VIE DE JEANNE D’ARC

Tome I

CHAPITRE XVIII. — LA CAPITULATION DE CHÂLONS ET DE REIMS. - LE SACRE.

 

 

Au sortir de Troyes, l’armée royale s’engagea dans la Champagne pouilleuse, traversa l’Aube vers Arcis et prit son logis dans Lettrée, à cinq lieues de Châlons. De Lettrée, le roi envoya son héraut Montjoie à ceux de Châlons pour leur demander de le recevoir et de lui rendre pleine obéissance[1].

Les villes de Champagne se tenaient comme les doigts de la main. Quand le dauphin était encore à Brinion-l’Archevêque, les habitants de Châlons en avaient été instruits par leurs amis de Troyes. Ceux-ci les avaient même avertis que frère Richard, le prêcheur, leur avait porté une lettre de Jeanne la Pucelle. Sur quoi ceux de Châlons écrivirent aux habitants de Reims :

Nous avons été fort ébahis du frère Richard. Nous pensions que ce fût un très bon prud’homme. Mais il est devenu sorcier. Nous vous mandons que les habitants de Troyes font forte guerre aux gens du dauphin. Nous avons intention de résister de toute notre puissance à ces ennemis[2].

Ils ne pensaient pas un mot de ce qu’ils écrivaient et ils savaient que ceux de Reims n’en croyaient rien. Mais il importait de montrer une grande loyauté au duc de Bourgogne avant de recevoir un autre maître.

L’évêque comte de Châlons vint à Lettrée au-devant du roi, et lui remit les clés de la ville. C’était Jean de Montbéliard-Sarrebruck, des sires de Commercy[3].

Le 14 juillet, le roi entra avec son armée dans la ville de Châlons[4]. La Pucelle y trouva quatre ou cinq paysans de son village, qui venaient la voir, entre autres Jean Morel, un de ses parrains. Laboureur de son état, âgé de quarante-trois ans environ, il s’était enfui avec la famille d’Arc à Neufchâteau, au passage des gens de guerre. Jeanne lui donna une robe rouge, qu’elle avait portée[5]. Elle vit aussi à Châlons un autre laboureur plus jeune que Morel d’une dizaine d’années, Gérardin d’Épinal, qu’elle appelait son compère, comme elle appelait Isabellette, femme de Gérardin, sa commère, pour la raison qu’elle avait tenu sur les fonts leur fils Nicolas et qu’une marraine est une mère en esprit. Au village, Jeanne se défiait de Gérardin, qui était Bourguignon ; à Châlons, elle lui montra plus de confiance et, l’entretenant des progrès de l’armée, lui dit qu’elle ne craignait rien hors la trahison[6]. Elle avait déjà de sombres pressentiments ; sans doute elle sentait que désormais la candeur de son âme et la simplicité de sa pensée étaient trop rudement combattues par la malice des hommes et les forces confuses des choses ; déjà monseigneur saint Michel, madame sainte Catherine et madame sainte Marguerite ne lui parlaient plus avec autant de clarté que devant, faute de pénétrer dans les chancelleries de France et de Bourgogne, qui n’étaient pas choses du ciel.

Ceux de Châlons, à l’exemple de leurs amis de Troyes, écrivirent aux habitants de Reims qu’ils avaient reçu le roi de France et qu’ils leur conseillaient de faire de même. En cette lettre, ils disaient qu’ils avaient trouvé le roi Charles doux, gracieux, pitoyable et miséricordieux ; et, dans le fait, ce roi prenait en douceur ses villes de Champagne. Ceux de Châlons ajoutaient qu’il était de haut entendement, beau de sa personne et de beau maintien[7]. C’était beaucoup dire.

Les habitants de Reims se comportaient avec prudence. A la venue du roi de France, en même temps qu’ils lui envoyaient des messagers pour l’avertir que les portes de la ville lui seraient ouvertes, ils donnaient avis à leur seigneur le duc Philippe, ainsi qu’aux chefs anglais et bourguignons, des progrès de l’armée royale, selon ce qu’ils en pouvaient savoir, et ils leur mandaient de fermer le passage aux ennemis[8]. Mais ils n’étaient pas pressés d’obtenir des secours pour la défense de leur ville, comptant que, s’ils n’en recevaient pas, ils se rendraient au roi Charles sans encourir aucun brime des Bourguignons, et qu’ainsi ils n’auraient rien à craindre de l’un et l’autre parti. Pour l’heure, ils gardaient deux loyautés, ce qui n’était pas trop d’une en ces conjonctures difficiles et périlleuses. Quand on voit comme ces villes de Champagne pratiquaient ingénieusement l’art de changer de maître, il est bon de savoir que de cet art dépendait le salut de leurs corps et de leurs biens.

Dès le 1er juillet, le capitaine Philibert de Moslant leur écrivit de Nogent-sur-Seine, où il se trouvait avec sa compagnie bourguignonne, que, s’ils avaient besoin de lui, il les viendrait secourir en bon chrétien[9]. Ils firent mine de ne pas entendre. Après tout, le seigneur Philibert n’était pas leur capitaine. Ce qu’il en pensait faire n’était, comme il le disait, que par charité chrétienne. Les notables de Reims, qui ne voulaient pas être sauvés, avaient à se garder surtout de leur naturel sauveur, le sire de Chastillon, grand queux de France, capitaine de la ville[10]. Et il fallait qu’ils lui demandassent secours de façon qu’ils n’obtinssent pas ce qu’ils demandaient, de peur d’être comme les Israélites de qui il est écrit : Et tribuit eis petitionem eorum.

Alors que l’armée royale était encore sous Troyes, un héraut se présenta devant la ville de Reims, portant une lettre donnée par le roi, à Brinion-l’Archevêque, le lundi 4 juillet. Cette lettre fut remise au Conseil. Vous pouvez bien avoir reçu nouvelle, disait le roi Charles aux habitants de Reims, de la bonne fortune et victoire qu’il a plu à Dieu nous donner sur les Anglais, nos anciens ennemis, devant la ville d’Orléans et, depuis lors, à Jargeau, Beaugency et Meung-sur-Loire, en chacun desquels lieux nos ennemis ont reçu très grand dommage ; tous leurs chefs et des autres jusqu’au nombre de quatre mille y sont morts ou demeurés prisonniers. Ces choses étant advenues plus par grâce divine que par œuvre humaine, selon l’avis des princes de notre sang et lignage et des conseillers de notre Grand-Conseil, nous nous sommes acheminés pour aller en la ville de Reims recevoir notre sacre et couronnement. C’est pourquoi nous vous mandons que, sur la loyauté et obéissance que vous nous devez, vous vous disposiez à nous recevoir dans la manière accoutumée, et comme vous avez fait à l’égard de nos prédécesseurs[11].

