LES DUCS DE GUISE ET LEUR ÉPOQUE

 

Étude historique sur le seizième siècle

TOME SECOND

CHAPITRE XXI. — DERNIERS TEMPS DE L'UNION DES GUISES ET DES VALOIS.

 

 

1573-1574.

 

Le parti protestant était dans la stupeur : il ne possédait plus que trois villes en France, la Rochelle, Montauban et Sancerre. Après une défense désespérée, Sancerre fut prise d'assaut et détruite. Mais contre la Rochelle vinrent échouer les forces réunies de tous les catholiques de France. Henri de Valois avait le commandement de l'armée : près de lui étaient son jeune frère, François de Valois, Henri de Navarre et le prince de Condé. Le duc de Guise, avec son frère le duc de Mayenne, et son oncle le duc d'Aumale, étaient les plus assidus dans les tranchées et les plus ardents aux assauts. Mayenne reçut une arquebusade à travers la cuisse : d'Aumale fut visé par le canonnier de la Rochelle qui servait une grosse pièce nommée la Vache, et emporté par un boulet. Le duc de Guise faillit succomber aussi : il avait pénétré, pendant un assaut, dans une casemate et s'était tout à coup trouvé enveloppé de pièces d'artifice : il s'échappa à grand'peine du milieu des flammes, grâce au dévouement du duc de Nevers, qui fut blessé en le dégageant[1]. Il prit part aux dix assauts qui furent livrés à la place ; chaque fois les catholiques se heurtaient contre des brèches déjà réparées : les femmes de la ville brûlaient de la poix, et, cachées dans la fumée, rétablissaient les ouvrages de défense. Après avoir perdu trois cents capitaines et quatre maistres de camp, Henri de Valois fut heureux d'avoir un prétexte pour lever le siège[2]. Il apprit, sous les murs de la Rochelle, son élection au trône de Pologne, se hâta de traiter avec les réformés, et rentra à Paris avec toute la noblesse pour recevoir la couronne que lui apportaient les ambassadeurs de Pologne.

Il y avait longtemps que Catherine rêvait des trônes étrangers pour elle et ses fils : on aurait cru que les idées de monarchie universelle s'agitaient dans toutes les têtes. Elle s'était supposé des droits sur la couronne de Portugal, et, pour soutenir cette prétention, avait envoyé la fleur de notre infanterie gasconne à la conquête des lies Fortunées. Les Espagnols s'étaient déjà établis solidement à Madère ; ils tuèrent presque tous les assaillants. Strozzi et le fils de Montluc périrent dans ces expéditions malheureuses. Avec de grandes dépenses, et au moment où le fisc était ruiné, elle venait d'obtenir l'élection de Henri de Valois au trône de Pologne. Elle voulut aussitôt assurer la fortune de son troisième fils, François de Valois, et le marier avec la reine d'Angleterre.

Ce projet était savamment combiné. la vérité, Elisabeth n'avait nullement l'intention d'épouser un des fils de Catherine, et l'on n'est pas bien assuré que Catherine ait plus qu'elle souhaité ce mariage : mais dans les échanges de paroles gracieuses, de cadeaux, de lettres privées que nécessitaient ces pourparlers, Catherine trouvait le moyen d'accoutumer les esprits à une alliance anglaise et de préparer un contrepoids à la puissance de Philippe II. La politique de Catherine semblait suivre son développement régulier. Après avoir accablé les réformés en France, elle tentait de s'appuyer sur les réformés étrangers pour ruiner l'influence espagnole. Elle a vu que le secret de la puissance espagnole est dans les Flandres[3] ; c'est au Nord qu'elle vise, comme Coligny. Elle rêve une fédération des princes réformés, sous la protection et l'hégémonie de la France. La Royne vouloit mettre le roy de Pologne à la teste des confédérés, mais le comte Louis de Nassau lui préféroit François de Valois[4]. Ainsi, comme elle l'avait promis à Charles IX, elle reprenait les projets de Coligny, elle ramenait ses fils en vainqueurs vers les Pays-Bas, non plus comme de dociles instruments entre les mains des hérétiques y mais comme les chefs d'une coalition de souverains. Nul moment n'était plus favorable pour intervenir. D'un côté y Philippe II aux abois venait encore une fois de suspendre le payement de ses rentes par une banqueroute de cinquante-huit pour cent[5], et, d'autre part, les huguenots de France n'avaient ni chef, ni espoir. Mais, si elle avait assez de génie pour concevoir d'avance et tenter la politique de Richelieu, Catherine n'était en état d'apprécier ni les forces qui lui manquaient, ni celles qui travaillaient contre elle. Indifférente à l'honnêteté des moyens, elle ne prévoyait pas que personne n'aurait confiance dans la France, après les massacres de 1572, ni Elisabeth, ni Philippe II, ni les Français eux-mêmes. Ce n'est pas par la trahison que Richelieu dompte les huguenots ; c'est par une lutte ouverte, en s'offrant aux balles, en restant digne d'être l'allié de Gustave-Adolphe. Richelieu, en outre, comprend que les huguenots ne sont pas ses seuls ennemis ; il détruit les chefs catholiques qui peuvent mettre obstacle à ses desseins. C'est ce que Catherine ne sait pas entreprendre. Elle n'a rien fait, en accablant Coligny, que de se donner des maîtres nouveaux et plus redoutables. Le duc de Guise reste seul connu du peuple de Paris, seul chef des catholiques, et assez puissant pour entretenir des relations secrètes avec des souverains étrangers.

