HISTOIRE GÉNÉRALE DE LA GUERRE DE 1870-1871

TOME PREMIER

 

CHAPITRE V. — LA GUERRE AUTOUR DE METZ.

 

 

I. — OPÉRATIONS JUSQU'AU 18 AOÛT.

 

A la nouvelle de nos revers, le ministère avait convoqué les Chambres pour le 9 août. Aussitôt réuni, le Corps législatif renversa le ministère Ollivier, et l'Impératrice-régente constitua (10 août) un nouveau cabinet, dont les principaux membres furent le baron Jérôme David, l'un des chefs du parti de la guerre, et le général comte de Palikao, habile administrateur. Rien n'était prêt, même à ce moment : troupes, matériel, projectiles[1], fortifications de Paris, approvisionnements de vivres pour la capitale, tout était à faire ; et, il faut le dire, le nouveau ministère se mit à l'œuvre avec autant d'énergie que d'intelligence. Palikao créa l'armée de Châlons avec une rapidité remarquable ; il commença à former la garde mobile, rappela sous les drapeaux les hommes de 25 à 35 ans non mariés qui avaient été soldats, et ordonna leur versement dans les dépôts.

Hélas ! il était trop tard. Les nouveaux ministres, malgré leur patriotisme actif, ne pouvaient pas changer la situation fatale que l'incurie de l'administration et les fautes de toutes sortes des ministres précédents avaient faite à la France. Tout ce qu'ils pouvaient faire, en utilisant vigoureusement les ressources du pays, c'était de prolonger la lutte, d'essayer de ressaisir la victoire, de succomber avec honneur ; et c'est aussi ce que fit plus tard le Quatre-Septembre, avec moins de chances pour réussir.

Pendant ce temps, on rappelait de Rome (6 août) notre corps d'occupation. A peine était-il parti, que les Italiens, profitant de nos embarras, s'apprêtèrent à violer les conventions signées avec la France. Aussitôt après Sedan, le 7 septembre, l'ambassadeur d'Italie réclamera auprès du gouvernement de la Défense nationale quelque chose pour Rome ; le lendemain, il demandera nettement l'abandon de la convention de septembre, et il l'obtiendra le 10. En conséquence, une armée de 60.000 hommes s'empara de Rome, le 20 septembre, puis Victor-Emmanuel annexa les provinces romaines au royaume d'Italie et déclara que Rome en était la capitale. Étrange destinée ! nos victoires avaient commencé l'unité italienne, nos revers la complétaient : Solferino avait donné Milan à l'Italie ; Sadowa, Venise ; Sedan lui donnait Rome.

Devant le mécontentement général du pays et de la Chambre, l'Empereur se décida à abandonner le commandement. Il le remit, le 12 août, au maréchal Bazaine, personnage déjà très-compromis par sa conduite au Mexique[2], et que le gouvernement avait eu le tort incompréhensible de replacer à la tête d'un corps d'armée, au lieu de le faire passer devant un conseil de guerre. Ce fut à la séance du Corps Législatif du 9 août[3], que le nom de Bazaine fut mis en avant par M. Jules Favre. On discutait sur les mesures à prendre pour arrêter l'ennemi vainqueur à Reichshofen et à Forbach, et M. Ernest Picard disait : Ce que je demande, c'est de prendre non pas dans les rangs d'un parti politique quelconque, mais dans le pays, un homme capable d'organiser une défense qui sauve la France. Pendant que les Très-bien, c'est cela, se faisaient entendre de tous côtés, M. Jules Favre s'écria : Que le maréchal Bazaine soit mis à la tête de l'armée, et que l'Empereur revienne à Paris.

Tout le monde le lendemain demandait Bazaine. Tout d'un coup, oubliant le Mexique, l'opinion publique attribua au maréchal Bazaine toutes les qualités et toutes les vertus : c'était le sauveur attendu, le réparateur des fautes commises par l'Empereur. De toutes parts on protestait contre la présence de Napoléon à l'armée. Le maréchal Bazaine déclarait même que l'Empereur compromettait les opérations militaires, et qu'il ne pouvait plus en accepter la responsabilité. Le ministre de la Guerre, Palikao, promettait à quelques députés de l'opposition qu'en cas de conflit entre l'Empereur et Bazaine, il se prononcerait pour le maréchal, investi du commandement suprême. L'Empereur était ainsi annulé par son propre gouvernement.

L'abandon du commandement, qu'il n'était pas capable d'exercer, était pour Napoléon une abdication militaire devant l'armée battue, coupée et désorganisée par sa faute, et lui faisait la situation la plus étrange pour un chef d'État. Il n'ose pas revenir à Paris, qu'il n'aurait pas dû quitter ; il reste au milieu de l'armée, entouré d'un respect officiel et apparent, en réalité étant une gêne, jusqu'au moment où Bazaine le fera partir pour Verdun (16 août), afin de se débarrasser de lui : départ aussi funeste que celui de Paris, car il livrait Metz aux aventures, comme Paris était livré à la révolution.

