VIE DE JEANNE D’ARC

Tome II

CHAPITRE XIII. — L’ABJURATION. - LA PREMIÈRE SENTENCE.

 

 

Les docteurs et maîtres réunis, le samedi 19 mai, dans la chapelle archiépiscopale de Rouen, au nombre de cinquante, s’associèrent unanimement aux délibérations de l’Université de Paris, et monseigneur de Beauvais décida qu’une nouvelle admonition charitable serait adressée à Jeanne[1]. En conséquence, le mercredi 23, l’évêque, le vicaire inquisiteur et le promoteur se rendirent dans une chambre du château, voisine de la prison de Jeanne ; ils étaient accompagnés de sept docteurs et maîtres, du seigneur évêque de Noyon et du seigneur évêque de Thérouanne[2]. Celui-là, frère de messire Jean de Luxembourg qui avait vendu la Pucelle, comptait parmi les premiers personnages du Grand Conseil d’Angleterre ; il était chancelier de France pour le roi Henri comme messire Regnault de Chartres l’était pour le roi Charles[3].

L’accusée fut introduite et maître Pierre Maurice, docteur en théologie, lui donna lecture des douze articles abrégés et commentés conformément aux délibérations de l’Université, le tout en manière de discours à elle adressé :

ARTICLE PREMIER.

Premièrement, Jeanne tu as dit qu’en l’âge de treize ans, ou environ, tu as eu révélations et apparitions d’anges et des saintes Catherine et Marguerite, que, tu les as vus fréquemment de tes yeux corporels, et qu’ils ont parlé à toi et qu’ils te parlent souvent et qu’ils t’ont dit beaucoup de choses que tu as pleinement déclarées dans ton procès.

Sur ce point, les clercs de l’Université de Paris et autres ayant considéré les modes de ces révélations et apparitions, leur fin, la substance des choses révélées, et la condition de ta personne, et considéré tout ce qu’il y avait lieu de considérer, disent que ce sont fictions mensongères, séduisantes et périlleuses, ou que des révélations et apparitions de cette sorte sont superstitieuses, procédant d’esprits malins et diaboliques.

ARTICLE 2.

Item, tu as dit que ton roi eut signe par quoi il connut que tu étais envoyée de Dieu, à savoir que saint Michel, accompagné d’une multitude d’anges, dont certains avaient des ailes, d’autres des couronnes et avec lesquels étaient les saintes Catherine et Marguerite, vint à toi en la ville de Château-Chinon ; et que tous ceux-là entrèrent avec toi par l’escalier du château, dans la chambre de ton roi devant qui s’inclina un ange qui portait une couronne. Et une fois, tu as dit que cette couronne que tu appelles signe, fut remise à l’archevêque de Reims qui la remit à ton roi, en présence d’une multitude de princes et de seigneurs que tu as nommés.

Et quant à cela, lesdits clercs disent que ce n’est pas vraisemblable, mais que c’est mensonge présomptueux, séduisant, pernicieux, une chose feinte et attentatoire à la dignité des anges.

ARTICLE 3.

Item, tu as dit que tu connaissais les anges et les saintes par bon conseil, confort et doctrine qu’ils te donnaient et par ce qu’ils se nommèrent à toi et que les saintes te saluèrent. Tu croyais aussi que ce fut saint Michel qui t’apparut et que leurs faits et dits sont bons, aussi fermement que tu crois la foi du Christ.

Quant à cela, les clercs disent que ce ne sont pas signes suffisants pour connaître lesdits saints et anges, et que tu as cru légèrement et témérairement affirmé, et que en outre, pour ce qui est de la comparaison que tu fais de croire aussi fermement, etc., tu erres dans la foi.

ARTICLE 4.

Item, tu as dit que tu es assurée de certaines choses à venir, que tu as su des choses cachées, que tu as pareillement reconnu des hommes que tu n’avais jamais vus auparavant, et cela par les voix des saintes Catherine et Marguerite.

Et quant à cela, les clercs disent que, en ces dits, est superstition, divination, présomptueuse assertion et vaine jactance.

ARTICLE 5.

Item, tu as dit que du commandement de Dieu et de son bon plaisir tu as porté et portes encore habit d’homme et, parce que tu as commandement de Dieu de porter cet habit, tu as pris tunique courte, gippon, chausses liées à maintes aiguillettes ; tu portes même les cheveux coupés en rond au-dessus des oreilles, sans rien garder sur toi de ce qui prouve et dénote le sexe féminin, excepté ce que nature t’a donné ; et souvent tu as reçu en cet habit le sacrement de l’Eucharistie, et bien que tu aies été plusieurs fois admonestée de le quitter, néanmoins tu n’en as voulu rien faire, disant que tu aimerais mieux mourir que quitter cet habit, à moins que ce ne fût par le commandement de Dieu ; et que, si tu étais encore en cet habit avec ceux de ton parti, ce serait grand bien pour la France. Tu dis aussi que, pour rien, tu ne ferais serment de ne pas porter cet habit et des armes, et tu dis qu’en tout cela tu fais bien et par l’ordre de Dieu.

