ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR COLBERT

 

APPENDICE.

 

 

I. — TESTAMENT DE COLBERT.

 

5 Septembre 1683.

Par-devant les notaires à Paris soussignés fut présent M. Jean-Baptiste Colbert, chevalier, marquis de Châteauneuf-sur-Cher, baron de Sceaux et autres lieux, conseiller du Roi ordinaire en tous ses conseils, du conseil royal, secrétaire d'État et des commandements de S. M., commandeur et grand trésorier de ses ordres, contrôleur général des finances, surintendant et ordonnateur général de ses bâtiments, arts et manufactures de France, demeurant à Paris, en son hôtel, rue Neuve- des-Petits-Champs, paroisse Saint-Eustache, gisant au lit, malade de corps, en son cabinet ayant vue sur le jardin, au rez-de-chaussée de sondit hôtel, sain toutefois d'esprit et d'entendement, ainsi qu'il a dit et est apparu auxdits notaires par ses paroles, gestes er maintien ;

Lequel, considérant la certitude de la mort, ne voulant en être prévenu, mais[1], pendant que sens et raison le gouvernent, disposer de ses biens, a fait, dicté et nommé auxdits notaires son testament et ordonnance de dernière volonté ainsi qu'il ensuit, après s'être recommandé à Dieu, à la bienheureuse Vierge, à saint Jean-Baptiste, son patron, à tous les saints et saintes du paradis, les priant d'intercéder pour lui, afin que son âme étant séparée de son corps puisse jouir de la béatitude éternelle.

Premièrement, pour ce qui concerne ses obsèques et funérailles, il s'en remet et rapporte à la prudence et discrétion de ses exécuteurs testamentaires ci-après nommés.

Ledit seigneur testateur a donné et légué, donne et lègue à Messire Jean-Baptiste Colbert, chevalier, marquis de Seignelay et autres lieux, conseiller du Roi en tous ses conseils, secrétaire d'État et des commandements de S. M., commandeur et grand trésorier de ses Ordres, son fils aîné, tout ce qu'il lui peut donner et léguer par les coutumes, et le fait et institue son héritier et légataire universel en tous ses biens.

Donne et lègue à M. le bailli Colbert, aussi son fils, commandant à présent les galères de Malte, 10.000 livres de pension annuelle et viagère.

Donne et lègue à la confrérie Sainte-Agnès, fondée en ladite église Saint-Eustache, 500 livres de rente, par chacun an, rachetables de 10.000 livres, pour être employées à l'entretien, nourriture et subsistance des pauvres filles de la communauté de ladite confrérie.

Donne et lègue aux hôpitaux de ses terres de Châteauneuf et de Linières, 1.000 livres de rente, par chacun an, pour être employées au mariage de vingt pauvres filles qui seront choisies, savoir : dix à chacun desdits hôpitaux, par les administrateurs de l'Hôtel- Dieu de Paris.

Donne et lègue 600 livres de rente, par chacun an, rachetables de 12.000 livres, pour être distribuées aussi par chacun an aux pauvres de ses terres de Normandie, ainsi que madame son épouse l'ordonnera, et après elle l'aîné de messieurs ses enfants.

Donne et lègue à l'Hôpital-Général des pauvres de cette ville la somme de 30.000 livres, une fois payée, qui sera employée en fonds d'héritages.

Donne et lègue à l'Hôtel-Dieu de cette ville la somme de 10.000 livres une fois payée.

Donne et lègue à ses officiers et domestiques la somme de 50.000 livres à distribuer entre eux, ainsi qu'il plaira à madite dame son épouse.

Et pour exécuter et accomplir le présent testament, ledit seigneur a nommé madite dame son épouse et M. Pussort, conseiller du Roi ordinaire en son conseil d'État, qu'il prie d'en prendre la peine.

Révoquant ledit seigneur tous autres testaments et codiciles qu'il pourrait avoir faits avant le présent, auquel il s'arrête comme étant son ordonnance de dernière volonté.

Ce fut fait et passé, dicté et nommé par ledit seigneur testateur aux dits notaires ; et, à lui, par l'un d'eux en la présence de l'autre[2], lu et relu, en sondit cabinet, le dimanche cinquième jour de septembre, à six heures de relevée, l'an 1683 ; et a ledit seigneur testateur signé en la minute de son présent testament, demeurée à de Beauvais, notaire.

(Signé) BEAUVAIS.

