HISTOIRE DE LA DÉMOCRATIE ATHÉNIENNE

 

CHAPITRE XIX.

 

 

Socrate devant ses juges. - Sa défense. - Apologies publiées par ses disciples. - Il est condamné.

 

Le jour du jugement approchait, et Socrate, poursuivant ses paisibles études, s'occupait, dans ses entretiens avec ses amis, de toute autre chose que de son procès. Vous devriez bien, lui dit Hermogène, songer à votre défense. — Quoi ! il ne vous semble pas que je m'en sois occupé toute ma vie ?Et comment ?En m'appliquant sans cesse à considérer ce qui est juste ou injuste, à pratiquer la justice et à fuir l'iniquité. Socrate ajoutait que plusieurs fois il avait essayé de préparer son apologie, pour la prononcer devant ses juges ; mais son génie s'y était toujours opposé. C'était une preuve que les dieux avaient jugé qu'il lui était avantageux de mourir. En effet, il avait été heureux jusqu'à ce jour, parce qu'il avait toujours cherché à se rendre meilleur ; et maintenant, en mourant à propos, dans toute sa force et dans toute sa vertu, il échappait aux inconvénients de la vieillesse ; il s'assurait une gloire immortelle, et laissait l'opprobre pour châtiment à ses accusateurs[1].

Un des plus célèbres orateurs de ce temps, Lysias, apporta à Socrate une harangue qu'il avait écrite avec soin, l'engageant, s'il la trouvait bonne, à l'apprendre par cœur et à en user pour sa défense. Le philosophe la lut avec plaisir, et dit à l'auteur : Si vous m'aviez apporté une chaussure de Sicyone très-élégante et faite pour mon pied, je refuserais de m'en servir, parce qu'une telle chaussure ne convient point à un homme. Et il ajouta que la harangue était habilement faite et bonne pour un orateur, mais que ce n'était pas là un discours viril[2].

Socrate avait donc à peine pensé à sa défense, lorsqu'il parut devant ses juges. Ses ennemis, au contraire, étaient armés de toutes pièces. Non-seulement ils avaient préparé leurs discours, mais ils avaient réuni un grand nombre de témoins ; ils en avaient même suborné plusieurs, si l'on en croit Xénophon[3]. Ils avaient soulevé l'opinion, et ils avaient derrière eux ce peuple auquel il est toujours facile de faire croire que le salut public exige quelque grande victime. L'accusation fut longuement développée. Comment Socrate la réfuta-t-il ? C'est ce que nous ne pouvons savoir exactement. Ses paroles n'ont point été recueillies telles qu'il les a prononcées, et il n'est pas possible de les dégager complètement de ce que ses disciples y ont ajouté. Les apologies de Platon et de Xénophon ont été écrites après la mort du philosophe : elles avaient pour but, non de sauver sa vie devant le peuple, mais de réhabiliter sa mémoire devant la postérité.

Ce qu'il est permis d'affirmer, c'est que Socrate a mis dans sa défense ce qui lui avait paru manquer au plaidoyer de Lysias, la franchise et l'énergie. Il s'est bien gardé de toute précaution oratoire ; il n'a rien caché, rien déguisé, quoiqu'il n'ignorât point que ce qu'il disait ne faisait qu'envenimer la plaie[4]. Cité en justice, dit Cicéron, sous le poids d'une accusation capitale, Socrate ne se présenta point en suppliant ni en accusé, mais il parla aux juges comme s'il était leur précepteur et leur maître[5].

