VIE DE JEANNE D’ARC

Tome I

CHAPITRE XI. — LA PUCELLE À BLOIS. - LA LETTRE AUX ANGLAIS. - LE DÉPART POUR ORLÉANS.

 

 

La Pucelle, avec son escorte de routiers et de mendiants, arriva à Blois en même temps que Messire Regnault de Chartres, chancelier de France, et le sire de Gaucourt, gouverneur d’Orléans[1]. Elle était sur les terres du prince qu’elle avait grand souci de délivrer : le Blésois appartenait au duc Charles, prisonnier des Anglais. Les marchands amenaient dans la ville bœufs, vaches, moutons, brebis, pourceaux à foison, du grain, de la poudre et des armes[2]. L’amiral de Culant et le seigneur Ambroise de Loré étaient venus d’Orléans surveiller l’approvisionnement. La Reine de Sicile s’était rendue à Blois. Le Roi qui, à cette époque, ne la consultait guère, lui dépêcha pourtant le duc d’Alençon, avec mission de se concerter avec elle pour l’envoi des secours[3]. Le sire de Rais, de la maison de Laval et de la lignée des ducs de Bretagne, seigneur de vingt-quatre ans à peine, vint, libéral et magnifique, amenant, avec une belle compagnie d’Anjou et du Maine, les orgues de sa chapelle, les enfants de la maîtrise, les petits chanteurs de la psallette[4]. Le maréchal de Boussac, les capitaines La Hire et Poton arrivèrent d’Orléans[5]. Une armée de sept mille hommes fut réunie sous les murs de la ville[6]. Pour partir on n’attendait plus que l’argent nécessaire au paiement des vivres et à la solde des troupes. Les capitaines et gens d’armes ne servaient pas à crédit ; quant aux marchands, s’ils risquaient de perdre leurs victuailles et la vie avec, c’était pour argent comptant[7]. Point de pécune point de bétail, et les chariots ne roulaient pas.

Au mois de mars, Jeanne avait dicté à l’un des maîtres de Poitiers une brève sommation à l’adresse des capitaines anglais[8]. Elle la développa en une lettre qu’elle montra à quelques-uns de son parti, et qu’elle envoya ensuite de Blois, par un héraut, au camp de Saint-Laurent-des-Orgerils. Cette lettre était adressée au roi Henri, au Régent et aux trois chefs qui depuis la mort de Salisbury conduisaient le siège, Scales, Suffolk et Talbot. En voici le texte[9] :

 

