NAPOLÉON III ET LES FEMMES

LIVRE I. — LES AMOUREUSES DU CONSPIRATEUR

 

V. — LES MYSTÈRES DU ROMAN DE L'ÉGÉRIE ANGLAISE.

 

 

D'où vient miss Howard ? — Mystères de son passé. — Ce que révèle un acte d'état civil. — Illusoire parenté de miss Howard. — Ses débuts dans la galanterie. — Elle est belle et fait des conquêtes. — Son salon et sa salle de jeu. — Sa liaison avec le prince. — La question argent. — Singulières combinaisons d'un emprunt. — Miss Howard à Paris. — Le petit hôtel de la rue du Cirque. — La liaison du Prince-Président fait scandale. — Un fameux plaidoyer Pro domo sua. — Louis-Napoléon et les femmes de 1848 à 1851. — Les orgies de l'Élysée. — Double brelan de maîtresses. — Doit-on y comprendre Rachel ? — Les espérances impériales de miss Howard. — Comédies autour du mariage de Napoléon III. — On règle les comptes de miss Howard. — La danse des millions. — Beauregard et sa comtesse. — Le mari et le fils de miss Howard. — Mort de la comtesse de Beauregard. — Sort du château après sa disparition. — L'argent commence et finit la légende de miss Howard.

 

D' venait-elle donc cette mystérieuse et énigmatique Anglaise, cette miss Howard qui, dans la vie de Louis-Napoléon, était appelée à jouer un rôle si considérable ? Quelles étaient les obscures origines de cette amoureuse, faiseuse d'Empire, dont les avances de fonds ont, incontestablement, favorisé le rétablissement du régime foudroyé par le coup de tonnerre de Sedan ? Amis et ennemis de Napoléon III s'accordent pour reconnaître que sa condition était modeste à l'extrême et que, de ses parents, il n'est à dire qu'il ne s'en trouve point de plus humbles. Jusqu'à ces derniers temps, les recherches les plus attentives n'ont fait rien découvrir sur elle qui fût neuf et inconnu. Il est généralement admis qu'elle était fille d'un batelier de la Tamise[1], ou d'un garçon d'hôtel dont le père lui-même était aubergiste[2]. En ce qui concerne ses parents et sa jeunesse, tout est silence[3]. L'aveu est franc, mais s'y doit borner ? Et, tout d'abord, comment s'appelait-elle ? Harget[4] ou Haryet[5] ? Dans un acte notarial elle prend le nom d'Élisabeth Aldeston, ce qui est inexact, et le titre de veuve Martin Haryett, ce qui est manifestement faux[6]. Voilà sur ses origines, tout ce qui se sait aujourd'hui, rien de moins, rien de plus. J'apporte un document nouveau : l'acte de naissance de miss Howard[7]. Par cette pièce l'équivoque devient désormais impossible et son état civil se trouve établi sans confusion. Il en résulte qu'elle est née à Preston, dans le comté de Sussex, le 23 octobre 1823, d'Henry et Élisabeth Herriott, et qu'elle fut baptisée sous le nom d'Élisabeth. Cet acte nous apprend, en outre, que son père était brasseur. En 1865, les parents de miss Howard vivaient encore à Douvres[8].

Ainsi se trouve ruinée cette sotte légende qui veut que la maîtresse anglaise de Louis-Napoléon ait été d'une très grande famille, comme M. Georges Montorgueil a eu la naïveté ignorante de l'imprimer[9]. En Angleterre, les Howard, — les vrais, — comptaient parmi leurs alliés les ducs de Norfolk, les comtes de Carlisle, d'Eppingham et de Suffolk. A la philanthropie ils avaient fourni ce John Howard (1726-1790) dont le livre sur les prisons est célèbre[10], et à l'armée ce Frédéric Howard, qui, colonel du Me hussards anglais, fut tué à Waterloo par l'infanterie de la Garde[11], et que Byron, son parent, a immortalisé dans la treizième strophe du troisième chant du Pèlerinage de Childe Harold : Son nom brille parmi ceux des plus vaillants guerriers ; et, lorsque les foudres de la mort éclaircirent les rangs de nos braves, au lieu où le carnage était le plus terrible, ils n'atteignirent aucun cœur plus noble que le tien, jeune et valeureux Howard ! C'est de ce guerrier qu'un marbre, dans l'église de Waterloo, dit, avec une sobre éloquence :

TO THE MEMORY OF

THE HONORABLE FREDERICK HOWARD,

MAJOR OF THE 10he HUSSARS KILLED AT THE BATTLE OF

WATERLOO

HIS MULTILATED REMAINS WERE REMOVED FROM THE FIELD

OF BATTLE BY ORDER OF HIS AFFECTIONATE FATHER FREDERICK

EARL OF CARLISLE TO BE DEPOSITED IN THE FAMILY MAUSOLEUM

AT

CASTLE HOWARD

THIS TABLETT WAS DIRECTED TO BE PLACED IN THE CHAPEL OF

WATERLOO BY HIS BROTHERS OFFICERS[12]

Dans cette famille se trouve encore le fameux cardinal Howard, gloire de l'épiscopat anglais et honneur de l'école d'Oscott d'où il passa officier aux gardes[13]. Et, quoi qu'en puisse dire la princesse de Lieven, il n'est point place parmi elle pour la fille du brasseur, qui, dans Hay-Market, alla briller parmi les fast-women de la capitale[14].

Sur la profession d'Élisabeth Herriott, nul doute : elle était fille galante, et, courtisane, comme le dit, sans plus, une de ses connaissances, le général Fleury[15]. Les libellistes la font débuter, soit comme écaillère[16], soit comme fille de comptoir dans un infâme lodging-house du Wapping. C'est là qu'au cours d'une visite de curiosité avec Mme Gordon, Louis-Napoléon aurait fait sa connaissance, et qu'elle débuta dans ses relations avec lui, par lui subtiliser adroitement sa montre[17]. Un matelot métis, du nom de Sampaïo, lui servait alors de souteneur[18]. Rencontrée par un certain Jack Young-Fitz-Roy, chevalier de brelan et escroc très habile, elle fut trouvée par lui merveilleusement dressée dans l'art des Messalines. Il en fit donc sa maîtresse, et ayant gagné un pari de mille guinées, il la mit dans ses meubles, lui acheta des toilettes, lui paya des poneys, et, en élégant coupé, l'envoya racoler à Hyde-Park. Comme c'était une magnifique personne sur le compte de laquelle, à première vue, on pouvait se méprendre[19], qu'elle était a woman of exquisite proportions and classic beauty[20], de traits purs, élégante, noble et souple de taille[21], elle y trouva qui piper à ses panneaux. Les adorateurs étaient conviés chez elle où ils trouvaient à jouer un jeu d'enfer, au cours duquel, naturellement, Young-Fitz-Roy faisait merveille avec ses cartes biseautées. Ces joueurs débonnaires avaient bel estomac : l'un d'eux, lord Clebden, eut la primeur de la demoiselle pour 25.000 francs[22]. Comment s'appelait-elle alors ? Haryett ou Herriott, vraisemblablement. C'est pour des raisons obscures, a-t-on dit, qu'elle prit le nom de Howard[23]. A vrai dire, la raison est moins mystérieuse qu'on ne l'imagine. Élisabeth emprunta le nom au fameux steeple-chasse-rider, dont elle fut la maîtresse[24], avant de passer à Francis-Mountjoye Martin, major au 2e Life Guards[25]. Au reste, tout cela est obscur et compliqué, et ce ne sont certes pas les Mémoires mystérieux de miss Howard, comtesse de Beauregard, dont, en 1866, on annonçait la publication, et qui ne parurent jamais, qui eussent éclairci cette affaire.

A en juger par la suite de son histoire, miss Howard avait usé de sa beauté et poussé ses intérêts vers une condition meilleure. Dans ses appartements d'Oxford Street, n° 277[26], ou de Berkely Street, n° 9[27], elle rassemblait une société élégante et de haut vol. On y voyait fréquenter un duc de Beaufort, l'earl de Chesterfield et l'earl de Malmesbury[28], une réunion de viveurs de grand ton, lions, dandys et piliers des clubs mondains. Et, enfin, le comte d'Orsay. Par là on saisit le lien qui la rattache à Louis-Napoléon. Il était du monde, lui aussi, et d'un meilleur, riche encore, malgré les sommes englouties dans l'affaire de Boulogne, élégant et original au point de se faire remarquer dans son cabriolet flanqué d'un groom minuscule[29]. Et puis, n'était-ce point un Napoléon, ornement toujours de prix pour un salon anglais, fût-il celui d'une demi-mondaine ? Oisif, amateur de jolies femmes, il se laissa entraîner, et il n'en fallut point davantage. Légende grossière que celle qui le fait rencontrer miss Howard, de nuit, dans la rue et monter chez elle, où pour trois schellings, il put goûter le plus complet bonheur avec la belle[30]. Non moins absurde le conte qui le montre, vendant, pour arracher à Young-Fitz-Roy sa maîtresse, la dernière maison qu'il possédât, et valant 200.000 francs[31]. Et platement outrageante l'injure dont le saluent les pamphlets de 1870 en l'appelant le Marfori de miss Howard[32]. Mais il est parfois utile aux partis de changer en fumier le puits de la Vérité.

