VIE DE JEANNE D’ARC

Tome I

CHAPITRE XIII. — LA PRISE DES TOURELLES ET LA DÉLIVRANCE D’ORLÉANS.

 

 

Le lendemain, vendredi 6 mai, levée à la pointe du jour, la Pucelle se confessa à son aumônier et entendit la messe qu’il chanta devant les religieux et les gens d’armes de sa compagnie[1]. Déjà la commune ardente était debout, en armes. Qu’elle les eût ou non avertis, les bourgeois, violemment décidés à passer la Loire pour attaquer eux-mêmes les Tourelles, couraient en foule à la porte de Bourgogne. Ils la trouvèrent fermée. Le sire de Gaucourt la gardait avec des gens d’armes. La noblesse, dans le doute que les bourgeois éventeraient son entreprise et voudraient s’y joindre, avait pris ses mesures pour les en empêcher. La porte était close et bien défendue. Les citoyens, obstinés à se battre, à reprendre de leurs mains ces Tourelles, leur joyau, recoururent à celle devant qui s’ouvraient les portes et tombaient les murailles ; ils envoyèrent chercher la Sainte. Elle vint, candide et terrible, marcha droit sur le vieux sire de Gaucourt, et, sans vouloir l’écouter :

— Vous êtes, lui dit-elle, un méchant homme, d’empêcher ces gens de sortir. Mais veuillez-le ou ne le veuillez pas : ils sortiront et feront aussi bien qu’on a fait l’autre jour[2].

Animés par la voix de Jeanne et fortifiés par sa présence, les bourgeois se jetèrent sur Gaucourt et ses gens d’armes en poussant des cris de mort. Le vieux seigneur vit qu’il n’aurait pas raison d’eux ; ne pouvant mettre ces gens-là de son sentiment, il se mit du leur. Faisant ouvrir les portes toutes grandes, il cria aux bourgeois :

— Venez, je serai votre capitaine.

Et il sortit avec le sire de Villars et le sire d’Aulon à la tête des gens d’armes qui avaient gardé la porte et de toute la milice communale. Des bateaux étaient amarrés au pied de la Tour-Neuve, à l’angle oriental des remparts. On aborda dans l’Ile-aux-Toiles et de là, on franchit, sur un pont formé par deux bateaux, le bras étroit de la rivière qui séparait l’Ile-aux-Toiles de la rive de Sologne[3]. Les premiers arrivés entrèrent dans la forteresse abandonnée de Saint-Jean-le-Blanc, et se donnèrent, en attendant les autres, l’amusement de la détruire[4]. Puis, quand tout le monde eut passé la Loire, la commune marcha de bon cœur contre la bastille des Augustins, assise en avant des Tourelles, sur les ruines du couvent, et qu’il fallait enlever d’abord, si l’on voulait attaquer les ouvrages du bout du pont. Mais les Anglais sortirent de leurs retranchements, s’avancèrent de deux traits d’arc et lancèrent flèches et carreaux si dru que les Orléanais ne purent tenir sous cette effroyable volée. Ils lâchèrent pied, s’enfuirent jusqu’au pont de bateaux, et, de peur d’être jetés à l’eau, regagnèrent l’Ile-aux-Toiles[5]. Plus aguerris, les hommes d’armes du sire de Gaucourt, et. avec eux le sire de Villars, le sire d’Aulon et un vaillant homme d’Espagne, le seigneur Alonzo de Partada, se rangèrent sur la levée de Saint-Jean-le-Blanc et tinrent ferme contre l’ennemi. Ils tenaient encore, bien qu’ils fussent en très petit nombre, quand, vers trois heures de l’après-dînée, le capitaine La Hire et la Pucelle passèrent l’eau avec les routiers, et, voyant les Français ainsi travaillés et les Anglais un bataille, montèrent sur leurs chevaux, qu’ils avaient passés avec eux, couchèrent leurs lances et poussèrent droit à l’ennemi. Les bourgeois rassurés suivirent tous et firent reculer les Anglais. Mais arrivés devant la bastille ils furent encore repoussés. La Pucelle inquiète galopait de la bastille à la berge et de la berge à la bastille, et appelait la chevalerie. Les seigneurs n’arrivaient pas. Il est vrai qu’on avait renversé leurs projets, culbuté leur ordre de bataille et qu’il leur fallait bien un moment pour se reconnaître. Enfin, elle vit flotter dans l’île les bannières de monseigneur le Bâtard, du maréchal de Boussac et du sire de Rais. L’artillerie vint aussi, et maître Jean de Montesclère avec sa couleuvrine et les ouvriers apportant tous les engins nécessaires pour donner l’assaut. Quatre mille hommes furent réunis autour des Augustins. Toutefois on avait perdu beaucoup de temps ; on n’en était qu’aux approches et le soleil baissait à l’horizon[6].