Quand Bazaine en prit le commandement, l'armée de Metz comptait 170.000 hommes et se composait du 2e corps (Frossard), du 3e corps (Decaen, puis maréchal Le Bœuf), du 4e corps (Ladmirault), du 6e corps (maréchal Canrobert), de la brigade Lapasset[4], de la Garde (Bourbaki) et de deux divisions de cavalerie de réserve. Le maréchal Le Bœuf cessa d'être major-général et fut remplacé par le général Jarras, que toute l'armée regardait comme une médiocrité et avec lequel le maréchal Bazaine, pour être absolument libre de ses mouvements, n'eut jamais aucun rapport.

Malgré son titre de général en chef, le maréchal Bazaine n'était pas libre de ses mouvements. L'Empereur continuait à exercer une grande influence sur le commandement et exprimait des désirs au lieu de donner des ordres ; mais, comme le disait le maréchal, c'était la même pensée sous des mots différents. Aussi, dès le début, Bazaine chercha à se débarrasser de Napoléon III, dont la présence gênait la mise à exécution des coupables pensées qui déjà assiégeaient son esprit. Il ne se préoccupa que d'une chose : renvoyer l'Empereur et rester à Metz.

Il eût fallu, dans les circonstances critiques où l'on se trouvait, après Reichshofen et Forbach, prendre un parti décisif et se replier, sans perdre de temps, sur Châlons et Paris. En restant trop longtemps à Metz, on s'exposait à ce qui est arrivé, être coupé, battu et pris. Les hésitations de l'Empereur faisaient le jeu de Bazaine ; on ne savait quel parti prendre. On perdit ainsi sept jours, tantôt adoptant le projet de se retirer sur Châlons, tantôt y renonçant pour rester à Metz. Le 13, il fut enfin résolu que l'armée se retirerait à Châlons, par Verdun[5].

L'Empereur partit le premier. Il était convenu que le maréchal le suivrait aussitôt, que la retraite serait exécutée rapidement et que l'on ferait sauter les ponts de la haute Moselle pour retarder la marche de l'ennemi. Bazaine ne bougea pas le 13, ne fit pas sauter les ponts, et ne commença son mouvement que le 14. Quatre routes s'offraient à l'armée pour sortir de Metz : Bazaine n'en prit qu'une et y entassa toute son armée, infanterie, cavalerie, artillerie, équipages de toutes sortes, convois de vivres, voitures, ce qui produisit un encombrement et une confusion inextricables, et une lenteur prodigieuse. C'est ce que voulait Bazaine : perdre le temps.

Les deux journées du 13 et du 14 bien employées, notre marche sur Verdun avait toutes les chances de réussir ; et si Bazaine arrivait à Verdun, dit le colonel Borbstædt, la campagne prenait une autre tournure, moins défavorable à la cause française.

Pendant ce temps, les Prussiens s'apprêtaient à s'opposer à notre retraite et à nous couper la route de Verdun. Le prince Frédéric-Charles marcha avec la deuxième armée sur Pont-à-Mousson ; il laissa les deux ailes de l'armée allemande en arrière, Steinmetz à Metz, le prince royal à Nancy, et avec le centre des forces prussiennes, il poussa une pointe rapide et énergique sur Pont-à-Mousson et Novéant, pour y traverser la Moselle, arriver avant nous à Mars-la-Tour, sur la route de Verdun, et nous barrer le passage.

Il va sans dire qu'on lui laissera accomplir cette marche de flanc sur Pont-à-Mousson sans l'inquiéter, sans tirer un coup de fusil ; qu'il ne trouvera personne à Pont-à-Mousson pour lui disputer le passage de la Moselle et ralentir son mouvement ; qu'on ne détruira pas les ponts de Novéant et de Pont-à-Mousson, alors qu'on en détruisait follement tant d'autres. Et, pour que rien ne manque à cette accumulation de fautes prodigieuses, le général Coffinières, gouverneur de Metz, accordera à l'ennemi, après le combat de Borny, un armistice de vingt-quatre heures pour enterrer ses morts ; si bien qu'à l'aide de l'armistice, les Prussiens passeront en toute sécurité à proximité du canon de la place et gagneront les ponts de la haute Moselle, que le même général de Coffinières défendra de détruire[6].

 

Combat de Borny ou de Pange, 14 août. — L'armée française était massée sur la rive droite de la Moselle ; une partie avait commencé à passer sur la rive gauche, lorsque la brigade du général de Goltz, appartenant à l'armée de Steinmetz[7], attaqua à l'improviste et avec vigueur nos arrière-gardes à Colombey et à Mey[8]. Quatre divisions prussiennes furent successivement engagées. Bazaine arrêta son mouvement sur Verdun et lança sept divisions contre les quatre de Steinmetz ; il se défendit et ne iut pas prendre l'offensive, ni profiter de l'occasion qu'on lui donnait de gagner une victoire importante.

