HISTOIRE DE CHARLES VII

LIVRE IV. — CHARLES VII PENDANT LA TRÊVE AVEC L’ANGLETERRE - 1444-1449.

 

CHAPITRE II. — LES EXPÉDITIONS DE SUISSE ET DE LORRAINE. CAMPAGNE DU ROI.

 

 

1444-1445

 

Le Roi s’avance vers la Lorraine ; négociations avec Épinal, qui lui ouvre ses portes ; sommations à Verdun et à Toul. — L’armée devant Metz ; les Messins sont requis d’envoyer une députation au Roi ; conférences à Nancy avec les députés ; poursuite des hostilités ; énergique résistance des Messins. — Nouvelles négociations ; elles aboutissent à la conclusion d’un traité. — Verdun et Toul finissent par accepter le protectorat royal. — Plaintes du roi des Romains au sujet de ces démonstrations contre dos villes impériales ; réponse de Charles VII. — Frédéric III demande l’évacuation de l’Alsace ; l’archevêque de Trêves se porte médiateur ; par son entremise l’évacuation est obtenue. — Résultats diplomatiques de la double expédition dans l'est : traités avec les princes allemands ; importance de ces traités. — Suite des négociations avec le roi des Romains ; instructions aux ambassadeurs français qui devaient se rendre à Mayence ; conférence de Boppart avec les électeurs. — Incident de Sainte-Croix-aux-Mines : capture de l’artillerie du Dauphin ; négociations à ce sujet avec le margrave de Bade. — Diète de Francfort ; Charles VII y envoie des ambassadeurs ; ses lettres aux princes-électeurs ; Frédéric III oppose une fin de non-recevoir à toutes les réclamations ; il se décide pourtant à mettre en liberté son pupille le duc Sigismond.

 

Charles VII quitta Montils-les-Tours vers le 10 juillet[1] pour son expédition dans l’est. Il avait en sa compagnie ses beaux-frères le roi René et le comte du Maine, le comte de Vendôme, le connétable de Richemont, et deux jeunes princes du sang qui débutaient dans la carrière des armes : Jean d’Anjou, duc de Calabre, et Jean de Bourbon, comte de Clermont[2]. Parmi les principaux personnages qui figuraient à ses côtés, il faut nommer Pierre de Brezé, seigneur de la Varenne, qui remplissait les fonctions de lieutenant du Roi[3] ; le sire de la Fayette, maréchal de France ; André de Laval, seigneur de Lohéac, maréchal de France[4] ; l’amiral Prégent de Coëtivy ; Jean Bureau, trésorier de France ; Guillaume d’Harcourt, comte de Tancarville ; Bertrand de Beauvau, seigneur de Précigny ; Jean d’Estouteville, seigneur de Blainville ; Jamet de Tillay ; Jean du Mesnil-Simon, seigneur de Maupas[5] ; Poton de Saintrailles[6] ; Guillaume Jouvenel, seigneur de Traynel, chancelier de France ; enfin des capitaines comme Robert de Floques dit Floquet[7], Pierre de Louvain, Geoffroy de Saint-Belin, Christophe de Coëtivy, Jacques de Clermont, Regnault de Dresnay, Geoffroy de Couvran, Olivier de Broon, Adam de la Rivière, etc.[8]

Le Roi s’avança par Orléans, Troyes, Montargis, Bar-sur-Aube, Chaumont et Langres[9]. Il traversa pour la seconde fois le pays de Jeanne d’Arc : on a la trace de son passage à Greux[10], village dont dépendait le hameau de Domremy, et qu’il avait exempté d’impôts à la requête de la Pucelle. Pierre de Brezé, devançant le Roi, réduisit plusieurs places[11], et entama, dans les derniers jours d’août, des pourparlers avec la ville d’Épinal[12]. De Darney, près Mirecourt, dont il entreprit le siège, voulant en déloger le bâtard de Vergy qui, de là, ravageait la contrée[13], Brezé fit sommer les habitants d’avoir, dans un délai de trois jours, à reconnaître le Roi pour souverain ; à ce prix ils obtiendraient la protection royale et le maintien de leurs franchises et libertés ; en cas de refus, ils devaient s’attendre à être traités en ennemis[14]. Les gouverneurs d’Épinal trouvèrent moult estrange qu’on voulût ainsi les contraindre à estre soubgez comme la cité de Paris. En l’absence de leur seigneur, l’évêque de Metz, alors à la diète de Nuremberg, ils écrivirent au conseil de l’évêque pour exposer l’embarras où ils se trouvaient et solliciter un secours[15].

La réponse qui leur fut faite, dès le lendemain, n’était point encourageante. Votre ville, disait-on, n’est pas une ville qui doive être si facilement conquise, et vous ne devez point être ébahis au point de l’abandonner si vite ni si légèrement. Si vous voulez avoir dès à présent les compagnons et gens d’armes de Monseigneur étant en ses garnisons, récrivez-nous le hâtivement ; nous vous en enverrons jusqu’au nombre de cent ou deux cents chevaux, pour vous aider, garder et défendre[16]. En même temps on avisait l’évêque du danger que courait la ville d’Épinal, afin qu’il y fît porter remède par le roi des Romains, et qu’il revînt en toute hâte, s’il n’était déjà en route[17].

Mais les gouverneurs d’Épinal, s’ils avaient eu quelque velléité de résistance, y renoncèrent bien vite. Depuis longtemps ils avaient à se plaindre de l’administration de l’évêque de Metz, qui les laissait en butte aux entreprises de ses gens de guerre ; la ville et les villages environnants étaient sans cesse ravagés et pillés ; leur commerce était anéanti, leur trésor vide : ils se voyaient poursuivis et traqués comme des brebis sans pasteur[18]. Par un acte en date du 4 septembre, les gens d’église, gouverneurs, bourgeois et toute la communauté d’Épinal déclarèrent, devant l’autel de l’église Saint-Goëry, en présence de Pierre de Brezé, qu’ils seraient, à tout jamais, bons et loyaux et vrais obéissants et sujets au Roi, comme ses propres hommes et ses bonnes villes, et prêtèrent aussitôt serment de fidélité entre les mains du représentant de l’autorité royale[19].

Le 11 septembre, au matin, Charles VII se présenta devant Épinal. Les quatre gouverneurs, suivis des bourgeois et des notables habitants, vinrent au-devant de lui, et le reçurent dans leurs murs. Un acte fut aussitôt dressé, par lequel ils reconnaissaient le roi de France pour leur vrai et naturel seigneur, et remettaient entre ses mains, pour être réunis à la Couronne, les ville, château et châtellenie d’Épinal et de Rualménil, jurant de demeurer à jamais ses hommes liges et fidèles sujets, et de le servir envers et contre tous[20]. Le même jour, Charles VII, en considération de la soumission volontaire des bourgeois, déclarait leur ville unie à la Couronne et leur accordait qu’à l’avenir elle serait Chambre royale ; il les confirmait en même temps dans la possession de tous leurs droits, coutumes, usages, privilèges, franchises et libertés, les assurant de sa protection contre tous ceux qui voudraient les attaquer, et réglait l’administration de la justice et les attributions des gouverneurs, du bailli royal et des magistrats de la ville[21]. Par d’autres lettres, le Roi désigna le titulaire de la charge de bailli[22], défendit au bailli et aux gouverneurs de laisser pénétrer qui que ce fût dans la ville, sauf lui-même et son fils[23], et manda aux baillis de Sens, Troyes, Vitry et Chaumont, de garder, défendre et porter secours à sa nouvelle ville[24]. En outre il confirma les privilèges du chapitre de Saint-Goëry[25].

Le but que poursuivait Charles VII, en occupant Épinal, est très nettement énoncé dans ses lettres du 11 septembre. Il déclarait s’être transporté sur les frontières des duchés de Bar et de Lorraine, pour aucunes grandes affaires touchant nous et nostre Seigneurie, et mesmement pour donner provision et remède à plusieurs usurpations et entreprises faites sur les droits de nos royaume et couronne de France en plusieurs pays, seigneuries, citez et villes, estans deçà la rivière du Rhin, qui d’ancienneté souloient (avaient coutume) estre et appartenir à nos predecesseurs Roys de France, et icelles remettre et reduire à nostre seigneurie et bonne obeissance[26].

Ce que le Roi avait réussi à faire à l’égard des habitants d’Épinal, qui, comme ils le devaient, l’avaient reconnu pour leur naturel souverain seigneur, il voulut l’obtenir d’autres villes de la contrée. Après avoir séjourné jusqu’au 14 septembre à Épinal, et s’être arrêté à Saint-Nicolas du Port, célèbre lieu de pèlerinage où Jeanne d’Arc avait été prier avant de partir pour Chinon[27], il arriva le 20 septembre à Nancy. Aussitôt il envoya un de ses hérauts sommer les habitants de Verdun de reconnaître son autorité, leur donnant un délai de douze jours pour lui faire obéissance[28]. Pareille sommation fut faite à la ville de Toul[29]. Mais Verdun n’ouvrit pas ses portes, et Toul envoya une députation au roi des Romains pour implorer sa protection[30]. Nous verrons plus loin comment Charles VII sut triompher de ces résistances.

Cependant le gros de l’armée royale, qui ne comptait pas moins de trente mille hommes, avait poursuivi sa marche vers Metz, sous le commandement du connétable de Richemont et du comte du Maine. Depuis plusieurs mois, on était, à Metz, dans de continuelles alarmes, et l’on avait pris des mesures pour se protéger contre l’invasion[31]. L’événement tant redouté se produisit enfin : le 10 septembre, le territoire messin était envahi. Trois colonnes attaquèrent à la fois Mardigny, Ancy et Ars-sur-Moselle. Du 12 au 18, Vaux et Jussy, à l’ouest de Metz ; Corny et Saint-Blaise, sur la rive droite de la Moselle ; Borny, à l'est de Metz, et nombre d’autres forteresses, furent occupés[32]. Conformément au plan adopté par les Messins, tous les villages entre la Moselle et la Seille avaient été abandonnés par les habitants, qui s’étaient réfugiés à Metz. Le 21 septembre l’armée parut sous les murs de cette ville. Le 22, un héraut vint requérir les magistrats d’envoyer une députation à Nancy, vers Charles VII et le roi René[33]. Les treize du Conseil de ville[34] désignèrent cinq députés qui partirent le 27[35], sous la conduite du héraut.