Sur ce point, les clercs disent que tu blasphèmes Dieu et le méprises en ses sacrements, que tu transgresses la loi divine, la sainte Écriture et les règles canoniques, que tu penses mal et erres en matière de foi, que tu es pleine de vaine jactance, que tu es suspecte d’idolâtrie et d’adoration de toi-même et de tes habits, en imitant les usages des païens.

ARTICLE 6.

Item, tu as dit que souvent, dans tes lettres, tu as mis ces noms, JHESUS MARIA, et le signe de la croix pour avertir ceux à qui tu écrivais de ne pas faire ce qui était marqué dans la lettre. Dans d’autres lettres tu t’es vantée de faire tuer tous ceux qui ne L’obéissaient pas et qu’aux coups on verrait qui aurait meilleur droit de par le Dieu du ciel et tu as dit souvent n’avoir rien fait que par révélation et commandement du Seigneur.

Quant à cela, les clercs disent que tu es traîtresse, perfide, cruelle, désirant cruellement l’effusion du sang humain, séditieuse, provoquant à tyrannie, blasphémant Dieu en ses commandements et révélations.

ARTICLE 7.

Item, tu dis que, par révélations que tu as eues en l’âge de dix-sept ans, tu as quitté la maison de tes parents, contre leur volonté, de quoi ils furent quasi fous. Et tu es allée vers Robert de Baudricourt, qui, à ta requête, te donna un habit d’homme et une épée, avec certaines gens pour te conduire vers ton roi, et quand tu es venue vers lui, tu lui as dit que tu venais pour chasser ses adversaires et que tu lui avais promis de le mettre en un grand royaume, et qu’il aurait victoire sur ses adversaires et que Dieu t’envoyait pour cela. Tu dis aussi que, de la sorte, tu as bien fait en obéissant à Dieu et par révélation.

Quant à cela, les clercs disent que tu as été impie envers tes parents, transgressant le commandement de Dieu d’honorer père et mère, scandaleuse, blasphématrice de Dieu, errant en la foi et que tu as fait une promesse présomptueuse et téméraire.

ARTICLE 8.

Item, tu as dit que, volontairement, tu as sauté de la tour de Beaurevoir, aimant mieux mourir que d’être livrée aux mains des Anglais et vivre après la destruction de Compiègne ; et, bien que les saintes Catherine et Marguerite te défendissent de sauter, tu ne pus te contenir ; et, quoi que ce fût un grand péché que d’offenser ces saintes, pourtant tu as su par tes Voix que Dieu te l’avait remis après que tu t’en fusses confessée.

Sur ce point les clercs disent que ce fut là pusillanimité tournant à désespoir et probablement suicide. En cela encore tu as émis une assertion téméraire et présomptueuse en prétendant avoir rémission de ton péché et tu penses mal touchant le libre arbitre.

ARTICLE 9.

Item, tu as dit que les saintes Catherine et Marguerite promirent de te conduire en paradis pourvu que tu gardasses la virginité que tu leur avais vouée et promise, et de cela tu es aussi certaine que si tu étais déjà dans la gloire des Bienheureux. Tu crois n’avoir pas fait œuvre de péché mortel. Et il te semble que, si tu étais en état de péché mortel, les saintes ne te visiteraient pas quotidiennement, comme elles font.

Quant à cela, les clercs disent que c’est une assertion présomptueuse et téméraire, un mensonge pernicieux ; qu’il y a là contradiction avec ce que tu avais dit précédemment, et qu’enfin tu penses mal touchant la foi chrétienne.

ARTICLE 10.

Item, tu as dit que tu savais bien que Dieu aime plus que toi certaines personnes vivantes, et que cela tu l’as appris par révélation des saintes Catherine et Marguerite ; aussi, que ces saintes parlent français, non anglais, puisqu’elles ne sont pas du parti des Anglais. Et quand tu as su que tes Voix étaient pour ton roi, tu n’as plus aimé les Bourguignons.

Quant à cela, les clercs disent que c’est une téméraire et présomptueuse assertion, une divination superstitieuse, un blasphème contre les saintes Catherine et Marguerite, et une transgression du précepte de l’amour du prochain.

ARTICLE 11.

Item, tu as dit que, à ceux que tu appelles saint Michel et les saintes Catherine et Marguerite, tu as fait plusieurs révérences, fléchissant le genou, tirant ton chaperon, baisant la terre où ils marchaient, leur vouant ta virginité ; que ces saintes, tu les avais baisées et embrassées et invoquées, qu’aussi tu as cru à leurs enseignements du moment qu’elles sont venues à toi, sans demander conseil à ton curé ou à quelque autre homme d’Église. Et néanmoins tu crois que ces Voix viennent de Dieu aussi fermement que tu crois en la foi chrétienne, et que Notre-Seigneur Jésus-Christ a souffert passion. Tu as dit en outre que si quelque mauvais esprit t’apparaissait sous la figure de saint Michel, tu saurais bien le connaître et le discerner. Tu as dit encore que, de ton propre mouvement, tu as juré de ne point dire le signe que tu avais donné à ton roi. Et finalement tu as ajouté : Si ce n’est sur l’ordre de Dieu.

Quant à cela, les clercs disent que, à supposer que tu aies eu les révélations et apparitions dont tu te vantes, de la manière que tu as dit, tu es idolâtre, invocatrice des démons, errant en matière de foi, téméraire en tes assertions et que tu as fait un serment illicite.