Il est hors de doute, en effet, dit le colonel Borbstædt, que si les Français s'étaient décidés à une offensive sérieuse à Colombey, les forces supérieures dont ils disposaient eussent écrasé la brigade de Goltz et les renforts qui arrivaient successivement.

Quoique Steinmetz ait été repoussé avec une perte de 5.000 hommes[9], il obtint un résultat considérable : il nous avait fait perdre un jour dans notre marche sur Verdun, au profit du prince Frédéric-Charles, qui dès lors était sûr d'arriver en même temps que nous à Mars-la-Tour. Notre retraite, suspendue le 14, ne recommença en effet que le lendemain, toujours sur une seule route, conséquemment avec la même lenteur et au milieu des mêmes encombrements et du même désordre[10].

Pendant ce temps, l'armée prussienne nous gagnait de vitesse : aussi, le 15, quand nos têtes de colonnes arrivèrent à Mars-la-Tour, elles y trouvèrent l'ennemi.

 

Bataille de Rezonville[11], 16 août. — Le 16, à cinq heures du matin, la tête de l'armée arrivait enfin sur les plateaux. L'Empereur partit alors pour Verdun, après avoir ordonné à Bazaine d'accélérer la marche. Aussitôt après le départ de l'Empereur, Bazaine arrêta la marche.

Déjà l'ennemi, grâce à la lenteur voulue du maréchal, arrivait à hauteur de notre gauche, formée par les 2e et 6e corps. Si Bazaine voulait arriver à Verdun, il lui fallait ne pas s'arrêter, continuer à marcher aussi rapidement que possible et contenir l'ennemi avec une forte arrière-garde. Mais Bazaine ne voulait pas suivre l'Empereur ; il ne voulait pas aller à Verdun ; il s'arrêta donc et se décida à livrer bataille. Le général Pourcet, commissaire du Gouvernement près le Conseil de guerre qui a condamné Bazaine, a pu dire dans son réquisitoire : De l'ensemble de ces faits se dégage donc inévitablement cette conclusion, que le maréchal Bazaine n'a jamais voulu mettre à exécution le plan qu'il s'était chargé de mener à bonne fin, et qu'il a toujours voulu demeurer sous Metz. Mais, n'osant pas assumer la responsabilité de cette détermination, il a laissé aux événements le soin de faire échouer le projet de retraite, se contentant de les préparer dans ce but.

L'affaire commença par la surprise d'une division de cavalerie qui formait notre avant-garde. Le général Alvensleben, avec le 3e corps, nous attaquait audacieusement sur notre flanc gauche et barrait la route à Mars-la-Tour pour empêcher la retraite de Bazaine sur Verdun.

Le 3e corps fut bientôt rejoint par le 10e corps (Voigts-Rhetz), puis par le 8e, qui arriva après trois heures du soir avec le prince Frédéric-Charles, et enfin par quelques régiments du 9e. L'ennemi avait reculé, et il est certain qu'un dernier effort fait à notre droite amenait sa défaite et le rejetait dans les défilés de Gorze. La route de Verdun devenait libre et l'armée opérait sa retraite. Mais au lieu de donner ce dernier coup de collier à sa droite, Bazaine la dégarnit et envoya plusieurs divisions sur sa gauche, du côté de Metz, pour maintenir, a-t-il dit, ses communications avec Metz. Or il s'agissait de rouvrir ses communications avec Verdun et non pas avec Metz.

La conséquence de ces fausses manœuvres fut que les Prussiens restèrent maîtres de Vionville et de Mars-la-Tour, et de la route commandée par ces deux villages.

Il est donc évident que Bazaine ne voulait pas aller à Verdun, et qu'il a livré une sanglante et inutile bataille dans le seul but de tromper l'Empereur et l'opinion, et de masquer ses projets.

Français et Allemands, tous jugent Bazaine de la même manière.

Si les Allemands, dit un général prussien[12], ont réussi à prendre possession de la route de Metz à Verdun avec des forces inférieures, cela tient uniquement à ce que l'armée française fut très mal commandée... Cependant la bataille du 16 n'avait pas eu pour les Allemands un résultat décisif. Le colonel Borbstædt déclare aussi que, si le maréchal avait filé par Briey le 17, les Prussiens n'auraient pu l'empêcher de passer, tandis que son inaction pendant la journée du 17 leur a permis de concentrer devant lui des forces supérieures et de lui fermer complètement, le 18, la route de Châlons.

La perte des Français fut de 16,954 hommes ; celle des Prussiens, de 16,500 hommes.

Le soir même de la bataille, l'armée, qui avec raison se croyait victorieuse, fut consternée en recevant l'ordre de se replier sur Metz, et les officiers qui entouraient le maréchal furent stupéfaits en lui entendant dire qu'il fallait sauver l'armée, et pour cela revenir à Metz. Le prince Frédéric-Charles ne fut pas moins étonné de cette retraite inattendue.

