LOUIS XI ET LE SAINT-SIÈGE

1461-1483

 

CHAPITRE VIII. — LA FIN DE LOUIS XI - 1480-1483.

 

 

La rupture entre Louis XI et Sixte IV ne fut pas de longue durée. Le roi avait par son intervention diplomatique obtenu ce qu'il désirait. Son autorité sur l'Italie est dès lors moralement reconnue. Il en est vraiment le véritable suzerain. Quant au pape, qui avait voulu se servir de l'Autriche pour faire échec au roi et conserver, grâce à Frédéric III, son hégémonie en Italie, il s'était rendu compte que l'appui de l'Autriche était fort peu solide et force lui fut à son tour de s'incliner devant Louis XI. Aussi se rapprocha-t-il de lui.

Louis XI qui se trouvait avoir besoin des bons offices pontificaux pour la conclusion d'une paix avec Maximilien, accueillit favorablement la mission que le Saint-Père lui envoya. Sixte IV fit d'ailleurs preuve de grande finesse en choisissant comme légat le remarquable diplomate qui avait, quelques années auparavant, conclu la paix de Lyon, son neveu, le cardinal Saint-Pierre-ès-liens, Julien de la Rovère, l'ami personnel de Louis XI.

Le but du légat était triple faire conclure la paix entre le roi et Maximilien, obtenir la délivrance de Balue et d'Haraucourt. pousser Louis XI à intervenir d'une façon active dans la croisade.

Le cardinal fut nommé légat vers la fin d'avril 1480, avec pleins pouvoirs pro pace tractanda et aliis arduis negotiis peragendis en France, Ecosse, Autriche, Bretagne. Sixte IV ordonnait à tous de le recevoir avec les plus grands égards. Il le chargeait de faire mettre en liberté les prélats emprisonnés par le roi, prélats dont il examinera soigneusement les crimes pour les juger équitablement ensuite[1]. Le cardinal-évêque de la Sabine annonçait aussitôt cette nouvelle à du Bouchage le 13 mai 1480 et lui disait qu'il partirait probablement le 15 du même mois[2].

Louis XI, pour mettre tout à fait le cardinal dans ses intérêts lui fit faire partout une réception magnifique. Les gouverneurs et les évêques des places frontières furent envoyés au-devant de lui. Il fut reçu à Grenoble et à Embrun par des fourriers royaux. Le comte d'Auvergne, le lieutenant-général du Dauphiné, l'archevêque de Bordeaux, les évêques de Lisieux, d'Evreux, de Saint-Pol, le bâtard du Maine, le chevalier Gilbert de Chabannes et Guillaume d'Auvet, conseiller du roi, furent envoyés sa rencontre. Dauvet lui remit de la part du roi les pouvoirs les plus amples pour accomplir sa légation[3], mais par contre il exigea de lui un acte par lequel il devait déclarer qu'il n'abuserait pas de ses pouvoirs, qu'il ne ferait rien contre la prérogative royale et qu'il travaillerait à éteindre les démêlés entre le pape et les évêques touchant la collation des bénéfices. Le légat fut aussi obligé de déclarer que les honneurs qu'on lui rendait ne pourraient tirer à conséquence et qu'ils ne seraient pas dus aux autres légats.

Le roi l'envoya féliciter à Bourges et attacha à sa personne le comte de Dunois pour raccompagner pendant son séjour dans le royaume.

Louis XI et Julien eurent une entrevue à Vendôme, puis le cardinal se rendit à Paris. Il y entra le lundi 4 septembre et il fut admirablement reçu par tous les estatz de Paris qui allèrent au-devant de lui à la porte Saint-Jacques[4]. Le clergé, le Parlement, l'Université, le corps de ville l'accompagnèrent par des chemins tendus de tapisseries jusqu'à Notre-Dame. Il fist illec son oraison ayant à ses côtés le cardinal de Bourbon. Julien de la Rovère se rendit ensuite chez lui, au collège Saint-Denis près des Augustins, toujours accompagné par très noble, très révérend père en Dieu, Mgr le cardinal de Bourbon.

Le 5 septembre, François Halle et Guillaume de Ganay, avocats du roi, lors de la réception des lettres du cardinal, se rendirent de grand matin au Palais pour protester, in secreto, contre la lecture et la publication de la faculté octroyée par le pape au légat de pouvoir contraindre par censures et excommunication ceux qui ne lui obéiraient pas[5].

Le mardi 6, après une chasse au bois de Vincennes, Olivier le Daim festoya les deux cardinaux et autres gens d'église tant plantureusement que possible estoit. Le jeudi et vendredi, le légat dit messe et vêpres à Notre-Dame, devant une assistance considérable. Le dimanche 12, eut lieu un dîner de gala chez le cardinal de Bourbon qui régala en outre les archevêques de Besançon et de Sens, les évêques de Chartres, Nevers, Tonnerre, Amiens, Alet, Lombez, l'abbé de Saint-Denis et aultres seigneurs déployant un faste inouï.

Le légat écrivit alors à Maximilien pour lui annoncer son arrivée. Il se rendit le lundi 13 à Saint-Denis et de là partit en Picardie pour traiter avec le roi des Romains. Mais celui-ci fut prévenu contre lui par le cardinal-évêque de Tournay, Ferri de Cluny, et par l'évêque de Sebenigo.

Maximilien prétendit avec juste raison que le légat ayant été gagné par Louis XI ne pouvait être impartial. Julien, averti par le roi, envoya à Maximilien pour se disculper l'archevêque de Rhodes qui passa à la cause flamande. Le légat en fut si courroucé qu'il voulut faire enfermer l'archevêque[6].

Louis XI accepta tout naturellement l'arbitrage de Julien, mais Maximilien le repoussa. Aussi Charles de Visconti pouvait-il annoncer au duc de Milan que le légat était toujours dans l'attente à Péronne el legato è pur anchora a Peronna, non lo acceptano[7]. Le cardinal échoua donc.

Il rentra à Paris où il se trouvait le jeudi ai décembre avant la Noël. Il souppa et coucha avec le cardinal de Bourbon[8] et de là se rendit à Orléans où Balue, délivré par le roi qui taisait ainsi une très grande concession au Saint-Siège, vint le rejoindre. Julien de la Rovère s'en retourna ensuite à Rome. Le pape l'y reçut avec les plus grands honneurs.

Si le légat avait échoué dans la question de la paix, il avait par contre obtenu gain de cause pour les deux autres points de son programme. Le pape lui avait déclaré que son désir était de complaire en tout au roi autant que cela serait compatible avec la justice de Dieu[9]. De son côté, Louis XI ne fut pas en reste d'amabilité avec lui. Il accorda la liberté aux prélats qu'il tenait sous les verrous.

Les légendes qui veulent que Balue ait usé d'artifices pour arriver à se faire délivrer plus rapidement ont été justement réduites à néant. Soit crainte de la mort, soit persuasion que son ancien favori ne vivrait plus longtemps encore, le roi se décida à le faire relâcher le 20 décembre 1480[10]. Après l'avoir fait visiter par Coictier, il le fit remettre aux mains de l'archiprêtre de Loudun qui avait commission du légat pour le recevoir et qui le conduisit à Orléans[11]. Guillaume de Haraucourt profita de la même faveur, mais ses frères durent se porter caution pour lui et fournir à Palamède de Forbin et au gouverneur de la Bastille des gages certains de la bonne conduite future du prélat à qui le souverain pontife donna aussitôt le siège de Vintimille[12].

Quant à Balue, le pape, loin de le punir, lui accorda toute sa confiance et le renvoya après la mort du roi comme légat en France où il fut reçu, malgré les défenses de Charles VIII et du Parlement.

