu’à Lavardin avec son armée, afin d'être prêt à tout événement. Il donna à Dunois l’ordre de marcher sur le Mans. Les trois commissaires royaux arrivèrent devant la ville le 13 février au matin, à la tête de six à sept mille hommes. Les Anglais voulurent s’opposer à l’occupation des faubourgs, mais Dunois réussit à l’opérer sans effusion de sang. Brezé fit alors demander à Gough et Eyton la faculté de s’entretenir avec eux en pleine sécurité. Eyton vint seul. L’entrevue n’aboutit à aucun résultat. Le même jour, après dîner, une nouvelle conférence eut lieu avec Gough, Eyton et Mundeford, qui se montrèrent fort arrogants[70] ; ils finirent par déclarer qu’ils avaient entre les mains une lettre de leur maître, scellée de son sceau privé, par laquelle il leur ordonnait de ne faire aucune délivrance de places jusqu’à l’arrivée de ses ambassadeurs. De nouveaux pourparlers n’aboutirent qu’à la conclusion d’une trêve, successivement prolongée d’un jour à l’autre. On offrit aux commissaires anglais de leur accorder quatre ou cinq jours de délai, pendant lesquels Dunois et les autres commissaires royaux se rendraient près du Roi, avec des gens du roi d’Angleterre, pour aviser à ce qu’il y aurait à faire.

Le 14 février, à deux heures, une nouvelle conférence eut lieu au Mans, sur la place de l’église Saint-Nicolas, entre Dunois, l’amiral de Coëtivy, les commissaires royaux et quelques autres seigneurs, d’une part, et Gough et Eyton, de l’autre. Au moment où l’on venait de formuler la proposition de conclure une trêve de cinq jours, pendant laquelle on irait prendre les ordres du Roi, Osbern Mundeford, sortant du château, s’avança à la tête d’un certain nombre de gens d’armes, auxquels se joignirent les troupes qui gardaient la porte du Pont-Neuf. Les commissaires royaux virent arriver ce corps d’armée, qui ne comptait pas moins de cinq à six cents hommes, jusqu’au lieu où ils parlementaient ; là, il se rangea en bataille. Grand fut l’étonnement causé par une telle agression. Eyton s’interposa et s’efforça d’obtenir de ses gens qu’ils battissent en retraite ; il éprouva un refus. Un poursuivant français alla demander aux Anglais ce qu’ils voulaient faire. Combattre, telle fut la réponse. Les commissaires royaux, voyant que les Anglais rompaient la trêve et tendaient à s’emparer par surprise de leur personne, dirent à Mathew Gough de se retirer, et prirent aussitôt des mesures de défense[71].

Immédiatement une lettre fut rédigée pour porter à la connaissance de l’évêque de Chichester et de Robert Roos l’acte inqualifiable qui venait d’être commis, et pour demander réparation de cette violation de la trêve ; c’était aux ambassadeurs d’empêcher, par une prompte intervention, que cet incident ne fît tort aux négociations entamées et n’amenât une rupture de la trêve générale existant entre les deux royaumes[72].

Le 21 février, Brezé reçut une lettre du chancelier Thomas Hoo, datée de Rouen, le 18 février. Le bruit court, disait-il, que l’armée française va assiéger Le Mans, et que déjà elle est en marche ; la nouvelle est très estrange et desplaisante, d’autant que Garter, roi d’armes d’Angleterre, vient de se rendre près du très excellent prince oncle pour l’avertir que le roi d’Angleterre lui envoie une notable ambassade, composée de l’évêque de Chichester et de Robert Roos, lesquels ont débarqué à Honfleur le jeudi précédent (15 février). Ces ambassadeurs sont, paraît-il, munis de pouvoirs suffisants pour résoudre la difficulté de façon à ce que ledit très excellent prince oncle en soit content. Hoo concluait en demandant, très affectueusement, à Brezé de s’employer à obtenir que l’armée si subitement mise sur pied reçût contre-ordre jusqu’à l’arrivée des ambassadeurs auprès du très excellent prince oncle[73].