Et le roi Charles, usant envers le peuple de Reims de la même bénignité prudente qu’il avait montrée à ceux de Troyes, faisait pleine promesse de pardon et d’oubli.

Que les choses passées, disait-il, et la crainte que j’en eusse encore mémoire ne vous arrêtent pas. Soyez assurés que, si vous vous conduisez envers moi comme vous devez, je vous traiterai en bons et loyaux sujets.

Même il leur demandait d’envoyer des notables traiter avec lui : Si, pour être mieux informés de nos intentions, quelques-uns de la ville de Reims voulaient venir vers nous avec le héraut que nous vous envoyons, nous en serions très content. Ils y pourront aller sûrement en tel nombre qu’il leur plaira[12].

Au reçu de cette lettre, le Conseil fut convoqué, mais il se trouva que les échevins ne furent point en nombre pour délibérer ; ce qui les tira d’un grand embarras. Ensuite de quoi ils firent assembler la commune par quartiers, et ils obtinrent des bourgeois ainsi consultés cette déclaration cauteleuse : Nous entendons vivre et mourir avec le Conseil et les notables. Nous nous comporterons selon leur avis, en bonne union et paix, sans murmurer ni faire de réponse, si ce n’est par l’avis et ordonnance du capitaine de Reims et de son lieutenant[13].

Le sire de Chastillon, capitaine de la ville, était alors à Château-Thierry avec ses lieutenants, Jean Cauchon et Thomas de Bazoches, tous deux écuyers. Les habitants de Reims jugèrent utile de mettre sous ses yeux la lettre du roi Charles ; leur bailli, Guillaume Hodierne, se rendit auprès du seigneur capitaine et la lui montra. Le bailli répondit parfaitement au sentiment des habitants de Reims : il demanda au sire de Chastillon de venir, mais il le lui demanda de manière que le sire de Chastillon ne vînt pas. C’était le point essentiel ; car, à ne le pas appeler, on se mettait en trahison ouverte, et, s’il venait, on risquait de subir un siège plein de calamités et de dangers.

A ces fins, le bailli déclara que les habitants de Reims, désireux de communiquer avec leur capitaine, le recevraient accompagné de cinquante chevaux seulement ; en quoi ils montraient leur bon vouloir ; ayant le droit de ne point recevoir garnison dans leur ville, ils consentaient à y laisser entrer cinquante lances, ce qui allait bien à deux cents combattants. Le sire de Chastillon, comme les habitants l’avaient prévu, jugea qu’en l’occurrence ce n’était pas assez pour sa sûreté et il mit, comme conditions à sa venue, que la ville fût emparée et munie, qu’il y entrât avec trois ou quatre cents combattants, qu’il en eût la garde ainsi que du château, avec cinq ou six notables pris, autant dire, comme otages. A ces conditions il était, disait-il, prêt à vivre et à mourir pour eux[14].

Il s’achemina avec sa compagnie jusque auprès de la ville et là fit savoir aux habitants qu’il était venu les aider. Il leur manda que dans cinq ou six semaines sans faute, une belle et grande armée anglaise, débarquée à Boulogne, marcherait à leur secours[15].

A la vérité les Anglais levaient des troupes autant qu’ils pouvaient et faisaient flèche de tout bois. Ils armaient, disait-on, jusqu’aux prêtres. Le Régent employait à sa guerre les croisés débarqués en France, que le cardinal de Winchester conduisait contre les Hussites[16]. Et, comme bien on pense, le conseil du roi Henri ne négligeait pas d’avertir les habitants de Reims des armements qu’il ordonnait. Le 3 juillet, il les avisait que des troupes étaient en passage de mer, et le 10, Colard de Mailly, bailli de Vermandois, leur faisait savoir que ces troupes étaient déjà passées. Mais ces nouvelles ne donnaient pas grande confiance aux Champenois dans la force des Anglais et lorsque le sire de Chastillon leur promit, à quarante jours, une grande et belle armée d’outre-mer, le roi Charles chevauchait à quelques lieues de leur ville avec trente mille combattants. Le sire de Chastillon s’aperçut qu’il était joué, ce dont il avait eu déjà quelque soupçon. Les habitants de Reims refusèrent de le recevoir. Il ne lui restait plus qu’à tourner bride et à rejoindre les Anglais[17].

Le 12 juillet, ils reçurent de monseigneur Regnault de Chartres, archevêque duc de Reims, une lettre les priant de se disposer à la venue du roi[18].

Ce même jour, le Conseil de ville s’étant assemblé le greffier commença d’inscrire sur le registre des délibérations le procès-verbal de la séance :

..... Après ce qu’on a exposé à Monseigneur de Chastillon, comment il estoit capitaine, et les seigneurs et autre multitude de peuple qui[19] .....

Il n’en écrivit pas davantage. Trouvant difficile de témoigner leur loyauté aux Anglais en préparant le sacre du roi Charles et contraire à la prudence de reconnaître un nouveau prince sans y être forcés, les citoyens renonçaient tout à coup à la parole qui est d’argent et se réfugiaient dans un silence d’or.

Le samedi 16, le roi Charles prit gîte à quatre lieues de la ville du sacre, au château de Sept-Saulx, construit plus de deux cents ans auparavant par les prédécesseurs guerriers de messire Regnault et dont le fier donjon commandait le passage de la Vesle[20]. Il reçut les bourgeois de Reims qui vinrent en grand nombre lui offrir pleine et entière obéissance[21]. Puis il se remit en marche avec la Pucelle et toute son armée, et ayant franchi sa dernière étape sur la chaussée qui côtoyait la Vesle, il entra dans la grande cité champenoise au tomber du jour, par la porte méridionale nommée Dieulimire, qui, devant lui, abaissa ses ponts et leva ses deux herse[22].

