VIE DE JEANNE D’ARC

Tome II

CHAPITRE IV. — PRISE DE SAINT-PIERRE-LE-MOUSTIER. - LES FILLES SPIRITUELLES DE FRÈRE RICHARD. - LE SIÈGE DE LA CHARITÉ.

 

 

Le roi coucha le 14 septembre à Lagny-sur-Marne, traversa la Seine à Bray, et l’Yonne à un gué, près de Sens, passa par Courtenay, Châteaurenard, Montargis ; arrivé à Gien le 21 septembre, il licencia l’armée qu’il ne pouvait payer, et chacun s’en fut chez soi. Le duc d’Alençon se retira dans sa vicomté de Beaumont-sur-Oise[1].

Apprenant que la reine venait à la rencontre du roi, Jeanne prit les devants et vint la saluer à Selles-en-Berry[2]. Elle fut conduite ensuite à Bourges, où le seigneur d’Albret, frère utérin du sire de la Trémouille, l’envoya lober chez messire Régnier de Bouligny, alors général sur le fait et gouvernement de toutes finances, l’un de ceux dont l’Université, en 1408, avait demandé la destitution comme inutiles et coupables de tout le mal. Il s’attacha au service du dauphin, passade l’administration du domaine à celle des aides et atteignit le plus haut rang dans le gouvernement des finances[3]. Sa femme, ayant accompagné la reine à Selles, y vit la Pucelle et s’en émerveilla comme d’une créature envoyée de Dieu pour relever le roi et les Français fidèles au roi. Il lui souvenait du temps encore récent où elle avait vu le dauphin et son mari tirer le diable par la queue. Elle se nommait Marguerite La Touroulde, et elle était demoiselle et non dame, grosse bourgeoise sans plus[4].

Durant trois semaines, Jeanne demeura dans l’hôtel du général des finances. Elle y couchait, buvait et mangeait. Presque toutes les nuits, demoiselle Marguerite La Touroulde couchait avec elle : la civilité le voulait ainsi. On ne portait point de linge de nuit ; on couchait nu dans de très grands lits. Il parait que Jeanne n’aimait pas à coucher avec de vieilles femmes[5]. Demoiselle La Touroulde, sans être bien vieille, avait l’âge d’une matrone[6] ; elle en avait aussi l’expérience et même elle prétendait, comme il y paraîtra tout à l’heure, en savoir plus que les matrones n’en savent. Diverses fois elle mena Jeanne au bain et aux étuves[7]. Cela encore était dans les règles du savoir-vivre ; on n’eût pas fait grande chère aux personnes qu’on recevait si on ne les avait fait baigner. Les princes donnaient l’exemple de cette politesse ; quand le roi et la reine soupaient dans l’hôtel de quelqu’un de leurs serviteurs et officiers, on leur préparait de beaux bains richement ornés où ils se mettaient avant de manger[8]. Demoiselle Marguerite La Touroulde n’avait pas chez elle, sans doute, ce qu’il fallait ; elle mena Jeanne dehors au bain et aux étuves. Ce sont ses propres expressions qui peuvent s’entendre du bain de vapeurs[9] plutôt que du bain d’eau chaude.

A Bourges, les étuves étaient dans le quartier d’Auron, au bas de la ville, près de la rivière[10]. Jeanne pratiquait une exacte dévotion, mais elle n’était pas soumise aux règles de la vie conventuelle ; elle pouvait bien se baigner, comme la chaste Suzanne ; et elle devait en avoir grand besoin après avoir couché à la paillade[11]. Ce qui est plus singulier, c’est que demoiselle Marguerite La Touroulde jugea, pour l’avoir vue au bain, que Jeanne, selon toute apparence, était vierge[12].

Dans l’hôtel de messire Régnier de Bouligny, ainsi que partout où elle logeait, elle menait une vie de béguine, sans austérités excessives. Elle se confessait très souvent. Maintes fois, elle demanda à son hôtesse de l’accompagner à Matines. Les Matines se chantaient tous les jours à la cathédrale et dans les collégiales, entre quatre et six heures du soir, au moment où le soleil descendait à l’horizon. Demoiselle La Touroulde l’y mena plusieurs fois. Fréquemment elles causaient toutes deux ensemble ; la femme du général des finances la trouvait bien simple et bien ignorante. Elle s’apercevait avec surprise que cette jeune fille ne savait absolument rien[13].

Jeanne lui conta, entre autres choses, sa visite au vieux duc de Lorraine, et comment elle l’avait repris sur sa mauvaise conduite ; elle parla aussi des examens que lui avaient fait subir les maîtres de Poitiers[14]. Elle était persuadée que ces clercs l’avaient interrogée avec une extrême sévérité et croyait de bonne foi qu’elle avait triomphé de leur mauvais vouloir. Hélas ! elle devait connaître avant peu des clercs moins accommodants.

Demoiselle Marguerite lui dit un jour

— Si vous ne craignez point d’aller aux assauts, c’est que vous savez bien que vous ne serez point tuée. A quoi Jeanne répondit :

— Je n’en suis pas plus sûre que les autres gens de guerre.

Fréquemment des femmes venaient à l’hôtel de Bouligny, apportant des patenôtres et de menus objets de piété pour les faire toucher par la Pucelle.

Et Jeanne disait, en riant, à son hôtesse :

— Touchez-les vous-même. Ils seront aussi bons par votre toucher que par le mien[15].

En entendant cette répartie, demoiselle Marguerite dut bien s’apercevoir que Jeanne, pour ignorante qu’elle était, montrait parfois dans ses propos du bon sens et de la bonne grâce.

Cette dame, qui trouvait la Pucelle de toute façon une innocente, l’estimait, au contraire, experte dans les armes. Soit qu’elle jugeât par elle-même du savoir-faire de la sainte en gendarmerie, soit qu’elle en parlât par ouï dire, comme il semble, elle déclara plus tard que cette jeune fille montait à cheval et maniait la lance comme l’eût fait le meilleur chevalier et que l’armée en était dans l’admiration[16]. Les capitaines d’alors n’en savaient pas davantage pour la plupart.