 

II. — EXTRAITS DE L'INVENTAIRE FAIT APRÈS LE DÉCÈS DE COLBERT DANS SES RÉSIDENCES DE PARIS, SCEAUX, FONTAINEBLEAU, SAINT-GERMAIN ET VERSAILLES[3].

 

A la cave.

Un foudre[4] de vin blanc du Rhin : 2.000 livres

Quatre voies[5] de bois : 110 livres

Écurie et remise.

Onze chevaux hongres servant au carrosse sous poil noir : 2.000 livres

Deux chevaux de selle, un noir, l'autre bai clair : 300 livres

Quatre chevaux servant au fourgon : 500 livres

Un carrosse monté sur son train à quatre roues et à arc, le corps à deux fonds, garni dedans d'un camelot noir, et dehors d'un drap noir et de dix glaces, avec ses coussins et un strapontin, remplis de plume : 500 livres

Un autre carrosse, idem, deux glaces : 300 livres

Un autre carrosse, garni de velours cramoisi, à ramages : 550 livres

Tapisseries de haute lisse.

Une tenture de tapisserie, fabrique des Gobelins, rehaussée d'or, représentant des chasses et les mois de l'année, vulgairement appelée : La Belle Chasse de l'hôtel de Guise : 24.000 livres

Idem, fabrique des Gobelins, représentant les Douze Mois, copie de celle des Douze Mois de la Couronne, et quatre entre-fenêtres de la même tenture : 7.000 livres

Idem, fabrique de Bruxelles, représentant l'histoire de Scipion : 1.500 livres

Idem, fabrique ancienne du Louvre, représentant le Pastor fido : 1.000 livres

Idem, de Bruxelles, représentant des bestiaux : 700 livres

Idem, d'Anvers, représentant l'histoire d'Esther : 700 livres

Idem, de Flandre, verdure : 550 livres

Idem, de Bruxelles, représentant l'histoire de Psyché : 3.000 livres

Diverses tapisseries (5) : 6.000 livres

Une tapisserie de haute lisse d'Angleterre, représentant l'histoire d'Absalon : 8.000 livres

Une pièce de tapisserie de l'histoire d'Assuérus et d'Esther : 250 livres

Une tenture, fabrique de Bruxelles, représentant l'histoire de Gédéon : 1.400 livres

Idem, représentant l'histoire de Tobie 3.000 Idem, représentant l'histoire de l'Enfant prodigue. 100 Idem, fabrique de Bruxelles, à grotesques, fond jaune : 360 livres.

Tapisseries de brocart, damas, etc.

Une tenture de tapisserie de brocart à fleurs d'or, fond rouge cramoisi, et de brocart à fleurs aussi d'or, fond de satin vert, avec une grande campane et un mollet d'or faux au haut, ayant 18 aunes de cours : 700 livres

Une tenture de tapisserie de brocatelle de Venise : 300 livres.

Tapis.

Deux tapis de Turquie : 200 livres

Un tapis de la Savonnerie : 400 livres

Un tapis persien : 150 livres

Deux grands tapis de Turquie : 100 livres

Lits, bureaux, pendules.

Un grand lit de velours cramoisi, de 6 pieds et ½ de large sur 6 pieds 10 pouces de long, composé de quatre rideaux, deux bonnes grâces, deux cantonnières, trois pentes de dehors, trois pentes de dedans, fond, dossier, courte-pointe, trois soubassements, fourreaux de piliers, le tout en broderie or et argent, par lés et demi-lés, garni d'une crépine d'or et argent, avec quatre pommes. Un autre dossier de velours en broderie qui s'attache au dossier de bois, avec quatre consoles et une couronne au milieu, quatre petites pommes qui se mettent au dossier et un feston de taffetas rouge brodé d'or et d'argent, rideaux, cantonnières et bonnes grâces, doublé d'un brocart fond rouge cramoisi à fleurs d'or.

Six fauteuils, six chaises, six sièges ployants de même velours cramoisi en broderie, garnis de crépine et mollet d'or et d'argent, avec leurs barres couvertes de pareil velours avec mollet or et argent. Quatre grands carreaux de même velours garnis de plume Deux matelas de futaine remplis de laine, un traversin de coutil rempli de plume, un sommier de crin, un autre pareil matelas, quatre bouquets de plumes blanches et leurs aigrettes ; la housse dudit lit de taffetas rouge cramoisi. Deux tringles tournantes de fer poli avec une console de cuivre doré : 5.000 livres

