VIE DE JEANNE D’ARC

Tome II

CHAPITRE VIII. — LA PUCELLE À BEAULIEU. - LE BERGER DU GÉVAUDAN.

 

 

La nouvelle parvint à Paris, le matin du 25, que Jeanne était aux mains des Bourguignons[1]. Dès le lendemain 26, l’Université adressa au duc Philippe sommation de remettre sa prisonnière au vicaire général du Grand Inquisiteur de France. En même temps le vicaire général requérait par lettre le redoutable duc d’amener prisonnière par devers lui cette fille suspecte de plusieurs crimes sentant l’hérésie[2].

... Nous vous supplions de bonne affection, très puissant prince, disait-il, et nous prions vos nobles vassaux que par Vous et eux Jeanne nous soit envoyée sûrement et brièvement et avons espérance qu’ainsi ferez comme vrai protecteur de la foi et défenseur de l’honneur de Dieu[3]....

Le vicaire général du Grand Inquisiteur de France, frère Martin Billoray[4], maître en théologie, appartenait à l’ordre des frères prêcheurs dont les membres exerçaient les charges principales du saint office. Au temps d’Innocent III, alors que l’Inquisition exterminait les Cathares et les Albigeois, les fils de Dominique figuraient dans les peintures des cloîtres et des chapelles en chiens du Seigneur sous la forme dé grands lévriers blancs tachetés de noir, qui mordaient à la gorge les loups de l’hérésie[5]. Au XVe siècle, en France, les dominicains étaient toujours les chiens du Seigneur ; ils chassaient encore l’hérétique, mais couplés à l’évêque. Le Grand Inquisiteur ou son vicaire ne s’y trouvait point en état d’intenter de son propre mouvement et de poursuivre à lui seul une action judiciaire ; les évêques maintenaient vis-à-vis de lui leur droit de juger les crimes contre l’Église. Les procès en matière de foi se faisaient par deux juges, l’ordinaire, qui pouvait être l’évêque lui-même ou l’official, et l’Inquisiteur ou son vicaire ; et l’on observait les formes inquisitoriales[6].

Dans l’affaire de la Pucelle, ce n’était pas seulement un évêque qui mettait la très sainte Inquisition en mouvement, c’était la fille des rois, la mère des études, le beau clair soleil de France et de la chrétienté, l’Université de Paris. Elle s’attribuait le privilège de connaître dans les causes relatives aux hérésies ou opinions produites en la ville et aux environs, et ses avis, de toutes parts demandés, faisaient autorité sur toute la face du monde où la croix est plantée. Depuis un an, ses docteurs et maîtres en grande multitude et pleins de lettres, au jugement même de leurs adversaires, réclamaient la remise de la Pucelle à l’Inquisiteur, comme utile au bien de l’Église et congruente aux intérêts de la foi ; car ils soupçonnaient véhémentement cette fille de ne point venir de Dieu, mais d’être trompée et abusée par les artifices du diable ; d’agir, non par puissance céleste, mais par le ministère des démons ; d’user de sorcellerie et de pratiquer l’idolâtrie[7].

Tout ce qu’ils possédaient de science divine et de raison raisonnante corroborait cette grave suspicion. Ils étaient Bourguignons et Anglais, de fait et de consentement, fidèles observateurs du traité de Troyes qu’ils avaient juré, dévoués au Régent qui leur montrait beaucoup d’égards ; ils abhorraient les Armagnacs qui ruinaient et désolaient leur ville, la plus belle du monde[8] ; ils tenaient le dauphin Charles pour déchu de ses droits sur le royaume des Lis. Aussi se trouvaient-ils enclins à croire que la Pucelle des Armagnacs, la chevaucheuse du dauphin Charles se gouvernait par l’inspiration de plusieurs démons très horribles. Ils étaient des hommes : on croit ce qu’on a intérêt à croire ; ils étaient des prêtres et voyaient partout le diable, principalement dans une femme. Sans s’être encore livrés à un examen approfondi des faits et dits de cette pucelle, ils en découvraient assez pour demander instamment une enquête. Elle se disait envoyée de Dieu, fille de Dieu ; et se manifestait bavarde, vaine, rusée, glorieuse en ses habits ; elle avait menacé les Anglais, s’ils ne sortaient de France, de les faire tous occire ; elle commandait les armées ; elle était donc homicide, téméraire ; elle était séditieuse, car ceux-là sont séditieux qui tiennent le parti contraire au nôtre. Naguère, venue en la compagnie de frère Richard, hérétique et séditieux[9], elle avait menacé les Parisiens de les mettre à mort sans merci, et commis ce péché mortel de donner l’assaut à la ville le jour de la Nativité de la très sainte Vierge. Il était urgent d’examiner si elle avait été mue en tout cela par un bon ou un mauvais esprit[10] ?