Les gens du sire de Gaucourt se tenaient en arrière pour couvrir les assiégeants, au cas où les Anglais du bout du pont viendraient au secours de ceux des Augustins. Mais une querelle s’éleva parmi eux. Les uns, comme le sire d’Anion et le seigneur Alonzo, jugeaient bon de rester à leur poste. Les autres avaient honte de se croiser les bras. ‘De là des paroles arrogantes et des bravades. Finalement, le seigneur Alonzo et un homme d’armes s’étant défiés à qui tirait mieux, coururent, la main dans la main, vers la bastille. La couleuvrine de maître Jean, d’une seule plombée, dégagea la palissade. Aussitôt, les deux champions forcèrent le passage[7].

— Entrez hardiment ! criait la Pucelle[8].

Et elle planta son étendard sur la douve. Le sire de Rais la suivit de près. Le nombre des Français allait croissant. Ils attaquèrent vivement la bastille et bientôt la prirent d’assaut. Il leur fallut ensuite assaillir l’un après l’autre les bâtiments du monastère où les Godons s’étaient retranchés. Enfin, ils tuèrent ou firent prisonniers tous les ennemis, hors un petit nombre, qui se réfugia dans les Tourelles. Ils trouvèrent, dans les taudis, beaucoup des leurs enfermés. Après les avoir fait sortir, ils mirent lé feu à la bastille, annonçant ainsi à tous les Anglais un nouveau désastre. Ce fut, dit-on, la Pucelle qui donna l’ordre d’incendier la bastille pour arrêter le pillage auquel les hommes se ruaient furieusement[9].

On faisait un grand gain. Mais la confiance tardait à renaître. En regardant, sous le ciel noir, aux lueurs de l’incendie, le boulevard des Tourelles qu’ils voyaient de près pour la première fois, les hommes d’armes furent effrayés. Certains disaient :

— Un mois ne suffira pas pour le prendre[10] !

Les seigneurs, capitaines et gens d’armes, rentrèrent dans la ville pour passer une nuit tranquille. Les gens de trait et le gros de la commune restaient au Portereau. La Pucelle aurait bien voulu rester aussi, pour être plus sûre de recommencer le lendemain[11]. Mais, voyant que les capitaines laissaient aux champs leurs chevaux et leurs pages, elle les suivit à Orléans[12]. Piquée au pied par une chausse-trape[13], accablée de fatigue, se sentant faible, elle ne jeûna pas ce jour-là, contrairement à l’habitude qu’elle avait de jeûner le vendredi[14]. Si l’on en croit frère Pasquerel, peu croyable sur ce point, tandis qu’elle achevait de souper dans son hôtel, elle vit venir à elle un seigneur dont on ne dit pas le nom, qui lui parla en ces termes :

— Les capitaines se sont rassemblés en conseil. Ils ont reconnu qu’on était en bien petit nombre au regard des Anglais et que c’était par grande grâce de Dieu qu’on avait obtenu quelque avantage. La ville étant pleine de vivres, nous pouvons fort bien tenir en attendant le secours du roi. Dès lors, le conseil ne trouve pas expédient que les gens d’armes fassent demain une sortie.

Jeanne répondit :

— Vous avez été à votre conseil, et j’ai été au mien, et croyez que le conseil de Messire sera accompli et tiendra et que votre conseil périra.

Et se tournant vers le frère Pasquerel, qui était près d’elle :

— Levez-vous demain de plus grand matin encore que vous n’avez fait aujourd’hui, et faites du mieux que vous pourrez. Tenez-vous toujours près de moi, car demain j’aurai beaucoup à faire et plus ample chose que j’aie jamais eue, et demain il sortira du sang de mon corps[15].

Il n’était pas vrai que les Anglais fussent en plus grand nombre que les Français ; ils étaient bien moins nombreux au contraire. Autour d’Orléans, il n’y avait guère plus de trois mille hommes. Le secours du roi étant arrivé, les capitaines n’avaient pas pu dire qu’on l’attendait. Il est vrai qu’ils hésitaient à attaquer dès le lendemain les Tourelles, mais c’était de crainte que, pendant l’attaque, les Anglais de Talbot n’entrassent dans la ville déserte, puisque la commune, refusant de marcher sur Saint-Laurent, s’était toute jetée au Portereau. Le Conseil de la Pucelle ne s’embarrassait point de ces difficultés. Madame sainte Catherine et madame sainte Marguerite ne craignaient rien. Douter, c’est craindre : elles ne doutaient de rien. Quoi qu’on ait dit, elles ignoraient la tactique et la stratégie. Elles n’avaient pas lu Végèce, De re militari. Si elles avaient lu Végèce, la ville était perdue. Son Végèce c’était sainte Catherine.

Durant la nuit, il fut crié par les rues qu’on portât à ceux qui étaient restés au Portereau pain, vin, munitions, fourrages et toutes choses dont ils eussent besoin. Des bateaux passaient sans cesse d’une rive à l’autre. Hommes, femmes, enfants allaient ravitailler les postes[16].

