VIE DE JEANNE D’ARC

Tome II

APPENDICES.

 

 

LETTRE DU DOCTEUR G. DUMAS.

MON CHER MAÎTRE,

Vous me demandez mon opinion médicale sur le cas de Jeanne d’Arc. Si j’avais pu l’examiner à loisir, comme les docteurs Tiphaine et Delachambre, qui furent appelés par le tribunal de Rouen, peut-être aurais-je été embarrassé pour me prononcer, à plus forte raison le suis-je pour vous donner un diagnostic rétrospectif fondé sur des interrogatoires où les juges recherchaient tout autre chose que des tares nerveuses. Cependant comme ils appelaient influence du diable ce que nous appelons aujourd’hui maladie, toutes leurs questions ne sont pas absolument vaines pour nous et je vais essayer, avec beaucoup de réserves, de vous répondre.

De l’hérédité de Jeanne nous ne savons rien, et de ses antécédents personnels nous ignorons presque tout. Jean d’Aulon raconte seulement[1], sur la foi de plusieurs femmes, qu’elle n’aurait jamais été formée, ce qui indique une insuffisance de développement physique que l’on rencontre chez beaucoup de névropathes.

On n’en pourrait toutefois rien conclure touchant l’état nerveux de Jeanne, si ses juges, et en particulier maître Jean Beaupère, dans les nombreux interrogatoires qu’ils lui font subir, ne nous avaient procuré au sujet de ses hallucinations, quelques renseignements utiles.

Maître Beaupère s’enquiert d’abord très judicieusement si Jeanne avait jeûné la veille du jour où elle entendit ses voix pour la première fois, ce qui prouve que ce professeur insigne de théologie n’ignorait pas l’influence que l’inanition exerce sur les hallucinations et voulait, avant de conclure à la sorcellerie, être bien sûr qu’il n’allait pas condamner une malade. De même nous verrons plus tard sainte Thérèse, soupçonnant que le jeune était la seule cause des prétendues visions d’une religieuse, l’obliger à manger et la guérir.

Jeanne répond qu’elle était à jeun depuis le matin seulement, et maître Beaupère continue :

D. — De quel côté entendiez-vous la voix ?

R. — J’entendais la voix à droite, vers l’église.

D. — La voix était-elle accompagnée d’une clarté ?

R. — Rarement je l’entends sans clarté. Cette clarté se manifeste du même côté par où j’entends la voix[2].

On pourrait se demander si par l’expression à droite (a latere dextro) Jeanne a voulu désigner son côté droit ou bien l’orientation de l’église par rapport à elle, et, dans ce dernier cas, le renseignement serait sans intérêt au point de vue clinique, mais le contexte ne laisse aucun doute sur le sens véritable de ses paroles.

— Comment pouvez-vous, objecte Jean Beaupère, voir cette clarté que vous dites se manifester, si cette clarté est à droite ?

S’il s’était agi simplement de la situation de l’église et non du côté droit de Jeanne, elle n’aurait eu qu’à tourner la tête pour avoir la clarté en face, et l’objection de Jean Beaupère ne se comprendrait pas.

Jeanne paraît donc avoir eu, vers l’âge de treize ans, à l’époque de la puberté qui ne venait pas pour elle, des hallucinations unilatérales droites de la vue et de l’ouïe ; or Charcot considérait que les hallucinations unilatérales de la vue étaient fréquentes dans l’hystérie[3]. Il pensait même qu’elles s’allient toujours chez les hystériques à une hémianesthésie qui siège du même côté du corps et qui, dans l’espèce, eût siégé à droite. Peut-être le procès de Jeanne nous eût-il révélé cette hémianesthésie, stigmate très important pour le diagnostic de l’hystérie, si les juges avaient appliqué la torture ou simplement recherché sur la peau les plaques d’anesthésie qu’on appelait alors les marques du diable ; mais de l’examen oral auquel ils se livrèrent on ne peut tirer que des inférences sur l’état physique de Jeanne. Je dois ajouter, pour infirmer ce que ces inférences peuvent encore avoir d’excessif, que les neurologistes contemporains attachent moins d’importance que Charcot aux hallucinations unilatérales de la vue dans le diagnostic de l’hystérie.

Les autres caractères que les interrogatoires révèlent dans les hallucinations de Jeanne ne sont pas moins intéressants que les précédents, bien qu’ils ne prêtent pas non plus à des conclusions certaines.

C’est de la pensée obscure et inconsciente que sortent brusquement les visions et les voix avec ce caractère d’extériorité qui distingue si particulièrement les hallucinations hystériques. Jeanne est si peu préparée par sa pensée claire à entendre ses voix, elle les attend si peu qu’elle déclare avoir eu grand’peur la première fois : J’avais treize ans quand j’eus une voix venant de Dieu pour m’aider à nie bien conduire. Et la première fois, j’eus grand’peur. Cette voix me vint vers l’heure de midi, c’était l’été, dans le jardin de mon père[4].

Et tout de suite la voix devient impérative ; elle demande une obéissance qu’on ne lui refuse pas : Elle me disait : Va en France, et je ne pouvais plus tenir oit j’étais[5].

Ses visions se manifestent de la même façon ; elles ont la nième extériorité et elles s’imposent avec la même nécessité à la confiance de la jeune fille.