Un tel sujet n'aurait pas été longtemps un embarras pour Richelieu. Mais Catherine le regardait, avec une sorte de complaisance, comme un rival digne de rehausser la gloire de celui qui devait le dompter, et c'était une autre cause de faiblesse ; son incurable admiration pour son héros, Henri de Valois, fut l'origine de toutes ses fautes. Plus elle avait besoin de l'appui de ce fils qu'elle avait préparé comme son instrument préféré, et accumulait de grandeurs sur lui, plus le malheureux prince devenait insuffisant, inférieur, misérablement disproportionné à son rôle, et bientôt assez ingrat pour oublier tant de bienfaits.

Elle avait réussi jusqu'alors à le retenir sous sa domination par les charmes d'une de ses filles d'honneur, mademoiselle de Chasteauneuf, dont il était épris.

Renée de Chasteauneuf avait un an de plus que Henri de Valois. C'était une fille fière, spirituelle, habituée au manège de la cour. L'influence qu'elle savait prendre est peinte parle duc de Bouillon, qui avait été confié par Catherine, en même temps que Henri de Valois, aux soins de la belle Renée, bien qu'il eût cinq ans de moins qu'elle : L'on a voit de ce temps-là une coustume qu'il estoit messéant aux jeunes gens s'ils n'avoient une maistresse, laquelle ne se choisissoit par eux, mais ou elles estoient données par quelques parents ou supérieurs, ou elles-mesmes choisissoient ceux de qui elles vouloient estre servies. Elle se rendit très-soigneuse de moy, me reprenant de tout ce qui luy sembloit que je faisois de mal séant, d'indiscret ou d'incivil. Nulle autre personne ne m'a tant aidé à m'introduire dans le monde et à me faire prendre l'air de la cour que cette demoiselle[6]. Le vieux duc ajoute : Je ne sçaurois désapprouver cette coustume, d'autant qu'il ne s'y voyoit, oyoit, ne faisoit que choses honnestes.

Seulement la pauvre Chasteauneuf, qui ne tolérait que choses honnestes de cet enfant de treize ans, était sans défense près du fils de Catherine, sa maîtresse, et se trouva tellement compromise par les indiscrétions du prince sans cœur, qu'elle désespéra pouvoir se marier. Un soir, Henri de Valois, qui la voyait pleurer, appela Antoine Duprat, seigneur de Nantouillet et petit-fils du chancelier de François Ier ; il lui donna ordre de l'épouser. Le seigneur de Nantouillet refusa d'obéir. Quelques jours plus tard, les trois rois, Charles IX, Henri de Valois et Henri de Navarre, firent prévenir Nantouillet, qui était prévôt de Paris, et dont l'hôtel était quai des Augustins, en face du Louvre, de leur apprester la collation, et qu'ils la vouloient aller prendre chez lui, comme de fait ils y furent, quelques excuses que Nantouillet sceut alléguer pour ses défenses. Après la collation, la vaisselle d'argent de Nantouillet et ses coffres forent fouillés et pillés par les rois, et on disoit dans Paris qu'on lui ayoit pris et volé plus de cinquante mil francs, et qu'il eust mieux'fait, le bonhomme, de prendre à femme la Chasteauneuf... Le lendemain, le premier président fust trouver le Roy et lui dire que tout Paris estoit esmeu du vol de la nuict passée, et que quelques uns vouloient dire qu'il l'avoit faict faire pour rire. Le Roy respondit : Faites seulement entendre à Nantouillet qu'il aura trop forte partie s'il veut en demander la raison[7].