ARTICLE 12.

Item, tu as dit que, si l’Église voulait que tu fisses le contraire des ordres que tu dis avoir reçus de Dieu, tu ne le ferais pour quoi que ce fut ; que tu sais bien que tout ce qui est contenu dans ton procès vient des ordres de Dieu et qu’il t’était impossible de faire le contraire. Relativement à ces faits, tu ne veux pas te rapporter au jugement de l’Église qui est sur la terre, ni d’homme vivant, mais à Dieu seul. Et tu as dit en outre que cette réponse, tu ne la faisais pas de ta tête, mais sur le commandement de Dieu, bien que cet article de foi : Unam sanctam Ecclesiain catholicam, t’ait été plusieurs fois déclaré et que tout chrétien doive soumettre tous ses dits et faits à l’Église militante, principalement dans le fait de révélations et choses telles.

Quant à cela, les clercs disent que tu es schismatique, mal pensante sur l’unité et l’autorité de l’Église, apostate et opiniâtrement errante en matière de foi[4].

Ayant achevé cette lecture, maître Pierre Maurice, sur l’invitation de l’évêque, exhorta Jeanne. Il avait été recteur de l’Université de Paris en 1428[5]. On l’estimait comme orateur ; c’était lui qui, le 5 juin 1430, avait harangué, au nom du chapitre, le roi Henri VI, lors de son entrée à Rouen. Il se distinguait, ce semble, par quelque connaissance et quelque goût des lettres antiques, et possédait de précieux manuscrits, au nombre desquels se trouvaient les comédies de Térence et l’Énéide de Virgile[6].

Cet insigne docteur invita Jeanne, en termes d’une simplicité calculée, à réfléchir aux suites de ses dires et de ses actes et l’exhorta tendrement à se soumettre à l’Église. Après l’absinthe il lui offrit le miel ; il lui tint des propos doux et familiers. Il entra avec une singulière adresse dans les goûts et les sentiments qui emplissaient le cœur de cette jeune fille. La voyant toute pleine de chevalerie et si loyale à Charles qu’elle avait fait sacrer, c’est par des comparaisons tirées de la vie militaire et seigneuriale qu’il essaya de lui faire comprendre qu’elle devait en croire l’Église militante plutôt que ses Voit et ses apparitions.

— Si votre roi, lui dit-il, vous avait confié la garde d’une forteresse, en vous défendant d’y laisser entrer personne, n’est-il pas vrai que vous refuseriez de recevoir quiconque s’y présenterait de sa part sans montrer de lettres ou quelque autre signe. De même, lorsque Notre-Seigneur Jésus-Christ, s’élevant au ciel, commit au bienheureux apôtre Pierre et à ses successeurs le gouvernement de son Église, il leur défendit de faire accueil à ceux qui prétendraient venir en son nom, sans en apporter la preuve.

Et pour lui rendre sensible quelle faute c’était de désobéir à l’Église, il lui rappela le temps où elle faisait la guerre et prit pour exemple un chevalier désobéissant à son roi :

— Lorsque vous étiez dans le domaine de votre roi, lui dit-il, si un chevalier ou tout autre, placé sous son obéissance, s’était levé disant : Je n’obéirai pas au roi ; je ne me soumettrai ni à lui ni à ses officiers, n’auriez-vous pas dit : Voilà un homme qui doit être condamné ? Que dites-vous donc de vous qui, engendrée dans la foi du Christ, devenue par le baptême la fille de l’Église et l’épouse du Christ, n’obéissez pas aux officiers du Christ, c’est-à-dire aux prélats de l’Église[7] ?

Maître Pierre Maurice s’efforçait ainsi de se faire comprendre de Jeanne. Il n’y réussit pas ; toutes les raisons et toute l’éloquence du monde se seraient brisées contre le cœur de cette enfant. Après que maître Pierre eut parlé, Jeanne, interrogée si elle ne se cro3 ait pas tenue de soumettre ses dits et faits à l’Église, répondit :

— La manière que j’ai toujours dite et tenue au procès, je la veux maintenir quant à cela... Si j’étais en jugement et voyais allumer les bourrées, et le bourreau prêt de bouter le feu, et moi étant dans le feu, je n’en dirais autre chose et soutiendrais ce que j’ai dit au procès jusqu’à la mort.

Sur ces paroles, l’évêque déclara les débats clos et remit au lendemain le prononcé de la sentence[8].

Le lendemain, jeudi après la Pentecôte, 24 mai, Jeanne fut visitée de bon matin, en sa prison, par maître Jean Beaupère qui l’avertit qu’elle serait tantôt conduite à l’échafaud pour être prêchée.

— Si vous êtes bonne chrétienne, fit-il, vous direz que vous soumettez tous vos faits et dits à notre sainte mère l’Église et spécialement aux juges ecclésiastiques.

Maître Jean Beaupère crut entendre qu’elle répondit :

— Ainsi ferai-je[9].

Si telle fut sa réponse, c’est qu’elle avait été brisée par une nuit d’angoisse, et que sa chair se troublait à la pensée de mourir par le feu.