Enfin ces hallucinations de l’ouïe et de la vue s’associent de bonne heure avec des hallucinations de l’odorat et du toucher qui présentent le même caractère et confirment chez Jeanne la certitude absolue de leur réalité.

D. — En quelle partie avez-vous touché sainte Catherine ?

R. — Vous n’en aurez autre chose.

D. — Avez-vous baisé ou accolé sainte Catherine ou sainte Marguerite ?

R. — Je les ai accolées toutes les deux.

D. — Fleuraient-elles bon ?

R. — Ils est bon à savoir qu’elles fleuraient bon.

D. — En les accolant, sentiez-vous chaleur ou autre chose ?

R. — Je ne pouvais les accoler sans les sentir et les toucher[6].

C’est d’ailleurs à cause de cette extériorité, de cette réalité si marquée que les hallucinations hystériques laissent dans l’esprit des traces profondes et ineffaçables ; les sujets en parlent comme de faits réels qui les ont vivement frappés, et quand ils se font accusateurs, comme tant de femmes qui se prétendent victimes d’attentats imaginaires. ils soutiennent leurs accusations avec la dernière énergie.

Non seulement Jeanne voit, entend, flaire et touche ses saintes, mais elle se mêle à des cortèges d’anges dont elles font partie, accomplit en cette compagnie des actes réels, comme si ses hallucinations et sa vie étaient complètement fondues.

— J’étais dans mon logis, en la maison d’une bonne femme, près du château de Chinon, quand l’ange vint. Et alors lui et moi, allâmes ensemble vers le roi.

D. — Cet ange était-il seul ?

R. — Cet ange avait bonne compagnie d’autres anges[7]. Ils étaient avec lui mais chacun ne les voyait pas..... Quelques-uns s’entre-ressemblaient bien ; d’autres, non, en la manière où je les voyais. Aucuns avaient des ailes. Il y en avait mène de couronnés, et en la compagnie étaient sainte Catherine et sainte Marguerite.

Elles furent, avec l’ange susdit, et les autres anges aussi, jusque dedans la chambre du roi.

D. — Dites-nous comment l’ange vous quitta.

R. — Il me quitta clans une petite chapelle et je fus bien fâchée de son départ et même je pleurai. Volontiers je m’en fusse allée avec lui ; je veux dire mon âme[8].

Il y a dans toutes ces hallucinations la même netteté objective, la même certitude subjective, que dans les hallucinations toxiques de l’alcool, et cette netteté, cette certitude peuvent bien, dans le cas de Jeanne, faire penser encore à l’hystérie. Mais si Jeanne se rapproche des hystériques par certains traits, elle s’en éloigne par d’autres.

De bonne heure elle paraît être arrivée à disposer, par rapport à ses voix et à ses visions, d’une indépendance et d’une autorité relatives.

Sans douter jamais de leur réalité, elle leur résiste et leur désobéit à l’occasion, lorsque, par exemple, elle saute, malgré sainte Catherine, de la tour de Beaurevoir où elle est prisonnière : Sainte Catherine me disait presque chaque jour de ne pas sauter, et que Dieu me viendrait en aide et aussi à ceux de Compiègne. Et moi je dis à sainte Catherine : Puisque Dieu sera en aide à ceux de Compiègne, je veux être là[9].

D’autre part, elle finit par prendre sur ses visions assez d’autorité pour faire venir les deux saintes à son gré lorsqu’elles ne viennent pas d’elles-mêmes.

D. — Appelez-vous ces saintes, ou viennent-elles sans appeler ?

R. — Elles viennent souvent sans les appeler, et d’autres fois, si elles ne venaient pas, je requerrais Dieu promptement pour qu’il les envoyât[10].

Tout ceci n’est plus dans la manière classique des hystériques, en général assez passives par rapport à leur névrose et à leurs hallucinations ; c’est un trait de caractère que j’ai noté chez bien des mystiques supérieures qui furent en même temps des hystériques notoires ; les sujets de ce genre, après avoir d’abord subi leur hystérie passivement, s’en servent ensuite plus qu’ils ne la subissent, et finalement en tirent parti pour réaliser par leurs extases l’union divine qu’ils cherchent.

Et ce trait nous permet, si Jeanne fut hystérique, d’indiquer le rôle que sa névrose a pu jouer clans le développement de son caractère et dans sa vie.

Si l’hystérie est intervenue chez elle, ce n’a été que pour permettre aux sentiments les plus secrets de son cœur de s’objectiver sous forme de visions et de voix célestes ; elle a été la porte ouverte par laquelle le divin — ou ce que Jeanne jugeait tel — est entré dans sa vie ; elle a fortifié sa foi, consacré sa mission, mais par son intelligence, par sa volonté Jeanne reste saine et droite, et c’est à peine si la pathologie nerveuse éclaire faiblement une partie de cette âme que votre livre fait revivre tout entière.

Je vous prie d’agréer, mon cher Maître, l’expression de ma respectueuse admiration.

Dr G. DUMAS.