Il est croyable qu’il y avait des dés et des cornets dans l’hôtel de Bouligny, sans quoi Jeanne n’aurait pas eu l’occasion de montrer cette horreur du jeu de dés que remarqua son hôtesse. A cet égard, elle pensait de même que frère Richard, son compagnon, et que toute personne de bonne vie et doctrine[17].

Jeanne distribuait en aumônes l’argent qu’elle avait. Elle disait : J’ai été envoyée pour la consolation des pauvres et des indigents[18].

De tels propos, répandus dans la foule, inspiraient au peuple la croyance que cette pucelle de Dieu n’avait pas été suscitée seulement pour la gloire des Lis, et qu’elle venait guérir les maux dont souffrait le royaume, tels que meurtres, pilleries et grièves offenses à Dieu. Les âmes mystiques espéraient d’elle la réforme de l’Église et le règne de Jésus-Christ en ce monde. Elle était invoquée comme une sainte et l’on voyait, dans les provinces fidèles au dauphin, ses images peintes et taillées offertes à la vénération des fidèles, en sorte qu’elle jouissait, vivante, des privilèges de la béatification[19].

Cependant, au nord de la Seine, Anglais et Bourguignons recommençaient la danse. Le duc de Vendôme se repliait avec sa compagnie sur Senlis, les Anglais se ruaient sur la ville de Saint-Denys et la saccageaient à nouveau. Ils trouvèrent dans l’église abbatiale l’armure de la Pucelle et, sur l’ordre de l’évêque de Thérouanne, chancelier d’Angleterre, l’enlevèrent, ce qui fut considéré par le clergé français comme un sacrilège manifeste, pour cette raison qu’ils ne, donnèrent rien en échange aux moines de l’abbaye.

Le roi se tenait alors à Mehun-sur-Yèvre, tout proche la ville de Bourges, en un château, l’un des plus beaux du monde, qui s’élevait sur un rocher et regardait la ville. Le feu duc Jean de Berri-, grand amateur de bâtiments, l’avait fait construire avec le soin et l’amour qu’il donnait à toutes choses d’art. Mehun était le séjour préféré du roi Charles[20].

Le duc d’Alençon, qui attendait des gens pour entrer en Normandie par les Marches de Bretagne et du Maine, pensant ravoir son duché, fit demander au roi qu’il lui plût lui donner la Pucelle. Beaucoup, disait le duc, se mettront en sa compagnie, qui ne bougeront de chez eux si elle ne vient pas. C’était donc qu’elle n’était pas trop décriée pour sa déconfiture sous Paris. Le sire de la Trémouille s’opposa à ce qu’elle fût remise au duc d’Alençon, dont il se défiait, non sans quelque apparence de motif. Il la remit à son frère utérin, le sire d’Albret, lieutenant du roi en son pays de Berry[21].

Le Conseil royal estimait nécessaire de recouvrer la ville de La Charité, qu’on avait laissée aux mains des Anglais quand on était parti pour le voyage du sacre[22] ; mais il décida qu’on se porterait d’abord sur Saint-Pierre-le-Moustier qui commandait les approches du Bec-d’Allier[23]. Cette petite ville était occupée par tale garnison d’Anglais et de Bourguignons qui, de là, se répandaient dans le Berry et le Bourbonnais et pillaient les villages, ravageaient les campagnes. C’est à Bourges que se rassembla l’armée chargée de cette expédition. Elle était sous les ordres de monseigneur d’Albret[24] ; le bruit public en attribuait le commandement à Jeanne. Le commun peuple, les bourgeois des villes, les habitants d’Orléans surtout ne connaissaient qu’elle.

Après quelques jours de siège, les gens du roi donnèrent l’assaut. Mais ils furent repoussés par ceux du dedans. L’écuyer Jean d’Aulon, intendant de la Pucelle, qui avait reçu quelque temps auparavant une blessure au talon, et ne marchait qu’avec des béquilles, s’était retiré comme les autres[25]. Il se retourna et vit Jeanne demeurée presque seule au bord du fossé. De crainte qu’il ne lui arrivât mal, il sauta à cheval, tira vers elle et lui cria :

— Que faites-vous ainsi seule ? Pourquoi ne vous retirez-vous pas comme les autres ?

Jeanne ôta sa salade de dessus sa tête et lui répondit :

— Je ne suis pas seule. J’ai en ma compagnie cinquante mille de mes gens. Et je ne partirai point d’ici jusqu’à ce que j’aie pris la ville.

Messire Jean d’Aulon, écarquillant les yeux, ne voyait autour de la Pucelle que quatre ou cinq hommes. Il lui cria de plus belle :

— En allez-vous d’ici, et retirez-vous comme les autres font.

En guise de réponse, elle demanda qu’on lui apportât des fagots et des claies pour combler le fossé. Et aussitôt elle appela à haute voix :

— Aux fagots et aux claies, tout le monde 1 afin de faire un pont.

Les gens d’armes accoururent, le pont fut fait incontinent et la ville prise d’assaut sans grande difficulté. Du moins c’est ainsi que le bon écuyer Jean d’Aulon conta l’affaire[26]. Il n’était pas très éloigné de croire que les cinquante mille fantômes de la Pucelle s’étaient emparés de Saint-Pierre-le-Moustier.

 

A ce moment, il se trouvait auprès de la petite armée de la Loire plusieurs saintes femmes qui menaient, ainsi que Jeanne, une vie singulière et communiquaient avec l’Église triomphante. C’était, pour ainsi dire, un béguinage volant, qui suivait les gens d’armes. L’une de ces femmes se nommait Catherine de La Rochelle ; deux autres étaient de la Bretagne bretonnante[27].