La tradition voulait que le sacre fut célébré, de préférence, un dimanche, et cette règle se trouvait mentionnée dans un cérémonial qui avait servi, croyait-on, pour le sacre de Louis VIII et qui faisait autorité[23]. Les habitants de Reines travaillèrent pendant la nuit, afin que tout fût prêt pour le lendemain[24]. Leur amour subit du roi de France les aiguillonnait et surtout la peur qu’il demeurât quelques jours dans la ville avec son armée. Ils ressentaient à recevoir et à garder des gens d’armes dans leurs murs une crainte commune aux bourgeois de toutes les villes, qui, dans leur épouvante, ne distinguaient point les hommes de guerre armagnacs des hommes de guerre anglais et bourguignons[25]. Aussi furent-ils diligents à préparer toutes choses, avec la ferme intention d’en payer le moins possible. Attendu que le sacre ne leur rapportait ni profit ni honneur[26], les échevins, d’habitude, en rejetaient la charge sur l’archevêque, qui en tenait, disaient-ils, les émoluments comme pair de France[27].

Les ornements royaux déposés, après le sacre du feu roi, dans le trésor de Saint-Denys, étaient aux mains des Anglais. La couronne de Charlemagne, brillante de rubis, de saphirs et d’émeraudes, fleuronnée de quatre fleurs de Lis, que recevaient les rois de France à leur couronnement, les Anglais voulaient la mettre sur la tète de leur roi Henri ; ils se préparaient à ceindre le roi enfant de l’épée de Charlemagne, l’illustre Joyeuse, qui dormait dans son fourreau de velours violet, sous la garde de l’abbé bourguignon de Saint-Denys. Aux Anglais aussi le sceptre que surmontait un Charlemagne d’or en habit d’empereur, la verge de justice terminée par une main en corne de licorne, l’agrafe dorée du manteau de saint Louis et les éperons d’or, et le Pontifical contenant, dans sa reliure de vermeil émaillée, les cérémonies du sacre[28]. On dut se contenter d’une couronne conservée dans le trésor de la cathédrale[29]. Quant aux autres insignes de la royauté de Clovis, de saint Charlemagne et de saint Louis, on les représenterait comme on pourrait et il n’était pas mauvais après tout que ce sacre gagné dans une chevauchée se sentît des travaux et des misères qu’il avait coûtés et que la cérémonie participât en quelque chose de la pauvreté héroïque des hommes d’armes et des gens des communes, qui y avaient conduit le dauphin.

Les rois étaient sacrés par l’huile, car l’huile signifie renommée, gloire et sapience. Le matin, les seigneurs de Rais, de Boussac, de Graville et de Culant furent députés par le roi pour aller quérir la Sainte Ampoule[30].

C’était une fiole de cristal que le grand prieur de Saint-Remi tenait enfermée dans le tombeau de l’apôtre derrière le maître-autel de l’église abbatiale. Cette fiole contenait le saint chrême, dont le bienheureux Remi avait oint le roi Clovis, et elle était enchâssée dans un reliquaire en forme de colombe, parce qu’on avait vu la colombe du Paraclet apporter l’huile destinée au sacrement du premier roi chrétien. Il est vrai qu’on trouvait en de vieux livres qu’un ange était descendu du ciel avec l’ampoule miraculeuse[31] ; mais ces incertitudes ne troublaient point les esprits, et l’on ne doutait pas, dans le peuple chrétien, que le saint chrême n’eût des vertus merveilleuses. On savait, par exemple, qu’il ne diminuait point à l’usage, et que la fiole restait toujours pleine, en présage et gage de la pérennité du royaume de France. Selon les observations des témoins, lors du sacre du feu roi Charles, l’huile n’avait pas diminué après les onctions[32].

A neuf heures du matin, Charles de Valois entra dans l’église avec une suite nombreuse. Le roi d’armes de France appela par leurs noms, devant le maître-autel, les douze pairs du royaume. Des six pairs laïques, aucun ne répondit. A leur place se présentèrent le duc d’Alençon, les comtes de Clermont et de Vendôme, les sires de Laval, de la Trémouille et de Maillé.

Des six pairs ecclésiastiques, trois répondirent à l’appel du roi d’armes : l’archevêque duc de Reims, l’évêque comte de Châlons, l’évêque duc de Laon. Les évêques défaillants de Langres, de Chaumont et de Noyon furent suppléés. En l’absence d’Arthur de Bretagne, connétable de France, l’épée fut tenue par Charles, sire d’Albret[33].

Devant l’autel se tenait Charles de Valois, revêtu d’habits fendus sur la poitrine et les épaules. Il jura, premièrement, de conserver à l’Église paix et privilèges ; deuxièmement, de préserver le peuple des exactions et de ne le pas trop charger ; troisièmement, de gouverner avec justice et miséricorde[34].

Il fut armé chevalier par son cousin d’Alençon[35]. Puis l’archevêque lui fit les onctions avec l’huile mystique, dont le Saint-Esprit fortifie les prêtres, les rois, les prophètes et les martyrs et, nouveau Samuel, consacra le nouveau Saül, manifestant que toute puissance est de Dieu et que, à l’exemple de David, les rois sont les pontifes, les annonciateurs et les témoins du Seigneur. Cette effusion d’huile, dont étaient consacrés les rois dans Israël, rendait brillants et forts les rois de la France très chrétienne depuis Charlemagne, depuis Clovis, car, s’il reçut de saint Remi non proprement le sacre, mais le baptême et la confirmation, Clovis fut consacré en même temps chrétien et roi par le bienheureux évêque, au moyen de l’huile sainte, envoyée par Dieu lui-même à ce prince et à ses successeurs[36].

Et Charles reçut les onctions présage de force et de victoire, car il est écrit au livre des Rois : Samuel prit la fiole d’huile, la versa sur la tête de Saül et dit : Voici que le Seigneur t’a sacré prince sur son héritage, et tu délivreras son peuple des mains des ennemis qui l’environnent. Ecce unxit te Dominos super hereditatem suam in principem, et liberabis populum suum de minibus inimicorum ejus, qui in circuitu ejus sunt. (Reg. I, X, 1, 6.)