 

LE MARÉCHAL DE SALON

Vers la fin du XVIIe siècle, vivait à Salon-en-Crau, près Aix, un maréchal ferrant, nommé François Michel, d’honnête famille, qui avait servi dans le régiment de cavalerie du chevalier de Grignan, et était tenu pour homme sensé, probe et accomplissant ses devoirs religieux. Il touchait à ses quarante ans, quand, au mois de février 1697, il eut une vision.

Rentrant le soir au logis, il vit un spectre tenant à la main un flambeau. Ce spectre lui dit :

— Ne crains rien. Va à Paris pour parler au roi. Si tu n’obéis pas à cet ordre, tu mourras. Lorsque tu seras à une lieue de Versailles je te marquerai, sans faute, les choses dont tu devras entretenir Sa Majesté. Adresse-toi à l’intendant de la province, qui donnera les ordres nécessaires pour ton voyage.

La figure qui parlait ainsi était en forme de femme, portant la couronne royale et le manteau sensé de fleurs de lis d’or, comme la feue reine Marie-Thérèse, morte saintement depuis déjà quatorze ans révolus.

Le pauvre maréchal eut grand’peur, et tomba au pied d’un arbre, ne sachant s’il rêvait ou s’il veillait ; puis il regagna sa maison et ne parla à personne de ce qu’il avait vu.

A deux jours de la, passant au même endroit, il revit le spectre qui lui réitéra les ordres et les menaces. Le maréchal ne douta plus de la vérité de ce qu’il voyait ; mais il ne savait encore à quoi se résoudre.

Une troisième apparition, plus pressante et plus impérieuse, le disposa à l’obéissance. Il alla trouver à Aix l’intendant de la province, le vit et lui conta comment il avait reçu mission d’aller parler au roi. L’intendant ne lui donna pas d’abord grande attention ; mais, pressé par le doux entêtement de cet illuminé, et songeant, d’ailleurs, que l’affaire n’était pas tout à fait négligeable, puisqu’il s’agissait de la personne du roi, il s’informa, auprès des magistrats de Salon, de la famille et de la conduite du maréchal. Les renseignements furent très bons. Dans ce cas, il convenait de donner suite à l’affaire. On n’était pas bien sûr, en ce temps-là, que des avis utiles au Roi très chrétien ne pussent être envoyés au moyen d’un simple artisan par quelque membre de l’Église triomphante ; on était bien moins sûr encore qu’il n’y eût pas, sous couleur d’apparition, quelque complot dont la connaissance intéressât la sûreté de l’État. Dans les deux cas, dont le second assez probable, le parti le plus sage était d’envoyer François Michel à Versailles ; c’est à quoi se décida l’intendant.

Il prit, pour faire voyager François Michel, un moyen sûr et peu coûteux. Il le remit à un officier qui conduisait des recrues. Après avoir fait ses dévotions chez les capucins, qu’il édifia par sa bonne tenue, le maréchal ferrant partit le 25 février avec les jeunes soldats de Sa Majesté, qu’il ne quitta qu’à la Ferté-sous-Jouarre. Arrivé à Versailles, il demanda à voir le roi, ou tout au moins un ministre d’État. On l’envoya à M. de Barbezieux qui, tout jeune, avait succédé à M. de Louvois son père, et avait montré quelques talents. Mais le bon homme refusa de lui rien dire, pour cette raison qu’il ne parlerait qu’à un ministre d’État.

Et, de fait, Barbezieux, qui était ministre, n’était pas ministre d’État. On fut surpris qu’un maréchal de Provence en eût fait la distinction.

M. de Barbezieux ne méprisa pas, sans doute, ce compatriote de Nostradamus autant qu’un esprit plus libre l’eut fait à sa place. Il était, comme son père, adonné aux pratiques de l’astrologie judiciaire et il consultait, sans cesse, sur son horoscope, un cordelier qui lui avait prédit l’époque de sa mort.

On ne sait s’il fit un rapport favorable au roi, ni si le maréchal ferrant fut reçu ensuite par M. de Pomponne de qui relevaient les affaires de Provence. Mais, ce qui est certain, c’est que Louis XIV consentit à voir le pauvre homme. Il le fit monter par les degrés qui aboutissent à la cour de marbre et l’entretint longuement dans ses cabinets.

Le lendemain, descendant par ce même petit escalier pour aller à la chasse, le roi rencontra le maréchal de Duras qui tenait, ce jour-là, le bâton de capitaine des gardes du corps, et qui lui parla du ferreur de chevaux avec sa liberté ordinaire. Usant d’une façon proverbiale de langage

— Ou cet homme-là est fou, dit-il, ou le roi n’est pas noble.

A ce mot, le roi s’arrêta, contre son habitude, et se tourna vers le maréchal de Duras :

— Je ne suis donc pas noble, répondit-il, car je l’ai entretenu longtemps et il m’a parlé de fort bon sens ; je vous assure qu’il est loin d’être fou.

II prononça ces derniers mots avec une gravité appuyée qui surprit l’assistance.

C’est l’usage que de tels illuminés apportent un signe de leur mission. Dans une seconde entrevue, François Michel donna un signe au roi, conformément à la promesse qu’il lui en avait faite. Il lui rappela une rencontre extraordinaire que le fils d’Anne d’Autriche se croyait seul à connaître. Oit en recueillit, dit-on, l’aveu sur la bouche de Louis XIV, qui pourtant bardait sur toute cette affaire un silence profond.