Le duc de Bourgogne, bien que très attaché aux intérêts de l’Église, ne déféra pas à l’invitation pressante de l’Université ; et messire Jean de Luxembourg, après avoir gardé la Pucelle trois ou quatre jours en ses quartiers devant Compiègne, la fit conduire au château de Beaulieu en Vermandois, à quelques lieues du camp[11]. Il se montrait, comme son maître, très obéissant fils de notre sainte mère l’Église ; mais la prudence conseillait de laisser venir les Anglais et les Français et d’attendre leurs offres.

Jeanne, à Beaulieu, fut traitée avec courtoisie ; elle gardait son état. Messire Jean d’Aulon, son intendant, la servait en sa prison ; il lui dit piteusement un jour :

— Cette pauvre ville de Compiègne, que vous avez beaucoup aimée, à cette fois sera remise aux mains et dans la subjection des ennemis de France.

Elle lui répondit :

— Non ! ce ne sera point. Car toutes les places que le Roi du ciel a réduites et remises en la main et obéissance du gentil roi Charles par mon moyen ne seront point reprises par ses ennemis, tant qu’il fera diligence pour les garder[12].

Un jour, elle essaya de s’échapper en se coulant entre deux pièces de bois. Son intention était d’enfermer les gardes dans la tour et de prendre les champs, mais le portier la vit et l’arrêta. Elle en conclut qu’il ne plaisait pas à Dieu qu’elle échappât pour cette fois[13]. Cependant elle avait le cœur trop bon pour désespérer. Ses Voix, éprises comme elle de rencontres merveilleuses et de chevaleresques aventures, lui disaient qu’il fallait qu’elle vit le roi d’Angleterre[14]. Ainsi, dans son malheur, ses rêves l’encourageaient et la consolaient.

Il y eut grand deuil sur la Loire, quand les habitants des villes fidèles au roi Charles apprirent le malheur advenu à la Pucelle. Le peuple qui la vénérait comme une sainte, qui allait jusqu’à dire qu’elle était la plus grande de toutes les saintes de Dieu après la bienheureuse Vierge Marie, qui lui élevait des images dans les chapelles des saints, qui ordonnait pour elle des messes et des collectes dans les églises, qui portait sur soi des médailles de plomb où elle était représentée comme si l’Église l’avait déjà canonisée[15], ne lui retira pas sa foi et continua de croire en elle[16] ; cette fidélité scandalisait les docteurs et maîtres de l’Université qui en faisaient un grief à la pauvre Pucelle. Jeanne, disaient-ils, a tellement séduit le peuple catholique, que beaucoup, en sa présence, l’ont adorée comme sainte, et en son absence l’adorent encore[17].

C’était vrai de maintes personnes, en maints endroits. Les conseillers de la ville de Tours ordonnèrent des prières publiques pour demander à Dieu la délivrance de la Pucelle. On fit une procession générale, à laquelle assistèrent les chanoines de l’église cathédrale, le clergé séculier et régulier de la ville, tous marchant nu-pieds[18].

Dans des villes du Dauphiné, on récita à la messe des oraisons pour la Pucelle :

Collecte. — Dieu puissant et éternel qui, dans votre sainte et ineffable miséricorde, et dans votre admirable puissance, avez commandé à la Pucelle de relever et sauver le royaume de France, et de repousser, confondre et anéantir ses ennemis et qui avez perlais que, pendant qu’elle accomplissait cette œuvre sainte, ordonnée par vous, elle tombât aux mains et dans les liens de ses ennemis, nous vous prions, par l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie et de tous les saints de la délivrer de leurs mains, sans qu’elle ait éprouvé aucun mal, afin qu’elle achève d’accomplir ce pour quoi vous l’avez envoyée.