† JHESUS MARIA †

Roy d’Angleterre, et vous, duc de Bedford, qui vous dictes régent le royaume de France ; vous Guillaume de la Poule, conte de Sulford ; Jehan, sire de Talebot ; et vous, Thomas, sire d’Escales, qui vous dictes lieutenans dudit duc de Bedfort, faictes raison au Roy du ciel[10] ; rendez à la Pucelle qui est cy envoiée de par Dieu, le Roy du ciel, les clefs de toutes les bonnes villes[11] que vous avez prises et violées[12] en France. Elle est ci venue de par Dieu, pour réclamer le sanc royal[13]. Elle est toute preste de faire paix, se vous lui voulez faire raison, par ainsi que France vous mectrés jus, et paierez ce que vous l’avez tenu[14] Et entre vous, archiers, compaignons de guerre, gentilz et autres[15] qui estes devant la ville d’Orléans, alez vous ent en vostre païs, de par Dieu ; et se ainsi ne le faictes, attendez les nouvelles[16] de la Pucelle qui vous ira voir briefment à voz bien grans dommaiges. Roy d’Angleterre, se ainsi ne le faictes, je sui chief de guerre, et en quelque lieu que je actaindray voz gens en France, je les en ferai aler, vuellent ou non vuellent ; et si ne vuellent obéir je les feray tous occire. Je sui cy envoiée de par Dieu, le Roy du ciel, corps pour corps, pour vous bouter hors de toute France. Et s’i vuellent obéir, je les prandray à mercy. Et n’aiez point en vostre oppinion, que vous ne tendrez[17] point le royaume de France [de] Dieu, le Roy du ciel, filz sainte Marie[18] ; ainz le tendra le roy Charles, vray héritier[19] ; car Dieu, le Roy du ciel, le veult, et lui est révélé par la Pucelle ; lequel[20] entrera à Paris à bonne compagnie. Se vous ne voulez croire les nouvelles de par Dieu et la Pucelle, en quelque lieu que vous trouverons, nous ferrons[21] dedens et y ferons ung si grant hahay[22], que encore a-il mil ans[23] que eu France ne fu si grant, se vous ne faictes raison. Et croyez fermement que le Roy du ciel envoiera plus de force à la Pucelle, que vous ne lui sariez mener de tous assaulx, à elle et à ses bonnes gens d’armes ; et aux horions[24] verra-on qui ara[25] meilleur droit de Dieu du ciel[26]. Vous, duc de Bedfort, la Pucelle vous prie et vous requiert que vous ne vous faictes mie destruire. Se vous lui faictes raison, encore pourrez venir en sa compaignie, l’où que les Franchois[27] feront le plus bel fait que oncques fu fait pour la chrestienté. Et faictes response se vous voulez faire paix en la cité d’Orléans ; et se ainsi ne le faictes, de vos bien grans dommages vous souviengne briefment. Escript ce mardi sepmaine saincte.

 

Telle est cette lettre d’un accent nouveau, qui proclame la royauté de Jésus-Christ et déclare la guerre sainte. Il est difficile de savoir si Jeanne la dicta de sa propre inspiration ou sur le conseil des clercs. On serait d’abord tenté d’attribuer à des religieux l’idée première d’une sommation qui est une application littérale des préceptes inscrits dans le Deutéronome :

Quand vous vous approcherez d’une ville pour l’assiéger, d’abord vous lui offrirez la paix.

Si elle l’accepte et qu’elle vous ouvre ses portes, tout le peuple qui s’y trouvera sera sauvé et vous sera assujetti moyennant le tribut.

Si elle ne veut point recevoir les conditions de la paix et qu’elle commence à vous déclarer la guerre, vous l’assiégerez.

Et lorsque le Seigneur, votre Dieu, vous l’aura livrée entre les mains, vous ferez passer tous les mâles au fil de l’épée,

En réservant les femmes, les enfants, les bêtes et tout le reste de ce qui se trouvera dans la ville.

(Deuter., XX, 10-14.)

Il est certain du moins que, à cet égard, la Pucelle exprime ses propres sentiments. Elle dira plus tard : Je demandais la paix et, si on me la refusait, j’étais prête à combattre[28]. Mais comme elle dicta cette lettre et ne put la lire, il y a lieu de rechercher si les clercs qui tinrent la plume n’y mirent pas du leur.

On peut soupçonner une main ecclésiastique en deux ou trois passages. Plus tard la Pucelle ne se rappelait pas avoir dicté corps pour corps, ce qui n’a pas grande importance. Mais elle déclara qu’elle n’avait pas dit : Je suis chef de guerre, et qu’elle avait dicté : Rendez au Roi, et non pas : Rendez à la Pucelle[29]. Sa mémoire, qui n’était pas toujours bonne, la trompait peut-être. Pourtant, elle paraissait bien sûre de ce qu’elle disait, et elle répéta par deux fois que chef de guerre et rendez à la Pucelle n’étaient pas dans sa lettre, et il est possible que ces termes fussent du fait des moines qui se tenaient près d’elle. Ces religieux errants se souciaient médiocrement d’une querelle de fiefs, et leur plus grand souci n’était pas que le roi Charles rentrât en possession de son héritage. Ils voulaient sans doute le bien du royaume de France ; mais, assurément, ils voulaient d’un meilleur cœur le bien de la chrétienté, et nous verrons que si ces moines mendiants, frère Pasquerel et plus tard frère Richard, s’attachèrent à la Pucelle, ce fut dans l’espoir de l’employer au profit de l’Église. Aussi ne serait-il pas surprenant qu’ils eussent tout d’abord pris soin de la déclarer chef de guerre et même de l’investir d’un pouvoir spirituel supérieur au pouvoir temporel du roi, ce qui est impliqué dans cette phrase : Rendez à la Pucelle... les clefs des bonnes villes.