Saint-Simon, attentif à recueillir tous les bruits des petits cabinets, crut savoir qu’il s’agissait d’un fantôme qui, plus de vingt ans auparavant, avait apparu à Louis XIV dans la forêt de Saint-Germain.

Le roi reçut une troisième et dernière fois le maréchal de Salon.

Ce visionnaire inspirait une telle curiosité aux courtisans, qu’il fallut le tenir enfermé dans le couvent des Récollets, où la petite princesse de Savoie, qui devait bientôt épouser le duc de Bourgogne, l’alla voir avec plusieurs daines et seigneurs de la Cour.

Il se montrait bon homme, simple, ne s’enorgueillissait point et parlait peu. Le roi lui fit donner un bon cheval, des hardes, quelque argent et le renvoya en Provence.

Il y avait dans le public de brandes incertitudes sur l’apparition qui était venue au maréchal et sur la mission qu’il en avait reçue. L’opinion la plus répandue était qu’il avait vu l’âme de Marie-Thérèse ; mais quelques-uns prétendaient que c’était celle de Nostradamus.

Cet astrologue n’avait pas de crédit qu’à Salon, où il reposait dans l’église des Cordeliers. Ses centuries, plus de dix fois réimprimées dans le cours d’un siècle, à Paris et à Lyon, amusaient, par tout le royaume, la crédulité populaire, et l’on venait de publier en 1693 une concordance des prophéties de Nostradamus avec l’histoire, depuis Henri II jusqu’à Louis le Grand.

On en vint à croire que le maréchal de Salon avait été annoncé par l’astrologue dans ce quatrain mystérieux :

Le penultiesme du surnom du Prophète,

Prendra Diane pour son jour et repos :

Loing vaguera par frénétique teste,

En délivrant un grand peuple d’impos.

On essaya d’expliquer, en faveur du pauvre illuminé de Salon, cette poésie obscure. On voulut qu’il fût désigné dans le premier vers, l’un des douze petits prophètes s’appelant Micheas ou Michée, ce qui s’approche de Michel. A l’endroit du second vers, on fit remarquer que la mère du maréchal ferrant se nommait Diane, tandis que ce vers, si tant est qu’il ait un sens, offre plus naturellement l’idée du jour de la lune, c’est-à-dire du lundi. On prit soin de marquer que, au troisième vers, frénétique veut dire non point insensé, mais inspiré. Le quatrième vers, seul intelligible, fit penser que le spectre avait donné au maréchal mission de réclamer du roi l’allégement des impôts et des tailles qui pesaient alors d’un poids inique sur les bonnes gens des villes et des campagnes :

En délivrant un grand peuple d’impos.

C’en fut assez pour rendre le bonhomme populaire, et pour que les malheureux missent sur cette grosse tête, gonflée de vent, l’espérance d’un meilleur avenir. On grava son portrait en taille-douce, et l’on inscrivit au-dessous le quatrain de Nostradamus. M. d’Argenson, lieutenant de police, fit saisir ces images. On les supprima peut-être, dit la Gazette d’Amsterdam, à cause du dernier vers de la centurie mise au bas du portrait : En délivrant un grand peuple d’impôts, ces sortes d’expressions n’étant en aucune manière du goût de la Cour.

On ne sut jamais exactement quelle mission le spectre avait donnée au maréchal. Les gens d’esprit flairaient une intrigue de madame de Maintenon, qui avait une amie à Marseille, madame Arnoul, laide comme le péché, disait-on, et qui se faisait aimer de tous les hommes. Ils pensaient que cette madame Arnoul avait montré Marie-Thérèse au bonhomme de Salon pour induire le roi à vivre honnêtement avec la veuve Scarron. Mais en 1697 la veuve Scarron avait épousé Louis, depuis au moins douze ans, et l’on ne voit point qu’elle eût besoin de spectres pour s’attacher le vieux roi.

De retour dans sa ville natale, François Michel y ferra les chevaux comme devant.

Il mourut à Lançon, proche Salon, le 10 décembre 1726[11].

 

MARTIN DE GALLARDON

Ignace-Thomas Martin, natif de Gallardon (Eure-et-Loir), y vivait au commencement de XIXe siècle avec sa femme et ses quatre enfants. Il était cultivateur de son état. Ceux qui l’ont connu nous le représentent de taille moyenne, les cheveux bruns et plats, la face maigre, l’œil calme, avec un air de quiétude et d’assurance. Un portrait au crayon, que M. le docteur Martin, son fils, a bien voulu me communiquer, permet de se figurer le visionnaire avec plus d’exactitude. Ce portrait, où Thomas Martin est représenté de profil, fait voir un front étrangement haut et droit, une tête étroite et longue, un œil rond, des narines ouvertes, une bouche serrée, un menton avancé, des joues creuses, un air d’austérité ; le col, la cravate blanche, l’habit d’un bourgeois.

C’était, au témoignage de son frère, un homme sain de corps et d’esprit, l’âme la plus douce, qui ne cherchait point à se faire remarquer, et dont la piété régulière n’avait jamais eu rien d’exalté. Le maire et le curé de Gallardon confirmèrent ce dire et s’accordèrent à le représenter bon homme, de mœurs simples, d’esprit rassis, un peu court.