Au moment du départ, comme elle était debout près d’une porte, maître Nicolas Loiseleur lui donna les mêmes avis et, pour la mieux engager à les suivre, il lui fit une fausse promesse :

— Jeanne, croyez-moi, dit-il. Il ne tient qu’à vous d’être sauvée. Prenez l’habit de votre sexe et faites ce qu’on décidera. Autrement vous êtes en péril de mort. Si vous faites ce que je vous dis, il vous en arrivera tout bien et aucun mal. Vous serez mise entre les mains de l’Église[10].

On la mena en charrette, sous escorte, dans le quartier de la ville nommé Bourg-l’Abbé, qui était au pied du château, et l’on s’arrêta à trois ou quatre cents tours de roue, dans le cimetière Saint-Ouen, dit aussi les aîtres Saint-Ouen, oit chaque année, à la fête du patron de l’abbaye, se tenait une foire très fréquentée[11]. C’est là que Jeanne devait être prêchée, comme tant d’autres malheureuses l’avaient été avant elle. On donnait de préférence ces spectacles exemplaires dans les lieux où le peuple y pût assister en foule. Une église paroissiale s’élevait depuis cent ans, au bord de ce vaste charnier que fermait, au midi, la haute nef de l’abbatiale. Deux échafauds avaient été dressés[12], l’un grand et l’autre petit, contre le beau vaisseau de l’église, à l’ouest du portail qu’on nommait portail des Marmousets, à cause d’une multitude de petites figures qui y étaient sculptées[13].

Sur le grand échafaud les deux juges, le seigneur évêque et le vicaire inquisiteur, prirent place, assistés du révérendissime cardinal de Winchester, des seigneurs évêques de Thérouanne, de Noyon et de Norwich, des seigneurs abbés de Fécamp, de Jumièges, du Bec, de Cormeilles, du Mont-Saint-Michel-au-péril-de-la-mer, de Mortemart, de Préaux et de Saint-Ouen de Rouen, où se faisait l’assemblée, des prieurs de Longueville et de Saint-Lô, ainsi que d’une foule de docteurs et de bacheliers en théologie, de docteurs et de licenciés en l’un et l’autre droit[14] ; et il se trouvait là encore beaucoup de personnages considérables du parti des Anglais. L’autre échafaud était une sorte d’ambon, où monta le docteur qui devait prêcher Jeanne, selon l’usage de la sainte inquisition. C’était maître Guillaume Erard, docteur en théologie, chanoine des églises de Langres et de Beauvais[15]. Très pressé, pour l’heure, d’aller en Flandre où il était attendu, il confia à frère Jean de Lenisoles, son jeune serviteur, que cette prédication lui causait grand déplaisir. Je voudrais bien être en Flandre, disait-il. Cette affaire m’est fort désagréable[16].

Il y avait pourtant un endroit par lequel elle devait lui agréer, puisqu’elle lui donnait lieu d’attaquer le roi de France, Charles VII, et de montrer de la sorte son dévouement aux Anglais ; car il leur était fort attaché.

On fit paraître à côté de lui, devant le peuple, Jeanne en habit d’homme[17].

Maître Guillaume Erard commença son sermon de cette manière :

Je prendrai pour thème cette parole de Dieu en Saint-Jean, chapitre XV : La branche ne peut porter de fruits d’elle-même si elle ne demeure attachée à la vigne[18]. C’est ainsi que tous les catholiques doivent rester attachés à la vraie vigne de notre sainte mère l’Église, que la main de Notre-Seigneur Jésus-Christ a plantée. Or, Jeanne que voici, tombant d’erreur en erreur et de crime en crime, s’est séparée de l’unité de notre sainte mère l’Église et a scandalisé en mille manières le peuple chrétien.

Puis il lui reprocha d’avoir beaucoup failli, d’avoir péché contre la Majesté royale, et contre Dieu et la foi catholique, toutes choses dont elle devait désormais se garder sous peine d’être brûlée.

Il s’éleva véhémentement contre l’orgueil de cette femme ; il dit qu’il n’y avait jamais eu en France de monstre comme celui qui s’était manifesté en Jeanne ; qu’elle était sorcière, hérétique, schismatique, et que le roi, qui la protégeait, encourait les mêmes reproches, du moment qu’il voulait recouvrer son trône par le moyen d’une semblable hérétique[19].

Vers le milieu de son sermon, il commença à s’écrier à haute voix :

— Ah ! tu es bien abusée, noble maison de France, toi qui as été la maison très chrétienne ! Charles, qui se dit roi et de toi gouverneur, a adhéré, comme hérétique et schismatique, aux paroles et actes d’une femme malfaisante, diffamée et de tout déshonneur pleine. Et non pas lui seulement, mais tout le clergé de son obéissance et seigneurie par lequel cette femme, suivant son dire, a été examinée et n’a point été reprise. C’est grande pitié[20] !

Maître Guillaume répéta deux ou trois fois les mêmes propos sur le roi Charles. Puis, s’adressant à Jeanne, il dit en levant le doigt

— C’est à vous, Jeanne, que je parle ; et je vous dis que votre roi est hérétique et schismatique.

Ces paroles offensaient cruellement Jeanne en son amour pour les lis de France et pour le roi Charles. Il se fit en elle un grand émoi, et elle entendit ses Voix qui lui disaient :

— Réponds hardiment à ce prêcheur qui te prêche[21].