Durant le mystère, comme on disait en ancien langage[37], la Pucelle demeurait au côté du roi. Elle tint un moment déployé son étendard blanc devant lequel le vieil étendard de Chandos avait reculé. Puis d’autres tinrent l’étendard à leur tour, son page Louis de Coutes, qui ne la quittait jamais, frère Richard le prêcheur, qui l’avait suivie à Châlons et à Reims[38]. Dans un de ses rêves, elle avait donné naguère une couronne éblouissante à son roi ; elle s’attendait à ce que cette couronne fût apportée dans l’église par des messagers célestes[39]. Les saintes ne recevaient-elles pas communément des couronnes de la main des anges ? Un ange offrit à sainte Cécile une couronne tressée de roses et de lis. Un ange donna à la vierge Catherine la couronne impérissable, que la sainte posa sur la tête de l’Impératrice de Rome. Mais la couronne étrangement riche et magnifique que Jeanne attendait ne vint point.

L’archevêque prit sur l’autel la couronne de prix modique fournie par le chapitre, et l’éleva à deux mains sur la tête du roi. Les douze pairs en cercle autour du prince y portèrent le bras pour la soutenir. Les trompettes éclatèrent, et le peuple cria : Noël ![40]

Ainsi fut oint et couronné Charles de France, issu de la royale lignée du noble roi Priant de Troie la Grande.

Le mystère fut terminé à deux heures après midi[41]. On rapporte qu’alors la Pucelle s’agenouilla et, embrassant le roi par les jambes, lui dit avec des larmes :

— Gentil roi, maintenant est fait le plaisir de Dieu, qui voulait que je levasse le siège d’Orléans et vous amenasse en cette cité de Reims recevoir votre saint sacre, en montrant que vous êtes vrai roi et celui auquel le royaume de France doit appartenir[42].

Le roi fit les présents d’usage. Il offrit au Chapitre un tapis de satin vert, ainsi que des ornements de velours rouge et de damas blanc. De plus, il posa sur l’autel un vase d’argent du prix de treize écus d’or. Le seigneur archevêque s’en empara malgré les réclamations des chanoines, mais il ne lui servit de rien de l’avoir pris, car il lui fallut le rendre[43].

Après la cérémonie, Charles ceignit la couronne, revêtit le manteau royal, bleu comme le ciel, fleuri de lis d’or, et traversa sur son coursier les rues de la ville de Reims. Le peuple en liesse criait : Noël ! comme il avait crié à l’entrée de monseigneur le duc de Bourgogne.

Ce jour-là, le sire de Rais fut fait maréchal de France et le sire de la Trémouille comte ; l’aîné des deux fils de madame de Laval, à qui la Pucelle avait offert le vin à Selles-en-Berri, fut fait comte aussi. Le capitaine La Hire reçut le comté de Longueville avec tout ce qu’il prendrait en Normandie[44].

Le roi Charles fut servi à dîner en l’hôtel épiscopal, dans l’ancienne salle du Tau, par le due d’Alençon et le comte de Clermont[45]. La table royale, selon la coutume, se prolongeait dans la rue et le festin débordait sur toute la ville. C’était un jour de franche lippée el de commune frairie. Dans les maisons, sous les portes, sur les bornes, on faisait ripaille, on se ruait en cuisine ; il se dévorait bœufs par douzaines, moutons par centaines, poules et lapins par milliers. On se bourrait d’épices, et comme on avait grand’soif, on humait à plein pot les vins de Bourgogne et notamment le parfumé vin de Beaune. Le très vieux cerf de la cour archiépiscopale, qui était de bronze et creux, on le transportait, à chaque couronnement, dans la rue du Parvis ; on le remplissait de vin, et le peuple y venait boire comme à la fontaine. Finalement les bourgeois et habitants de la cité du bienheureux Remi, riches et pauvres, empiffrés, saouls de viandes et de vin, avant hurlé Noël ! à plein gosier, tombaient endormis sur les fûts et les victuailles dont, le lendemain, les échevins moroses allaient disputer aigrement les restes aux gens du roi[46].

Jacques d’Arc était venu voir ce couronnement auquel sa fille avait tant ouvré. Il logeait à l’enseigne de l’Ane rayé, rue du Parvis, dans une hôtellerie tenue par Alix, veuve de Raulin Morieau. Eu même temps que sa fille, il revit son fils Pierre[47]. Ce cousin que Jeanne appelait son oncle et qui l’avait accompagnée auprès de sire Robert à Vaucouleurs, Durand Lassois, était pareillement venu aux fêtes du sacre. Il parla au roi et lui conta tout ce qu’il savait de sa cousine[48]. Jeanne trouva aussi à Reims un jeune compatriote, Husson Le Maistre, chaudronnier dans le village de Varville, à trois lieues de Domremy. Elle ne le connaissait pas, mais il avait bien entendu parler d’elle, et il était très familier avec Jacques et Pierre d’Arc[49].

Jacques d’Arc était un des notables de son village et peut-être le plus entendu aux affaires[50]. Il ne s’était pas rendu à Reims à seule fin de voir sa fille chevaucher par les rues de la cité en habit d’homme ; il venait demander au roi pour lui, pour ceux de son village, dépouillés par les gens de guerre, une exemption d’impôts. Cette demande, que la Pucelle transmit au roi, fut agréée. Le 31 du même mois, le roi ordonnait que les habitants de Greux et de Domremy fussent francs de toutes tailles, aides, subsides et subventions[51]. Les Élus de la ville payèrent sur les deniers publics les dépenses de Jacques d’Arc, et, quand il fut sur son départ, ils lui donnèrent un cheval pour retourner chez lui[52].