Un grand lit de point d'Angleterre par bandes couleur de feu et céladon à bandes grises mêlées d'or et d'argent, de 6 pieds et ½ de large sur 6 pieds 10 pouces : 900 livres

Un lit de broderie de Chine : 1.200 livres

Une pendule à queue de la façon de Thuret, à sonnerie de quart, demi-heure et heure, avec une boîte posée sur un pied, le tout d'ébène, enrichi d'ornements d'écaillé de tortue à filets d'étain : 600 livres

Une autre pendule faite par Thuret, à sonnerie, dans une boîte ouvragée, d'ouvertures carrées, fermées de glaces : 150 livres

Un grand bureau dont se servait ledit défunt seigneur, en son cabinet, avec ses carrés ou tablettes sur icelui. Le tout de bois de poirier noirci, de placages et rapports représentant des fleurs et animaux. Ledit bureau garni de plusieurs tiroirs devant et derrière fermant à clef, et couvert de drap noir usé : 150 livres

Un autre bureau, aussi dans ledit cabinet, de bois violet et d'ébène, et marqueterie de fleurs, oiseaux, rameaux et feuillages, garni de plusieurs tiroirs fermant à clef, et couvert de velours violet avec un tapis de cuir vert : 80 livres

Deux tables de marbre, l'une de portor, posée sur un pied de bois sculpté et doré, l'autre de Languedoc : 200 livres

Une table posée sur ses pieds et deux guéridons à fond d'écaillé de tortue, d'ouvrage de marqueterie de cuivre à jour et ciselé, façon des Gobelins : 200 livres

Un écritoire d'ébène, duquel se servait ordinairement ledit défunt seigneur, en son cabinet, garni d'un encrier, d'un poudrier, d'un carré, d'une fermeture, d'un autre carré et d'une sonnette : 155 livres.

Tableaux[6].

(A Paris, dans l'hôtel)

Un tableau peint sur toile, par Paul Véronèse, représentant la Fraction du pain : 600 livres

Une Vierge, le petit Jésus, saint André et autres figures, par Paul Véronèse : 600 livres

Saint Jean prêchant au désert, avec une figure de bois doré, par l'Albane : 600 livres

La Rencontre de Jacob et Ésaü, par Pierre de Cortone : 500 livres

Saint Jérôme en demi-figure, par Moor : 100 livres

Une Nativité, par les Carrache : 3.000 livres

Une Nativité, par de Gaddi : 1.000 livres

Un Christ au jardin, par M. Le Brun : 400 livres

Un Ecce homo, par M. Le Brun : 200 livres

Angélique et Médor, par Romanelli : 80 livres

La Création du monde, par Jules Romain : 600 livres

Une Vierge, un Christ, saint Jean et sainte Élisabeth, par Raphaël : 300 livres

La Tour de Babel, par Mathieu Bril : 50 livres

Les Pèlerins d'Emmaüs, dans un paysage, par Paul Bril : 200 livres

Un Sacrifice, par le Dominiquin : 20 livres

Le portrait de la Reine, par Beaubrun : 10 livres

Le portrait du Roi au pastel, de Nanteuil : 110 livres

Une Charité romaine : 30 livres

Une Madeleine, par Champagne : 30 livres

Deux tableaux de fleurs, par Lefèvre : 6 livres

Saint Jérôme, d'après le Guerchin : 35 livres

Une petite Annonciation, de Romanelli : 25 livres

La Famille de Darius, d'après Le Brun : 250 livres

Deux tableaux de demi-figure prenant du tabac : 30 livres

Deux paysages du Buisson ardent, du dessin de M. Le Brun : 30 livres

Un dessin sur papier de la bataille de Constantin : 100 livres

Deux grands tableaux sur toile, par le Milanais, représentant des morceaux d'architecture : 200 livres

Deux portraits de femme à demi-corps, peints par Nocret : 40 livres

Une petite Vierge au lapin : 35 livres

Saint Pierre en la prison : 35 livres

Deux tableaux, l'un sur vélin, de la ville d'Anvers, et l'autre sur bois, d'une foire : 40 livres

Deux petits portraits du Roi à cheval, par Mignard : 80 livres

Deux petits paysages sur cuivre, par François Bolognèse : 80 livres

Deux grands tableaux représentant les Pères aux limbes : 200 livres

Hercule entre la Vertu et les Vices : 20 livres

Saint Jérôme : 40 livres

L'École d'Athènes, d'après Raphaël : 150 livres

Une École de filles où est la Vierge, par le Guide : 1.000 livres

Une petite Nativité : 50 livres

Deux villes, par Van der Meulen : 100 livres

Le Calvaire et deux dessins au crayon, de Romanelli : 20 livres

Deux tableaux par Fouquières, l'un d'un hiver et l'autre d'un paysage : 120 livres