Elles avaient toutes des visions merveilleuses ; Jeanne voyait monseigneur saint Michel en armes et mesdames sainte Catherine et sainte Marguerite portant des couronnes[28] ; la Pierronne voyait Dieu long vêtu d’une robe blanche avec une huque vermeille[29] ; Catherine de La Rochelle vouait une dame blanche, habillée de drap d’or, et, au moment de la consécration, on ne sait quelles merveilles du haut secret de Notre-Seigneur lui étaient révélées[30].

Frère Jean Pasquerel demeurait auprès de Jeanne en qualité de chapelain[31] ; il comptait mener sa pénitente à la croisade contre les hussites, car c’est surtout à ces infidèles que le bon frère en roulait. Mais le cordelier qui depuis Troyes s’était joint aux mendiants de la première heure, frère Richard, l’avait entièrement supplanté ; il conduisait à sa volonté la petite troupe des inspirées. On disait que c’était leur beau père ; il les endoctrinait[32]. Ses desseins sur ces filles n’étaient pas très différents de ceux du bon frère Pasquerel : il se proposait de les conduire dans ces guerres pour le triomphe de la Croix qui devaient, selon lui, précéder la fin prochaine du monde[33].

En attendant, il s’efforçait de les faire vivre entre elles en bonne intelligence ; et il y avait grand’peine, ce semble, si habile prêcheur qu’il fût. Sans cesse naissaient dans la confrérie les soupçons et les querelles. Jeanne, qui fréquentait avec Catherine de La Rochelle à Montfaucon en Brie et à Jargeau, flaira une rivale et se mit tout de suite en défiance[34]. Elle n’avait peut-être pas tort. On pouvait, d’un moment à l’autre, se servir de ces Bretonnes et de cette Catherine comme on s’était servi d’elle[35]. Une inspirée alors était bonne à tout, à l’édification du peuple, à la réforme de l’Église, à la conduite des gens d’armes, à la circulation des monnaies, à la guerre, à la paix ; dès qu’il en paraissait une, chacun la tirait à soi. Il semble bien qu’après avoir mis en œuvre la pucelle Jeanne pour délivrer Orléans, les conseillers du roi pensaient maintenant mettre en œuvre cette dame Catherine pour faire la paix avec le duc de Bourgogne. On trouvait opportun d’appliquer à cette tâche une sainte moins chevalière que Jeanne. Catherine était mariée, mère de famille. Il ne fallait pas s’étonner pour cela qu’elle fût favorisée de visions : si le don de prophétie est particulièrement réservé aux vierges, on voit, par l’exemple de Judith, que, le Seigneur peut susciter des femmes fortes pour le salut de son peuple.

A croire, comme son surnom l’indique, qu’elle venait de La Rochelle, son origine donnait confiance aux Armagnacs. Les habitants de La, Rochelle tous plus ou moins corsaires, faisaient trop bonne et profitable chasse aux navires anglais pour quitter le parti du dauphin, qui récompensait d’ailleurs leur fidélité par de beaux privilèges pour le trafic des marchandises[36]. Ils envoyèrent des dons d’argent à ceux d’Orléans et lorsque, au mois de mai, ils apprirent que la cité du duc Charles était délivrée, ils instituèrent une fête publique en mémoire de cet heureux événement.

Le premier emploi, ce semble, que tenait une sainte dans l’armée, c’était l’emploi de quêteuse. Jeanne demandait à tous moments, par lettres missives, de l’argent ou des engins de guerre aux bonnes villes, les bourgeois lui promettaient toujours et s’acquittaient quelquefois de leur promesse. Catherine de La Rochelle paraît avoir eu des révélations spéciales en matière de finances, et s’être donné une mission trésorière, comme Jeanne s’était donné une mission guerrière. Elle annonçait qu’elle irait vers le duc de Bourgogne pour conclure la paix[37]. A en juger par le peu qu’on en sait, les inspirations de cette sainte dame n’étaient ni très Hautes, ni très ordonnées, ni très profondes.

A Montfaucon en Berry (ou à Jargeau), rencontrant Jeanne, elle lui parla de la sorte :

— Il est venu à moi une dame blanche, vêtue de drap d’or, qui m’a dit : Va par les bonnes villes et que le roi te donne des hérauts et trompettes pour faire crier : Quiconque a or, argent ou trésor caché, qu’il l’apporte à l’instant.

Dame Catherine ajouta :

— Ceux qui en auront de caché et ne feront point ainsi, je les connaîtrai bien et saurai trouver leurs trésors.

Elle jugeait nécessaire de combattre les Anglais et semblait croire que Jeanne eût mission de les chasser, puisqu’elle lui offrit obligeamment le produit de ses recettes miraculeuses :

— Ce sera, dit-elle, pour payer vos gens d’armes.

Mais la Pucelle lui répondit avec mépris :

— Retournez à votre mari faire votre ménage et nourrir vos enfants[38].

Les disputes clés saintes sont très âpres d’ordinaire. Jeanne n’admettait pas qu’il y eût dans le fait de cette rivale autre chose que folie et néant. Pourtant, elle ne jugeait pas impossible qu’on reçût la visite d’une dame blanche, elle vers qui se rendaient chaque jour autant clé saints et de saintes, d’anges et d’archanges qu’on n’en peignit jamais sur les pages des livres et sur les murs des moutiers. Pour en avoir le cœur net, elle prit le bon moyen. Un docteur peut raisonner sur l’objet -et la substance, l’origine et la forme des idées, la naissance des images dans l’entendement ; une gardeuse de moutons prendra un parti plus sûr : elle s’en rapportera à ses yeux.

Jeanne demanda à Catherine si cette dame blanche venait toutes les nuits et, apprenant qu’oui :

— Je coucherai avec vous, dit-elle.

Le soir arrivé, elle se mit dans le lit de Catherine, veilla jusqu’à minuit, ne vit rien et s’endormit, car elle était jeune et avait grand besoin de sommeil. Le matin, à son réveil, elle demanda

— Est-elle venue ?

— Elle est venue, répondit Catherine. Vous dormiez et je n’ai pas voulu vous éveiller.

— Ne viendra-t-elle point demain ?

Catherine lui promit qu’elle viendrait sans faute.

