Accius

 

par Durdent

 

 

ACCIUS ou ATTIUS (LUCIUS), poète tragique latin, fils d’un affranchi, naquit, selon St. Jérôme, l’an de Rome 584 (170 av. J.-C.) mais cette date n’est pas certaine. On citait Accius et Pacuvius comme les plus anciens auteurs tragiques dont les pièces eussent été représentées par ordre des édiles. Quoique Pacuvius fût plus âgé de cinquante ans, ils furent cependant contemporains ; et Accius, se rendant en Asie et passant par Tarente où s’était retiré Pacuvius, lui lut sa tragédie d’Atrée. Pacuvius loua la grandeur et l’élévation de la pensée, mais il critiqua la rudesse et la raideur du style. Tacite adressa depuis le même reproche au style d’Accius ; cependant on préférait en général ce poète à Pacuvius. Quintilien loue dans tous les deux la solidité des pensées, la force des expressions, et la dignité des caractères; mais il reconnaît chez eux les traces de cette dureté inévitable pour tous ceux qui, dans quelque art que ce soit, ouvrent la carrière. Horace et Ovide ont accordé à Accius de l’élévation et de la vigueur ; et il est évident que l’épithète d’atroce que lui a donnée Ovide n’a rapport qu’aux sujets de ses tragédies, qui, presque toutes, retracent les grandes catastrophes des temps héroïques de la Grèce. De tous ces témoignages, il résulte que l’énergie, la véhémence et la grandeur formaient les traits dominants de ses tragédies. Accius composa cependant une tragédie nationale sur l’expulsion des Tarquins. Il écrivit encore des Annales historiques en vers, citées par plusieurs auteurs latins, et quelques comédies, dont deux étaient intitulées : le Mariage et le Marchand. Decimus Brutus, consul, l’an de Rome 615, fut son ami et son protecteur. Accius célébra ses victoires sur les Espagnols, dans des poésies que le choix du sujet rendit si précieuses au consul, qu’il en orna l’entrée des temples et des monuments qu’il lit élever. Cicéron estimait sa tragédie de Philoctète. Valère Maxime parle d’un poète nommé Accius, qui, dans les réunions savantes; ne se levait point lorsque Jules César entrait, parce qu’en ce lieu là il se considérait comme son supérieur. Il ne reste plus d’Accius que des fragments peu considérables, recueillis par Robert Étienne, dans son édition des Fragmenta pœtarum veterum latinorum, 1564, in-8°, et les titres de plusieurs de ses pièces. Ce sont, outre celles qu’on a déjà citées : Andromaque, Clytemnestre, Médée, Andromède, Méléagre, Térée, la Thébaïde, les Troyennes, etc. Au rapport de Pline, Accius était de petite taille. Ce poète était si généralement considéré qu’un comédien fut puni pour l’avoir simplement nommé sur le théâtre. On trouve dans les fragments de sa tragédie d’Astyanax, deux vers où se peint toute l’audace satirique de son caractère :

Nihil credo auguribus qui aures verbis divitant

Alienas, suas ut aura locupletent domos.

Voltaire a dit à peu près la même chose dans son Œdipe :

Les prêtres ne sont pas ce qu’un vain peuple pense,

Notre crédulité fait toute leur science.

Ce poète mourut dans un âge très avancé : mais on ne peut indiquer l’époque précise de sa mort.