LES DUCS DE GUISE ET LEUR ÉPOQUE

 

Étude historique sur le seizième siècle

TOME SECOND

CHAPITRE XXIV. — PREMIÈRE RÉVOLTE DU DUC DE GUISE.

 

 

1581-1586.

 

Une démarche imprudente d'un des partisans des Guises révéla à Henri III l'imminence du danger : Rosières, archidiacre de Toul, publia un livre pour répandre la légende qui rattachait Henri de Guise à Charlemagne, et prouver la nécessité de revenir à la vieille dynastie. De pesantes dissertations sur la généalogie ne pouvaient avoir beaucoup d'influence sur les esprits, mais elles montraient les prétentions toujours éveillées, le plan suivi avec persévérance, et la faute commise par le Roi en s'enfermant dans la Ligue, au cœur de la puissance de son rival.

Henri III sembla sortir de son apathie et comprendre que l'autorité royale s'agitait dans l'isolement, entre deux partis irréconciliables. Il remarqua qu'il ne pouvait trouver un point d'appui pour le gouvernement ni chez les ligueurs, ni chez les huguenots : on ne gouverne pas avec des factions ; les opinions extrêmes ne savent qu'exiger représailles, persécutions, oubli de l'intérêt de la nation pour les avantages du parti. A cette époque, pour constituer l'opinion modérée, les éléments ne manquaient pas : le Roi pouvait avoir près de lui les trois Montmorencys ; il avait des hommes de guerre comme Grillon, Sancy, Givry, ou des hommes de tête comme Montaigne, Pasquier, Pibrac, Pithou. Il craignit de ne trouver dans ces politiques ni assez de docilité, ni assez de ressources : il les jugea trop engagés avec les huguenots, et supposa qu'il serait entraîné par eux jusqu'à servir les intérêts de la Réforme.

Mais au lieu de s'obstiner dans son alliance maladroite avec les ligueurs, il imagina une ressource ingénieuse. Pour mieux restaurer la suprématie légale du trône, il voulut l'environner d'une aristocratie puissante qu'il élèverait de ses mains, à l'aide des éléments militaires et féodaux de l'époque. Étaient-ils encore assez forts pour constituer à nouveau l'ossature de la nation ? La noblesse française n'a jamais essayé de s'organiser en aristocratie. Elle se composait de gens braves, spirituels, amis des arts, non adonnés à l'ivrognerie ni à des vices grossiers, prêts à tous les dévouements et à toutes les générosités, mais qui, à toutes les époques de notre histoire, ont préféré des privilèges à des droits, ont ignoré ce qu'est l'esprit de corps, ont eu de l'envie contre les familles dominantes.

Comme, en même temps, les vieilles races s'épuisaient par les guerres, et que la noblesse était recrutée incessamment par des soldats de fortune, tels que Paulin, baron de la Garde, ou des financiers, tels que Adjaceti, comte Châteauvillain[1] ; comme les armoiries mêmes n'avaient de sûreté non plus que les surnoms, quelque chétif acheteur en fera ses premières armes, il n'est chose où il se rencontre plus de mutation et de confusion[2], la France a été privée de ce corps de noblesse, conduit par quelques familles dont les membres se sentent nés et se font instruire pour partager le pouvoir, familles qui entrent dans l'histoire du pays d'une façon si intime qu'elles constituent cette histoire même. Notre noblesse n'a jamais défendu, jamais compris une politique nationale quand elle s'est mise en lutte contre la monarchie : qu'elle se soit coalisée contre Louis XI sous le nom trompeur de Ligue du bien public, ou contre Louis XIII sous des prétextes de scrupules religieux, elle n'a jamais cherché que des pensions, des avantages privés, quelquefois des alliances étrangères. Elle n'a écouté ni le duc de Saint-Simon, qui espérait arriver encore assez tôt pour la former en aristocratie, ni, à la dernière heure, Mirabeau écrivant au roi ces mots qui semblent la devise de l'aristocratie anglaise : Je serai ce que j'ai été toujours, défenseur du pouvoir monarchique réglé par les lois, apôtre de la liberté garantie parle pouvoir monarchique[3].

La noblesse anglaise, au contraire, se constitua de bonne heure en aristocratie, c'est-à-dire en une fédération de familles dirigeantes qui savaient défendre et modérer les libertés de la nation ; elle fut hardie contre les abus de la royauté, elle fournit des hommes comme Derby, Vane, Halnpden, et ensuite Russel, Talbot, Halifax ; elle parla du droit et de la loi à l'heure où, chez nous, on ne songeait qu'aux privilèges et aux intérêts ; elle eut la force que donnent les richesses, la terre, les pouvoirs politiques, les services héréditaires, l'affection du peuple, l'application à ses devoirs, les lumières. Au lieu de s'attarder avec frivolité dans ses privilèges féodaux, elle s'est placée entre les prétentions envahissantes des monarques et les convoitises exaltées des chefs populaires, masse inébranlable devant laquelle s'écrasèrent aussi bien Henri VIII que Cromwell. Cette aristocratie, disciplinée par une vingtaine de familles, a écarté l'étranger, maintenu la dynastie qu'elle avait choisie, assuré la prospérité et la gloire de l'Angleterre. La noblesse flamande a su de même combattre pour les droits de la nation ; Bruxelles a des monuments aussi bien pour les comtes d'Egmont et de Horn que pour les plus récents défenseurs de sa liberté, comme le comte de Mérode.