Le lendemain, samedi 7 mai, au soleil levant, Jeanne entendit la messe du frère Pasquerel et communia dévotement[17]. L’hôtel de Jacques Bouclier était assailli par les procureurs et par de notables bourgeois. Après une nuit de fatigue et d’inquiétude, ils venaient d’apprendre une nouvelle qui les exaspérait. Ils avaient entendu dire que les capitaines voulaient différer l’assaut des Tourelles, et, ils appelaient la Pucelle à grands cris pour secourir le peuple abandonné, trahi, vendu[18]. Ce qui était vrai, c’est que Monseigneur le Bâtard et les capitaines, ayant observé durant la nuit un grand mouvement d’Anglais en aval de la Loire, se confirmaient dans la crainte que Talbot ne donnât l’assaut aux murailles, du côté de la porte Renart, pendant que les Français occuperaient en forces la rive gauche de la Loire. Ils s’étaient aperçus, au lever du soleil, que les Anglais avaient détruit, la nuit, leur boulevard de Saint-Privé, au sud de l’Ile-Charlemagne[19]. Cela encore leur donnait véhémentement à croire que l’ennemi se concentrait au couchant dans le camp de Saint-Laurent et dans sa grande bastille de Londres. Depuis longtemps les bourgeois s’irritaient des lenteurs que les gens du roi mettaient à les délivrer. Et sans doute, les capitaines étaient moins pressés qu’eux d’en finir. Les capitaines vivaient de la guerre et les bourgeois en mouraient ; cela faisait une grande différence. Les procureurs demandèrent à la Pucelle d’achever sans retard leur délivrance qu’elle avait commencée. Ils lui dirent :

— Nous avons tenu conseil et nous vous requérons de vouloir accomplir la charge que vous avez de par Dieu et aussi du roi.

— En nom Dieu, je le ferai, dit-elle.

Et, aussitôt, elle monta à cheval et, employant une très vieille façon de dire, elle s’écria :

— Qui m’aime me suive[20] !

Comme elle sortait de l’hôtel du trésorier, on lui apporta une alose. Elle dit, en souriant, à son hôte :

— En nom Dieu ! on la mangera à souper. Je vous ramènerai un Godon qui en mangera sa part.

Elle ajouta :

— Nous repasserons ce soir par le pont[21].

1l y avait cent quatre-vingt-dix-neuf jours qu’on ne le pouvait faire. Cette parole fut trouvée bonne et heureuse.

La bourgeoisie s’était alarmée trop vite. Malgré l’inquiétude que leur donnaient Talbot et ceux de Saint-Laurent, les seigneurs traversèrent la Loire de bon matin, et allèrent retrouver au Portereau leurs chevaux et leurs pages qui y avaient passé la nuit avec les gens de trait et les gens de la commune. Ils y furent tous, le Binard, le sire de Gaucourt et les sires de Rais, de Graville, de Guitry, de Coarraze, de Villars, d’Illiers, de Chailly, l’amiral de Culant, les capitaines La Hire et Poton[22]. La Pucelle se tenait en leur compagnie. Les procureurs leur firent parvenir une quantité énorme d’engins : fascines, flèches, traits, martinets, cognées, plomb, poudre, couleuvrines, canons, échelles[23]. L’attaque commença de bonne heure. Ce qui la rendait difficile, ce n’était pas le nombre des Anglais retranchés dans leur boulevard et logés dans les tourelles ; il n’y avait là guère que cinq cents hommes[24], commandés, il est vrai, par lord Moleyns, et, sous lui, par lord Poynings et par le capitaine Glasdall, qu’en France on nommait Glassidas, de petite naissance et le premier des Anglais pour le courage[25]. Les assaillants, bourgeois, gens d’armes, gens de trait, étaient dix fois plus nombreux. C’était fort à l’honneur du peuple de France, qu’on eût réuni tant de combattante ; mais une telle masse d’hommes ne pouvait être employée à la fois. Les chevaliers ne valaient pas grand’chose contre des murailles de terre ; et les bourgeois, très ardents, n’étaient pas très solides. Enfin, le Bâtard, prudent et réfléchi, craignait Talbot. En effet, si Talbot avait su, si Talbot avait voulu, il aurait pris la ville pendant que les Français essayaient de prendre les Tourelles. La guerre n’est qu’une suite de hasards, mais dans cette journée, on avait eu vraiment trop peu de souci d’agir de concert. La masse énorme des combattants n’était pas une force irrésistible, puisque personne, pas même le Bâtard, ne savait la faire mouvoir, ni l’employer. A cette époque, le succès d’une bataille dépendait d’un très petit nombre de combattants. La veille, deux ou trois hommes d’armes avaient décidé de tout.

En fait, devant ces fossés, l’armée des Français semblait une foule énorme de curieux, regardant quelques gens d’armes essayer l’escalade. Malgré le nombre des troupes, l’assaut se réduisit longtemps à une suite de combats singuliers. Vingt fois des hommes de bonne volonté s’approchèrent de la douve et vingt lois ils furent obligés de reculer[26]. Il y eut des blessés et des morts, mais non point en grand nombre. Les seigneurs, qui faisaient la guerre toute leur vie, la faisaient prudemment, les routiers ménageaient leurs hommes. Les bourgeois n’étaient pas très aguerris[27]. Seule la Pucelle se donnait tout entière. Elle disait sans cesse :

— Ayez bon cœur. Ne vous retirez pas. Vous aurez la bastille de bref[28].