Par Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc.

Secrète. — Dieu tout-puissant, père des vertus, que votre bénédiction sacro-sainte descende sur cette oblation ; que votre puissance admirable se déploie, que par l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie et de tous les saints, Elle délivre la Pucelle des prisons de ses ennemis afin qu’elle achève d’accomplir ce pourquoi vous l’avez envoyée.

Par Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc.

Post-Communion. — Dieu tout-puissant, daignez écouter les prières de votre peuple : par la vertu des sacrements que nous venons de recevoir, par l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie et de tous les saints, brisez les fers de la Pucelle qui, en exécutant les œuvres que vous lui avez commandées, a été et est encore enfermée dans les prisons de nos ennemis ; que votre compassion et votre miséricorde divine lui permettent d’accomplir, exempte de péril, ce pourquoi vous l’avez envoyée.

Par Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc.[19]

Apprenant que cette pucelle, par lui jadis soupçonnée de mauvais desseins, puis reconnue toute bonne, venait de tomber aux mains des ennemis du royaume, messire Jacques Gélu, seigneur archevêque d’Embrun, dépêcha au roi Charles un exprès avec une lettre sur la conduite à tenir en ces conjonctures malheureuses[20].

S’adressant au prince dont il a jadis guidé l’enfance, messire Jacques commence par lui rappeler ce que, avec le secours du Ciel, la Pucelle a fait pour lui, d’un si grand courage. Il le prie d’examiner sa conscience pour voir s’il n’a en rien offensé la bonté de Dieu. Car c’est peut-être dans sa colère contre le roi que le Seigneur a permis que cette vierge fût prise. Il l’invite, sur son honneur, à tout tenter et à tout dépenser afin de la ravoir.

Je vous recommande, dit-il, que, pour le recouvrement de cette fille et pour le rachat de sa vie, vous n’épargniez ni moyens ni argent, ni quel prix que ce soit, si vous n’êtes prêt d’encourir le blâme indélébile d’une très reprochable ingratitude.

Il lui conseille, en outre, de faire ordonner partout des prières pour la délivrance de cette Pucelle afin que si cet accident était arrivé par quelque manquement ou du roi ou du peuple, il plût à Dieu de le pardonner[21].

Ainsi parla, non sans force ni sans charité, ce vieil évêque, moins évêque qu’ermite, à qui toutefois il souvenait d’avoir été conseiller delphinal dans des temps mauvais et qui aimait chèrement le roi et le royaume.

On a soupçonné le sire de la Trémouille et le seigneur archevêque de Reims, d’avoir voulu se débarrasser d’elle et de l’avoir poussée à sa perte ; on a cru découvrir les ténébreux moyens par lesquels ils la firent battre à Paris, à La Charité, à Compiègne[22] La vérité est qu’ils n’eurent pas besoin de s’en mêler. A Paris, c’eût été grand hasard qu’elle pût passer le fossé, puisque ni elle, ni ses compagnons n’en connaissaient la profondeur ; d’ailleurs ce ne fui pas la faute du roi et de son Conseil si les carmes, sur lesquels on comptait, n’ouvrirent pas les portes. Le siège de La Charité fut conduit non par la Pucelle, mais par le sire d’Albret et plusieurs vaillants capitaines. Lors de la sortie de Compiègne, il était certain que, si l’on s’attardait à Margny, on serait coupé par les Anglais de Venette et les Bourguignons de Clairoix et bientôt écrasé par ceux de Coudun. On s’oublia dans les délices du pillage ; il arriva ce qui devait arriver.