Rien de tel chez nous. La France, disait Talleyrand, est sans os. Nous restons comme une pâte que chaque brutalité presse dans un moule jusqu'au jour où, le moule brisé, tout s'effondre.

Que Henri III ait eu l'idée bien nette d'une aristocratie nationale et de la force qu'elle donnerait à la France, on n'oserait l'affirmer : cependant, il avait pu comparer la noblesse polonaise à l'aristocratie vénitienne, et voir les avantages du corps politique sur les rivalités des privilégiés. Ce qui est certain, c'est qu'on le voit distribuer les titres de ducs, avec tous les avantages attachés par les usages du royaume à cette haute dignité, comme s'il avait voulu noyer le duc de Guise au milieu d'une aristocratie d'égaux, et attirer autour du trône tout ce qui restait d'hommes considérables en France. Bien plus, il choisit comme les guides et les inspirateurs de ces nouveaux ducs deux hommes dévoués qu'il combla d'honneurs, de richesses, de pouvoir, les ducs de Joyeuse et d'Épernon. Après l'érection des duchés-pairies de Joyeuse et d'Épernon en 1581, il créa successivement, dans la même année, les duchés-pairies de Piney-Luxembourg, Elbeuf, Retz, et, dans les années suivantes, ceux d'Halluin, de Montbazon, de Rohan, de Soubise, de Ventadour.

Une telle organisation des ressources de la noblesse aurait été facile sous François Ier, qui semble en avoir eu le premier l'idée, mais nos guerres avaient détruit les hommes les plus importants. De tous ceux dont Henri III a fait l'élévation, un seul a été à la hauteur de sa tâche, et c'est encore la Gascogne qui Ta fourni. Nogaret de la Valette, duc d'Épernon, descendant du chevalier qui avait souffleté le pape Boniface YIII au nom du roi de France, était le digne successeur de Montluc comme général d'infanterie. Prompt dans ses décisions et étranger aux factions, d'Épernon était un allié précieux dans une époque où de rapides coups de main et des déterminations nettes étaient la condition du salut. Il fut créé colonel général de l'infanterie et eut ainsi la nomination de tous les grades, avec le droit de licencier les enseignes, d'autoriser les levées, de distribuer la solde. A l'occasion de son mariage, il reçut du Roi un don de quatre cent mille livres, et fut signalé au peuple comme un des principaux personnages du royaume par des fêtes tellement somptueuses et prolongées que les contemporains ont été scandalises de ces prodigalités au milieu de la détresse publique[4].

Mais ces dépenses étaient insignifiantes en comparaison de celles qui avaient marque l'avènement de l'autre favori. Le duc de Joyeuse fut destiné à devenir un héros catholique en rivalité avec le duc de Guise. Il fut maréchal de France, reçut la préséance sur tous les ducs, excepté ceux de Guise, Nemours et Nevers, qui se vantaient d'appartenir à des maisons souveraines[5] ; enfin, il épousa Marguerite de Vaudémont, sœur de la Reine. Les fêtes de ce mariage coûtèrent douze cent mille écus[6] ; les prodigalités furent telles que le Roi fut soupçonné d'être devenu fou. On raconta que le médecin Miron avait fait confidence de ses craintes à la Reine mère[7].

Henri III dépassait le but. En accablant de tant de pouvoirs et d'honneurs des hommes jeunes qui ne s'étaient signalés par aucune action d'éclat, il excitait leur vanité et attirait sur eux l'envie. Ils se firent nommer les ducs, devinrent insolents et amassèrent tous deux sur leurs têtes autant de haines que tous les mignons réunis. Les gens de guerre se plaignaient[8] que les princes, vieux seigneurs et capitaines sont reculés de la cour, du moins du cabinet du Roy, l'entrée duquel n'est que pour les sieurs d'Espernon et de Joyeuse, qu'on a eslevés jusqu'à les faire ducs et pairs, jeunes gentilshommes qui, par leur bas âge, ne pouvoient avoir acquis grand mérite comme les vieux seigneurs. Il eut fallu les astreindre à réorganiser les forces militaires, à réviser les actes des financiers ; mais au lieu de rendre des services qui leur auraient procuré de la force, ils reçurent des honneurs de cour. Au moins, ils avaient assez de pouvoir pour attirer vers eux quelques-uns des partisans du duc de Guise et pour affecter un ton de rivalité qui faisait dire d'eux : Les ducs sont jaloux[9]. Ils recevaient avec dédain au Louvre ceux qui sortaient de l'hôtel de Guise.