Leur obéissant de bon cœur, elle interrompit maître Guillaume :

— Par ma foi, messire, lui dit-elle, révérence gardée, je vous ose bien dire et jurer, sous peine de ma vie, que c’est le plus noble chrétien de tous les chrétiens, et qui le mieux aime la foi et l’Église, et n’est point tel que vous dites[22].

Maître Guillaume donna ordre à l’huissier Jean Massieu de la faire taire[23]. Puis il acheva son sermon, et conclut en ces termes :

— Jeanne, voici messeigneurs les juges qui plusieurs fois vous ont sommée et requise que vous voulussiez soumettre tous vos faits et dits à notre sainte mère l’Église. Et en ces dits et faits étaient plusieurs choses, lesquelles, comme il semblait aux clercs, n’étaient bonnes à dire et à soutenir[24].

— Je vous répondrai, fit Jeanne.

Sur l’article de la soumission à l’Église, elle rappela qu’elle avait demandé que toutes les œuvres qu’elle avait faites et ses dits fussent envoyés à Rome devers notre Saint-Père le Pape, auquel, Dieu premier, elle se rapportait.

Elle ajouta :

— Et quant aux dits et faits que j’ai faits, je les ai faits de par Dieu[25].

Et elle déclara qu’elle n’entendait pas qu’on envoyât son procès au Pape, pour l’en faire juge.

— Je ne veux pas, dit-elle, que la chose se passe ainsi. Je ne sais pas ce que vous mettriez dans le procès. Je veux être menée au Pape et qu’il m’interroge[26].

On la poussait à charger son roi. On y perdit sa peine.

— De mes faits et dits je ne charge personne quelconque, ni mon roi ni autre. Et, s’il y a quelque faute, c’est à moi et non à autre[27].

— Voulez-vous révoquer tous vos dits et faits ? Vos faits et dits que vous avez faits, qui sont réprouvés par les clercs, voulez-vous les révoquer ?

— Je m’en rapporte à Dieu et à notre Saint-Père le Pape.

— Mais cela ne suffit pas. On ne peut aller quérir notre Saint-Père si loin. Les ordinaires sont juges chacun en son diocèse. Ainsi, il est besoin que vous vous en rapportiez à notre mère sainte Église, et que vous teniez pour vrai ce que les clercs et les gens qui s’y connaissent disent et ont déterminé au sujet de vos dits et faits[28].

Admonestée jusqu’à la troisième monition, Jeanne refusa d’abjurer[29]. Elle attendait avec confiance la délivrance promise par ses Voix, certaine que tout à coup viendraient des hommes d’armes de France et que, dans un grand tumulte de gens de guerre et d’anges, elle serait enlevée. C’est pour cela qu’elle avait tant voulu garder son habit d’homme.

Deux sentences avaient été préparées, l’une pour le cas où la coupable abjurerait son erreur, l’autre pour le cas où elle y persévérerait. La première relevait Jeanne de l’excommunication ; par la seconde, le tribunal, déclarant qu’il ne pouvait plus rien pour elle, l’abandonnait au bras séculier. Le seigneur évêque les avait toutes deux sur lui[30].

Il prit la seconde et commença de lire.

Au nom du Seigneur, ainsi soit-il. Tous les pasteurs de l’Église qui ont à cœur de prendre un soin fidèle de leur troupeau...

Pendant cette lecture, les clercs qui se tenaient autour de Jeanne la pressaient d’abjurer tandis qu’il en était temps encore. Maître Nicolas Loiseleur l’exhortait à faire ce qu’il lui avait recommandé et à prendre un habit de femme.

Maître Guillaume Erard lui disait :

— Faites ce qu’on vous conseille et vous serez délivrée de prison[31].

Les Voix montaient vers elle, instantes.

— Jeanne, nous avons si grande pitié de vous ! Il faut que vous révoquiez ce que vous avez dit ou que nous vous abandonnions à la justice séculière... Jeanne, faites ce qu’on vous conseille. Voulez-vous vous faire mourir[32] ?

La sentence était longue ; le seigneur évêque la lisait lentement :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nous, juges, ayant devant les yeux le Christ et l’honneur de la foi orthodoxe, afin que notre jugement émane de la face du Seigneur, nous disons et décrétons que tu as été mensongère, inventrice de révélations et apparitions prétendues divines ; séductrice, pernicieuse, présomptueuse, légère en ta foi, téméraire, superstitieuse, devineresse, blasphématrice envers Dieu, les saints et les saintes ; contemptrice de Dieu même dans ses sacrements, prévaricatrice de la loi divine, de la doctrine sacrée et des sanctions ecclésiastiques, séditieuse, cruelle, apostate, schismatique, engagée en mille erreurs contre notre foi, et à toutes ces enseignes, témérairement coupable envers Dieu et la sainte Église[33].

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le temps s’écoulait. Le seigneur évêque avait déjà lu la plus grande partie de la sentence[34]. Le bourreau était là, tout prêt à emmener la condamnée dans sa charrette[35].

Jeanne cria, les mains jointes, qu’elle voulait bien obéir à l’Église[36].

Le juge interrompit la lecture de la sentence.