A midi tout le monde s’en fut dîner. Puis, vers une heure, on se remit à la besogne. La Pucelle porta la première échelle, et, comme elle la posait contre la douve, elle fut atteinte, à l’épaule, au-dessus du sein droit, d’un vireton tiré si roide, qu’un demi-pied de bois lui traversa la chair. Elle savait qu’elle devait être blessée ; elle l’avait prédit à son roi, ajoutant qu’il l’employât tout de même. Elle l’avait annoncé aux gens d’Orléans[29], elle l’avait dit la veille à son aumônier et certes, depuis cinq jours, elle faisait bien tout ce qu’il fallait pour que la prophétie s’accomplit. Les Anglais, voyant que le vireton avait pénétré dans la chair, en furent grandement rassurés : ils croyaient qu’une sorcière, si on pouvait lui tirer du sang, tout son pouvoir s’évanouissait. Les Français en avaient grande tristesse. On la porta un peu à l’écart. Le frère Pasquerel et le page Mugot se tenaient près d’elle. Sentant la douleur, elle craignit et pleura[30]. Des soldats, comme d’ordinaire il s’en trouve beaucoup dans les combats auprès des blessés, l’entouraient ; quelques-uns voulurent la charmer. C’était une pratique habituelle aux gens de guerre de marmotter des patenôtres sur les blessures pour les fermer. On charmait par incantations et conjurations. Les paters de sang avaient la vertu d’arrêter les hémorragies. On employait aussi des billets couverts de caractères magiques. Mais c’était recourir à la puissance des diables et commettre un péché mortel ; Jeanne ne voulut point être charmée.

— J’aimerais mieux mourir, dit-elle, que de faire chose que je saurais péché ou contraire à la volonté de Dieu.

Elle dit encore :

— Je sais bien que je dois mourir. Mais je ne sais ni quand ni comment ; je ne sais l’heure. Si l’on peut donner, sans péché, remède à ma blessure, je veux bien être guérie[31].

On lui ôta son armure. On appliqua sur la plaie de l’huile d’olive avec du lard, et, le pansement fait, elle se confessa au frère Pasquerel en pleurant et en gémissant. Bientôt elle vit venir à elle ses conseillères du ciel, qui portaient des couronnes et répandaient une bonne odeur, madame sainte Catherine et madame sainte Marguerite ; et elle fut réconfortée. Elle se fit armer et retourna à l’assaut.

Le soleil baissait et, depuis le matin, les Français se fatiguaient en vain contre les palissades du boulevard. Monseigneur le Bâtard, voyant ses hommes las et la nuit proche, et craignant sans doute les Anglais glu camp de Saint-Laurent-des-Orgerils, résolut de ramener l’armée à Orléans. Il lit sonner la retraite. Déjà la trompette appelait les combattants au Portereau. La Pucelle vint à lui et le pria d’attendre encore un peu.

— En nom Dieu ! dit-elle, vous entrerez bien bref dedans. N’ayez crainte, et n’auront les Anglais plus de force sur vous.

D’après certains, elle ajouta : C’est pourquoi, reposez vous un peu ; buvez et mangez[32].

Tandis qu’ils se rafraîchissaient, elle demanda son cheval, monta dessus et, laissant son étendard à un homme de sa compagnie, elle alla seule, par le coteau, dans les vignes qui n’avaient pu être labourées à la coutume en avril et où les petites feuilles de mai commençaient à s’ouvrir. Là, dans le calme du soir, parmi les échalas formés en faisceaux et les pieds bas des vignes alignées, qui buvaient la première chaleur de la terre, elle se mit en oraison et tendit l’oreille aux voix du ciel[33]. D’ordinaire le tumulte et les cris l’empêchaient de comprendre ce que lui disaient son ange et ses saintes. Elle ne les entendait bien que dans la solitude au tintement des cloches lointaines et dans les sons légers et rythmés qui montent. le soir, des champs et des prairies[34].

Pendant son absence, le sire d’ Aulon, qui ne pouvait pas renoncer encore à gagner la journée, imagina un dernier expédient. C’était un des moindres seigneurs de l’armée ; mais alors, à la bataille, chacun faisait. à sa tête et selon son cœur. L’étendard de la Pucelle flottait encore devant le boulevard. L’homme qui le portait, tombant de fatigue, l’avait passé à un homme d’armes, surnommé le Basque, de la compagnie du sire de Villars[35]. Le sire d’Aulon, regardant cet étendard béni par les prêtres et qu’on tenait pour heureux, songea que, s’il était porté en avant, les gens de guerre le suivraient, tant ils y avaient d’amour, et, pour ne pas le perdre, escaladeraient le boulevard. A cette idée, il s’approcha du Basque et lui dit :

— Si j’entrais là, et allais au pied du boulevard, me suivrais-tu ?

Le Basque promit de le faire. Le sire d’Aulon descendit aussitôt dans le fossé et, se couvrant de sa targette, qui le garantissait des pierres, s’avança vers la douve[36].

La Pucelle, ayant fait une courte prière, revint, après un demi-quart d’heure, parmi les gens d’armes et leur dit :

— Les Anglais n’ont plus de force. Approchez les échelles[37].