Cette lettre même indique une des espérances, entre autres, qu’ils fondaient sur elle. Ils comptaient qu’après avoir accompli sa mission en France, elle prendrait la croix et irait à la conquête de Jérusalem, entraînant à sa suite toutes les armées de l’Europe chrétienne[30]. En ce moment même, un disciple de Bernardin de Sienne, un franciscain, nouvellement venu de Syrie[31], frère Richard, qui devait bientôt se rencontrer avec la Pucelle, prêchait à Paris, annonçant la fin prochaine du inonde et exhortant les fidèles à combattre l’Antéchrist[32]. Il faut se rappeler que les Turcs, qui avaient vaincu les chevaliers chrétiens à Nicopolis et à Sémendria, menaçaient Constantinople et terrifiaient l’Europe entière. Papes, empereurs, rois, sentaient la nécessité de tenter contre eux un grand effort.

On disait en Angleterre que le roi Henri V avait fait à madame Catherine de France, entre Saint-Denys et Saint-Georges, un garçon demi-anglais demi-français, qui irait jusqu’en Égypte tirer le Grand Turc par la barbe[33]. Ce victorieux Henri V, sur son lit de mort, entendait les clercs réciter les psaumes de la pénitence. Quand il ouït ce verset : Benigne fac Domine in bona voluntate tua ut ædificentur muri Jerusalem, il murmura d’une voix expirante : J’ai toujours eu dessein d’aller en Syrie et de reprendre la ville sainte aux infidèles[34]. Ce fut sa dernière parole. Les hommes sages conseillaient l’union des princes chrétiens contre le Croissant. En France, l’archevêque d’Embrun, qui avait siégé aux conseils du dauphin, maudissait l’insatiable cruauté de la nation anglaise et ces guerres entre chrétiens, dont se réjouissaient les ennemis de la croix de Jésus-Christ[35].

Appeler les Anglais et les Français à prendre ensemble la croix, c’était proclamer qu’après quatre-vingt-onze ans de violences et de crimes le cycle des guerres profanes était fermé et que la chrétienté se retrouvait telle qu’aux jours où Philippe de Valois et Édouard Plantagenêt promettaient au pape de s’unir contre les infidèles.

Mais quand la Pucelle conviait les Anglais à se joindre aux Français dans une entreprise sainte et guerrière, on pouvait prévoir l’accueil que recevrait des Godons cette convocation angélique. Et, lors du siège d’Orléans, les Français de leur côté, pour de bonnes raisons, ne songeaient pas à prendre la croix avec les Coués[36].

Le style de cette lettre ne fut pas très goûté des connaisseurs. Le Bâtard d’Orléans en trouvait toutes les paroles bien simples et quelques années plus tard un bon légiste français la jugea écrite en gros et lourd langage et, mal ordonné[37]. Nous ne pouvons prétendre en mieux juger que le légiste et que le Bâtard, qui avait des lettres ; pourtant nous nous demandons si ce qui leur semblait mauvais dans ces façons de dire ce n’était pas qu’elles s’éloignaient du ton ordinaire des chancelleries. La lettre de Blois se ressent, il est vrai, de l’humilité où se tenait encore la prose française, quand elle n’était pas soulevée par un Alain Chartier, mais on n’y trouve pas de terme ni de tournure qui ne se rencontre dans les bons auteurs du temps. Le langage peut n’en pas être très bien ordonné, mais l’allure en est vive. Au reste rien n’y sent les bords de la Meuse ; il n’y subsiste aucune trace du parler lorrain et champenois[38]. C’est français de clerc.