Cette fois, Jeanne, ayant dormi le jour pour pouvoir mieux veiller, coucha le soir encore dans le lit de Catherine et garda les yeux ouverts.

Souvent, elle demandait

— Viendra-t-elle point ?

Et Catherine répondait

— Oui, tout à l’heure.

Mais Jeanne ne vit rien[39].

Elle tint la preuve pour bonne. Pourtant, la dame blanche, habillée de drap d’or, lui trottait encore dans la tête. Quand madame sainte Catherine et madame sainte Marguerite vinrent la voir, ce qui ne tarda guère, elle leur parla de cette dame blanche et leur demanda ce qu’il en fallait penser. La réponse fut telle que Jeanne l’attendait.

— Dans le fait de cette Catherine, il n’y a, dirent-elles, que folie et néant[40].

Et Jeanne dut s’écrier :

— C’était bien ce que je pensais !

La lutte entre les deux prophétesses fut courte, mais acharnée. Jeanne prenait toujours le contre-pied de ce que disait Catherine. Comme celle-ci voulait aller voir le duc de Bourgogne pour faire la paix, Jeanne lui dit :

— Il me semble qu’on n’y trouvera point de paix si ce n’est par le bout de la lance[41].

Il y eut un sujet tout au moins où la dame blanche fut plus habile prophétesse que les conseillères de la Pucelle : ce fut le siège de La Charité. Lorsque Jeanne voulut aller délivrer cette ville, Catherine lui conseilla de n’en rien faire.

— Il fait trop froid, dit-elle, je n’irai point[42].

La raison que donnait Catherine n’était point haute ; pourtant, il est vrai que Jeanne aurait mieux fait de ne pas aller au siège de La Charité.

La Charité, enlevée au duc de Bourgogne par le dauphin en 1422, avait été reprise en 1424 par Perrinet Gressart[43], fortuné capitaine, devenu, d’apprenti maçon, panetier du duc de Bourgogne et seigneur de Laigny, de par le roi d’Angleterre[44]. Le 30 décembre 1425, le sire de La Trémouille, qui ce rendait auprès du chic Philippe pour une de ces négociations sempiternelles, fut arrêté par les gens de Perrinet, et renfermé pendant plusieurs mois dans cette place dont son ravisseur était capitaine. Il lui fallut payer une rançon de quatorze mille écus d’or, et, bien qu’il eût pris cette comme dans le trésor royal[45], il devait garder rancune à Perrinet, et l’on peut penser que, s’il envoyait des gens d’armes à La Charité, c’était pour prendre tout de lion la ville et non dans quelque noir dessein contre la Pucelle.

L’armée qui allait contre ce capitaine bourguignon, grand détrousseur de pèlerins, n’était pas composée de gens de rien. Ses chefs étaient Louis de Bourbon, comte de Montpensier, et Charles II, sire d’Albret, frère utérin de La Trémouille et compagnon de Jeanne à l’armée du sacre. Sans doute elle manquait de matériel et d’argent[46]. Condition ordinaire des armées d’alors. Quand le roi voulait attaquer une place tenue par ses ennemis, il fallait qu’il s’adressât à ses bonnes villes, pour obtenir d’elles les ressources nécessaires. La Pucelle, qui était une sainte et une guerrière, avait bonne grâce à mendier des armes ; mais peut-être se faisait-elle illusion sur les ressources des villes qui avaient déjà tant donné.

Le 7 novembre, elle signa avec monseigneur d’Albret une lettre par laquelle elle demandait. à ceux de Clermont en Auvergne, de la poudre, des traits et de l’artillerie. Les messieurs d’Église, les élus et les habitants envoyèrent deux quintaux de salpêtre, un quintal de soufre, deux caisses de traits ; ils y joignirent une épée, deux dagues, et une hache d’armes pour la Pucelle, et ils chargèrent messire Robert Andrieu de présenter cet envoi à Jeanne et à monseigneur d’Albret[47].

Le 9 novembre, la Pucelle était a, Moulins en Bourbonnais[48]. Qu’y faisait-elle ? On ne sait. Alors se trouvait dans cette ville une très sainte abbesse et très vénérée, Colette Boilet, qui s’était attiré les plus hautes louanges et les plus bas outrages en travaillant avec un zèle merveilleux à la réforme des filles de sainte Claire. Colette habitait le couvent de clarisses qu’elle venait de fonder en cette ville. On a supposé que la Pucelle était allée à Moulins afin de s’y rencontrer avec elle. Il faudrait d’abord savoir si ces deux saintes avaient de l’inclination l’une pour l’autre ; elles faisaient toutes deux des miracles, et des miracles parfois assez semblables[49] ; ce n’était pas une raison pour qu’elles prissent le moindre plaisir à se trouver ensemble. L’une était nommée la Pucelle, l’autre la Petite Ancelle ; mais, sous ces noms d’une égale humilité, bien différentes d’habit et de mœurs, celle-ci cheminait sur les routes enveloppée de haillons comme une mendiante, celle-là chevauchait en Nuque d’or entre les seigneurs. Rien ne donne à croire que Jeanne, qui vivait parmi des franciscains soustraits à toute règle, éprouvât de la vénération pour la réformatrice des clarisses ; rien ne dit que la pacifique Colette, très attachée à la maison de Bourgogne[50], ait désiré s’entretenir avec l’ange exterminateur des Anglais[51].

De cette ville de Moulins, Jeanne dicta une lettre par laquelle elle avertissait les habitants de Riom que Saint-Pierre-le-Moustier était pris et leur demandait, comme à ceux de Clermont, du matériel de guerre[52].