Durant les cinq ou six jours qu’elle demeura à Reims, la Pucelle se montra au peuple. Les humbles, les simples venaient à elle ; les bonnes femmes lui prenaient les mains et faisaient toucher leurs anneaux au sien[53]. Elle portait au doigt un petit anneau que sa mère lui avait donné ; il était de laiton, autrement appelé aurichalque[54]. L’aurichalque était, comme on disait, l’or des pauvres. Cet anneau n’avait pas de pierre et portait au chaton les noms de Jhesus Maria, avec trois croix. Elle y tenait souventes fois les regards pieusement fixés parce qu’un jour elle l’avait fait toucher par madame sainte Catherine[55]. Et que la sainte l’eût vraiment touché, ce n’était pas incroyable, puisqu’il était manifeste que peu de temps auparavant, en l’an 1413, sœur Colette, qui professait la chasteté virginale, avait reçu de l’apôtre vierge un riche anneau d’or, en signe d’alliance spirituelle avec le Roi des rois. Sœur Colette faisait toucher cet anneau aux religieux et aux religieuses de son ordre, et elle le confiait aux messagers qu’elle envoyait au loin, afin de les préserver des périls de la route[56]. La Pucelle attribuait aussi à son anneau de grandes vertus ; toutefois elle ne s’en servait point pour opérer des guérisons[57].

On attendait d’elle les menus services qu’il était d’usage de demander aux saintes gens et parfois aux sorciers. Avant la cérémonie du sacre, les nobles et les chevaliers avaient reçu des gants, selon la coutume. L’un d’eux perdit les siens ; il demanda, ou d’autres demandèrent pour lui, qu’elle les lui fit retrouver. Elle ne dit point qu’elle le ferait ; cependant la chose fut sue et diversement jugée[58].

Après le sacre du roi, si, mêlé au peuple dans la rue du Parvis, quelque clerc méditatif leva les yeux sur la haute face historiée de la cathédrale, déjà très vieille alors pour des hommes qui, connaissant mal les chroniques, mesuraient le temps sur la durée de la vie humaine, il vit sûrement, à gauche de l’arc aigu qui surmonte la rose, l’image colossale de Goliath dressé fièrement dans son armure à écailles, et cette même figure répétée à droite de l’arc, dans l’attitude d’un homme chancelant et qui tombe[59]. Alors ce clerc dut se rappeler ce qui est écrit au premier livre des Rois :

Les Philistins assemblèrent toutes leurs troupes pour combattre Israël. Or, il arriva qu’un homme, qui était bâtard, sortit du camp des Philistins. Il s’appelait Goliath ; il était de Geth, et il avait six coudées et une palme de haut. Il était revêtu d’une cuirasse à écailles qui pesait cinq mille sicles d’airain. Et il vint disant : J’ai jeté l’opprobre aux armées d’Israël. Donnez-moi un homme qui vienne combattre contre moi en un combat singulier.

Or, David enfant s’en était allé à Bethléem pour paître les troupeaux de son père. Mais David, s’étant levé dès la pointe du jour, laissa à un serviteur le soin de son troupeau. Il vint au lieu appelé Magala, où l’armée s’était avancée pour donner la bataille. Et voyant Goliath, il demanda : Qui est ce Philistin incirconcis qui jette l’opprobre aux armées du Dieu vivant ?

Ces paroles de David ayant été entendues, elles furent rapportées à Saül. Et Saül l’ayant fait venir devant lui, David lui parla de cette manière : Que personne ne s’épouvante de ce Philistin, car moi, ton serviteur, je suis prêt à aller le combattre. Saül lui dit : Tu ne saurais résister à ce Philistin ni combattre contre lui, parce que tu es un enfant, et que celui-ci est un homme nourri à la guerre depuis sa jeunesse. David répondit : J’irai contre lui et je ferai cesser l’opprobre d’Israël. Saül dit donc à David : Va ! et que le Seigneur soit avec toi !

David prit son bâton, choisit dans le torrent cinq pierres très polies et, tenant à la main sa fronde, il marcha contre les Philistins.

Et Goliath, lorsqu’il eut aperçu David, voyant que c’était un bel enfant aux cheveux roux, lui dit : Suis-je un chien, pour que tu viennes à moi avec un bâton ? Mais David répondit au Philistin : Tu viens à moi avec l’épée, la lance et le bouclier. Mais moi, je viens à toi au nom du Seigneur des armées, du Dieu des batailles d’Israël, auquel tu as insulté aujourd’hui. Le Seigneur te livrera entre mes mains. Et que toute cette assemblée d’hommes reconnaisse que ce n’est point par l’épée, ni par la lance que Dieu sauve ! Cette guerre est sa guerre et il vous livrera dans nos mains. »

Le Philistin s’avança donc et marcha contre David. Et David lança une pierre avec sa fronde et en frappa le Philistin au front. Et Goliath tomba le visage contre terre.

Alors le clerc qui méditait ces paroles du Livre songeait que, toujours semblable à lui-même, le Seigneur qui sauva Israël et abattit Goliath par la fronde d’un berger enfant avait suscité la fille d’un laboureur pour la délivrance du très chrétien royaume et l’opprobre du Léopard[60].

La Pucelle avait fait écrire de Gien, vers le 27 juin, au duc de Bourgogne, pour l’inviter à se rendre au sacre du roi. N’ayant pas reçu de réponse, elle dicta, le jour même du sacre, une deuxième lettre au duc. Voici cette lettre :

† JHESUS MARIA.

Haultet reboubté prince, duc de Bourgoingne, Jehanne la Pucelle vous requiert de par le Roy du ciel, mon droicturier et souverain seigneur, que le roy de France et vous, faciez bonne paix ferme, qui dure longuement. Pardonnez l’un à l’autre de bon cuer, entièrement, ainsi que doivent faire loyaulx chrestians ; et s’il vous plaist à guerroier, si alez sur les Sarrazins. Prince de Bourgoingne, je vous prie, supplie et requiers tant humblement que requerir vous puis, que ne guerroiez plus ou saint royaume de France, et faictes retraire incontinent et briefment voz gens qui sont en aucunes places et forteresses dudit saint royaume ; et de la part du gentil roy de France, il est prest de faire paix à vous, sauve son honneur, s’il ne tient en vous. Et vous faiz à savoir de par le Roy du ciel, mon droicturier et souverain seigneur, pour vostre bien et pour vostre honneur et sur voz vie, que vous n’v gaignerez point bataille à l’encontre des loyaulx François, et que tous ceulx qui guerroient oudit saint royaume de France, guerroient contre le roy Jhesus, roy du ciel et de tout le monde, mon droicturier et souverain seigneur. Et vous prie et requiers à jointes mains, que ne faictes nulle bataille et ne guerroiez contre nous, vous, vos gens ou subgiez ; et croiez seurement que, quelque nombre de gens que amenez contre nous, qu’ilz n’y gagneront mie, et sera grant pitié de la grant bataille et du sang qui y sera respendu de ceulx qui y vendront contre nous. Et a trois semaines que je vous avoye escript et envoié bonnes lettres par ung hérault, que feussiez au sacre du roy qui, aujourd’hui dimenche, xvije jour de ce présent mois de juillet, ce fait en la cité de Reims : dont je n’ay eu point de response, ne n’ouy oncques puis nouvelles dudit hérault. A Dieu vous commens et soit garde de vous, s’il lui plaist ; et prie Dieu qu’il y mecte bonne pais. Escript audit lieu de Reims, ledit xvije jour de juillet.

