LES CÉSARS DU TROISIÈME SIÈCLE

TOME TROISIÈME

LIVRE X. — FIN DE L'EMPIRE PAÏEN - 305-323

CHAPITRE V. — FIN DE DIOCLÉTIEN, DE DAÏA ET DE LICINIUS - 313-323.

 

 

Nous avons atteint le terme de notre travail, l'Empire païen est anéanti et ne sera pas rétabli, si ce n'est pour un jour. La persécution commencée par Néron est vaincue, et, si Julien la relève, ce sera pour être bientôt vaincu avec elle.

Ajoutons pourtant quelques lignes, non pour raconter l'histoire des années qui suivirent, mais pour dire brièvement le sort des derniers acteurs de la persécution dioclétienne.

Dioclétien d'abord ; — retiré depuis huit ans dans ses jardins de Salone, Dioclétien n'y trouva pas la paix. Il n'était pas assez ambitieux pour regretter l'empire ; mais, malgré la philosophie dont on veut lui faire gloire, il était trop craintif pour ne pas être inquiet de son propre sort. Il apprit qu'à Rome, par ordre de Constantin, on abattait les statues et faisait disparaître les images du vieux Maximien et que les siennes propres qui y étaient jointes n'étaient pas non plus épargnées ; que ce fut crainte ou colère, il fut pris d'une sombre tristesse. Agité, sans sommeil, il retombait dans ces accès de délire sinistres qui, à Nicomédie, sous la pourpre, avaient été pour lui le premier châtiment de sa guerre contre le christianisme et la cause première de son abdication. Bien peu après, un message de Constantin et de Licinius le mandait à Milan pour que le mariage qui unissait leurs familles se fit plus solennellement en présence du doyen des Empereurs. Dioclétien refusa à cause de sa santé et de son âge. On fat mécontent de ce rets, on le lui écrivit ; on l'accusa même, bien injustement, d'avoir participé au complot de Maximien pour reprendre la pourpre, on l'accusa dé prendre part à d'autres machinations tramées par Maximin Daïa. Ci-devant Empereur et accusé par les Empereurs, le péril était trop grand pour sa raison ou pour son courage[1]. Prit-il du poison ? se laissa-t-il mourir du mal de la folie ou de la peur (313) ? L'écrivain païen ne le sait pas bien[2]. Ce fut toujours sous le coup de la terreur que mourut cet homme qui, plus que Maximien et plus que Galère, portait sur lui le crime de la persécution. Ceux-ci l'avaient faite par passion, lui par une lâche connivence ; eux étaient des aveugles, lui avait fermé les yeux pour ne point voir.

Une autre vengeance du ciel ne tarda pas à éclater. Maximin Daïa avait, lui aussi, appris les événements de Rome avec crainte et colère. Il perdait un allié dans la personne de Maxence, et il s'indignait que le sénat de Rome eût décerné à Constantin, au moment de son triomphe, une sorte de préséance sur les autres Augustes. Il crut néanmoins prudent de dissimuler ; et, quand l'édit de Milan lui arriva, il le reproduisit dans un autre édit, où en termes équivoques il justifiait tant bien que mal sa conduite passée et faisait aux détiens des promues de liberté auxquelles ils n'osèrent pas se fier[3]. Maximin cependant sous ces dehors pacifiques méditait la guerre. Constantin était déjà reparti de Milan pour aller combattre les Francs sur le Rhin ; et Licinius au sortir des fêtes de son mariage, avait à peine quitté l'Italie ; quand l'armée de Maximin, partie de Syrie, traverse l'Asie-Mineure, prend Byzance et commence à envahir les États de Licinius. Contre ce prince, bien plus habile général que lui, Maximin comptait sur l'éloignement et la surprise, sur la supériorité du nombre, sur l'or avec lequel il pensait gagner l'armée ennemie — on a déjà vu que, dans ces guerres entre Césars, on achetait les soldats, pour le moins autant qu'on les combattait. Mais son espérance fut trompée. Licinius arrivé en hâte d'Italie avec trente mille hommes qu'il avait pu réunir, contre soixante-dix mille qu'avait Maximin, l'attaqua néanmoins et le vainquit[4]. D'après Lactance[5], Licinius, défenseur ce jour-là, quoique peu digne défenseur, de la cause chrétienne, fut aidé par une intervention divine. Un ange lui dicta une prière adressée au Dieu saint et suprême qu'il fit répéter par toute son armée. On peut, même, sans croire à l'ange, croire à la prière ; et c'est un trait de plus de ce déisme religieux fréquent en ce siècle où bien des âmes n'étaient déjà plus païennes et n'étaient pas chrétiennes encore, Maximin Daïa s'enfuit à la hâte, jetant bas sa pourpre, se mêlant aux simples soldats, déguisé enfin en esclave. Il arriva ainsi en Cappadoce ou il put rassembler quelques troupes et mettre encore la pourpre sur ses épaules[6]. Mais, poursuivi par Licinius, après avoir inutilement cherché à se fortifier dans les montagnes du Taurus, incapable de résister, il se réfugia à Tarse ; c'était là qu'il devait mourir. Un de ses derniers actes fut, comme pour Galère, une nouvelle rétractation en faveur des chrétiens ; une proclamation de tolérance plus complète et moins équivoque que les précédentes[7]. Pour ce qui est de sa fin, Eusèbe parle de maladie, Lactance de poison ; leurs récits cependant se concilient sans peine. D'après Lactance, Maximin, prêt à être attaqué par terre et par mer, dans une affreuse angoisse, eut recours à la mort. Mais il voulut avoir un voluptueux suicide ; après un repas somptueux, gorgé de vin et de viande, il prit du poison. Comme il arrive souvent, l'estomac surchargé résista à l'action du venin ; au lieu d'une prompte mort, Maximin se donna une lente et effroyable agonie. Malade pendant quatre jours, ses entrailles brûlées par le poison, on le vit fou de douleur se rouler sur le sol et s'emplir la bouche de la terre qu'il prenait avec ses mains. Sa figure n'était plus reconnaissable, son corps décharné comme après une longue maladie ne laissait voir pour ainsi dire que des os ; il se frappait la tête contre les murailles ; ses yeux sortaient de leurs orbites ; il devint aveugle et, dans les ténèbres où il était plongé, il croyait voir Dieu venir avec des anges vêtus de blanc pour le juger. Il hurlait, gémissait, priait le Christ, avouait ses crimes, demandait pardon, faisait à Dieu mille promesses afin que Dieu le laissât vivre. C'était l'agonie d'Antiochus se reproduisant une seconde fois dans le même siècle et dans la même famille[8].