Pendant la captivité des deux prélats des complications étaient survenues à Angers et à Verdun. Le roi avait voulu que Jean de Beauveau reprît l'administration de l'évêché, mais le chapitre s'y était opposé. Beauveau n'en avait pas moins été mis en possession du temporel épiscopal, dont il obtint d'ailleurs la mainlevée et qu'il administra jusqu'à sa mort (23 avril 1479). Le roi fit alors élire par le chapitre, le 1er juillet 1479[13], l'un de ses maitres des requêtes, Auger de Brie, comme évêque commendataire. L'archevêque de Tours, que le pape avait commis pour s'occuper de cette affaire, obtint des bulles de Rome pour administrer l'église d'Angers, mais il est probable qu'Auger dût rester le maître de l'évêché jusqu'à la mort du roi, époque à laquelle Balue lui céda l'abbaye de Saint-Pierre de Lagny et une rente de 1.500 livres pour le désintéresser.

A Verdun, Jean de Lenoncourt resta comme vicaire temporel et spirituel jusqu'au retour de Haraucourt qui ne reprit possession de son siège qu'après 1483.

Le cardinal légat obtint encore la mise en liberté de Geoffroy Hébert, évêque de Coutances, compromis dans le procès du duc de Bourbon et que l'on avait accusé de faire des figures et de l'astrologie. Il se mêlait, en effet, d'astrologie et de caractères et il avait fait graver une figure de femme et des lettres romaines sur une lame d'argent[14]. Ses biens et meubles avaient été, après son arrestation en 1480, mis entre les mains du roi et défense avait été faite à son procureur de ne plus rien lever de l'évêché de Coutances[15]. Julien de la Rovère n'oublia pas non plus ses propres intérêts. Il réclama après son retour à Rome l'abbaye de Gorze dont les gens avaient été chassés par les officiers du roi et il pria du Bouchage d'intercéder en sa faveur auprès de Louis XI[16].

Il dut même solliciter en faveur de l'archevêque de Besançon, Charles de Neufchâtel, qui, pour avoir été trop longtemps partisan de Maximilien, fut obligé de demander au roi, qui les lui accorda, des lettres de rémission[17]. Avant son départ il intervint aussi dans la répartition de certains sièges épiscopaux, ceux de Séez et d'Orange notamment[18]. Pourtant, malgré toutes les instances qu'il dut sans doute faire en faveur de Louis de Rochechouart, évêque de Saintes, il ne réussit point, car le Parlement décida, en 1480, que ledit évêque serait pris au corps et mis en la Conciergerie du Palais jusqu'à ce qu'il eût payé les amendes auxquelles il avait été condamné par arrêt de ladite cour[19].

Sixte IV, à son tour, intercédait en faveur de l'ancien évêque de Châlon-sur-Saône et dans l'éventualité de la vacance de cet évêché il l'y transférait, certain d'aller ainsi, disait-il, au-devant des désirs royaux[20]. Enfin, il se mettait en mesure de prendre possession du Diois et du Valentinois.

Le cardinal Julien écrivait de Rome avant son départ pour la France (20 mai 1480) à du Bouchage que le pape avait fait, du consentement du roi, examiner ses droits sur les comtés et qu'il envoyait en France pour s'occuper de cette affaire son avocat consistorial, Guillaume Ricci[21].

En Italie, Louis XI, malgré le souverain pontife, arrivait à faire conclure la paix entre Laurent et Ferrand. Le voyage de Laurent à Naples, préparé par Palmier, aboutissait à la conclusion d'un traité entre eux, et Sixte IV se voyait joué, car il ne parvenait pas à chasser les Médicis de Florence. Il était obligé d'adhérer au traité conclu à Naples en mars 1840, et il perdait ainsi, de par Louis XI, tous les fruits de sa politique[22]. Malheureusement cette paix d'Italie durait fort peu. La péninsule se partageait de nouveau en deux tronçons Venise se liguant avec le pape Naples, Ferrare et Florence s'unissant entre elles.

Ces divisions étaient favorables à une intervention de la France qui pouvait à son gré faire pencher la balance en faveur de l'un ou l'autre camp.

La mort de René[23] offrit d'ailleurs à Louis XI l'occasion de se mêler plus activement que jamais des affaires italiennes. Le successeur du roi de Provence, Charles du Maine, était presque mourant. Son héritier légitime était le vieux roi qui, outre la Provence, pouvait ainsi réclamer en même temps Naples. Aussi Louis XI fit-il appuyer diplomatiquement les prétentions du comte à Rome. Le pape fort embarrassé, ne voulant pas froisser Ferrand, ne consentit qu'à grand'peine, on le conçoit aisément, à donner au comte l'investiture du royaume de Naples qu'il réclamait.

Les ambassadeurs angevins, soutenus par le cardinal de Rouen et les envoyés de Louis XI, prêtèrent au nom de leur maître obéissance au souverain pontife pour le royaume de Naples[24].

Ils durent cependant rencontrer certaines difficultés, car Charles du Maine essaya, pour forcer la main au pape, d'enlever Julien aux portes mêmes d'Avignon. Le roi joua à ce moment un double jeu. Il prit le légat sous sa protection et lui fit dire que s'il voulait rester à Avignon, il le pouvait sans crainte et qu'il était prêt à lui donner un sauf-conduit[25].

Mais bientôt Louis XI se tourna contre le souverain pontife. Sixte IV ayant voulu prendre l'Angleterre comme arbitre entre la France et l'Autriche[26], le roi eut un instant l'idée d'intervenir militairement en Italie pour faire cesser toutes les querelles. L'ambassadeur milanais en France écrit de Tours, que dans un long entretien qu'il a eu avec Louis XL celui-ci s'est montré fort courroucé contre le pape et Ferraud qu'il a accusés d'être les auteurs des maux de l'Italie. Il veut faire la paix avec ses ennemis et il songe à passer dans la péninsule pour y établir un état plus stable[27]. Bien plus, en 1482, en qualité d'héritier de Charles d'Anjou, il réclama l'investiture du royaume de Naples. La puissance du roi, écrit Arrivabene au marquis de Mantoue, va se trouver doublée par le fait de l'acquisition de la Provence, et Louis XI pourra à sa guise intervenir en Italie, grâce aux ports méditerranéens el porto de Marsilia aptissimo ad armare naviglii et fare impresa. Il ne doute pas qu'il n'envoie des ambassadeurs pour réclamer cette investiture. Le pape en sera fort embarrassé, car c'est là un aveu des plus significatifs la puissance de Louis XI est formidable vui sapeti molto ben la potentia del re de Franza essere grande[28]. Le pape offrit cependant de couronner le Dauphin comme roi de Pouille, à condition que Sa Majesté lui permît de lever des décimes, de l'aider à rétablir à Milan la duchesse chassée par le More et forçât la Sainte Ligue italienne à ne plus lui retirer l'obédience[29].