Deux villes de Flandre, par Van der Meulen : 100 livres

Un Christ en croix et une Vierge, de M. Le Brun : 200 livres

Deux petits regards[7] d'un Christ et d'une Vierge faits en tapisserie : 50 livres

Apollon et Marsyas, par Mignard d'Avignon : 150 livres

Une petite Vierge et un saint François sur bois : 50 livres

Un déluge : 30 livres

Une Bacchanale, par Bourdon : 40 livres

Une Annonciation de la Vierge : 40 livres

Paysage et tête de saint Pierre, en tapisserie : 6 livres

Deux têtes au pastel, par Le Brun : 20 livres

Loth : 15 livres

Grand tableau rond fait de tapisserie de haute lisse des Gobelins, représentant un Christ au jardin : 500 livres

Les portraits du Roi et de Mgr le Dauphin, au pastel : 200 livres

Le portrait de la Reine : 80 livres

Vingt-deux tableaux, sur cuivre, d'après l'école de Raphaël, représentant les figures du Vieux Testament, par Cheninot : 800 livres

Le portrait de la princesse de Conty : 12 livres

Treize estampes des batailles de Darius et autres : 110 livres

(A Saint-Germain et à Versailles).

Dix-huit tableaux, sur cuivre, d'après les loges de Raphaël, représentant les figures du Vieux Testament, par Cheninot : 654 livres

Paysage d'une maison royale, par Van der Meulen : 80 livres

Une Samaritaine : 40 livres

Saint Joseph : 30 livres

Un tableau à l'aiguille, de point fendu, représentant une Vierge : 6 livres

Tableau en miniature d'une Nativité, avec une glace : 40 livres.

(A Sceaux).

Au-dessus des portes, deux paysages de Fouquières, sur toile : 100 livres

Deux autres paysages, manière de Rendu : 80 livres

Une Descente de croix, d'après le Titien : 30 livres

Une Vénus et les Grâces : 250 livres

Paysages de Fouquières avec deux autres tableaux, l'un d'une mer orageuse et une montagne, et l'autre d'un paysage et des montagnes : 120 livres

Vues de Boulogne et de Madrid : 50 livres

Deux vues de mer, par Van der Kane (?) : 200 livres

Deux tableaux d'architecture, par le sieur Lemaire : 200 livres

Deux tableaux d'un Christ et de la Vierge, par Blanchard, le père : 80 livres

Des chèvres et un chien, du Guerchin : 50 livres

Deux paysages du Cochin : 100 livres

La Création du monde : 100 livres

Apollon et Marsyas, d'après le Guide : 50 livres

Saint Sébastien, par Holbein : 40 livres

Une mer de Borzone : 50 livres

La vue de Seignelay : 40 livres

Deux tableaux, l'un représentant un château, et l'autre saint Jérôme : 18 livres

Un paysage de Paul Bril : 40 livres

Des chèvres et un chien : 35 livres

Des vases, des fruits et des fleurs : 50 livres

Orphée 100 Deux petites figures assises : 40 livres

Galathée, d'après Raphaël : 100 livres

Un paysage, manière de Claude Lorrain : 30 livres

Un paysage, par Borzone : 40 livres

Trois tableaux de miniature, de dévotion[8], dont l'un représente un Saint-Suaire, l'autre un Moïse exposé sur les eaux, et l'autre une Vierge au silence, d'après M. Le Brun : 100 livres

Une Sainte Famille du Titien[9] : 50 livres

Quatre grands tableaux, en l'un desquels est Apollon et Daphné ; l'autre, Alexandre regardant un modèle de ville ; le troisième, Alexandre refusant à boire, et le quatrième, le Roi à cheval, d'après M. Le Brun : 820 livres

Quatre tableaux représentant les Quatre Vertus, d'après Raphaël : 200 livres

Deux paysages 200 Deux grands tableaux de fleurs et fruits d'Italie : 200 livres.

Tableaux placés au-dessus des portes.