Cependant Licinius, instrument inique d'une juste sentence de Dieu, sévissait avec une rage impitoyable sur tout ce qui tenait à la race de Dioclétien, à celle de Galère, à la famille d'un César quelconque. La femme de Maximin Daïa, qui avait été la complice de sa tyrannie et qui avait fait périr pour de prétendus adultères de nobles et vertueuses femmes, était jetée dans les eaux de l'Oronte où elle les avait fait jeter. Avec elle, une abominable cruauté ou une abominable politique, digne de Néron et du Comité de salut public, faisait périr jusqu'à des enfants ; son fils âgé de huit ans et sa fille âgée de sept ans, déjà fiancée à Candidianus, fils de Galère. Le jeune Sévérianus, fils du César Sévère, fut d'autant moins respecté qu'à raison de son âge, on pouvait à la rigueur l'accuser d'avoir voulu se faire César. Candidianus enfin fut d'abord épargné, traité même avec honneur ; mais quoique bâtard, il était né trop près de la pourpre, et bientôt Licinius le fit mettre à mort.

Il ne restait plus de tout ce qui s'était appelé en Orient César, Auguste, ou Augusta, que deux femmes déjà bien malheureuses, la mère et la fille, Prisca veuve de Dioclétien et Valérie veuve de Galère. Comme je l'ai dit, Valérie avait été confiée, elle et Candidianus, par Galère mourant aux soins de Licinius. Le sort de Candidianus fit voir comment Licinius justifiait cette confiance. Consternée et désolée à la fois (car elle aimait cet enfant comme le sien), Valérie disparut d'auprès du vainqueur, se déguisa, erra pendant quinze mois dans diverses provinces avec sa mère, impératrice comme elle et par conséquent proscrite comme elle. On les arrêta enfin à Thessalonique. Leur crime aux yeux de Dieu était d'avoir renié leur foi ; leur crime aux yeux de Licinius était d'être nobles, vertueuses et veuves des deux princes auxquels il devait sa fortune. Le peuple pleura en les voyant mener au supplice ; elles furent décapitées au bord de la mer et leurs corps jetés dans les flots comme on avait fait tant de fois pour des martyrs chrétiens (315)[9].

D'autres victimes moins regrettables furent les hommes qui avaient été les instruments de la haine de Maximin contre les chrétiens. Il ne fut pas difficile à Licinius de trouver dans les déprédations et dans les violences de ces magistrats persécuteurs une cause légitime pour se défaire d'eux. Entre autres, ce Théotecnus qui, à Antioche, au moyen d'un prétendu oracle de Jupiter Philius, avait provoqué le renouvellement de la persécution, devenu pour ce fait gouverneur de Syrie, fut honteusement démasqué et mis à mort avec les complices de sa fraude. Les chrétiens égorgés étaient vengés ainsi, et, grâce à Dieu, ils ne l'étaient pas par des chrétiens[10].

En effet, Licinius qui exerçait de si cruelles représailles sur les complices et sur les proches des Césars persécuteurs, Licinius n'était ni un chrétien, ni un homme juste indigné des souffrances des chrétiens. Licinius satisfaisait sa politique et sa haine, sans savoir même qu'il satisfaisait la justice de Dieu. Frappant aujourd'hui les persécuteurs, demain il allait persécuter ; tenant aujourd'hui en main le glaive de Dieu, demain il allait être frappé par ce glaive. Au bout de cette longue tragédie il devait être et le dernier des persécuteurs et le dernier des châtiés. La justice divine se révèle ainsi au monde, plus souvent par des châtiments que par des récompenses ; le vice est souvent puni, la vertu rarement glorifiée ; c'est que les récompenses dignes de la vertu ne sont pas en ce monde-ci, mais en l'autre.