Le pauvre Nantouillet n'en fut pas quitte pour cette expédition ; il fut rencontré sur le quai de l'École par mademoiselle de Chasteauneuf, qui poussa sur lui son cheval, le renversa, le foula sous les fers du cheval, en lui lançant des coups de son fouet[8].

Mais Henri de Valois ne la défendait plus que par fantaisie ou par amour-propre ; il était dominé par une autre passion, la seule sincère dans sa vie. Il échappait à l'influence de Catherine par la violence de son amour pour la sœur de la duchesse de Guise, la jeune princesse de Condé. Marie de Clèves avait été mariée presque enfant au prince de Condé, qui était un puritain froid et triste ; Henri de Valois lui offrit de faire annuler ce mariage, et de l'emmener avec lui comme reine de Pologne. Toute la cour assistait aux scènes de cette bruyante galanterie ; le jeune mari devait dévorer, sans pouvoir se venger, ces outrages de la part de celui qui était soupçonné du meurtre de son père.

La situation de Henri de Navarre était presque aussi humiliante : La veille de la Toussaint, le roy de Navarre jouoit avec le duc de Guise à la paulme, où le peu de compte qu'on faisoit de ce petit prisonnier de roitelet qu'on galopoit à tous propos de paroles et brocards, comme on eust fait un simple page ou laquais de cour, faisoit bien mal au cœur à beaucoup d'honnestes hommes qui les regardoient jouer[9]. Il trouvait des consolations près de madame de Sauve et d'une esclave cypriote de Catherine, la belle Dayole. Ses plus secrètes pensées étaient ainsi connues de la reine mère. Près de madame de Sauve, elle lui avait donné un rival, son plus jeune fils, François de Valois, duc d'Alençon. Elle se croyait habile d'enlacer de la sorte les princes qui auraient pu être des rivaux pour Henri de Valois ; elle ne voyait pas l'influence toujours grandissante du duc de Guise.

Le duc de Guise s'était réconcilié avec Henri de Valois, depuis qu'il le voyait absorbé par les préparatifs de son départ pour la Pologne. Charles IX voulut accompagner son frère jusqu'à la frontière. L'état de langueur dans lequel il tombait s'aggrava lorsqu'ils arrivèrent à Vitry-le-François ; la fièvre ardente du Roy dura trente heures et se termina en grosses et larges pustules et bubes qui luy sortirent par tout le corps, bras et mains[10]. Les enfants de Catherine avaient des maladies étranges. A peine remis de cette crise, le jeune roi parait avoir subi les premières atteintes d'une phtisie pulmonaire, et le roi de Pologne put prévoir que la succession serait prochainement ouverte. Il n'osa pas suivre les conseils du duc de Guise, qui l'engageait à ne pas quitter la France, de manière à pouvoir profiter des événements[11] ; il craignit d'irriter un frère soupçonneux qui avait encore le pouvoir de nuire, et il partit pour ses nouveaux États.

Il pouvait se reposer sur la tendresse de sa mère pour le soin de sauvegarder ses intérêts ; elle apporta tout son zèle à surveiller son plus jeune fils et les deux Bourbons, les seuls qu'elle crût redoutables. Mais ses yeux restèrent fermés sur les relations secrètes que Henri de Guise conservait avec les halles et la basoche de Paris et nouait avec le roi d'Espagne ; ils n'avaient de vigilance que contre les princes de sa propre famille. Elle était tellement absorbée dans son idée fixe, qu'elle essaya de ruiner la seule maison qui pût, dans la faction catholique, s'opposer à la domination des Guises, et prit parti contre les Montmorencys pour le duc de Guise, dans une aventure bizarre dont la cause fut un jeune fou nommé Ventabren.

Ventabren avait abandonné le maréchal de Montmorency, pour se donner au duc de Guise, puis avait été chassé par ce duc qui l'avait menacé, s'il le revoyait, de lui passer son épée au travers du corps. Au château de Saint-Germain, un soir, vers six heures, c'estoit vers le mois de février, M. de Guise, descendant d'un degré qui venoit de la chambre de la Royne mère, trouve le jeune Ventabren. M. de Guise met l'épée à la main ; l'autre veut enfiler le degré, il le rattrape en bas, lui donne divers coups. Croyant l'avoir tué, il supplia le Roy de luy pardonner d'avoir tué Ventabren, qui lui a voit dit que sa femme et M. de Montmorency le vouloient tuer. L'opinion commune fut qu'on vouloit jeter le chat aux jambes à M. de Montmorency[12]. Catherine, en effet, fit arrêter Ventabren et s'empara de l'instruction de l'affaire. On remarqua en même temps que cet assassin de Maurevert s'estoit veu à Saint-Germain.