Voici cette lettre :

Chers et bons amis, vous savez bien comment la ville de Saint Pere le Moustier a esté prinse d’assault ; et, à l’aide de Dieu, ay entencion de faire vuider les autres places qui sont contraires au roy ; mais pour ce que grant despense de pouldres, trait et autres habillemens de guerre a esté faicte devant ladite ville, et que petitement les seigneurs qui sont en ceste ville et moy en sommes pourveuz pour aler mectre le siège devant La Charité, où nous alons prestement ; je vous prie, sur tant que vous aymez le bien et honneur du roy et aussi de tous les autres de par deçà, que vueillez incontinant envoyer et aider pour ledit siège de pouldres, salepestre, souffre, trait, arbelestres fortes, et d’autres habillemens de guerre. Et en ce faictes tant que par faulte desdictes pouldres et autres habillemens de guerre, la chose ne soit longue, et que on ne vous puisse dire en ce estre negligens ou refusans. Chers et bons amis, Nostre Sire soit garde de vous. Escript à Molins, le neufme jour de novembre.

JEHANNE.

Sur l’adresse : A mes chiers et bons amis, les gens d’église, bourgois et habitans de la ville de Rion[53].

Les consuls de Riom s’engagèrent, par lettres scellées de leur sceau, à donner à Jeanne la Pucelle et à monseigneur d’Albret une somme de soixante écus ; mais quand les gouverneurs de l’artillerie pour le siège vinrent leur réclamer cette somme, les consuls ne donnèrent pas une maille[54].

Désireux, au contraire, de voir réduire une place qui interceptait le cours de la Loire à trente lieues en amont de leur ville, les habitants d’Orléans, cette fois encore, se montrèrent zélés et magnifiques. On les doit tenir pour les vrais sauveurs du royaume ; sans eux, au mois de juin, ou n’aurait pas pu prendre Jargeau ni Beaugency. Tout au commencement de juillet, alors qu’ils croyaient à la continuation de la campagne de la Loire, ils avaient fait conduire à Gien leur grosse bombarde, la Bougue. Ils y joignirent des munitions, des vivres, et, dans les premiers jours de décembre, sur la demande du roi aux procureurs de la ville, ils dirigèrent sur La Charité toute l’artillerie ramenée de Gien ; quatre-vingt-neuf soldats de la milice urbaine, portant la Nuque aux couleurs du duc d’Orléans, la croix blanche sur la poitrine, trompette en tête, commandés par le capitaine Boiau ; des ouvriers de tous états, maçons et manœuvres, charpentiers, forgerons ; les couleuvriniers Fauveau, Gervaise Lefèvre, et frère Jacques, religieux du couvent des cordeliers d’Orléans[55]. Que fit-on de cette grosse artillerie et de ces braves gens ?

Le 24 novembre, le sire d’Albret et la Pucelle, se trouvant sous les murs de La Charité en grande détresse, sollicitèrent semblablement la ville de Bourges. Au reçu de leur lettre, les bourgeois décidèrent d’envoyer treize cents écus d’or. Pour se procurer cette somme ils employèrent un moyen usuel, auquel notamment ceux d’Orléans avaient eu recours quand, en vue de fournir à Jeanne, quelque temps auparavant, des munitions de guerre, ils achetèrent d’un habitant une certaine quantité de sel qu’ils firent mettre à l’enchère au grenier de la ville. Les habitants de Bourges firent vendre à la criée la ferme annuelle du treizième du vin vendu en détail dans la ville. Mais l’argent qu’ils se procurèrent ainsi n’arriva pas à destination[56].

Il y avait sous La Charité une brillante chevalerie ; outre Louis de Bourbon et le sire d’Albret, il s’y trouvait le maréchal de Boussac, Jean de Bouray, sénéchal de Toulouse, Raymon de Montremur, baron dauphinois, qui y fut tué[57]. Il faisait un froid cruel et les assiégeants ne réussissaient à rien. Après un mois, Perrinet Gressart, qui connaissait plus d’un tour, les fit tomber dans on ne sait quelle embûche. Ils levèrent le siège, laissant l’artillerie des bonnes villes, les beaux canons payés des deniers des bourgeois économes[58]. Et ce qui rendait leur cas peu louable, c’est que la ville, n’étant pas secourue et ne pouvant l’être, devait capituler un jour ou l’autre. Ils alléguaient en leur faveur que le roi n’avait envoyé ni vivres ni argent[59] ; mais ce ne parut point une excuse et leur fait l’ut jugé honteux. Un chevalier expert en l’honneur des armes a dit : On ne doit jamais assiéger une place que premièrement on ne soit sûr de vivres et de solde. Car trop grande honte est à un ost, spécialement quand il y a roi ou lieutenant du roi, d’assiéger une place et puis de s’en lever[60].

Le 13 décembre, un moine dominicain, frère Hélie Boudant, pénitencier du pape Martin pour la ville et diocèse de Limoges, s’étant rendu dans la ville de Périgueux, y prêcha le peuple ; il prit pour tette de son sermon les grands miracles accomplis en France par l’intervention d’une Pucelle qui était venue trouver le roi de par Dieu. A cette occasion le maire et les consuls entendirent une messe chantée et firent mettre deux cierges. Or, frère Hélie était depuis deux mois sous le coup d’un mandat d’amener lancé par le parlement de Poitiers[61]. On ignore l’accusation qui pesait sur lui. Les moines mendiants se montraient alors, pour la plupart, déréglés dans leurs mœurs et faillibles dans leur foi. Le frère Richard lui-même ne laissait pas d’inspirer parfois des soupçons sur la pureté de sa doctrine.

A la Noël de cette année 1429, le béguinage volant étant réuni à Jargeau[62], ce bon frère dit la messe et donna la communion trois fois à Jeanne la Pucelle et deux fois à cette Pierronne, de la Bretagne bretonnante, avec qui Notre-Seigneur causait comme un ami avec un ami. Et l’on pouvait voir là, sinon une transgression formelle des lois de l’Église, du moins un abus condamnable du sacrement[63]. Un formidable orage théologique s’amassait dès lors, prêt à fondre sur les filles spirituelles du frère Richard. Peu de jours après l’attaque de Paris, la très vénérable Université avait fait, composer, ou plutôt transcrire un traité De bono et maligno spiritu, en vue, probablement, d’y trouver des arguments contre le frère Richard et sa prophétesse Jeanne, venus tous deux de compagnie avec les Armagnacs devant la grand’ville[64].