Le gouvernement anglais avait, en effet, décidé l’envoi en France d’une nouvelle ambassade. Mais la lettre du roi d’Angleterre, apportée par Garter, dont parlait le chancelier, anglais, n’en faisait aucunement mention. Écrite à la date du 11 décembre 1447, en réponse à une lettre de Charles VII du 22 octobre, elle contenait uniquement l’annonce de la remise des lettres patentes confirmant la nouvelle prorogation de la trêve et du prochain envoi en France du marquis de Somerset, chargé de s’occuper de la réparation des attentats à la trêve[74]. C’est postérieurement, à la date du 30 janvier 1448, que des pouvoirs avaient été donnés à l’évêque de Chichester, à l’abbé de Glocester et à Robert Roos pour se rendre en France et poursuivre les négociations avec les commissaires de Charles VII[75], et c’est seulement le 1er février que, dans une' lettre missive qui ne parvint au Roi que le 6 mars, Henri VI lui annonçait l’envoi de ses ambassadeurs, pour aucunes matières touchant le bien et tranquillité commune de leurs pays, seigneuries et sujets[76].

En apprenant ce qui venait de se passer au Mans, Charles VII fit rédiger une longue lettre pour son neveu, contenant l’exposé des faits ; il insistait sur la déloyauté des Anglais, sur leur désobéissance formelle aux ordres de leur maître, et sur la nécessité où il se trouvait de procéder à main armée[77] ; il fit joindre à cette lettre un historique complet de l’affaire, rédigé par les commissaires qui avaient conduit en son nom toute la négociation[78]. Un de ses échansons, Raoulin Regnault, partit aussitôt pour remettre ces documents à Henri VI.

En quittant Tours, après avoir rempli sa mission près du Roi, le roi d’armes Carter se rendit au-devant des ambassadeurs anglais, qu’il joignit à Alençon ; il leur remit un sauf-conduit de Charles VII. Le 27 février, il écrivait à Brezé pour lui faire savoir la venue prochaine des ambassadeurs, et l’assurer de leurs dispositions favorables à la paix[79].

Les ambassadeurs ne tardèrent pas à arriver à Lavardin, où le Roi se trouvait encore, et où vinrent le rejoindre Dunois, Brezé et les autres commissaires. Le 11 mars, Charles VII donnait des lettres portant pouvoir à Dunois, à Brezé, et aux sires de Précigny et de Maupas de traiter avec les ambassadeurs de Henri VI[80]. Le même jour trois actes furent passés : l’un prorogeant la trêve jusqu’au 1er avril 1450 ; l’autre contenant un règlement sur les appatis ; le troisième relatif à une conférence qui devait se tenir au mois de septembre entre les commissaires de chacune des parties[81]. Quatre jours après (13 mars), Adam Moleyns et Robert Roos apposaient leurs signatures à deux actes : par l’un ils déclaraient que les trêves générales conclues le 11 auraient cours du 15 mars au 1er avril, et devraient se prolonger pendant deux années finissant le 1er avril 1450, et s’engageaient au nom de leur maître à les garder et faire observer bien et loyalement[82] ; par l’autre, ils Promettaient, par la foi et serment de leur corps, et sur leur honneur, de faire remettre les château et forteresse de Mayenne-la-Juhez à Brezé, Précigny et Pierre de Beauvau, ou à l’un d’entre eux, pour l'oncle de France du roi leur seigneur, le mercredi après Pâques, 27 du présent mois, et tout sans fraude, barat ou mal engin[83].

Tandis que ces arrangements étaient pris à Lavardin, Mathew Gough et Fouques Eyton faisaient, ce même jour, dresser acte notarié de leur protestation au sujet de l’abandon du comté du Maine[84]. Le 12 juin suivant, des lettres patentes de Henri VI étaient données, portant approbation de leur conduite dans l’affaire de la cession du Mans[85].

La ville du Mans, bloquée par les troupes royales et menacée d'une attaque de vive force, ne fut pas moins, après un semblant de résistance, livrée aux commissaires royaux[86]. Il fut stipulé que les Anglais qui l’occupaient se retireraient librement, emportant avec eux tous leurs biens. Les capitaines eurent des sauf-conduits pour se retirer en Normandie et le Roi leur fit même remettre certaines sommes d’argent[87].