Mais au bout de peu de temps, Joyeuse cessa ce simulacre d'opposition aux Guises. Il se laissa entraîner par sa femme dans une sorte de familiarité avec la maison de Lorraine. La jeune reine, qui avait attiré son frère à la cour et l'avait fait créer duc de Mercœur, entretenait autour du Roi la petite coterie des Vaudémont, dont l'esprit ne pouvait être que lorrain, et servait innocemment les intérêts du duc de Guise. Catherine de Médicis elle-même se laissait entraîner à ce courant, et, dépossédée du gouvernement par les mignons, s'excusoit que, voyant son fils sans enfant, elle désiroit jetter la coronne au marquis de Pont, fils de sa fille[10]. Ainsi Henri III était enlacé peu à peu dans les liens de l'influence lorraine, à l'heure même où il essayait d'étayer la monarchie sur les forces d'une aristocratie. En même temps, le duc de Guise reculait toujours devant une révolte ouverte contre le roi de France, et, pour échapper à cette nécessité, il suivait avec ardeur ses plans sur l'Angleterre et agitait l'Europe entière.

Dès le mois d'avril 1578, il avait été en mesure d'exécuter les vastes projets qu'il avait médités avec don Juan d'Autriche ; il avait réuni une armée de dix mille hommes, qu'il pouvait conduire et embarquer à Calais en quelques heures ; don Juan s'était tenu prêt à prendre la mer à Gravelines avec dix mille Allemands ; ces deux armées devaient en trois jours aborder à Leith, délivrer Marie Stuart, révolutionner l'Angleterre et restaurer la foi catholique. On n'attendait plus que l'autorisation du roi d'Espagne. Un mot de Philippe II va transformer le Nord[11]. Guise et l'ambassadeur Vargas insistent, deviennent pressants, impatients. Le roi paperassier, entouré de ses secrétaires, écrit, compulse ; prend des notes, laisse écouler l'été ; il veut réfléchir. Après plus de six mois, il répond encore : Comme c'est chose de tant de poids et de conséquence, il convient de cheminer avec un pied de plomb[12]. L'un des chefs des catholiques anglais, l'archevêque de Glascow, ose lui écrire dans son dépit : Je vais vous déclarer la simple vérité : vous êtes si long à vous résoudre et vous appliquez vos remèdes si lentement, que je ne sais que vous dire ![13]

C'était peut-être à dessein que Philippe II refusait de s'engager à la suite des deux jeunes capitaines. Quand il avait fait assassiner Escobedo, le secrétaire de don Juan d'Autriche, il avait dû apprendre, par les papiers saisis, que les jeunes conquérants ne se préoccupaient pas uniquement des avantages de sa couronne. Pendant la durée de ces soupçonneuses hésitations, don Juan d'Autriche mourut subitement, peut-être empoisonné. Ses papiers, son cadavre même disparurent. Le duc de Guise, laissé seul protecteur des droits de Marie Stuart, fut contraint de se borner à soutenir le parti du roi d'Espagne dans les Pays-Bas ; il comprit que l'Ecosse et l'Angleterre ne pourraient être réduites si les Pays-Bas appartenaient à un prince français.

Ainsi, l'expédition de François de Valois, avec les faibles moyens dont elle était pourvue, tenait en échec à la fois le duc de Guise et Philippe II. Mais Henri III ne sut pas secourir son frère, qui luttait seul contre toutes les forces de l'Espagne avec ses bandes indisciplinées, et qui finit par être odieux aux Flamands eux-mêmes, par les excès de ses soldats. Il fut atteint subitement d'une maladie inconnue, et succomba en quelques semaines, âgé de moins de trente ans, comme don Juan[14].

Les contemporains ne mirent pas en doute que ces deux princes eussent été détruits lentement par un poison secret. Les soupçons d'empoisonnement étaient accueillis avec avidité ; de 1473 à 1591, on publia, en Italie seulement, dix traités complets sur la science des poisons. La légende était plus riche encore ; on racontait des merveilles de la cantarella des Borgia ; de la précieuse aqua tofana qui n'avait ni odeur, ni goût : une goutte par semaine tuait en deux ans ; de la clef du prince Savelli, dont la poignée était ornée d'une petite pointe, imbue de poison : les doigts serraient la clef dans la serrure, étaient légèrement écorchés, la mort le lendemain ; des bagues munies de fines griffes en acier dont le poison donnait la mort quand on pressait une main ou un bras nu. En Italie, une famille avait son poison ; le secret était la dot de la fille[15].