Le prétexte du retour à Metz fut la nécessité d'y aller chercher des munitions et des vivres. Le général Soleille, commandant en chef de l'artillerie et qui a joué aussi un rôle fort étrange dans toute cette histoire, avait donné l'avis que les munitions étaient tellement diminuées qu'il fallait que l'armée vint en chercher à Metz. Le renseignement était faux, car, le 16 au matin, il y avait à l'armée 106.000 obus et 17 millions de cartouches, et le 17 il y avait encore 80.000 obus et 16 millions de cartouches. Les vivres ne manquaient pas davantage ; car, dans la retraite, on brûla un immense convoi de vivres qui, disait-on, allait gêner notre marche en arrière.

Le manque de munitions et de vivres étaient deux mensonges, à l'aide desquels Bazaine, dans son rapport à l'Empereur, expliquait la nécessité de sa retraite et trompait indignement le trop faible souverain qui l'avait imprudemment appelé à commander la seule armée de la France.

Il faut encore ajouter ce fait odieux : on abandonna les ambulances et les blessés à Rezonville.

Le 17, l'ennemi, fort maltraité la veille, ne bougea pas. Il se réorganisait et attendait l'arrivée des corps qui accouraient à son secours, Bazaine-aurait pu marcher par les routes d'Etain et de Briey, éviter l'ennemi et n'avoir que des combats d'arrière-garde. Il aurait pu, ce qui eût mieux valu, recommencer la bataille, et, avant l'arrivée des renforts, refouler l'ennemi dans le ravin de Gorze et de là sur la Moselle. C'était l'avis des chefs de corps de Bazaine. En effet, le prince Frédéric Charles battu, son armée était infailliblement détruite sur la Moselle ; s'il échappait à ce désastre, il était certainement chassé de France, et le Prince royal se trouvait alors fort compromis. Si Bazaine était battu, il avait toujours la ressource de se retirer dans le camp retranché de Metz.

Le 17, Bazaine ne fit rien. Il reçut cependant une dépêche de l'Empereur qui le félicitait de son succès du 16 et lui ordonnait de remercier en son nom l'armée de sa valeur. Bazaine ne la communiqua à personne.

Il nous restait encore, pour arriver à Verdun, la route de Briey, par Saint-Privat et Sainte-Marie-aux-Chênes, route par laquelle, écrivait Bazaine à l'Empereur le 17, il allait déboucher le lendemain.

Tous les efforts de l'ennemi allaient tendre à nous fermer cette route, en s'emparant de ces villages : le maréchal ne les occupa même pas. En effet, l'armée prit position, le 17, sur une ligne de hauteurs s'étendant d'Amanvillers, au nord, à Rozérieulles, au sud. Notre droite, formée par le 4e corps (Ladmirault), était à Amanvillers ; le 6e corps (Canrobert) était en avant à Vernéville, dans un trou entouré de hauteurs boisées, où le maréchal Canrobert ne voulut pas rester. Saint-Privat, la clef de la bataille qui va se livrer le lendemain, n'est même pas occupé. Evidemment le maréchal n'a pas intention de marcher sur Verdun ; il veut donc rester à Metz[13], puisqu'il néglige d'occuper Saint-Privat.

Le maréchal Canrobert ayant quitté, avec la permission de Bazaine, les positions qu'on lui avait assignées à Vernéville, alla occuper Sainte-Marie-aux-Chênes et Saint-Privat. C'est donc par le fait de Canrobert, et non par celui de Bazaine, que Saint-Privat, dont la possession était indispensable pour aller à Briey, fut occupé par l'armée française, dont la droite fut dès lors à Saint-Privat.

Le maréchal Canrobert ne reçut aucun ordre, si ce n'est de reculer en cas d'attaque sérieuse. Bazaine ne voulait donc pas défendre Saint-Privat. Si Canrobert se fût conformé à cet ordre coupable, Saint-Privat eût été occupé par les Prussiens sans coup férir. Bazaine recommanda aussi à son lieutenant de s'assurer d'avoir la quantité d'eau nécessaire aux animaux et celle dont les hommes auraient besoin pour se laver. On croit rêver en lisant de pareils ordres à la veille d'une bataille où Canrobert va décider des destinées de la patrie.

Libre de ses mouvements comme toujours, l'ennemi réunit toutes ses forces, huit corps d'armée, et se prépara à prendre l'offensive. Son plan était de nous enlever Saint-Privat et de nous fermer la route de Briey. Les colonnes allemandes qui allaient attaquer notre droite défilèrent tranquillement devant notre armée, lui prêtant le flanc, sans qu'on fit le plus léger effort pour troubler leur marche. Elles eurent toute liberté de se masser sur la gauche de l'armée prussienne pour écraser ensuite Canrobert et notre droite. Tout se passa comme à la petite guerre. L'ennemi fit tout ce qu'il osa faire.