Tandis qu’Isabelle de Vouthon s’en était allée en pèlerinage au Puy, ses deux plus jeunes enfants, Jean et Pierre, avaient pris aussi le chemin de la France, pour rejoindre leur sœur, dans l’idée de faire fortune auprès d’elle et du roi. De même frère Nicolas de Vouthon, cousin germain de Jeanne, religieux profès en l’abbaye de Cheminon, se rendit auprès de la jeune dévote[39] Pour attirer ainsi toute cette parenté, avant même d’avoir donné signe de son pouvoir, il fallait que Jeanne eût des cautions aux bords de la Meuse et que de vénérables personnes ecclésiastiques et de bons seigneurs lorrains répondissent de son crédit en France. Ces garants de sa mission, elle les trouvait sans aucun doute dans ceux qui l’avaient endoctrinée et accréditée par prophétie ; et peut-être frère Nicolas de Vouthon lui-même était-il du nombre.

Tenant dans l’armée état de sainte fille, elle avait en sa compagnie un chapelain, frère Jean Pasquerel[40], deux pages, Louis de Contes et Raymond[41] ; ses deux frères, Pierre et Jean ; deux hérauts, Ambleville et Guyenne[42] ; deux écuyers, Jean de Metz et Bertrand de Poulengy. Jean de Metz pourvoyait à la dépense aux frais de la couronne[43]. Elle avait aussi quelques valets à son service. Un écuyer, nommé Jean d’Aulon, que le roi lui donna pour intendant, vint la rejoindre à Blois[44]. C’était le plus pauvre écuyer du royaume[45]. Il appartenait entièrement au sire de La Trémouille qui le secourait d’argent, mais avait bon renom d’honneur et de sagesse[46]. Jeanne attribuait les défaites des Français à ce qu’ils chevauchaient avec des femmes de mauvaise vie et blasphémaient le saint nom de Dieu. Et loin de lui être particulière, cette opinion régnait parmi les personnes de savoir et de dévotion, qui rapportaient notamment le désastre de Nicopolis à ce que, en chemin, les chrétiens avaient fait des cruautés, mené des ribaudes et joué à des jeux dissolus[47].

A plusieurs reprises, de 1420 à 1425, le dauphin avait défendu de maugréer, de renier, de blasphémer le nom de Dieu, de la Vierge Marie, des saillis et des saintes, sous peine d’unie amende à laquelle s’ajoutaient, en certains cas, des châtiments corporels. Les lettres lui portaient cette défense alléguaient que les blasphèmes attiraient des guerres, des pestes et des famines, et que les blasphémateurs étaient responsables en partie des maux qui affligeaient le royaume[48]. Aussi la Pucelle allait-elle parmi les gens d’armes, les exhortant, à chasser les femmes qui suivaient l’armée et à ne plus prononcer en vain le nom du Seigneur. Elle leur recommandait de confesser leurs péchés et de mettre leur lime en état de grâce, affirmant que Dieu les aiderait et que si leur âme était en bon état, ils obtiendraient la victoire[49].