Le principal secret parait avoir été le talent d'éveiller la crédulité populaire. Les Borgia ne demandaient pas tant de mystère : ils ne se donnaient pas plus de gène que Néron avec Britannicus ; c'était dans un festin, devant tous les convives, par un poison foudroyant, que le père tuait les cardinaux dont il voulait revendre les chapeaux ; peut-être cherchait-il même, comme l'empereur romain, la volupté de regarder la pitié, la bassesse et la terreur sur les visages des convives pendant les rapides convulsions de la victime. Philippe II ne cherchait pas davantage à cacher ses moyens d'action ; il ne désavoua jamais les nombreux assassins qu'il avait continuellement à ses gages, et écrivit de sa main, avec une minutieuse prévoyance des plus simples détails, les instructions pour faire étrangler le comte de Montigny, qu'il avait traité longtemps en favori. Il prit soin d'écrire également lui-même les ordres pour poignarder Antonio Ferez, un de ses ministres. Contre la reine Elisabeth, il entretint constamment des meurtriers de tous les pays. Enfin, un mois juste après la mort de François de Valois, il fit casser la tête, par Balthazard Gérard, à son plus redoutable ennemi, le prince d'Orange, et ne cacha pas sa joie à la nouvelle du succès. Il n'a jamais avoué des entreprises contre François de Valois ; le seul poison qui détruisit ce prince était le sang que sa mère lui avait transmis. Mais l'opportunité de cette mort, qui précédait de si près celle du prince d'Orange et laissait Philippe II seul maître des Flandres, fut une fortune étrange à ce déclin de la monarchie espagnole. L'appui que le duc de Guise se trouvait forcé de donner à l'Espagne, sans arrière-pensée depuis la mort de don Juan, rendait le roi d'Espagne maître absolu du continent.

En France, le duc de Guise exerçait une domination à peu près souveraine, soit par lui-même, soit par les princes de sa famille, sur la Champagne, la Bourgogne, le Lyonnais, la Bretagne, la Normandie, la Picardie ; il venait de voir mourir le dernier Valois qui le séparât encore du trône. Il ne chercha pas à profiter de ces avantages pour s'affranchir de la domination de Philippe II ; la dernière personne qui aurait pu lui rappeler encore les sentiments du patriotisme, la veuve et la mère des fondateurs de la maison, son aïeule Antoinette de Bourbon, venait de mourir à quatre-vingt-dix ans, le 20 janvier 1583, après le dernier de ses fils. Depuis l'époque où, presque une enfant à la suite de la fille de Louis XII, elle avait accepté la main du jeune cadet de Lorraine, sa vie avait été semée des émotions les plus poignantes, inquiétudes, joies, craintes, orgueil, qui puissent faire battre le cœur d'une femme. Tant que vécut son mari, le duc Claude, elle vit constamment grandir ses destinées ; deux de ses fils furent ducs, et deux furent cardinaux ; les dépêches lui annonçaient, ou de cruelles blessures, ou des victoires, ou la mort de ses enfants. Quand ils furent tous abattus autour d'elle, les petits-enfants poursuivirent les rêves de l'aïeul ambitieux aussi loin qu'il aurait ose les étendre, et formèrent un .nouveau cortège de ducs et de cardinaux. Avec raison son fils le cardinal de Lorraine lui écrivit : Je vous dy que jamais Dieu n'honora tant mère, ne fit plus pour autre sienne créature, j'excepte toujours sa glorieuse Mère, qu'il a faict pour vous. Sévère, froide, résignée, elle a dû ignorer les transactions de son petit-fils avec le roi d'Espagne ; elle était la seule personne au monde qui eût été capable de les rompre.

Sa petite-fille, la reine d'Ecosse Marie Stuart, était, au contraire, le lien qui rapprochait sans cesse le duc de Guise de Philippe II. Elle avait réussi à obtenir la promesse d'une descente en Angleterre. Dans une réunion secrète tenue à Paris chez le nonce du Pape, en juin 1583, le duc de Guise et son frère, le duc de Mayenne, conclurent une convention avec le duc Albert de Bavière ; ce prince s'engageait à débarquer dans le Northumberland avec quatre mille hommes levés de ses derniers, au moment même où Mayenne descendrait en Sussex avec pareil nombre de Français[16] ; enfin cinq mille Allemands pouvaient s'embarquer à Dunkerque pour apparaître simultanément dans le Norfolk.

Mais les jésuites anglais prétendaient procurer la couronne d'Angleterre, non pas à Marie Stuart, mais à Philippe II. Ils objectaient, du reste, avec raison que l'esprit national des Anglais ne tolérerait pas la présence des soldats français. Xe Père Allen, leur délégué, avait les pleins pouvoirs du roi d'Espagne ; il demanda à être lui-même le chef de l'expédition et à prendre possession de son évêché de Durham, à la tête d'une armée de quatre mille Italiens et Espagnols[17].