Trois tableaux qui sont de l'école de Saint-Martin de Bologne : 50 livres

Deux tableaux de fruits 30 Saint Jean l'Évangéliste, d'après M. Le Brun : 30 livres

Homme tenant un violon, par le Valentin : 30 livres

Un baptême de saint Jean, une Fuite en Egypte : 40 livres

Fleurs et fruits, par de Grave : 60 livres

Une Madeleine, d'après le Guide, et une Vierge, d'après Pierre de Cortone : 65 livres

Deux tableaux de fruits, par de Grave : 40 livres

Quatre tableaux de trophées d'armes, par de Grave : 60 livres

Paysage où est Diogène, d'après le Poussin : 20 livres

Deux tableaux, poissons et gibiers : 40 livres

Martyre de saint Maurice, d'après Paul Véronèse : 50

Deux tableaux représentant, l'un une cuisine, l'autre un paysage où est un Maure : 40 livres

Oiseaux, fusil et autres choses : 30 livres

Moïse et le serpent d'airain : 250 livres

Deux tableaux d'oiseaux : 40 livres

Neuf vues de maisons royales : 200 livres

Six tableaux représentant des Vertus, d'après Raphaël : 240 livres

Quatre figures, d'après le Dominiquin : 120 livres

Dix-neuf tableaux représentant des jeux d'enfants, d'après Raphaël : 950 livres

Neuf portraits de différentes personnes : 38 livres.

Bronzes.

Deux figures représentant des gladiateurs : 250 livres

Une petite tête de bronze : 30 livres

Une figure portant un globe, en argent d'Allemagne : 70 livres

Une femme assise, de bronze : 40 livres

Deux vases de bronze, où sont des figures en bas-relief : 800 livres

Deux bustes de bronze représentant, l'un le cardinal de Richelieu, l'autre le cardinal Mazarin : 2.000 livres.

Marbres[10].

Une médaille représentant Mgr le Dauphin : 100 livres

Deux sphinx en marbre rouge : 20 livres

Douze médailles de marbre blanc, d'empereurs, avec leurs bordures à festons, ovales, de bois doré, garnies de cordons de soie : 960 livres

Six bustes de marbre, dont quatre blancs et deux dont la draperie est de marbre jaspé, posés sur leurs piédouches et leurs scabellons, aussi de marbre de différentes couleurs : 1.440 livres

Une figure représentant la Vigilance, de marbre blanc, sur un piédestal de marbre gris.

Deux bustes de marbre blanc avec leurs piédouches, et trois têtes de marbre blanc avec leurs piédouches, tous posés sur des scabellons de marbre de différente couleur : 600 livres

Le buste d'Homère, en marbre blanc : 400 livres

Deux lutteurs, en marbre blanc : 3.500 livres

Vingt-quatre bustes de marbre, dont seize jaspés et les huit autres blancs, d'empereurs, impératrices et sénateurs romains, sur des consoles modelées en plâtre et sculptées, l'une d'une tête de chien et l'autre d'une tête de licorne.

Perles, pierreries et bijoux.

Un collier de vingt-sept perles : 32.000 livres

Un autre de trente-six perles : 7.000 livres

Une boîte garnie de huit gros diamants et un plus gros au milieu, etc. : 28.000 livres

Une croix de diamants avec une perle au milieu : 3.200 livres

Deux boucles d'oreilles de deux diamants à facettes : 5.500 livres

Deux autres boucles d'oreilles de sept diamants chacune et une perle 1.200 livres

Quatre attaches de diamants : 2.400 livres

Un petit nœud de derrière : 300 livres

Deux grandes attaches de diamants de manches : 2.000 livres

Deux grands crochets de diamants et un nœud de derrière : 2.400 livres

Une table de bracelet de onze diamants et une topaze : 800 livres

Deux boutons, deux ganses, une boucle de ceinture de diamants : 2.000 livres

Deux bracelets, l'un de perles et diamants, l'autre de grenats et diamants : 400 livres

Une attache de onze brillants : 4.000 livres

Quatre bagues et trois joncs d'or : 150 livres

Un bracelet de topaze d'Inde avec diamants, perles et rubis : 120 livres

Un bracelet, diamants jaunes, rubis : 500 livres

Un bracelet, perles et diamants : 100 livres

Un bracelet, diamants, rubis : 250 livres

Huit boutons de manches de diamants : 260 livres

Une petite croix antique de diamants : 80 livres

Une table de bracelet de seize petits diamants et une turquoise de nouvelle roche : 80 livres