C’était vrai. Il leur restait si peu de poudre que leurs derniers boulets, chassés par une charge trop faible, tombaient court comme des pierres jetées à la main[38]. Ils n’avaient plus que dés tronçons d’armes. Elle alla au boulevard. Mais, arrivée au bord du fossé, voyant tout à coula aux mains d’un inconnu son étendard qui lui était cher, mille fois plus cher que son épée, et le croyant en péril, elle courut le reprendre, s’approcha du Basque au moment où il descendait dans le fossé, saisit l’étendard par ce qu’on appelait la queue, c’est-à-dire le bout de la toile, et tira de toutes ses forces, en criant :

— Ha ! mon étendard, mon étendard !

Le Basque tenait ferme, ne sachant pas qui tirait ainsi d’en haut. Et la Pucelle ne lâchait point. Les seigneurs et capitaines, voyant l’étendard secoué, crurent que c’était un signal et se rallièrent. Cependant le sire d’Aulon était arrivé à la douve. Il pensait que le Basque l’avait suivi pas à pas. Mais, s’étant retourné, il le vit arrêté de l’autre côté du fossé et lui cria :

— lié ! Basque, est-ce là ce que tu m’avais promis ?

A cet appel le Basque tira si fort qu’il fit lâcher prise à la Pucelle et porta l’étendard jusqu’à la douve[39].

Jeanne comprit et fut rassurée. Elle dit à ceux qui étaient près d’elle :

— Donnez-vous garde quand la queue de mon étendard touchera contre le boulevard.

Un gentilhomme lui répondit :

— Jeanne, la queue y touche.

Alors elle s’écria :

— Tout est vôtre et y entrez[40] !

Aussitôt, seigneurs et bourgeois, gens d’armes, gens de trait, gens des communes se jetèrent éperdument dans le fossé et grimpèrent en tel nombre et si vivement aux palissades, qu’ils semblaient une compagnie d’oisillons s’abattant sur une haie[41]. Et les Français entrés dans l’enceinte virent s’éloignant, niais tournés encore fièrement vers eux, les lords Moleyns et Poynings, sir Thomas Giffart, bailli de Mantes, et le capitaine Glasdall, qui couvraient la retraite des leurs vers les Tourelles[42]. Glasdall tenait à la main le vieil étendard de Chandos, qui, après avoir flotté sur quatre-vingts ans de victoires, reculait devant l’étendard d’une enfant[43]. Car elle était là, debout sur le rempart, la Pucelle. Et les Anglais se demandaient épouvantés quelle était cette sorcière qui ne perdait pas son pouvoir avec son sang et guérissait par des charmes ses profondes blessures. Cependant elle les regardait avec douceur et tristesse et criait d’une voix pleine de sanglots :

— Glassidas ! Glassidas ! rends-t’y, rends-t’y au Roi des cieux. Tu m’as appelée putain. J’ai grande pitié de ton âme et de celle des tiens[44].

En même temps, des murs de la ville et du boulevard de la Belle-Croix, les boulets pleuvaient sur les Tourelles[45]. Montargis et Rifflart leur crachaient des pierres ; le nouveau canon de maître Guillaume Duisy leur jetait, de la poterne Chesneau, des boulets de cent vingt livres[46]. Les Tourelles étaient assaillies du côté du pont. Une gouttière fut jetée sur l’arche rompue par les Anglais, et messire Nicole de Giresme, le moine chevalier, y passa le premier[47]. Ceux qui le suivirent mirent le feu la palissade qui, de ce côté, barrait l’accès du fort. Ainsi, les six cents Anglais, épuisés d’armes et de forces, se voyaient attaqués en avant et en arrière. Ils l’étaient aussi par-dessous, de façon sournoise et terrible. Des gens d’Orléans avaient chargé un grand chaland de poix, d’étoupes, de fagots, d’os de cheval, de savates, de résine, de soufre, de quatre-vingt-dix-huit livres (l’huile d’olive et de telles autres choses pouvant faire feu et fumée ; ils l’avaient conduit sous le pont de bois jeté par l’ennemi entre les Tourelles et le boulevard : ils l’y avaient amarré et y avaient mis le feu. Au moment de la retraite des Anglais, ce brûlot incendia le pont. A travers la fumée et la flamme, les six cents passèrent sur le tablier brûlant. Et quand enfin William Glasdall, lord Poynings et lord Moleyns, avec trente ou quarante capitaines, quittant les derniers le boulevard perdu, mirent à leur tour le pied sur le pont, les planches charbonnées croulèrent sous eux et tous, avec l’étendard de Chandos, s’abîmèrent dans la Loire[48].

Jeanne, émue de pitié, pleura sur l’âme de Glassidas et sur celle des Anglais noyés avec lui[49]. Près d’elle, les capitaines s’affligeaient aussi de la mort de ces braves, songeant qu’ils leur avaient fait grand tort en se noyant, car leur rançon eût rapporté grande finance[50].

Échappés sur des charbons ardents aux Français du boulevard, les six cents tombèrent sur les Français du pont. Quatre cents furent tués, les autres pris. La journée avait coûté aux Orléanais une centaine d’hommes[51].