Le duc de Guise, bridé par sa pension et ne voulant pas se laisser briser comme don Juan, se soumit à cette combinaison du Père Allen ; mais Philippe II la trouva encore trop téméraire, hésita comme toujours au moment favorable, et demanda des explications[18]. L'ambassadeur Mendoza lui répondit de se défier des Français[19], qui n'ont habituellement, selon lui, qu'un médiocre souci de la religion, et de ne donner que des soldats espagnols au duc de Guise, dans le cas où il le laisserait partir pour l'Angleterre. Dans ces tergiversations, l'été s'écoulait, et Philippe II n'approchait pas d'une décision. Humilié de cette dépendance, ruiné par les dépenses des corps de troupes qu'il tenait prêts à partir au moindre signal, le duc de Guise disait avec désespoir à Mendoza : Au point où j'en suis avec le Roi, je suis réduit à la guerre : j'aime mieux la faire en Angleterre qu'en France[20]. Il avait du moins, comme un dernier scrupule d'honneur, le mérite de reculer devant une guerre civile, et de s'attacher avec une obstination désespérée à cette chimère d'une descente en Angleterre pour y combattre les vieux ennemis de la France, ceux qu'avait vaincus son père. Forcé de mener une armée à la victoire contre des huguenots, il aimait mieux choisir ceux d'Angleterre que ceux dont il voulait faire ses sujets en France. Mais c'était à l'autre alternative que prétendait, au contraire, l'acculer Philippe II : il le soudoyait afin de posséder un chef de faction en France, et non un général en Angleterre ; plus Guise le pressait de lui rendre l'honneur en se servant de lui hors de son pays, plus Philippe serrait le nœud qui le retenait captif. Pour dompter cette âme fougueuse et impatiente, le roi d'Espagne se complaisait dans toutes les ruses de la résistance passive et de la temporisation brutale. Un moment, il feignit d'accorder son consentement et promit des navires ; au mois d'août, il annonça que les navires partaient des côtes d'Espagne. Mais Guise, qui les guettait, ne les vit arriver ni en septembre, ni en octobre. Philippe croyait avoir un moyen plus sûr de se défaire d'Elisabeth, le même qui venait de lui réussir contre le prince d'Orange. Le fanatique dont il fit le choix pour ce nouveau coup était trop parfait : richement payé d'avance, il partit pour Londres, ne put réussir dans deux ou trois tentatives à approcher d'Elisabeth, fut convaincu par ces échecs que Dieu ne le jugeait pas digne de la détruire, et s'abstint du meurtre parce qu'il ne se crut pas assez pur : il retourna en Espagne, et, par une étrange délicatesse, restitua l'argent qu'il avait accepté pour le crime[21].

Henri de Navarre était au courant de ces opérations et avait envoyé le comte de Ségur près d'Elisabeth pour la prévenir du danger. Le centre de gravité de la politique se trouva transporté à Londres. Henri de Guise et Henri de Navarre ont compris que détruire la réforme en Ecosse et en Angleterre, c'est la supprimer en France et dans les Pays-Bas ; tout l'avenir religieux se débat en ce moment autour d'Elisabeth. Philippe H semble ne pas s'en rendre compte : peut-être a-t-il le pressentiment que c'est dans une lutte contre l'Angleterre que sera sa ruine, et recule-t-il devant ce duel ; peut-être craint-il que le duc de Guise, une fois maître des Îles-Britanniques par Marie Stuart, échappe à ses doigts, devienne roi de France et s'empare à son détriment de la dictature des catholiques. Henri III est plus aveugle encore que le roi d'Espagne : il peut se substituer à Henri de Guise pour soutenir en Angleterre les droits de sa belle-sœur Marie Stuart ; A peut, au contraire, aider Elisabeth beaucoup plus efficacement que Henri de Navarre à déjouer les projets de ses ennemis ; il ne songe qu'à jouir des mois de tranquillité laissés par cette migration de toutes les ambitions au delà de la Manche. Il se tient étranger aux intérêts qui s'accumulent autour d'Elisabeth.

Elisabeth elle-même a-t-elle compris que sous sa main s'agitent les destinées du monde ? Ses deux ministres, Burleigh et Walsingham, voient que l'Angleterre est devenue le centre de la lutte, que tout converge vers Elisabeth y mais ils s'épuisent en discussions, en concessions, en ruses patriotiques pour maintenir dans une politique suivie leur souveraine, malgré son intempérance d'humeur.