L'amitié entre Constantin et Licinius devait peu durer. Chacun d'eux était empereur romain et eût voulu l'être seul[11]. Dès l'année (314) qui suivit le mariage de Licinius avec la sœur de Constantin, il y eut guerre entre les deux beaux-frères ; défaite de Licinius à Cibales en Pannonie, puis à Mardie en Thrace (8 octobre 314) ; traité de paix et nouveau partage de l'Empire entre les deux Augustes, par suite duquel le domaine de Constantin fut accru. Cette paix dura quelques années[12]. Mais Licinius, vaincu et humilié, ne se consolait pas. Il comprenait que les vœux de ses peuples se tournaient vers l'Occident et demandaient Constantin pour maître. Il comprenait qu'il en était ainsi surtout chez les chrétiens. Il se mit donc à les opprimer sagement, comme disait jadis le Pharaon égyptien. Le christianisme est libre, oui sans doute, disait le prince ; mais je suis libre aussi de ne pas vouloir de chrétiens à ma cour, et les chrétiens du palais auront à choisir entre l'apostasie et l'exil ; je suis libre aussi de ne pas vouloir de chrétiens dans mon armée, et les chrétiens de l'armée auront à choisir entre l'autel des faux dieux et l'abandon de la milice. Licinius jugeait les conciles inutiles aux intérêts de l'Église, et, comme les légistes modernes, il interdisait tout concile et toute réunion d'évêques. Licinius, qui, âgé de plus de soixante ans, passait sa vie à enlever des femmes en faisant mettre à mort leurs maris[13] ; Licinius jugeait dangereuse pour les mœurs la réunion des hommes et des femmes dans les églises. Il interdisait aux femmes l'entrée des lieux de prière et la participation à l'enseignement donné par les évêques ; il prétendait leur imposer des prédications féminines. Il jugeait malsain l'air des églises et voulait qu'on ne se rassemblât qu'en plein air. Nous, peuples de l'Europe moderne, nous connaissons quelque chose de ces persécutions administratives[14].

Que ce genre de persécution menât promptement à la persécution sanglante, on ne saurait s'en étonner. Bientôt la peine de mort fut prononcée contre les prosélytes d'abord, contre les évêques ensuite, enfin contre tous. Seulement, pour que les supplices ne fussent point trop publics, on enferma les chrétiens et on les laissa mourir de faim dans les prisons, en menaçant de la même mort ceux, qui leur feraient passer des aliments[15]. La nuit cacha d'autres supplices ; qui n'a lu l'histoire de ces quarante chrétiens, attachés pendant une nuit d'hiver nus à des poteaux, ayant à côté d'eux un bain prêt à réchauffer leurs membres si toutefois ils consentent à abjurer ? Trente-neuf sont trouvés le lendemain matin glacés mais vivants encore ; on les jette sur un bûcher et ils périssent ; un seul faillit ; mais, à peine plongé dans le bain qui doit le ranimer, il y meurt asphyxié ; et le satellite chargé de la garde de ces suppliciés, touché de l'héroïsme des autres, du châtiment de celui-ci, se dépouille de ses vêtements et prend la place du déserteur sur la croix, au bicher et dans le ciel[16].

Aussi la guerre, lorsqu'elle éclata de nouveau entre Constantin et Licinius, eut-elle tout le caractère d'une guerre religieuse. D'un côté, Licinius entouré de devins égyptiens, d'aruspices, d'interprètes de songes, offrait des sacrifices aux faux dieux ; les oracles, les entrailles des victimes, les rêves lui promettaient une éclatante victoire ; la veille même de la bataille, dans un bois sacré, au milieu des images de ses dieux et de flambeaux allumés en leur honneur, haranguant les chefs de sou armée, Licinius proclamait que la victoire allait décider cette fois et pour jamais entre les mille dieux de l'Olympe et le Dieu unique des chrétiens, ce Dieu étranger et inconnu ; Licinius faisait jurer, si on triomphait, l'extermination des chrétiens. D'un autre côté, cinquante des gardes de Constantin, choisis parmi les plus braves, environnaient et tour à tour portaient le labarum, reproduction de la croix, telle que Constantin l'avait vue dans le ciel. Des évêques suivaient son camp ; eux-mêmes, les soldats païens de cette armée, se réunissaient à des heures marquées par ordre du prince pour invoquer dans les termes qu'il avait prescrits le Dieu suprême, père commun de tous les hommes[17] ; et le matin de la première bataille, Constantin donnait pour mot d'ordre Dieu Sauveur. On se rencontra d'abord à une lieue d'Andrinople (3 juillet 323), dans la même contrée où dix ans auparavant Licinius, alors vengeur de la cause de Dieu, avait défait Maximin Daïa. Cette fois encore, les soldats de la vengeance divine triomphèrent ; Licinius fut rejeté de l'antre côté du Bosphore. Une seconde bataille eut lieu à Chrysopolis près de Chalcédoine (18 septembre) et Licinius, de nouveau vaincu, n'eut plus d'espérance que dans la pitié de son vainqueur[18].