Quand les derniers cris des vaincus se furent éteints, dans la nuit sombre, au bord de la Loire rougie de flammes, les capitaines français, étonnés de leur victoire, regardaient du côté de Saint-Laurent-des-Orgerils et craignaient encore que sir John Talbot ne saillit de son camp et ne vint venger ceux qu’il n’avait pas secourus. Durant cette longue attaque, sur laquelle s’était levé et couché le soleil, Talbot, le comte de Suffolk et les Anglais de Saint-Laurent n’étaient pas sortis de leurs retranchements. Les Tourelles prises, les vainqueurs se tenaient sur leurs gardes, attendant encore Talbot[52]. Mais ce Talbot, dont le nom servait aux mères françaises pour effrayer leurs enfants, ne bougea pas. On l’avait beaucoup craint en cette journée, et il avait lui-même craint que les Français ne lui prissent son camp est ses bastilles du couchant s’il en retirait du monde pour secourir les Tourelles[53].

L’armée se disposa à rentrer dans la ville. Le pont, dont trois arches étaient rompues, fut rendu praticable en trois heures. Bien avant dans la nuit, la Pucelle, ainsi qu’elle l’avait prédit, entra par le pont dans la ville[54]. Pareillement se trouvaient véritables toutes ses prophéties, quand l’accomplissement dépendait de son courage et de sa bonne volonté. Les capitaines l’accompagnaient, suivis de tous les hommes d’armes et de trait, de tous les bourgeois et des prisonniers qu’on amenait deux à deux. Les cloches de la cité sonnèrent ; le clergé et le peuple chantèrent le Te Deum[55]. Après Dieu et sa benoîte mère, ils remercièrent très humblement Monsieur saint Aignan et Monsieur saint Euverte, évêques, en leur vie mortelle, et patrons célestes de la ville. Les citoyens estimaient que, devant et durant le siège, ils leur avaient donné assez de cire et assez promené leur châsse pour mériter leur puissante entremise et obtenir par eux victoire et délivrance. Ce qui rendait manifeste l’intervention de ces deux confesseurs, c’est qu’on avait vu, dans le ciel, planer sur les Tourelles, au moment de l’assaut, deux évêques resplendissant de lumière[56].

Jeanne fut ramenée à l’hôtel de Jacques Boucher, où un chirurgien pansa à nouveau la blessure qu’elle avait reçue au-dessus du sein. Elle prit quatre ou cinq tranches de pain trempées dans du vin mêlé d’eau, et ne but ni ne mangea autre chose[57].

Le lendemain, dimanche 8 mai, fête de l’apparition de Saint-Michel, on apprit, au matin, dans Orléans, que les Anglais, sortis des bastilles du couchant qui leur restaient encore, se rangeaient en belle ordonnance, étendards déployés, devant les fossés de la ville. Ceux d’Orléans, hommes d’armes et gens de la commune, avaient grande envie de tomber dessus. A la pointe du jour, le maréchal de Boussac et nombre de capitaines sortirent et se rangèrent devant eux[58].

La Pucelle alla aux champs avec les prêtres. N’ayant pu mettre sa cuirasse sur son épaule blessée, elle était seulement armée d’une de ces légères cottes de mailles, qu’on appelait jaserans[59].

Des gens d’armes lui demandèrent :

— Est-ce mal de combattre aujourd’hui dimanche ?

Elle répondit :

— Il faut entendre la messe[60].

Elle n’était pas d’avis qu’on les attaquât.

— Pour l’amour et honneur du saint dimanche, ne commencez point la bataille. N’attaquez pas les Anglais, mais, si les Anglais vous attaquent, défendez-vous fort et hardiment, et n’ayez nulle peur, et vous serez les maîtres[61].

Une de ces pierres consacrées, de forme plate et carrée, bordée de métal, que les clercs portaient en voyage, fut posée sur une table, en un carrefour, dans les champs, au pied d’une croix[62]. Les officiants chantèrent, en grande solennité, hymnes, répons et oraisons, et la Pucelle, avec tous les religieux et tous les hommes d’armes, ouït deux messes dites à cet autel[63].

Après le Deo gratias, elle recommanda d’observer les Anglais.

— Or, regardez, s’ils ont le visage devers nous, ou le dos.

On lui répondit qu’ils avaient le dos tourné et qu’ils s’en allaient.

Elle leur avait dit trois fois : Allez-vous-en d’Orléans vos vies sauves. Maintenant elle voulait qu’on les laissait aller sans leur en demander davantage.

— II ne plaît pas à Messire qu’on les combatte aujourd’hui, dit-elle. Vous les aurez une autre fois. Allons rendre grâces à Dieu[64].

Les Godons s’en allaient. Ils avaient tenu conseil la nuit et résolu de partir[65]. Après avoir fait front une heure durant aux Orléanais pour donner un air menaçant à leur retraite et la faire respecter, ils s’en allaient, gardant un bel ordre de marche. Le capitaine La Hire et le sire de Loré, curieux de savoir quelle route ils prenaient et de voir s’ils ne laissaient rien traîner derrière eux, chevauchèrent à leur poursuite avec cent ou cent vingt lances durant deux ou trois lieues. Les Anglais se retiraient sur Meung[66].