Au moment du conflit avec Venise et Rome d'un coté, Naples, Milan, Florence de l'autre, à propos de Ferarre, le pape pressé par Ferrand fit appel à Louis XI comme souverain de droit de Naples. Il proposa à ses ambassadeurs Rochechouart et Rabot, qui furent admirablement reçus à Rome par le neveu de Sixte IV, Jérôme Riario[30], comme l'annonça le cardinal Julien à du Bouchage[31], ce qu'il lui avait refusé jusque-là. Il chargea les ambassadeurs de donner l'investiture du royaume de Naples au dauphin avec le titre de gonfalonier de l'Eglise en retour d'une assistance effective du roi contre Ludovic et Ferrand. Il a songé, dit-il, à envoyer au dauphin la Rose bénie à la mi-carême, mais il préfère lui donner une épée qu'il bénira à Noël, afin que le jeune prince tienne du pontife la première épée qu'il ceindra[32]. Après avoir exposé ses griefs contre Ferrand, le pape demanda la levée de décimes en France nonobstante sia morte el turcho pour la croisade et pour partir à la conquête de Constantinople. Lionetto qui l'annonce à Laurent déclare que cette éventualité peut se réaliser, mais qu'il est certain que Sixte IV ne verra pas cette fois encore la couleur de l'argent français[33]. Les négociateurs français obtinrent en outre le transfert de l'évêque de Verdun à un siège italien — Vintimille —, ils firent condamner Haraucourt à prêter serment de fidélité au roi entre les mains de l'archevêque de Tours. De plus, le pape désigna une commission pour donner au roi l'absolution s'il la demandait et il l'autorisa à manger de la viande en tout temps. Il accorda enfin une indulgence plénière à tous ceux qui, visitant l'église Notre-Dame du Peuple, y prieraient pour le roi et son fils.

Louis XI n'accepta pas les propositions pontificales. Il était déjà malade, ayant eu en mars et en septembre 1481 deux attaques d'apoplexie qui lui ôtèrent l'usage de la parole et son attention se détournait un peu de l'Italie.

Mais il ne s'en occupait pas moins fort activement des affaires religieuses de son royaume. Il défendait, en Bourgogne et en Champagne principalement, à tous les religieux mendiants aucun commerce avec les ennemis de l'Etat[34]. Il enlevait au procureur général Saint-Romain, qui s'était fait remarquer par ses remontrances lors de l'abolition de la Pragmatique, sa charge de procureur au Parlement de Paris[35], sans doute pour se rendre le souverain pontife favorable au moment où il sollicitait de lui un bref d'absolution au sujet de l'affaire Balue. Sixte IV lui expédia aussitôt ce bref et commit pour l'absoudre, s'il le désirait, les archevêques de Vienne et de Tours, l'évêque d'Albi et le doyen de Noyon. L'archevêque de Tours, Hélie de Bourdeille[36], en profita pour adresser au roi des remontrances sur sa dureté envers un certain nombre de prélats et sur les mauvais traitements qu'il avait fait subir à Balue et à Haraucourt.

Le pape, à la suite de la prise d'Otrante par les Turcs, réclamait les secours de Louis XI comme ceux des autres princes chrétiens. Il avait d'ailleurs déjà fait un pressant appel à la chrétienté au mois de septembre 1480 en sollicitant l'aide et la protection des souverains en faveur des chevaliers de Saint-Jean, défenseurs de la foi contre les Turcs[37].

Louis XI expédia alors une ambassade en Italie. Elle était destinée à enflammer tous les Etats italiens pour la croisade, mais elle avait aussi pour mission de ne pas laisser prendre à Ferrand une situation prépondérante dans la péninsule. Le roi avait promis que si le Turc débarquait en Italie, il viendrait lui-même pour le chasser. Mais comme il se trouvait une fois encore malade, ses ambassadeurs furent chargés de faire connaître à Sixte IX que les forces plus que la bonne volonté lui faisaient défaut.

Les envoyés royaux étaient Jean de Chassaignes, premier président au parlement de Bordeaux Jean d'Ars, seigneur de Saint-Loup, chambellan, et Raymond Perrault. En passant à Florence, ils montrèrent à Laurent leurs instructions et l'assurèrent de l'amour du roi. Ils arrivèrent à Rome le premier jeudi du carême en 1481. Le pape les manda le dimanche. Le mercredi suivant il eut avec eux une première conférence[38]. Les ambassadeurs déclarèrent, à propos de la guerre turque, que le roi ne demandait pas mieux que d'intervenir activement. Ils réclamèrent la formation d'une ligue universelle contre le Turc et la levée pour l'expédition de 1.200.000 ducats. L'empereur devrait en verser 200.000, l'Angleterre 100.000, les Etats italiens 400.000. Quant au roi, il s'engageait à donner 200.000 écus. Si le pape l'autorisait à taxer les ecclésiastiques de son royaume, il se faisait fort de fournir 100.000 écus en sus. Mais le roi, toujours prudent, avait prié ses négociateurs de se tenir sur la réserve si les nations désignées se récusaient et refusaient l'argent demandé. Ceci nous montre que la sincérité de Louis XI était plus que douteuse en la circonstance. Une fois encore il en revient à sa politique familière d'atermoiements. Le pape nomma une commission pour examiner les propositions royales. Les envoyés du roi insistèrent aussi auprès de Sixte IV pour la canonisation de Berland. Ils demandèrent l'intervention directe du souverain pontife dans la question franco-bourguignonne et soutinrent les prétentions de Charles du Maine au trône de Naples. Ils firent enfin part au pape du désir de Louis XI d'avoir à ses côtés un homme de confiance, envoyé direct du souverain pontife[39].

Les envoyés du roi quittèrent ensuite Rome pour se rendre à Venise.

Les ambassadeurs milanais, Guid. Antonius Vespucius et Baptista Bendedens, avaient suivi avec un intérêt facile à deviner ces négociations relatives à la croisade. Ils écrivent à leur souverain qu'ils ont à ce sujet discuté avec les envoyés français et les cardinaux. Ils voulaient faire exclure les Vénitiens de la ligue, mais ils n'y réussirent pas. On a fort discuté, disent-ils, chez le cardinal de Rouen, président de la congrégation, sur la liste des adhérents et les sommes qu'ils devaient fournir. Les cardinaux ont après mûre délibération décidé de s'entendre avec le pape pour la taxation et aussi d'inviter tous les princes chrétiens à partir pour l'expédition[40]. Le pape semble surtout avoir tenu à l'argent car il exigeait d'abord le paiement de la taxe. L'évêque de Côme, qui écrit au duc le 20 avril, lui dit que l'union universelle contre le Turc lui paraît presque impossible non solum difficile ma quodam modo omnino impossibile[41]. Le pape ne songe qu'à l'argent. Il a discuté fort longuement à ce sujet avec tous les ambassadeurs. Il ne veut pas entendre parler de ligue, mais seulement d'union[42]. Les Milanais voulaient donc faire conclure la ligue avant tout et ils n'eussent pas été fâchés d'en exclure les Vénitiens, le pape au contraire ne songeait qu'au solide à l'argent qu'on avait fait miroiter à ses yeux. D'ailleurs l'ardeur de Milan et de Florence, celle même du pape paraît douteuse. Quant à Venise, son intérêt bien entendu lui commandait d'entraver à tout prix l'expédition, qui n'aurait abouti qu'à augmenter le prestige et la puissance de Ferrand. Aussi la croisade était-elle vouée à un échec certain[43].

Sixte IV n'avait pourtant rien négligé pour pousser Louis XI à s'engager complètement. Le 1er avril, il avait donné la Rose à ses ambassadeurs[44] et il songeait un peu plus tard à accorder à Louis XI, qui le sollicitait, le chapeau pour l'archevêque de Besançon[45].

Du consentement du roi il ordonnait, en avril 1481, de lever une dime entière de tous les revenus ecclésiastiques dans le royaume et le Dauphiné, puisque Louis XI huic desiderio spontaneus adjutor et cooperator accedat[46]. Cette bulle, du 9 avril, devait être exécutée par le cardinal Julien que le pape nommait son collecteur en Dauphiné. L'autorisation accordée par le roi ne laissait pas que de surprendre les Italiens et l'ambassadeur de Laurent lui mandait que l'on était fort étonné de voir le roi accepter les décimes, surtout quand on savait comment le pape avait dépensé les autres[47].