Il avait trente-trois ans en 1816. Le 15 janvier de cette année, étant seul dans son champ, où il étendait du fumier, il entendit à son oreille une voix qu’aucun bruit de pas n’avait précédée. Alors, il tourna la tête du côté de la voix et vit une figure qui lui fit peur. C’était celle d’un être dont la taille, comparée a celle des hommes, semblait médiocre, mais dont le visage, très mince, éblouissait par sa blancheur surnaturelle. Coiffé d’un chapeau de haute forme, il portait une redingote blonde et était chaussé de souliers à cordons.

Il disait avec douceur :

— Il faut que vous alliez trouver le roi et que vous l’avertissiez que sa personne est en danger, que des méchants cherchent à renverser le gouvernement.

Il ajouta des recommandations à l’adresse de Louis XVIII sur la nécessité d’instituer une bonne police, de sanctifier le dimanche, d’ordonner des prières publiques et de réprimer les désordres du carnaval. Faute de quoi, ajouta-t-il, la France tombera dans les plus grands malheurs. Rien, en somme, que M. La Perruque, curé de Gallardon, n’eût dit cent fois, sans doute, le dimanche, en chaire.

Martin répondit :

— Puisque vous en savez si long, pourquoi n’allez-vous pas faire votre commission vous-même ? Pourquoi vous adressez-vous à un pauvre homme comme moi qui ne sait pas s’expliquer ?

L’inconnu répondit à Martin :

— Ce n’est pas moi qui irai, ce sera vous, et faites ce que je vous commande.

Aussitôt qu’il eut prononcé ces paroles, ses pieds s’élevèrent du sol, son buste s’abaissa et il disparut en achevant ce double mouvement.

A compter de ce jour, Martin fut hanté par l’être mystérieux. Une fois, étant descendu dans sa cave, il l’y trouva. Une autre fois, pendant les vêpres, il le vit dans l’église, près, du bénitier, en une dévote attitude. Après la cérémonie, l’inconnu accompagna Martin, qui regagnait sa maison avec des gens de sa famille, et il lui renouvela l’ordre d’aller trouver le roi. Martin avertit ses parents, mais ceux-ci ne purent rien voir ni rien entendre.

Tourmenté par ces apparitions, Martin en instruisit M. La Perruque, son curé, qui, assuré de la bonne foi de son paroissien et estimant que le cas devait être soumis à l’autorité diocésaine, envoya le visionnaire à l’évêque de Versailles. C’était alors un ancien prêtre assermenté, M. Louis Charrier de la Roche. Il résolut de soumettre Martin à un examen complet et lui prescrivit tout d’abord de demander de sa part à l’inconnu comment il se nommait, qui il était et qui l’envoyait.

Mais le messager à la redingote blonde, s’étant manifesté de nouveau, déclara que son nom resterait inconnu.

— Je viens, ajouta-t-il de la part de celui qui m’a envoyé, et celui qui m’a envoyé est au-dessus de moi.

S’il ne voulait pas se nommer, il faisait connaître du moins ses sentiments, et le chagrin qu’il témoigna de l’évasion de La Valette prouvait qu’il était, en politique, un ultra de l’espèce la plus féroce.

Cependant, le comte de Breteuil, préfet d’Eure-et-Loir, prévenu en même temps que l’évêque, interrogea de son côté Martin. Il s’attendait à voir un agité, et quand il trouva devant lui un homme tranquille, parlant avec simplicité, mettant de la suite et de l’exactitude dans ses propos, sa surprise fut grande.

Il jugea, comme M. l’abbé La Perruque, qu’il y avait lieu d’en référer aux autorités supérieures, et il envoya Martin au ministre de la police générale, sous la conduite d’un lieutenant de gendarmerie.

Arrivé à Paris le 8 mars, Martin logea avec le gendarme à l’hôtel de Calais, dans la rue Montmartre. Ils y occupaient une chambre à deux lits. Un matin, Martin, étant couché, eut une apparition dont il prévint le lieutenant André, qui ne put rien voir, bien qu’il fît grand jour. Au reste, Martin avait des visions si fréquentes qu’il n’en concevait plus ni surprise ni trouble. Il n’y avait que la disparition subite de l’inconnu à laquelle il ne pouvait s’habituer. La voix donnait constamment les mêmes ordres. Un jour elle dit que, si les commandements qu’elle portait, n’étaient point entendus, la France n’aurait plus de paix jusqu’à l’année 1840.

Le ministre de la police générale était, en 1816, le comte Decazes (qui fut fait duc un peu plus tard). Il avait la confiance du roi ; mais il savait que les ultras ourdissaient contre lui des complots. Il voulut voir le bonhomme de Gallardon, clans le soupçon, -sans doute, que cet innocent était aux mains de royalistes fanatiques. Il le fit venir, l’interrogea et vit tout de suite que le pauvre homme n’était pas dangereux. Il lui parla comme on doit parler aux fous, en entrant dans leur manie :

— Soyez tranquille, lui dit-il, l’homme qui vous tourmentait est arrêté et vous n’avez plus rien à craindre.