Et pourquoi le sire chambellan et le seigneur archevêque auraient-ils voulu se débarrasser de la Pucelle ? Elle ne les gênait pas ; tout au contraire, elle leur était utile ; ils l’employaient. En prophétisant qu’elle ferait sacrer le roi à Reims, elle avait grandement servi messire Regnault, à qui le voyage de Champagne profitait plus qu’à tout autre, plus qu’au roi, qui y gagnait d’être sacré, mais y manquait de reprendre Paris et la Normandie. Le seigneur archevêque n’en gardait pas beaucoup de reconnaissance à la Pucelle ; c’était un homme égoïste et dur ; mais lui voulait-il du mal ? et n’avait-il plus besoin d’elle ? Il tenait à Senlis le parti du roi, et sûrement il le tenait de son mieux, puisqu’il défendait, avec les villes rendues à leur juste maître, sa cité épiscopale et ducale, ses bénéfices et ses prébendes. Ne pensait-il pas à se servir d’elle contre les Bourguignons ? Nous avions déjà trouvé des raisons de croire que, à la fin de mars, il demanda au sire de la Trémouille de la lui envoyer de Sully avec une belle compagnie, pour guerroyer dans l’Ile-de-France. Et ce qui va nous confirmer dans cette idée, c’est que nous voyons que, lorsqu’elle vint malheureusement à leur manquer, l’évêque et le chambellan s’efforcèrent de la remplacer par une personne, comme elle, favorisée de visions et se disant, comme elle, envoyée de Dieu, et que, à défaut d’une pucelle, les deux compères essayèrent d’un puceau. Ils s’y résolurent peu de jours après la prise de Jeanne, et voici dans quelles circonstances.

Quelque temps auparavant, un jeune berger du Gévaudan, nommé Guillaume, qui paissait ses troupeaux au pied des monts Lozère et les gardait du loup et du lynx, eut des révélations concernant le royaume de France. Ce berger était vierge comme Jean, le disciple préféré du Seigneur. Dans une des cavernes de la montagne de Mende, où le saint apôtre Privat avait prié et jeûné, il eut l’oreille frappée par une voix du ciel et il connut qu’il était envoyé par Dieu vers le roi de France. Il alla à Mende, ainsi que Jeanne était allée à Vaucouleurs, pour se faire conduire au roi. Il trouva des personnes pieuses qui, touchées de sa sainteté et persuadées qu’une vertu était en lui, pourvurent à son équipement et à son viatique ; ce qui, à vrai dire, était peu de chose. Il tint au roi les mêmes propos que la Pucelle lui avait tenus :

— Sire, dit-il, j’ai commandement d’aller avec vos gens ; et sans faute les Anglais et les Bourguignons seront déconfits[23].

Le roi lui fit un accueil bienveillant. Les clercs, qui avaient interrogé la Pucelle, auraient craint sans doute, en repoussant ce jeune berger, de mépriser le secours du Saint-Esprit. Amos fut pasteur de troupeaux et le Seigneur lui accorda le don de prophétie : Je te confesserai, mon père, Dieu du ciel et de la terre, qui as révélé aux humbles ce que tu as caché aux sages et aux prudents. (Math., XI.)

Certes, pour inspirer foi il fallait qu’il donnât un signe, mais les clercs de Poitiers qui, par le malheur des temps, gémissaient dans une extrême indigence, n’étaient pas trop exigeants en fait de preuves ; ils avaient conseillé au roi de mettre en œuvre la Pucelle sur la seule promesse que, en signe de sa mission, elle délivrerait Orléans. Le pastour du Gévaudan n’allégua pas seulement des promesses : il montra de merveilleuses marques sur son corps. De même que saint François, il avait reçu les stigmates et portait aux pieds, aux mains, au côté, des plaies sanglantes[24].

C’était pour les religieux mendiants un grand sujet de joie, que leur père spirituel eût ainsi partagé la Passion de Notre-Seigneur. Pareille grâce avait été accordée à la bienheureuse Catherine de Sienne, de l’ordre de Saint-Dominique. Mais, s’il y avait des stigmates miraculeux, imprimés par Jésus-Christ lui-même, on voyait aussi des stigmates magiques, qui étaient l’œuvre du Diable, et il importait grandement de faire le discernement des uns et des autres[25]. On y parvenait à force de science et de piété. Il parut que les stigmates de Guillaume n’étaient pas diaboliques ; car on résolut de le mettre en œuvre comme on avait fait pour Jeanne, pour Catherine de La Rochelle et pour les deux Bretonnes, filles spirituelles du frère Richard.