Elisabeth est demeurée populaire chez les Anglais, parce qu'à son règne se rattachent la grandeur de leur pays et le triomphe de leur foi. Sa naissance même était le point de départ de la révolte de l'Angleterre contre le trône pontifical ; sa vie fut une lutte continuelle avec le catholicisme. Elle a eu le mérite de choisir, d'écouter souvent et de conserver ses deux ministres, Burleigh et Walsingham. Elle représenta exactement les intérêts et les passions de son peuple. Ses traits fortement accusés, sa voix rude, sa démarche virile, sa familiarité avec les gens du peuple plaisaient à une nation dont les habitudes étaient encore grossières, qui aimait à voir sa reine cracher sur les courtisans qui lui déplaisaient, jurer, non pas avec les petits cris d'une femme de confiseur, mais avec de gros blasphèmes qui roulent dans la gorge[22]. Son mot habituel était par la Mort-Dieu ; d'un caractère variable comme le temps[23], la vieille fille entrait parfois dans des accès de fureur qui faisaient trembler les vitres et glaçaient le cœur de ses ministres ; elle claquait de sa main ses filles d'honneur, elle acceptait des cadeaux même de dix livres, amassait trois mille robes et quatre-vingts perruques de différentes nuances[24]. Quand elle apprit la condamnation de Babington et de ses complices, elle voulut .qu'on inventât pour eux des supplices nouveaux, et Burleigh eut des difficultés à lui faire comprendre que le supplice légal était très-suffisant ; il consistait à fendre le ventre du condamné et à faire venir lentement la mort, en dévidant avec précaution les intestins[25]. Elle était avide de louanges au point de ne trouver nulle flatterie trop exagérée, nulle bassesse trop grossière ; on était sûr de plaire en vantant, même hors de propos, même sans goût, sa vertu ou sa beauté. Elle passait pour être née le même jour que la sainte Vierge. A la vérité, c'était la veille[26], mais ce simple rapprochement donnait lieu aux allusions les plus galantes. Son ambassadeur à Paris lui écrivait pour la tranquilliser sur des comparaisons qui auraient pu l'inquiéter : Je peux affirmer à Votre Majesté qu'elle a plus de charme dans un seul de ses doigts que n'en sauraient montrer toutes les femmes de cette cour[27]. Elle était si indécise, qu'on pouvait la croire fausse et sans parole ; si peu dominée par le sentiment religieux, qu'elle voyait dans la réforme seulement une alliance avec les Écossais ou les Flamands, mais sans vouloir organiser la Ligue protestante, sans paraître comprendre dans la politique protestante d'autre avantage que ses intérêts du moment ; si avide d'argent, qu'elle prélevait ses profits sur la pension[28] servie par le roi Jacques d'Ecosse pour nourrir sa mère Marie Stuart captive, et qu'elle ne craignait pas de s'approprier, de porter sur son corps les bijoux de Marie Stuart, même avant son procès, même après son exécution[29]. Cette passion pour les joyaux tenait, du reste, de la manie. Outre ce qu'elle avait saisi sur Marie Stuart, elle détenait les autres bijoux de la couronne d'Ecosse envoyés par le régent Murray, les pierres précieuses et l'orfèvrerie de Charles le Téméraire, mises en gage par les États de Flandre, les diamants de la maison de Portugal, emportés en Angleterre par le prétendant don Antonio et pris sur lui de force par Elisabeth, enfin toutes les pierreries de la couronne de Navarre, confiées depuis longtemps par Jeanne d'Albret, comme garantie d'un emprunt, et que Ségur avait pour mission de se frire rendre après remboursement des sommes prêtées ; mais Elisabeth présentait des calculs d'intérêts qui doublaient un prêt en deux ou trois ans et lui permettaient, par une usure forcée, de garder dans ses mains le gage tout entier.

S'il ne put réussir à remporter même une des bagues de Jeanne d'Albret, Ségur put du moins éveiller l'attention d'Élisabeth sur les dangers qui la menaçaient et sur les menées du roi d'Espagne. Au moment où l'hiver était venu, où les soldats du duc de Guise, impatientés de ne pas voir arriver les vaisseaux attendus, commençaient à se débander, où le secret d'une conspiration mûrie une année entière parvenait aux oreilles des ministres, Philippe II, lymphatique, enfermé dans son bureau, calme au milieu de ses papiers, écrivait encore de bien étudier le projet et de ne rien précipiter[30]. En novembre, Burleigh et Walsingham arrêtèrent les Anglais qui devaient seconder l'entreprise du débarquement, les soumirent à la torture, apprirent d'eux tous les détails des projets de révolution.

L'indécision criminelle de Philippe II venait de livrer aux plus effroyables supplices les catholiques anglais qui avaient eu confiance dans son secours[31]. Bernardine de Mendoza, intrigant de génie, dur, exact, avait un style d'une lucidité et d'une précision qui font contraste dans le fatras de la chancellerie espagnole ; il s'essayait alors sur l'Angleterre au rôle qu'il devait jouer en France, lorsqu'il apprit que le chef des conjurés anglais, Throgmorton, jeune, nerveux, impressionnable, ardemment épris de Marie Stuart, avait résisté à deux séances de tortures, et, les os écrasés, les fibres palpitantes, les nerfs distendus, était ramené une troisième fois sur le chevalet ; il comprit que tout était perdu, et considérant comme enjeu les corps de ces pauvres catholiques anglais, il les paya froidement, disant avec sécheresse : Ces Anglais n'ont plus d'énergie quand ils sont pris[32], et il se rendit en France pour risquer d'autres corps de catholiques dans une nouvelle combinaison.