 

Bataille de Saint-Privat[14], 18 août. — Le 18 août, le maréchal Bazaine fut attaqué par les deux armées du prince Frédéric-Charles et de Steinmetz, dont il avait laissé la jonction s'opérer. L'ennemi comptait huit corps d'armée[15], 4 divisions de cavalerie, 240.000 combattants et 822 canons. Le maréchal lui opposa environ 140.000 hommes, établis sur de fortes positions et soutenus par 500 canons ou mitrailleuses. Le principal effort du prince Frédéric-Charles se fit sur notre droite, à Sainte-Marie-aux-Chênes et à Saint-Privat, pour nous déborder, nous fermer la route de Briey et nous rejeter sur Metz. Quatre-vingt mille hommes attaquèrent le maréchal Canrobert, qui, avec le 6e corps, défendait ces positions, clefs du champ de bataille[16]. Vers quatre heures, les Prussiens enlevèrent Sainte-Marie-aux-Chênes ; la résistance se concentra alors à Saint-Privat. Le maréchal repoussa d'abord l'attaque de la garde prussienne et lui fit perdre 8.000 hommes. Il repoussa encore l'attaque du 10e corps ; mais assailli une troisième fois par le corps saxon, et ne recevant, malgré ses demandes, aucun secours, ni en hommes, ni en munitions, il succomba, après avoir tenu toute la journée sous le feu des 260 canons de l'ennemi. A sept heures du soir les Saxons lui arrachèrent Saint-Privat, dont les maisons étaient en flammes. L'héroïque défense de Saint-Privat rappelle nos plus beaux jours et aurait dû avoir de meilleurs résultats.

Dès midi et demi, Canrobert avait demandé des munitions au maréchal et l'avait fait prévenir qu'il était inquiet sur l'issue du combat. Bazaine avait reçu l'aide de camp de Canrobert dans son salon à Plappeville. Il refusa d'envoyer au secours de sa droite une division de la Garde et se contenta de lui donner quatre caissons de munitions. Deux fois dans la journée, le général Ladmirault (4e corps) partagea ses munitions avec Canrobert pour lui permettre de continuer le combat. Il fit faire aussi à la division de Cissey un mouvement pour soutenir le 6e corps. Bel et rare exemple de camaraderie militaire qu'on ne saurait trop louer. Vers quatre heures, Bazaine reçut une nouvelle dépêche de Canrobert, qui lui annonçait que bientôt le 6e corps ne pourrait plus tenir. Bazaine était alors à Saint-Quentin, toujours loin du champ de bataille. Il ne répondit rien à son brave lieutenant, et donna l'ordre au général Bourbaki et à la Garde de rentrer dans leurs cantonnements. Un peu plus tard, Bazaine se décida à envoyer un secours à Canrobert, 2 batteries de la réserve et 20 caissons de munitions. Mais tout était fini. Néanmoins ces batteries arrivèrent encore assez tôt pour arrêter l'ennemi et protéger la retraite du 6e corps.

Bazaine pouvait cependant envoyer à Saint-Privat les deux divisions de la Garde qui restèrent inactives toute la journée ; il pouvait y envoyer les 96 pièces de l'artillerie de réserve, et l'on peut être certain que l'arrivée de ces renforts aurait permis à Canrobert de résister à la troisième attaque de l'ennemi, qui était repoussé sur tout le reste de la ligne. Mais Bazaine affectait de ne se préoccuper que de garantir sa gauche pour éviter d'être tourné de ce côté et d'être coupé de Metz. Il était bien évident cependant que les Prussiens, loin de songer à le couper de Metz, n'avaient qu'une idée, celle de l'empêcher d'en sortir.

Après la retraite de Canrobert, les Prussiens tombèrent sur le 4e corps (Ladmirault), qui était à sa gauche, le prirent de flanc et le forcèrent aussi à la retraite. Le 3e corps (Le Bœuf) et le 2e corps (Frossard), à l'aide des tranchées-abris qui les protégeaient, demeurèrent maîtres de leurs positions et repoussèrent toutes les attaques de l'ennemi.

Bazaine n'avait pas paru de la journée sur le champ de bataille ; il n'avait donné à personne aucun ordre, si ce n'est à Bourbaki de se retirer dans ses cantonnements, et au général Jarras, son chef d'état-major général, de ne pas sortir de ses bureaux et d'y rester avec tout son personnel. Vers cinq heures, voyant, des hauteurs de Saint-Quentin, quelques blessés, quelques traînards et quelques voitures du convoi descendre en désordre vers la vallée, il n'eut pas honte d'insulter son armée et de s'écrier : Que faire avec de pareilles troupes !

Après la bataille, il dit aux officiers d'état-major qui venaient lui rendre compte de ce qui s'était passé : Nous devions nous en aller demain matin, nous nous en irons ce soir. Le mal n'est pas bien grand, après tout.