A ce moment, une rumeur courut dans la foule composée en grande partie d’hommes d’armes anglais et d’officiers du roi Henri. Ignorants des usages de l’inquisition qui n’avait point été admise dans leur pars, ces Godons ne comprenaient rien à ce qui se passait, sinon que la sorcière était sauve ; et comme ils estimaient la mort de Jeanne nécessaire à l’Angleterre, ils s’indignaient des étranges façons d’agir du seigneur évêque et des docteurs. Ce n’était point ainsi que, dans leur île, on en usait avec les sorcières ; on les brûlait sans miséricorde, et tôt. Des murmures irrités s’élevèrent ; quelques pierres furent lancées aux clercs du procès[37] ; maître Pierre Maurice, qui mettait un grand zèle à affermir Jeanne dans ses bons propos, fut menacé, et peu s’en fallut que des coués ne lui fissent un mauvais parti[38] ; maître Jean Beaupère et les délégués de l’Université de Paris reçurent leur part d’outrages ; on les accusait de favoriser les erreurs de Jeanne[39]. Qui savait mieux qu’eux l’injustice de ces reproches ?

Quelques-uns des hauts personnages assis sur l’estrade à côté des juges se plaignirent au seigneur évêque de ce qu’il n’allait pas au bout de la sentence et admettait Jeanne à résipiscence.

Même il fut injurieusement traité, car on l’entendit qui s’écriait :

— Vous me le payerez.

Il menaçait de suspendre le procès.

— Je viens d’être insulté, disait-il. Je ne procéderai pas plus avant jusqu’à ce qu’il m’ait été fait amende honorable[40].

Dans le tumulte, maître Guillaume Erard, dépliant une feuille de papier double, lut à Jeanne la cédule d’abjuration libellée au moment où l’on avait recueilli l’opinion des maîtres. Elle n’était pas plus longue qu’un Pater, et comprenait six à sept lignes d’écriture. Rédigée en français, elle commençait par ces mots : Je, Jeanne.... La Pucelle s’y soumettait à la détermination, au jugement et aux commandements de l’Église ; reconnaissait avoir commis le crime de lèse-majesté et séduit le peuple. Elle s’engageait à ne plus porter les armes ni l’habit d’homme, ni les cheveux taillés en rond[41].

Quand maître Guillaume eut lu la cédule, Jeanne déclara qu’elle ne comprenait pas ce qu’il voulait dire et que là-dessus elle avait besoin d’être avisée[42]. On l’entendit qui demandait conseil à saint Michel[43]. Elle croyait encore fidèlement à ses Voix, qui pourtant ne l’avaient point aidée en cette cruelle nécessité, et qui ne lui épargnaient pas la honte de les renier, car, si simple qu’elle était, elle savait bien au fond ce que les clercs lui demandaient et qu’ils ne la laisseraient pas aller sans avoir obtenu d’elle un grand renoncement. Et ce qu’elle en disait n’était plus que pour gagner du temps et parce que, ayant peur de la mort, cependant elle ne pouvait se résoudre à mentir.

Sans perdre un instant, maître Guillaume dit à messire Jean Massieu l’huissier :

— Conseillez-la pour cette abjuration.

Et il lui passa la cédule.

Messire Jean Massieu s’excusa d’abord ; puis il avertit Jeanne du péril où elle se mettrait par son refus.

— Comprenez bien, lui dit-il, que, si vous allez à l’encontre d’aucuns de ces articles, vous serez brûlée. Je vous conseille de vous en rapporter à l’Église universelle si vous devez abjurer ces articles ou non.

Maître Guillaume Erard demanda à Jean Massieu :

— Eh bien, que lui dites-vous ?

Jean Massieu répondit :

— Je fais connaître à Jeanne le texte de la cédule et je l’invite à signer. Mais elle déclare qu’elle ne saurait.

A ce moment Jeanne, qu’on pressait toujours de signer, dit à haute voix :

— Je veux que l’Église délibère sur les articles. Je m’en rapporte à l’Église universelle si je les dois abjurer ou non. Que la cédule soit lue par l’Église et par les clercs aux mains desquels je dois être placée. Si leur avis est que je doive la signer et faire ce qui m’est dit, je le ferai volontiers.

Maître Guillaume Erard répliqua vivement :

— Faites-le maintenant, sinon vous serez brillée aujourd’hui même.

Et il défendit à Jean Massieu de conférer davantage avec elle.

Jeanne dit alors qu’elle aimait mieux signer que d’être brûlée[44].

Tout de suite, messire Jean Massieu lui donna une seconde lecture de la cédule. Elle répétait les mots à mesure que l’huissier les prononçait[45]. Soit qu’il passât sur sa face contractée par des émotions violentes une sorte de ricanement, soit que sa raison, sujette de tous temps à des troubles étranges, eût sombré dans les affres et les tortures d’un procès d’Église et qu’elle ressentît vraiment, après tant de douleurs, les lugubres joies de la folie ; soit que, au contraire, en son bon sens et d’esprit rassis, elle se moquât des clercs de Rouen, comme elle en était bien capable après s’être moquée des clercs de Poitiers, elle avait l’air de plaisanter et l’on remarquait dans l’assistance qu’elle prononçait en riant les mots de son abjuration[46]. Parmi ces bourgeois, ces prêtres, ces artisans et ces hommes d’armes qui voulaient sa mort, sa gaieté apparente ou réelle excita des colères. Force gens disaient : C’est une pure trufferie. Jeanne n’a fait que se moquer[47].