Les députés furent admis aussitôt à l’audience royale. Nicole Louve, prenant la parole en leur nom, exposa qu’ils s’étaient rendus volontiers au mandement du Roi, mais que la ville de Metz avait été fort surprise de se voir ainsi traitée en ennemie. Déjà, sans qu’on en pût découvrir le motif, car ils n’étaient point du royaume ni de la seigneurie du Roi, ils avaient vu leur pays envahi et détruit. Jamais, pourtant, ils n’avaient rien fait de préjudiciable à la Couronne ; bien au contraire, dans les guerres que le Roi avait eues, soit avec le duc de Bourgogne, soit avec d’autres seigneurs, ils lui avaient prêté main-forte. En se plaignant de l’injuste agression dont ils étaient victimes, ils offraient humblement leurs services pour tout ce qui serait en leur pouvoir.

Jean Rabateau, président au Parlement, répondit à Nicole Louve. Le Roi, dit-il, prouvera suffisamment, si besoin est, par les chroniques et par l’histoire, que les Messins ont été, de tout temps, sujets du Roi, de ses prédécesseurs, et du royaume. S’ils s’en veulent défendre, c’est au préjudice de la Couronne et au mépris de la majesté royale. Durant les grandes guerres, divisions et tribulations dont le Roi et ses prédécesseurs ont eu depuis longtemps à souffrir par fortune de guerre, les Messins n’ont jamais agi que par fraude et ont donné des marques de leur duplicité. Le Roi est dûment informé qu’ils n’ont cessé d’être dans ces dispositions et de faire preuve de semblables cautelles et cavillations ; car, quand l’empereur d’Allemagne est venu parfois, à la tête de toute sa puissance, pour les contraindre à lui obéir, ils ont déclaré être nûment du royaume de France et relever de la Couronne ; et quand les rois de France, prédécesseurs du Roi, les ont requis de leur faire obéissance, ils ont prétendu qu’ils étaient de l’empire et sujets de l’empereur. Le Roi ne peut souffrir ni passer sous dissimulation de telles fraudes et déceptions ; il doit les contraindre, avec une entière rigueur et par puissance d’armes, à lui obéir et à reconnaître l’autorité de sa Couronne. S’ils ne se soumettent point, ils seront punis criminellement et civilement, et frappés dans leurs corps et dans leurs biens.

Nicole Louve répondit avec chaleur, protestant contre de telles prétentions, et déclarant que, si le Roi se présentait, comme allié et confédéré du Saint-Empire, à la tête d’un petit nombre de gens, les Messins étaient prêts à le recevoir et à lui rendre les honneurs qui lui étaient dus ; mais leur cité était ville impériale et non sujette au royaume. Nous vous faisons savoir pour et au nom de la cité, dit-il en terminant, que nous aimerions mieux tous mourir plutôt qu’il nous fût reproché d’avoir une fois renié la grande aigle, c’est-à-dire l’empereur[36].

Jean Rabateau somma alors les députés de faire obéissance au Roi et de lui rendre la ville de Metz, ainsi qu’ils y étaient tenus. Faute de ce faire, le Roi y pourvoirait en telle manière que cela servirait d’exemple à eux et à leurs successeurs au temps à venir. Les Messins devaient avoir égard aux innumérables maux, pertes et dommages que le pauvre peuple avait eu à supporter pendant longtemps et dont il souffrait encore, et à la destruction totale qui menaçait leur pays. Si de tels malheurs survenaient par leur faute, ils en seraient responsables devant Dieu.

Les députés messins demandèrent un délai pour en référer au Conseil de ville, affirmant qu’ils feraient tout au monde pour qu’un bon traité de paix fût conclu. Cela donnerait le temps d’apaiser le courroux du Roi ; ils ne doutaient pas que finalement ce prince ne fût content d’eux[37].

Fidèle à ses habitudes de courtoisie et voulant témoigner de l’estime en laquelle il tenait la ville de Metz, Charles VII festoya les députés ; il leur fit servir, pour leur souper, les mets de sa propre table, et donna ordre, sous peine d’encourir son châtiment, de les traiter avec les plus grands ménagements ; enfin il les combla de présents, et les fit reconduire jusqu’à la limite du territoire messin[38].

Cependant, les opérations militaires avaient été activement poursuivies. Non qu’on prétendît faire subir à la ville de Metz un siège en règle : soit qu’une telle entreprise fût jugée impraticable avec les moyens dont on disposait, soit qu’on voulût simplement intimider les habitants afin de les amener à composition[39], on se bornait à une guerre d’attaques partielles, de sorties, de courses et de rapines. C’étaient de perpétuelles escarmouches, où les troupes royales, sans conquérir de sérieux avantages, subissaient des pertes assez considérables. Les sept de la guerre, qui présidaient aux soins de la défense, avaient pu réunir des forces imposantes. Outre les soldoyeurs à cheval, au nombre de trois cent douze, composés d’aventuriers de tous pays, enrôlés volontairement, ils avaient à leur disposition les corps de métiers préposés à la garde de chacune des tours de l’enceinte, les soldats fournis par les membres des paraiges, enfin les soldoyeurs à pied ou arbalétriers[40]. Dès le début du siège, les Messins avaient écrit au roi des Romains pour solliciter son secour[41]. Mais ils comptaient avant tout sur eux-mêmes. Résolus à opposer la plus énergique résistance, ils ne reculaient devant aucun sacrifice : les villages et métairies situés autour de la ville furent livrés aux flammes ; il en fut de même des moulins, dont l’ennemi aurait pu se servir pour l’alimentation des troupes[42]. La lutte se prolongea ainsi pendant près de quatre mois, sans que l’indomptable vaillance des Messins se démentît un seul instant.

Pourtant, à deux reprises, il fut question d'entrer en pourparlers avec le Roi. Nous pouvons constater que, le 11 octobre et le 12 décembre, des sauf-conduits furent délivrés aux députés de Metz par-ordre de Charles VII[43]. Mais les Messins ne paraissent pas en avoir fait usage. Ce n'est qu'au commencement de janvier que des négociations s'ouvrirent à Pont-à-Mousson[44]. Le 14 janvier, Nicole Louve et d'autres représentants de la cité se rendirent dans cette ville. Des propositions furent faites de part et d’autre. Le 5 février, Brezé reçut du Roi pleins pouvoirs pour conclure un traité[45]. Le 16 février, une nouvelle conférence fut tenue à Ars-sur-Moselle. Le 22, les représentants de Metz se rendirent à Nancy, d’où ils revinrent le 27[46]. Le même jour, Pierre de Brezé et d’autres membres du Conseil royal allèrent joindre le connétable à Pont-à-Mousson, où furent définitivement arrêtées les conditions de la paix[47]. Le 28, par lettres données à Nancy, le Roi promulgua le traité[48]. L’acte était muet sur les satisfactions réclamées relativement aux justes et raisonables causes, poursuites et querelles qui avaient motivé l’agression ; il ne mentionnait point non plus les avantages financiers accordés au Roi. On se bornait à dire, en termes généraux, que bonne paix, traité et accord régneroient dorénavant entre le Roi et son royaume, d’une part, et les maître échevin, treize jurés, manants, habitants et communauté de Metz, d’autre part ; toutes les choses accomplies durant la guerre, et toutes les querelles, causes et poursuites que le Roi pouvait avoir auparavant à l’égard de Metz étaient réputées abolies et de nul effet ; les prisonniers devaient être rendus et toutes les places restituées.

Par un autre traité, conclu le 3 mars, il fut décidé que les arrérages des rentes dues par le roi René et ses sujets à la ville de Metz seraient annulés pour toutes les créances rachetées avant la fête de la Pentecôte ; que les obligations contractées depuis plus de trente ans par les ducs de Lorraine et de Bar seraient mises à néant ; qu’il eu serait de même relativement à celles contractées par le roi René durant les trente dernières années, et pour lesquelles la ville de Metz n’avait ni gage, ni contrat, ni hypothèque[49].

Dans tout cela, on le voit, nulle allusion aux prétentions de souveraineté sur la ville de Metz, manifestées soit par Charles VII, soit par René. Tout se dénouait par des satisfactions purement pécuniaires.

Le 5 mars, les députés de Metz rentraient dans leur ville, porteurs des traités passés à Nancy. Ils étaient accompagnés de Pierre de Brezé, de Geoffroy de Saint-Belin, bailli de Chaumont, et du héraut Touraine. Des obligations, s’élevant à la somme de quatre-vingt-quatre mille florins, furent remises au secrétaire de Brezé. Cette formalité remplie, les députés se rendirent à la cathédrale, où la paix fut aussitôt proclamée[50].

Mais la discipline n’était point assez établie dans l’armée pour que tout rentrât aussitôt dans l’ordre. L’évacuation des places fortes occupées par les gens de guerre avait été fixée au 15 mars. Plusieurs capitaines refusèrent de les rendre sans indemnité. Plainte fut portée devant le Roi, au nom des Messins. Charles VII se borna à répondre : Allez, et faites-en à votre plaisir ![51] C’était l’application sommaire de la formule de ses ordonnances autorisant à faire soi-même justice de ceux qui n’obéissaient pas aux injonctions royales.

En prenant congé du Roi, les députés de Metz reçurent des marques de sa libéralité ; en outre de magnifiques harnais de guerre furent donnés à chacun d’eux, et Nicole Louve, chef de la députation, fut nommé conseiller et chambellan du Roi[52].

Ainsi se termina l’expédition de Metz. On a dit que l’or messin ne fut point étranger à ce dénouement : sachant que certains conseillers du trône n’étaient pas insensibles à une telle séduction, les habitants n’auraient rien épargné pour se les rendre favorables ; mais cette accusation ne paraît pas appuyée de preuves suffisantes[53].