Mais le duc de Guise ne pouvait se consoler ainsi d'un échec qui l'amoindrissait aux yeux de son parti et le forçait à chercher sa revanche dans une guerre civile' Il prit sa décision avec précipitation, et sous le coup de la colère soulevée par les tergiversations de Philippe II. Le 31 décembre 1584, il rassembla à Joinville les principaux ligueurs, avec son frère Mayenne et l'ambassadeur Mendoza, et fit présenter à Henri III une sommation de garantir les Flandres à Philippe II ; de lui restituer Cambrai, dernier débris de la principauté éphémère de l'infortuné François de Valois ; d'accepter le concours de troupes espagnoles contre Henri de Navarre. Rien dans toutes ces exigences ne dénotait un Français. Des Français s'étaient réunis pour formuler des réclamations que Philippe II n'osait pas soutenir lui-même ; c'est par ses propres sujets que Henri III recevait les menaces de ses ennemis. Le roi de France voulut se préparer à se défendre et fit recruter des Suisses ; mais il apprit que ce secours serait intercepté, car le duc de Guise venait de se rendre maître, par surprise, de Châlons-sur-Marne, pendant que son frère, le duc de Mayenne, prenait Dijon[33]. Par une marche rapide. Guise se porta en quelques heures de Châlons sur Toul et sur Verdun, dont il s'empara sans coup férir. Il aurait de même enlevé Metz, si d'Épernon n'avait pas eu plus d'activité que Henri III. Le duc d'Épernon, fatigué de conseiller inutilement au Roi des mesures énergiques, découragé de le voir écouter les avis des Lorrains, qui le poussaient à faire sa soumission, était parti en grande hâte se jeter au plus fort du danger, et avait fait son entrée dans Metz quelques heures avant que le duc de Guise s'y présentât. Sans être découragés par cet échec subi devant Metz, les ligueurs courent aux armes dans toute la France ; Reims ouvre ses portes aux rebelles. Le Roi ne prend pas de décision, ou plutôt s'arrête à tous les partis à la fois. Il fait demander à Henri de Navarre d'amener les huguenots pour le défendre, et à Catherine de Médicis d'user de son ancien ascendant pour obtenir la paix du duc de Guise. Démarches également humiliantes d'un prince dépravé, qui ne sait comprendre la politique qu'enveloppée dans une trame de trahisons. Pendant que Henri de Navarre, confiant dans cet appel et heureux de combattre pour la couronne, assemble ses partisans, Catherine est déjà aux côtés du duc de Guise ; elle lui accorde toutes ses demandes, lui offre des villes de sûreté comme aux huguenots, et ces villes sont Metz, Dijon, Châlons, Nantes, Saint-Malo, les places de la Somme et celles des Alpes, pour qu'il puisse introduire les Espagnols en France par la Picardie et par l'Italie ; si les villes n'ont pas de citadelles, le Roi donne au duc de l'argent pour en faire construire. Enfin, le Roi s'engage à se joindre au duc de Guise pour tourner ensemble leurs armes contre l'allié fidèle dont il vient d'invoquer le secours. Henri de Navarre a été appelé par le Roi, mais c'est pour être mieux accablé ; il devient l'ennemi commun, la victime désignée à tous les ressentiments. Il peint au Roi la situation, sitôt qu'il apprend cette honteuse paix de Nemours[34] : On a faict la paix et sans moy et contre moy. On s'est joinct à vos ennemis pour ruiner vos serviteurs. On a partagé vos forces, vostre autorité, vos deniers, pour rendre ceux-là plus forts qui sont armés contre vous, pour leur donner plus de moyen de vous faire eulx-mêmes la loy.

Le triomphe du duc de Guise était complet ; il recevait, outre les places fortes, les armées ; il obtenait le commandement de toutes les armées, la nomination aux grades, le maniement des fonds destinés à la solde, le droit de faire les monstres ou revues d'effectifs, et de relever les absens desdites monstres[35]. Ses affidés étaient imposés au Roi comme conseillers : d'Espinac, archevêque de Lyon, et le jeune cardinal de Guise obtenaient l'entrée du conseil privé ; La Chastre, qui avait le plus vigoureusement mené les coups de main des rebelles, avait promesse du bâton de maréchal de France ; il n'y avait plus de faveurs que pour les créatures des Guises. Sans combat, sans résistance, le roi de France acceptait des humiliations que n'aurait pas osé exiger Charles le Téméraire de son captif de Péronne. L'effet fut tel que le Pape lui-même en fut blessé[36]. Le Saint-Siège a toujours eu à lutter contre les exagérations de ses défenseurs.

Le parti lorrain qui entourait le Roi avait regardé comme un succès cette abjection. Le duc de Joyeuse, frivole et inintelligent, ne songea qu'à confondre de plus en plus ses intérêts avec ceux des Guises. Mais d'Épernon fut accablé, perdit de son insolence et apprint à congnoistre où estoit son chapeau, qu'il ne retirait jamais auparavant. Il reprocha durement à Joyeuse d'avoir trahi son bienfaiteur. Dans cette querelle de palais entre les ducs, Henri III, déconcerté et honteux, ne sut que pleurer. Les ducs se morguèrent deux jours, au grand regret de leur maître, qui en jeta maintes larmes[37]. Cet amoindrissement du fidèle d'Épernon et l'abandon de Henri de Navarre faisaient plus de tort à Henri III que toutes les faiblesses et toutes les défaites. Us montraient que personne ne pouvait se fier à la parole du Roi ; qu'on avait plus d'avantage à le combattre qu'à le servir. Qui oserait le soutenir, lui qui ne savait nuire qu'à ses défenseurs et qui devenait tout à coup confiant et caressant pour ses ennemis ? Ne valait-il pas mieux s'attacher au duc, plein de courtoisie et de libéralité, qu'au Roi trompeur et pauvre ?

