LES IDÉES MORALES DE CICÉRON

 

PAR ANTOINE DEGERT (1859-1931).

PARIS – 1907.

 

 

PRÉFACE.

CHAPITRE I. — LES PRINCIPES DE LA MORALITÉ.

CHAPITRE II. — MORALE PRATIQUE.

CHAPITRE III. — MORAL INDIVIDUELLE.

CHAPITRE IV. — MORALE SOCIALE.

CHAPITRE V. — MORALE RELIGIEUSE.

CONCLUSION.

 

PRÉFACE

On voudra bien ne pas s’étonner si nous nous occupons ici des idées morales d’un écrivain beaucoup plus souvent étudié pour son talent oratoire et pour ses théories littéraires. Les anciens n’en auraient été nullement surpris. Pour eux, l’éloquence se confondait avec la sagesse et l’orateur ne se croyait jamais si bien dans son rôle que quand il encourageait les âmes à la vertu, les détournait du vice, flétrissait les méchants et glorifiait les bons[1].

Sans prendre trop au sérieux ce rôle si libéralement assigné à l’éloquence, Cicéron fut souvent amené par sa situation d’orateur politique, d’avocat, d’homme d’État, à apprécier en moraliste Ses principaux événements de son temps. D’autres fois ce sont ses amis qui font appel à ses lumières, et il lui faut, bon gré mal gré, jouer le rôle de conseiller d’occasion, on serait presque tenté de dire de directeur de conscience. Parfois même, surtout vers la fin de sa vie, les questions morales prennent une place de plus en plus considérable dans ses œuvres philosophiques, elles forment même le fond exclusif de quelques-unes, par exemple du De officiis.

A divers titres il m’a paru intéressant de recueillir les vues morales disséminées à travers l’œuvre d’un auteur qui fut le témoin le mieux informé et l’interprète le plus désintéressé des conceptions morales de son temps. Si je les ai groupées dans un ordre qui ne finit point le sien, ce n’est point qu’il entre dans ma pensée de présenter ici un système complet de morale cicéronienne. Je ne mue suis même pas piqué de donner une image fidèle de cette morale ; ce sont là ambitions bannes pour des historiens de la philosophie. Tout autre est mon but. Parmi les idées morales de Cicéron il en est dont l’intérêt n’est point limité aux circonstances qui les ont provoquées. Leur utilité est de tous les temps, et notre époque peut en faire son profit. C’est des idées de ce genre que nous avons voulu ici recueillir la fine fleur.

Quand même la place qui m’était mesurée ne m’en aurait fait une nécessité, je me serais fait,-un devoir de laisser le plus souvent possible la parole à Cicéron. N’était-ce pas le meilleur moyen de livrer son enseignement dans sa pureté native !

On comprendra donc que j’aie borné généralement mon rôle à dégager, à traduire, à rapprocher les éléments moraux de l’œuvre de Cicéron. Ainsi le voulaient le caractère de notre œuvre et les conditions imposées à son exécution.

 

Voici les titres des ouvrages le plus souvent cités :

De oratore libri III = De or.

Pro Cluentio oratio = Pro Clu.

Pro Sestio oratio = Pro Sest.

Pro Milone oratio = Pro Mil.

In Antonium Philippicæ XIV = Ph.

In Catilinam orationes IV = Cat.

Academicorum posteriorum liber primus = Acad. I.

Academicorum priorum liber secundus = Acad. II.

De finibus bonorum et malorum libri V = Fin.

Tusculanamm disputaiionum libri V = Tum.

De natura Deorum libri V = De nat. D.

Lælius, De amicitia = De am.

De officiis libri III = De of.

De republica libri VI = Rep.

De legibus libri III = De leg.

Epistolæ ad Atticum, ad Quinium = Ep. ad At., ad Quint.

On s’est servi principalement, sauf à les contrôler, des textes et des traductions de la collection Nisard.

On pourra consulter sur les questions traitées dans ce livre :

M. MORLAIS, Etudes morales sur les grands écrivains latins, Lyon, 1889.

C. THAUCOURT, Essai sur les traités philosophiques de Cicéron et leurs sources grecques, Paris, 1885.

Arth. DESJARDINS, Les Devoirs, Essai sur la morale de Cicéron, 2e éd., Paris, 1893.

R. THAMIN, Saint Ambroise et la morale chrétienne au IVe siècle, Paris, 1895.

 

 

 



[1] De orat., III, 9.