Épinal était devenue ville française ; Metz avait acheté son indépendance à prix d’or ; restaient les villes impériales de Verdun et de Toul.

Dès le temps de saint Louis, Verdun avait été placée en la sauvegarde royale[54] ; des lettres de Philippe V et de Charles IV avaient consacré cette situation, qui, en assurant certains privilèges aux habitants, les obligeait à payer à la Couronne une redevance annuelle, et à lui fournir, dans des conditions déterminées, un contingent de gens de guerre[55]. Charles VII lui-même, au début de son règne, avait, moyennant le paiement annuel de cinq cents livres pour le Roi et de deux cents livres pour son lieutenant, donné des lettres de protection à la ville de Verdun[56]. Mais, depuis longtemps, la rente avait cessé d’être payée, et les arrérages se montaient à une somme considérable[57]. Les habitants de Verdun, voyant poindre l’orage, n’avaient rien eu de plus pressé que de se mettre sous la sauvegarde du duc de Bourgogne[58]. Sommés par Charles VII, dès son entrée en Lorraine, de lui faire obéissance, ils n’avaient eu garde de s’exécuter et avaient entamé des pourparlers qui se prolongèrent durant plusieurs mois. Ils reconnaissaient bien que, depuis longtemps, ils avaient été bienveillants, amis et serviteurs de la Couronne de France ; ils voulaient encore le demeurer ; mais ils invoquaient différents prétextes pour se dispenser des obligations contractées dans le passé. Finalement ils consentirent à se mettre de nouveau sous la sauvegarde royale, et à payer une redevance annuelle de cinq cents livres à la Couronne et de deux cents livres au bailli de Vitry, à titre de gardien ; en outre ils devaient servir le Roi contre tous, sauf l’empereur et l’évêque de Verdun, avec vingt hommes d’armes et vingt hommes de trait, et lui payer une somme de trois mille florins d’or pour demeurer quittes de tous arrérages. C’est sur ces bases que l’accord fut conclu. Par lettres du 23 juin 1445, moyennant la somme de trois mille cinq cents florins, payable avant le 15 juillet suivant, et aux conditions sus-énoncées, Charles VII prit la ville de Verdun sous sa sauvegarde et confirma ses franchises et privilèges[59].

La ville de Toul, mise en demeure d’ouvrir ses portes au Roi, comme étant du royaume et tenue de lui faire obéissance, avait rejeté bien loin cette prétention et en avait appelé au roi des Romains. Mais Frédéric, tout en protestant auprès de Charles VII contre les entreprises dirigées sur les villes impériales de Toul, Metz et Verdun[60], était dans l’impuissance de leur venir efficacement en aide. Livrés à eux-mêmes, les habitants de Toul firent l’impossible pour se soustraire aux exigences royales. Ils alléguèrent que, de tout temps, car il n'était mémoire du contraire, leur ville avait relevé de l’empire, et qu’elle était située au-delà du royaume, à trois lieues ou environ de ses frontières. Aux déclarations contraires de la chancellerie royale, appuyées sur des titres extraits du Trésor des chartes, ils opposèrent énergiquement des fins de non-recevoir. Aussitôt après la conclusion du traité avec les Messins, Charles VII fit déclarer aux habitants de Toul qu’à l'exemple des rois ses prédécesseurs, il les prendrait en sa sauvegarde, moyennant le versement immédiat de vingt mille francs et d’une somme, annuelle de deux mille francs. Les habitants, comprenant que tôt ou tard il leur faudrait céder, députèrent à Nancy leur maître échevin, Jean de Collignon, avec charge' d’obtenir des conditions moins rigoureuses. Le Roi fut inflexible. Il donna ordre à Brezé de marcher sur Toul à la tète de six mille hommes. En présence d’un tel déploiement de forces, voyant déjà leurs faubourgs incendiés et craignant d’avoir un siège à soutenir, les habitants ouvrirent leurs portes, et consentirent à recevoir le Roi comme protecteur. En quittant Nancy, Charles VII se rendit à Toul, et passa trois jours dans l’hôtel de l’évêque, Louis de Haraucourt. Celui-ci avait pris une part active aux négociations avec les Messins, et Charles VII l’avait retenu de son grand conseil. Les choses semblaient arrangées ; mais, à peine le Roi eut-il quitté Toul que les habitants, sous prétexte que le traité leur avait été arraché par la violence, se refusèrent à en remplir les stipulations. Fort mécontent, le Roi ordonna à Brezé d’aller leur imposer sa loi. L’évêque intervint alors : il se rendit près du Roi, qui était sur la route de Châlons, et le joignit à Louppy-le-Château[61]. Par l’entremise de ce prélat, un accord fut conclu. Moyennant le paiement d’une somme de cinq mille cinq cents florins, le Roi renonça à ses revendications à l’égard de Toul ; de leur côté les habitants consentirent à se placer sous la sauvegarde royale, sous réserve des droits de l’empereur et de l’évêque de Toul, et à payer annuellement une somme de quatre cents florins. Des lettres du Roi consacrèrent cet arrangement et déclarèrent que la ville de Toul, assise en l’empire hors du royaume, et non sujette du Roi, serait désormais en sa protection et sauvegarde. Robert de Sarrebruck, seigneur de Commercy, fut désigné comme gardien[62].

Deux autres villes lorraines, Saint-Nicolas-de-Port et Rembercourt-aux-Pots, obtinrent confirmation de leurs privilèges et furent placées sous la sauvegarde royale[63].

Ainsi, par l’ascendant de sa puissance, par son prestige personnel, Charles VII avait forcé les villes impériales de Verdun et de Toul à subir sa loi ; si elles n’étaient point devenues françaises comme Épinal, elles avaient du moins accepté son protectorat ; désormais elles étaient tributaires de la Couronne.

 

Le Dauphin, après un séjour d’un mois à Montbéliard, était venu rejoindre le Roi à Nancy. C’est dans cette ville qu’allaient se poursuivre, les négociations relatives à l’évacuation de l’Alsace.

Inquiet déjà de l’immense déploiement de forces qui avait abouti à l’occupation d’une grande partie de ce pays, Frédéric III avait été fort ému en voyant le Roi s’établir en Lorraine, occuper Epinal et menacer Metz, Toul et Verdun. A sa cour, et dans toute la région, on disait, ouvertement que Charles VII avait l’intention de revendiquer les anciens droits de la couronne de France sur la limite du Rhin ; et il faut reconnaître que l’attitude du Roi et son langage même — aussi bien que l’attitude et le langage du Dauphin[64] — étaient de nature à accréditer une telle supposition.

Nous avons vu que, dès le début, les habitants de Metz et de Toul avaient fait appel au roi des Romains pour les protéger contre l’invasion française. Frédéric n’était pas plus on état de leur venir en aide qu’il ne l’avait été de défendre Zurich contre les cantons suisses et d’empêcher les écorcheurs de s'installer en Alsace ; il se contenta d’écrire à Charles VII en termes très vifs, lui reprochant de violer l’alliance qui existait entre l’empire et le royaume de France, et se plaignant des entreprises qu’il faisait contre des villes impériales ; il lui demandait avec hauteur de ne point souffrir qu'on molestât ainsi ses sujets, et réclamait la remise d’Épinal entre ses mains[65].

Charles VII répondit au roi des Romains à la date du 14 octobre. Il exprimait son étonnement de n’avoir trouvé dans la lettre de ce prince aucune trace de la courtoisie dont les chefs du Saint-Empire avaient coutume d’user à l'égard de la Couronne. Tout le monde, disait-il, sait que, depuis que nous sommes entrés dans ces contrées, nous n’avons fait tort à personne et que nous avons montré autant de douceur que de modération. Nous n’avons point pour habitude de livrer au pillage les lieux par où nous passons, et nous ne saurions assez nous étonner de la plainte que les échevins de Toul ont injustement portée contre nous. Mais ce qui nous étonne plus encore, c’est de vous voir ajouter foi si facilement à ce qu’ils vous ont écrit. Pour répondre d’une manière péremptoire à vos lettres, nous vous déclarons que nous croyons n’avoir ni attenté ni laissé attenter, en quoi que ce soit, au droit et à la justice. Nous avons usé de notre droit, sans porter préjudice à vous ni à personne. Les habitants d’Épinal qui, de temps immémorial, ont la faculté de choisir leur seigneur, se voyant dans un état misérable, privés d’aide et de secours, et comme dans la gueule du loup, ont imploré notre assistance : nous n’avons pas cru pouvoir la leur refuser. Lancés dans une mer orageuse, sur un navire prêt à sombrer, ils sont venus à nous, et nous les avons reçus bénignement. Est-ce là ce que vous appelez molester les gens et leur faire injure ? Peut-on adresser de tels reproches à nous et aux nôtres ? Loin de là. Il est du devoir des rois de protéger les malheureux, de soulager les opprimés. C’est en agissant de la sorte que nous accroîtrons notre renommée et que nous rendrons notre nom glorieux[66].

Dans les premiers jours de novembre, une ambassade du roi des Romains se rendit à Nancy[67]. Elle avait pour mission de demander raison des attaques dirigées par les troupes royales contre Metz, Toul, Verdun et Épinal, et en même temps de réclamer l’évacuation de l’Alsace ; Pierre de Schomberg, évêque d’Augsbourg, en était le chef. Le Roi lui fit donner, sur tous les points, des réponses péremptoires[68]. En congédiant l'évêque d’Augsbourg, Charles VII lui remit une lettre pour le roi des Romains : il le priait de députer vers lui quelques-uns des princes électeurs pour régler les difficultés pendantes, à moins que Frédéric ne préférât convoquer, dans une ville rhénane, une assemblée où se rendraient des commissaires royaux, munis de pleins pouvoirs[69].