Platon et Xénophon ne sont point d'accord sur les arguments qu'employa Socrate pour repousser l'accusation d'impiétés Selon Platon, il se contenta de prouver qu'il reconnaissait des dieux qu'il n'était point athée[6]. Selon Xénophon il prétendit qu'il n'avait jamais porté la moindre atteinte à la religion nationale. M'a-ton vu, dit-il, déserteur du culte de Jupiter, de Junon, des dieux et des déesses, sacrifier à des divinités nouvelles ? Ai-je, dans mes serments, dans mes discours, nommé d'autres dieux que les vôtres ?... Mélitus lui-même ne m'a-t-il pas vu prendre part à toutes les fêtes et sacrifier sur les autels publics ?[7]... Xénophon dit que Socrate sacrifiait, selon le rit établi, non-seulement en public, mais dans l'intérieur de sa maison[8].

Quand Mélitus accusait le philosophe de nier l'existence des dieux du pays et de leur substituer des divinités nouvelles, il faisait allusion à ce que Socrate appelait son génie, son démon, cette voix intérieure qui lui avait parlé dés son enfance. Est-ce donc, disait-il, introduire de nouvelles divinités que de dire que la voix de Dieu retentit à mon oreille et dirige mes actions ?[9] Et il ajoutait que la divination était consacrée par la religion. Tous les jours on consultait l'état du ciel et le bruit du tonnerre, le vol ou le chant des oiseaux, les entrailles des victimes ; or, té que d'autres demandaient aux objets extérieurs, Socrate le cherchait en lui-même ; par là n'était-il pas plus religieux que ceux qui attribuaient aux choses matérielles la puissance de révéler la volonté divine ? On pouvait d'ailleurs soutenir que la croyance aux génies particuliers n'était pas contraire aux traditions du paganisme, C'est ce qu'attestent ces vers de Ménandre cités par Plutarque :

Un bon génie s'attache à chaque homme qui vient au monde, pour guider ses pas et l'initier à la vie[10].

Mais il y avait une question plus haute à résoudre : les idées de Socrate et l'esprit généra) de son enseignement étaient-ils conformes à la religion de l'État ? Il est permis de douter de l'orthodoxie païenne et de la ferveur pratique que Xénophon a attribuées à son maitre. Je ne crois même pas que Socrate ait cherché à se donner ce mérite devant ses juges. Sur ce point, l'apologie de Platon me semble plus près de la vérité. Socrate ne répond point au texte littéral de l'accusation, qui lui reprochait de ne point croire à la religion établie ; il emploie les ressources de sa dialectique à amener Mélitus sur un autre terrain, et il prouve seulement qu'il reconnaît la puissance divine. C'est en ce sens qu'il soutient qu'il est plus religieux que ses accusateurs.

Il y a un dialogue de Platon qui me paraît révéler, mieux encore que l'Apologie, les idées de Socrate en matière de morale et de religion, c'est l'Euthyphron. La date de ce dialogue se place précisément entre l'accusation et le jugement. Le devin Euthyphron, qui représente la théologie positive de son temps, essaye de fonder la morale sur les fables du paganisme. Comme il rappelle les croyances vulgaires sur Saturne et Jupiter, c'est là, dit Socrate, ce qui me fait appeler en justice aujourd'hui, parce que, quand on me fait de ces contes sur les dieux, je ne les reçois qu'avec peine. Euthyphron s'engage à tout expliquer. Eh quoi ! dit Socrate, tu crois sérieusement qu'entre les dieux il y a des querelles, des haines, des combats, et tout ce que les poètes et les peintres nous représentent dans leurs poésies et dans leurs tableaux, ce qu'on étale partout dans nos temples, et dont on bigarre ce voile mystérieux qu'on porte en procession à l'Acropole, pendant les grandes panathénées[11].

Après avoir fait ces aveux, Socrate établit que la vérité morale est par elle-même sainte et sacrée. Il va plus loin : il prouve que l'unité de la morale est incompatible avec une religion qui reconnaît plusieurs dieux. En effet, si le bien ou le saint est ce qui plaît aux dieux, ces dieux étant divers et souvent en guerre entre eux, il en résulte qu'on ne peut plaire à l'un sans déplaire à l'autre, et qu'il n'y a plus de règle fixe pour les actions humaines[12]. En raisonnant ainsi, Socrate s'élevait, de toute la hauteur de son génie, au-dessus des religions antiques ; mais, dans le cercle étroit de la loi athénienne, il donnait raison à Mélitus.