Vers le même temps, un clerc de la faculté des décrets avait lancé une réponse sommaire au mémoire du chancelier Gerson sur la Pucelle. Il ne suffit pas, y disait-il, que quelqu’un nous affirme bonnement qu’il est envoyé de Dieu : tout hérétique le prétend ; mais il importe qu’il prouve cette mission invisible par opération miraculeuse ou témoignage spécial dit l’Écriture. Le clerc de Paris nie que la Pucelle ait fait cette preuve, et à la juger sur sa conduite, il la croit plutôt envoyée par le diable. Il lui fait grief de porter un habit interdit aux femmes, sous peine d’anathème, et rejette les excuses alléguées sur ce point par Gerson. Il lui reproche d’avoir excité, entre les princes et le peuple chrétiens, plus grande guerre que n’était auparavant. Il la tient pour idolâtre, usant de sortilèges et de fausses prophéties ; il l’incrimine d’avoir entraîné les hommes à se rendre homicides pendant les deux fêtes principales de la très sainte Vierge, l’Assomption et la Nativité : offenses que l’Ennemi du genre humain a infligées au Créateur et à sa très glorieuse Mère, par le moyen de cette femme. Et bien qu’il en ait résulté quelques meurtres, grâce à Dieu, ils n’ont pas répondu aux intentions de cette ennemie.

Tout cela manifestement, ajoute ce fils dévoué de l’Université, contient erreur et hérésie. Il en conclut que cette Pucelle doit être traduite devant l’évêque et l’inquisiteur et termine en invoquant ce texte de saint Jérôme : Il faut tailler les chairs pourries ; il faut chasser la brebis galeuse du bercail[65].

Tel était le sentiment unanime de l’Université de Paris sur celle en qui les clercs français reconnaissaient un ange du Seigneur. Au mois de novembre, le bruit courait à Bruges, recueilli par des religieux, que la fille aînée des rois avait envoyé à Rome, près du pape, des députés pour dénoncer la Pucelle comme fausse prophétesse, abuseresse, ainsi que ceux qui croyaient en elle ; nous ignorons le véritable objet de cette, ambassade[66]. Sans nul doute les docteurs et maîtres parisiens étaient dès lors résolus, s’ils tenaient un jour cette fille, à ne pas la laisser échapper et à ne point l’envoyer juger à Rome où elle courait chance de s’en tirer avec une pénitence et même d’être engagée dans les soudoyers du Saint-Père[67].

En pays anglais et bourguignons elle était regardée comme hérétique, non seulement par les clercs, mais par la multitude des gens de toute condition. Et ceux qui, peu nombreux dans ces contrées, l’estimaient bonne, devaient s’en taire soigneusement. Après la retraite de Saint-Denys il restait peut-être en Picardie et notamment à Abbeville quelques personnes favorables à la prophétesse des Français ; il ne fallait pas parler en public de ces gens-là.

Colin Gouye, surnommé le Sourd, et Jehannin Daix, surnommé Petit, natif d’Abbeville, l’apprirent à leurs dépens. En cette ville, vers la mi-septembre, le Sourd et Petit, se trouvant contre la forge d’un maréchal, en compagnie de plusieurs bourgeois et habitants, notamment d’un héraut, parlèrent des faits de cette Pucelle qui menait si grand bruit dans la chrétienté. A un propos que tint le héraut sur elle, Petit répliqua vivement :

— Bren ! bren ! Chose lue dit et fait cette femme n’est qu’abusion.

Le Sourd parla dans le même sens

— A cette femme, dit-il, l’on ne doit ajouter foi. Ceux qui croient en elle `ont fols et sentent la persinée.

Il entendait par là qu’ils sentaient la grillade au persil, le roussi, étant déjà, autant dire, sur le feu du bûcher.

Et il eut le malheur d’ajouter

— Il y a en cette ville plusieurs autres qui sentent la persinée.

C’était diffamer les habitants d’Abbeville et les rendre suspects. Le maire et les échevins, avant eu connaissance de ce propos, firent mettre le Sourd en prison. Sans doute Petit avait dit quelque chose de semblable, car il fut envoyé pareillement en prison[68].

En disant que plusieurs de leurs concitoyens sentaient la persinée, le Sourd les mettait en grand danger d’être recherchés par l’ordinaire et l’inquisiteur comme hérétiques et sorciers notoirement diffamés. Quant à la Pucelle, en quelle odeur de persinée elle était, puisqu’il suffisait de prendre son parti pour sentir le roussi !

Pendant que le frère Richard et ses filles spirituelles se voyaient ainsi menacés de faire une mauvaise fin, s’ils tombaient aux mains des Anglais et des Bourguignons, de grands troubles agitaient la confrérie. Jeanne, au sujet de Catherine, entra en lutte ouverte avec son bon père. Frère Richard voulait qu’on mît en œuvre la sainte dame de La Rochelle. Jeanne, craignant que ce conseil ne fût suivi, écrivit à son roi ce qu’il devait faire de cette femme, c’est-à-dire qu’il la devait certes renvoyer à son mari et à ses enfants.

Quand elle alla vers le roi, elle n’eut rien de plus pressé que de lui dire :

— C’est tout folie et tout néant du fait de Catherine.

Frère Richard laissa voir à la Pucelle son profond mécontentement[69]. Il était fort bien en cour, et c’est sans doute avec l’agrément du Conseil royal qu’il essayait de mettre en œuvre cette dame Catherine. La Pucelle avait réussi ; on pensait qu’une autre voyante réussirait de même.

Ce qui ne veut pas dire que, dans le Conseil on renonçât aux services que Jeanne rendait à là cause française. Même après les mauvaises journées de Paris et de La Charité bien des gens lui attribuaient comme autrefois une puissance surnaturelle et il y a lieu de croire que plusieurs, à la Cour, comptaient l’employer encore[70].