Mais ces paroles ne produisirent pas l’effet qu’on en pouvait attendre. Trois ou quatre heures après cette entrevue, Martin revit l’inconnu, qui, après avoir parlé comme de coutume, ajouta :

— C’est à tort qu’on vous a dit qu’on m’avait arrêté : celui qui vous a parlé n’a aucun pouvoir sur moi.

Il revint le dimanche 10 mars et fit ce jour-là une des communications que l’évêque de Versailles avait demandées et qu’il avait d’abord déclaré ne devoir jamais faire :

— Je suis, dit-il, l’archange Raphaël, ange très célèbre auprès de Dieu, et j’ai reçu le pouvoir de frapper la France de toutes sortes de plaies.

Trois jours après, Martin était enfermé à Charenton, sur le certificat du docteur Pinel, qui le reconnut atteint de manie intermittente avec aliénations des sens.

Il y fut traité de la manière la plus douce et put même y jouir des apparences de la liberté. C’est Pinel lui-même qui avait introduit ces habitudes d’humanité dans le traitement des fous. Le bienheureux Raphaël n’abandonna pas Martin à l’hôpital ; le vendredi 15, comme le paysan nouait les cordons de ses souliers, l’archange en redingote blonde lui adressa ces paroles :

— Place ta confiance en Dieu. Si la France persiste dans son incrédulité, les malheurs prédits arriveront. Au reste, si l’on doute de la vérité de tes visions, on n’a qu’à te faire examiner par des docteurs en théologie.

Martin rapporta ce discours à M. Legros, surveillant de la maison royale de Charenton, et lui demanda ce que c’était qu’un docteur en théologie. Il ignorait la signification de ce terme. Il avait de même, étant encore à Gallardon, demandé à M. le curé La Perruque le sens de certaines expressions que la voix employait. Il ne comprenait pas, par exemple, le délire de la France ni les maux auxquels elle serait en proie. Mais cette inintelligence, à la croire véritable, n’est pas pour nous troubler : Martin pouvait fort bien avoir retenu des mots qu’il n’entendait pas et qu’il prêtait ensuite à son archange sans les entendre davantage. Les visions se succédaient à courts intervalles. Le dimanche 31 mars, l’archange lui apparut dans le jardin, lui prit la main, qu’il serra affectueusement, entrouvrit son vêtement et montra une poitrine d’une blancheur si éclatante qu’on n’en pouvait soutenir la vue ; puis il ôta son chapeau :

— Vois mon front, dit-il, et fais attention qu’il ne porte pas le sceau de la réprobation dont les mauvais anges ont été marqués.

Louis XVIII, pensant comme, son ministre favori, que le laboureur de Gallardon était un instrument aux mains des partis violents, voulut le voir et l’interroger.

Le mardi 2 avril, Martin fut conduit aux Tuileries et introduit dans le cabinet du roi, où se trouvait M. Decazes. Dès que le roi vit le laboureur, il lui dit :

— Martin, je vous salue.

Puis il fit signe au ministre de se retirer. Martin répéta alors tout ce que l’archange lui avait révélé, puis, à l’en croire, il découvrit à Louis XVIII plusieurs circonstances secrètes des années d’exil et révéla des complots formés contre sa personne. Alors le roi, vivement ému, leva en pleurant les yeux et les mains vers le ciel et dit à Martin :

— Martin, voilà des choses qui ne doivent être connues que de vous et de moi.

Le visionnaire lui promit le secret le plus absolu.

Telle est, sur l’entrevue du 2 avril, la première version de Martin qui était alors un royaliste exalté par les prônes de M. La Perruque. Il faudrait mieux connaître ce curé, dont on sent l’inspiration dans toute cette affaire. Louis XVIII jugea comme M. Decazes que le pauvre homme était inoffensif et le renvoya à sa charrue.

Plus tard, les agents d’un de ces faux dauphins qui pullulaient sous la Restauration s’emparèrent de Martin et le firent divaguer à leur profit. Après la mort de Louis XVIII, sous l’influence de ces aventuriers, le pauvre homme, refaisant le récit de son entrevue avec le feu roi, y introduisit de prétendues révélations qui en changeaient absolument le caractère et qui transformaient le royaliste exalté de 1816 en un prophète accusateur, venant traiter le prince, dans son château, d’usurpateur et de régicide, lui défendant, au nom de Dieu, de se faire sacrer à Reims.

Je ne rapporterai pas ici de telles divagations. On les trouvera tout au long dans le livre de M. Paul Marin. J’aurais voulu qu’on y indiquât que ces inepties étaient soufflées au malheureux insensé par des partisans de Naundorf qui se faisait passer pour le duc de Normandie, échappé du Temple.

Thomas-Ignace Martin mourut à Chartres en 1831. On a prétendu, sans pouvoir l’établir, qu’il avait été empoisonné[12].