La gloire de Socrate fut de se montrer devant ses juges tel qu'il était dans ses entretiens particuliers. II dut déclarer au tribunal, comme le dit Platon, que s'il était renvoyé absous à condition de ne plus philosopher, il aimerait mieux mille fois la mort. Ô Athéniens ! je vous honore et je vous aime, mais j'obéirai plutôt au dieu qu'à vous[13] ; et il ajoute que tant qu'il lui restera un souffle de vie, il ne cessera de s'appliquer à la philosophie, et d'enseigner à tous la sagesse et la vérité. Il ne lui est pas plus permis de quitter son poste dans Athènes, qu'il ne lui était permis de lâcher pied devant l'ennemi à Délium ou à Potidée.

Ces fières paroles qui, après vingt-deux siècles, nous font encore tressaillir d'admiration, excitaient les murmures et la colère des héliastes, Mais Socrate ne ressemblait point aux accusés vulgaires ; ce qui le préoccupait le moins, c'était l'issue de son procès : Ô Athéniens ! disait-il, soyez persuadés que si vous me faites mourir, vous vous ferez plus de mal qu'à moi. En effet, ni Anytus, ni Mélitus, ne peuvent me faire aucun mal. Peut-être me feront-ils condamner à la mort ou à l'exil, ou à la perte de mes droits de citoyen, et Anytus et les autres prennent sans doute cela pour de très-grands maux ; mais moi je ne suis pas de leur avis : à mon sens, le plus grand de tous les maux, c'est ce qu'Anytus fait aujourd'hui, d'entreprendre de faire punir un innocent.

Peut-être Socrate ajoutait-il quelques-unes de ces paroles où le sentiment qu'il avait de lui-même, s'exaltant jusqu'à l'orgueil, poussait au dernier degré l'acharnement de ses ennemis : Ce n'est pas pour l'amour de moi que je me défends ; c'est pour l'amour de vous, de peur qu'en me condamnant vous n'offensiez le dieu dans le présent qu'il vous a fait ; car si vous me faites mourir, vous Lie trouverez pas facilement un autre citoyen comme moi, qui semble avoir été attaché à cette ville, la comparaison vous parera peut-être singulière, comme à un coursier puissant et généreux, mais que sa grandeur même appesantit, et qui a besoin d'un éperon qui l'excite et l'aiguillonne, C'est ainsi que le dieu semble m'avoir choisi pour vous exciter et vous aiguillonner, pour gourmander chacun de vous, partout et toujours sans vous laisser aucun relâche. Un tel homme, Athéniens, sera difficile à remplacer[14].

En terminant son apologie, Socrate invoqua le témoignage de ceux dont il avait instruit les frères ou les enfants ; mais il se garda bien de descendre jusqu'aux prières, et d'imiter ces accusés pusillanimes qui cherchent à attendrir leurs juges en faisant paraitre leur famille et leurs amis. N'attendez pas de moi, ô Athéniens ! que j'essaye de vous persuader par des moyens qui ne me semblent ni honnêtes ni justes, et que j'aie recours à ces artifices dans une occasion où je suis accusé d'impiété par Mélitus. Les juges n'ont-ils pas promis de sacrifier leurs affections à la vérité ? Si je vous fléchissais par mes prières, au heu de vous convaincre par mes raisons, je vous ferais violer votre serment ; c'est alors que je vous enseignerais l'impiété, et, en voulant me justifier, je prouverais contre moi-même que je ne crois point aux dieux. Il finit, selon Platon, en s'abandonnant avec confiance aux suffrages des Athéniens et aux inspirations du dieu de Delphes. C'était encore irriter ses juges ; car c'était rappeler l'oracle qui lui avait décerné le prix de la sagesse.