Et quand même on eût voulu la rejeter, elle se tenait trop près des Lis pour qu’on pût désormais négliger ses honneurs sans offenser en même temps l’honneur des Lis. Le 29 décembre 1429, à Mehun-sur-Yèvre, le roi lui donna des lettres de noblesse scellées du grand sceau de cire verte, sur double queue, en lés de soie rouge et verte[71].

L’anoblissement concernait Jeanne, ses père, mère, frères, même au cas où ils ne fussent pas de condition libre, et toute leur postérité mâle et féminine. Clause singulière, répondant aux services singuliers rendus par une femme.

Dans ces lettres, elle est nommée Johanna d’Ay, sans doute parce que le nom de son père fut recueilli à la chancellerie royale sur les lèvres des Lorrains qui le prononçaient ainsi d’un accent lent et sourd ; mais que ce nom soit Ay ou Arc, on ne le lui donnait guère ; on l’appelait communément Jeanne la Pucelle[72].

 

 

 



[1] Journal du siège, p. 130. — Perceval de Cagny, pp. 170-171. — Journal d’un bourgeois de Paris, pp. 246-247. — Berry, dans Procès, t. IV, p. 79. — Morosini, t. III, p. 219.

[2] Procès, t. III, p. 83. — De Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. II, p. 263. — P. Lanéry d’Arc et L. Jeny, Jeanne d’Arc en Berry, avec des documents et des éclaircissements inédits, Paris, 1892, in-12, chap. VI.

[3] Procès, t. III, p. 85, note 1. — De Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. I, p. 418, note 7.

[4] Procès, t. III, p. 85.

[5] Ibid., t. III, pp. 81, 86.

[6] Lanéry d’Arc et L. Jeny, Jeanne d’Arc en Berry, pp. 72-73.

[7] In balneo et stuphis. Procès, t. III, p. 88.

[8] L’amant rendu cordelier à l’observance d’amour, poème attribué à Martial d’Auvergne, éd. A. de Montaiglon, Paris, 1881, in-8°, v. 1761-1776 et note p. 184. — A. Franklin, La vie privée d’autrefois, t. II, Les soins de la toilette, Paris, 1887, in-18°, pp. 20 et suiv. — A. Lecoy de la Marche, Le bain au moyen âge, dans Revue du Monde catholique, t. XIV, pp. 870-881.

[9] Livre des métiers d’Étienne Boileau, éd. de Lespinasse et F. Bonnardot, Paris, 1879, pp. 154-155 et note. — G. Bayle, Notes pour servir à l’histoire de la prostitution au moyen âge, dans Mémoires de l’Académie de Vaucluse, 1887, pp. 241-242. — Dr P. Pansier, Histoire des prétendus statuts de la reine Jeanne, dans le Janus, 1992, p. 14.

[10] Lanéry d’Arc et L. Jeny, Jeanne d’Arc en Berry, pp. 76-77.

[11] Procès, t. III, p. 100.

[12] Ibid., t. III, p. 88.

[13] Ibid., t. III, pp. 85, 89. — Lanéry d’Arc et L. Jeny, Jeanne d’Arc en Berry, pp. 73-74.

[14] Ibid., t. III, pp. 86-87.

[15] Procès, t. III, pp. 86-88.

[16] Procès, t. III, p. 88.

[17] Ibid., t. III, p. 87.

[18] Ibid., t. III, pp. 87-88.

[19] Noël Valois, Un nouveau témoignage sur Jeanne d’Arc, dans Annuaire-bulletin de la Société de l’Histoire de France, Paris, 1907, in-8°, pp. 8 et 18 (tirage à part).

[20] Procès, t. III, p. 217. — De Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. II, p. 263. — A. Buhot de Kersers, Histoire et statistique du département du Cher, canton de Mehun, Bourges, 1891, in-4°, pp. 261 et suiv. — A. de Champeaux et P. Gauchery, Les travaux d’art exécutés pour Jean de France, duc de Berry, Paris, 1894, in-4°, pp. 7, 9 et la miniature des Grandes Heures du duc Jean de Berry, à Chantilly.

[21] Perceval de Cagny, pp. 170-171. — Berry, dans Procès, t. IV, p. 48. — Lettre du sire d’Albret aux habitants de Riom, dans Procès, t. V, pp. 148-149. — Martin Le Franc, Champion des Dames, dans Procès, t. V, p. 71.

[22] Chronique de la Pucelle, p. 310. — Journal du siège, p. 107. — Morosini, t. II, p. 229, note 4. — Perceval de Cagny, p. 172.

[23] Procès, t. III, p. 217. — Jaladon de la Barre, Jeanne d’Arc à Saint-Pierre-le-Moustier et deux juges nivernais à Rouen, Nevers, 1868, in-8°, chap. IX et suiv.

[24] Procès, t. V, p. 356. — Lanéry d’Arc et L. Jeny, Jeanne d’Arc en Berry, p. 89.

[25] Procès, t. III, P. 217.

[26] Procès, t. III, p. 218.

[27] Ibid., t. I, p. 106. — Journal d’un bourgeois de Paris, pp. 259-260, 271-272. — Nider, Formicarium, dans Procès, t. IV, pp. 503-504. — J. Quicherat, Aperçus nouveaux, pp. 74 et suiv. — N. Quellien, Perrinaïc, une compagne de Jeanne d’Arc, Paris, 1891, in-8°. — Mme Pascal-Estienne, Perrinaïk, Paris, 1893, in-8°. — J. Trévedy, Histoire du roman de Perrinaïc, Saint-Brieuc, 1894, in-8°. — Le roman de Perrinaïc, Vannes, 1894, in-8°. — A. de la Borderie, Pierronne et Perrinaïc, Paris, 1894, in-8°.

[28] Procès, t. V, à la table analytique aux mots : Catherine, Michel, Marguerite.

[29] Ibid., t. I, p. 103.

[30] Journal d’un bourgeois de Paris, pp. 271-272.

[31] Procès, t. III, pp. 104 et suiv.