Jeanne porta son étendard à l’église Saint-Sauveur et le donna à bénir aux prêtres[50]. La petite confrérie, formée à Tours, se grossit à Blois des gens d’Église et des religieux qui, échappés en foule des abbayes voisines à l’approche des Anglais, souffraient le froid et la faim. Il en était d’ordinaire ainsi. Constamment des nuées de moines s’abattaient sur les armées. Beaucoup d’églises et la plupart des abbayes gisaient détruites. Celles des mendiants, situées hors des villes, avaient toutes péri, dépouillées et incendiées par les Anglais ou renversées par les habitants des villes, avec tous les faubourgs sous la menace d’un siège. Les religieux sans asile ne trouvaient point d’accueil dans les cités avares de leur bien ; il leur fallait tenir la campagne avec les gens d’armes et suivre l’armée. La règle en souffrait et la piété n’y gagnait rien. Ces clercs affamés et vagabonds ne menaient pas toujours, parmi les soudoyers, les ribaudes et les convoyeurs, une vie édifiante. Ceux qui accompagnèrent la Pucelle ne valaient sans doute ni mieux ni pis que les autres, et comme ils avaient grand’faim ils songeaient premièrement à manger[51]. A l’égard de la sainte fille mêlée à cette troupe vagabonde, les gens d’armes pouvaient éprouver tous les sentiments, hors celui de la surprise, tant ils étaient habitués à voir religieuses et religieux cheminer en leur compagnie. Il est vrai que de celle-ci on annonçait des merveilles. Plusieurs y ajoutaient foi, d’autres se moquaient et disaient tout haut : Voilà un vaillant champion pour récupérer le royaume de France[52].

La Pucelle fit taire une bannière sous laquelle les religieux pussent se rassembler et appeler les gens d’armes à la prière. Cette bannière était blanche ; il y avait dessus Jésus en croix entre Notre-Dame et saint Jean[53].

Le duc d’Alençon retourna vers le roi pour lui faire savoir l’embarras où l’on était. Le roi envoya les sommes nécessaires ; on pouvait enfin partir[54]. Deux routes, toutes deux libres au départ, l’une sur la rive droite, l’autre sur la rive gauche de la Loire, conduisaient à Orléans. En prenant la rive droite, on se trouvait, au bout de cinq à six lieues, au bord de la plaine de Beauce, occupée par les Anglais, qui avaient garnisons à Marchenoir, Beaugency, Meung, Montpipeau, Saint-Sigismond, Janville, et l’on risquait d’y rencontrer l’armée qui venait au secours des Anglais d’Orléans. Une telle rencontre faisait peur depuis le jour des Harengs. En prenant la rive gauche, on s’avançait par la Sologne, restée au pouvoir du roi Charles, et, pourvu qu’on s’écartât un peu du fleuve, on passait hors de vue des petites garnisons anglaises de Beaugency et de Meung. Il est vrai qu’il fallait ensuite traverser la Loire, mais, en remontant le fleuve à deux lieues au levant de la ville assiégée, on pouvait tenter sans trop d’inconvénient le passage entre Orléans et Jargeau. Après délibération, il fut décidé qu’on prendrait la rive gauche et qu’on irait par la Sologne. On arrêta aussi qu’on emporterait les vivres en cieux fois, de peur d’un trop lent débarquement si près des bastilles ennemies[55]. Le mercredi 27 avril[56], on partit. Les prêtres, bannière en tête, ouvrirent la marche en chantant le Veni creator Spiritus[57]. La Pucelle chevauchait avec eux, armée de blanc, et portant son étendard. Les hommes d’armes et les hommes de trait venaient ensuite, escortant six cents voitures de vivres et de munitions et quatre cents têtes de bétail[58]. La longue file des lances, des chariots et des troupeaux passa le pont de Blois, et se déroula dans la plaine infinie. Après avoir fait huit lieues sur une route ravinée, à l’heure du couvre-feu, quanti, au soleil couchant, la Loire fut de cuivre entre ses joncs noirs, les prêtres chantèrent Gabriel angelus et l’armée fit halte[59].

Cette nuit-là, on coucha dans les champs. Jeanne, qui n’avait, pas voulu quitter son armure, se réveilla tout endolorie. Elle entendit la messe et reçut la communion des mains de son aumônier, avec plusieurs gens d’armes. Puis l’armée se remit en marche vers Orléans[60].

 

 

 



[1] Procès, t. III, p. 4.

[2] Journal du siège, passim. — Chronique de Tournai, éd. de Smedt (t. III, du Recueil des chroniques de Flandre), p. 409.