Frédéric était parti de Nuremberg au milieu du mois d’octobre, après avoir convoqué les princes à Strasbourg, à la date du 15 novembre, pour y tenir conseil sous la présidence de son frère Albert. Là se trouvèrent réunis l’électeur Palatin, le comte Palatin Othon de Bavière, le margrave de Bade et le comte Ulric de Wurtemberg. On décida d'entamer avec le Dauphin de nouvelles négociations, sous les auspices des archevêques de Trêves et de Cologne. Le jeune prince ayant quitté l’Alsace à ce moment, il n’y avait plus rien à faire de son côté : c’est à Nancy que l’affaire devait être portée. L’archevêque de Trêves s’y rendit[70], et offrit sa médiation pour trancher le différend soulevé par l’occupation de l’Alsace. Cette offre ayant été agréée par Charles VII, il fut décidé qu’une conférence se tiendrait à Trêves, à la date du 21 décembre, avec les archevêques de Trêves et de Cologne. Dans l’intervalle, le comte Palatin devait s’abstenir de toute hostilité. Deux ambassadeurs français se rendirent à la conférence, où l’on jeta les bases d’un arrangement, et où l’on prit de nouveau rendez-vous pour le 10 février. Dans cette réunion, ou devait en même temps s’occuper d’autres affaires, et eu particulier de l’importante question de la pacification de l’Église[71]. Le Roi envoya à Trêves son principal conseiller, Pierre de Brezé, et l’antipape y députa le chancelier de Savoie, Guillaume Bolomier. Par un acte passé avec le comte Palatin du Rhin et Robert de Bavière, archevêque de Strasbourg, en date du 13 février, on régla les conditions de l’évacuation de l’Alsace[72]. Ces deux princes lancèrent aussitôt une circulaire pour faire part de cet arrangement[73].

Charles VII et le Dauphin s’engageaient respectivement à retirer, avant le 20 mars suivant, les troupes qui occupaient l’Alsace, et en particulier à évacuer entièrement les domaines de Louis, comte Palatin du Rhin, et de Robert de Bavière, évêque de Strasbourg. Il était stipulé que les gens de guerre s’abstiendraient de tous ravages, exactions ou rapines ; qu’ils ne mettraient le feu à aucune ville et n’extorqueraient point de sommes d’argent sous menace d’incendie[74].

Le traité de Trêves fut ratifié le 23 février par le Roi et par le Dauphin[75].

Ce traité mit-il fin aux maux dont les populations de l’Alsace avaient à souffrir ? Nous devons constater que son exécution fut loin d’être satisfaisante. Les capitaines installés dans leurs cantonnements continuèrent à agir avec le même sans-façon que par le passé ; on vit même le maréchal de Jalognes donner l’exemple de la violation du traité en exigeant de plusieurs villes des contributions de guerre, avec menace d’être livrées aux flammes si elles ne s’exécutaient pas[76]. Aussi la retraite des écorcheurs fut-elle accompagnée de sanglantes représailles : le 18 mars, au Val-de-Lièvre, l’armée française fut victime d’une surprise et taillée en pièces. Ce désastre causa parmi les gens de guerre une véritable panique et entraîna des pertes immenses[77], sans parler du butin abandonné sur le champ de bataille[78].

 

Si la double démonstration de Charles VII dans les contrées de l’Est n’eut d’autre résultat, au point de vue militaire, que de débarrasser le royaume de la présence des bandes indisciplinées qui le dévastaient, il n’en fut pas de même au point de vue diplomatique : elle devait marquer le point de départ d’une ère nouvelle dans les relations de la France avec l’Allemagne.

Par les campagnes de Suisse et de Lorraine, Charles VII avait révélé sa puissance aux nations étrangères. En même temps il avait laissé entrevoir des desseins qui, pour n’avoir reçu qu’une réalisation imparfaite, ne laissèrent pas d’exciter une vive émotion dans tout l'empire.

A l’heure même où les relations de Charles VII et du roi des Romains s’envenimaient au point qu’un conflit put être à craindre, la politique royale réussit à nouer avec les princes électeurs des rapports qui aboutirent à la conclusion de traités d’alliance.

Nous avons vu qu’au mois de décembre 1444 Jacques de Sierck, archevêque de Trêves, était venu trouver le Roi à Nancy. Ce prince du Saint-Empire ne pouvait oublier qu’il avait été longtemps le chancelier et le conseiller intime du roi René. Diplomate habile, il avait su, depuis son élévation au siège de Trêves, ménager à la fois le pape Eugène IV, dont tout d’abord il se montra partisan, le roi des Romains, qui le tenait en haute estime, et le duc de Bourgogne, qui accepta sa médiation dans l’affaire du Luxembourg ; enfin il jouissait d’une grande influence parmi les électeurs ses collègues, dont il ne tarda pas à adopter les tendances opposées au Pontife romain pour se faire le champion de l’antipape Félix V. On se défiait de lui à la cour du duc Philippe, où il était regardé comme un homme intrigant et astucieux[79]. Personne plus que lui n’avait contribué au mariage du jeune comte Palatin avec Marguerite de Savoie, veuve du roi de Sicile Louis III (28 octobre 1444).

Presque en même temps que Jacques de Sierck, parut à Nancy un jeune seigneur, apparenté à la fois à l’archevêque de Cologne et à l’évêque de Liège : Gérard de Loss, comte de Blanckenheim ; il avait été désigné par l’évêque de Liège comme l’un des préposés au gouvernement de sa principauté pendant son pèlerinage à Jérusalem. L’archevêque et le comte ne tardèrent pas à être conquis à l’alliance de la France. Blanckenheim fut nommé chambellan du Roi et reçut une pension de cinq mille florins, sa vie durant. Il revint à Nancy à plusieurs reprises et eut avec Charles VII de longs entretiens[80]. Quant à Jacques de Sierck, il consentit à servir d’intermédiaire auprès de ses co-électeurs[81]. Tout fut combiné à l’avance, soit avec le Roi, soit avec Brezé, qui vint prendre à Trêves les derniers arrangements. Pour faciliter un résultat d’une si haute importance, Charles VII fit au négociateur un avantage exceptionnel : par lettres données à Nancy le 3 février 1445, en considération de l’alliance qu’il se proposait de conclure avec l’archevêque de Trêves et plusieurs princes allemands, il déclara exempter l’archevêque de l'obligation (stipulée dans les traités) de lui fournir un contingent armé[82].

C’est à Trêves que furent passés les actes par lesquels le concours de quatre d’entre les princes électeurs[83] était assuré à la France.

Le 13 février, — date de la conclusion du traité pour l’évacuation de l’Alsace, — l’archevêque de Trêves se déclarait l’allié de Charles VII[84].

Le 13 février également, Louis de Bavière, comte Palatin du Rhin et archichancelier de l’empire, celui-là même que le roi des Romains avait désigné pour prendre le commandement des forces réunies contre les écorcheurs, signait, lui aussi, un traité d’alliance avec Charles VII[85].

Un traité d’alliance était passé le même jour avec Théodore de Meurs, archevêque de Cologne, duc de Westphalie et électeur de l’empire[86].

Le 23 février, à Nancy, Charles VII déclarait s’allier avec Frédéric, duc de Saxe, archi-maréchal et électeur de l’empire, et Guillaume, duc de Saxe et landgrave de Thuringe[87].

Enfin, le 2 avril suivant, Gérard, duc de Juliers et comte de Ravensberg, et Gérard de Loss, comte de Blanckenheim, se déclaraient les alliés de la France[88].

Tous ces traités, inspirés par une pensée commune, sont conçus dans des termes identiques. Ils portent le même préambule, rappelant les antiques alliances entre la Couronne et les électeurs de l’empire ; ils contiennent les mêmes stipulations, sauf les variantes commandées par la situation respective des parties contractantes. Toutes les fois que ces princes en seront requis par le Roi ou par son fils, ils les assisteront dans les guerres, et réputeront leurs sujets pour amis ; ils n’entreront jamais à main armée sur leurs terres sans en avoir été requis ; les troupes qu’ils mettront à la disposition du Roi et de son fils seront payées aux dépens de ces princes, suivant la coutume de France et l’usage observé dans les guerres, au taux de quinze francs par homme d’armes et de sept francs cinquante sous par archer, pour un demi-mois ; les relations commerciales ne seront point interrompues de part et d’autre, et pourront s’exercer librement, même avec les ennemis, sauf en ce qui concerne le commerce des armes, sans que le traité puisse être considéré comme violé ; sont expressément exceptés le souverain Pontife et le roi des Romains, contre lesquels les princes ne pourront jamais être contraints de prendre les armes, et qui sont considérés comme amis de chacune des parties ; les rois d’Espagne, de Sicile, d’Ecosse, et le duc Sigismond d’Autriche sont également déclarés alliés des parties contractantes ; il en est de même du roi d’Angleterre, en raison des espérances d’une paix prochaine entre la France et l’Angleterre.

Quelle est la signification de ce faisceau d’alliances, si habilement et si puissamment combiné ? Pour en avoir l’intelligence, il ne faut pas seulement considérer l’état des relations entre Frédéric III et Charles VII, mais aussi la situation politique des princes avec lesquels la France traitait. L’archevêque de Cologne, l’ancien allié des Anglais, était alors en lutte avec le duc de Clèves, le propre beau-frère du duc de Bourgogne. Le jeune comte Palatin, fils d’une Lancastre, venait de s’allier à Philippe le Bon par un traité en date du 11 octobre 1444 : l’influence de l’archevêque de Trêves le rapprochait de la France. La maison de Saxe maintenait ses droits sur le Luxembourg : malgré le traité conclu à la date du 11 décembre 1443[89], de nouvelles difficultés avaient surgi, et les hostilités avec le duc de Bourgogne pouvaient reprendre d’un moment à l’autre ; les ducs Frédéric et Guillaume étaient donc intéressés à une alliance qui pouvait leur permettre de s’opposer efficacement aux vues ambitieuses de Philippe. On s’étonne qu’ils n’aient pas montré plus d’empressement à répondre aux ouvertures de l’archevêque de Trêves : leur envoyé, Henri Engelhardt, dut prendre sur lui de traiter, sans attendre des pouvoirs qu’il sollicita vainement[90]. Notons enfin la coïncidence entre la conclusion des traités du 13 février et les négociations entamées avec la ville de Metz, lesquelles aboutirent peu après à un arrangement[91].