Sur l’adresse : Au duc de Bourgoigne[61].

Sainte Catherine de Sienne, à Reims, n’aurait pas écrit autrement. La Pucelle, bien qu’elle n’aimait pas les Bourguignons, sentait à sa manière et fortement combien la paix avec le duc de Bourgogne était désirable. C’est à mains jointes qu’elle le prie de ne plus faire la guerre en France. S’il vous plaît de guerroyer, lui dit-elle, allez sur les Sarrasins. Elle avait déjà conseillé aux Anglais de s’unir aux Français pour faire la croisade. La destruction des infidèles était alors le rêve des âmes douces et pacifiques, et beaucoup de bonnes personnes comptaient que le fils riche et puissant du vaincu de Nicopolis ferait payer cher aux Turcs leur antique victoire[62].

Par sa lettre, la Pucelle annonce, de la part du roi du ciel, au duc Philippe que, s’il combat contre le roi, il perdra la bataille. Ses voix lui avaient prédit la victoire de la France sur la Bourgogne ; elles ne lui avaient pas révélé qu’au moment même où elle dictait sa lettre, les ambassadeurs du duc. Philippe se trouvaient à Reims ; c’était pourtant la vérité[63].

Le duc Philippe, estimant que le roi Charles, maître de la Champagne, était un prince à ménager, lui envoya, à Reims, David de Brimeu, bailli d’Artois, à la tête d’une ambassade, pour le saluer et lui faire des ouvertures de paix[64]. Les Bourguignons reçurent du chancelier et du Conseil un accueil empressé. On espérait que la paix serait conclue avant leur départ. Les seigneurs angevins le mandèrent aux reines Yolande et Marie[65] Ce n’était pas connaître le magnifique renard de Dijon. Les Français n’étaient pas encore assez forts, les Anglais assez faibles. Il fut convenu qu’une ambassade serait envoyée en août au duc de Bourgogne dans la ville d’Arras. Après quatre jours de conférences, une trêve de quinze jours fut signée et l’ambassade quitta Reims[66]. Dans le même moment, le duc renouvelait solennellement à Paris sa plainte contre Charles de Valois, assassin de son père, et s’engageait à amener une armée au secours des Anglais[67].

Laissant à Reims, comme capitaine, Antoine de Hellande, neveu de l’archevêque duc[68], le roi de France sortit de la ville le 20 juillet et se rendit à Saint-Marcoul-de-Corbeny où les rois avaient coutume de toucher les écrouelles au lendemain de leur sacre[69].

Monseigneur saint Marcoul guérissait les scrofules[70]. Il était de race royale, mais sa puissance, révélée longtemps après mort, lui venait surtout de son nom, et l’on pensait que saint Marcoul était désigné pour guérir les affligés qui portaient des marques au cou, ainsi que saint Clair pour rendre la vue aux aveugles et saint Fort pour donner la vigueur aux enfants. Le roi de France partageait avec lui le pouvoir de guérir les scrofules et comme il le tenait de l’huile apportée du ciel par une colombe, on estimait que cette vertu agissait davantage au moment du sacre, d’autant plus qu’il risquait de la perdre par paillardise, désobéissance à l’église chrétienne ou autres dérèglements : c’est ce qui était arrivé au roi Philippe Ier[71]. Les rois d’Angleterre touchaient aussi les écrouelles ; le roi Édouard III notamment opéra sur des scrofuleux couverts de plaies des cures admirables. Pour ces raisons, le mal des scrofules était dit mal Saint-Marcoul ou mal royal. Les vierges, ainsi que les rois, avaient le pouvoir de guérir le mal royal. Mais il fallait que la vierge, ayant jeûné, se mît nue et prononçât ces mots : Negat Apollo pestem pusse recrudescere, quant nuda virgo restringat[72]. Il était à craindre qu’il n’y eût là quelque sorcellerie, comme à charmer les blessures, tandis que le pouvoir de saint Marcoul et du roi de France venait de Dieu. On sent la différence[73].

Le roi Charles fit ses dévotions, ses oraisons et ses offrandes à monseigneur saint Marcoul et toucha les écrouelles. Il reçut à Corbeny la soumission de la ville de Laon. Puis il s’en fut, le lendemain 22, à une petite ville forte de la vallée de l’Aisne, nommée Vailly, qui appartenait à l’archevêque duc de Reims. Il reçut à Vailly la soumission de la ville de Soissons[74] Comme le disait alors un prophète armagnac, les clés des portes guerrières reconnaissaient les mains qui les avaient forgées[75].

 

 

 



[1] J. Rogier, dans Procès, t. 1V, p. 29& — Morosini, t. III, p. 179. — Ed. de Barthélemy, Histoire de la ville de Châlons-sur-Marne, pièces just. n° 25, pp. 334-335.

[2] J. Rogier, dans Procès, t. IV, pp. 290, 291. — Varin, Archives législatives de la ville de Reims, Statuts, t. I, pp. 596 et suiv. [Coll. des documents inédits sur l’Histoire de France, 1845].

[3] Gallia Christiana, t. V, col. 891-895. — Chronique de la Pucelle, pp. 319-320. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 96. — L. Barbat, Histoire de la ville de Châlons, 1855 (2 vol. in-4°), t. I, p. 350. — S. Luce, Jeanne d’Arc à Domremy, pièces just. n° 33. — Morosini, t. III, p. 182, n. 2.