Henri de Navarre restait seul debout pour faire face au prétendant qui avançait la main sur la France ; il encourageait ses capitaines, faisait taire leurs querelles privées et leur criait[38] : Je vous en prie, ne nous désunissons point ; laissons pour quelque temps nostre particulier.

 

 

 



[1] On a vu au chapitre XIV que le service militaire dans une compagnie d'hommes d'armes a conféré la noblesse jusqu'au règne de Henri IV. De tout temps l'argent a suffi quand il a été employé à l'achat d'un fief noble, malgré l'édit de 1579. C'est ainsi que, sous Louis XV, le traitant Crozat devint marquis du Châtel ; le juif Samuel Bernard, marquis de Boulainvilliers ; le financier Abrabam Peirenc, seigneur de Moras ; le fils du chirurgien Maréchal, marquis de Bièvre, et le fils de muletier Paris Montmartel, marquis de Brunoi.

[2] MONTAIGNE, Essais, chap. XLVI.

[3] Lettre au Roi du 15 décembre 1790.

[4] Le fils du duc d'Épernon épousa Gabrielle, fille de Henri IV et de la marquise de Verneuil, qui était fille elle-même de Marie Touchet, la favorite de Charles IX. Ce second duc mourut en 1661. Le titre passa à la maison de Montespan et fut éteint en 1727 ; le roi Louis XV le donna à la maison de Noailles.

[5] Lorraine, Savoie, Mantoue.

[6] Martha FREER, t. II, p. 286.

[7] NEVERS, Mémoires, t. I, p. 163.

[8] Guillaume DE SAULX-TAVANNES, Mémoires, p. 469.

[9] Ms. Dupuy, 217, f° 19, lettre de Marguerite de Valois.

[10] TAVANNES.

[11] FROUDE, t. XI, p. 120 et suiv. ; TEULET, vol. V : don Juan de Vargas à Philippe II, 13 avril 1578.

[12] Y como es de tanto momento y consequencia, conviene caminar en el con el pié de plomo.

[13] I will tell you the plain truth, you are so long in resolving and you apply your remedies so slowly, that I know not what to say to you.

[14] Juin 1583.

[15] Dans des mains respectables, le poison devenait même quelquefois un procédé administratif. Quand Sixte Quint apprit qu'une trentaine de brigands bravaient sa police dans une position inexpugnable au milieu des Apennins, il fit pousser un convoi de mules chargées de viande et de vin empoisonnés dans la vallée qu'ils infestaient. Les brigands se jetèrent sur ces vivres, périrent tous, et les villages furent délivrés. Personne, à cette époque, n'aurait contesté la moralité de cette rose.

[16] FROUDE, t. XI, p. 580.

[17] TEULET, t. V. Tassis à Philippe II, 24 avril, 4 mai, 14 et 24 juin.

[18] TEULET, Philippe à Tassis, 6 juin ; Philippe à Mendoza, 6 juin.

[19] FROUDE, t. XI, p. 583-585.

[20] FROUDE, t. XI, p. 594, d'après Ms., arch. Espagne, Mendoza à Philippe, 9-19 août 1583 : Por el termino con que procedia con ellos el rey de Francia, tomar las armas on aquel Reyno, o en Inglaterra.

[21] FROUDE, d'après Ms. arch. esp., Menduza au secrétaire Idriaquez, 19-29 août 1583 : Por la cual el ha-vuelto a dar lo que se le habia entreguado, diciendo que no quiere engânar a nadie, pues falta occasion, que es muestra de que procedia con llaneza y que Dios no quiere que se haga el negocio en aquella manera.

[22] Voir FROUDE, Comfit-maker's wife, but round, mouthfilling oaths.

[23] Burghley to Walsingham, 10-20 september 1586.

[24] TYTLER, State paper office, t. VIII. — AGNES STRICKLAND, Lifes of the queens of England, t. III, p. 39, 300,301, 445.

[25] Burghley à Hatton, lettres citées par CHANTELAURE, Procès de Marie Stuart.

[26] Elle était née le 7 septembre ; l'Eglise célèbre le 8 septembre comme jour de naissance de la Sainte Vierge.

[27] I assure Your Majesty of my faith there is more beauty in Your Majesty's finger than in any one lady among them all.

[28] John MORRIS, The letter-books of Amyas Paulet, keeper of Mary queen of Scots, 22 march 1585.

[29] LABANOFF, t. VII, Appendice, Inventaire des joyaux saisis à Chartley en 1580.

[30] FROUDE, t. XI, p. 606.

[31] Throgmorton's treason, official narrative. June 1584, Ms., domestic.

[32] Al Rey, 8-10 enero 1584. Voir Ms., esp., Simancas.

[33] Guillaume DE SAULX-TAVANNES.

[34] Lettres missives, t. II, lettres des 7 et 10 juillet 1585.

[35] Palma CAYET, p. 60.

[36] NEVERS, t. I, p. 170.

[37] Ms. Béthune, 8866, p. 67, cardinal de Guise au duc de Nevers, 17 janvier 1586.

[38] Lettres missives, t. II, p. 132, à M. de la Force, 21 juillet 1585.