Avec miss Howard un point délicat reste à examiner : la question argent. Il est incontestable qu'elle en a fourni au prince. Demeurent à vérifier les conditions de ces prêts. Il est certain et de toute évidence que Louis-Napoléon lui fut présenté en 1846, après l'évasion de Ham[33] ; il est inexact de dire qu'elle lui envoya des fonds pour le coup d'État de Boulogne[34] ; que le nécessaire de femme avec bobines et aiguilles[35] saisi sur le paquebot qui débarqua Louis-Napoléon à Wimereux, était le sien[36] ; qu'elle le visita dans sa prison à Ham[37], et que, pendant, la captivité, elle rassembla à son intention les beaux bénéfices de son joli commerce[38]. Hypothèses fausses, sans base et que récusent tous les documents connus. Mais le fait des prêts demeure certain. Ils eurent lieu, selon toute apparence, en 1848. Après la chute du gouvernement de Louis-Philippe, le 28 février, le prince était arrivé à Paris et s'était logé rue du Sentier, chez Vieillard, son ancien précepteur à Arenenberg. Prié par le gouvernement provisoire de regagner l'Angleterre, il se réembarqua, et le 2 mars, à bord du steamer Lord Warden, il touchait à Folkestone. Ce ne fut qu'au mois de juin suivant, que, définitivement, il revint à Paris pour recommencer cette campagne électorale qui le devait porter à la Chambre, et de là à l'Élysée. Naturellement, il était nécessaire d'avoir de l'argent. C'est à miss Howard que le prince s'adressa. Que lui avança-t-elle ? Huit millions, ainsi que cela a été dit et répété[39] ? On peut se demander, ainsi que cela a été fait déjà, où miss Howard eût pris tout cet argent[40] ? La vérité est plus simple, on n'en doute pas. Une opération financière eut lieu assez habile pour sauver, momentanément, du moins, les apparences. Dans les États romains, près de Civita-Vecchia, miss Howard possédait un domaine qu'elle vendit à crédit à Louis-Napoléon. Immédiatement il emprunta sur cet achat, au marquis E.-L. Palavicino, la somme de 60.000 écus romains, soit 324.000 francs qui furent remboursés en 1851[41]. Et ce furent ces fonds-là qui aidèrent et assurèrent l'élection du neveu de l'Empereur[42].

Dans son voyage à Paris, il n'avait pas abandonné la maîtresse anglaise. Tandis qu'il se logeait à l'hôtel du Rhin, place Vendôme[43], pour éviter les inévitables clabauderies et les émois de la pudeur politique offensée, il installait miss Howard rue de Rivoli, à l'hôtel Meurice, alors par excellence, the english hotel in Paris[44]. Ce séjour à l'auberge ne fut pas de longue durée : le 20 décembre suivant, le prince entrait à l'Élysée. Il montait à la première marche de son prochain trône. Miss Howard le suivit dans la direction du faubourg Saint-Honoré. A l'Élysée, écrit-on, il rendit à la fille d'Albion l'hospitalité qu'il en avait reçue à Londres[45]. De fait, il lui loua, au n° 14 de la rue du Cirque[46], un petit hôtel, qui, depuis, a disparu pour faire place aux jardins de l'hôtel Rothschild. L'endroit était choisi à merveille. Le président de la République n'avait qu'à franchir une petite porte percée dans le mur du jardin de l'Élysée[47], pour être chez sa maîtresse. Elle s'était installée là, dans ce nid discret, avec sa sœur, jeune fille fort belle, gracieuse et simple[48]. Ce témoignage lui est rendu aussi par cet intelligent viveur[49] qui s'appelait Fleury. Avec quelques amis intimes du prince, il fréquentait l'hôtel. C'étaient Persigny ; Mocquard, le secrétaire de Napoléon ; Edgard Ney, son aide-de-camp ; Evans, son dentiste. Les soirées y étaient charmantes et simples. On y buvait, en parlant faits divers et du jour, une tasse de thé ou de café, ou on écoutait la petite musique tranquille avec laquelle l'Anglaise régalait ses invités. Le prince y fumait paisiblement ces cigarettes, dont ses poches étaient toujours bourrées, et à ses pieds ou sur ses genoux, ronflait doucement son chien noir[50]. Doux soirs des reposantes intimités ! Il échappait là aux terribles corvées de sa fraîche et jeune dignité, et c'était comme s'il avait, enfin, trouvé la bonne petite femme, que lui souhaitait sa mère, naguère, alors qu'elle n'osait aspirer à un aussi éclatant retour de la fortune. Ainsi, par la trompeuse apparence, il consolait son goût de l'intimité, — la dernière qu'il eut à savourer, pleinement, avant le nouvel exil anglais de 1871.

Au début, la liaison du prince et de miss Howard avait été tenue discrète, quasi-clandestine. Dans les clubs on disait bien de lui qu'il avait ramené de Londres la plus belle femme et le plus beau cheval du monde, mais, à la vérité, ces propos ne tiraient pas à conséquence[51]. Mais la belle affaire pour elle que d'être si près de la gloire sans en pouvoir tâter les agréments ! Pour une femme, et une fille de brasseur, c'était bien là un double et cruel supplice. Elle ne l'endura point longtemps. Dès 1849, on la voit assister aux revues que passe le Prince-Président et y faire remarquer sa voiture où un cheval est peint sur les panneaux[52]. C'est Mocquard, son ami et son secrétaire, que Louis-Napoléon charge d'être le chaperon de miss Howard. Mocquard servait d'eunuque ; il promenait la maîtresse du Président[53]. Il l'accompagnait aussi aux courses[54], et l'affichait au spectacle, entre sa femme et sa fille. C'est un eunuque blanc, tonne alors Viel-Castel[55]. Elle y allait seule, quelquefois, comme ce soir du 28 octobre 1852, où à la représentation de l'Opéra assistait Louis-Napoléon, ayant à côté de lui Abd-El-Kader. Miss Howard y fut remarquée en grande loge, couverte de diamants. Cela fait mauvais effet[56]. Et, en effet, il se trouva, en certaines occasions, des personnes pour se piquer et se blesser de la présence de miss Howard. Le plus typique de ces incidents est celui qui fut occasionné par le voyage à Tours du Prince-Président. Comme d'habitude il avait emmené sa maîtresse, et elle avait été logée dans la maison de M. André, receveur-général, en ce moment-là parti, avec sa femme, aux eaux des Pyrénées. C'était mal choisir le gîte, car le couple André était de ces protestants puritains qui portent très loin la sévérité des mœurs. Ayant appris la violation et la profanation de leur sanctuaire familial par cette prostituée, ils jetèrent de hauts cris et M. André alla jusqu'à l'écrire au ministre Odilon Barrot : Serions-nous donc revenus à cette époque où les maîtresses des rois promenaient leurs scandales à travers les villes de France ?... Mon Dieu, non, mais enfin... Évidemment, il eût mieux valu demeurer rue du Cirque. Odilon Barrot, à la réception de cette philippique indignée se trouva assez embarrassé. Il ne tenait aucunement à en faire une affaire d'État ; mais, dit-il, d'un autre côté, je n'étais pas fâché que le président sentît, que, dans la position à laquelle il avait été élevé, il ne lui était plus permis de vivre de cette vie libre dont il avait vécu à Londres. Avec son frère, alors secrétaire-général de la présidence, il combina de faire tomber la lettre de M. André sous les yeux du Prince, comme par hasard. Le stratagème réussit à merveille, et ce valut à Odilon Barrot une lettre de Louis-Napoléon, bien précieuse à recueillir ici. C'est un petit cours de morale libre et humaine professé à l'égard des puritains et qu'il est plaisant de voir faire en l'honneur et à l'occasion de miss Howard. La pièce est quasi incon nue. Elle mérite les honneurs d'une tardive réimpression :

Votre frère m'a montré la lettre d'un M. André, à laquelle j'aurais dédaigné de répondre, si elle ne contenait des faits faux qu'il est bon de réfuter. Une dame à laquelle je porte le plus vif intérêt, accompagnée d'une de ses amies et de deux personnes de ma maison, désira voir le carrousel de Saumur ; de là elle vint à Tours ; mais, craignant de ne pas y trouver de logement, elle me fit prier de faire en sorte de lui en trouver un. Lorsque j'arrivai à Tours, je dis à un conseiller de préfecture qu'il me ferait grand plaisir de chercher un appartement pour le comte Baciocchi[57] et pour les dames de sa connaissance. Le hasard et leur mauvaise étoile les conduisirent, à ce qu'il paraît, chez M. André, où, je ne sais pourquoi, on s'imagina que l'une d'elles s'appelait Baciocchi. Jamais elle n'a pris cc nom ; si l'erreur a été commise, c'est par des étrangers, indépendamment de ma volonté et de celle de la dame en question. Maintenant, je voudrais savoir pourquoi M. André, sans prendre la peine de rechercher la vérité, veut me rendre responsable et de la désignation faite de sa maison et du faux nom attribué à une personne. Le propriétaire, dont le premier soin est de scruter la vie passée de celui qu'il reçoit, pour la' décrier, fait-il un noble usage de l'hospitalité ?... Combien de femmes, cent fois moins pures, cent fois moins dévouées, cent fois moins excusables que celle qui a logé chez M. André, eussent été accueillies par tous les honneurs possibles par ce M. André, parce qu'elles auraient eu le nom de leur mari pour cacher leurs liaisons coupables ? Je déteste ce rigorisme pédant qui déguise toujours mal une âme sèche, indulgente pour soi, inexorable pour les autres. La vraie religion n'est pas intolérante ; elle ne va pas chercher à soulever des tempêtes dans un verre d'eau, à faire du scandale pour rien et à changer en crime un simple accident ou une méprise excusable.

M. André, qu'on me dit puritain, n'a pas encore assez médité sur ce passage de l'Évangile où Jésus-Christ, s'adressant à des âmes aussi peu charitables que celles de M. André, dit, au sujet d'une femme qu'on voulait lapider : Que celui..., etc. Qu'il pratique cette morale ; quant à moi, je n'accuse personne, et je m'avoue coupable de chercher dans des liens illégitimes une affection dont mon cœur a besoin. Cependant, comme jusqu'à présent, ma position m'a empêché de me marier ; comme au milieu des soucis du gouvernement je n'ai, hélas !dans mon pays, dont j'ai été si longtemps absent, ni amis intimes, ni liaisons d'enfance, ni parents, qui me donnent la douceur de la famille, on peut bien me pardonner, je crois, une affection qui ne fait de mal à personne, et que je ne cherche pas à afficher. Pour en revenir à M. André, s'il croit, comme il le déclare, sa maison souillée par la présence d'une femme qui n'est pas mariée, je vous prie de lui faire savoir que, de mon côté, je regrette vivement qu'une personne d'un dévouement si pur et d'un caractère si élevé, soit tombée, par hasard, dans une maison, où, sous le masque de là religion, ne règne que l'ostentation d'une vertu guindée, sans charité chrétienne. Faites de ma lettre l'usage que vous voudrez.