En même temps, Sixte IV lançait une bulle faisant appel à l'union de tous les princes. La bulle fut présentée au roi le 29 avril 1481, par Ange, évêques de Sessa ; Antoine, évêque de Luna ; Jean Chardelli, docteur ès-décrets et Sigismond Conti, secrétaire pontifical[48]. Les bulles du pape furent reçues en grande pompe au Plessis, par le roi, qui s'était entouré de ses grands dignitaires laïques et ecclésiastiques[49]. Il se retira dans une chambre avec ses seigneurs, lut et examina la bulle et après avoir pris l'avis de l'assemblée, dit qu'il était fort content de voir le pape s'efforcer de ramener la paix dans la chrétienté, mais qu'il ne voulait à aucun prix, menacé qu'il était de trois guerres, déposer les armes avant ses adversaires. Aussi la démarche pontificale en faveur de la croisade échoua-telle.

Les ambassadeurs pontificaux avaient aussi d'autres instructions secrètes sur les vexations que le roi faisait subir aux clercs et à l'Eglise et sur ses empiétements sur les droits de la papauté, qui poussèrent sans nul doute Louis XI à refuser l'acceptation des bulles de Sixte IV[50].

Aussi le roi, qui se trouvait alors fort malade, vit-il subitement le pape s'intéresser très vivement à sa santé. En mai 1481, Sixte IV accorda des indulgences à tous ceux qui prieraient pour la santé du roi, de la reine, du dauphin et aussi du pape et en même temps pour la réussite de la croisade contre le Turc[51]. Le roi obtint de nombreux privilèges pour l'église de Plessis-du-Parc et pour le monastère de Saint-Claude du Jura[52], où se trouvait le corps du bienheureux ermite pour lequel Louis XI avait une vénération si particulière qu'après sa maladie il y fit un pèlerinage en observation de l'un de ses vœux. Bien plus, le roi fit transférer le corps du frère Jean de Gand, ermite de Saint-Claude, dans le monastère de cette ville et il écrivit au pape pour le faire canoniser, parce que nous avons cette matière bien fort à cœur. Il lui envoya Me Pierre Frezet, religieux du couvent des Frères Prêcheurs, docteur en théologie et inquisiteur de la foi au diocèse de Troyes. Il devait réclamer une enquête sincère et rapide. Qu'il luy plaise ny faire aucune difficulté ny dissimulation. En même temps, le roi écrivait aux cardinaux de peser sur la détermination du pape[53]. Mais comme Louis XI mourut au cours de ces négociations, l'affaire ne fut pas poussée plus avant. La canonisation de Berland subit le même sort.

En 1482, nouvelle maladie du roi qui devient alors, suivant l'expression de Commines, une anatomie vivante. Louis XI, toujours moult convoiteux de vivre, fut tellement effrayé par l'idée de la mort qu'il s'entoura d'un grand nombre de bigots, bigottes et gens de devocion, comme hermites et sainctes créatures pour sans cesse prier à Dieu qu'il permist qu'il ne mourust point et qu'il le laissast encore vivre[54].

Il demanda aussi au pape de lui envoyer le saint ermite de Calabre, saint François de Paule que le souverain pontife fit partir incontinent. En même temps, déférant aux vœux clue le roi avait précédemment émis, il envoyait pour résider auprès de lui en qualité de nonce, Raimond Perrard.

Il avait pour mission d'entretenir le roi du conflit alors pendant entre Sa Sainteté et Ferrand. Le roi de Naples ayant envahi les Etats du Saint-Siège, le pape, ainsi qu'il l'annonça à l'empereur, aux princes italiens et étrangers, en les exhortant à partir contre le Turc, prit les armes contre lui et le défit complètement[55]. Le nonce devait exhorter le roi à faire valoir ses droits sur le royaume de Naples et lui promettre l'investiture pontificale. Il réclamera l'appui de Louis XI pour faire conduire à Avignon un prélat retiré à Bâle qui avait gravement injurié le pape et qui se permettait de réclamer la convocation du concile[56]. Il semble aussi que Sixte IV ait eu de nouveau l'intention de lever des décimes sur le clergé français, mais il recula devant les remontrances du roi. Nous le voyons en effet écrire à Louis XI, en juin 1482, pour le calmer au sujet d'une demande d'imposition de dime faite par l'ermite de Calabre qui était arrivé tout récemment au Plessis. Le pape se défend d'avoir donné des instructions particulières à l'ermite à ce sujet. Il lui a seulement enjoint de se rendre rapidement vers le roi qui ne sera plus à l'avenir importuné par de semblables demandes[57]. En même temps, pour montrer qu'il prenait un très vif intérêt au rétablissement du roi, qui ne s'oubliait d'ailleurs pas lui-même puisqu'il ordonnait à diverses reprises à tous les estats de Paris de se transporter en l'église de Mgr Saint-Denys pour lui faire prière qu'il veille estre intercesseur et moyen entre nostre Sauveur Jésus-Christ et lui[58], il lui permettait par un bref de se faire oindre une seconde fois de la Sainte Ampoule[59]. Louis XI envoyait de son côté à la basilique de Saint-Jean de Latran, un calice pour remercier Dieu et Sixte IV l'avisait que le don royal était arrivé et il le louait de sa piété[60].

Le pape n'oubliait pas ses propres intérêts, et il est fort curieux de voir en ce moment critique les deux souverains entremêler la politique et la piété. Le pontife invitait le roi à prier le duc de Milan de permettre à ceux qui se rendaient à Rome de passer par ses Etats sans courir le risque d'être molestés[61]. Il le félicitait peu après d'avoir obtenu gain de cause pour lui[62]. Il intervenait auprès de Louis Xi dans la question de Djem sultan. Celui-ci s'était, pour échapper à son frère, réfugié à Malte. Le sultan désirant alors traiter avec l'ordre de Jérusalem, le grand maître proposa à Djem, qui était entre ses mains un instrument diplomatique de premier ordre, de se retirer dans une des commanderies françaises de l'ordre. Djem accepta avec joie, espérant, avec l'appui de Louis XI et des Hongrois, pouvoir atteindre les frontières orientales de la Turquie et recommencer la guerre contre Bajazet[63]. Le pape en profita pour faire au grand maître l'éloge du roi. Il est heureux, dit-il, que le jeune prince musulman ait choisi cette retraite, car le roi de France, qui est un chrétien sincère et fervent, ne pourra que lui donner d'excellents conseils et peut-être l'amener, par son exemple, dans le bon chemin[64]. Il intervient aussi pour que l'on rende ses biens à Balue qu'il présente comme un serviteur dévoué de Sa Majesté. Il est prêt à le blâmer si le roi a quelque grief sérieux contre lui[65]. Il recommande très vivement au roi d'écouter son envoyé, l'évêque de Fréjus[66].

Par contre, le roi, quoique malade et mourant, ne laissait se perdre aucune parcelle de son autorité. En qualité de souverain provençal, il écoutait, fort complaisamment sans doute, la requête des consuls et du conseil de la cité d'Arles qui adressaient au gouverneur de Provence une série de plaintes contre le gouverneur d'Avignon qui réclamaient qu'on n'octroyât point les bénéfices ecclésiastiques de Provence à des étrangers et enfin que l'on rétablit la suffragance de l'église métropolitaine d'Arles sur les évêchés d'Avignon, Carpentras, Cavaillon, Vaison, suffragance autrefois retirée par le pape en faveur de Julien[67].