Il paraît que quelques-uns des amis de Socrate prirent la parole en sa faveur ; malheureusement leurs discours n'ont point été recueillis[15]. Un auteur, cité par Diogène de Laërte, dit que Platon monta à la tribune et prononça ces paroles : Athéniens, quoique je sois le plus jeune de tous ceux qui se sont présentés pour parler dans cette occasion.... Mais les juges ne lui en laissèrent pas dire davantage, et lui imposèrent silence[16]. Le tribunal était pressé d'en finir : à Athènes, aucun procès ne pouvait durer plus d'un jour. Socrate s'est plaint des limites qui étaient imposées à sa défense : Peut-être, dit-il, auriez-vous fini par me croire, si vous aviez, comme d'autres peuples, une loi qui, pour une condamnation à mort, exigeât un procès de plusieurs jours, tandis qu'en si peu de temps il est impossible de détruire des calomnies invétérées[17].

On alla aux voix sur la question de savoir si Socrate était coupable. Mélitus n'obtint point, par son influence personnelle, la cinquième partie des suffrages. Dans ce cas, non-seulement l'accusé était absous, mais l'accusateur était condamné à une amende de mille drachmes. Socrate échappa donc, comme Platon le lui a fait dire, à son principal accusateur. Mais Anytus et Lycon se levèrent pour appuyer l'accusation ; ils entraînèrent leurs amis, et l'accusé fut déclaré coupable par une majorité de deux cent quatre-vingt-une voix, sur cinq cent cinquante-six.

Athéniens, dit Socrate, le jugement que vous venez de prononcer m'a peu ému, et pour plus d'une raison ; d'ailleurs je m'attendais à ce qui est arrivé. Ce qui me surprend bien plus, c'est le nombre des voix pour ou contre ; j'étais bien loin de m'attendre à être condamné à une si faible majorité ; car il n'aurait fallu que trois voix de plus pour que je fusse absous.

Restait à voter sur l'application de la peine. Mélitus demandait la mort ; mais c'était l'usage à Athènes que les juges, avant de prononcer, demandassent à l'accusé de déclarer lui-même quelle était la peine qu'il croyait avoir méritée. Cette question ayant donc été faite à Socrate, il répondit qu'il avait mérité d'être nourri, pendant le reste de sa vie, dans le Prytanée, aux frais de la république[18]. Par cette ironique et orgueilleuse réponse, il dut exciter en même temps l'indignation de ses juges et la douleur de ses amis ; c'était provoquer, autant qu'il était en lui, l'application de la peine la plus sévère. Il parait cependant qu'il se ravisa, et qu'il céda aux instances de ceux qui s'intéressaient à son sort. Si j'étais riche, dit-il, je me condamnerais volontiers à une amende telle que je pourrais la payer.... Je pourrais aller peut-être jusqu'à une mine d'argent ; c'est donc à cette somme que je me condamne. Mais Platon que voilà, Criton, Critobule et Apollodore veulent que je me condamne à trente mines, dont ils répondent. En conséquence je m'y condamne, et assurément je vous présente des cautions qui sont très-solvables[19].