 

Hé ! mais je trouve ce plaidoyer fort bien et la leçon fort verte. Je comprends qu'Odilon Barrot refusa d'en faire part à M. André, je le comprends et le regrette[58].

Maintenant, 'est-il exact que la tendresse du prince fut si fervente à l'égard de miss Howard ? A ce respect et à cette affection ne donnait-il pas des accrocs ? Était-ce inutilement qu'elle le surveillait, jalouse de ses caprices[59] ? A la vérité, elle avait pour ce d'excellentes et péremptoires raisons et j'entends bien que l'Anglaise ne se montrait susceptible que sur le chapitre des enthousiasmes amoureux, car pour ce qui est des enthousiasmes féminins politiques, ni elle ni sa sœur n'eussent pu suffire à les combattre. II est curieux de voir, de 1848 à 1852, éclater l'admiration touchante des femmes à l'égard de Louis-Napoléon. Ainsi une vieille cantinière, Mme Ametiger, dite la mère Napoléon, meurt de joie en apprenant que la Seine, la Moselle, l'Yonne, la Charente-Inférieure et la Corse, viennent de l'élire[60]. Au moment des élections de 1848, à l'angle du boulevard des Capucines et de la rue de la Paix, se tenait une jeune femme, jolie et vêtue avec une certaine coquetterie, laquelle avait deux jambes de bois et vendait de méchantes estampes et des chansons dont elle jouait avec beaucoup de goût les airs sur le violon. Le prince, qui, en passant, lui faisait l'aumône, fut un jour interpellé par elle qui lui dit : Monseigneur, je voudrais vous dire un mot... — Parlez, Madame. — On me dit que vous êtes fort gêné en ce moment. J'ai chez moi trois billets de mille francs qui ne font rien. Voulez-vous me permettre de vous les offrir ? Vous me les rendrez quand vous serez empereur. — Ayant miss Howard, le prince refusa. Il se souvint cependant de l'offrande et de l'invalide, et, monté au trône, lui fit offrir une petite renie. Mais le charme était passé. — Dites à l'Empereur, répondit-elle, qu'il est bien bon de se souvenir de moi, mais je ne puis accepter son offre. S'il avait accepté mon argent, je ne dis pas ; maintenant, non. Il est vrai que, malgré ses deux jambes de bois, elle avait une ou deux maisons avenue de l'Opéra, et de quoi doter largement sa fille[61]. L'exemple est curieux. Il n'est pas unique, et on en trouve beaucoup en feuilletant les récits des voyages du Prince-Président à travers les départements. Partout où il passe, les femmes agitent leurs mouchoirs et le couvrent de fleurs[62]. A Sens, dans le train, son wagon est criblé de bouquets[63]. Le 18 juillet 1852, à Nancy, où il est allé inaugurer la ligne du chemin de fer de Strasbourg, un bal est donné en son honneur dans les salons du musée. Dans l'énorme cohue où il est bousculé, une grosse bête de femme coiffée d'un chapeau de paille, vêtue d'une robe en vieux barège et chaussée de bottines boutonnées — ce qui à la baronne du Montet semble le dernier cri de l'incorrection —, s'approche de lui et le regarde si effrontément qu'il se retourne avec dégoût. Ce qui permet à l'admiratrice de lui baiser le pan de son habit, en s'écriant : Là, voilà pourtant que je l'ai touché ![64] Je le demande : contre des créatures aussi énergiquement empressées à ne point lui dissimuler leurs sentiments, que ferait, en vérité, miss Howard ? Rien. Et contre les autres, poussant plus loin leurs pointes ? Rien encore. Qu'elle soit jalouse et qu'elle rage, c'est son rôle et ce lui est permis, et c'est tout. Au reste, le prince ne songe pas, évidemment, à la convier aux extras de ses plaisirs et à ce que les pamphlets du temps appellent, avec une si comique pudeur, les orgies de l'Élysée. Ah ! s'écrient-ils, terribles et vengeurs : Que notre voix indignée poursuive et trouble au fond de ses palais l'Orgie triomphante ![65] Et quelles clameurs contre ce viveur, cet écuyer de cirque[66], quelles pudeurs offensées dans la dénonciation de sa vie crapuleuse[67] ! Ah ! l'obscène orgiophante[68] qui, en badinant avec les demoiselles de tous les échelons de la société[69], en honorant toutes les nuits une femme de sa couche[70], engloutit dans ses orgies des sommes prodigieuses[71] ! A ces voix d'en bas, une grande voix se mêlera et Victor Hugo, du fond des ténèbres de l'exil tonnera : Celui-ci veut avoir des chevaux et des filles, être appelé monseigneur et bien vivre[72]. Cela se tourne même en couplets, — et on en pourrait trouver de meilleurs :

Marquises, actrices coquettes,

Et vierges du quartier Breda,

Que, pour varier mes conquêtes,

Fleury met sur son agenda,

Parcourons la gamme du vice,

Du salon jusqu'à la coulisse,

De la coulisse au boulevard ;

De mon boudoir que les bougies

S'allument donc pour les orgies

Où présidera miss Howard ![73]

Plaisanterie de chansonnettes ! Ce n'étaient point ces présidences-là que le prince songeait à offrir à sa maîtresse. Il jouissait d'une liberté entière et en usait amplement, dit un chroniqueur rétrospectif de ce temps[74]. Avec l'ombre jalouse de miss Howard à ses côtés, cette liberté, on le devine, n'était que relative. Cependant, aux soirées de l'Élysée, dont elle était exclue, Louis-Napoléon la conservait. Un journal de l'époque nous montre les femmes de ces soirées s'exclamant : Qu'il est bien ! à son apparition. Et, lui, vole de belle en belle, empressé, galant[75]. A ces fêtes, elles sont en nombre si considérable que mes salons seront trop étroits pour toutes les belles visiteuses qui m'honorent de leur présence, dit le président à la princesse de L...[76]. Elles sont moins nombreuses à ces soupers, où aussi fins qu'ils puissent être, il ne boit pas[77], quoique les libelles flanquent chaque convive d'une de ces riboteuses[78], demoiselles d'Opéra ou princesses du Bas-Empire[79], aimant à lamper sec et à arroser les verts propos. Dans une de ses notes pour l'histoire de Napoléon III, Proudhon mentionnait : Détails sans nombre sur les orgies de l'Élysée[80]. On n'en attend pas ici le catalogue et l'obscène énumération, les traits platement grossiers qui ne déshonorent que ceux qui les ont imaginés. On nous a dit qu'en ce temps ses maîtresses de passage étaient assez vulgaires[81], encore que parmi leur troupe badine se remarquaient beaucoup d'actrices. On y trouve une Mme P..., que je ne puis identifier[82] ; Alice Ozy, qui faillit être reçue à l'Élysée, publiquement[83] ; Mlle B..., des Variétés, à laquelle, dit-on, il donna 10.000 francs, et dont l'histoire est trop ordurière pour être contée ici, même gazée[84] ; les dames C. M... ; M. C... ; M. B...[85] ; Mlle Théric, de la Comédie-Française, qui, d'une nuit à Saint-Cloud, rapporta un bureau de tabac à son père[86] ; Madeleine Brohan[87] qui déclina les hommages du prince[88] ; et, enfin, Rachel, la grande tragédienne. Louis-Napoléon l'avait applaudie et vue à Londres, pour la première fois, en juillet 1845[89]. Désira-t-il, revenu à Paris, lui exprimer son enthousiasme admiratif en particulier ? Pour se prononcer, on n'a que cette note d'Arsène Houssaye, à la date de 1848 :

Arrivé à l'Élysée, on me fit entrer dans un premier salon, puis dans un second, puis dans un troisième où je vis venir à moi, toute souriante, Mlle Rachel. Il semblait qu'elle fut chez elle. Mais n'était-elle point chez elle partout ? Elle était d'ailleurs alors la maîtresse de la maison[90].

 

Cela suffit, peut-être, pour faire comprendre les vers de L'Empereur s'amuse des Châtiments :

Prince, préside aux jeux folâtres,

Chasse aux femmes dans les théâtres ![91]

Il était encore d'autres terrains de chasse, Saint-Cloud, par exemple, où, à un bal du 15 août, on voit Louis-Napoléon prendre les cuisses de la jolie marquise de Belbœuf qui n'en paraissait ni surprise, ni émue[92]. Mais peut-être bien qu'elle y était habituée déjà ? De la même époque est la liaison avec lady Douglas, fille de la grande duchesse Stéphanie de Bade[93], et dont il est dit qu'elle a l'air le plus voluptueusement allemand qu'il soit possible de rencontrer[94]. Minces passions, au reste ! Toutes régnèrent, aucune ne gouverna[95]. Ce rôle était réservé à la jeune fille espagnole qui, dans ce temps, non loin de cet Hôtel du Rhin, où peu d'années auparavant, le prince avait campé, débutait dans l'apprentissage de la vie mondaine et parisienne.