Les bourgeois, manants, gens des communes, se précipitèrent en foule dans les bastilles abandonnées. Les Godons y avaient laissé leurs malades et leurs prisonniers. Les Orléanais y trouvèrent aussi des munitions et même des vivres, qui n’étaient pas sans cloute en grande abondance ni excellents. Mais, dit un Bourguignon, « si en firent bonne chère, car il ne leur avait guère coûté[67]. Les armes, les canons, les bombardes furent portés dans la ville, les bastilles démolies, pour qu’aucun ennemi désormais ne pût s’y loger[68].

Ce jour, furent faites très belles et solennelles processions et fut ouï le sermon d’un bon frère[69]. Les clercs, seigneurs, capitaines, procureurs, gens d’armes et bourgeois visitèrent les églises avec grande dévotion, et le peuple cria : Noël 2 ![70]

Ainsi la ville d’Orléans fut délivrée ce 8 mai, au matin, deux cent neuf jours après que le siège y eut été mis et neuf jours après la venue de la Pucelle.

 

 

 



[1] Procès, t. III, p. 108.

[2] Procès, t. III, pp. 70, 111. — Chronique de la fête, dans Procès, t. V, p. 294. — Journal du siège, p. 83. — Chronique de la Pucelle, p. 288. — P. Mantellier, Histoire du siège, p. 105.

[3] Journal du siège, p. 83-84. — Abbé Dubois, Histoire du siège, p. 535. — Jollois, Histoire du siège, p. 39.

[4] Chronique de la Pucelle, pp. 288, 289.

[5] Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 76. — Journal du siège, pp. 84-85.

[6] Procès, t. III, p. 214.

[7] Procès, t. III, pp. 78, 213.

[8] Ibid., t. III, p. 78. — Berry, dans Procès, t. IV, p. 43.

[9] Chronique de la Pucelle, p. 291. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 72. — Journal du siège, pp. 84, 85. Très douteux.

[10] Perceval de Cagny, p. 1186.

[11] Procès, t. III, p. 79.

[12] Ibid., t. III, p. 70. — Chronique de la fête, p. 33.

[13] Chronique de la Pucelle, p. 291.

[14] Procès, t. III, p. 108.

[15] Procès, t. III, pp. 108, 109.

Le frère Pasquerel, que je suis ici, rapporte en ces termes, les paroles de Jeanne : Exibit crastina die sanguis a corpore meo supra mammam. Je le soupçonne véhémentement d’avoir ajouté à la prédiction. Il aimait trop les miracles et les prophéties. Le 28 avril, la Pucelle dit que le vent tournerait, et le vent tourna. Frère Pasquerel ne se contente pas de ce médiocre prodige. Il raconte que Jeanne souleva la Loire. Nous savons par ailleurs, que la Loire était haute. Que Jeanne ait longtemps d’avance annoncé qu’elle serait blessée, on ne peut le nier. Le fait, énoncé dans une lettre de Lyon, à la date du 2 avril 1429, fut consigné dans un registre de la Cour des comptes du Brabant. Mais elle n’indiqua pas le jour. Dixit... quod ipsa ante Aureliam in conflictu telo vulnerabitur (Procès, t. IV, p. 426).

[16] Journal du siège, p. 84.

[17] Procès, t. III, p. 109. — Chronique de la Pucelle, p. 295.

[18] Chronique de la Pucelle, p. 292. — Procès, t. III, p. 215. — Journal du siège, pp. 84-85.

[19] Chronique de la Pucelle, p. 291.

[20] Chronique de l’établissement de la fête, p. 34. — Le Roux de Liney, Proverbes, t. II, p. 395.

[21] Procès, t. III, p. 124.

[22] Berry, dans Procès, t. IV, pp. 43, 14.

[23] Chronique de la Pucelle, p. 292. — Journal du siège, p. 284 et passim.

[24] Journal du siège, p. 87. — Lettre de Charles VII aux Narbonnais (10 mai 1429) dans Procès, t. V, pp. 101 et suiv. — Chronique de la fête dans Procès, t. V, p. 294. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 77. — Morosini, t. III, p. 32, note 1.

[25] Jarry, Le compte de l’armée anglaise, pp. 94, 95, 136, 206. — Boucher de Molandon, L’armée anglaise..., pp. 94 et suiv.

[26] Journal du siège, p. 85. — Chronique de la Pucelle, p. 293. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 77. — Morosini, t. III, pp. 31 et suiv.

[27] Comptes de forteresse, dans Journal du siège, pp. 296, 300. — Verguiaud-Romagnési, Notice historique sur le fort des Tourelles, Paris, in-8°, 1832, p. 50.

[28] Chronique de la Pucelle, p. 293. — Jean Chartier, Chronique, t, I. pp. 76, 77.

[29] Procès, t. I, p. 79, t. III, p. 109 ; — Le Greffier de la Chambre des comptes de Brabant, dans Procès, t. V, pp. 425-426. — Eberhard Windecke, 172.

[30] Procès, t. III, p. 109. — Chronique de la Pucelle, p. 292.

[31] Procès, t. III, pp. 109-110.

[32] Procès, t. III, p. 25. — Journal du siège, pp. 85, 86. — Eberhard Windecke, p. 173.