Quand la Pucelle tomba aux mains des Bourguignons, le sire de la Trémouille se tenait auprès du roi, sur la Loire, où l’on ne faisait plus la guerre depuis le malheureux siège de La Charité. Il envoya le petit berger au seigneur archevêque de Reims alors aux prises, sur l’Oise, avec les Bourguignons que commandait le duc Philippe lui-même. Messire Regnault avait probablement réclamé l’innocent ; en tout cas il l’accueillit volontiers, le tint sous sa main, à Beauvais, le surveillant et l’interrogeant, prêt à le lancer au moment favorable. Un jour, soit pour l’éprouver, soit que la nouvelle eût couru et trouvé créance, on annonça au jeune Guillaume que les Anglais avaient fait mourir Jeanne.

— Tant plus leur en mescherra, répondit-il[26].

A cette heure, après les rivalités, les jalousies, qui, avaient agité le béguinage royal, il ne restait au frère Richard qu’une seule de ses pénitentes, la dame Catherine de La Rochelle, qui découvrait les trésors cachés[27]. Le petit berger se montra aussi peu favorable à la Pucelle que la dame Catherine.

— Dieu, dit-il, a souffert que Jeanne fût prise, parce qu’elle s’était constituée en orgueil et pour les riches habits qu’elle avait pris et parce qu’elle n’avait pas fait ce que Dieu lui avait commandé, mais avait fait sa volonté[28].

Ces propos lui étaient-ils soufflés par les ennemis de la Pucelle ? Il se peut ; il est possible aussi qu’il les eût trouvés d’inspiration. Les saints et les saintes ne sont pas toujours tendres les uns pour les autres.

Cependant messire Regnault de Chartres pensait tenir la merveille qui remplacerait la merveille perdue. Il écrivit une lettre aux habitants de sa ville de Reims, par laquelle il leur mandait que la Pucelle avait été prise à Compiègne.

Ce mal lui advint par sa faute, ajouta-t-il. Elle ne voulait croire conseil, mais faisait tout à son plaisir. En sa place, Dieu a envoyé un pastourel qui dit ni plus ni moins qu’avait fait Jeanne. Il a commandement de déconfire sans faute les Anglais et les Bourguignons. Et le seigneur archevêque n’oublie pas de rapporter les paroles par lesquelles l’inspiré du Gévaudan avait représenté Jeanne comme orgueilleuse, brave en ses habits, rebelle en son cœur[29]. Révérend père en Dieu monseigneur Regnault n’aurait jamais consenti à se servir d’une hérétique ou d’un sorcier ; il croyait en Guillaume comme il avait cru en Jeanne ; il les tenait l’un et l’autre pour envoyés du ciel, en ce sens que tout ce qui ne vient pas du diable vient de Dieu. Il lui suffisait qu’on n’eût rien découvert de mauvais en cet enfant et il pensait l’essayer, espérant que ce qu’avait fait Jeanne, Guillaume le ferait bien. Qu’il eût tort ou raison, l’événement en devait décider, mais il eût pu exalter le pastourel sans renier la sainte si près de son martyre. Sans doute croyait-il nécessaire de dégager la fortune du royaume de la fortune de Jeanne. Et il eut ce courage.

 

 

 



[1] Fauquembergue dans Procès, t. IV, p. 458. — Journal d’un bourgeois de Paris, p. 255. — J. Quicherat, Aperçus nouveaux, p. 96. — Ul. Chevalier, L’objuration de Jeanne d’Arc au cimetière de Saint-Ouen et l’authenticité de sa formule, Paris, 1902, in-8°, p. 18.

[2] Procès, t. I, pp. 8-10. — E. O’Reilly, Les deux procès, t. II, pp. 13-14. — Le P. Denifle et Chatelain, Chartularium Universitatis Parisiensis..., t. IV, p. 516, n° 2372.

[3] Procès, t. I, p. 12. — E. O’Reilly, Les deux procès.

[4] Ibid., t. I, p. 3, 12 ; t. III, p. 328 ; t. V, p. 392.

[5] Domini canes. On les voit ainsi figurés sur les fresques de la chapelle des Espagnols, à Santa-Maria-Novella, de Florence.

[6] Tanon, Histoire des tribunaux de l’inquisition en France, chap. II.

[7] Le P. Denifle et Chatelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, t. IV, p. 510 ; Le procès de Jeanne d’arc et l’Université de Paris, Paris, 1891, in-8°, 32 pages.