Le 21 janvier 1846, commençant à Ham la dernière année de sa captivité, Louis-Napoléon écrivait à Mme Cornu : Je ne sortirai de Ham que pour aller aux Tuileries ou au cimetière[96]. Il y était aux Tuileries, maintenant, depuis le 2 décembre 1852, où le peuple français l'appelait au trône de son oncle. Quelle allait être sa situation à l'égard de miss Howard ? L'Anglaise eut-elle un seul instant l'idée de devenir impératrice et d'aller régner dedans ces Tuileries, qu'au lendemain du coup d'État elle avait, appartement par appartement, visité avec le futur Empereur[97] ? D'après Fleury, qui était, il le faut souligner, de son intimité, oui, à n'en pas douter. Lorsque le rétablissement de l'Empire devint une croyance universelle, dit-il, miss Howard jeta sa béquille et se révéla sous un jour nouveau[98]. Elle s'était sentie naître aux plus hautes ambitions, forte des droits du passé et prête à les faire valoir. Aux bruits d'un prochain mariage de l'Empereur, elle riposta par l'assurance qu'elle saurait bien empêcher l'union[99]. Au reste, entre eux, rien n'était brisé encore. Mollement le prince subissait le joug des derniers jours de l'amoureuse tyrannie. Il était trop bon pour rompre sans quelque motif puissant[100]. Et la fille du brasseur n'était point cette Atalide qui, langoureusement, soupire dans Bérénice :

J'aime assez mon amant pour renoncer à lui.

Cependant, il allait se marier. Comment la rupture eut-elle lieu ? Faut-il croire, avec la comtesse de Tascher de la Pagerie, que la chose se passa avec le plus grand calme ? Miss Howard, dit-elle[101], à l'annonce du mariage probable de son impérial amant, se brouilla avec lui et s'éloigna en disant qu'elle lui eût pardonné une princesse. Cela encore est bien racinien pour une fille de brasseur anglais. Ne doit-on pas croire, plutôt, que tout cela s'arrangea par ruse, par surprise, sinon avec quelque violence ? Le stratagème employé a été indiqué. Au moment où la situation devenait critique, avec Mocquard, miss Howard s'embarqua pour Londres, avec mission de racheter à son ancien amant, Young-Fitz-Roy, des lettres compromettantes pour l'Empereur[102]. Ce chevalier de la dame de pique, en 1849, avait suivi le prince et l'Anglaise à Paris, et, profitant de la situation, il leur avait fait de discrètes et multiples demandes d'argent. Je ne garantis pas ce chantage, eu égard à la source où j'en puise le détail, mais j'ose avancer qu'il me paraît extrêmement vraisemblable. Lassé, le président fit expulser de France Young-Fitz-Roy, en 1849[103]. Ce qui demeure à vérifier. Suivant une autre version, miss Howard se serait arrêtée au Havre, logée à l'hôtel Frascati, où, par le Moniteur le mariage lui aurait été appris[104]. Tout aussitôt, toute en fureur jalouse et en éclats de voix vengeurs, elle aurait fait chauffer une locomotive pour rentrer à Paris, où, rue du Cirque, un spectacle inattendu l'attendait. Ses meubles étaient fracturés, ses tiroirs vidés, son argent volé, ses vêtements bouleversés, ses papiers enlevés. C'était un coup des mouches de l'assassin du 2 décembre. Il y avait de quoi en demeurer sur le carreau. Aussi miss Howard n'y manqua-t-elle point. Elle s'évanouit, proférant des interjections vigoureusement indignées : Misérable Napoléon !... voleur !... fripon !... assassin !... empoisonneur !...[105] Je résume cette histoire mélodramatique parce qu'elle me paraît curieuse, mais sans me prononcer. Cependant, d'après un rapport de police du 28 mars 1853, miss Howard me paraît avoir philosophiquement envisagé l'événement : Il a toujours eu des caprices, lui fait-on dire du nouveau marié, mais il est sujet aux maux d'estomac et je sais bien qu'il me reviendra[106]. Et Viel-Castel corrobore : elle attend son retour une fois sa lune de miel envolée[107]. Par quels moyens ruiner ces affirmations ? Allez donc nier le dire de qui assure que l'Empereur fait entretenir par M. Mocquard, chef de son cabinet, les espérances de son ancienne favorite ![108] Et ne serait-on pas tenté d'y croire quand, dans un rapport de police du 2 juillet 1853, cinq mois après le mariage de Napoléon III, on lit que Louis-Napoléon a repris complètement toutes ses relations avec miss Howard[109] ? D'où ces dires et ces déductions ? De ce que quand, au Bois, la répudiée rencontre l'amant de naguère, elle reçoit de lui un salut poli[110] ? Mince preuve ! On ne recouche pas forcément avec une ancienne maîtresse du fait de lui donner un coup de chapeau courtois. Mais je vous prie de tenter de faire comprendre cela aux mouchards et aux badauds !

Les affaires de cœur réglées, il fallut à l'Empereur s'occuper de régler les affaires d'intérêt de l'ancienne maîtresse. J'ai montré comment il était devenu son débiteur. Si les origines de la dette sont, sinon obscures, tout au moins d'un détail assez difficile à fournir, il n'en est pas de même du règlement. Ici on possède plus de documents, plus de clartés, encore qu'à cet égard on n'ait pas tous les comptes de la cassette de l'Empereur. Il débuta, si on en croit le bruit de Paris, par lui faire une rente de 200.000 francs. Viel-Castel de s'indigner : Je crie encore au mensonge, on ne paie pas une maîtresse retraitée ce prix-là[111]. A la réalité, on le verra, l'Empereur la paya plus cher. En attendant, il se contentait de lui donner des acomptes de e 150.000 francs[112], et des secours de 300.000 francs. Voici un petit filet du journal Le Siècle, signé Louis Jourdan, que le Parquet poursuivit :

Au milieu du désarroi où l'approche des vacances jette la représentation nationale, on se préoccupe très vivement de la nomination des membres de la commission de permanence, et des nouvelles folies qui peuvent être tentées pendant l'absence du pouvoir législatif, par la partie folle de l'Élysée. Les hommes calmes qui sont dévoués à la fortune de M. Louis-Napoléon Bonaparte, et à la tête desquels nous plaçons M. Abatucci, témoignent eux-mêmes d'une inquiétude profonde. C'est dans un groupe au milieu duquel se trouvait un de ces honorables que l'on parlait aujourd'hui du besoin d'argent qui se fait sentir à l'Élysée, besoin si impérieux qu'il peut pousser à des résolutions extrêmes. Une dame anglaise, qui a longtemps vécu dans l'intimité de l'Élysée, a eu des malheurs à la Bourse, malheurs si cuisants, que, pour y échapper, elle a jeté un regard vers la patrie absente. Ces malheurs se traduisaient par une différence de 300.000 francs, qu'il a fallu payer sur-le-champ, comme se paient les dettes de jeu. Tous les dévouements se sont montrés en cette occasion, et l'honneur est sauf à ce qu'on assure[113].

 

Cet incident remontait au temps de la Présidence[114]. Les finances du second Empire évitèrent qu'il se renouvelât. Le 28 mars 1853, la police signalait le bruit courant le public, qu'un majorat avec titre de princesse allait être créé pour miss Howard[115]. L'Empereur avait fait mieux pour elle, et, depuis trois jours, à cette date, il avait serré dans ses papiers ce reçu :

Je reconnais, par la présente, avoir reçu de S. M. l'Empereur Napoléon III la somme de t million de francs en plein acquit et décharge complète de tous mes droits et intérêts dans le domaine de Civita-Novia, dans la Marche d'Ancône (États du Pape).

E.-H. DE BEAUREGARD[116].

Paris, 25 mars 1853.

 

Beauregard, et de Beauregard ? Oui, oui, elle était noble, maintenant, riche d'une particule, d'un titre de comtesse et d'un ample domaine. C'était le 13 septembre précédent, que, pour 575.000 francs, elle avait acheté, près de Versailles, en Seine-et-Oise, cette terre à qui elle allait ajouter un nouveau lustre. Beauregard, proche la Seine, est un château qui, dans ses hautes fenêtres, enclot un noble et léger paysage de molles collines, de bosquets charmants, de larges pelouses, de massifs réguliers et de pièces d'eau encadrées de bois taillis. Avec ses communs, ses serres, ses cinq maisons de gardes et concierges, la ferme de Béchevet, le haras de Bélebat et des parcelles diverses, le domaine compte 186 hectares de belle terre plantée en arbres anciens, décorée de garennes et ombragée de châtaigniers. C'est du dix-huitième siècle que date le château, mais, avant que d'être construit, la terre avait reçu d'illustres visiteurs, comme Lulli et Quinault, qui y écrivirent, peut-être, Armide, à la languissante musique, et Amadis de Gaule, aux galants accords. Certain jour les délices de la chasse y attirèrent Louis XV, et, au galop, dessus son cheval emporté, lui firent traverser le salon du château, à la poursuite d'un dix-cors[117]. De petites gens de robe et de boutique eurent, par la suite, ce domaine, et, notamment, un de Boigne, fils d'un père, en son vivant, marchand de pelleteries, et qui fit fortune aux grandes Indes en des commerces dont le moins qu'il y ait à dire, c'est qu'il s'en trouve de plus relevés. De ses voyages il avait ramené le caractère le plus désobligeant que Dieu ait jamais accordé à un mortel, lequel échut en partage à cette demoiselle d'Osmond, qui devint cette Mme de Boigne dont les racontars publiés la firent fameuse. Du temps de l'Empire, — le premier, Mme Récamier, le subtil Metternich, le fin Nesselrode, fréquentèrent Beauregard dont Napoléon disait, avec cette admiration si facile qu'il avait pour les terres familiales : C'est un beau lieu. Certain jour, cependant, il cessa de plaire à M. de Boigne, et il l'échangea contre le manoir de Châtenay, lequel était au prince François-Borghèse Aldobrandini, avec une soulte de 280.000 francs, le 14 novembre 1812. Huit ans, les Aldobrandini gardèrent Beauregard, qui passa, le 25 juillet 1820, pour 300.000 francs, à Anisson-Duperron, directeur de l'Imprimerie Royale, qui, à son tour, le 2 août 1827, l'échangea contre la terre de Saint-Aubin, près d'Yvetot, au marquis de Lamberville. De ce Lamberville, pour 375.000 francs, le domaine passa au baron de Guenifey, lequel le cédait, le 13 septembre, à miss Howard. Nous avons dit la somme : 575.000 francs. De plus, l'Anglaise achetait la ferme de Béchevet, 530.000 francs ; le haras de Bélebat, 345.000 francs ; diverses parcelles 80.000 francs, au total : 1.530.000 francs, somme à laquelle on doit ajouter celle de 800.000 francs, que coûta la reconstruction du mur d'enceinte du domaine, ce qui porte la dépense totale à 2.330.000 francs[118].