Louis XI montrait ainsi par son intervention constante dans les affaires des Etats pontificaux de France, que sans contester ouvertement la suzeraineté temporelle du Saint-Siège, il tendait à la transformer en une simple formule pour la remplacer par une tutelle royale effective[68].

Non moins activement, ce moribond s'occupait des affaires de l'Eglise de France. Il imposait aux chanoines de Bourges, comme archevêque, un de ses serviteurs, Pierre Cadenet, prieur du chapitre de Notre-Dame de Salles. Les chanoines ayant voulu élire leur doyen, Guillaume de Cambrai, le roi obtint de Rome des bulles pour son familier qui resta en possession du siège archiépiscopal jusqu'à sa mort[69]. Il en fut de même à Narbonne où l'archevêque Renaud, bâtard de Bourbon, fut remplacé d'office par un autre favori de Louis XI, François Halle, ancien avocat général au Parlement de Paris et premier président à l'échiquier de Normandie. Son compétiteur, Georges d'Araboise, que les chanoines avaient élu, fut obligé de s'incliner et d'accepter en attendant l'évêché de Montauban[70]. L'archevêque de Tours, qui s'était laissé aller avec l'abondance du cœur morigéner le roi au sujet de Balue, témoigna à son souverain sa douleur de lui avoir déplu et parvint ainsi à rentrer en grâce[71]. L'évêque de Saintes qui avait été, en 1479, condamné à une grosse amende, ne l'ayant pas payée rapidement, fut, en février 1482, ajourné à comparoir en personne devant le Parlement, sous peine de bannissement. A la requête des doyens et du chapitre de l'église de Saintes, sur conclusions du procureur général, il fut privé du temporel et spirituel de son église jusqu'à ce qu'il fût absous et qu'une information fût faite par le Parlement sur ses crimes, délits, abus, excès et entreprises. Il fut enfin enfermé jusqu'au paiement complet de son amende[72]. L'évêque de Saint-Flour, Antoine Lieutoing, après avoir vu son temporel saisi, fut obligé de jurer sur le saint nom de la messe, en touchant corporellement le missel par Dieu, son créateur qu'il serait et demeurerait vray et loyal sujet et obeyssant du roi mondit seigneur. Sans varier le serviray de tout mon pouvoir, loyalement envers et contre tous ceux qui peuvent vivre et mourir[73].

Malgré tout, le pape continuait d'être agréable au roi. Sur sa demande, il érigeait en collégiale l'église Sainte-Marthe de Tarascon[74]. Il absolvait le roi pour les méfaits commis au sujet des comtés de Die et de Valence[75].

Quant à Louis XI, il favorisait de plus en plus le Saint-Siège. Il envoyait au pape des lettres patentes lui donnant le droit de nommer à un certain nombre de sièges ecclésiastiques[76]. Aussi Sixte IV voyant que le roi ne refusait rien à l'Eglise, poursuivit la reprise des comtés. Nous le voyons écrire, en décembre 1482, à Urbain de Fiesque, évêque de Fréjus, référendaire apostolique, en mission auprès de Louis XI, d'insister pour la restitution desdits comtés qui appartiennent bien à l'Eglise romaine. Il lui enjoint, au cas où il reviendrait à Rome au moment où il écrit, de retourner vers le roi, et il lui annonce qu'il lui envoie comme auxiliaire, Guillaume Ricci, jurisconsulte avignonnais et avocat consistorial[77]. Les ambassadeurs milanais annonçaient cette nouvelle à leur maître en lui disant que le roi s'était résolu à offrir, soit 50.000 écus, soit la restitution des comtés, pour le repos de sa conscience[78]. Sixte IV écrivait en même temps à l'archevêque de Tours pour qu'il favorisât la mission de ses ambassadeurs[79]. Il donnait en son nom et en celui des cardinaux des instructions tout à fait détaillées à Guillaume Ricci, avocat consistorial et orateur apostolique auprès du roi de France.

Ricci félicitera Louis XI de l'acquisition de la Provence et demandera que les conventions passées entre les papes et les comtes provençaux soient toujours respectées. Il essaiera d'obtenir que le Rhône et la Durance soient déclarés fleuves pontificaux, afin d'éviter les querelles qui surgissent lors des inondations de ces fleuves entre Avignonnais et sujets royaux. Il incitera le roi à rendre au Saint-Siège les comtés et il priera Louis XI d'étendre sa protection aux sujets du pape. Il suppliera le roi de faire rapporter les arrêts rendus à propos d'Avignon par le parlement de Grenoble. Enfin, il tâchera de faire maintenir les privilèges de l'évêque de Fréjus et surtout- point capital d'obtenir que le roi, comme successeur de Charles d'Anjou, veuille bien payer ses dettes, c'est-à-dire la somme de 80,000 ducats qu'il pourra remettre à un commissaire pontifical[80]. Quelques jours plus tard. Sixte IV lui écrit qu'il a foi en sa prudence et en son intelligence. Il lui ordonne de joindre ses efforts à ceux de l'évêque de Fréjus qui est fort bien en cour[81].

Ces différentes concessions faites au souverain pontife éveillèrent dans le royaume quelques craintes, car le chancelier chargea l'archevêque de Narbonne, Halle, ci-devant avocat général au Parlement de Paris, de tenir le roi en garde contre les sollicitations du pape[82]. Sixte IV ne trouva pas cette intervention de son goût. Tout en remerciant vivement le roi de ses lettres sur la restitution des comtés, il lui déclara qu'il n'était pas content des procédés employés par ses ambassadeurs, ni de l'attitude et des lettres de son chancelier. Il pria le roi de lui rendre les comtés et de prêter serment de fidélité entre les mains de son envoyé. S'il le fait, Pierre et Paul lui seront favorables, ainsi qu'à son fils et il priera toujours pour sa félicité. Il consent, dans le cas de la restitution, à abandonner les châteaux placés sous la suzeraineté royale, mais en sauvegardant bien entendu les droits de l'Eglise[83].

En 1483, continuant à morigéner le roi, Sixte IV faisait des restrictions au sujet de certaines de ses demandes, l'exhortant à ne pas solliciter souvent des changements dans l'Eglise, ce qui y provoque de nombreux troubles. Il revient sur l'affaire des comtés et déclare que pour les châteaux vassaux du roi Ricci a des instructions précises[84]. Le pape ne se gêne d'ailleurs pas, ce qui prouve la bonne entente entre les deux princes, pour faire intervenir le roi en Savoie en faveur de son neveu, François de la Rovère, qui y désirait un bénéfice[85]. Ayant appris que Haraucourt persécutait de Vintimille, par l'intermédiaire de ses frères, le nouvel évêque de Verdun, il lui ordonna sous les peines les plus graves de faire cesser toutes ces querelles et il dut, sans nul doute, mêler Louis XI à cette affaire[86]. Peu après, il pousse le roi à exhorter les Vénitiens à abandonner le siège des places de l'Eglise[87] ; il le loue de sa grande piété envers le Saint-Siège et de l'argent qu'il a donné, en retour du relèvement de ses vœux, pour la réparation de nombreux édifices de Rome[88]. Il le remercie, à propos des comtés, de sa piété envers le Saint-Siège et il lui accorde ce qu'il demande pour l'investiture des terres de son royaume à son neveu Jérôme[89]. D'ailleurs, depuis que le roi, par crainte de la mort, semblait accéder à tous ses désirs, le pape en prenait à son aise avec lui. Il lui déclarait qu'il ne pouvait transférer à un autre siège l'évêque de Castres devenu, malgré lui, suspect au roi et il priait Louis XI de ne pas le priver des fruits de son église[90]. Il lui annonçait l'arrivée de son secrétaire, Jacques Sigand, chargé de réclamer auprès de lui au sujet de la provision des bénéfices du feu cardinal de Rouen à d'autres que ceux que le roi avait proposés. Le pape a cru bien faire, mais il tâchera, si la chose déplaît trop à Sa Majesté, de lui complaire[91].