Quatre petites pièces de bracelet de diamants et une chaîne d'or : 50 livres

Un bracelet de pâte de musc et de diamants : 100 livres

Un bracelet, perles et musc et bois Sainte-Lucie : 80 livres

Deux bracelets de petites perles : 40 livres

Une bague : 800 livres

Quatre boutons d'or de manches avec diamants : 30 livres

Une busquière de neuf diamants : 280 livres

Une table de bracelet de diamants avec une émeraude : 150 livres

Une vieille croix et quatre diamants : 300 livres

Deux poinçons : un de saphir et l'autre d'émeraude : 48 livres

498 louis d'or, à 11 livres chacun, et un écu aussi d'or de 114 sols : 5.483 livres

500 louis d'or, à 11 livres, dans une bourse de velours : 5.500 livres

29 jetons d'or, à 12 livres pièce : 348 livres

23 bourses de velours de différentes couleurs, garnies de cent jetons d'argent chacune, pesant ensemble 64 marcs 7 onces : 1.816 livres

12 autres bourses : 105 livres

Une grande croix de l'Ordre, enrichie de diamants : 3.200 livres

Une petite croix : 2.000 livres

Une bague d'or dans laquelle est enchâssé un diamant brillant : 2.500 livres

Une bague d'or dans laquelle est enchâssée une topaze d'Orient : 580 livres

Une médaille, d'une Samaritaine, entourée de diamants : 100 livres

Une petite croix de diamants : 300 livres

Une petite croix, d'un Christ : 10 livres

Une table de bracelet entourée de quatorze diamants : 600 livres

Une agate-onyx représentant le portrait du Roi : 200 livres

Une agate-onyx représentant le cardinal Mazarin : 100 livres

Une montre émaillée de petits diamants : 100 livres

Deux montres émaillées : 80 livres

Un étui garni d'un compas, règle, petite boussole à la façon de Blondeau : 80 livres.

Vaisselle d'argent.

4 bassins ovales, 2 ronds : 2.828 livres

36 grands plats, 20 assiettes creuses, 24 potagères, 10 douzaines d'assiettes de table, pesant ensemble 701 marcs, à 28 livres : 19.628 livres

8 aiguières, 4 soucoupes, 8 salières, 24 cuillères, 24 fourchettes, 24 couteaux, 2 sucriers, 2 vinaigriers, 1 moutardier, 2 grandes cuillères à potage, pesant ensemble 142 marcs : 3.840 livres

2 flacons, 1 aiguière, 1 pot à bouillon, 3 pots de chambre, 1 cassolette, 2 bassinoires, 1 biberon, 34 fourchettes, 51 cuillères, 10 couteaux : 2.403 livres

38 flambeaux : 5.722 livres

3 mouchettes, 2 bougeoirs, 2 seringues à eau d'essence, 2 boîtes à poudre, 1 bassin à faire le poil, 2 coquemars : 924 livres

2 grands chenets soutenus par des chiens ailés, posés sur une base carrée, qui se terminent par un vase et une flamme de feu, pesant 132 marcs 3 onces, à 33 livres le marc : 4.373 livres

Une paire de chenets d'argent ciselés : 941 livres

Un grand chandelier, à 8 branches, en argent ouvragé : 3.270 livres

6 bassins ovales, 2 ronds, 8 aiguières, 4 soucoupes, 36 plats, 22 assiettes, 2 écuelles, 2 saucières, 13 douzaines d'assiettes, 4 porte-assiettes, 44 flambeaux, 6 chandeliers, 4 sucriers, 2 vinaigriers, 1 moutardier, 1 huilier, 7 douzaines et 11 cuillères, 5 douzaines et 11 fourchettes, 4 douzaines de couteaux, 6 pots de chambre, 1 bassinoire, etc., pesant 1.426 marcs 3 onces, dont 845 marcs de vaisselle plate prisée à 28 livres le marc, soit 23.677 livres ; et 680 marcs de vaisselle montée, à 27 livres le marc, soit 15,681 livres, en tout : 37.358 livres

Quatre vases ciselés : 432 livres.

Vaisselle d'argent de campagne.

2 grands bassins ovales, 2 petits ronds, 4 grands plats, 8 moyens, 24 autres plats, 18 assiettes, 30 potagères, 6 aiguières, 2 soucoupes, 3 sucriers, 8 salières, 1 vinaigrier, 60 cuillères, 24 fourchettes, 12 fourchettes à deux fourchons, 24 manches de couteaux, 2 grandes cuillères, 1 marmite, 1 pot à. bouillon, 1 poêlon, 1 coquemar, 2 pots de chambre, 16 flambeaux, etc., pesant. 956 marcs, dont 779 marcs de vaisselle plate prisée à 28 livres, soit 21.822 livres, et 177 marcs de vaisselle montée, prisée à 27 livres, soit 4.768 livres, en tout : 26.590 livres

Fourchettes et cuillères : 206 livres

Deux girandoles, chandeliers, gobelet, etc. : 344 livres

Poêlon d'argent, pesant 6 marcs 7 onces : 192 livres.