[3] Procès, t. III, p. 93.

[4] Wavrin dans Procès, t. IV, p. 407. — Monstrelet, t. IV, p. 316. — Chronique de la Pucelle, p. 278. — Jean Chartier, Chronique, p. 68. — Mistère du siège, v. 11431 et suiv. — Abbé Bossard, Gilles de Rais, maréchal de France, dit Barbe-Bleue (1404-1440), Paris, 1886, in-8°, pp. 31, 106.

[5] Procès, t. III, p. 74.

[6] Jeanne dit (dans son Procès) : de 10 à 12.000 hommes. Monstrelet = 7.000 hommes. Eberhard Windecke = 3.000 hommes. Morosini = 12.000 hommes.

[7] Car vous ne trouverez nulz marchans qu’ils se mettent en ceste peine ne en ce danger, s’ilz n’ont l’argent contant. Le Jouvenel, t. I, p. 184.

[8] Procès, t. III, p. 74.

[9] On a de cette lettre huit textes anciens :

1° Le texte introduit dans les pièces du procès de Rouen (P. I, p. 240) ;

2° Un texte probablement de la main d’un chevalier de Saint-Jean de Jérusalem ; ce texte n’existe plus, mais on en a deux copies du XVIe siècle (P. V, p. 95) ;

3° Le texte inséré dans le Journal du siège (P. IV, p. 139) ;

4° Le texte qui se trouve dans la Chronique de la Pucelle (P. IV, p. 215) ;

5° Le texte qui fut inscrit dans le Registre Delphinal de Thomassin (P. IV, p. 306) ;

6° Le texte du Greffier de La Rochelle (Revue Historique, t. IV) ;

7° Le texte de la Chronique de Tournai (Recueil des Chroniques de Flandre, t. III, p. 407) ;

8° Le texte inséré dans le Mistère du Siège.

Mentionnons aussi une traduction en allemand, contemporaine (Eberhard Windecke).

Je donne ici le texte du Procès, lequel représente l’original. Les autres textes diffèrent trop de celui-ci et sont trop différents les uns des autres pour qu’il suit possible d’indiquer les variantes autrement qu’en donnant les huit textes en entier. Au reste, ces différences pour la plupart n’ont pas grande importance.

[10] Comparez :

Dangier, je vous becte mon gant,

Vous appelant de traïson,

Devant le Dieu d’amours puissant

Qui me fera de vous raison.

(Poésies de Charles d’Orléans, publ. par A. Champollion-Figeac, 1842, in-8°, p. 17.)

[11] C’est le roi de France qui nommait bonnes celles de ses villes qu’il voulait honorer.

[12] Comparez : Et ardirent la ville et violèrent l’abbaye (Froissart, cité par Littré).

On trouve déjà dans la Chanson de Roland :

Les castels pris, les cités violées.

[13] La délivrance du duc d’Orléans.

[14] France est régime. —Jus, opposé à sus. Mettre jus, laisser de côté. — Tenu, dû. Que vous laisserez la France tranquille et payerez ce que vous devez. — Le Journal du siège omet le mot France et rend ainsi la phrase inintelligible. Cette omission est le fait d’un texte sans doute fort ancien dont procèdent notamment La Chronique de la Pucelle et le Greffier de La Rochelle que cette phrase tronquée a visiblement embarrassé.

[15] Gentil opposé à vilain. Gentils et autres, nobles et vilains. — Sans aucun doute, il faut ici prendre les termes de compagnons et de gentils dans leur vrai sens et ne pas croire qu’ils aient été mis par antiphrase, comme dans cet endroit de Froissart : Il (le duc de Lancastre) entendit comme il pourroit estre saisy de quatre gentils compaignons qui estranglé avoyent son oncle, le duc de Clocestre, au chasteau de Calais (Froissart, dans La Curne).