Nous ne saurions ici effacer la tache de sang qui souille la victoire de Constantin. Pourquoi Licinius, épargné d'abord, réconcilié avec son beau-frère par les prières de Constantia, admis même à sa table, fut-il peu après mis à mort ? Est-ce parce que les soldats demandèrent son supplice[19] ? Est-ce parce que le Sénat, appelé par le vœu des soldats à juger Licinius, prononça sa condamnation[20] ? Est-ce enfin, parce que Licinius, resté libre, profita de sa liberté pour conspirer, nouer des intelligences avec les barbares, former le noyau d'une nouvelle armée[21] ? Chacune de ces allégations a pour elle le témoignage d'un historien chrétien. Quant Eusèbe, il parle de la défaite et du supplice, non de la réconciliation[22]. Les auteurs païens se plaignent de la foi violée[23], et saint Jérôme copie l'un d'eux sans le contredire[24]. Certes, si un prince païen eût agi comme le fit alors Constantin, nous pourrions n'être ni étonnés, ni même indignés. Dans cette histoire, nous avons vu passer devant nous des empereurs ou des compétiteurs à l'Empire, défaits par un rival ; et à peine un ou deux ont-ils survécu à leur défaite. Mais c'est l'honneur du christianisme qu'on doive être plus sévère envers un prince chrétien. Il entrait peut-être dans les desseins de la Providence que Licinius après avoir commis tant d'iniquités fût frappé par une sentence inique, pareil en cela à Dioclétien supplanté par Galère, à Maximien détrôné par son fils, à Galère humilié par Daïa, à Daïa périssant avec les siens sous la vengeance impitoyable de Licinius lui-même. Jamais ne fut si frappante la vérité de ce mot d'un penseur illustre : le coupable qui frappe un autre coupable est l'instrument injuste d'une juste sentence[25].

Quoi qu'il en soit, une grande révolution s'était accomplie. L'empire romain, divisé par Dioclétien, se retrouvait de nouveau dans sa parfaite unité. L'Empire naguères partagé entre des mains païennes se retrouvait sous un sceptre chrétien. Ce même pouvoir impérial qui avait fait de la persécution contre l'Église une de ses lois fondamentales appartenait maintenant à un enfant de l'Église.

Le monde recueillait déjà les fruits de cette heureuse révolution. Non-seulement Constantin lui-même et dans ses édits et dans ses lettres an roi de Perse, non-seulement le chrétien Eusèbe, non-seulement le panégyriste païen Nazaire, mais les païens Victor et Festus qui ne sont point panégyristes, nous peignent la paix du monde romain, l'abondance qui renaît partout, les cités qui s'embellissent ; l'impôt foncier réduit d'un quart malgré les libéralités de Constantin qui, lorsqu'il a jugé un procès, va faire un don au plaideur vaincu pour le consoler, de sorte que tous deux s'en reviennent joyeux de l'audience impériale ; les lois d'Auguste contre le célibat, si dures et en même temps si impuissantes, abrogées au moins en grande partie[26] ; la femme relevée en partie au moins de son abaissement légal ; la forme de testament simplifiée[27] ; les rigueurs de la prison adoucies, les lenteurs de la procédure criminelle diminuées ; les sévérités du fisc tempérées[28] ; et, en même temps, la grandeur du nom Romain se relevant au dehors, elle qui avait tant fléchi ; les Scythes à qui Rome payait jusque là un tribut, vaincus et, dans une certaine mesure, civilisés par elle ; les Sarmates devenus les vassaux de l'empire ; les Perses eux-mêmes obligés, pour vivre eu paix avec l'Empire, de respecter la liberté des Églises chrétiennes fondées sur leur territoire[29]. Et enfin Eusèbe, témoin oculaire, nous représente l'audience impériale de Constantin où se pressent au portes du palais des hommes de toute race, de toute langue, de toute couleur, Blemyes, Indiens, Éthiopiens, apportant les présents les plus divers, ceux-ci des couronnes d'or et des diamants, ceux-là de blonds enfants qu'ils voulaient au service du prince, ceux-ci des chevaux, ceux-là des lances et des boucliers. Et chacun à son retour, pour cet hommage du vassal, reçoit les présents du suzerain ; à l'un de l'or, à l'autre la cité ou même des dignités Romaines, et, souvent, enivrés de cette magnificence, ils oublient leur patrie et demeurent auprès du prince[30].

Gibbon et bien d'autres après lui se sont plu à rabaisser cette époque chrétienne de l'empire ; ils ont voulu voir dans le christianisme de Constantin la cause qui a amené ou précipité la chute de Rome. Je sais parfaitement quels reproches ont pu mériter et la politique et le caractère de Constantin. Je sais quels ont été souvent les vices et les fautes de ses successeurs. Je sais en particulier combien a été funeste ce zèle théologique, excessif, téméraire, égaré, qui les a portés bien souvent à se faire juges dans les questions de foi, à intervenir dans les controverses religieuses avec le caractère du prince qui commande, non du chrétien qui se soumet. Plusieurs d'entre eux ont eu de grands torts, mais des torts envers l'Église beaucoup plus qu'envers l'empire.