Le mal n'est pas bien grand ! L'armée cependant va être bloquée et annulée sous Metz, et la France est envahie, et sans armée pour la défendre ! Et cette bataille, volontairement perdue, décide du sort de la France, car elle va amener le désastre de Sedan, le blocus de Metz et le blocus de Paris. Mais le plan criminel de Bazaine était assuré : il restait à Metz.

La bataille de Gravelotte coûta environ 13.000 hommes à l'armée française et 20.500 aux Prussiens.

 

II. — LE BLOCUS DE METZ JUSQU'AU 1er SEPTEMBRE.

 

Après la défaite de Saint-Privat, le maréchal Bazaine se retira dans le camp retranché de Metz, dont il ne devait plus sortir qu'après la capitulation.

Metz est une place forte très-importante par sa situation et par ses fortifications, qui autrefois la rendaient presque imprenable. Pour la préserver d'un bombardement, que rendait possible l'artillerie actuelle, on avait commencé, quelque temps avant la guerre, à élever autour de la place, sur les hauteurs qui la dominent, les cinq forts de Plappeville, de Saint-Quentin, de Saint-Privat, de Queuleu et de Saint-Julien, qui non seulement devaient protéger la ville, mais former autour d'elle un camp retranché. Après Gravelotte, ces forts à peine commencés étaient loin d'être en état de défendre Metz, et ils ne furent terminés que pendant le blocus. L'occupation de ces positions par nos troupes empêchait les Prussiens de faire le siège ou de bombarder Metz : il fallait donc se contenter de bloquer la place et de la réduire par la famine. Dès le 19, le prince Frédéric-Charles commença l'investissement de Bazaine dans son camp retranché ; il l'y enferma étroitement pour le forcer à capituler quand il n'aurait plus de vivres.

Le maréchal se tint dans une inaction absolue ; il se laissa bloquer, ne fit rien pour empêcher les Prussiens de construire tout autour de son camp les batteries, les tranchées, les lignes, les travaux de toutes sortes qu'ils jugèrent à propos de faire pour l'investir, et quand il n'eut plus de vivres, il capitula. Les deux armées, assiégeante et assiégée, auraient été d'accord qu'elles n'auraient pas agi autrement[17].

De son côté, le commandant de la place de Metz, le général Coffinières, ne prit aucune des mesures élémentaires prescrites par les règlements ou par le simple bon sens. On pouvait amener à Metz les blés, vivres, bestiaux et fourrages qui abondaient dans les villages des environs. On n'en fit rien, et toutes les ressources qui auraient pu prolonger la résistance de Metz pendant plusieurs semaines tombèrent aux mains des Prussiens. Au lieu de faire sortir de la ville les bouches inutiles, on laissa entrer des milliers de paysans qui venaient se réfugier dans la place ! Ces gens-là n'avaient donc rien lu ! ils ne connaissaient donc ni le règlement du service des places, ni l'histoire de la défense de Metz par le duc de Guise, ni la défense de Metz par le maréchal Fabert ?

Dès le 19 également, le quartier général prussien décida que l'armée du prince Frédéric-Charles et celle de Steinmetz[18] resteraient devant Metz, que le prince royal de Prusse marcherait en avant sur Châlons et Paris ; et l'on forma, le 21, pour l'appuyer, la quatrième armée, ou armée de la Meuse, qui fut donnée au prince royal de Saxe et composée du 4e corps prussien, du 12e corps (Saxons), de la garde prussienne et de deux divisions de cavalerie (5e et 6e).

Pendant ce temps, Bazaine envoyait, le 19, une dépêche à l'Empereur et au maréchal Mac-Mahon. Il dissimulait l'échec qu'il avait volontairement subi le 18 ; il transformait sa retraite sous Metz en un changement de front et annonçait toujours une sortie prochaine, qu'il était résolu à ne pas faire, à ne pas même tenter sérieusement. Il allait, disait-il, se porter sur Montmédy. C'est cette fatale dépêche, confirmée le 23, qui décida le mouvement de Mac-Mahon de Châlons sur Sedan, dont on parlera plus loin et qui se terminera par la catastrophe de Sedan.

En attendant, le maréchal Bazaine réorganisait ses corps d'armée, son artillerie, ses parcs. Il aurait dû et pu encore à ce moment faire de grands approvisionnements de vivres, avec le blé, le bétail et les fourrages qui se trouvaient alors aux environs de Metz, et remplir les magasins de la place qui étaient vides ; il n'en fit rien.

Le 23 août[19], le maréchal Bazaine reçut une dépêche de Mac-Mahon. Celui-ci informait Bazaine qu'il avait reçu sa dépêche du 19 et qu'il allait marcher sur Montmédy. En conséquence, le 26 août, Bazaine fit un simulacre de sortie ; mais une pluie torrentielle qui vint à tomber suffit pour arrêter son mouvement[20].