[32] Ibid., t. II, p. 450. — Journal d’un bourgeois de Paris, pp. 271-272.

[33] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 235.

[34] Procès, t. I, p. 106.

[35] Procès, t. I, p. 107.

[36] Arcère, Histoire de La Rochelle, 1756, in-4°, t. I, p. 211. — Procès, t. V, p. 104, note. — Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. II, pp. 24, 75 et suiv., 219, 279.

[37] Procès, t. I, pp. 107-108.

[38] Procès, t. I, p. 107.

[39] Procès, t. I, pp. 108-909.

[40] Ibid., t. I, p. 107.

[41] Procès, t. I, p. 108.

[42] Ibid., p. 108.

[43] Perrinet Crasset, machon et capitaine de gens d’armes, Chronique des cordeliers, fol. 446 v°. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 117. — Monstrelet, t. IV, p. 174. — Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. I, p. 328.

[44] S. Luce, Jeanne d’Arc à Domremy, p. CCLXXVIII. — A. de Villaret, Campagne des Anglais, p. 109. — Le P. Ayroles, La vraie Jeanne d’Arc, t. III, pp. 20, 21, 373 et suiv. — J. de Fréminville, Les écorcheurs en Bourgogne (1435-1445) ; Étude sur les compagnies franches au XVe siècle, Dijon, 1888, in-8°. — P. Champion, Guillaume de Flavy, pièce justificative XXX.

[45] Sainte-Marthe, Histoire généalogique de la maison de la Trémoille, 1668, in-12, pp. 149 et suiv. — L. de La Trémoïlle, Les La Trémoille pendant cinq siècles, Nantes, 1890, t. I, p. 165.

[46] Procès, t. V, p. 149. — Jean Chartier, Chronique, t. III. — Journal du siège, p. 129. — Monstrelet, t. V, chap. LXXII. — A. de Villaret, Campagne des Anglais, p. 108.

[47] Procès, t. V, p. 146. — F. Perot, Un document inédit sur Jeanne d’Arc, dans Bulletin de la Société archéologique de l’Orléanais, t. XII, 1898-1901, p. 231.

[48] Procès, t. V, pp. 147-150. — Lanéry d’Arc et L. Jeny, Jeanne d’Arc en Berry, ch. VIII.

[49] Acta SS., Mars, I, 554, col. 2, n° 61. — Abbé Bizouard, Histoire de sainte Colette, pp. 35, 37. — S[ilvere], Histoire chronologique de la bienheureuse Colette, Paris, 1628, in-8°.

[50] Histoire chronologique de la bienheureuse Colette, pp. 168-200.

[51] S. Luce, Jeanne d’Arc et les ordres mendiants dans Revue des Deux Mondes, 1881, t. XLV, p. 90. — L. de Kerval, Jeanne d’Arc et les franciscains, Vanves, 1893, pp. 49-51. — S. Luce, Jeanne d’Arc à Domremy, pp. CCLXXVIII et s. — F. Perot, Jeanne d’Arc en Bourbonnais, Orléans, in-8° 26 p., 1889. — F. André, La vérité sur Jeanne d’Arc, in-8°, 1895, pp. 308 et suiv.

[52] Procès, t. V, p. 146-148.

[53] Procès, t. V, pp. 146, 148. — Fac-similé dans le Musée des archives départementales, p. 124.

[54] F. Perot (Bulletin de la Société archéologique de l’Orléanais, t. XII, p. 231).

[55] A. de Villaret, Campagne des Anglais, p. 107, pièce justificative XVII, pp. 159, 168. — Procès, t. V, pp. 268, 270, d’après les cédules originales de la Bibliothèque d’Orléans.

[56] La Thaumassière, Histoire du Berry, p, 161. — Procès, t. V, pp. 356-357. — Lanéry d’Arc et L. Jeny, Jeanne d’Arc en Berry, pp. 105 et suiv. — A. de Villaret, Campagne des Anglais, pp. 111, 112.

[57] Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre, t. IV, 1870-72, pp. 211, 239.

[58] Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. II, p. 126. — Lanéry d’Arc et L. Jeny, Jeanne d’Arc en Berry, p. 89.

[59] Perceval de Cagny, p. 172.

[60] Le Jouvencel, t. II, pp. 216-217.

[61] Extrait du livre des comptes de la ville de Périgueux, dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, t. XIV, janvier-février 1887. — S. Luce, Jeanne d’Arc à Domremy, preuve CCXVII, p. 252. — Le P. Chapotin, La guerre de cent ans et les dominicains, pp. 74 et suiv.

[62] Procès, t. I, p. 106.

[63] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 271.

[64] Morosini, t. III, pp. 232-233. — Le P. Denifle et Chatelain, Cartularium Univ., Paris., t. IV, p. 515.

[65] Noël Valois, Un nouveau témoignage sur Jeanne d’Arc, Paris, 1907, in-8° de 19 pages.

[66] Morosini, t. III, p. 232.

[67] Journal d’un bourgeois de Paris, pp. 354-355.

[68] Du Cange, Glossaire, au mot : Persina. — Lettre de rémission pour le Sourd et Jehannin Daix, dans Procès, t. V, pp. 142-145.

[69] Procès, t. I, p. 107.

[70] Procès, t. III, p. 84 ; t. IV, p. 312 et passim. — A. de Villaret, loc. cit., Pièces justificatives.

[71] Procès, t. V, pp. 150-153. — J. Hordal, Heroinœ nobilissinœ Joannœ Darc, lotharingœ, vulgo aurelianensis puellœ historia..., Ponti-Musti, 1612, petit in-4°. — C. du Lys, Traité sommaire tant du nom et des armes que de la naissance et parenté de la Pucelle, justifié par plusieurs patentes et arrêts, enquêtes et informations... Paris, 1633, in-4°. — De la Roque, Traité de la noblesse, Paris, 1678, in-4°, chap. XLIII. — Lanéry d’Arc, Jeanne d’Arc en Berry, chap. X.

[72] Voir à la table analytique du Procès, t. V, au mot : Pucelle.