 

NOTE ICONOGRAPHIQUE

On ne trouve nulle part une image authentique de Jeanne. Nous tenons d’elle qu’elle vit à Arras, dans la main d’un Écossais, une peinture où elle était figurée un genou à terre et présentant une lettre à son roi, et que jamais elle ne fit faire ni ne connut autre image ou peinture à sa ressemblance. Ce portrait, sans doute fort petit, est malheureusement perdu et l’on n’en connaît point de réplique[13]. La figure exiguë tracée à la plume, sur un registre, le 10 mai 1429, par un greffier au parlement de Paris, qui n’avait jamais vu la Pucelle, doit être regardée comme l’innocent griffonnage d’un scribe inhabile à dessiner une lettrine[14]. Je me dispenserai de refaire l’iconographie de la Pucelle[15]. La statuette équestre, en bronze, du musée de Cluny, offre un effet si grotesque, qu’on le croirait produit à dessein, si l’on pouvait prêter une pareille intention à un vieil imagier. Elle date du règne de Charles VIII ; c’est un Saint-Georges ou un Saint-Maurice que, à une époque sans doute récente, on fit prendre pour ce qu’il n’était pas, en inscrivant au burin, entre les jambes de la malheureuse haridelle qui le porte, cette inscription : La pucelle dorlians, désignation inusitée au XVe siècle[16]. Le musée de Cluny exposait, vers 1875, une autre statuette, un peu plus grande, de bois peint, qu’on croyait être aussi du XVe siècle et représenter Jeanne d’Arc. On la cacha dans les magasins quand on sut que c’était un mauvais Saint-Maurice du XVIIe siècle, provenant d’une église de Montargis[17]. Il arrive souvent qu’on fasse d’un saint en armes une Jeanne d’Arc. C’est le cas encore pour une petite tête casquée du XVe siècle, qu’on trouva, dans la terre, à Orléans, détachée d’une statue et portant encore des traces de peinture, œuvre d’un bon style et d’une expression charmante[18]. Je n’ai pas le courage de signaler toutes les lettrines d’antiphonaires, toutes les miniatures du XVIe siècle, du XVIIe, du XVIIIe altérées et repeintes, qu’on donne pour d’authentiques et anciennes effigies de Jeanne. J’ai eu l’occasion d’en voir beaucoup[19]. J’aurais plaisir au contraire à rappeler, s’ils n’étaient si connus, quelques manuscrits du XVe siècle, qui, comme Le Champion des dames et les Vigiles de Charles VII, contiennent des miniatures où la Pucelle est figurée selon la fantaisie de l’enlumineur, et qui nous intéressent en ce qu’elles expriment la vision de ces hommes qui vécurent en même temps qu’elle, ou peu de temps après. Ce n’est pas leur talent qui nous touche ; ils n’en ont pas et ne font point songer à Jean Foucquet[20].

Du vivant de la Pucelle, et surtout pendant sa captivité, les Français suspendaient son image dans les églises[21]. On voudrait reconnaître un de ces tableaux votifs dans la petite peinture sur bois, du musée de Versailles, qui représente la Vierge avec l’enfant Jésus, ayant Saint-Michel à sa droite et Jeanne d’Arc à sa gauche[22]. C’est un ouvrage italien d’une extrême grossièreté. La tête de Jeanne, qui a disparu sous les coups d’un instrument dur et pointu, était d’un dessin exécrable à juger par les autres qui subsistent sur ce panneau. Les personnages portent tous quatre le nimbe orlé et perlé. A quoi certes les clercs de Paris et de Rouen eussent trouvé à redire ; et ; sans trop de sévérité, on pouvait accuser d’idolâtrie le peintre qui érigeait, à la gauche de la Vierge, en égale du prince des milices célestes, une créature appartenant à l’Église militante.

Debout, le chef, le cou et les épaules couverts d’une sorte de capeline fourrée à frange noires, gantée et chaussée de fer, ceinte, par-dessus sa huque rouge d’un ceinturon d’or, Jeanne est reconnaissable à son nom inscrit sur sa tête et aussi à la bannière blanche, semée de fleurs de lis, qu’elle élève de sa main droite, et à sa targe d’argent, découpée à l’allemande, où l’on voit une épée dont la pointe porte une couronne. Une inscription de trois lignes en français couvre les marches du trône sur lequel la vierge Marie est assise. Bien qu’elle soit aux trois quarts effacée et presque inintelligible, j’ai pu, avec l’aide de mon savant ami, M. Pierre de Nolhac, conservateur du musée de Versailles, en déchiffrer quelques mots qui donneraient à croire qu’il s’agit ici de prières et de vœux pour le salut de Jeanne, tombée aux mains de ses ennemis. Nous aurions donc sous les yeux un de ces ex-voto qui furent suspendus dans des églises de France pendant la captivité de la Pucelle. Ce nimbe au front d’une créature vivante et la place insolite occupée par Jeanne s’expliqueraient en ce cas assez facilement ; on pourrait croire que de bons Français approprièrent à leur dessein, sans y penser à mal, un tableau représentant originairement la vierge entre deux personnages de l’Église triomphante, et, au moyen de quelques retouches, firent de l’un de ces personnages la Pucelle de Dieu, faute de lui trouver, dans un si petit panneau, une place plus convenable à sa condition mortelle, comme, par exemple, celle que tenaient d’ordinaire, aux pieds de la vierge et des saints, les donateurs agenouillés ; cela expliquerait peut-être encore que Saint-Michel, la Vierge et la Pucelle portent leurs noms inscrits au-dessus d’eux. Sur la tête de la Pucelle on lit ane darc. Cette forme Darc, en 1430, est possible[23]. Dans la légende, au bas du trône, je discerne Jehane d’Arc, avec un d minuscule et un A majuscule à d’Arc, ce qui est bien étrange. Cette pièce m’en devient très suspecte.