Cet incident, qui prouvait tout au plus l'état d'excitation nerveuse dans lequel se trouvait le duc de Guise, rompit tous les projets qui avaient été formés sur les Pays-Bas, et jeta la confusion dans les esprits. Les quatre frères Montmorency se jugèrent menacés, et prirent une position de défiante défensive. Le prince de Condé trompa la vigilance de ses surveillants et s'enfuit de Saint-Germain ; en même temps Montgomery et la Noue, les deux seuls généraux protestants qui eussent survécu à la Saint-Barthélemy, firent des armements en Normandie. Ils détachèrent une troupe de cavaliers, sous les ordres de Guitry, qui approcha de Saint-Germain pour délivrer François de Valois et Henri de Navarre. Le complot était habilement tramé ; on ne sait pas si la duchesse de Guise n'était pas elle-même complice. Au dernier moment, en apprenant l'approche de Guitry, la Môle, confident de François de Valois, prit peur, et révéla les détails de la surprise préparée contre le château de Saint-Germain. Aussitôt la panique s'empara de la cour entière, qui s'enfuit en désordre sur Paris, au risque d'être enlevée par les cavaliers de Guitry, cachés dans la forêt. Nous trouvasmes, à moitié chemin de Saint-Germain, les cardinaux de Bourbon, de Lorraine et de Guise, Birague déjà chancelier, tous montés sur coursiers d'Italie ou grands chevaux d'Espagne, empoignant des deux mains l'arçon, et en aussi grande peur de leurs chevaux que des ennemis[13].

Seule, Catherine ne perdit pas la tête : elle réunit ce qu'elle avait de gardes, fit arrêter son fils François avec Henri de Navarre et le maréchal de Montmorency. François de Valois, habitué dès l'enfance à trembler devant elle, ne put résister à cette domination ; il dénonça tous les complices de son projet de fuite. Henri de Navarre, qui l'entendait, s'écarta de quelques pas et dit tout bas à Montmorency-Thoré : Notre homme dit tout[14]. Thoré profita du désordre pour sauter sur un cheval et s'enfuir. Henri de Navarre se défendit avec esprit ; sa vive gaieté et son caractère aimable plaisaient à Charles IX. Il était trop compromis pour rester en liberté, mais il obtint de n'être pas enfermé à Vincennes ; il fut détenu, avec François de Valois, à l'hôtel de Retz.

Le duc de Guise n'avait pas à prendre parti dans cette querelle ; les événements servaient ses intérêts et le débarrassaient des obstacles à sa fortune. Le Roi était mourant, son jeune frère se compromettait avec les huguenots, et était tenu prisonnier par sa mère elle-même ; les Montmorencys se trouvaient ou en prison, ou en fuite. Catherine seule restait.

Elle ne montra pas moins d'énergie contre les révoltés de Normandie que contre les conspirateurs de Saint-Germain. Le maréchal de Matignon reçut en quelques jours des renforts, poursuivit Montgomery et le força de s'enfermer dans Domfront, où il vint l'assiéger. Comme Montgomery n'avait pas cent hommes avec lui pour défendre la place, quelques huguenots essayèrent d'y pénétrer ; ils furent surpris, liés quatre à quatre, et forcés de courir jusqu'à ce qu'ils tombassent de lassitude ; les valets et les petits goujats de l'armée catholique se précipitèrent alors sur eux et les tuèrent à coups de bâton[15].

Domfront fit néanmoins une longue résistance. Un des assaillants, M. de Bous, blessé d'une arquebusade à la tête, se retira sous une tente et demanda, par signe, une plume et du papier, et mourut en achevant de son sang une lettre à sa maîtresse, qui portait le nom de Rabodange[16]. Montgomery se rendit seul, sous la condition d'avoir la vie sauve ; mais, après son départ, Domfront prolongea encore sa résistance : le gouverneur, Colombières, se plaça sur la brèche avec ses deux enfants, âgés, l'un de douze ans, l'autre de dix, et se fit tuer avec toute la garnison.