En dehors des questions politiques, il y avait la question religieuse : Charles VII et Jacques de Sierck se proposaient de travailler d’un commun accord à la pacification de l’Eglise ; évidemment, l'archevêque se flattait du secret espoir de rattacher le roi de France à la cause de l’antipape Félix V, devenu le beau-père du comte Palatin, et soutenu par la majorité des électeurs de l’empire.

Nous aurons l’occasion de revenir sur les conséquences de ces traités, en nous occupant des relations de Charles VII avec Philippe le Bon et de la grave affaire de la pacification de l’Église. Il faut ici nous borner à ce qui concerne l’Allemagne. C’est appuyé sur ces nouveaux alliés que Charles VII allait poursuivre ses négociations avec l’empire, afin de mettre un terme aux difficultés qu’avait fait surgir l’expédition du Dauphin.

Dans une conférence tenue à Lunéville avec les représentants du roi des Romains, il avait été convenu qu’une nouvelle réunion aurait lieu à Mayence, le dimanche de Reminiscere (21 février), et que le Roi y enverrait ses ambassadeurs. Au lendemain du jour où Charles VII ratifiait les traités passés avec les princes allemands, il signait (24 février 1445) des instructions pour Jean de Grolée, prévôt de Montjou ; Jean, seigneur de Fenestrange, et Jacquemin de Bussières, chargés de le représenter à Mayence. Ces ambassadeurs devaient, en ce qui concernait les plaintes dont la démonstration contre Metz et d’autres villes impériales avait été l’objet, reproduire les réponses déjà faites au nom du Roi ; ils devaient, en ce qui avait trait à l’expédition contre les Suisses, rappeler les instances faites, à diverses reprises, par Guillaume de Hochberg, marquis de Rothelin et les autres seigneurs autrichiens, les résultats obtenus par le Dauphin, la fâcheuse situation faite à ses troupes par le défaut d’exécution des conventions passées, au nom du roi des Romains, pour leur logement et leur solde. C’était par droite nécessité que les gens d’armes avaient dû faire plusieurs choses, par œuvre de fait, contre leur vouloir, et causer des dommages au comte Palatin Louis de Bavière et à son cousin l’évêque de Strasbourg[92], pour éviter plus grand inconvénient ; ces gens d’armes avaient souffert, pendant ce temps, d’irréparables dommages : les uns avaient été tués, les autres faits prisonniers et dépouillés de tout ce qu’ils avaient. Un accord avait été passé avec le comte Palatin et l’archevêque de Strasbourg ; toutefois les ambassadeurs devaient s’efforcer d’obtenir du roi des Romains réparation pour ces dommages ; ils avaient charge, au surplus, de s’en rapporter, relativement à l’indemnité à fixer, aux princes électeurs, et spécialement à ceux qui récemment s’étaient alliés au Roi. Les ambassadeurs devaient déclarer que le Roi était prêt à conclure avec la maison d’Autriche semblable alliance et confédération que celles qu’il avait passées avec les princes électeurs, à la condition toutefois, en ce qui concernait le Dauphin, que les Suisses en seraient exceptés, et que le Dauphin ne serait point tenu de leur faire la guerre. Ils devaient rappeler la promesse faite par le roi des Romains de mettre en sa franchise et liberté le duc Sigismond, et en réclamer l’exécution. Enfin ils devaient demander la mise en liberté du duc de Bavière, oncle du Roi, que son fils tenait toujours en captivité[93].

Les ambassadeurs désignés par le Roi ne purent se rendre à Mayence : l’effervescence était telle dans la contrée, qu’en dépit de tout sauf-conduit, et au mépris de l’autorité du roi des Romains et des seigneurs du pays, tous ceux qui parlaient la langue française et qu’on pouvait saisir étaient impitoyablement mis à mort ; on ne trouva pas un seul messager ou poursuivant pour aller demander que la journée fût contremandée[94].

Une autre réunion devait se tenir le dimanche 28 février, avec les princes électeurs, à Boppart sur le Rhin, près de Coblentz ; les ambassadeurs du roi de France s’y rendirent. Là ils trouvèrent les archevêques de Cologne et de Trêves, le comte Palatin du Rhin, des représentants du duc de Saxe et de l’archevêque de Mayence, enfin l’évêque d’Augsbourg, envoyé du roi des Romains, et des députés de la ville de Mayence[95]. On devait s’occuper en même temps des affaires ecclésiastiques, de concept avec le chancelier de Savoie. — Fenestrange et Bussières remirent aux princes électeurs les lettres de ratification des traités du 13 février. Puis, le 3 mars, les ambassadeurs présentèrent aux princes électeurs les remontrances du Roi. C’était un exposé de tout ce qui s’était passé depuis les premières démarches faites par le roi des Romains. La conclusion de cet exposé portait sur les trois points suivants : 1° le roi des Romains désintéressera les seigneurs et autres du pays d’Alsace des dommages qu’ils ont subis par suite du manque de logis et de vivres pour les troupes, de façon à ce que le Roi et le Dauphin ne soient point inquiétés à ce sujet ; 2° il tiendra compte au Roi et au Dauphin des pertes, coûts et dommages qu’ils ont eus à supporter en venant à son aide ; 3° il laissera pleine liberté au duc Sigismond de se rendre, sans plus de délai, dans ses seigneuries, conformément aux lettres et scellés donnés par lui et aux promesses faites aux ambassadeurs du Roi à Nuremberg[96].

Les princes électeurs présents à Boppart consentirent, sur la requête des ambassadeurs, à se faire les interprètes des réclamations du Roi ; ils demandèrent seulement que le texte leur en fût remis. On en fit aussitôt une traduction allemande qui fut déposée entre leurs mains[97].

Pendant que s’engageaient de la sorte ces nouvelles négociations, auxquelles la diplomatie royale avait eu l’habileté d’intéresser les quatre principaux électeurs de l’empire, survint un incident qui fournit à Charles VII un grief de plus à invoquer.

Dès le début de son installation en Alsace, le Dauphin avait placé son artillerie sous la garde de Charles, fils du margrave de Bade, que le Roi tenait pour son parent et espécial ami2[98]. Le bailli du margrave avait donné l’assurance qu’elle serait aussi en sûreté dans la forteresse de Sainte-Croix que si elle était à Nancy. Or, après la déroute de l’armée française au Val-de-Lièvre, les vainqueurs se portèrent sur Sainte-Croix-aux-Mines, et, avec la connivence des habitants, réussirent à en enlever une partie. A la nouvelle de ce fait, Charles VII, qui était encore à Nancy, écrivit au margrave Charles de Bade pour se plaindre de ce que, par la faute du bailli, ses gens avaient été détroussés et son artillerie enlevée ; il le somma d’avoir à restituer l’artillerie dans l’état où elle était lors de la livraison, à faire réparation pour les injures, outrages, pertes et dommages subis par les gens du Roi dans la détrousse dont ils avaient été victimes sur ses terres, et à tirer punition de ceux de ses sujets qui s’étaient rendus coupables de tels excès[99].

Le jeune margrave s’empressa de décliner toute responsabilité au sujet des reproches qui lui étaient adressés ; il était moult merveillé et entièrement innocent du fait. Jamais, en aucun jour de sa vie, il n’avait, soit par lui-même, soit par nul de ses serviteurs ou de ses sujets, dit, fait ou autorisé quoique ce fût qui dût déplaire à Sa Majesté ; il demandait un sauf-conduit pour son bailli et d’autres de son hôtel, afin qu’ils pussent se rendre près du Roi et lui exposer la vérité du fait ; le margrave devait être tenu pour excusé[100].

Le Roi s’aperçut bien vite qu’il fallait faire remonter plus haut la responsabilité des faits qui s’étaient accomplis sur le territoire du margrave de Bade. Une diète avait été convoquée pour le 24 juin à Francfort : c’est à cette diète qu’il résolut de porter ses réclamations, soit sur ce point, soit sur ceux qu’il avait déjà mis en avant.

Sur ces entrefaites, le Dauphin reçut une lettre du magistrat et des consuls de Berne[101]. Le bruit avait couru, quand il avait envahi l’Allemagne, qu’il cédait aux instances du roi des Romains et de la maison d’Autriche, qu’il avait reçu d’eux la promesse d’importants subsides, et que les seigneurs du pays s’étaient engagés à loger ses troupes. Mais, depuis que le Dauphin avait quitté le pays, ces mêmes princes et seigneurs niaient qu’il fût venu à leur requête, ce qui faisait grand tort à sa réputation. Très affligés de ce qu’on disait contre lui, et voulant venger son honneur, les représentants de la ville de Berne priaient le Dauphin de leur envoyer une copie fidèle des lettres qui lui avaient été adressées par le roi des Romains, les princes de la maison d’Autriche et les autres seigneurs, afin que, connaissant exactement la vérité, ils pussent avec plus d’autorité défendre son honneur.

Justement offensé de la conduite du roi des Romains et des procédés dont il usait à son égard, Charles VII voulut tout faire pour obtenir à Francfort une réparation décisive. Il s’adressa aux princes électeurs qui étaient de son alliance, pour leur recommander les ambassadeurs qu’il envoyait à la diète[102] ; il écrivit à Frédéric pour accréditer auprès de lui deux de ses ambassadeurs et le mettre en demeure, d’une part, d’accomplir la promesse de rendre sa liberté et ses états au jeune duc Sigismond ; de l’autre, de faire cesser l’injuste détention du vieux duc de Bavière et de le remettre en possession de son duché[103] ; enfin il s’adressa au jeune roi de Bohême, Ladislas, pour lui faire des ouvertures et l’intéresser au succès de ses affaires[104]. Un long mémoire fut remis aux envoyés du Roi[105]. On y réfutait à l’avance toutes les objections qui pourraient être présentées au nom du roi des Romains[106] ; les ambassadeurs devaient demander réparation pour tous les préjudices causés à la Couronne.