Vermeil doré.

3 bassins d'argent vermeil doré d'Allemagne, dont deux à figures et un à bas-reliefs : 1.076 livres

1 bassin rond, avec figures : 435 livres

3 vases d'argent : 516 livres

2 coupes : 83 livres

2 soucoupes : 265 livres

2 tasses, 4 salières, 4 truelles : 801 livres

1 cassolette : 286 livres

24 assiettes, 12 cuillères, 12 fourchettes, 12 couteaux, etc. : 3.917 livres

Croix de vermeil doré ; dans son pied, un reliquaire : 1.680 livres.

Toilette de Madame.

Bordure de miroir, pelote, 2 soucoupes, 2 tasses, 1 aiguière, 2 brosses à peigne, 1 vergette, 4 flambeaux, 1 gantière, 2 boîtes à mouches, 1 boîte à poudre, 1 crachoir, 6 petits chandeliers, le tout en argent : 4.068 livres

Un grand miroir à glace de Venise, à bordure d'argent enrichie de festons et de deux enfants aux côtés qui les soutiennent et d'un chapiteau aussi d'argent, au haut duquel sont les armes dudit défunt seigneur et de ladite dame, soutenues par deux anges et deux chiens sur la corniche : 8.019 livres

Un autre miroir de Venise, avec bordure ciselée d'argent, aux armes de Colbert : 1.790 livres

Deux clavecins, façon de Flandre : 400 livres.

Garde-robe.

N'est fait aucune description des habits, linges et autres hardes qui étaient à l'usage dudit défunt seigneur, attendu qu'ils ont été donnés au sieur Merle, premier valet de chambre.

Orangerie de Paris.

36 orangers, dont 1 de Portugal : 1.047 livres

8 grenadiers : 470 livres

1 myrte mâle : 30 livres

53 lauriers-roses : 666 livres

4 lauriers-tins en caisse, 40 en pots, 40 en marcottes : 76 livres

75 caisses de jasmins d'Espagne et 26 pots : 166 livres.

Orangerie de Sceaux.

280 orangers, 6 grenadiers, 8 myrtes, 150 jasmins, 126 lauriers, 2 aloès, un pied de fleur de la Passion, etc. : 26.378 livres.

 

III. — TESTAMENT DE MADAME COLBERT.

 

Paris, le 5 avril 1687.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit :

Je désire être enterrée dans l'église Saint-Eustache, où est M. Colbert, le plus simplement qu'il se pourra. Je donne à l'Œuvre de ladite église la somme de 9.000 livres pour la fondation d'une messe qui se dira tous les jours à perpétuité pour le repos de l'âme de M. Colbert et de la mienne, et pour deux services à hautes messes à pareils jours que ceux de nos décès.

Je donne 8.000 livres, savoir : 4.000 aux pauvres malades, et 4.000 aux pauvres honteux de ladite paroisse.

En cas que, lors de mon décès, je n'aie pas pourvu à la fondation ci-après exprimée, je veux qu'il soit pris sur tous mes biens 45.000 livres pour être mises à constitution de rente à l'Hôtel-Dieu de Paris ou à l'Hôpital- Général, ou autre communauté solvable, au denier 24, pour servir à fonder à perpétuité pour les études de six jeunes hommes, depuis l'âge de douze ans jusqu'à vingt-cinq, aux collèges et séminaires de cette ville, pour les instruire à l'ordre de prêtrise, pour chacun desquels il sera payé, à cause de leurs études et subsistances, la somme de 300 livres par an ; dont l'un des six sera nommé par MM. les administrateurs de l'hôpital qui sera chargé desdites 45.000 livres, et les cinq autres par mon fils aîné, et après lui par son fils aîné et ses descendants en ligne masculine, les aînés toujours préférés aux cadets ; et, au défaut d'enfants mâles de mondit fils aîné et ses descendants, le choix et nomination appartiendra aux aînés descendant en ligne masculine de mes autres fils, la branche des aînés préférée aux cadets ; et où il cesserait d'avoir des mâles, la nomination appartiendra à l'aîné des enfants mâles descendant de mes filles, celui qui sera issu de l'aînée de mesdites filles préféré aux descendants des cadettes.