Et de plus qu'avait donc de si regrettable l'empire païen ? Et en quoi les Césars chrétiens du quatrième siècle sont-ils inférieurs aux Césars idolâtres du troisième ?

En ce qui touche la défense contre les ennemis du dehors, quels soldats le paganisme avait-il jamais donnés à la race romaine plus braves et plus énergiques que Constantin, que Gratien, que Théodose ? Lorsque mourut ce dernier prince, la frontière romaine avait-elle reculé ? Était-elle moins forte ? Les barbares avaient-ils conquis une province de plus, comme ils avaient conquis la Dacie sous le belliqueux Aurélien ? La force des barbares pouvait s'être accrue par l'agglomération des peuples qui se pressaient contre la limite romaine pour la franchir ; mais la force militaire de l'empire avait-elle diminué ?

En ce qui touche la sécurité du dedans —, oui sans doute, les partages de l'empire toujours à refaire, les guerres de César à César, la succession impériale troublée par la révolte des soldats ou par le poignard des assassins, ces traditions funestes qui avaient fait le malheur de l'empire païen furent loin de disparaître sous les princes chrétiens. Quelle différence pourtant ! Dans le siècle qui précéda Constantin (212 à 312), nous comptons vingt-quatre règnes successifs, et trente-cinq personnages décorés de la pourpre et reconnus à Rome sous le titre d'Augustes ou de Césars (je ne parle pas des tyrans dans les provinces) : or, vingt-sept d'entre ces princes sont morts assassinés, deux ont péri à la guerre ou en captivité (Dèce et Valérien), un seul (Claude) est mort sous la pourpre, un seul (Dioclétien) a pu vivre après avoir abdiqué. Dans le siècle qui suivit la victoire de Constantin (312-412), nous comptons dix règnes seulement, douze empereurs reconnus à Rome ou à Constantinople ; cinq périssent victimes de l'assassinat ou de la guerre civile, six meurent en paix, deux (Julien et Valens) meurent en combattant contre l'étranger.

Sans doute encore, la maladie mortelle de l'Empire romain, aggravée par la tyrannie, par l'insouciance, par l'instabilité des gouvernants, n'a pu, même sous un régime meilleur, trouver de remède. Ce sol épuisé n'est pas tout à coup devenu fécond ; cette population si diminuée n'a pas tout à coup débordé sur le monde. Sous les plus illustres princes païens l'armée avait besoin de se recruter parmi les barbares ; et les barbares figurent encore sous les drapeaux de Rome et sous la pourpre même des consuls. La vie des cités, éteinte par la tyrannie fiscale et militaire, n'a pas refleuri tout à coup. L'industrie, si longtemps languissante et réduite à se voir stimulée par la contrainte, quoique le travail servile et infécond ait commencé à faire place au travail libre et fécond, l'industrie aura encore besoin[31] du même stimulant. Et pendant ce temps, les barbares se pressent aux portes de l'Empire ; quoique énergiquement repoussés (car jusqu'au dernier jour Rome saura trouver de vigoureux capitaines), ils briseront la barrière et pénètreront dans cet Empire qui fléchit sous le poids de sa crise intérieure. Ils le trouveront, quoique le nombre des esclaves ait diminué, plein encore d'esclaves à demi émancipés, de colons sans liberté, de citoyens sans patrie ; ils arracheront, je puis le dire, le malade à son médecin, et lui feront subir le traitement terrible mais salutaire, qui le guérira mais après des siècles.

Je l'avouerai aussi : ces règnes des empereurs chrétiens ont été trop imprégnés encore de paganisme ; le pouvoir impérial et l'Empire tout entier ne se sont pas assez énergiquement associés à la vie chrétienne ; les princes eux-mêmes ont moins fait acte de christianisme par leur gouvernement et par leur vie que par leur passion pour les luttes théologiques, et ces luttes ont troublé l'Empire. Mais après tout, quel règne en ce inonde n'a pas été troublé ? quelle période de dix années seulement, dans l'histoire d'une nation quelconque, s'est écoulée sans luttes, sans passions ennemies, sans violence ? Le Christ lui-même nous le dit, il n'est pas venu au monde pour y apporter la paix, mais le glaive[32]. Et ces querelles théologiques du quatrième siècle que l'on déplore tant, sont-elles de toutes les querelles les plus déplorables ? Mille fois moins sanglantes que les luttes d'ambition du siècle précédent, elles n'ont mis les armes à la main à personne ; elles ont sans doute amené des violences, des séditions populaires, des sentences iniques, prononcées contre les défenseurs de la foi par les princes que l'hérésie avait séduits, mais non des guerres civiles, et (sauf la persécution des catholiques par les ariens) point de supplices. Puisqu'il faut que l'homme se passionne pour quelque chose, puisque la discussion et le débat sont un signe de la vie des intelligences, lesquelles n'arriveraient à l'accord parfait que par l'insouciance parfaite ; puisque, le cœur de l'homme étant donné, la discussion et le débat touchent de si près à la dispute ; puisque dans les sociétés humaines la lutte est un mal inévitable ; pour quel intérêt l'homme aurait-il le droit de discuter, de se passionner, de lutter, plus que pour les intérêts de sa vie éternelle, de son éternelle foi, de l'éternelle vérité ? Nous trouvons naturelle et même légitime la lutte entre les hommes pour ce que nous appelons des intérêts politiques, ce qui veut dire au fond pour un peu de célébrité, un peu de pouvoir, un peu d'or, un peu de volupté ; la lutte pour l'amour du vrai, pour l'amour de Dieu, pour faire surgir la lumière dans les âmes, nous paraîtra-t-elle de toutes la seule incompréhensible et la seule inexcusable ? Nous admirerons celle-là, même quand elle verse le sang ; nous condamnerons celle-ci même quand elle se passe tout entière en paroles ! Non ! ne condamnons pas la première société chrétienne, pour avoir apprécié la vérité à ce point que les études, les controverses, les luttes, les querelles même passionnées ne lui semblassent pas de trop pour la connaître et la faire triompher.