Ainsi, malgré la déloyauté des représentants du roi d’Angleterre[88], malgré leur résistance à des promesses et à des ordres formels, grâce à l’habileté et à la fermeté du Roi et de ses conseillers, la délivrance du Mans était un fait accompli.

 

 

 



[1] Ce document sans date, qui se trouve commue égaré à la fin d'un manuscrit (Fr. 18449., f. 173), parmi des pièces concernant la Savoie, permet de préciser ce qui est relatif à la promesse d'abandon du Maine c'est la minute d'Adria et d'instructions donnés aux représentants du Roi au cours des négociations engagées à ce sujet. Il en résulte que, dès l'époque où fut signé le traité de Tours (28 mai 1441), certaines paroles furent adoncques dites touchant la delivrance du Maine ; qu'Auvergnas Chaperon et Charles de Castillon furent envoyés, quelques mois plus tard, pour sonder le roi d'Angleterre sur ce point ; que, durant la grande ambassade, une promesse fut faite, de bouche, au sire de Précigny, touchant la délivrance dessus dicte dedans le premier jour d'octobre l'an mil CCCC XLV ; que, quand l'évêque de Chichester vint en ambassade au mois de septembre 1445, il avait charge de faire ladicte delivranos dedans le tenue susdit, et qu'il n'en fit rien, mais engagea le Roi à envoyer une nouvelle ambassade, disant qu'il n'y aurait point de faulte que la chose ne se feist ; enfin que Cousinot et Havart obtinrent, comme il a été dit plus haut, que la délivrance du comté du Maine serait opérée à la date du 30 avril 1446.

[2] Rymer, t. V, part. I, p. 155, 156 et 151.

[3] A moins que ce ne soit à cette ambassade, et non à celle de la fin de 1446, que se rapportent les paiements de 800 l. à Cousinot et de 400 à Havart, mentionnés dans le huitième compte de Jean de Xaincoins : Cabinet des titres, 685, f. 105 v°.

[4] Instructions en date du 31 mars. Stevenson, t. I, p. 171. — Les autres commissaires royaux étaient Jean Fournier, Guillaume Courtin et Antoine Raguier. Beaurepaire, les États de Normandie, p. 92 ; Huitième compte de Jean de Xaincoins, l. c., f. 104 v°.

[5] Rapport au Roi, présenté par Jean Havart. Ms. fr. 4054, f. 132. — Cousinot et Havart s’étaient d'abord rendus à Rouen : le 31 mars le chapitre de la cathédrale leur offrit quatre galions de vin. Archives de la Seine-Inférieure, G 213.

[6] Voir Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 6-7, et Preuves, p. 59 ; Enquête sur les excès commis en Normandie, 26 avril 1446., Cahier de 83 ff., aux Archives, K 68, n° 19.

[7] Instructions en date du 23 septembre 1446. Ms. fr. 4054, f. 65 ; Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 158 et suivantes. Huitième compte de Xaincoins, l. c., f. 105 v° .

[8] Archives, J 641, n° 2 ; Brienne, 30, f. 188.

[9] Archives, J 641, n° 2 ; Brienne, 30, f. 188. Le traité est dans Léonard, Recueil des traitez, t. I, p. 41, et dans Du Mont, Corps diplomatique, t. III, part. I, p. 158.

[10] Rotuli Parliamentorum, t. V, p. 102.

[11] Rotuli Parliamentorum, t. V, p. 102-103.

[12] Lettre visée dans la réponse de Marguerite. — Le 7 mars 1446, un poursuivant d’armes de Henri VI donnait quittance de 25 l. t. reçues pour avoir porté des lettres de son maître au roi d’armes d’Angleterre, étant à Chinon. Fontanieu, 119-120.

[13] Original, Ms. fr. 4054, f. 33 ; éd. Stevenson, t. I, p. 183. — Nous avons aussi une lettre, en date du 9 mai, écrite par Henri VI à Charles VII en faveur de Falstolf. Ms. fr. 4054, f. 59.

[14] Original, Ms. fr. 4054 ; f. 60 ; éd. Preuves de Mathieu d’Escouchy, p. 156.