Pendant que ces enfants couvraient la brèche de Domfront, une femme délivrait le château de Miremont : ces bras devenaient nécessaires à la cause des huguenots, depuis que les capitaines avaient été tués dans Paris. Madeleine de Saint-Nectère, veuve de Gui de Miremont[17], défendit contre une armée royale son château, où elle s'était enfermée avec ses deux filles ; sa beauté, la vigueur avec laquelle on la voyait rompre des lances dans les tournois, et mener une charge à la tête de ses hommes d'armes, avaient attiré un grand nombre de prétendants à sa main, qui s'étaient jetés avec elle dans Miremont. Après avoir subi cinquante jours de siège et neuf cents coups de canon, comme les vivres s'épuisaient, et comme les tours menaçaient de s'écrouler, Madeleine sortit tout à coup, au galop, à la tête d'une quinzaine de ses gentilshommes, la visière baissée et la lance en arrêt ; elle désarçonna les cavaliers qui voulurent lui barrer le passage, traversa le camp des assiégeants, et courut à franc étrier jusqu'au château de Turenne, où se trouvaient quatre cents arquebusiers à cheval ; elle les décida à l'accompagner, et repartit immédiatement à leur tête pour délivrer ses filles, qu'elle avait laissées dans les murs de Miremont. Montal, le chef des catholiques, s'avança pour la combattre ; elle fondit sur lui et le frappa de sa lance en pleine poitrine : il mourut quatre jours après, et le siège fut levé[18].

Mais les huguenots ne pouvaient plus donner d'inquiétude depuis la captivité de leur principal chef, Montgomery. Charles IX ne vécut pas assez pour empêcher de violer la capitulation qui lui avait été accordée. — Toutes choses humaines ne me sont plus rien, fit le jeune roi[19], quand on lui annonça la défaite des réformés de Normandie, et d'une voix plaintive il demanda qu'on l'entourât de verdure ; mercredy se trouva tant failly de halaine et paroles à l'occasion du flux de sang par la bouche qu'on en attendait plus la mort que la vie ; mais, depuis la saignée, s'est mieux trouvé[20]. Près de son lit, ombragé de branches d'arbres, se tenaient les deux qui lui restaient attachés : le jeune Gondi et Marie Touchet. Gondi mourut de chagrin un mois après lui. Marie Touchet épousa Balzac d'Entragues, et eut pour fille la marquise de Verneuil, qui devint, comme elle, la favorite d'un roi.

Ainsi s'éteignaient les Valois[21]. Ainsi Catherine isolait, dans son aveugle préférence, le roi de Pologne, sans soutien et sans parti, au milieu des princes et des grands officiers mécontents, en face du duc de Guise.

 

 

 



[1] D'AUBIGNÉ, t. II, p. 47.

[2] TAVANNES, p. 419.

[3] C'est par la conquête des Flandres que Louis XIV détruit définitivement la puissance de l'Espagne.

[4] DE THOU, liv. LVII.

[5] RANKE, L'Espagne sous Philippe II et Philippe III, ch. IV, § 11.

[6] BOUILLON, Mémoires, p. 5. Elle était fille de Jean de Rieux et de Béatrix de Jonchères, dame de la Perrière.

[7] L'ESTOILE, t. I, p. 28.

[8] Martha FREER, Henry III king of France, t. I, p. 229.

[9] L'ESTOILE, t. I, p. 28.

[10] VILLECOMBLAIN, Mémoires, p. 270.

[11] Martha FREER, t. I, p. 850.

[12] BOUILLON, Mémoires, p. 16.

[13] D'AUBIGNÉ, t. II, p 119.

[14] BOUILLON, Mémoires.

[15] D'AUBIGNÉ, t. II, p. 123.

[16] D'AUBIGNÉ, t. II, p. 123.

[17] Elle était fille de Saint-Nectère, bailli d'Aurillac, et de Marguerite d'Étampes ; elle était veuve de Gui de Miremont, seigneur de Saint-Exupery. Le siège commença le 29 juillet 1574.

[18] IMBERDIS, Histoire des guerres religieuses en Auvergne, t. I, p. 216. La jeune veuve ne se remaria avec aucun des chevaliers qui l'avaient aidée ; mais une tradition locale prétend qu'elle sut les récompenser également. Une des filles épousa le sire de Bourbon-Malauze.

[19] Ms., Record office, State papers, France, vol. LVII, publié par H. DE LA FERRIÈRE, Arch. des miss. scient., 1876, p. 732.

[20] Ms., Record office, State papers, France, vol. LVII, publié par H. DE LA FERRIÈRE, Arch. des miss. scient., 1876, p. 732.

[21] Charles IX meurt le 30 mai 1574.