On affecte trop de parler de ces vaines querelles théologiques propres, dit-on, à la subtilité de l'esprit byzantin. Quelques siècles plus tard, sans doute, Byzance, séparée du tronc de la vie chrétienne, abusa de la subtilité grecque et disputa sur des arguties, dont la foi n'a pas besoin de s'enquérir. Mais au quatrième siècle il n'en était pas ainsi. Il s'agissait pour l'Église d'écrire en lettres ineffaçables et intelligibles à tous la doctrine sur laquelle repose tout l'édifice chrétien ; il s'agissait de dire qui était son Sauveur ; il s'agissait de définir le Christ. La notion du Christ diminuée, abaissée, faussée, le Christianisme tout entier devenait moindre, devenait infime, devenait faux. Arius, Eutychès, Nestorius, dans leur folie et dans leur orgueil, ont fourni à l'Église l'heureuse occasion d'asseoir par des définitions solennelles la base fondamentale du dogme chrétien. Ils lui ont involontairement rendu le service de l'amener à prononcer du haut de la chaire et en un langage complètement adéquat à la pensée, ce que d'avance pensaient tous les cœurs et disaient toutes les bouches en un langage moins un, moins précis, moins solennel, moins magistral. Ils ont, en la contredisant, fait ressortir la vérité ; car la vérité ne ressort que par l'approche de l'erreur, comme la lumière ne ressort que par le contraste avec l'ombre. Bien insensées eussent été les églises, les pasteurs, les peuples, que de telles luttes, de telles erreurs d'un côté, de si solennelles décisions de l'autre, eussent laissés indifférents.

Le quatrième siècle a donc pu être malheureux comme le précédent, mais moins malheureux ; troublé comme lui, mais beaucoup moins troublé et surtout moins inutilement troublé. Mais que dirons-nous si nous comparons sa vie intellectuelle et sa vie morale, avec celle du siècle ou même des siècles qui l'ont précédé ?

NI» certes, le parallèle du règne des Césars chrétiens avec le règne des tyrans païens leurs devanciers, même avec l'époque si renommée des Antonins, ne sera pas désavantageux à ceux qui furent nos ancêtres dans la foi. Pour les choses de l'intelligence, qu'avait donc produit le temps d'Hadrien et de Marc-Aurèle (je ne dis même pas le temps de Dèce et de Dioclétien) ? Des rhéteurs, de froids, médiocres, insipides rhéteurs, chez lesquels la forme, plus ou moins sonore, mais dépourvue de toute originalité, ne relève ni la pauvreté des idées, ni la banalité du sujet. Qu'est-ce, dans l'histoire de l'esprit humain, que le grammairien Aulu-Gelle, le poète Némésianus, le conteur Apulée, ou même, chez les Grecs, le rhéteur Aristide, et toute cette interminable école d'artistes en beau langage, parlant par suite de l'habitude qu'ils ont de parler de quelque chose, et applaudis par suite de l'habitude qu'on s'est faite d'applaudir quelqu'un ? Qu'est-ce que de tels hommes auprès de cette pléiade de grands génies et de génies sérieux, d'hommes auxquels l'art de la rhétorique n'était pas plus étranger qu'à d'autres, mais qui l'appliquaient à des sujets autrement graves, à des sentiments autrement vrais, à des idées autrement puissantes, avec un génie bien plus élevé et une influence mille fois plus salutaire ? Qui ne reconnaît, je ne dirai pas un des grands âges littéraires, ce mot ne suffirait pas, mais une des grandes époques de l'intelligence humaine, dans le siècle qui a vu les Basile, les Grégoire de Nazianze, les Jean Chrysostome, les Jérôme, les Augustin, les Ambroise ? Il semble même que la pauvre littérature païenne, si dégénérée, réduite à de la rhétorique (et à quelle rhétorique !), reçoive comme un reflet de ces génies chrétiens, qu'elle se sente agitée et soulevée par les grandes questions qui remplissent l'atmosphère depuis que l'atmosphère est chrétienne ; Libanius, Thémiste, Julien l'Apostat, sans être d'illustres penseurs, sont bien supérieurs aux Aristide et aux Fronton, leurs prédécesseurs.