Mais il était trop tard ; la peine de mort fut proclamée, nous ne savons à quelle majorité. Socrate n'en fut pas plus ému qu'il ne l'avait été, quelques instants auparavant, du verdict qui avait déclaré sa culpabilité : Ô Athéniens ! dit-il, pour n'avoir pas eu la patience d'attendre un peu de temps, vous allez fournir un prétexte à ceux qui voudront diffamer la république ; ils diront que vous avez fait momie Nitrate, un homme sage ; car, pour aggraver votre honte, ils m'appelleront sage, quoique je ne le sois point. Mais si vous aviez attendu encore un peu de temps, là chose serait venue d'elle-même ; car voyez mon âge : je suis déjà bien avancé dans la vie, et tout près de la mort. Il avait succombé, comme il le reconnut lui-même, pour s'être défendu eu homme libre, et n'avoir pas voulu recourir aux lamentations et aux prières. Mais il aimait mieux mourir que d'avoir racheté sa vie par une lâche apologie : Ni devant les tribunaux, dit-il, ni dans les combats, il n'est permis ni à moi, ni à aucun autre, d'employer toutes sortes de moyens pour éviter la mort. Tout le monde sait qu'à la guetté, il serait très-facile de sauver sa vie, en jetant ses armes, et en demandant quartier à Ceux qui vous poursuivent ; de même, dans tous les dangers, on trouve baille expédients pour échapper à la mort, quand on est décidé à tout dire et à tout faire. Et ! ce n'est pas là ce qui est difficile, Athéniens, que d'éviter la mort ; mais il l'est beaucoup plus d'éviter le crime : il court plus vite que la mort. C'est pourquoi, vieux et pesant comme je suis, je me suis laissé atteindre par le plus lent des deux, tandis que le plus agile, le crime s'est attaché à mes accusateurs, qui ont de la vigueur et de la légèreté. Je m'en vais donc subir la mort à laquelle vous m'avez condamné, et eux ils subiront l'infamie à laquelle la vérité les condamne[20].

Se tournant ensuite vers ceux qui l'ont acquitté, Socrate s'entretient avec eux et leur ouvre son âme. Cette voix intérieure qui n'avait cessé de se faire entendre à lui dans tout le cours de sa vie, qui, dans les moindres occasions, n'avait jamais manqué de le détourner de tout ce qu'il allait faire de mal, cette voix divine a gardé le silence en ce jour suprême. Elle ne l'a arrêté ni le matin quand il est sorti de sa maison, ni quand il s'est présenté devant ses juges, ni pendant qu'il leur parlait ; il en conclut que ce qui lui arrive est un bien, et il se félicite d'échapper à ceux qui se prétendent ici-bas des juges, pour comparaître bientôt devant la vraie justice. Je n'ai, dit-il, aucun ressentiment contre mes accusateurs, ni contre ceux qui m'ont condamné ; je ne leur ferai qu'une seule prière : lorsque mes enfants seront grands, si vous les voyez rechercher les richesses ou toute autre chose plus que la vertu, punissez-les en les censurant comme je vous ai censurés. S'ils se croient quelque chose, quoiqu'ils ne soient rien, faites-les rougir de leur légèreté et de leur présomption. C'est ainsi que je me suis conduit avec nous. Si vous faites cela, moi et mes enfants nous n'aurons qu'à nous louer de votre justice. Mais il est temps que nous cous quittions, moi pour mourir, et vous pour vivre. Qui de nous a le meilleur partage ? Personne ne le sait, excepté Dieu[21].

 

 

 



[1] Xénophon, Entretiens de Socrate, IV, 8.

[2] Cicéron, de l'Orateur, I, 54.

[3] Xénophon, Apologie de Socrate.

[4] Platon, Apologie de Socrate.

[5] Ita in judicio capitis pro se ipse dixit Socrates, ut non supplex aut reus, sed magister aut dominus videretur esse judicum. (Cicéron, de l'Orateur, I, 54.)

[6] Platon, Apologie.

[7] Xénophon, Apologie.

[8] Xénophon, Entretiens de Socrate, I, 1.

[9] Xénophon, Apologie de Socrate.

[10] Ménandre, cité par Plutarque, de la Tranquillité de l'âme.

[11] Platon, Euthyphron.

[12] Platon, Euthyphron. — M. Cousin, Argument de l'Euthyphron.

[13] Platon, Apologie.

[14] Platon, Apologie.

[15] Xénophon, Apologie.

[16] Juste Tibérien, cité par Diogène de Laërte, Socrate.

[17] Platon, Apologie.

[18] Platon, Apologie. — Cicéron, de l'Orateur, I, 54.

[19] Platon, Apologie.

[20] Platon, Apologie.

[21] Platon, Apologie.