Le maréchal avait convoqué ses chefs de corps. Tous croyaient qu'on pouvait sortir. Mais il leur dit que, d'après le général Soleille, il n'y avait de munitions que pour une bataille ; que, d'après le général Coffinières, Metz ne tiendrait pas quinze jours après le départ de l'armée ; il leur cacha l'approche de l'armée de Mac-Mahon et le départ d'une partie des forces allemandes, qui avaient quitté Metz pour se porter à la rencontre de l'armée de Châlons. Il obtint ainsi un avis contraire à la sortie, mais favorable à ses desseins, espérant se couvrir, en cas de besoin, de l'opinion de ses lieutenants. Puis il expédia deux dépêches : l'une au Ministre, disant : La sortie est impossible, — l'autre au maréchal Mac-Mahon, disant : Nous vous attendons nous percerons quand nous voudrons.

L'opération abandonnée le 26 fut reprise le 31, après la réception d'une dépêche annonçant l'arrivée de Mac-Mahon à Stenay sur la Meuse.

Rien dans les ordres donnés pour la bataille n'indique la volonté arrêtée de percer les lignes de l'ennemi. Rien n'indique la volonté de faire un effort sérieux pour aller se joindre à l'armée de secours qui arrivait, et allait se perdre pour avoir répondu à l'appel de Bazaine. Mais après la défaite de cette armée, l'homme de Metz croyait devenir le maître de l'Etat.

Rien dans les ordres, disons-nous, n'indique que le maréchal Bazaine voulût faire un effort sérieux pour donner la main à Mac-Mahon. En effet, on ne devait pas emmener l'équipage de ponts, bien qu'il fût nécessaire pour passer la Moselle, puisque la sortie se faisait par la rive droite de cette rivière et que, pour rejoindre Mac-Mahon, il fallait passer sur la rive gauche, et que l'on ne devait avoir à sa disposition que le pont de Thionville.

 

Combat de Noisseville ou de Servigny, 31 août et 1er septembre. — Dès le 30, le maréchal se prépara à combattre, mais prit ses dispositions avec lenteur. L'ennemi eut le temps d'être prévenu par ses espions et vit tous nos mouvements. Notre attaque eut lieu le 31, à quatre heures du soir. Aussi le général de Manteuffel, que nous allions combattre, et qui dès le matin avait vu les préparatifs de la bataille et nos soldats sous les armes depuis six heures, avait-il eu le loisir de se préparer. Après une vive canonnade, nos troupes enlevèrent avec vigueur une partie des positions de l'ennemi, le village de Noisseville et une partie du village de Servigny entre autres ; mais la nuit mit fin au combat, et les Prussiens restèrent les maîtres du village de Sainte-Barbe, clef de la position. Pendant la nuit, les Prussiens reprirent une partie de leurs positions ; Servigny et Noisseville retombèrent en leur pouvoir, et le prince Frédéric-Charles envoya des renforts considérables au général de Manteuffel. Le lendemain, 1er septembre, le combat ayant recommencé, nos généraux reculèrent, parce que les ordres qu'ils avaient reçus leur prescrivaient de reculer si l'ennemi était secouru. A onze heures, nos troupes étaient en retraite et profondément découragées : le soldat sentait bien que de pareils combats n'étaient pas sérieux. Vingt-cinq mille hommes seulement avaient été engagés : nos pertes étaient de 3.500 hommes ; celles des Prussiens, de 3.000. Tous les officiers de l'armée de Metz sont d'avis qu'on aurait pu sortir si on l'avait sérieusement voulu, et à Versailles les Prussiens disaient aussi que Bazane, comme ils l'appelaient, n'avait jamais fait une véritable sortie à fond.

Le procès a parfaitement établi que Bazaine n'avait fait ce simulacre de sortie, et fait tuer encore 500 hommes, que pour mettre sa responsabilité l'abri, et faire croire qu'il avait voulu percer les lignes de l'ennemi.

Pendant ce temps, Mac-Mahon était écrasé à Sedan.

Bazaine avait livré la France à l'Allemagne ; il comptait l'avoir livrée aussi à la révolution et l'anarchie. Dès lors il va, dans son camp retranché de Metz, attendre la fin des événements et la paix, qui ne peut tarder de se faire, au moins le croit-il. Alors, avec son armée, il sortira de Metz, deviendra le maître de la situation et s'imposera au gouvernement quelconque qui existera alors, empire, régence ou république, parce que ce gouvernement aura besoin de lui et de ses soldats. Tel paraît avoir été le projet qu'avait conçu ce grand coupable, ambitieux vulgaire, homme médiocre, et dépourvu de sens moral et de patriotisme, en tout bien au-dessous du rôle qu'il voulait jouer, et qui n'a été que la dupe des Prussiens.