Quant à la vie morale, que dirons-nous ? Je ne veux pas ici me donner la facile satisfaction de rappeler les effroyables plaies du paganisme romain, que j'ai tant de fois décrites et que tant d'autres ont décrites mieux que moi. Plaçons-nous sur un terrain où nous avons trouvé à l'Empire païen quelque mérite. J'ai noté avec un soin minutieux, en traitant les trois grandes époques de son histoire, tout ce qui pouvait ressembler à un progrès moral dans les institutions et dans les lois ; tous les signes d'une réaction contre l'esclavage, toutes les traces d'un souci quelconque pour la classe pauvre et laborieuse, tous les indices de respect pour le travail libre ; tous les pas faits pour introduire l'équité dans le droit civil, pour adoucir les relations de famille, pour améliorer les mœurs, pour tempérer l'âpreté de la justice antique envers les malheureux qu'elle jugeait. J'ai recueilli, je puis le dire, un à un, les moindres vestiges d'humanité, d'équité, de respect pour la vie et la liberté de l'homme que j'ai trouvés sur la route de ces législateurs, si souvent capricieux et cruels, du mont Palatin ; et de ces épis j'ai fait une gerbe, où les Hadrien, les Antonin, les Marc-Aurèle, les Alexandre Sévère, quelquefois même les Septime Sévère et les Caracalla, ont leur part. J'ai dit, il est vrai, ce qui est incontestable, que l'esprit chrétien, se répandant autour d'eux, et s'infiltrant dans l'air qu'ils respiraient, était le promoteur inaperçu de ces salutaires réformes[33]. Mais combien le progrès n'a-t-il pas été plus rapide lorsque l'esprit chrétien a vu s'ouvrir devant lui les portes du palais et lorsque le successeur d'un Antonin et d'un Alexandre Sévère a été un chrétien ! Alors l'esclavage a été plus que jamais adouci dans ses rigueurs, et diminué par les affranchissements ; les lois se sont occupées du pauvre ; elles ont eu pitié de l'enfant ; l'avortement, l'exposition, la vente de l'enfant nouveau-né ont été plus sévèrement réprimés ; la loi despotique de la famille romaine, déjà adoucie, s'est adoucie encore ; la femme a été plus respectée et plus libre ; le droit de succession a été plus équitable[34] ; la pensée du souverain est descendue jusque dans les cachots pour y taire entrer le jour, pour y apporter la miséricorde et l'équité ; la croix, objet de bénédictions et d'hommages, a cessé d'être un instrument de supplice[35] ; la marque a disparu du front des condamnés pour ne pas défigurer, a-t-on dit, un visage fait à l'image de Dieu ; les obscénités du théâtre ont été réprimées, et surtout, elles n'ont plus été imposées par la tyrannie de la loi aux malheureux qui en étaient les instruments ; une autre contrainte encore plus révoltante mais plus profondément enracinée dans les mœurs romaines, la servitude du gladiateur, a disparu : un moine, martyr de l'humanité, a répandu son sang sur l'arène, et ce sang est le dernier qui y ait coulé.

Nous n'excusons ni ne justifions en tontes choses les princes chrétiens du ive siècle. La plupart ont commis de grandes fautes ; des fautes contre l'Église, je le disais, des fautes contre la justice et contre l'humanité, des fautes contre leurs familles et contre eux-mêmes. Mais il n'en est pas moins vrai que leur domination comparée à celle des princes païens était un bienfait. Dire que le christianisme ouvertement accepté par un peuple ne lui a pas apporté immédiatement des fruits de bénédiction et de paix ; dire que la première société humaine qui a vu la croix sur le diadème de son prince et sur le drapeau des armées n'a pas été beaucoup meilleure que la société idolâtre qui la précédait : c'est un mensonge lorsque les ennemis du christianisme le disent ; ce serait une impardonnable faiblesse aux disciples du christianisme de le laisser dire.

 

 

 



[1] Lactance, 42.

[2] Morte consumptus, ut satis patuit, per formidinem voluntaria... Venenum diciter hausisse. Aurel. Victor, Épitomé.

[3] Voyez le texte de son édit dans Eusèbe, IX, 9.

[4] Lactance, De mortib. persec., 45.

[5] Lactance, De mortib. persec., 46.

[6] Lactance, 47.

[7] V. le texte de son édit dans Eusèbe, H. E., IX, 10.

[8] Eusèbe, H. E., VIII, 9, 10, (où il donne sa lettre de rétractation en faveur des chrétiens), et in vita Constantini, I 4,7, 58, 59. Lactance, De mortibus perse., 49. — Aurel. Victor (De Cæsaribus), avec son laconisme ordinaire, raconte tout par ce seul mot : Maximinus ad Orientem, post biennii Augustum imperium, fusus fugatusque a Licinio, apud Tarsum perit. — Et l'autre Victor (Épitomé), plus brièvement encore : Apud Tarsum morte simplici perit. — Eutrope, (X, 3) : Vicinum exitium fortuita morte prævenit.

[9] Lactance, 50, 51.

[10] Eusèbe, Hist. Ecclés., IX, 11.