Le roi, dont la piété et la dévotion augmentent à mesure que s'accroît son effroi de la mort, ayant communiqué au pape ses scrupules au sujet des vœux qu'il avait faits, Sixte IV les commua en œuvres de charité. Louis XI envoya alors cinq cents écus d'or pour les réparations de la basilique de Saint-Pierre, la même somme pour achever les bâtiments de Saint-Pierre du Mont et un calice d'or pour le service divin de Saint-Jean de Latran. Le pape lui dépêcha, sur sa prière, un chanoine du Latran pour recevoir les dons faits à ladite église et informa le roi de sa volonté de faire paraitre une bulle à ce sujet s'il le désirait[92]. Il lui annonçait aussi qu'il envoyait vers lui pour prendre possession des comtés et des terres que le roi accordait à son neveu, le comte Jérôme, un envoyé spécial, Justin de Justinis[93]. Il le remerciait peu après d'avoir, à propos de Jérôme Rario qu'il lui recommandait tout particulièrement, tenu ses promesses[94].

Cependant Louis XI n'oubliait pas, malgré sa ferveur religieuse, les intérêts de ses alliés italiens, et il recommandait au cardinal-évêque de Mâcon de tout faire et insister auprès du pape pour qu'il accordât à Jean de Médicis la possession d'un bénéfice du diocèse de Saintes que le roi sollicitait pour lui[95]. Le pape lui accordait le droit d'être premier chanoine de Notre-Dame de Cléri, pour laquelle le roi avait une dévotion particulière, d'y assister à l'office en surplis, chasse et aumusse[96]. Il lui permettait de se faire apporter sans crainte au Plessis toutes les reliques du royaume et il intervenait auprès de l'abbé de Saint-Rémi qui ne voulait pas se dessaisir de la Sainte Ampoule[97]. Déférant aux ordres du pape, l'abbé et douze religieux l'apportèrent à Paris. Tous les corps de la ville allèrent, le 31 juillet, recevoir la relique en grande cérémonie à la porte Saint-Antoine. L'archevêque de Narbonne, les évêques de Paris, Marseille et Séez, l'accompagnèrent â la Sainte Chapelle et de là à Notre-Dame des Champs d'où elle fut envoyée au Plessis. Elle y resta jusqu'à la fin de Louis XI. Elle estoit — dit Commines — sur son buffet à l'heure de sa mort.

Sixte IV annonçait aussi à Louis XI qu'il avait ordonné à l'ermite de Calabre — auquel il écrit dans ce sens — par deux brefs, l'un en vertu de l'obéissance qu'il doit au pape, l'autre sous peine d'excommunication, de prier ardemment Dieu et de faire d'autres remèdes pour que le roi recouvre la santé. Le pontife lui-même s'abîme en prières pour Sa Majesté[98]. Il le priait aussi de favoriser le maître de l'ordre de Saint-Jean de Rhodes qui faisait conduire en France le frère du grand Turc qu'on avait voulu lui enlever[99].

Enfin Sixte IV parvint à mettre le roi de son côté dans sa querelle avec Venise. A la suite d'un conflit à propos de Ferrare, Sixte IV écrivit à Louis XI d'inviter le doge à poser les armes et abandonner le siège de cette ville pontificale. En même temps il le prie de faire tous ses efforts pour amener en Italie la paix si nécessaire à la croisade turque[100]. Le 15 juin 1483, il annonce au roi que les Vénitiens troublant toujours la paix de l'Italie et cherchant à mettre la main sur la péninsule entière, il se voit obligé d'user des armes spirituelles et de fulminer contre eux des sentences et censures ecclésiastiques. Il demande au roi qui, par droit héréditaire, est le protecteur de l'Eglise, de faire publier les bulles d'excommunication dans son royaume[101], La seigneurie de Venise se hâta de son côté d'intriguer auprès du roi. Ces négociations montrent bien de quel prestige jouissait alors Louis XI en Italie. Quoique les Vénitiens ne se soient guère fait d'illusions sur le résultat de leurs démarches, puisqu'ils disaient de Louis XI : Il est si vieux et si mal portant qu'il est plus mort que vif e tanto vecchio e mal sano che più quésto iè morto che vivo[102], ils envoyèrent cependant au roi des ambassadeurs chargés de lui expliquer les origines du conflit avec Ferrare et de montrer que Venise avait le bon droit pour elle. Les envoyés devaient habilement parler de la mauvaise influence du comte Jérôme, jadis l'ennemi du roi, qui gouvernait suivant son bon plaisir l'Eglise qui totum pontiflcatum pro sua libidine administrat et qui était un obstacle pour la paix et pacem et quietem enfensissimam habet. Aussi de grands troubles agitent-ils l'Eglise de malo in pejus procedunt. Ils prieront le roi qui est le premier des princes chrétiens, de se poser en arbitre dans le conflit[103]. C'est donc, comme on le voit, une invitation non déguisée à reprendre la guerre d'église des débuts du règne. Mais les efforts de Venise restèrent infructueux. Poussé par l'ermite, par Jacques Coictier, Louis XI permit la publication des bulles. Le pape en remercia aussitôt le président de la chambre des comptes et lui accorda les dispenses qu'il réclamait pour ses neveux[104]. Il félicita le roi lui-même, dont il apprit la conduite par l'évêque de Mâcon, et il le pria de refuser de recevoir les envoyés vénitiens et d'attendre l'ambassadeur pontifical chargé de lui fournir les détails les plus complets sur la fourberie des Vénitiens[105]. Nous voyons Sixte IV écrire dans le même sens au chancelier, au maitre de l'hôtel du roi et à François de Paule qu'il invite en outre à prier pour la santé du roi[106]. Enfin, le 24 août, il prie le roi d'intervenir en Italie pour pousser le marquis de Montferrat à abandonner les Vénitiens et à ne pas quitter l'alliance du duc de Milan[107]. Sentant sa fin prochaine, Louis XI de plus en plus effrayé écrivit au souverain pontife pour se faire envoyer les reliques les plus vénérées de Rome que le pape fit aussitôt rassembler. Mais le roi ne perdait pas quand même la notion exacte de ses intérêts, car il priait le pape de gourmander l'ermite qui voudrait charger sa conscience à propos des décimes.

Déférant au vœu royal, Sixte IV écrivait à saint François de se borner uniquement à prier pour que le roi revint à la santé[108], et il lui annonçait, le juillet, l'envoi de Jean-André Grimaldi accompagné de Jacques Sigand, secrétaire de Sa Majesté, qui devait présenter au roi les reliques de la basilique sacrée du Latran[109]. Grimaldi avait ordre de passer par Milan pour s'entendre avec l'ambassadeur que le duc envoyait en France et faire route avec lui[110].