[8] Journal d’un bourgeois de Paris, passim. — Fauquembergue, dans Procès, t. IV, p. 450.

[9] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 237. — T. Basin, Histoire de Charles VII et de Louis XI, t. IV, pp. 903-104. — Monstrelet, t. IV, chap. LXIII. — Bougenot, Deux documents inédits relatifs à Jeanne d’Arc, dans Revue Bleue, 13 fév. 1892, pp. 203-204.

[10] Le P. Denifle et Chatelain, Chartularium Universitatis Parisiensis..., t. IV, p. 515, n° 2310 ; Le procès de Jeanne d’Arc et l’Université de Paris.

[11] Monstrelet, t. IV, p. 389. — Perceval de Cagny, p. 176. — Morosini, t. III, pp. 300-302 ; t. IV, pp. 254-355. — De La Fons-Mélicocq, Une cité Picarde au moyen âge ou Noyon et les Noyonnais aux XIVe et XVe siècles, Noyon, 1841, t. II, pp. 100-105. — En 1441, Lyonnel de Wandomme qui était gouverneur de cette place en fut chassé par les habitants à la mort de Jean de Luxembourg (Monstrelet, t. V. p. 456).

[12] Perceval de Cagny, p. 177, très suspect.

[13] Procès, t. I, pp. 163-164, 249.

[14] Ibid., t. I, p. 151.

[15] Vallet de Viriville, Note sur deux médailles de plomb relatives à Jeanne d’Arc, Paris, 1861, in-8° de 30 pages. — Forgeais, Notice sur les plombs historiés trouvés dans la Seine, Paris, 1860, in-8°. — J. Quicherat, Médaille frappée en l’honneur de la Pucelle, Six dessins sur Jeanne d’Arc tirés d’un manuscrit du XVe siècle, dans l’Autographe, n° 24, 15 nov. 1861.

[16] P. Lanéry d’Arc, Le culte de Jeanne d’Arc au XVe siècle, Paris. 1887, in-8° de 29 pages.

[17] Procès, t. I, p. 290.

[18] Carreau, Histoire manuscrite de Touraine, dans Procès, t. V, pp. 253-254.

[19] Procès, t. V, p. 104. — E. Maignien, Oraisons latines pour la délivrance de Jeanne d’Arc, Grenoble, 1867, in-8° (Revue des Sociétés savantes, t. IV, pp. 412-414). — G. de Braux, Trois oraisons pour la délivrance de Jeanne d’Arc, dans Journal de la Société d’archéologie lorraine, juin 1887, pp. 125, 127.

[20] Vita Jacobi Gelu ab ipso conscripta, dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, III, 1867, pp. 266 et suiv. — Le R. P. Marcellin Fornier, Histoire des Alpes Maritimes ou Cottiennes, t. II, pp. 313 et suiv.

[21] Le R. P. Marcellin Fornier, Histoire générale des Alpes Maritimes ou Cottiennes, t. II, pp. 319-320.

[22] Thomassin, dans Procès, t. IV, p. 312. — Chronique du doyen de Saint-Thibaud, dans Procès, t. IV, p. 323. — Chronique de Tournai, dans Recueil des Chroniques de Flandre, t. III, p. 415. — Chronique de Normandie, éd. A. Hellot, Rouen, 1881, in-8°, pp. 77-78. — Chronique de Lorraine, éd. abbé Marchal (Recueil de documents sur l’Histoire de Lorraine, t. V).

[23] Analyse d’une lettre de Regnault de Chartres aux habitants de Reims, Procès, t. V, p. 168.

[24] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 272. — Lefèvre de Saint-Rémy, t. II, p. 263. — Martial d’Auvergne, Vigiles, t. I, p. 121.

[25] A. Maury, La stigmatisation et les stigmates, dans Revue des Deux Mondes, 1854, c. VIII, pp. 454-482. — Dr Subled, Les stigmates selon la science, dans Science catholique, 1894, t. VIII, pp. 1073 et suiv. ; t. IX, pp. 2 et suiv.

[26] Lettre de Regnault de Chartres, dans Procès, t. V, p. 168.

[27] Procès, t. I, pp. 295 et suiv.

[28] Lettre de Regnault de Chartres, dans Procès, t. V. p. 168.

[29] Procès, t. V, p. 168.