Saisi par les princes électeurs des réclamations présentées à Boppart et à Francfort, le roi des Romains déclina toute explication, disant que, quand le roi de France s’adresserait directement à lui, il lui donnerait réponse[107]. Pourtant une satisfaction partielle était offerte à Charles VII : au mois d’avril 1445, Frédéric se détermina enfin à affranchir son cousin Sigismond de la rude tutelle que, depuis plusieurs années, il faisait peser sur lui : le 28 avril le jeune duc fit son entrée à Innsbruck, aux acclamations de ses sujets[108]. Mais ce dénouement perdait de son importance en raison d’un douloureux événement qui venait de se produire en France : la fiancée du duc Sigismond, Radegonde, était morte à Tours le 19 mars. Avec elle disparaissaient les espérances qui reposaient sur l’union d’une fille de France et d’un prince de la maison d’Autriche.

 

 

 



[1] Le Roi était le 15 juillet à Meung-sur-Loire.

[2] Jean Chartier et les chroniques messines nomment le comte de Dunois parmi les seigneurs qui accompagnèrent le Roi en Lorraine. Mais son nom ne se rencontre pas une seule fois parmi les signataires des ordonnances depuis le mois de juillet 1444 jusqu’au mois d’août 1445. En outre, plusieurs documents nous fournissent, directement ou indirectement, la preuve que Dunois resta dans le centre de la France. Voir un acte du 18 septembre 1444, dans Stevenson, t. II, p. 468 ; une quittance de Dunois en date du 16 décembre 1444, dans Clairambault, 82, p. 6457 ; une quittance de Thomas Hoo donnée à Paris le 18 mars 1445, dans Stevenson, t. II, p. 360, et des lettres du duc d’Orléans, datées de Soissons, 4 mai, et Paris, 22 juin 1445 : Pièces originales, 250 : BEAURAIN, n° 12, et Louis et Charles d’Orléans, 2e partie, p. 349.

[3] Nous trouvons dans le sixième compte de Jean de Xaincoins (Cabinet des titres, 685, f. 85) les deux mentions suivantes : Le sire de la Varenne, capitaine de Louviers, dix mille l. t. pour les gens d’armes et de frontière estans en la frontière de Louviers et d’Evreux. — Item à lui et à Robert de Floques, dit Flocquet, dix mille l. pour un quartier de ses dictes gens.

[4] Mgr de Loheac, mareschal de France, mille l. pour ses despens au voyage de Champagne avec le Roy. Sixième compte de Xaincoins, l. c., f. 82.

[5] Messire Bertrand de Beauvau, chevalier, conseiller du Roy, pour ses despens auprès du Roy, 900 l. t. — Les seigneurs de Precigny, de la Varenne, Jamet de Tillay, Jehan Bureau et Jehan du Mesnil-Simon, 2,200 l. pour don. Même compte, f. 81 v°.

[6] Poton de Saintrailles, 300 l. sur 500 pour soustenir son estat, et 200 restant. — Poton de Xaintrailles, 300 l. pour le paiement de ses gens. Même compte, f. 83 et 85.

[7] Floquet avait traversé la Picardie pour venir joindre le Roi : ce fut l’occasion d’un conflit avec le comte d’Etampes, lieutenant du duc de Bourgogne ; nous parlerons plus loin de cet épisode. On lit dans le sixième compte de Xaincoins (f. 85) : Jehan d’Olon, escuyer d’ecurie du Roy, cent l. pour un voyage à Montargis devers Flocquet, bailly d’Evreux et autres capitaines estans ès pays de France. Le Roi était à Montargis les 24 et 26 juillet. Robert de Haranvilliers alla de Montargis à Paris vers Floquet, Frignet et Jacques de Clermont leur porter des lettres du Roi (Id., f. 85 v°). Floquet et Clermont reçurent mille l. t. pour distribuer à leurs gens. (Id., f. 84 v°). Sur les excès commis par les routiers de Floquet autour de Paris, voir Journal d’un bourgeois de Paris, p. 374.

[8] Voir Relation du siège de Metz en 1444 par Charles VII et René d’Anjou, par MM. de Saulcy et Huguenin, passim ; Mathieu d’Escouchy, t. I, p. 26 et 29 ; Gruel, p. 396 ; Sixième compte de Xaincoins, l. c., f. 81-84 v° ; lettres du 11 septembre 1444, citées plus loin, et mon Catalogue des actes.

[9] Itinéraire : Orléans, 21 juillet ; Montargis, 21, 25 juillet ; Troyes, 2, 6 août ; Bar-sur-Aube, 12 août ; Chaumont, ... août ; Langres, 29 août.

[10] Ancien Itinéraire, aux Archives nationales, K 69, n° 13. Voir Vallet, t. III, p. 34, note.

[11] Messire Pierre de Brezé, chevalier, seigneur de la Varanne, quatre vingt seize t. cinq s. pour son voyage en Champagne devant plusieurs places pour les mettre en la main du Roy. — Messire Pierre de Brezé ..., 200 l. t. pour avoir esté en compagnie de gens d'armes devant les places de Vignory et la Fauche, appartenant au seigneur de Vergy, les mettre en la main et obéissance du Roy, et celle de Dernay. Sixième compte de Xaincoins, f. 81 v°. — On voit par le même compte que Jamet de Tillay avait occupé Saint-Dizier. — Sur la soumission du bâtard de Vergy, qui dut payer comptant quatre mille florins d'or, voir lettres de rémission de juillet 1446, dans Tuetey, I. II, p. 413.

[12] Lettre de Pierre de Brezé eu date du 27 août, et autres documents publiés par M. Duhamel, Négociations de Charles VII et de Louis XI avec les évêques de Metz pour la châtellenie d'Epinal (1867), p, 63-94, — Espinale, ville située sur les marches de la Lorraine et d'Alemagne, dit Berry (p. 426), laquelle se tenoit et gouvernoit sans recognoistre aucun seigneur, ains se tenoit par manière de Communauté. Pourtant Godefroy constate, en marge de ce passage, que l'évêque de Metz était seigneur en partie d'Épinal, Cf. Duhamel, p. 18.

[13] Voir à ce propos Berry, p. 125.

[14] Demandes de Pierre de Brezé à la ville d'Épinal, en date du 30 août. Duhamel, l. c., p. 93.

[15] Lettre du 31 août. Duhamel, p. 94.

[16] Lettre du 1er septembre. Duhamel, l. c., p. 95-96.

[17] Et l'y envoions copie de ce que avez escript et envoyé par deça pour y mettre remède par le roi des Romains, et de soy tirer par deça le plus à haste qu'il pourra, se ainsy est qu'il ne soit jà sur chamin d'y venir, comme nous tenons par ce qu'il nous ait escript qu'il y est.

[18] Acte du 11 septembre 1444, cité plus loin.

[19] Acte notarié du 4 septembre 1444. Archives nat., J 583, n° 11 ; cf. Fontanieu, portef. 119-120 ; publié par Duhamel, l. c., p. 97-98.

[20] Acte notarié du 11 septembre. Expéditions originales, Archives, J 361, n° 13, et J 9834, publié par Duhamel, l. c., p. 98-102. — On lit dans le Sixième compte de Xaincoins : Jehan le Piat, notaire apostolique, VIII l..., s. t., tant pour luy que pour autres, pour leurs peines d'avoir escript en double plusieurs lettres et instrumens du don et obeissance fait par ceux de la ville d'Espinal au Roy de leurs corps et biens, lesquels depuis six cens ans en ça n'avoient eu aucuns seigneurs fors eux-mesmes. Cabinet des titres, 685, f. 86. — Cf. lettres des quatre maîtres gouverneurs, universités et communautés (en français), dans Du Puy 883, f. 83, et aux Archives nationale, P 2298, p. 1317.

[21] Lettres patentes du 11 septembre. Archives, JJ 177, n° 6 ; copie moderne, ms. fr. 18881, f. 95 ; Ordonnances, t. XIII, p. 468; Duhamel, l. c., p. 102.

[22] Il se nommait Georges Deslye. Ms. fr. 18881, f. 911, publié par Duhamel, l. c., p. 102.

[23] Lettres du 14 septembre. Ms. fr. 18881, publiées par Duhamel, l. c., p. 109.

[24] Lettres du 24 septembre 1444, visées par Duhamel, l. c., p. 19 et 112.

[25] Lettres du mois de septembre 1444, publiées par Duhamel, p. 105, d'après l'original aux archives des Vosges.

[26] Lettres du 11 septembre 1444, l. c.

[27] Nous, pour les singuliers devotion et affection que avons au benoist corps saint de saint Nicolas et à l'eglise et saint lieu où il est deprié et adouré en la ville ou bourg du Port en ce pays de Lorraine, nous soyons, pour icelluy deprier et adourer audit lieu en nostre devocion, transportez en icellui, y ayons sejourné par aucuns jours et visité sadite eglise et les sains reliquaires d'icelle... Lettres de sauvegarde en faveur des habitants, données à Nancy au mois de septembre 1444. Archives, JJ 177, n° 7, éditées (avec fautes de lecture) Ordonnances, t. XIII, p. 410.

[28] Lettres du 3 septembre, citées dans celles du 21 novembre. Roussel, Histoire de Verdun, Preuves, p. 33, et nouvelle édition, t. II, Preuves, p. XL.

[29] Le P. Benoit, dans son Histoire ecclésiastique et politique de la ville et du diocèse de Toul, mentionne, (p. 538), d'après les archives de l'hôtel de ville une lettre de Brezé aux habitants de Toul leur demandant d'envoyer des députés à Epinal pour y attendre les ordres de Sa Majesté, qui prétendait que les trois évêchés lui donnassent des secours à l'exemple des autres villes du royaume. — On lit dans une lettre du bourgmestre de Bâle en date du 11 septembre : Item une ville appelée Tulle en Lorraine a écrit au Roi (des Romains) que les étrangers demandent qu'elle leur soit livrée ; elle réclame un chef militaire et des secours. Wülcker, l. c., p. 35.

[30] Lettre de Charles VII à Frédéric III, en date du 14 octobre, citée plus loin ; lettre du bourgmestre de Bâle du 11 septembre.