Grimaldi, référendaire et majordome pontifical, après avoir salué et béni le roi au nom du pape qui prie continuellement pour sa santé, présentera à Louis XI les reliques qu'il a fait examiner pour que personne ne puisse douter de leur authenticité, par le cardinal Saint-Pierre-ès-liens et par le cardinal d'Albano, Balue. Le départ de ces saintes reliques — la tunique du Sauveur, celle de saint Jean Baptiste, les cendres de ce saint, un morceau de la peau de la tête de saint Antoine de Padoue — suscita presque une émeute à Rome, mais le pape calma le peuple en disant que le roi lui avait rendu tant de services qu'il ne pourrait jamais lui en marquer trop de reconnaissance[111]. Grimaldi remerciera aussi le roi de l'argent envoyé pour la réparation des basiliques Saint-Jean et Saint-Pierre, pour la restitution des comtés. Il encouragera le roi de continuera favoriser l'Eglise et il l'engagera à ne pas aider les Vénitiens dans leur guerre contre le Saint-Siège. Il offrira au roi le titre de gonfalonier de l'Eglise et s'il refuse — comme cela était probable, Louis XI ne songeant plus alors qu'à la mort —, au dauphin[112]. Sixte IV écrivait en même temps à l'archevêque de Tours et à l'ermite de favoriser de tout leur pouvoir la mission de son envoyé[113].

L'ambassade arriva certainement au Plessis, car Commines observe que les reliques qu'elle apportait furent dans la suite renvoyées à Rome. Sixte IV pensait à ce moment recevoir de son côté une ambassade de Louis XI, car le cardinal de Mantoue lui ayant demandé l'autorisation d'aller se soigner aux bains, le pape le pria de rester à Rome où il avait besoin de tous ses cardinaux pour traiter les affaires qui allaient lui être soumises[114].

Le pape s'élevait en même temps contre un conseiller du roi, Claude Doyat, qui, s'appuyant sur des lettres royales et sous couleur qu'il était clerc, avait enlevé à Jean Monsau le monastère de la Valette du diocèse de Tulle. Il y avait introduit des femmes de mauvaise vie, s'y était livré à des orgies, dissipant ainsi les biens du monastère. Il ordonnait et il dut insister auprès du roi à ce sujet qu'on restituât le monastère à son propriétaire légitime[115].

Sur ces entrefaites, le roi tomba dangereusement malade. Le pape s'empressa alors d'écrire à l'archevêque de Tours qu'il désirait vivement le rétablissement de ce prince qui s'était toujours montré un défenseur si zélé du Saint-Siège in apostolicam sedem singularis devotio, cultus religionis eximias, spectata in Deum pietas, et alia in prœclara animi ornanaenta. Aussi Sixte IV désire-t-il que ce roi si chrétien vive longtemps encore pour le bonheur de l'Eglise. Il ordonne qu'à Tours et dans tout le royaume on fasse des prières pour que le roi revienne à la santé. Des indulgences et des grâces particulières seront accordées pour cela aux fidèles[116]. Le pape écrit au roi lui-même pour déclarer qu'il confirme les fondations faites par l'ermite qu'il invite à prier continuellement Dieu pour Sa Majesté[117].

Sentant le dénouement proche, Sixte IV se hâta de faire pourvoir ses favoris. Il exhorte le maitre de l'hôtel du roi à faire des démarches auprès de Louis XI pour que l'un de ses secrétaires soit mis en possession de bénéfices[118]. Il essaie de faire conserver à l'évêque de Fréjus un bénéfice que le roi réclamait pour l'archevêque de Bordeaux[119].

Ce furent là les dernières relations qu'eurent les deux souverains.

Louis XI entra bientôt dans la voie de toute chair. Le lundi 20 août 1483, il perdit la parole et tout entendement il tel point qu'on annonça sa mort à Paris. Mais il n'en estoit riens, le roi s'en revint, but, parla et mengea très bien et vesquit jusques au samedi soir en suivant, trentiesme et penultime jour dudit mois d'aoust, environ l'eure de entre six et sept au soir qu'il rendit l'âme[120]. Malgré toutes les craintes et suspections qu'il avait manifestées, le roi mourut avec fermeté et courage, parlant aussi sec comme si jamais n'eust été malade. A peine sa mort était-elle connue dans la péninsule que les condoléances affluaient. La seigneurie florentine s'empressait d'envoyer l'expression de sa douleur aux parents du roi[121]. Dès que Sixte IV apprit la funeste nouvelle (10 septembre 1483), il adressa de pompeuses lettres de regret à la reine et au dauphin, vantant surtout la piété considérable du roi, sa mort très chrétienne et son obéissance au Saint-Siège. Il expédiait aussitôt un légat en France — ce fut Balue — et il donnait au maître de l'hôtel du roi, en attendant l'arrivée du cardinal, tous pouvoirs pour gérer les affaires courantes[122].

Enfin, le 13 septembre, eut lieu un service solennel pour le repos de l'âme du roi, auquel le pape et les cardinaux assistèrent en grande cérémonie[123].

Dans cette phase finale de ses rapports avec le Saint-Siège, nous voyons Louis XI en complète harmonie avec le souverain pontife. Quoique le concordat ne soit pas en vigueur, il existe de fait, grâce aux concessions réciproques des deux souverains. Aucun nuage ne vient troubler la bonne entente des deux princes. L'échec de la croisade, qui est d'ailleurs pour une bonne part imputable aux Italiens eux-mêmes, n'amène aucun refroidissement.

Le roi, quoi qu'il devienne plus scrupuleusement dévot, ne néglige aucune occasion de montrer sa réelle puissance. Le pape, et nous sommes ici bien loin de l'attitude belliqueuse de Pie II, lui offre même l'investiture de Naples. Le roi est pris comme arbitre dans le différend romano-vénitien. Il est bien véritablement le suzerain de l'Italie, qui semble n'avoir été faite que pour lui porter obéissance. Il retire tous les profits de sa politique cauteleuse, rusée, sournoise.

Louis XI recueille, triomphe et meurt.

 

 

 



[1] A. du Vatican. Sixti IV. Reg. 680, f° 260, 272, 282. Rome 16 et 27 avril 1480.

[2] Legrand. Pièces hist., XXVIII, 139.

[3] Legrand. Pièces hist., XXVIII, 152.

[4] Jean de Roye. oc, II, 100. — Dom Félibien. Hist. de Paris, II, 873.

[5] Legrand. Pièces hist., XXVIII, 259. — Pithou. Preuves, I, 27.

[6] Legrand. Hist., III, 537-49.

[7] Milano. A. di Stato. Potenze estere : Francia. Charles de Visconti au duc. Tours, 29 octobre 1480.

[8] Jean de Roye. II, 102.

[9] A. du Vatican. Sixti IV Brevia. Arm. XXXIX, n° 13, f° 101b.

[10] Forgeot. oc, 104.

[11] Legrand. Hist., III, 555.

[12] Legrand. Hist., III, 555. — Duclos. III, 304.

[13] Lettres, VII, 293.

[14] Legrand. Hist., III, 557.

[15] Pithou. Preuves, I, 141. — Jean de Roye, II, 98.

[16] Legrand. Pièces hist., XXVIII, 136.

[17] Pithou. Preuves, I, 141.

[18] Legrand. Pièces hist., XXVIII, 353.

[19] Pithou. Preuves, I, 142.

[20] A. du Vatican. Sixti IV. Reg. 626. f° 7b (1er octobre 1480).

[21] Legrand. Pièces hist., XXVIII, 353.

[22] Delaborde. oc, 138.

[23] René d'Anjou, roi de Sicile, mourut le 10 juillet 1480 et Charles IV, comte du Maine, son successeur en Provence, mourut à son tour peu de temps après, le décembre 1481.

[24] Milano. A. di Stato. Potenze estere : Roma, 5 et 8 avril 1481. Branda, évêque de Côme, Ant. Trivulzio protonotaire et Branda de Castiglione au duc. (8 avril 1481.)

[25] Milano. A. di Stato. Potenze estere : Roma. L'évêque de Côme au duc. 18 octobre 1481.