[15] Proceedings and ordinances, t. VI, p. 46 et suivantes. — Dès le mois de janvier 1446, dans une réunion des États de Normandie, tenue à Rouen, les représentants de Henri VI avaient annoncé l’intention qu’avait leur maître de passer prochainement en Normandie et sollicité une aide : les Etats accordèrent une somme de 130.000 l. t. (Beaurepaire, les États de Normandie, p. 90.) De son côté, Charles VII avait pris des mesures en vue de son entrevue avec le roi d’Angleterre : les comptes du temps mentionnent le paiement de 576 l. t. pour les estoffes de quatre quottes d’armes faictes aux armes dudit seigneur pour servir à la Convencion. Rôle du 26 mai 1447, l. c., p. 257. — C’est à ce moment que le Roi donna, par lettres patentes, à Jean Jouvenel des Ursins, évêque de Laon, ordre de se transporter au Trésor des chartes pour y prendre et faire transcrire tous les documents qui pourraient estre nécessaires à la convencion. Ce fut l’occasion d’un long mémoire rédigé par l’évêque ; il porte sur les droits du Roi relativement aux provinces encore occupées par les Anglais ; sur les prétendus droits des rois d’Angleterre à la Couronne ; sur la valeur du traité de Troyes, etc. Ce mémoire se trouve à la Bibliothèque nationale, dans Du Puy, 310 ; Ms. fr. 2701, f. 57 v°-85, et, en copie moderne, dans le Ms. nouv. acq. fr. 741.

[16] Leurs pouvoirs sont du 30 juillet. Rymer, t. V, part. I, p. 163. — Voir les minutes du Conseil, où l'on règle le montant de leurs gages et où l'on exprime l'avis que la Convention entre le deux rois devra se tenir entre Mantes et Meulan. Proceedings, t. VI, p. 51-53.

[17] Le Roi fit présent à Adam Moleyns de douze grands hanaps d'argent verrés et émaillés, du prix de 660 l. t. L'ambassadeur fut défrayé de ses despens et reçut pour cela 202 l. 16 s. Huitième compte de Xaincoins, l. c., f. 98 v° et 103 v°.

[18] Lettre du 26 septembre, visée dans la réponse de Marguerite en date du 10 décembre suivant.

[19] Instructions pour maistre Guillaume Culeinut, conseiller et maistre des requesles de l'otel du Roy, et Jehan Havart, varlet tranchant dudit seigneur. Copie du temps, avec la date du jour en blanc. Clairambault, 307, p. 57-61.

[20] Les pouvoirs de Henri VI à Moleyns et Dudley, chargés de traiter avec les envoyés de Chartes VII, portent la date du 11 décembre. Rymer, t. V, part. I, p. 168, Cf. Lettres de rois, reines, etc., t. II, p. 408.

[21] Lettre du 10 décembre 1446. Ms. fr., 4054, f. 94. — Lettre du 20 décembre. Id., f. 76.

[22] Original, signé par les commissaires anglais. Godefroy, portef. 97, à la Bibliothèque de l’institut. Ce traité a été publié d’après Bréquigny, vol. 83, f. 283, dans Lettres de rois, reines, etc., t. II, p. 470.

[23] Lettre datée de Windsor, 23 décembre. Ms. fr. 4054, f. 80.

[24] Elle ne se bornait point à cela : le gouvernement anglais imposa une somme de 10.000 l. t. pour convertir ou fait et execucion des charges et instructions baillés par le Roy nostre sire à monseigneur l’evesque de Chichestre et le seigneur Doudelay, ses ambassadeurs, afin de icelles executer en France. Ms. fr. 26429, n° 140.

[25] Ils furent défrayés par le Roi : l’évêque de Chichester reçut 687 l. ; Dudley, 412 l. 10 s. ; Mathew Gough, 200 l. Neuvième compte de Jean de Xaincoins, l. c., f. 113 v°.

[26] Rymer, t. V, part. I, p. 167.

[27] Rymer, t. V, part. I, p. 168 et 173. — L’original du second traité de Tours se trouve aux archives de la Loire-Inférieure, E 122.

[28] Rymer, t. V, part. I, p. 174. — Charles VII fit renouveler, à la date du 25, l'engagement pris en son nolm relativement à cette convention. Id., p.170.