[16] Attendez les nouvelles de la Pucelle..., et plus bas : Si vous ne voulés croire lez nouvelles de par Dieu de la Pucelle... Ce mot de Nouvelles s’entendait alors comme aujourd’hui, mais il avait aussi le sens de prodiges, ainsi qu’on voit dans cette phrase : En celle année apparurent maintes nouvelles à Rosay en Brie : le vin fut mué en sang et le pain en chair sensiblement ou (au) sacrement de l’autel (Chroniques de Saint Denys, dans La Curne).

[17] Tendrez..., tendra : tiendrez, tiendra.

[18] Fils sainte Marie, comme Hôtel Dieu, les fils Aymon, etc.

[19] Comprenez : Et n’ayez point en votre opinion, ne croyez pas que vous tiendrez de Dieu le royaume de France, car c’est le roi Charles qui le tiendra de Dieu.

[20] Lequel roi Charles.

[21] Ferrons, frapperons.

[22] Un grand cri de guerre. Il faut corriger hahut dans Procès, t. III, p. 107. — Comparez : Ceux qui avoient fait le guet devers l’ost ouirent le cri à le hahay (Froissart, liv. I, dans La Curne).

Princes à ce mot me convint eveillier

Pour un hahay que j’oy escrier

Par nuit, en l’ost, assez près de Coulogne.

(Eustache Deschamps, dans La Corne.)

La dame d’Orlyens s’aparut sans delay

Tout droit en parlement, et fist un grand hahay.

(Geste des ducs de Bourgogne, dans Godefroy.)

[23] Grande et indéterminée longueur de temps. Il est bien inutile de chercher ce qui se passa en France mille ans auparavant. Ni Jeanne ni les moines n’y songeaient.

[24] Comparez : Se mirent en grands et rudes orions, tellement qu’il sembloit la bataille entre mortelle (Histoire du chevalier Bayard, dans La Curne).

[25] Le futur ara pour aura est picard, mais se trouve ailleurs qu’en Picardie (Communication de M. E. Langlois, professeur à la Faculté des Lettres de Lille).

[26] Comprenez : De la part de Dieu, et il n’y aura pas lieu de suppléer ou de vous. Pourtant la copie du Chevalier de Saint-Jean, le Journal du siège, la Chronique de la Pucelle ajoutent ces trois mots. Avec cette addition, le sens me semble moins bon.

[27] Franchois est de Picardie et de la partie orientale de la Normandie.

[28] Procès, t. I, pp. 55, 84, 240.

[29] Procès, t. I, pp. 55 56, 84.

[30] Morosini, t. III, pp. 64, 8 et suiv. — Christine de Pisan, dans Procès, t. V, p. 16. — Sur l’idée de Croisade, cf. N. Jorga, Philippe de Mézières, 1896, in-8° ; Notes et extraits pour servir à l’histoire des Croisades au XVe siècle, Paris, 1899-1902, 3 vol. in-8° (Extrait de la Revue de l’Orient Latin).

[31] Pii Secundi commentarii, éd. 1640, p. 440. — Wadding, Annales Minorum, t. V, pp. 130 et suiv.

[32] Journal d’un bourgeois de Paris, p. 233. — S. Lure, Jeanne d’Arc à Domremy, pp. XV, CCXXXVII. — Voir les planches des nombreux livrets populaires sur l’Antéchrist au XVe siècle (Brunet, Manuel du Libraire, t. I, col. 316).

[33] Félix Rabbe, Jeanne d’Arc en Angleterre, Paris, 1891, p. 12.

[34] Monstrelet, t. IV, p. 112. — Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. I, p. 340.

[35] Le P. Marcellin Fornier, Histoire des Alpes-Maritimes ou Cottiennes, t. II, pp. 313 et suiv.

[36] Dans toutes les copies de la lettre aux Anglais qui nous sont parvenues, hors dans celle du Procès, à cet endroit : Encore que pourrez venir, etc. le texte est complètement défiguré.