A l'effet que les six jeunes hommes qui seront premiers nommés et ceux qui le seront dans la suite, à mesure que l'un d'eux sera parvenu à l'ordre de prêtrise ou à l'âge de vingt-cinq ans, ils s'emploieront il instruire dans les lieux où ils feront leurs résidences les pauvres et toutes autres personnes dans les mystères de notre religion, aux prières nécessaires pour leur salut et à prier Dieu pour la rémission des péchés du défunt M. Colbert et pour moi ; et que, pour la fondation, il soit passé contrat et pris les précautions nécessaires pour l'exécution de cette mienne volonté.

Je donne 6.000 livres à la communauté des filles de Sainte-Agnès de ladite paroisse Saint-Eustache.

Je donne et lègue aux filles de la Charité de Sceaux la somme de 6.000 livres, pour le secours des malades et pour l'instruction des filles de ladite paroisse, pour être ladite somme employée en fonds ou rente.

Je lègue aux nouvelles catholiques, pour la fondation d'une messe à perpétuité chacun jour de l'année et un service tous les ans, pour prier Dieu pour le repos de l'âme de M. Colbert et de moi, la somme de... (en blanc).

Ayant considéré l'état de ma famille et les avantages que M. Colbert et moi avons faits et procurés à mon fils de Blainville, je l'ai réduit à sa légitime, en cas qu'il ne l'ait pas reçue entièrement, par ce que je lui ai donné sur ma succession,

Pour satisfaire à ce qui m'a été recommandé par M. Colbert pour mon dernier fils de Sceaux[11], je lui donne et lègue la maison où sont logés les gens et train de mon fils aîné, rue Vivienne, de valeur de 60.000 livres. Je lui donne aussi pour 20.000 livres de vaisselle d'argent et pour 50.000 livres de meubles. Je lui donne encore la terre de Linières et toutes ses dépendances, avec les meubles qui y sont, sans réserve, pour 310.000 livres que le tout a été acheté.

Je laisse à mon fils aîné la liberté de retirer ladite terre de Linières, dépendances et meubles, dans les cinq ans du jour de mon décès, en rendant à mon fils de Sceaux 310.000 livres, en fonds de terre de pareille valeur.

Je laisse à mon fils aîné le choix et droit qu'il a de retenir ma terre de Normandie, ses préciput et droit d'aînesse qu'il a dans les autres terres, avec la somme de 250.000 livres en effets de ma succession.

Je lègue à chacune de mes filles 200.000 livres, outre ce qu'elles ont reçu de moi.

Et tout le surplus de mes biens, je le donne et lègue à mes fils, coadjuteur de Rouen et abbé de Bonport, à la charge qu'ils paieront à mon écuyer Fangousse 2.000 livres une fois payées et 300 livres de pension, sa vie durant, par chacun an.

A Gastelier, je lui donne et lègue 6.000 livres une fois payées, et après lui, à sa fille, ma filleule.

A Bonnet, mon concierge, 6.000 livres une fois payées, pour le long temps qu'il y a qu'il me sert avec fidélité.

Je donne et lègue à Bonnay, mon valet de chambre, 4.000 livres une fois payées.

A Dumoulon, 2.000 livres une fois payées.

Je donne et lègue à Le Roy et Barré chacune 100 écus, leur vie durant, par an, et à chacune 1.200 livres une fois payées.

Je nomme pour exécuteurs de mon présent testament mon fils aîné et mon fils le coadjuteur de Rouen, révoquant tous autres testaments.

M. CHARRON-COLBERT.

 

 

 



[1] Voulant n'est pas répété.

[2] Me Belot.

[3] M. P. Clément n'a pas, et avec raison, reproduit les 1.189 articles de l'inventaire ; il a laissé de côté tous les objets dont l'énumération n'offre aucun intérêt : literie, meubles ordinaires, ustensiles de cuisine, etc.

[4] Environ 9 hectolitres.

[5] La voie est à environ 2 stères.

[6] Quelques-uns des tableaux de la collection Colbert se trouvent au Musée de Versailles et au Louvre.

[7] Pendants.

[8] Dans la chambre de madame Colbert.

[9] Dans la chambre de Colbert.

[10] Excepté le premier, tous ces marbres étaient dans le cabinet de Colbert, au château de Sceaux.

[11] Charles-Édouard Colbert, comte de Sceaux, colonel du régiment de Champagne, blessé mortellement à la bataille de Fleurus en 1690.