[29] Ms. lat. 5414A, f. 77.

[30] A la date du 22 mais, le chancelier anglais délivrait des sauf-conduits au sire de Culant, à l'archevêque de Reims, à Bertrand de Beauvau, au bâtard d'Orléans et à Guillaume Cousinot. Rymer, t. V, part. II, p. 8.

[31] Ces pouvoirs sont dans Rymer, t. V, part. I, p. 172.

[32] Lettre publiée par Delpit, Collection générale des documents français qui se trouvent en Angleterre, t. I, p. 263.

[33] Rotuli Parliamentorum, t. V, p. 128.

[34] Éléonore Cobham, dont le duc avait fait sa maîtresse et qu'ensuite il avait épousée, avait été, en 1441, convaincue d'avoir eu recours à des sortilèges pour faire mourir le roi d'Angleterre. Condamnée à la peine capitale, elle avait vu cette sentence commuée en une prison perpétuelle ; récemment elle avait été transférée dans l'île de Man.

[35] Six jours après, dit Fabian ; vingt-quatre jours après, d'après Stowe. Deux témoignages importants ont été produits par le Rév. J. Silv. Davies, dans un volume de la Camden Society, paru en 1856 : le premier est celui d'une chronique dont l'auteur écrivait entre 1461 et 1471 ; le second est celui de Richard Fox, moine de Saint-Alban, qui a laissé un récit de la session du Parlement (Voir An english chronicle of the reign of Richard II, etc., p. 62, 64, 116-117 et 194). L'auteur anonyme fixe la mort au 16 février ; Fox, plus précis, dit que le duc fut arrêté le 18 et mourut le 23 ; il ajoute même, avec des détails fort circonstanciés, que les obsèques eurent lieu les 25 mars et jours suivants.

[36] Voir Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 118-119.

[37] C'est l'opinion du moine Wethamstede (dans Hearne, p. 365 ; cf. Lingard, t. V, p. 134) ; c'est aussi celle du moine Richard Fox, dont le témoignage a aussi une grande valeur : These two monks to St. Alban's must be considered as high authorities, dit le Rév. J. Silv. Davies (Notes, p. 191). L'auteur de la chronique anonyme dit (p. 63) : And the III day after, he deide for soron, as some men saide, because he myghte not come to his ansuer and excuse him of suche thyngis as were falsli put on him... But the certaynte of his deth is not yit opendy knowe, but ther is no thyng si prive, as the gospell saith, but atte laste it shal he openne. Plus loin il accuse les évêques de Chichester et de Salisbury d'avoir été assentyng und willyng to the deth of the duke of Gloucestre. — Voir l'appréciation de Stubbs (the Constitutional history of England, t. III, 1878, p. 136-137) ; l’historien n’ose pas se prononcer : It would be vain to attempt to account positively for Gloucester’s death. Pourtant il ajoute plus loin : On the whole, the evidence both of direct statement and silence among contemporary writers tends to the belief that Gloucester’s death was owing to natural causes, probably to a stroke of paralysis ; his arrest to some design in which all the leading lords were partakers.

[38] Rotuli Parliamentorum, t. V, appendix, p. 447. — Pendant que ces faits se passaient, deux messages successifs furent envoyés par Charles VII en Angleterre : le 25 mars, à Bury, une gratification était donnée à un messager du Roi (Proceedings and ordinances, t. VI, p. 61) ; au mois d’avril, Raoulin Regnault se rendit de Mehun-sur-Yèvre auprès de Henri VI (Neuvième compte de Xaincoins, l. c., f. 116 v°).

[39] Dunois reçut 3.600 l. pour son voyage ; il était accompagné du sire de Précigny, qui reçut 2.500 l., de Guillaume Cousinot, qui reçut 1.200 l., de Jean Havart, qui reçut 500 l., et d’un notaire et secrétaire du Roi, Jean Jouguet, qui reçut 100 l. — Charles VII avait autorisé Jean Aubin, fils d’un de ses maîtres d’hôtel, et Pierre Paviot, un de ses écuyers d’écurie, à accompagner son ambassade, pour voir le pays ; il fit payer diverses sommes pour la dépense des ambassadeurs. Neuvième compte de Xaincoins, l. c., f. 114 v°, 116 v° ; Dixième compte, f. 123.