On le devine bien, ce n'était pas seulement de ses économies que la fille du brasseur de Preston s'offrait ce luxe de châtelaine. Le million donné le 25 mars 1853 n'y avait point suffi ; aussi bien d'autres millions lui succédèrent. A la fin de 1854, Napoléon III lui en avait donné cinq et demi. Ce calcul n'est point celui des pamphlétaires, mais le total relevé sur une pièce doublement importante ici, puisqu'elle précise les chiffres et qu'elle émane de l'Empereur lui-même. C'est dans ses papiers personnels qu'aux Tuileries, en 1870, ce bordereau a été trouvé. Ces chiffres ont leur éloquence : ils tarifient la reconnaissance du conspirateur de 1848 :

1er janvier 1855. — Payement des 58.000 francs.

Donc le mois de novembre n'est pas compris.

J'avais promis 3 millions plus les frais d'arrangement de Beauregard[119] que j'évaluais tout au plus à 500.000 francs.

J'ai donné 1.000.000 le 24 mars 1853, suivant reçu ; 1.500.000 le 31 janvier 1854 ; 1.414.000 en rentes sur l'État ; 585.000 en payements à 58.000 par mois à partir du 1er janvier 1855 ; 950.000 en payements de 50.000 francs à partir du 1er janvier 1853 jusqu'au 1er janvier 1855.

Soit au total 5.449.000 francs

 

Joli denier[120] ! Dans le règlement de ces affaires, Mocquard, le secrétaire de l'Empereur, servait d'intermédiaire. Les payements étaient faits par lui[121]. Au reste, miss Howard s'était entourée de conseils roublards ; elle avait pour homme de paille un ami de Mocquard, un marquis de Rouville, familier des Pereire et des Fould, mêlé à bien d'obscurs tripotagés[122]. Au reste, elle s'entendait fort bien à surveiller ces grands intérêts et à les rappeler, — en un français assez étrange, — à ceux qui en avaient la charge à son égard. Voici une de ses lettres à Mocquard, qui prouve qu'elle était femme fine et avisée, combinant à merveille le souci de l'argent et le rôle de la sentimentalité :

Château de Beauregard, 24 juillet 1853.

Mon très cher ami,

Nous sommes aujourd'hui le 24 juillet, et je vois avec peine que les engagements pris envers moi ne sont pas accomplis — quand j'ai doute, je blesse, il ne pas plus se douter — ; en fait, j'ai cru et je crois encore que c'est une erreur ; pourquoi me faire souffrir ? Si les choses doivent en être ainsi, j'aurais mieux fait de garder les six millions, au lieu de trois millions cinq cent mille francs qui devaient sur ma demande être payés au bout de l'année 1853, et c'était pour cela que j'ai prié l'Empereur de déchirer la première somme (deux millions cinq cent mille francs). Le cœur me saigne d'écrire ceci, et si mon contrat de mariage n'était pas fait comme il est, et si je n'avais pas un enfant je ne ferais cette démarche, qui est devenue un devoir. Je compte sur vous pour faire fin à tant de souffrance. Le cœur de l'Empereur est trop bon pour laisser une femme, qu'il a aimé (sic) tendrement, dans une fausse position — vous savez ma position, vous êtes mon tuteur, et c'est à ce double titre que je m'adresse à vous. Je me suis trompé (sic) l'autre jour en écrivant à Sa Majesté ; par une de ses lettres date mai, il dit : Je donnerai à Gile demain papier pour les trois millions cinq cent mille francs. Alors il né (sic) rien à faire que de calculer de 50o.000 francs depuis le 1er juin 1853 la rente, et 50.000 francs depuis janvier jusqu'à octobre. Je prie Dieu qu'il n'en soit pas plus question d'argent entre moi et lui que à tout un autre sentiment dans mon cœur. Je vous embrasse tendrement et vous aime de même.

Votre affectionnée

E.-H. DE BEAUREGARD.

Je vous en conjure ne laissez pas cette lettre, vous pouvez en faire lecture à Sa Majesté si vous jugez convenable, et brûlez là aussitôt après. J'ai vu Madame Mocquard lundi à 4 heures, elle était très souffrante l'autre jour[123].

 

Remercions l'ombre de M. Mocquard : il a gardé la lettre. On y a vu que Miss Howard avait fait, entre ces jongleries de millions, une fin honorable : elle s'était mariée. A la vérité, si, en 1853, le contrat de mariage était dressé, l'union n'avait pas encore reçu la consécration légale, puisqu'elle ne date que du 16 mai 1854[124], et qu'elle eut lieu à Florence. Il y a là une anomalie que je signale sans la pouvoir éclaircir. C'était un officier commissionné aux hussards autrichiens, un compatriote, Clarence Trelawnay, de Trelawnay, en Cheshire, et d'une vieille famille de Cornouailles, que l'Anglaise épousait[125]. Dès le ter avril 1853 un rapport de police notait : Le bruit circule qu'elle va se marier avec un Anglais et que l'Empereur va richement la doter[126]. Cette dot, on vient de voir avec quels ongles elle la défendait. Trelawnay n'en goûta pas longtemps lés douceurs. Miss Howard ne tarda pas à se séparer de lui, et, d'après Griscelli, retirée à Florence, elle se fît bâtir un splendide palais sur les bords de l'Arno[127]. Je n'en crois rien, puisque de 1852 à 1865 on ne la voit presque pas abandonner Beauregard. Mais ce qui est certain, c'est que, presque à la veille de sa mort, en février 1865, elle divorça d'avec son mari[128]. Ce militaire s'était peut-être, sur le tard, pris de scrupules[129].

Demeure la question des enfants. A la réalité, de l'aveu même de l'intéressée, en 1853, elle a un fils. Sa lettre à Mocquard, du 24 juillet 1853, ne souffre pas l'équivoque sur ce point. Cependant cette même année, on la crut enceinte. Extrait, à titre d'exemple, d'un rapport de police du 11 mars : On parle de l'état intéressant de miss Howard. Cette nouvelle aurait été donnée par le domestique du chat de cette célèbre Anglaise[130]. Éclairons sur-le-champ, par un autre rapport de police, du 18 mars, la religion du lecteur sur ce chat de miss Howard : Elle possède un matou, angora de race, qui casse la vaisselle et porte des rubans verts à la queue. L'heureux matou a son domestique... Le domestique est en livrée verte. Le chat et son serviteur sont des gages d'affection de l'absent qu'on regrette[131]. Et revenons au fils. Il était, à l'époque, de tradition courante, que Louis-Napoléon avait plusieurs enfants de la fille du brasseur. Louis Bonaparte a donné trois enfants à miss Howard[132]. C'est un pamphlet qui parle. Mais Odilon Barrot, lui-même, disait aussi que du Prince-Président l'Anglaise avait eu plusieurs enfants[133]. Cette pluralité doit donc être ramenée, une fois pour toutes, au singulier. Et, enfin, de ce singulier, Louis-Napoléon est-il responsable et doit-il endosser la paternité ? Une date va suffire pour répondre : le fils de miss Howard, Martin-Constantin, était né à Londres le 16 août 1842[134]. Or, à cette époque, depuis vingt-trois mois, Louis-Napoléon était enfermé à Ham. Aucune opinion, qu'elle soit de Galliffet ou d'un autre[135], ne prévaut contre cette date et cette constatation. Je fais en outre remarquer ceci : c'est que le fils de miss Howard avait pour prénom Martin. Or, le lecteur a vu, plus haut, qu'un major Francis-Monntjoye Martin avait été l'amant de l'Anglaise. En 1842, ce major vivait encore. Breveté colonel en 1858, retraité en 1863, il mourut à Londres, le 24 janvier 1874[136]. Ce nom n'apporte pas une preuve, à peine une hypothèse, mais ne doit-on pas en appeler à la déduction dans une histoire où les acteurs se sont ingéniés à tout brouiller, à tout obscurcir autour d'eux, et à dérober aux enquêtes posthumes ce qui pouvait livrer la clef de l'énigme que fut leur vie ?

En 1865, Martin-Constantin Howard avait vingt-trois ans. Ce fut le 25 janvier de cette année, que, par un décret impérial, Napoléon III le créa comte de Béchevet, du nom d'une ferme du domaine de Beauregard. Deux ans plus tard, le 29 janvier 1867, il se mariait, à Posen, avec Marie-Anne-Joséphine-Caroline de Csuz, de Csuz-Pastza-Szent-Mihaly, née au château de Czuz, près Comorn (Hongrie), en 1847[137]. C'était, à la fin du second Empire, une des plus jolies blondes de la haute société parisienne, et qui, généralement, passa pour être la maîtresse du général Galliffet[138]. De ce mariage naquirent deux filles et un fils, actuellement vivant encore[139]. Le comte de Béchevet demeura quelque temps attaché au Ministère des Affaires Étrangères et il mourut le 24 août 1907. Au petit cimetière campagnard du Chenay, il alla dormir, à l'ombre de cette modeste église, où, quarante-deux ans auparavant, l'absoute avait été donnée au cadavre de sa mère.