[11] Qui, quamvis per Flavii sororem nuptam Licinio, connexi inter se erant, ob diversos mores tamen anxie triennium (?) congruere quivere : namque illi (Constantin) præter admodum (?) magna cetera ; huic parcimonia, et ea quidam agrestis tantummodo, inerat. Aur. Victor, De Cæsaribus. — V. sur le détail de cette guerre, Zosime, II, 18-20, et l'anonyme publié par Valois. Celui-ci en donne pour cause le complot formé contre Constantin par son beau-frère Bassianus. Zosime, toujours ennemi des chrétiens, veut que la guerre soit imputable à Constantin, qui, selon son habitude, tenait mal ses engagements et avait voulu détourner quelques peuplades de l'obéissance due à Licinius.

[12] Quod quidam fœdus vii diuturnum, neque his assumebatur felix fore, defectu solis fœdato iisdem mensibus die patefactum, dit le même Victor qui, comme tant d'autres païens, avait peur des éclipses.

[13] Eusèbe, De vita Constantini, I, 55.

[14] Eusèbe, De vita Constantini, I, 50-53.

[15] Eusèbe, De vita Constantini, I, 54. II, 1, 2.

[16] Les XL martyrs de Sébaste, 10 mars, Acta sincera ; Basile, Homil. XX ; Greg. Nysse., Panegyr., (t. II et III) ; Assemanni, in Calendar. univ. ad 11 martii.

Aur. Victor, De Cæsaribus, 42, dit : Licinio ne insontium quidem ac nobilium philosophorum servili more cruciatus adhibiti modem fecere. Ces philosophes illustres et innocents ne seraient-ils pas des chrétiens ? Je le croirais volontiers, tant il est dans l'habitude de ces historiens païens vivant sous des empereurs chrétiens d'éviter toujours de nommer le Christianisme.

[17] Voici le texte de cette prière :

Nous vous reconnaissons, ô Dieu unique, nous vous déclarons notre roi ; nous vous invoquons comme notre protecteur. A vous nous devons d'avoir remporté des victoires et triomphé de nos ennemis. Nous vous rendons grènes de vos bienfaits passés, nous espérons vos bienfaits pour l'avenir. Nous vous supplions de nous conserver tous, aussi longtemps que possible, bien portants et victorieux, notre empereur Constantin et ses très-pieux enfants. Eusèbe, In Vita Constant., IV, 20.

[18] Sur cette guerre, V. Eusèbe, De Vita Constant., II, 2-17. Hist. Ecclés., X, 8. Zosime, II, 21-28. Anonymus apud Valesium.

[19] Anonymus apud Valesium.

[20] Zonaras.

[21] Socrate, I, 4.

[22] Eusèbe, De vita Constantini, I, 50. II, 17-18. Hist. Ecclés., X, 8.

[23] Zosime, II, 28 ; Aur. Victor, Épitomé ; Eutrope, (X, 4) : Contra religionem sacramenti. Victor (De Cæsaribus) dit seulement, avec son laconisme ordinaire : Cum Martiniano ad imperium cooptato, oppressus est.

[24] In Chronico.

[25] Dans l'écrit de Julien l'apostat sur les Césars, Licinius, quoique païen et mis à mort par le chrétien Constantin, est jugé sévèrement. On le voit repoussé de la table des dieux par Minos, et on ajoute :  Constantin a vaincu deux tyrans, déjà à demi vaincus, l'un (Maxence) par sa lâcheté et sa faiblesse, l'autre par sa vieillesse et sa mauvaise destinée, tous deux objets de la haine de Dieu et des hommes.

[26] Code Théodosien, I. De infirmandis pœnis coœibum, (VIII, 16.) Code Justin., I, ibid., (VIII, 58). Eusèbe, in vita Const., IV, 26.

[27] Eusèbe, in vita Const., IV, 26. Code Just., VI, tit. XXIII, l. XV.

[28] Cod. Théod.

[29] Eusèbe, in vita Const., IV, 5, 6, 8.

[30] Eusèbe, in vita Const., IV, 7.

[31] Sur ce progrès du travail libre, par suite de l'affranchissement des esclaves et de la réhabilitation morale de la condition de l'ouvrier par le christianisme, telle qu'elle s'opéra dans le IVe et Ve siècle, je ne puis que renvoyer à l'excellent ouvrage de M. Allard, déjà cité : Les esclaves chrétiens, l. III, ch. III et IV.

[32] Matthieu, X, 34.

[33] Voyez les Antonins, tome I, l. VII, § 2. II, 3, 9, § 3. — Tome II, l. III, ch. II, V, § 2, IX, 4. — Tome III, l. VI, 6.

[34] Voyez sur tout ceci : M. Troplong : De l'influence du Christianisme sur le droit civil des Romains, 1843. — M. Allard : Les esclaves chrétiens, Paris, 1878, (couronné par l'Académie française). — M. Schmidt : Essai historique sur la société civile dans le monde romain, 1853, (également couronné). — Et d'autres encore.

[35] Eo pius, dit, en parlant de Constantin, le païen Victor, ut vetus veterimumque supplicium patibulorum et cruribus suffringendis primas removerit. De Cæsaribus.