[40] Rymer, t. V, part. I, p. 178. — Le 22 juillet, en réponse à une lettre du Roi datée du 12 juin et relative aux affaires de l’Eglise, Henri VI lui annonce l’envoi d’ambassadeurs qui se joindront aux siens pour prendre part aux conférences de Lyon. Original, armoires de Baluze, vol. XI, f. 25 ; Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 165 et s.

[41] Rymer, t. V, part. I, p. 180 et 181.

[42] Stevenson, t. II, p. [638].

[43] Stevenson, t. II, p. [700].

[44] Stevenson, t. II, p. [696].

[45] Original, Du Puy, 760, r. 161 ; éd. Quicherat, Histoire de Charles VII et de Louis XI, par Thomas Basin, t. IV, p. 286.

[46] Original. Ms. fr. 4054, f. 62 ; éd. Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 168. Le pouvoir donné par Henri VI à l'évêque de Norwick est du 16 août ; il devait être accompagné du prieur de Saint-Jean de Jérusalem et du seigneur de Dudley. Rymer, t. V, part. I, p. 183.

[47] Lettre du 28 juillet. Original signé, Ms. fr. 4054, f. 76.

[48] Stevenson, t. II, p. [608]. — On pourra remarquer certaines différences entre les renvois donnés ici et ceux qu'on peut lire dans les Preuves de notre édition de Mathieu d'Escouchy. Cela tient à ce que M. Stevenson avait bien voulu nous communiquer, avant l'impression de la deuxième partie de son tome II, des épreuves en pages qui subirent ensuite des remaniements dont nous n'avions pu alors avoir connaissance.

[49] Stevenson, t. II, p. [666].

[50] Document dans Stevenson, t. II, [704].

[51] L'ambassade, composée de l'évêque de Norwich, du grand prieur d'Angleterre et du bacon de Dudley, venait principalement pour la grande affaire de la pacification de l'Église, que Charles VII avait prise en main ; les ambassadeurs anglais passèrent vingt-deux jours à Bourges, défrayés de leurs dépens. Dixième compte de Xaincoins, l. c., f. 123.

[52] Rymer, l. c., p. 183. — Rymer ne donne pas le texte des lettres relatives aux trêves, qui sont visées dans celles des 1er et 11 décembre 1447.

[53] Stevenson, t. II, p. [645].

[54] Lettre visée dans la lettre de Henri VI du 11 décembre 1447.

[55] Ce doit être par erreur qu'elle porte : XXVIII jour d'octobre ; elle est datée en marge par l'éditeur du 23, et doit être de la même date que les autres documents cités plus loin.

[56] Stevenson, t. II, p. [692].

[57] Ms. fr. 4054, f. 73.

[58] Lettre du 23 octobre. Stevenson, t. II. p. [702].

[59] Voir le Procès-verbal notarié publié par Stevenson, t. II, p [634]-[692], d'après les Woraster's Collections. Nous lui empruntons tous les détails qui suivent.

[60] Combien qu'il se feust excusd par non rethoricquement parler selon langue françoyse, obstant sa langue maternelle, toutesfois avoit en luy sens et prudence, et le sauroit aussi bien rapporter en françoys ou en latin comme lui-mesme pourroit faire. Procès-verbal, p. [682].

[61] Procès-verbal, p. [687].

[62] Le texte est dans Stevenson, t. II, p. [710]-[717].

[63] Ces détails nous sont fournis par la lettre du 14 janvier, citée ci-dessous.

[64] Qui sont choses estranges à tous ceutx qui en oyent parler qu'il n'est nul qui sur ce sceust ymaginer ne prendre aucun fondement.

[65] Ms. fr. 4054, f. 66 ; éd. Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 175.

[66] Original, Ms. fr. 4054, f. 67 ; éd. Stevenson, t. I, p. 198.