C'est là, en effet, que, le 23 août 1865, avaient eu lieu ses obsèques. Depuis douze ans, sous un nom mort aux échos mondains et aux scandales de la chronique, elle vivait à Beauregard, belle encore malgré l'embonpoint venu[140], remâchant les grands souvenirs de naguère, évoquant les heures où l'avenir souriait à elle des plus radieuses promesses, rachetant par des aumônes abondantes[141], ce que, dans sa vie, elle avait à expier d'impudiques péchés. Le cheveu légèrement grisonnant, — ne dépassait-elle pas à peine, la quarantaine ? — elle promenait par son beau parc, au long des eaux vives de ses bassins et sous les charmilles taillées du jardin français, un lourd passé auquel le présent ajoutait sa pointe d'amertume. Sans doute, son sort avait été splendide et unique, à elle, l'ancienne fast-woman de Hay-Market, la raccrocheuse de Hyde-Park, qui, maintenant remuait des millions, mais à son destin était-ce tout ce qu'elle avait demandé ? Dans sa vie n'avait-elle pas eu une heure où elle pouvait se croire touchant à la toute-puissance ? De cette France, dont elle ignorait la langue, dans le monde de laquelle elle était une intruse[142], elle connaissait assez l'histoire pour savoir ce qu'y avaient été les Pompadour et les Dubarry. Ne s'y pouvait-elle pas croire quelques droits, à ce rôle de favorite, de maîtresse ? N'avait-elle pas été des jours malheureux de l'exil, des premières bagarres, des naissantes hostilités ? Et l'argent ? N'était-ce point elle qui l'avait fourni, dispensatrice des fonds de cette bataille couronnée par une aussi éclatante victoire ? Et une autre était venue, — ah ! et étrangère, elle aussi, pourtant ! — qui, de tant d'efforts et de tant de sacrifices, n'avait eu à recueillir, par un sourire, que le cher bénéfice. N'était-ce point à désespérer de la justice humaine ? La justice divine, elle ne l'accusait pas, la Madeleine repentie, enrichie et rentée. Des austères pratiques du culte protestant, des froides consolations du rite dans lequel elle était née, elle se tournait maintenant vers la pompe catholique, et en elle s'éveillait l'ardeur d'une foi à laquelle elle demandait son pardon. Le curé de Chesnay, près Versailles, était là, qui la venait visiter. A cette amertume blessée et errante parmi les boulingrins du parc, il dut parler du refuge offert aux âmes meurtries par les batailles de ce monde. Et, elle, elle s'abandonnait, malade déjà, amollie par la tristesse de la solitude. Brusquement, le doigt de la mort la toucha[143]. Autour d'elle ce fut un effarement. Quoi ? Mme la comtesse de Beauregard se mourait ? Elle était morte. Morte baptisée, conquise à l'Église, à un Dieu nouveau. La fille du brasseur avait abjuré le protestantisme[144]. Les prières catholiques tombèrent sur les planches de son cercueil, qu'un paquebot transporta en Angleterre où la terre de ses pères la reçut[145]. D'elle il ne demeura en France, dans l'Empire, que le beau château de sa fin solitaire, et sur un registre de mairie de campagne son laconique et sec acte de décès :

L'an mil huit cent soixante-cinq, le dix-neuf août, est décédée au château de Beauregard, commune de la Celle-Saint-Cloud, Elisabeth-Anne Haryett, propriétaire, âgée de quarante et un ans, née en Angleterre, épouse de Clarence Trelawny[146]...

 

Cette fin brusque, et qui ne fit point grand bruit, — le cercle du caillou jeté au fleuve s'élargit et se fond bien vite, — a fourni, naturellement, un thème aux broderies des pamphlétaires. Il paraît admis qu'une maîtresse d'Empereur n'a pas le droit de mourir naturellement. Il paraît, de même, que le droit existe aussi d'imaginer là-dessus les contes les plus étonnants. A preuve :

Quelques jours après une représentation aux Italiens, pendant laquelle l'Anglaise, couverte de diamants, placée dans une loge de face, s'était amusée à lorgner la femme qui lui avait volé son Poléon, miss Howard disparut subitement. Cette disparition extraordinaire ne fut pas le fait de la police, aussi ne dirai-je rien des bruits incroyables qui coururent à ce sujet. J'incline vers la version qui affirme que miss Howard fut étranglée. Diverses circonstances m'engagent à y ajouter foi. J'espère qu'un jour le voile qui couvre cet acte odieux sera déchiré[147]...

 

Confessons que, déjà en 1865, ce voile était bien rapiécé.

Beauregard alla en' héritage au fils de miss Howard, au comte de Béchevet. Cinq ans il demeura propriétaire du beau château quand, pressé par des besoins d'argent impérieux, il fut forcé de s'en défaire. Le 25 janvier 1870, contre une soulte de 784.000 francs, il vendait Beauregard et ses dépendances, à Mme Adelaïde-Louise-Adrienne Leroux, fille d'un agent de change, épouse, depuis 1849, du duc de Beauffremont, dont elle s'était séparée en 1851. La guerre éclatée, le château demeura vide. Les Allemands le vinrent occuper en septembre 1870[148]. La botte prussienne sonna sur ces parquets où glissait au crépuscule le fantôme évanoui de l'Égérie anglaise.

Mme de Beauffremont, ruinée, n'eut jamais l'occasion d'habiter Beauregard. Le 20 septembre 1871, le château était saisi, et, en février 1872, le mobilier était dispersé à l'Hôtel Drouot[149]. Les créanciers tentaient, inutilement, le 2 mai suivant, de mettre le domaine en vente, par le ministère de Mes Pousset et Vallée, à Versailles, à l'audience publique des criées du tribunal civil. La mise à prix était alors de 1.200.000 francs[150]. Il fallut rabattre de ces prétentions, et, le 27 juin 1872, pour la somme de 850.000 francs, Beauregard passait au baron Maurice de Hirsch[151], et, à sa mort, au baron Desforêts[152].

Ainsi qu'elle a commencé, la légende de miss Howard s'achève par la question argent. A remuer les sommiers des notaires, la poussière des greffes des tribunaux civils, les liasses des papiers des commissaires-priseurs, à l'improviste, c'est son nom qu'on voit surgir avec ses syllabes nettes et précises, comme une échéance.

 

 

 



[1] Communication de H. Goudchaux. — Notes and Queries, 25 novembre 1911.

[2] Communication de John Lane, de Londres.

[3] Tit Bits, 15 février 1908, p. 534.

[4] F. H. CHEETHAM, Louis-Napoleon and the genesis of the Second Empire, beeing a life of the emperor Napoléon III to the lime of his election to the presidency of the french republic ; London, New-York, MCMIX, in-8°, p. 235.

[5] LÉONCE DE BROTONNE, Les Bonaparte et leurs alliances... ; p. 106.

[6] M. FRAVATON, Le Château de Beauregard, dans La Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, février 1910, p. 34.

[7] Je dois cette pièce inédite et d'une importance sur laquelle je n'insiste pas, aux obligeantes recherches qu'a bien voulu faire pour moi un des meilleurs historiens du dix-huitième siècle en Angleterre, M. Horace Blackley, de Hersam-en-Surrey.

[8] H. FRAVANTON, Le Château de Beauregard, dans La Revue de l'histoire de Versailles... ; p. 43.

[9] G.-M. [MONTORGUEIL], Souvenirs et légende, dans L'Eclair, 27 août 1907.

[10] JOHN HOWARD, Etat des prisons, des hôpitaux et des maisons de force, traduit de l'anglais ; Paris, 1788, 2 vol. in-8°.

[11] Journal du lieutenant Woodberry ; campagne de Portugal et d'Espagne ; de France, de Belgique et de France (1813-1815) ; traduit de l'anglais par Georges Hélie ; Paris, 1896, in-18, p. 316.

[12] Inscriptions gravées sur les monuments érigés à Waterloo et sur le champ de bataille en mémoire du 18 juin 1815 ; Bruxelles, 1844, in-8°, p. 11.

[13] ÉDOUARD DRUMONT, La France juive ; essai d'histoire contemporaine ; Paris, s. d., in-18, t. II, pp. 506 et suivantes.

[14] ERNEST DAUDET, Une vie d'ambassadrice au siècle dernier ; la princesse de Liéven ; Paris, 1903, in-8°, p. 177.

[15] Souvenirs du général comte Fleury... ; t. I, p. 205.

[16] Madame Napoléon ; Bruxelles, Londres, France ; 1871, in-8°, p. 12.

[17] PIERRE VÉSINIER, Les Amours secrètes de Napoléon ; pp. 104 et suivantes.

[18] De sa propre autorité, Victor Vendex, dans L'Empereur s'amuse... ; p. 32, confère à ce Sampaïo, le grade de capitaine au long cours.

[19] Comte FLEURY et LOUIS SONOLET, La Société du second Empire, d'après les Mémoires contemporains et des documents nouveaux ; Paris, s. d., in-8°, p. 10.

[20] F. H. CHEETHAM, Louis-Napoleon and the genesis of the Second Empire... ; p. 235.

[21] Souvenirs du général comte Fleury... ; t. I, pp. 204-205.

[22] [HIPPOLYTE MAGEN], Les Deux Cours et les Nuits de Saint-Cloud... ; p. 67.

[23] F. H. CHEETHAM, Louis-Napoleon and the genesis of the Second Empire... ; p. 235.

[24] Communication de M. John Lane, de Londres.

[25] LE PETIT HOMME ROUGE, The Court of the Tuileries... ; p. 182.

[26] Mystères politiques révélés ; s. l., s. d., in-8°, p. 13.

[27] M. FRAVATON, Le Château de Beauregard, dans La Revue de l'histoire de Versailles... ; p. 34.

[28] F. H. CHEETHAM, Louis-Napoleon and the genesis of the Second Empire... ; p. 235.