[33] Procès, t. III, p. 8. — Je rejette absolument les faits allégués par Charles du Lys, relativement à Guy de Cailly, qui aurait accompagné Jeanne dans les vignes et vu les anges descendre vers elle. Les lettres d’ennoblissement de Guy de Cailly sont apocryphes. — Charles du Lys, Traité sommaire, pp. 50, 52.

[34] Procès, t. I, pp. 52, 62, 153, 480 ; t. II, pp. 420, 424.

[35] Procès, t. III, p. 216. — Le comte Couret, Un fragment inédit des anciens registres de la Prévôté d’Orléans, Orléans, 1897, pp. 12, 20, 21 et passim.

[36] Procès, t. III, p. 216.

[37] Journal du siège, p. 86.

[38] Chronique de la Pucelle, p. 293.

[39] Procès, t. III, pp. 216, 217.

[40] Chronique de la Pucelle, p. 293. — Journal du siège, p. 56.

[41] Chronique de la fête, dans Procès, t. V, p. 294.

[42] Journal du siège, p. 87.

[43] Lettre de Charles VII aux habitants de Narbonne, 10 mai 1429, dans Procès, t. III, p. 25 ; t. V, pp. 101, 103.

[44] Procès, t. III, p. 110.

[45] Chronique de la Pucelle, pp. 293, 294 ; Morosini, t. III, p. 31.

[46] Journal du siège, p. 17. — Jollois, Histoire du siège, p. 12.

[47] Ibid., p. 87. — Chronique de la Pucelle, p. 294.

[48] Procès, t. III, p. 25. — Chronique de l’établissement de la fête dans Procès, t. V, p. 294. — Chronique de la Pucelle, p. 294. — Journal du siège, pp. 87, 88. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 78. — Perceval de Cagny, p. 145. — Eberhardt Windecke, p. 173. Monstrelet, t. IV, p. 321. — Morosini, t. III, pp. 31 et suiv.

[49] Procès, t. III, p. 110.

[50] Journal du siège, p. 87.

[51] Le nombre des Anglais qui défendirent les Tourelles est porté, dans le Journal du siège, à 4 ou 500 ; dans la Lettre de Charles VII, à 600 ; dans la Relation de la fête du 8 mai, à 800 ; dans la Chronique de la Pucelle, à 500. — Le nombre des Français, qu’il est impossible d’évaluer exactement, était plus de dix fois supérieur.

Les pertes des Anglais sont portées :

Par Guillaume Girault, à 300 morts et pris ;

Par Berry, à 400 ou 500 morts et pris ;

Par Jean Chartier, à 400 environ tués et les autres pris ;

Par la Chronique de la Pucelle, à 300 tués, 200 prisonniers ;

Par le Journal du siège, à 400 ou 500 tués, hors un petit nombre prisonniers ;

Par Monstrelet, à 600 ou 800 morts ou pris, dans les mss. ; à 1.000 dans les éditions imprimées ;

Par Bower, à 600 et plus tués.

Les pertes des Français sont portées :

Par Perceval de Cagny, de 16 à 20 morts ;

Par Eberhard Windecke, à 5 tués et quelques blessés ;

Par Monstrelet, à 100 environ.

A l’estimation de la Pucelle, dans les diverses affaires où elle prit part à Orléans, des Français cent et même plus furent blessés.

[52] Journal du siège, p. 88.

[53] Perceval de Cagny, p. 147. — Chronique de la Pucelle, p. 295.

[54] Journal du siège, p. 88. — Chronique de la Pucelle, p. 295. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 78.

[55] Chronique de l’établissement de la fête, dans Procès, t. V, pp. 294 et suiv.

[56] Chronique de la Pucelle, p. 295. — Journal du siège, p. 88.

[57] Chronique de la Pucelle, Ibid.

[58] Journal du siège, p. 89. — Chronique de la Pucelle, p. 296. — Jean Chartier, Chronique, t. I, pp. 78, 79. — Le Jouvencel, I, p. 208. Il faut tenir pour historique le passage qui commence par ces mots : Le sire de Rocquencourt dit :.

[59] Procès, t. III, p. 9.

[60] Ibid., t. III, p. 29.

[61] Journal du siège, p. 89.

[62] Le Jouvencel.

[63] Chronique de la Pucelle, p. 296.

[64] Ibid., p. 296.

[65] Chronique de l’établissement de la fête, dans Procès, t. V, pp. 294, 295. — Chronique de la Pucelle, p. 296.

[66] Procès, t. III, pp. 71, 97, 110. — Journal du siège, p. 89. — Chronique de la Pucelle, p. 297. — Morosini, t. III, p. 3’i. — Walter Bower, Scotichronicon dans Procès, t. IV, pp. 478-479. — Eberhard Windecke, p. 177.

[67] Lettre de Charles VII aux Narbonnais, dans Procès, t. V, p. 101. — Monstrelet, t. IV, p. 323.

[68] Journal du siège, pp. 209 et suiv.

[69] Journal du siège, p. 216. — Chronique de la fête dans Procès, t. V, p. 295.

[70] Procès, t. III, p. 110. — Journal du siège, p. 92.