Maître Laurent Calot, secrétaire du roi d’Angleterre, se montrait des plus agités. On le voyait à la fois près des juges et près de l’accusée, très violent. Un seigneur de Picardie qui se trouvait là, celui-là même qui dans le château de Beaurevoir avait essayé des mignardises avec la prisonnière, crut remarquer que cet Anglais faisait signer de force un papier à Jeanne[48]. Il se trompait ; il y a toujours dans les foules des gens pour voir lés choses de travers : l’évêque n’eût rien souffert de pareil ; il était à la dévotion du Régent, mais sur les formes il ne cédait point. Cependant, sous une tempête d’injures, sous une grêle de pierres, dans le cliquetis des épées, les insignes maîtres, les illustres docteurs pâlissaient. Le prieur de Longueville guettait le moment de s’excuser auprès de monseigneur le cardinal de Winchester[49].

Un chapelain du cardinal interpella vivement, sur l’estrade, le seigneur évêque.

— Vous faites mal d’accepter une abjuration pareille, c’est une dérision.

— Vous mentez, répliqua messire Pierre. Juge en cause de foi, je dois plutôt chercher le salut de cette femme que sa mort.

Le cardinal fit taire son chapelain[50].

On rapporte que le comte de Warwick, s’avançant vers les juges, se plaignit à eux de ce qu’ils avaient fait et ajouta

— Le roi est mal servi, puisque Jeanne échappe. Et l’on assure que l’un d’eux répondit :

— Messire, n’ayez cure ; nous la rattraperons bien[51].

Il est peu croyable qu’il s’en soit trouvé un seul pour le dire ; mais, sans doute, plusieurs, dès ce moment, le pensaient.

Quel mépris devait éprouver l’évêque de Beauvais pour ces esprits obtus, incapables de comprendre le service qu’il rendait à la vieille Angleterre en obligeant cette fille à reconnaître que tout ce qu’elle avait déclaré et soutenu à l’honneur de son roi n’était que mensonge et illusion.

Avec une plume que Massieu lui tendit, Jeanne fit une croix au bas de la cédule[52].

Monseigneur de Beauvais lut, au milieu des grognements et des jurements des Anglais, la sentence la plus miséricordieuse. Par cette sentence, Jeanne était relevée de l’excommunication, réconciliée avec notre sainte mère l’Église[53].

De plus la sentence portait :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

... Parce que tu as péché témérairement envers Dieu et envers la sainte Église, nous, juges, pour que tu fasses une pénitence salutaire, notre clémence et notre modération étant sauves, nous te condamnons finalement et définitivement à la prison perpétuelle, avec le pain de douleur et l’eau d’angoisse, de telle sorte que là tu pleures tes fautes et n’en commettes plus qui soient à pleurer[54].

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cette peine, comme toutes les autres peines, excepté la mort et la mutilation des membres, était dans les pouvoirs des juges d’Eglise et ils la prononçaient si fréquemment que, dans les : premiers temps de la sainte inquisition, les pères du concile de Narbonne disaient que les pierres et le mortier allaient manquer avec l’argent[55]. G’était une peine, sans doute, mais une peine qui différait par son caractère et sa signification des peines infligées par la justice laïque ; c’était une pénitence. Selon la justice ecclésiastique, toute miséricordieuse, la prison était un lieu favorable où le condamné faisait, en mangeant le pain de douleur et en buvant l’eau de tribulation, une pénitence perpétuelle. Insensé celui qui, refusant d’or entrer ou s’en échappant, rejetait cette médecine salutaire ! Il s’évadait ainsi du doux tribunal de la pénitence, et l’Église, avec tristesse, le retranchait de la communion des fidèles. En prononçant cette peine, qu’un bon catholique devait nommer plutôt un bien, monseigneur l’évêque et monseigneur le sacré vicaire de l’inquisition se conformaient à l’usage de notre sainte mère l’Église dans sa réconciliation avec les hérétiques. Mais étaient-ils en état de faire exécuter leur sentence ? La prison à laquelle ils avaient condamné Jeanne, la prison expiatoire, l’emmurement salutaire, c’était la chartre d’église, les cachots de l’officialité. Pouvaient-ils l’or placer ?

Jeanne, se tournant vers eux, leur dit :

— Or ça, entre vous gens d’Église, menez-moi en vos prisons et que je ne sois plus entre les mains des Anglais[56].

Plusieurs de ces clercs le lui avaient promis[57] ; ils l’avaient trompée ; ils savaient que ce n’était pas possible, les gens du roi d’Angleterre ayant stipulé de reprendre Jeanne après le procès[58].

Le seigneur évêque donna cet ordre

— Menez-la où vous l’avez prise[59].

Juge d’Église, il commettait le crime de livrer sa fille réconciliée, sa fille pénitente, à des laïques parmi lesquels elle ne pourrait pleurer ses péchés, et qui, en haine de son corps, au mépris de son âme, la devaient tenter et faire retomber dans sa faute.

Tandis que Jeanne était ramenée en charrette à la tour sur les champs, les soldats l’insultaient et leurs chefs les laissaient faire[60].