[29] ANDRÉ LEBEY, Louis-Napoléon Bonaparte et la Révolution de 1848... ; t. I, p. 146.

[30] PIERRE VÉSINIER, Les Amours secrètes de Napoléon III... ; p. 47.

[31] [HIPPOLYTE MAGEN], Les Deux Cours et les Nuits de Saint-Cloud... ; p. 68.

[32] L. N. Badinguet aux enfers ; Bruxelles, 1873, in-8°, p. 5.

[33] Souvenirs du général comte Fleury... ; p. 206.

[34] LE PETIT HOMME ROUGE, The Court of the Tuileries... ; p. 183. — D'après une communication de M. Frédéric Boase (Notes and Queries, 25 novembre 1911, p. 432), cette avance aurait été de un million !

[35] La Boulonnaise, journal politique et littéraire des cantons de Boulogne, Samer, Devres et Marquise, 12 août 1840.

[36] PIERRE VÉSINIER, Les Amours secrètes de Napoléon III... ; p. 81.

[37] PIERRE HACHET-SOUPLET, Louis-Napoléon prisonnier au fort de Ham... ; p. 87.

[38] PIERRE VÉSINIER, Les Amours secrètes de Napoléon III... ; p. 92.

[39] Mémoires de Griscelli de Vezzani, dit le baron de Rimini, ex-agent secret de Napoléon, Cavour, Antonelli, François II et de l'Autriche ; Bruxelles, s. d. [1871], in-18, p. 150. — La première édition de ce libelle a été faite à Londres, 1857, in-16. Il a été condamné à la destruction par arrêt du tribunal correctionnel de Lille, le 6 mai 1868. Cf. FERNAND DRUJON, Catalogue des ouvrages, écrits et dessins de toute nature, poursuivis, supprimés ou condamnés depuis le 21 octobre 1874 jusqu'au 31 juillet 1877 ; édition entièrement nouvelle, considérablement augmentée, suivie de la table des noms d'auteurs et d'éditeurs, et accompagnée de notes bibliographiques et analytiques ; Paris, 1878, in-8°, p. 247. — Griscelli, dont l'existence a été niée, était né à Vezzani (Corse), le 15 février 1811. De 1841 à 1845, il fut condamné quatre fois pour escroquerie et vol. Il subit deux autres condamnations en 1861 et 1885. Cf. Intermédiaire des chercheurs et curieux, n° 1134, 30 décembre 1906, col. 978, et n° 1142, 20 mars 1907, col. 412-413. — Son affirmation relative au chiffre des sommes avancées par miss Howard est rejetée par M. FRÉDÉRIC BOASE, Notes and Queries, 25 novembre 1911, p. 432.

[40] Tit-Bits, 15 février 1908, p. 534.

[41] Papiers et correspondance de la famille impériale... ; t. I, pp. 189, 192.

[42] Cf. sur cette élection ROBERT-PIMENTA, La Propagande bonapartiste en 1848 ; Paris, 1911, in-8°.

[43] L'hôtel du Rhin existe, aujourd'hui encore, aux n° 4 et 6, de la place Vendôme. En novembre 1848, le Prince écrivait à Émile de Girardin : Vous me feriez grand plaisir d'insérer dans votre journal que j'ai pris la résolution de louer une maison près de Paris afin d'éviter la quantité de visites qui m'obsède et les attroupements qui, depuis trois jours, remplissent la place Vendôme, que, par conséquent, je ne recevrai plus comme par le passé... Catalogue d'autographes de la librairie Victor Lemasle ; n° 123 [février 1913], pièce n° 13035, offerte à 15 francs.

[44] LE PETIT HOMME ROUGE, The Court of the Tuileries... ; p. 185.

[45] Mystères politiques dévoilés... ; p. 13.

[46] Mémoires de Griscelli... ; p. 150.

[47] Mémoires du docteur Thomas W. Evans... ; p. 3.

[48] Mémoires du docteur Thomas W. Evans... ; pp. 3, 4.

[49] UN ANCIEN FONCTIONNAIRE, Histoire anecdotique du second Empire... ; p. 66.

[50] Mémoires du docteur Thomas W. Evans... ; p. 3.

[51] ANDRÉ LEBEY, Louis-Napoléon Bonaparte et le Ministère Odilon Barrot ; 1849 ; Paris, 1912, in-8°, p. 34.

[52] Journal du maréchal de Castellane ; 1847-1853 ; Paris, 1896, in-8°, t. IV, p. 161.

[53] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. II, p. 79. — A la date du 6 septembre 1859, Viel-Castel, V, p. 181, se répète, et écrit : Mocquard, ancien aide-maquereau de l'Empereur ; c'est lui qui promenait Mme Howard.

[54] Journal du maréchal de Castellane... ; t. IV, p. 194.

[55] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. II, p. 224.

[56] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. II, pp. 110, 111.

[57] Il sera parlé plus loin, en détail, du comte Baciocchi. Cf. livre II, chap. I.

[58] Mémoires posthumes de Odilon Barrot ; Paris, 1876, in-8°, t. III, pp. 36i, 362, 363.

[59] Général DE RICARD, Autour des Bonaparte... ; pp. 220 à 225.

[60] ANDRÉ LEBEY, Louis-Napoléon Bonaparte et la Révolution de 1848... ; t. II, p. 33.

[61] [Sir RICHARD WALLACE], Un Anglais à Paris... ; t. II, pp. 13, 14.

[62] H. THIRRIA, Napoléon III avant l'Empire... ; t. II, p. 119.

[63] H. THIRRIA, Napoléon III avant l'Empire... ; t. II, p. 283.

[64] Souvenirs de la baronne du Montet... ; p. 478.

[65] HIPPOLYTE MAGEN, Histoire satyrique et véritable du mariage de César avec la belle Eugénie de Gusman ou la femme de César ; Londres, 1871, in-8°, p. 6.

[66] Cité par H. THIRRIA, Napoléon III avant l'Empire... ; t. II, p. 42.

[67] Le Peuple, 18 mai 1849, cité par H. THIRRIA, Napoléon III avant l'Empire... ; t. II, p. 77.

[68] HIPPOLYTE MAGEN, Les Deux Cours et les Nuits de Saint-Cloud... ; p. 66.

[69] Histoire contemporaine ; le Ménage impérial ; Lui et elle en apparence et en réalité ; leur vie publique et leur vie privée ; leurs mœurs, leur cour, leur entourage, leur politique ; leurs intrigues, les mystères des Tuileries, de Saint-Cloud et de Compiègne dévoilés ; Bruxelles, 1871, in-8°, p. 49.

[70] HIPPOLYTE MAGEN, Les Deux Cours et les Nuits de Saint-Cloud... ; p. 78.

[71] Le citoyen VINDEX, Le sieur Louis-Bonaparte, sa vie et ses crimes... ; p. 10.

[72] VICTOR HUGO, Napoléon le Petit ; Paris, s. d., édit. Ne varietur, in-18. chap. VI, liv. I, p. 21.

[73] L'Elysée et le Massacre du Deux Décembre, à la suite de VICTOR HUGO, Les Châtiments ; Stockholm, 1871, in-18, p. 320.

[74] FRÉDÉRIC LOLIÉE, La Vie d'une impératrice... ; p. 46. — Ce texte est à rapprocher de celui d'un libelle : Ce fut peut-être le temps de sa vie où il s'amusa le plus. — Mémoires secrets du second Empire ; Bruxelles, s. d. [1871], in-8°, p. to.

[75] La Révolution démocratique et sociale, 19 février 1849 ; cité par H. THIRRIA, Napoléon III avant l'Empire... ; t. II, p. 40.

[76] Cf. par H. THIRRIA, Napoléon III avant l'Empire... ; t. II, p. 39.

[77] UN ANCIEN FONCTIONNAIRE, Histoire anecdotique du second Empire... ; p. 165.

[78] HIPPOLYTE MAGEN, Les Deux Cours et les Nuits de Saint-Cloud... ; p. 72.

[79] Mémoires secrets du second Empire..., p. 12.

[80] P.-J. PROUDHON, Napoléon III ; manuscrits inédits publiés par Clément Rochel ; Paris, 1900, in-8°, p. 304.

[81] Mémoires secrets du second Empire... ; p. 10.

[82] L. STELLI, Les Nuits et le Mariage de César... ; pp. 61, 62.

[83] Mémoires anecdotiques sur les salons du second Empire ; Journal du docteur Prosper Menière, publié par son fils le docteur E. Menière ; Paris, 1903, in-8°, p. 24.

[84] L. STELLI, Les Nuits et le Mariage de César... ; pp. 40, 41.

[85] Vicomte DE BEAUMONT-VASSY, Mémoires secrets du XIXe siècle... ; p. 360.

[86] L. STELLI, Les Nuits et le Mariage de César... ; pp. 39, 40.

[87] MADELEINE-ÉMILIE BROHAN, née à Paris le 21 octobre 1833, engagée à la Comédie-Française le 1er septembre 1850, débute le 15 octobre suivant ; sociétaire le 1er janvier 1852, épouse le 7 juin 1853 Mario Uchard, passe en Russie en 1855, se retire le 1er mai 1885, morte à Paris, 214, rue de Rivoli, le 24 février 1909, inhumée au cimetière de Fresnes-lés-Rungis. — GEORGES MONVAL, archiviste du Théâtre-Français, Liste alphabétique des sociétaires depuis Molière jusqu'à nos jours ; Paris, 1900, in-8°, pp. 17, 120.

[88] HIPPOLYTE MAGEN, Les Deux Cours et les Nuits de Saint-Cloud... ; p. 79. — La belle et séduisante tragédienne (sic !) ne vendait pas ses faveurs. Aucun prix ne put les acheter ; sa dignité tint bon. César en fut pour ses frais d'avances et dut se résoudre à dévorer en secret la honte de sa défaite et le remords de sa mauvaise intention. — VICTOR VENDEX, L'Empereur s'amuse... ; p. 94.