[67] Le voyage de Brezé à Rouen nous est révélé par ce passage du neuvième compte de Xaincoins (fr. 127) : Messire Pierre de Brezé..., IIc LXXV l. pour avoir esté de Tours à Rouen en janvier pour le fait de la prorogation des trêves et la delivrance du Mans. Cf. lettre de Brezé et des autres commissaires royaux dans Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 183. Il résulte d'une lettre du chancelier anglais, en date du 5 février (Ms. fr. 4054, f. 141), que Brezé était accompagné de Cousinot, Havart et Menypeny, et que le 3 février ils étaient à Évreux.

[68] Ce traité est mentionné dans le mémoire envoyé à Henri VI par Brezé et ses collègues. Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 183.

[69] A quoy nous fist response ledit Heton, en l'absente dudit Mathieu Go, qu'il ne savoit que c'estoit dudit appointement. Mémoire cité.

[70] Lesquels... nous usèrent de plusieurs langaiges bien estranges. Même document, p. 186.

[71] Ces détails sont empruntés au même document et à la lettre des commissaires royaux aux ambassadeurs anglais. Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 189 et suivantes, et 195-196.

[72] Ce document est publié dans les Preuves de Mathieu d'Escouchy, d'après une copie contemporaine qui se trouve dans le ms. 4054, f. 71.

[73] Original signé, Ms. fr. 4054, f. 68 ; éd. Stevenson, t. I, p. 202.

[74] Cette lettre est publiée dans les Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 172, d'après l'original, Ms. fr. 4054, f. 63 ; elle fut remise à Charles VII le 11 février.

[75] Rymer, t. V, part. I, p. 186.

[76] Original, Ms. fr. 4054, f. 78 ; éd. Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 179.

[77] Voir cette très curieuse lettre dans Stevenson, t. II, p. 361 ; elle est publiée d'après une copie contemporaine, Ms. fr. 4054, f. 36.

[78] Ms. fr. 4054, f. 74 ; éd. Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 181-192.

[79] Ms. fr. 4054. f. 44 ; éd. Preuves de Mathieu d'Escouchy, p. 197.

[80] Rymer, t. V, part. I, p. 180.

[81] Rymer, t. I, p. 187-91. — Les lettres confirmatives du traité prorogeant la trêve furent données par Charles VII, à Montbason, le 30 avril suivant. Elles se trouvent en original au British Museum, Additional Charters, n° 8427, et dans Rymer, t. V, part. II, p. 3.

[82] Original signé, Ms. fr. 4054, f. 82 ; éd. Stevenson, t. I, p. 207.

[83] Stevenson, t. II, p. [717].

[84] Rymer, t. V, part, I, p. 189.

[85] Rymer, t. V, part. II, p. 4.

[86] Messire Pierre de Brezé, chevalier, senechal de Poitou, L l. XVII s. VI d. qu’il a distribué à certaines gens au siège devant le Mans, et IIIIxx XII l. II s. VI d. distribuez aussy durant ledit siège. — Sire Germain Braque, capitaine et gouverneur de lx archers et arbalestriers venus de Paris en mars 47 devers le Roy pour le servir au siège qu’il tenoit devant le Mans, XL pour distribuer ausdits archers. — Jamet de Tillay, escuier, bailli de Vermandois, Vc l. pour ses despenses qu’il a faites au siège du Mans.  Mgr le conte de Dunois, grand chambellan, XII l. pour les grandes charges qu’il a soustenues au siège du Mans. — Pierre de Dinteville, escuier, pannetier du Roy, XX l. pour avoir esté en janvier de Tours en Nivernois, par devers Poton de Xaintrailles, bailly de Berry, pour aller au siège que le Roy faisoit mettre devant la ville du Mans. — Messire Charles de Maillé, chevalier, maître d’hostel de la Reine, X l. pour avoir esté en fevrier de Tours à Vendosme et ailleurs faire cryer que tous marchans menassent toutes sortes de vivres devant la ville du Mans, etc., etc. Dixième compte de Xaincoins, l. c., f. 120, 125 v°, 126, 128,128 v°.

[87] Voir Mathieu d’Escouchy, t. I, p. 130-131 ; Thomas Basin, t. I, 187-188 ; Berry, p. 430.

[88] Leur conduite fut blâmée par les moins suspects : en particulier par François de Surienne, dit l’Aragonais. Voir les enquêtes publiées par M. Quicherat à la suite de son édition de Th. Basin, t. IV, p. 345.