Cependant, le vicaire inquisiteur, assisté de plusieurs docteurs et maîtres, se rendit dans la prison et exhorta Jeanne charitablement. Elle promit de mettre des vêtements de femme et se laissa raser la tête[61].

Madame la duchesse de Bedford, sachant que Jeanne était vierge, veillait à ce qu’elle fût traitée avec respect[62]. Comme naguère les dames de Luxembourg, elle s’efforçait de lui faire reprendre les habits de son sexe. Elle lui avait fait faire, par un tailleur nommé Jeannotin Simon, une robe que Jeanne avait jusque-là refusé de mettre. Jeannotin apporta le vêtement féminin à la prisonnière qui, cette fois, ne le refusa pas. En le lui passant, Jeannotin lui prit doucement le sein. Elle se fâcha et lui donna un soufflet[63].

Au surplus, elle consentit à porter la robe donnée par la duchesse.

 

 

 



[1] Procès, t. I, pp. 404, 429.

[2] Ibid., t. I, pp. 429-430.

[3] De Beaurepaire, Notes sur les juges, pp. 126-127.

[4] Procès, t. I, pp. 430, 437.

[5] Du Boulay, Historia Universitatis Parisiensis, t. V, p. 929.

[6] De Beaurepaire, Notes sur les juges, p. 88.

[7] Procès, t. I, pp. 437, 441.

[8] Procès, t. I, pp. 441-442.

[9] Ibid., t. II, p. 21.

[10] Procès, t. III, p. 146. — De Beaurepaire, Notes sur les juges, pp. 445 et suiv.

[11] Ibid., t. II, p. 351.

[12] Ibid., t. III, p. 54.

[13] De Beaurepaire, Notes sur le cimetière de Saint-Ouen de Rouen, dans Précis analytique des travaux de l’Académie de Rouen, 1875-1876, pp. 211, 230, plan. — U. Chevalier, L’abjuration de Jeanne d’Arc et l’authenticité de sa formule, p. 44. — A. Sarrazin, Jeanne d’Arc et la Normandie, p. 351.

[14] Procès, t. I, pp. 442, 444. — O’Reilly, Les deux procès, t. I, pp. 710-93.

[15] De Beaurepaire, Notes sur les juges, pp. 402, 408.

[16] Procès, t. III, p. 113.

[17] Procès, t. I, pp. 469-470.

[18] Ibid., t. I, p. 444. — E. Richer, Histoire manuscrite de la Pucelle d’Orléans, liv. I, fol. 8 ; liv. II, fol. 198 v°.

[19] Procès, t. III, p. 61.

[20] Ibid., t. II, pp. 15, 17.

[21] Ibid., t. I, pp. 456-457. — U. Chevalier, L’abjuration de Jeanne d’Arc, pp. 46-47.

[22] Procès, t. II, pp. 15, 17, 335, 345, 353, 367.

[23] Ibid., t. II, p. 14.

[24] Ibid., t. I, pp. 444-445.

[25] Ibid., t. I, p. 445.

[26] Procès, t. II, p. 338.

[27] Ibid., t. I, p. 443.

[28] Ibid., t. I, pp. 443-446.

[29] Ibid., t. I, p. 446.

[30] Procès, t. III, p. 146.

[31] Ibid., t. II, pp. 17, 331 ; t. III, pp. 52, 156.

[32] Procès, t. III, p. 123.

[33] Ibid., t. I, pp. 473, 475.

[34] Ibid., t. I, p. 473 note.

[35] Ibid., t. III, pp. 65, 147, 149, 273. — De Beaurepaire, Recherches sur le procès, p. 358.

[36] Procès, t. II, p. 323.

[37] Ibid., t. II, pp. 137, 376.

[38] Ibid., t. II, p. 356 ; t. III, pp. 157, 178.

[39] Ibid., t. II, p. 55.

[40] Procès, t. III, pp. 90, 147, 156.

[41] Ibid., t. III, pp. 52, 65, 132, 156, 197.

[42] Ibid., t. III, pp. 156, 157.

[43] Procès, t. II, p. 323.

[44] Procès, t. II, p. 331 ; t. III, p. 156.

[45] Ibid., t. III, pp. 156, 191.

[46] Procès, t. II, p. 338 ; t. III, p. 147.

[47] Ibid., t. III, pp. 55, 143.

[48] Ibid., t. III, p. 123.

[49] Ibid., t. II, p. 361. — J. Quicherat, Aperçus nouveaux, p. 135.

[50] Procès, t. III, pp. 147, 156.

[51] Ibid., t. II, p. 376.

[52] Ibid., t. II, p. 17 ; t. III, p. 164.

[53] Procès, t. I, p. 450.

[54] Ibid., t. I, p. 452.

[55] L. Tanon, Tribunaux de l’inquisition, p. 454.

[56] Procès, t. II, p. 14.

[57] Ibid., t. III, p. 52, 149.

[58] Ibid., t. I, p. 19.

[59] Ibid., t. II, p. 14.

[60] Procès, t. II, p. 376.

[61] Ibid., t. I, pp. 452-453.

[62] Ibid., t. III, p. 155.

[63] Ibid., t. III, p. 89.