La petite tapisserie à bestions du musée d’Orléans[24], qui représente la venue de Jeanne à Chinon au-devant du roi, provient d’un atelier allemand du Xe siècle. Grossière de tissu, barbare de dessin et peu variée de couleurs, elle témoigne d’un certain goût pour les ornements somptueux et aussi d’une grande indifférence pour la vérité littérale.

C’était aussi une œuvre allemande que cette peinture qu’on montrait à Ratisbonne en 1429 et sur laquelle était figurée la Pucelle combattant en France. Cette peinture est perdue[25].

 

 

 



[1] Procès, t. III, p. 219.

[2] Procès, t. I, p. 52 et passim.

[3] Progrès médical, 19 janvier 1878.

[4] Procès, t. I, p. 52.

[5] Ibid., t. I, p. 53.

[6] Ibid., t. I, p. 186.

[7] D’après la déposition de maître Pierre Maurice, au procès de condamnation (t. I, p. 480), Jeanne aurait aperçu les anges sous forme de certaines choses minimes (sub specie guarumdam rerum minimarum), et ç’a été aussi le caractère de quelques hallucinations de sainte Rose de Lima. (Vie de sainte Rose de Lima par le P. Léonard Hansen, p. 179.)

[8] Procès, t. I, p. 114.

[9] Procès, t. I, p. 110.

[10] Procès, t. I, p. 279 et passim.

[11] Gazette d’Amsterdam, mars-mai 1697. — Annales de la cour et de Paris (t. II, pp. 204, 219). — Theatrum Europœum (t. XV, pp. 359-360). — Mémoires de Sourches, t. V. pp. 260, 263. — Lettres de Madame Dunoyer (lettre XXVI). — Saint-Simon, Mémoires, éd. Régnier [Collection des Grands écrivains de la France], t. VI, pp. 222, 228, 231 ; appendice X, p. 545. — Mémoires du duc de Luynes, t. X, pp, 410, 412. — Abbé Proyart, Vie du duc de Bourgogne (éd. 1782), t. I, pp. 978, 981.

[12] Rapport adressé à S. Ex. le Ministre de la Police Générale sur l’état du nommé 1Martin, envoyé par son ordre à la maison royale de Charenton, le 13 mars 1816, par MM. Pinel, médecin en chef de l’hôpital de la Salpêtrière, et Royer-Collard, médecin en chef de la maison royale de Charenton, et l’un et l’autre professeurs à la faculté de médecine de Paris. A la fin : Paris, 6 mai 1816. 39 feuillets in-4°. ms. du cabinet de l’auteur. — Le capitaine Paul Marin, Thomas Martin de Gallardon. Les médecins et les thaumaturges du XIXe siècle, Paris, s. d. in-18. Mémoires de la comtesse Osmond de Boignes, éd. Charles Nicoullaud, Paris, 1907, t. III, pp. 355 et passim.

[13] Procès, t, I, pp. 100 et 292.

[14] Gravée sur bois, dans Wallon, Jeanne d’Arc, p. 93.

[15] E. de Bouteiller et G. de Braux, Notes iconographiques sur Jeanne d’Arc, Paris et Orléans, 1879, in-18 jésus.

[16] Gravée dans une brande quantité d’ouvrages et notamment dans le livre de E. de Bouteiller et G. de Braux, ci-dessus indiqué, en regard de la page 12.

[17] Gravée sur bois dans le livre ci-dessus indiqué, en regard de la page 8.

[18] Au musée d’Orléans ; elle a été gravée à l’eau-forte, par M. Georges Lavalley, dans la Jeanne d’Arc de M. Raoul Bergot, Tours, s. d., grand in-8°.

[19] Je signalerai seulement en ce genre la miniature reproduite en frontispice, dans le tome IV de La vraie Jeanne d’Arc, du P. Ayroles, Paris, 1898, grand in-8° et la miniature de la collection Spetz, reproduite dans la Jeanne d’Arc du chanoine Henry Debout, t. II, p. 103.

[20] Le Champion des Dames, ms. du XVe s. ; bibl. nat., f. fr. n° 841. — Martial d’Auvergne, ms. de la fin du XVe s., f. fr, n° 5.054. — Une initiale d’un ms. latin du XVe s., bibl. nat., n° 14.665.

[21] Procès, t. I, p. 100. — N. Valois, Un nouveau témoignage sur Jeanne d’arc, pp. 8, 13.

[22] Reproduit en chromo dans Wallon, Jeanne d’Arc.

[23] La forme Darc se trouve dans le procès de condamnation (Procès, t. I, p. 191, t. II, p. 82). Mais nous trouvons à côté les formes Dars (Pièce datée du 31 mars 1427), Day (lettres d’anoblissement), Daiz (communication que j’ai reçue de M. Pierre Champion), et Dais (Chronique de la Pucelle).

[24] Reproduite en chromo dans la Jeanne d’Arc de Wallon. — Cf. J. Quicherat, Histoire du costume en France depuis les temps les plus reculés jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, Paris, 1875, gr. in-8°, p. 271.

[25] Procès, t. V, p. 270.