[31] Les habitants de Metz, fort inquiets, faisaient surveiller avec soin les mouvements des troupes. Dès le 14 juin, Jean d’Esch écrivait à l’ammeister de Strasbourg (texte allemand aux Archives de Strasbourg, A A 185) : Il y a actuellement mille chevaux entre Vitry et Châlons, à peu près à vingt-deux mille de Metz, et cinq mille du côté de Verdun, sur les bords d’une rivière appelée la Meuse, qui causent au pays un énorme dommage. Le grand corps d’armée se trouve auprès des susdits princes (le roi de Sicile, le roi d’Écosse et le Dauphin de France) autour de la ville de Troyes, et se compose, tout compris, de plus de quarante mille chevaux... Partout on fuit devant elles et l’on évacue les églises, les petits châteaux qui ne sont pas très forts, le plat pays ; on en retire les provisions qui s’y trouvent pour se réfugier dans les villes et les châteaux forts. Nous avons également donné à notre population du pays Messin l’ordre de fuir, fait enlever des moulins tous les freins, et les avons fait conduire en ville. Tous les couvents qui se trouvent devant et autour de la ville de Metz ont amené en ville leurs biens, leurs provisions, leurs choses sacrées et leurs bijoux. Nous avons muni notre ville et nos châteaux d’hommes et d’artillerie, et avec l’aide de Dieu nous pourrons tranquillement regarder ce que ces troupes feront et ce qu’elles veulent faire. — On voit par une autre lettre, en date du 5 juillet (Id., ibid.), que les craintes avaient un moment fait place à la confiance ; les fugitifs étaient rentrés dans leurs villages ; on s'était mis à couper les foins et les blés ; on avait rétabli les freins dans les moulins ; on espérait qu’un conflit avec les gens de guerre du duc de Bourgogne empêcherait les écorcheurs de se porter du côté de Metz.

[32] Relation du siège de Metz, par MM. de Saulcy et Huguenin (à la suite de laquelle se trouvent reproduits des extraits des chroniques messines), pages 84-89, 195-206, 225-227.

[33] Relation du siège de Metz, par MM. de Saulcy et Huguenin, pages 92-95, 196-198, 229-230.

[34] Voyez sur l’organisation municipale de Metz l’ouvrage de MM. de Saulcy et Huguenin, p. 29 et suivantes.

[35] C’étaient Nicole Louve et Geoffroy Dex, chevaliers ; Poinsignon Baudoche, Thiebaut Louve et Jacob de Bannestroff, écuyers ; ils étaient accompagnés de Jean de Luxembourg, secrétaire des Sept de la guerre.

[36] Chronique de Philippe de Vigneulles, dans Relation du siège, p. 108.

[37] Tous ces détails sont empruntés au récit très circonstancié de Mathieu d'Escouchy, t. I, p. 30-33, que nous avons complété par les chroniques messines dont les extraits se trouvent dans les preuves de la Relation du siège de Metz, p. 198 et 233-234.

[38] Relation, p. 198 et 234.

[39] Thomas Basin constate l'impossibilité où l'on était d'entreprendre un siège en règle. Voir t. I, p. 164.

[40] Voir, sur l'organisation de la défense, la Relation du siège, p. 31, 64-67.

[41] Lettre du 5 octobre 1444, mentionnée dans la Relation du siège, p. 187 ; cf. p. 281.

[42] Relation du siège, p. 111-112 et 140.

[43] Voir les textes : Relation du siège, p. 300 et 301.

[44] Sauf-conduit donné le 5 janvier. Voir Relation du siège, p. 212-214, 266 et 303.

[45] Texte dans la Relation du siège, p. 305.

[46] Relation du siège, p. 164, 168, 215, 278. — Je suis la version des chroniques messines ; mais le sauf-conduit du Roi (publié. p. 306) porte la date du 25 février.

[47] Relation du siège, p. 168-169 et 218-219.

[48] Original aux archives de l'hôtel de ville de Metz ; Relation du siège, p. 301-309. Le même jour, le Roi déclara par lettres patentes (texte, p. 309) que, pendant dix ans, il ne ferait ni ne laisserait faire aucune guerre aux habitants de Metz. — Le Dauphin donna le 2 mars ses lettres de ratification du traité (p. 310).

[49] Traité publié sur le texte original, aux archives de Metz. Relation du siège, p. 311-314.

[50] Relation du siège, p. 173-75 et 280 ; obligations de la ville de Metz, datées du 5 mars pour le paiement de 74.000 florins. Ibid., p. 315-316.

[51] Relation, p. 177.

[52] Chronique dite de Praillon, dans Relation, p. 291 ; Cf. p. 179-180.

[53] Voir à ce sujet une note complémentaire, à la fin du volume.

[54] Voir Ordonnances, t. XI, p. 435.

[55] Voir Ordonnances, t. XIII, p. 434, note.

[56] Lettres du 10 janvier 1423, publiées par Clouet, Histoire de Verdun, t. III, p. 596.

[57] Dix mille écus ou plus, disent les lettres de Charles VII du 13 juin 1445, plus loin.

[58] Lettre du 5 mai 1444. Publications de l'Institut royal grand-ducal du Luxembourg, t. XXIX, p. 35.

[59] Lettres du 23 juin 1445. Ordonnances, t. XIII, p. 433.

[60] Lettres de Frédéric III à Charles VII, en date du décembre 1444, dans Schœpflinus, Alsatia diplomatica, t. II, p. 376.

[61] Tous ces faits sont racontés uniquement par les historiens locaux et demanderaient à être contrôlés. Voir Benoit, Histoire ecclésiastique et politique de la ville et du diocèse de Toul, p, 537-538.

[62] Lettres du 27 mai et de mai 1445. Ordonnances, t. XIII, p. 423 et 425.

[63] Lettres des mois de septembre 1444 et janvier 1445. Ordonnances, t. XIII, p. 410 et 412. — On lit à ce propos dans Mathieu d'Escouchy (t. I, p. 28) : Et lui estant dedens ladicte ville de Nancy, se mirrent en son abeissance plusieurs places, villes et forteresses tant sur les marches de Bourgoingne comme de Lorraine et d'environ, entre lesquelles en furent la cité d'Orville, Verdun, Espinach, Chalences (Selongey ?) et aucunes autres, dont la plus grant partie allèrent se offrir et donner à luy de leur propre volenté, sans à ce estre contrainctes ; et ce faisaient soubz esperance d'estre gardez, conduit et gouvernez soubz sa main plus seurement et paisiblement qu'ils n'avaient acoustumé.

[64] Voir chapitre premier.

[65] On n’a pas le texte de cette lettre, qui ne nous est connue que par la réponse de Charles VII.

[66] Minute à la Bibliothèque nationale : Chartes originales, Metz, 267.

[67] Il est question de cette ambassade dans un document émané de la chancellerie française (Tuetey, t. II, p. 135), dans une lettre du 24 novembre (Wülcker, l. c., p. 53), et dans la seconde relation du commandeur d'Issenheim (Tuetey, t. II, p. 522).

[68] Furent faictes certaines instructions contenans à un chascun des articles les responses honnestes et convenables. Instructions du 24 février 1445, dans Tuetey, t. II, p. 135.

[69] Voir lettre de Frédéric au bourgmestre et aux magistrats de Strasbourg, et lettres de la ville de Haguenau à la ville de Strasbourg, dans Schilter, p. 946, 994, et 959.

[70] Voir lettre de la ville de Haguenau en date du 15 décembre, dans Schilter, p. 946, 994, et 959, et dans Wülcker, l. c., p. 22.

[71] Lettre de l'archevêque de Trêves, en date du 21 janvier 1445, aux archives de Dresde, Wittenberger Archiv, Französische Sachen, f. 3 ; Lettre de la ville de Haguenau à la ville de Strasbourg, déjà citée ; Lettre du comte Palatin, en date du 3 janvier 1445, dans Schilter, p. 958-960.

[72] Ces négociations rendirent inutile la tenue de la conférence projetée entre les envoyés du Roi et ceux du roi des Romains, dont celui-ci, en réponse à une communication du Roi, avait fixé la réunion à Mayence, au dimanche de Reminicrere (11 février). Lettre du Roi des Romains à Charles VII, datée de Neustadt le 22 décembre, dans Schœpflinus, l. c., et dans Schilter, p. 999 et 1011. — A la date du 1er janvier 1445, le roi des Romains invitait la ville de Strasbourg à se faire représenter à cette assemblée (Archives de Strasbourg, AA 183).

[73] Archives de Strasbourg, AA 181 (Inventaire, t. I, p. 85).

[74] Convention passée à Trèves pour l'évacuation de l'Alsace. Archives de Strasbourg, AA 192 (Inventaire, t. I, p. 13). Le texte (allemand) des lettres données en date du 13 février 1445, par Louis, comte Palatin du Rhin, et par Robert, évêque de Strasbourg, se trouve dans Schilter, l. c., p. 1016 ; Müller, Reichstag-Theatrum, t. I, p. 273 ; Lünig, Deutches Reichsarchiv, Part. spéc., Cent. II, Abth. I, p. 34.

[75] Les lettres du Roi et du Dauphin se trouvent dans Schœpflinus, Alsatia dipiomatica, t. II, p. 374 et 375. Le texte des lettres du Roi se trouve en allemand et sans date dans Müller, l. c., p. 273, et dans Du Mont, t. III, part. I, p. 143. — Par d'autres lettres données à Nancy le 20 février, Chartes VII et le Dauphin s'engagèrent à faire respecter par leurs troupes les possessions du comte Palatin et de l'évêque de Strasbourg et les villes et seigneuries d'Alsace. Archives de Strasbourg, AA, 1852. (Inventaire, t. III, p. 179.)

[76] Voir Tuetey, t. I, p. 321-329.

[77] Voir Tuetey, t. I, p. 331-332. Les Français perdirent trois cents hommes, dont plusieurs seigneurs et capitaines, un bon nombre de prisonniers, plus de quatre cents chevaux, vingt équipements complets d'hommes de guerre, neuf pièces de canon, trois tonneaux de poudre, et un convoi de voitures chargées de matériel.