[26] Buser. oc, 224

[27] Milano. A. di Stato. Potenze estere : Francia. Tours, 14 octobre 1480. Charles Visconti au duc.

[28] Mantuva. A. Gonzaga Potenze estere : Roma. Arrivabene au marquis. Rome, 10 janvier 1482.

[29] Buser. Documente, 502.

[30] Buser. oc, 225.

[31] Legrand. Pièces hist., XXVIII, 136.

[32] Legrand. Histoire, III, 662.

[33] Buser. Documente, 500.

[34] Legrand. Histoire, III, 610.

[35] Legrand. Histoire, III, 611.

[36] Hélie de Bourdeille, né vers 1423, franciscain, évêque de Périgueux en 1447, archevêque de Tours en 1468, cardinal du titre de Sainte-Lucie in Celsi en 1483, mort en 1484.

[37] A. du Vatican Sixti IV. Brevia. Arm, XXXIX, n° 13, f° 401.

[38] Legrand. Hist., III. 579.

[39] A. du Vatican. Politicorum, XX, f° 40. Instructiones magistro Joanni de Chassaignes, præsidenti in curia, Parlementi Burdegalen et domino de Saint-Lou, domino Joanni Darse, cambellario et consiliariis regis de hiis quæ dicturi sunt pontifici ex parte Regis. Plessis-du-Parc, 20 décembre 1480.

[40] Milano. A. di Stato. Potenze estere : Roma, 11 avril 1481.

[41] Milano. A. di Stato Potenze estere : Roma, 20 avril 1481.

[42] Milano. A. di Stato. Potenze estere : Roma, 20 avril 1481.

[43] Buser. oc, 221.

[44] Milano. A. di Stato. Potenze estere : Roma, 1er avril 1481. L'évêque de Côme et Trivulze au duc.

[45] Milano. A. di Stato. Potenze estere : Roma, 19 décembre 1481. L'évêque de Côme et Trivulze au duc.

[46] A. du Vatican. Sixti IV. Reg. 548, f° 1921.

[47] Buser. Documente, 502.

[48] Legrand. Histoire, III, 579.

[49] Legrand. Pièces hist., XXX, 38.

[50] A. du Vatican. Politicorum, II, n° 20, f° 42.

[51] A. du Vatican. Sixti IV. Reg. 625, f° 248.

[52] A. du Vatican. Sixti IV. Reg. 613, f° 65b, 68b.

[53] Godefroy. oc. Preuves et illustrations, III, 319-27.

[54] Jean de Roye. oc, II, 122.

[55] A. du Vatican. Sixti IV. Arm. XXXIX, n° 15, f° 1.

[56] Legrand. Hist., III, 669.

[57] A. du Vatican. Sixti IV. Arm. XXXIX, n° 15, p. 598 (2 juin 1483).

[58] Jean de Roye. oc, II, 129.

[59] Legrand. Hist., III, 755.

[60] A. du Vatican. Sixti IV. Arm. XXXIX, n° 15, p. 53.

[61] A. du Vatican. Sixti IV. Arm. XXXIX, n° 15, p. 79.

[62] A. du Vatican. Sixti IV. Arm. XXXIX, n° 15, p. 237.

[63] Thuasne. oc, p. 74-5.

[64] A. du Vatican. Sixti IV. Arm. XXXIX, n° 15, p 193 (9 novembre 1482).

[65] A. du Vatican. Sixti IV. Arm. XXXIX, n° 15, p. 194.

[66] Legrand. Pièces hist., XXX, 44.

[67] Legrand. Pièces hist., XXX, 48.

[68] Rey. oc, 221.

[69] Berthier. oc, XVII, 181.

[70] Berthier. oc, XVII, 181.

[71] Berthier. oc, XVII, 179 et Barante, oc, VIII, 126. Au sujet de l'intervention de l'archevêque de Tours, Louis XI avait écrit au chancelier une lettre très dure pour le prélat : Item dites lui qu'il me déplaît fort qu'il ait mis ainsi la main à la charrue et se soit ingéré à regarder en arrière. Tant que je le verrais partial je ne voudrais pas me fier à lui. (Meung-sur-Loire, 24 août 1482.)

[72] Pithou. Preuves, I, 143.

[73] Pithou. Libertés, p. II, 135 (6 juillet 1482).

[74] A. du Vatican. Avignone. T. XVI, f° 173 (mars 1482).

[75] A. du Vatican. Arm. XXXV, n° 36. Vicariatus Pauli II et Sixti IV, f° 101 ; n° 37, f° 207 (22 avril 1482).

[76] A. du Vatican. Arm. XXXV, n° 35, f° 222 (1er octobre 1482). Transcription des lettres de Louis XI datées du Plessis.

[77] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, f° 242 (11 décembre 1482).

[78] Milano A. di Stato. Potenze estere : Roma, 19 mars 1482. L'évêque de Côme et Trivulze au duc.

[79] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 268 (19 décembre 1483).

[80] A. du Vatican. Politicorum. Arm. II, T. 55, f° 97.

[81] A. du Vatican. Sixti IV. Arm. XXXIX, n° 15, p. 241.

[82] Duclos. oc, III, 390.

[83] A. du Vatican. Sixti IV. Arm. XXXIX, n° 15, p. 251.

[84] A. du Vatican. Sixti IV. Arm. XXXIX, n° 12, p. 307 (13 janvier 1483).

[85] A. du Vatican. Minutæ brevium. Sixti IV. T. I, f° 9 ep. 38 (7 février 1483).

[86] A. du Vatican. Sixti IV. Reg. 653, f° 295 (20 janvier 1483).

[87] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 393 (1er novembre 1483).

[88] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 4041 (5 mars 1483)

[89] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 4022 (5 mars 1483).

[90] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 453 (29 mars 1483).

[91] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 513, 566 (27 avril 1483).

[92] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 414 (12 mars 1483).

[93] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 431 (18 mars 1483).

[94] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p, 584 (29 mai 1483).

[95] Buser. oc, Documente, 506.

[96] Berthier. oc, XVII, 193.

[97] Legrand. Pièces hist., XXX, 193.

[98] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 594 (2 juin 1483).

[99] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 642 (28 juin 1483).

[100] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 301 (10 janv. 1483).

[101] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 620 (15 juin 1483).

[102] Venezia. A. di stato. Deliberazioni. Secreta Senato, I. R° 1483, 31 f° 19.

[103] Venezia. A. di Stato. Deliberazioni. Secreta Senato, I. R° 1483, 31 f° 26, 58-9.

[104] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 709 (31 juillet 1483).

[105] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 737 (16 août 1483).

[106] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p 739-742 (16 août 1483).

[107] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 256 (24 août 1483).

[108] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 18, p. 661 (6 juillet 1483).

[109] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 663 (7 juillet 1483).

[110] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 673 (12 juillet 1483).

[111] Legrand. Histoire, III, 756.

[112] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 13, f° 280.

[113] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 661-2 (6-7 juillet 1483)

[114] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 678 (12 juillet 1483).

[115] A. du Vatican. Sixti IV. Reg 632, f° 137 (20 juin 1483).

[116] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 720 (5 août 1483).

[117] A du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 722-3 (5 août 1483).

[118] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p. 733 (16 août 1483).

[119] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 15, p 739-42 (16 août 1483).

[120] Jean de Roye. oc, II, 135-6.

[121] Firenze. A. di Stato. Lettere de Dieci di Balia. Agosto-Dicembre 1483, f° 29.

[122] A. du Vatican. Arm. XXXIX, n° 16, f, 15, 15b, 17 (11 septembre 1483).

[123] Legrand. Histoire, III, 564.