[37] Procès, t. IV, p. 7. — Mathieu Thomassin, Registre Delphinal, dans Procès, t. IV, p. 304.

[38] Elle contient au contraire des formes qu’on ne rencontrerait pas sous la plume d’un Picard, d’un Bourguignon, d’un Lorrain ou d’un Champenois, tel le participe envoyée. Les formes et la graphie sont bien d’un clerc français (Communication de M. E. Langlois).

[39] Procès, t. V, p. 252. — E. de Bouteiller et G. de Braux, Nouvelles recherches sur la famille de Jeanne d’Arc, pp. XX, 9 et 10. Source très suspecte.

[40] Procès, t. III, p. 101.

[41] Ibid., t. III, pp. 65, 67, 124. — Chronique de la Pucelle, p. 277. — A. de Villaret, Louis de Coutes, page de Jeanne d’Arc, Orléans, 1890, in-8°.

[42] Procès, t. III, pp. 26-27.

[43] Extraits des comptes de Hémon Raguier, Procès, t. V, pp. 257, 258.

[44] Procès, t. III, p. 211.

[45] Ibid., t. III, p. 15.

[46] Duc de La Trémouille, Les La Trémouille pendant cinq siècles, Guy VI et Georges (1343-1446), Nantes, 1890, pp. 196, 201.

[47] Juvénal des Ursins, année 1396.

[48] Ordonnances des rois de France, t. XI, p. 105 ; t. XIII, p. 217. — S. de Bouillerie, La répression du blasphème dans l’ancienne législation dans Revue historique et archéologique du Maine, 1884, pp. 369 et suiv. — De Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. I, p. 370 ; t. II, p. 189.— A. Longnon, Paris pendant la domination anglaise, Paris, 1878, in-8°, pp. 11 et 56.

[49] Procès, t. III, pp. 78, 104, 105. — Chronique de la Pucelle, p. 283. — On l’associa de très bonne heure à La Hire, comme au plus vaillant homme de France, et l’on imagina qu’elle le fit confesser et l’habitua à ne plus jurer le nom de Dieu. Ce sont là de petits contes édifiants (Procès, t. III, p. 32 ; t. IV, p. 327).

[50] Procès, t. III, p. 103. — Boucher de Molandon, Première expédition de Jeanne d’Arc, p. 47. — L.-A. Bossebœuf, Jeanne d’Arc en Touraine, Tours, 1899, pp. 34 et suiv.

[51] Le P. Denifle, La désolation des églises, monastères, hôpitaux, en France, vers le milieu du XIe siècle, Mâcon, 1897, in-8°, Introduction.

[52] Procès, t. IV, p. 327. — Tringant, Le Jouvencel, t. II, p. 277, dit seulement que peu de gens d’armes allaient volontiers secourir Orléans, ce qui n’est pas bien exact.

[53] Procès, t. I, pp, 78, 117, 181. — Chronique de la Pucelle, p. 281. — Morosini, t. III, pp. 110, 111 ; t. IV, pp. 313-315. — G. Martin, L’étendard de Jeanne d’Arc, dans Notes d’art et d’arch., 1834, pp. 65-71, 81-88, pl.

[54] Procès, t. III, p. 93. — Chronique du doyen de Saint-Thibaud, dans Procès, t. IV, p. 327.

[55] Procès, t. III, pp. 5, 67, 78, 105, 212 ; Martial d’Auvergne, ibid., t. V. p. 53. — Chronique de la fête, ibid., p. 290. — Chronique de la Pucelle, p. 281. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 71. — Boucher de Molandon, Première expédition de Jeanne d’Arc, pp. 38 et suiv.

[56] Le 28 avril, selon Eberhard Windecke, p. 165. Le 27, si, comme le dit Pasquerel, l’armée coucha deux nuits aux champs.

[57] Procès, t. III, p. 105.

[58] Eberhard Windecke, p. 167.

[59] Procès, t. III, p. 104.

[60] Procès, t. III, p. 67.