[78] Une immense quantité de vaisselle précieuse et 60.000 florins d'argent monnayé.

[79] Voici comment un des plus notables conseillers du duc de Bourgogne, Jean Jouffroy, s'exprime sur son compte : Erat nempe Jacobus veterator astutus ac ingenio magna magis quam bono, cui in bello quies, in pace turbæ ita placebant, ut ad res novas totas animi vires semper extenderet. Oratio ad Prium Papam, dans la Collection du chroniques belges, p. 157. — Plus loin (p. 184) il l'appelle : Architector fallaciarum. — On lit dans les Gesta Jacobi Syrch archiepiscopi Trevirensis (Gesta Trevirensium archiepiscopum, dans Amplissima collectio, t. IV, col. 450) : Hic fuit multum astutus in negotiis, quod nullus potuit man intelligero neque de ipso confidere, quia semper in parabolis loquebatur cum nobilibus suis, et nunquam curdialiter neque confidenter.

[80] Berry, p. 426 ; Chronique dite de Praillon dans Relation, p. 220 ; Chronique de Stavelot, dans la Collection des chroniques belges, p. 548-549. Cf. Zantfliet, dans Amplissima collectio, t. V, p. 449.

[81] Stavelot (p. 548) attribue l'honneur de ce résultat au comte de Blanckenheim.

[82] Texte dans Hontheim, Historia Trevirensis diplomatica et pragmatica, t. II, p. 397.

[83] Il ne restait que l'archevêque de Mayence, le marquis de Brandebourg et le roi de Bohême-Hongrie, lequel n'était alors qu'un enfant.

[84] Hontheim, l. c., p. 398.

[85] Texte latin. Vidimus original du 28 janvier 1446, dans Fontanieu, 119-120 ; copie collationnée du 20 septembre 1446, dans Du Puy, 760, f. 113 ; copies modernes dans le ms. fr 3863, f. 185, et dans le ms. latin 5456.

[86] Le texte original se trouve dans les Mélanges de Colbert, vol. 413, n° 10 ; copie du temps, avec la date du jour en blanc, dans Pièces originales, 1233 : FRANCE, n° 38. Charles VII donna ses lettres de ratification le 23 février. Lacomblet, Urkunde Buch für die Geschichte der Nlederrhein, t. IV, p. 307.

[87] Lettres de Charles VII données à Nancy le 23 février 1445. Original, ms. fr.20587, n° 40. Publié par d’Achery, Spicilegium, éd. in-4°, t. IV, p. 318 ; éd. in-fol., t. III, p. 765 ; Leibniz, Codex juris gentium, p. 376 ; Du Mont, Corps diplomatique, t. III, part, I, p. 127. — Frédéric, duc de Saxe, donna ses lettres de ratification à Liebitz le 13 mars suivant. Original, ms. fr. 20587, n° 41 ; copie de 1446, sur papier, dans Fontanieu, 119-120. Les lettres du duc Frédéric contiennent la réserve suivante : Item subditos dicti domini Regis qui nobis minime subjiciuntur, prêter Philippum ducem Burgunde imodernum et ejus heredes illisque in nostrum prejudirium quomodo libet adhérentes, assistentes et faventes, quos hic expresse excipimus pro amicis. — Dareste, dans son Histoire de France (t. III, p. 157), dit que Charles VII fit aussi des traités avec le marquis de Misnie et les burgraves d'Oldenbourg et de Magdebourg ; il doit avoir confondu les alliés du Roi avec les seigneurs et autres personnages exceptés dans les traités par certains des princes contractants.

[88] Original, Bibl. nat. Moreau, 1425, f. 149 ; copie moderne, ms. latin 5450 ; fragment dans Le Grand, vol. VI, f. 225 ; texte édité par Tuetey, les Écorcheurs, etc., t. II, p. 107-110. — Charles VII donna ses lettres de ratification le 23 mai suivant. Texte dans Lacomblet, t. IV, p. 324.

[89] Voir notre t. III, chapitre XII.

[90] C'est ce qui résulte de curieuses lettres de l'envoyé Saxon, en date des 14 15, 23 février et 4 mars 1445, dont nous avons fait prendre copie aux archives de Dresde (Wittenberg Archiv, Französische Sachen, f. 8 et suivants). — On voit pourtant, d'après les actes cités plus haut, que le traité d'alliance avec l'électeur de Saxe fut ratifié le 13 mars suivant.

[91] On lit à ce propos dans la lettre d'Engelhard du 14 février : Item in disser sune und eynung haben die obgenannten Fursten die Stadt Mecz nicht mügen brengen ; die steht yezt in teydingen, und man versicht sich genczlich sie werde sich mit der Cronen von Frangkrich umbe eyn gross summa Geldes vertragen und ydoch hey dem Reich aliben.

[92] Le document dit le conte Pallatin et son frère. Il s'agit bien ici du comte Palatin Louis, et non de son cousin germain Louis le Noir, comte de Deux-Ponts, qui avait pour frère Robert, évêque de Strasbourg. Comme l'a supposé M. Tuetey (t. II, p. 136), la confusion résulte du mot frère, employé dans le document.

[93] Instructions du 24 février 1445. Original à la Bibliothèque de l'Institut, Portefeuille 96 de Godefroy, éd. par Tuetey, t. II, p. 131. — Nous avons une lettre adressée peu après (12 mars) par Charles VII à son très cher et très amé fils Sigismond ; elle est relative à un fait particulier et n'a aucune importance politique. Archives de Vienne, communication de M. d'Herbomez. Cette lettre a été publiée par Chmel, Geschichte Friedrich IV, t. II, p. 762, mais avec la date fautive de 1450.

[94] Ces détails sont consignés dans la Réplique au roi des Romains (Tuetey, t. II, p. 140). Henri Engelhard, dans une lettre datée de Mayence, 24 février (Archives de Dresde, l. c.), dit que l'évêque d'Augsbourg et le margrave de Bade, ainsi que les députés des princes et des villes, attendirent vainement sans qu'aucun message soit venu de la part des Français ; il attribue cette absence à la conclusion du traité signé le 13 février. Les envoyés du comte Palatin firent part des arrangements conclus, du consentement de toute la noblesse, ainsi que des villes de Strasbourg, Spire, Haguenau. Schlestadt, etc., en considération du peu de secours qu'on leur avait prêté.

[95] Lettre de Henri Engelhardt, datée de Boppart le 4 mars. Archives de Dresde.

[96] Remontrances présentées à Boppart ; rapport des ambassadeurs. Du Puy, 760, f. 106 ; Le Grand, 8, f. 240, et 7, f. 110. Éd. par Tuetey, t. II, p 138.

[97] Ces détails nous sont fournis par les documents ci-dessus et par les instructions de Charles VII à ses envoyés à la diète de Nuremberg, en date du 24 janvier 1447, publiées partiellement par Tuetey, I. II, p. 150 et suivantes.

[98] Instruction pour ceulx qui iront devers le joesne marquis de Baude, etc. Original, Le Grand, vol. IV, f. 6. Ce document a été publié par M. Tuetey, t. II, p. 113 et suivantes. Mais M. Tuetey a lu : Le Joque, marquis de Baude, et partout il a substitué le mot Joque au mot joesne ; cela lui fait commettre une fausse attribution. Il ne s'agit pas ici de Jacques, margrave de Bade, mais de son fils Charles, et ainsi s'explique le passage de la lettre du Roi : A notre tres cher et amez cousin Charles, jeune marquis de Baude, où l'éditeur a cru trouver (p. 120 note) une faute de lecture.

[99] Lettre de Charles VII au margrave Charles, en date du 4 avril ; instructions à Henri Bayer et à Jacquemin de Bussieres, envoyés au jeune margrave. Le Grand, vol. IV, f. 6, et vol. VI, f. 227. Cf. Tuetey, t. II, p. 120 et 113.

[100] Lettre du 23 avril. Le Grand, vol. VI, f. 227; Tuetey, t. II, p. 122.

[101] Lettre du 13 avril 1445. Le Grand, vol. VI, f. 228.

[102] Nous avons toute une série de lettres sans date, dans le ms latin 5114A, qui se rapportent à cette ambassade à la diète de Francfort. L'une d'elles porte cette mention : Datum Cayurne. La lettre à Frédéric III, citée plus bas, porte : Datum Caynone. Il faut évidemment écarter Chinon, d'où Charles VII partit au mois d'auùt 1443 pour n'y revenir qu'au 26 novembre 1445. Ne serait-ce pas de Keures, actuellement Koeur (canton de Pierrefite, Meuse) que ces lettres sont datées ? L'itinéraire de Charles VII nous montre qu'il était le 13 mai à Keures-les-Saint-Mihiel, et le 23 mai à Saint-Mihiel. Quoi qu'il en soit, nous avons ici une lettre au duc de Saxe (f. 77 v°), une au comte... (Palatin ?) (f. 73 v°), une à l'archevêque de Cologne (f. 73 v°).

[103] Ms. latin 54144, f. 72 v°, éd. Spicilegium, t. VII, p. 561, et Leibniz, l. c., p. 266. — Les ambassadeurs accrédités prés de Frédéric étaient le seigneur de Fenestrange et Henri Bayer, les mêmes qui venaient d'être envoyés au jeune margrave de Bade.

[104] Ms. latin 54144, f. 72 v°. — Mention des mêmes ambassadeurs. Il faut remarquer que c'était plutôt aux conseillers du prince que le Roi s'adressait, car le jeune Ladislas, fils posthume du roi des Romains Albert, était né en 1439.

[105] Ces envoyés étaient Guillaume Huerin, archidiacre de Metz ; Jean, seigneur de Fenestrange, et Werner de Fléville.

[106] Copie du temps, ms. fr. 5042, f. 41, éd. par Tuetey, t. II, p. 144-149.

[107] Réponse de l'électeur de Trêves au Roi, en date du mois de mars 1447, dans Tuetey, t. II, p. 160.

[108] Voir Jäger, Der Streit der Tiroler Lansdschaft mit K. Friedrich III, p. 128 et suivantes.