[89] De Londres, le 28 juillet 1845, le prince écrivait à son ancien précepteur, M. Vieillard : J'ai vu Rachel et j'en ai été enchanté. C'est la première fois que j'entends la tragédie française. — GEORGES DUVAL, Napoléon III... ; pp. 3g5, 306.

[90] ARSÈNE HOUSSAYE, Les Confessions... ; t. II, p. 359.

[91] VICTOR HUGO, Les Châtiments ; Paris, s. d., édit. Ne varietur ; in-18, livre III, X, p. 135.

[92] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. II, p. 96.

[93] La princesse Mathilde prétend que lady Douglas couche avec le Président ; il faut avouer que tout le donne à penser. — Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. II, pp. 31-32.

[94] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. II, pp. 31, 32.

[95] Les années 1850 et 1851 ont été celles où les favorites de théâtre ont régné le plus sur le prince-président, sans gouverner, bien entendu. Vicomte DE BEAUMONT-VASSY, Mémoires secrets du XIXe siècle... ; p. 360.

[96] GEORGES DUVAL, Napoléon III... ; p. 290.

[97] Un des jours de la semaine dernière, cet illustre personnage visitait les Tuileries avec son Anglaise, une ex-écaillère avec laquelle il a eu trois enfants. Dans la certitude d'être élu (empereur), il fixait déjà la destination que devait avoir chaque appartement. Il assignait celui de l'ex-reine Amélie à la belle Anglaise, qui, dit-on, va devenir souveraine de la main gauche, et le pavillon Marsan aux trois enfants de cette miss, qui n'est encore qu'à moitié lady. — Madame Napoléon... ; p. 12.

[98] Souvenirs du général comte Fleury... ; t. I, p. 208.

[99] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. II, p. 125.

[100] Mémoires du docteur Thomas W. Evans... ; p. 4.

[101] Comtesse STÉPHANIE DE TASCHER DE LA PAGERIE, Mon séjour aux Tuileries... ; t. I, p. 26.

[102] Communication de M. F. A. W. — Notes and Queries, 25 novembre 1911, p. 430.

[103] HIPPOLYTE MAGEN, Les Deux Cours et les Nuits de Saint-Cloud... ; p. 69.

[104] Mystères politiques révélés... ; p. 14.

[105] Mémoires de Griscelli... ; pp. 159-151 ; et Mystères politiques dévoilés... ; 14.

[106] CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 77.

[107] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. II, p. 162.

[108] L. STELLI, Les Nuits et le Mariage de César... ; p. 81.

[109] CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 119.

[110] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. II, p. 162.

[111] Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. II, p. 162.

[112] Rapport de police du 21 septembre 1853 : L'ancienne maîtresse a des caprices fort chers et, tout récemment, il a fallu consentir à lui donner 150.000 francs que M. Mocquard a jugé indispensables pour la faire rester un peu tranquille. — CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 126.

[113] Reproduit par la Gazette des Tribunaux, 7 août 1851.

[114] Le 6 août 1851, Le Siècle, en la personne de son gérant et de l'auteur de l'article, Louis Jourdan, fut poursuivi devant la Cour d'assises de la Seine pour cet article qualifié de publication faite de mauvaise foi d'une fausse nouvelle. Le gérant du Siècle fut condamné à trois mois de prison et à 2.500 francs d'amende, et l'auteur de l'article à deux mois de prison et à 500 fr. d'amende. Cf. Gazette des Tribunaux, 7 août 1851.

[115] CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 76.

[116] Papiers et correspondance de la famille impériale... ; t. II, p. 157.

[117] M. FRAVATON, Le Château de Beauregard, dans La Revue de l'histoire de Versailles... ; p. 21.

[118] M. FRAVATON, Le Château de Beauregard, dans La Revue de l'histoire de Versailles... ; p. 38.

[119] L'Empereur avait, d'abord, écrit, entre parenthèses : Howard. Il raya le mot.

[120] Papiers et correspondance de la famille impériale... ; t. II, pp. 158, 159.

[121] Papiers et correspondance de la famille impériale... ; t. II, p. 158.

[122] MARIE COLOMBIER, Mémoires ; Fin d'Empire ; préface d'Armand Silvestre ; Paris, s. d. [1888], in-18, p. 98. — Sur le marquis de Rouville, que Viel-Castel appela maquereau, cf. Mémoires du comte Horace de Viel-Castel... ; t. VI, pp. 260, 261.

[123] Papiers et correspondance de la famille impériale... ; t. II, pp. 159, 160.

[124] LE PETIT HOMME ROUGE, The Court of the Tuileries... ; p. 192 ; LÉONCE DE BROTONNE, Les Bonaparte et leurs alliances... ; p. 106.

[125] F. H. CHEETHAM, Louis-Napoléon and the genesis of the second Empire... ; p. 235. — C'était un Trelawnay, que ce fameux évêque de Winchester qui, sous Jacques II, fut enfermé à la Tour de Londres pour crime de libelles.

[126] CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 78.

[127] Mémoires de Griscelli... ; p. 152.

[128] LE PETIT HOMME ROUGE, The Court of the Tuileries... ; p. 192.

[129] Sur Trelawnay on trouve ce renseignement dans de récents mémoires anglais : Clarence Trelawnay was a friend of mine, and the poor fellow came to a sad end. After his coife's death he married an american lady, but unfortunatchy he got into debs. He appealed to his relations, who mœre very wealthy but apparently equally man, for they refused to lend him the £ 400 he asked for, and driven deseperate by worry the bien ont his bains. — Countess of Cardignan, My recollections ; London, 1909, in-8°, pp. 104-105.

[130] CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 69.

[131] CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 77.

[132] L. STELLI, Les Nuits et le Mariage de César... ; p. 81.

[133] Mémoires posthumes de Odilon Barrot... ; t. III, p. 361.

[134] LÉONCE DE BROTONNE, Les Bonaparte et leurs alliances... ; p. 106.

[135] A propos des prétendus enfants de miss Howard, M. Charles Nauroy, le très savant auteur des Secrets des Bonaparte, me fait l'honneur de m'écrire : Les quatre enfants de miss Howard paraissent bien se réduire à un, car je n'ai jamais trouvé depuis trace des trois autres. Si vous avez la preuve que Béchevet est né en 1842, je n'ai rien à dire, mais il a toujours passé pour le fils de Napoléon III. Telle était l'opinion accréditée au ministère des Affaires étrangères, auquel il fut attaché ; telle était aussi l'opinion de Magnard, l'ami de Galliffet, qui me l'a donnée pour être celle de Galliffet.

[136] LE PETIT HOMME ROUGE, The Court of the Tuileries... ; p. 172.

[137] LÉONCE DE BROTONNE, Les Bonaparte et leurs alliances... ; p. 106.

[138] CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 43.

[139] E. H. CHEETHAM, Louis-Napoleon and the genesis of the second Empire... ; p. 235.

[140] Indépendance belge, 22 août 1865, citée par CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 40.

[141] Indépendance belge, 22 août 1865, citée par CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 39.

[142] Si elle eût été Française, plus familiarisée dès lors avec notre langue, et si, au lieu d'être une courtisane, elle eût été, tant soit peu, du monde, l'histoire aurait peut-être le regret d'enregistrer aujourd'hui le règne d'une nouvelle Pompadour. — Souvenirs du général comte Fleury... ; t. I, p. 205.

[143] Lady Howard qui, il y a huit jours à peine, se promenait encore dans sa voiture, ayant l'air d'être en parfaite santé, est morte, sinon subitement, tout au moins très rapidement. Elle a succombé à une affection qu'elle soignait depuis plusieurs mois déjà, mais qui n'inspirait d'inquiétudes à personne. — Indépendance belge, 22 août 1865, citée par CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 39.

[144] Le Temps, 24 août 1865, cité par CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 40.

[145] Le Temps, 24 août 1865, cité par CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 40.

[146] Cité par CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 39.

[147] Mémoires de Griscelli... ; pp. 152, 153 ; Vicomte DE BEAUMONT-VASSY, Mémoires secrets du XIXe siècle... ; p. 371. — C'est, évidemment, du récit de Griscelli que se sont servis les fabricants des Mémoires de Monsieur Claude, en lui faisant raconter, à peu près de la même manière, la disparition de miss Howard. Toutefois, ils ont cru nécessaire de lui faire ajouter : Elle fut enlevée pendant une nuit et conduite à la frontière. On n'entendit plus parler d'elle ; elle fut étouffée, dit-on, dans son lit. — Mémoires de Monsieur Claude, chef de la police de sûreté sous le Second Empire ; Paris, s. d., in-8°, t. I, p. 198.

[148] M. FRAVATON, Le Château de Beauregard, dans la Revue de l'histoire de Versailles... ; février 1910, p. 44.

[149] Le Figaro, 28 février 1872, cité par CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 40.

[150] CHARLES NAUROY, Les Secrets des Bonaparte... ; p. 41.

[151] Le magnifique domaine de Beauregard, à Rocquencourt, qui avait coûté, il y a vingt ans, près de cinq millions à la célèbre miss Harriett Howard, vient de tomber dans les mains d'un financier prussien (belge, quand il est en France), le baron de Hirsch. Il l'a payé d'une infiniment petite partie des énormes bénéfices qu'il a réalisés sur les chemins de ter turcs. La mise à prix était de 800.000 francs. L'adjudication a été prononcée sur une seule enchère de 100 francs. — Paris-Journal, 30 juin 1872. — Il y a, aujourd'hui, à Beauregard, un haras Rothschild, et le haras de Bélebat qui appartient à M. Edmond Blanc.

[152] M. FRAVATON, Le Château de Beauregard, dans la Revue de l'histoire de Versailles... ; février 1910, p. 45.