[4] J. Rogier, dans Procès, t. IV, p. 298.— Lettre de trois gentilshommes angevins, dans Procès, t. V, p. 130. — Perceval de Cagny, p. 158. — Jean Chartier, Chronique, t. I, pp. 96-97. — Chronique des Cordeliers, fol. 85 v°. — L. de Barthélemy, Châlons pendant l’invasion anglaise, Châlons, 1851, p. 16.

[5] Procès, t. II, pp. 391-.392.

[6] Ibid., t. II, pp. 421-423.

[7] J. Rogier, dans Procès, t. IV, pp. 295, 296. — Varin, Archives de Reims, Statuts, t. I, p. 601. — H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, pp. 13 et suiv.

[8] J. Rogier, loc. cit. — Varin, p. 599.

[9] J. Rogier, dans Procès, t. IV, pp. 286 et suiv. — Varin, pp. 600 et s.

[10] H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, p. 18. — Dom Marlot, Hist. Metrop. Remensis, t. II, pp. 709 et suiv.

[11] J. Rogier, dans Procès, t. IV, p. 291. — L. Paris, dans Cabinet Historique, 1855, t. I, p. 68.

[12] J. Rogier, dans Procès, t. IV, p. 291.

[13] J. Rogier, dans Procès, t. IV, pp. 292, 293. — H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, pp. 17 et suiv.

[14] J. Rogier, dans Procès, t. IV, pp. 292-293. — Varin, Archives de Reims, pp. 910, 912. — H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, p. 18.

[15] J. Rogier, dans Procès, t. IV, pp. 292, 294. — H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, pp. 18-19.

[16] Fauquembergue, dans Procès, t. IV, p. 451. — Jean Chartier, Chronique, t. I, pp. 101-102. — Journal du siège, p. 118. — Rymer, Fœdera, t. X, p. 424. — S. Bougenot, Notices et Extraits des manuscrits intéressant l’Histoire de France conserves à la Bibliothèque impériale de Vienne, p. 62. — Raynaldi, Annales ecclesiatici, t. IX, pp. 77, 78. — Morosini, t IV, annexe XVII.

[17] J. Rogier, dans Procès, t. IV, pp. 294, 298.

[18] Ibid. — L. Paris, Cabinet Historique, 1865, p. 77.

[19] H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, p. 19.

[20] Perceval de Cagny, p. 159. — Jean Chartier, Chronique, p. 97. — Chronique de la Pucelle, p. 3211. — Chronique des Cordeliers, fol. 85 v°. — Journal du siège, p. 112. — Vergier, Poème sur la tapisserie de Jeanne d’Arc, p. 112. — H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, pp. 20, 21. — F. Pinon, Notice sur Sept-Saulx, dans Travaux de l’académie de Reims, I. VI, p. 328.

[21] J. Rogier, dans Procès, pp. 298 et suiv. — Dom Marlot, Histoire de la Ville de Reims, t. IV, Reims, 1846 (4 vol. in-4°), t. III, p. 114.

[22] H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, p. 23.

[23] Chronique de la Pucelle, pp. 322-323 note. — Ce rituel date bien du XIIIe siècle. Il nous a été conservé dans un manuscrit de la bibliothèque de Reims qui parait avoir été écrit vers 1274. Communication de M. H. Jadart. — Varin, Archives de Reims, t. I, p. 522. — Dom Marlot, Histoire de la ville de Reims, t. III, p. 566, et t. 1V, Pièces just., n° 142. — H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, p. 7.

[24] Chronique de la Pucelle, p. 321. — Perceval de Cagny, p. 159. — Lettre de trois gentilshommes angevins, dans Procès, t. V, p. 128.

[25] Procès, t. I, p. 91.

[26] Thirion, Les frais du sacre, dans Travaux de l’Académie de Reims, 1894. — Voir dans Varin, Archives de Reims, la table des matières au mot : Sacre. — Dom Marlot, Histoire de la ville de Reims, t. III, pp. 461, 566, 640, 651, 819 ; t. IV, pp. 25, 31, 45.

[27] Chronique de la Pucelle, p. 321, note 2.

[28] C. Leber, Des cérémonies du sacre ou Recherches historiques et antiques sur les mœurs, les coutumes, les institutions et le droit public des Français, dans l’ancienne monarchie, Paris-Reims, 1825, in-8°. — A. Lenoble, Histoire du sacre et du couronnement des rois et des reines de France, Paris, 1825, in-8°.

[29] Procès, t. I, p. 91. — Varin, Archives de Reims, t. III, pp. 559 et suiv.

[30] Chronique de la Pucelle, p. 321. — Journal du siège, p. 113. — Varin, Archives de Reims, t. II, p. 569 ; t. III, p. 555.

[31] Flodoard, Hist. ecclesiœ Remensis, dans coll. Guizot, t. V, pp. 41 et suiv. — Eustache Deschamps, Ballade 172, t. I, p. 305, t. II, p. 104. — Dom Marlot, Histoire de la ville de Reims, t. II, p. 48, n° 1. — Vertot, dans Académie des Inscriptions, t. II.

[32] Froissart, t. II, ch. LXXIV.

[33] Lettres de trois gentilshommes angevins, dans Procès, t. V, pp. 127, 129. — Monstrelet, t. IV, ch. LXIV. — Perceval de Cagny, p. 159. — Relation du greffier de La Rochelle, p. 343. — Chronique de Tournai (t. III du Recueil des Chroniques de Flandre), p. 414. — Gallia Christiana, t. IX, col. 551 ; t. XI, col. 618.

[34] Chronique de la Pucelle, p. 322, note 1. — Collection de Champagne, vol. 125, Sacre des rois, fol. 86.

[35] Perceval de Cagny, p. 159. — Chronique de la Pucelle, p. 322. — Journal du siège, p. 114. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 97.

[36] Chifletius, De ampula Remensi nova et acurata disquisitio, Anvers, 1651, in-4°.

[37] Lettre de trois gentilshommes angevins, dans Procès, t. V, p. 129. — F. Boyer, Variante inédite d’un document sur le Sacre de Charles VII, Clermont et Orléans, 1881, in-8°.

[38] Procès, t. I, pp. 104, 300. — Chronique de la Pucelle, p. 322. — Lettre de trois gentilshommes angevins, dans Procès, t. V, p. 129. — Varin, D. Marlot, H. Jadart, loc. cit.

[39] Procès, t. I, p. 108.