Le deuxième acte de cette abominable tragédie est fini. Le troisième va commencer, mais il faut laisser un moment l'histoire du blocus de Metz pour parler de Sedan, de la chute de l'Empire et de l'investissement de Paris.

 

 

 



[1] Les obus de 24 n'étaient pas encore commandés, le 23 août, aux usines qui devaient les fabriquer ; les ministres ne le surent que par hasard.

[2] Voyez les lettres du général Félix Douay, écrites à son frère en 1866 et 1867, et publiées dans les Papiers et Correspondance de la famille impériale, tome II. Ces lettres constituent l'acte d'accusation le plus grave. Bazaine recommença à Metz ce qu'il avait essayé de faire au Mexique : sacrifier son devoir à son ambition personnelle.

[3] Officiel du 10 août, p. 1393.

[4] Cette brigade du 5e corps avait rallié le 2e corps dans sa retraite à Sarreguemines.

[5] Trois routes conduisent de Metz à Verdun : la première passe par Gravelotte, Rezonville, Vionville et Mars-la-Tour ; la seconde se détache de la première à Gravelotte et passe par Doncourt et Etain ; la troisième passe par Saint-Privat et Briey, et rejoint la précédente à Etain. A Briey, elle se bifurque, et une route conduit à Longuyon et Montmédy.

[6] Tous ces faits ont été établis d'une manière indiscutable au procès de Bazaine.

[7] Comme à Spickeren, la bataille fut engagée par un lieutenant de Steinmetz ; puis on arrive à son secours, brigade par brigade ; le combat se livre sans ensemble, et l'armée prussienne ne doit son salut qu'à l'impéritie de nos généraux. Le général Steinmetz fut disgracié et privé de son commandement.

[8] Steinmetz était arrivé à 8 kilomètres de Metz sans que personne s'en fût douté. Notre cavalerie envoyée en reconnaissance n'avait rien vu, suivant sa coutume.

[9] Nos pertes furent de 3.600 hommes tués, blessés ou disparus.

[10] Quelques régiments firent 2 kilomètres en une demi-journée de marche, d'autres 4 kilomètres en vingt-quatre heures.

[11] On l'appelle aussi bataille de Gravelotte, de Vionville, de Mars-la-Tour.

[12] Le général de Kameke.

[13] Ce qui achève de prouver cette volonté bien arrêtée, c'est que, dans la matinée du 18 août, le maréchal ordonna aux sous-chefs états-majors généraux des corps d'armée d'aller reconnaître, en arrière des positions défendues le 18 au matin par l'armée, les emplacements que les corps devaient occuper autour de Metz, et qu'ils ont en effet occupés après la bataille du 18.

[14] On l'appelle aussi bataille d'Amanvillers et de Gravelotte.

[15] Les 2e, 3e, 7e, 8e, 9e, 10e, 12e (Saxons) et la garde.

[16] Le 6e corps comptait, le 18, environ 18.000 hommes, et 6 pièces de 4 el mitrailleuses. Jamais le 6° corps ne fut au complet à Metz. Il avait reçu plusieurs fois l'ordre de venir à Metz, puis de retourner à Châlons. Le résultat de ces allées et venues fut que le maréchal Canrobert laissa à Châlons toute sa cavalerie, le génie, son artillerie de réserve, l'artillerie de la division Bisson (la 2e) et trois régiments d'infanterie appartenant à cette division, qui ne se composait donc que d'un seul régiment. Le 6e corps ne comptait que 13 régiments d'infanterie et 1 bataillon de chasseurs ; son effectif était d'environ 23.000 hommes, sur lesquels il perdit 11.000 hommes le 16 et le 18 août. Ainsi Bazaine avait placé le 6e corps, le plus faible de tous, à Saint-Privat, au point essentiel, et ne lui envoya aucun secours pendant la bataille, évidemment pour l'empêcher de rester maître de Saint-Privat, que Bazaine ne voulait même pas occuper.

[17] Du 17 août au 23 septembre, les Prussiens construisirent le chemin de fer de Remilly (sur le chemin de Sarrebruck) à Pont-à-Mousson, pour établir leurs communications, que Metz interrompait. Ce chemin, de 37 kilomètres de développement, exigea la construction de deux ponts et de deux viaducs. Il l'ut établi par les divisions de chemins de fer de campagne, par le génie et par des soldats.

[18] 1er, 2e, 3e, 7e, 8e, 9e, 10e corps ; 1re et 3e divisions de cavalerie, et une division de réserve. — Quelque temps après, l'armée de Steinmetz, auquel on venait de retirer son commandement, passa tout entière sous les ordres du prince Frédéric-Charles.

[19] Le maréchal Bazaine affirme n'avoir reçu cette dépêche que le 29. Il est certain qu'il l'a reçue le 23.

[20] Les troupiers disaient que le maréchal était rentré au camp parce qu'il avait oublié son parapluie. On voyait bien que cette tentative de sortie n'était pas sérieuse.