[40] Lettre de trois gentilshommes angevins, dans Procès, t. V, p. 129.

[41] Morosini, t. III, p. 181. — Lettre de trois gentilshommes, loc. cit.

[42] Chronique de la Pucelle, pp. 322, 323. — Journal du siège, p. 114.

[43] Dom Marlot, Histoire de la ville de Reims, t. IV, p. 175. — H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, p. 107.

[44] Chronique de la Pucelle, p. 322. — Journal du siège, p. 114. — Perceval de Cagny, p. 159. — Lettre de trois gentilshommes angevins, dans Procès, t. Y, p. 129. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 97. — Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. II, p. 99, note 2.

[45] Monstrelet, t. IV, p. :139. — H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, p. 32.

[46] Thirion, Les frais du sacre dans Travaux de l’Académie de Reims, 1894.— Dom Marlot, Histoire de la ville de Reims, t. IV, p. 45, n. 1. — Varin, Arch. adm. de la ville de Reims, t. III, p. 39.

[47] Procès, t. III, p. 198 ; t. V, pp. 141, 266. — H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, pp. 47, 48. — L’abbé Cerf, Le vieux Reims, 1875, pp. 35 et 110.

[48] Procès, t. II, p. 445.

[49] Ibid., t. III, p. 198.

[50] S. Luce, Jeanne d’Arc à Domremy, pp. L, et suiv. ; preuve, LI, pp. 97, 106 ; supplément aux preuves, pp. 351, 362. — Boucher de Molandon, Jacques d’Arc, père de la Pucelle, sa notabilité personnelle, Orléans, 1885, in-8°.

[51] Procès, t. V, pp. 137, 139.

[52] Ibid., t. I, pp. 141, 266, 267.

[53] Ibid., t. I, p. 103.

[54] Du Cange, Glossarium, aux mots : Auriacum, electrum et leto. — Vallet de Viriville, Les anneaux de Jeanne d’Arc, dans Mémoires de la Société des Antiquaires de France, t. XXX, janvier 1867.

[55] Procès, t. I, pp. 185, 238 ; Walter Bower, ibid., t. IV, p. 480.

[56] Sanctissimœ virginis Coletœ vita, Paris, in-8° gothique sans date, feuillet 8, verso. — Bollandistes, AA. SS., mars, t. I, p. 611.

[57] Procès, t. I, p. 104.

[58] Ibid., t. I, p. 104. — H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, p. 37.

[59] Ces sculptures (Goliath et David) ont été certainement exécutées à la fin du XIIIe siècle (L. Demaison, Notice historique sur la cathédrale de Reims, Reims, s. d., in-4°, p. 44). La rose est de 1280 (H. Jadart, Jeanne d’Arc à Reims, p. 44).

[60] Voir le sacre de David et celui de Louis XII, par un peintre inconnu, vers 1498, au Musée de Cluny. — H. Bouchot, L’Exposition des Primitifs français. La peinture en France sous les Valois, liv. II, planche C.

[61] Procès, t. V, pp. 126-127. — Hennebert, Une lettre de Jeanne à Arc aux Tournaisiens, dans Arch. hist. et litt. du Nord de la France et du Midi de la Belgique, nouv. série, t. I, 1837, p. 525. — Fac-similé dans l’Album des Archives départementales, n° 123.

[62] Morosini, t. III, pp. 82, 83. — Eberhard Windecke, p. 61, note 9, et p. 108. — Christine de Pisan, dans Procès, t. V, p. i16. — Jorga, Notes et extraits pour servir à l’histoire des croisades au XVe siècle, Paris, 1899-1902, 3 vol. in-8°.

[63] Mémoires du Pape Pie II, dans Procès, t. IV, pp. 514, 515. — Morosini, t. III, p. 190.

[64] Procès, t. IV, pp. 514, 515. — Monstrelet, t. IV, p. 340. — Relation du greffier de La Rochelle, p. 37. — Lettre de trois gentilshommes angevins, dans Procès, t. V, p. 130. — Troisième compte de Jean Abonnel, dans De Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. II, p. 404, n° 3.

[65] Lettre de trois gentilshommes angevins, dans Procès, t. V, p. 130.

[66] Le 20 ou le 21. — Monstrelet, t. IV, pp. 348 et suiv. — De Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. II, pp. 404 et suiv.

[67] Fauquembergue, dans Procès, t. IV, p. 455. — Journal d’un bourgeois de Paris, pp. 240, 241. — Stevenson, Letters and Papers, t. II, pp. 101 et suiv. — Rymer, Fœdera, t. IV, part. IV, p. 150.

[68] Archives de Reims, Compte des deniers patrimoniaux, t. I, années 1428-29. — Procès, t. V, p. 141. — Monstrelet, t. IV, p. 339. — H. Jadart, Jeanne à Arc à Reims, p. 51.

[69] Procès, t. III, p. 199. — Chronique de la Pucelle, p. 323. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 97. — Journal du siège, p. 114. — Martial d’Auvergne, Vigiles, t. I, p. 111.

[70] Gallia Christ., II, pp. 239, 51. — Le Poulle, Notice sur Corbeny, son prieuré, et le pèlerinage de Saint-Marcoul, Soissons, 1883, in-8°. — E. de Barthelemy, Notice historique sur le pèlerinage de Saint-Marcoul et Corbeny, dans Ann. Soc. Acad. de Saint-Quentin, 1878.

[71] A. Du Laurent, De mirabili strumas sanandi vi solis regibus Galliarum christianissimis divinitus concessa liber, Paris, 1607, in-8°. — Cerf, Du toucher des écrouelles par le roi de France, dans Trav. Acad. de Reims, 1865-1867 — Dom Marlot, Histoire de la ville de Reims, t. III, pp. 196 et suiv.

[72] G. Leber, Des cérémonies du sacre, p. 459.

[73] L’abbé J.-B. Thiers, Traité des superstitions selon l’Écriture sainte, Paris, 1697, t. I, pp. 518-519.

[74] Perceval de Cagny, p. 160. — Chronique de la Pucelle, pp. 323-324. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 98. — Journal du siège, p. 115. — Chronique des Cordeliers, fol. 486 r°. — Morosini, t. III, p. 182, note 3.

[75] Bréhal, dans Procès, t. III, p. 345.