MADAME LA MARQUISE DE POMPADOUR

 

XIV. — Madame de Pompadour et les Parlements (1750-1756).

 

 

Dans la guerre qui allait s'engager sur une aussi large échelle, tout ce qui avait un peu l'âme française devait espérer le loyal concours des parlements pour le vote des subsides. Il semblait aux esprits sérieux, que lorsqu'un péril considérable menaçait la couronne et le pays, on devait obtenir le suffrage de tous pour la gloire et la force de la patrie. Il n'en fut pas ainsi des parlements, surtout de celui de Paris, la tête de tous les autres, toujours fiers de suivre son exemple.

Le parlement de Paris se composait (la grand'chambre surtout) de familles puissantes, traditionnellement dévouées à la couronne, mais très-incommodes dans leurs puériles prétentions au partage du pouvoir. Le seigneur Roi était honoré et presque adoré à genoux ; mais en même temps, les parlementaires se liguaient pour créer le plus d'obstacles possibles à l'action de son autorité. Le Roi était proclamé le maître absolu en toute chose, tenant sa couronne de Dieu, et on lui faisait de la résistance sur les questions religieuses, politiques, enregistrements d'édits. En histoire il faut tenir compte des moindres incidents pour expliquer les révolutions ; la partie jeune et neuve des parlements n'appartenait plus à la fidélité traditionnelle de la grand'chambre ; il y avait dans les enquêtes et les requêtes, des magistrats qui rêvaient la constitution anglaise : les ducs et pairs qui avaient siège au parlement espéraient devenir les lords de la chambre haute ; les conseillers-clercs rayaient la pairie ecclésiastique tandis que les enquêtes et les requêtes avaient la prétention et l'orgueil de se transformer en chambre des communes anglaises. A cet effet les plus hardis avaient la pensée de l'union des parlements en un seul, et tous ces grands corps devaient former le contrepoids de la Royauté comme en Angleterre[1].

Toutes ces idées avaient été mises à la mode par les publications d'un magistrat qui appartenait au parlement de Bordeaux, bel esprit, d'une érudition douteuse et affectée, le président Secondât de Montesquieu ; il avait débuté par un livre prétentieux, frondeur et léger, les Lettres persanes, dans lequel aucune institution n'était respectée ; ce livre l'avait popularisé dans le parti philosophique ; et après avoir galantine dans le Temple de Gnide[2], il publiait l'Esprit des Lois, œuvre démesurément louée, almanach météorologique sur les institutions des peuples. Le président de Montesquieu dans sa philosophie barométrique, prouvait que selon le froid ou le chaud, on était propre à la liberté ou à la servitude ; étrange thèse, jeu de mots contraire à tous les faits, à toutes les expériences ; car Sparte, Lacédémone, Rome dans l'antiquité appartenaient à la zone méridionale, et dans le moyen-âge les Cortès d'Espagne, les Républiques d'Italie, n'étaient-elles pas au Midi, tandis que les royautés absolues, divines filles d'Odin, s'étaient constituées au Nord ; si le soleil brûlant énerve, est-ce que le froid n'engourdit pas[3].

Les concetti érudits du président de Montesquieu qui prouvaient les faits par les faits mêmes, les actes par les actes mêmes avaient un grand succès dans les classes du parlement ; l'auteur de ces petites phrases, de ces petits vers du Temple de Gnide, avec son admiration exclusive pour les institutions anglaises, sa théorie du balancement et de l'harmonie des pouvoirs, entrait tout à fait dans les idées nouvelles du parlement et justifiait leur ambition et leur résistance. Cette résistance dont l'origine remontait à la Régence, on l'avait vue surtout se déployer à l'occasion un peu étrange du refus de sacrements : il n'y a rien de complètement puéril dans la marche et le développement de l'histoire, et telle question qui nous paraît insignifiante, était grosse, immense, à l'époque où elle s'agitait. Depuis le moyen-âge, les sacrements étaient le signe par lequel les fidèles étaient reconnus par l'Église, dans la communion générale. Tout ce qui se rattachait à l'aptitude ou à l'indignité des sacrements devait dépendre de la juridiction ecclésiastique à laquelle présidait l'évêque diocésain.

Telle n'était pas la façon de voir des parlements, et ils prétendaient par la connaissance de l'appel comme d'abus décider ces sortes de questions sacramentelles. Les querelles en vinrent à ce point que le parlement décréta de prise de corps les prêtres qui refuseraient les sacrements, et on le vit mander à sa barre l'archevêque de Paris[4]. Le trouble que ces luttes jetaient dans fa société avait plus d'une fois engagé le Régent et le cardinal de Fleury à intervenir, et sans adopter tout à fait les principes de la bulle Unigenitus, le conseil du Roi déclara que les parlements n'avaient pas le droit de suspendre la juridiction de l'archevêque de Paris et de saisir son temporel[5].

Le parti janséniste du parlement jetait ainsi un trouble indicible dans la société en se plaçant sans cesse en tête de la résistance ; le Roi l'aurait toléré dans les querelles ecclésiastiques en dehors de l'action du pouvoir ; mais quand il s'agissait de l'enregistrement des édits bursaux, de lever l'impôt ou de l'agrandir, ces sortes de résistances devenaient insupportables, car elles apprêtaient les ressorts de l'autorité. Les parlementaires qui se montrèrent si austères, si ménagers des deniers quand il s'agissait de les accorder au Roi et aux besoins de l'État, étaient la plupart avides, rapaces, spéculateurs ; presque tous enrichis dans le système de Law et par des mariages financiers, ils tenaient leurs grandes fortunes et leurs plus belles terres de ces alliances. Le président Molé avait reçu dix-huit cent mille livres de dot de Samuel Bernard dont il épousait la fille ; Lamoignon de Malesherbes, le railleur de croyances, le plus absolu des caractères, et si faible quand il s'agissait de tendre la main aux philosophes faiseurs de renommée, s'unissait à la fille de Grimod de la Reynière, un des plus grossièrement enrichis d'entre les fermiers-généraux[6]. Il n'y avait certes ni crime ni faute en tout cela : Gros-Bois de même que Champlatreux, Maisons, etc., venaient des financiers, et c'était bien acquis que de l'obtenir par mariage. Mais ce qui n'était pas aussi légitime dans le devoir des parlementaires, c'était l'opposition très-dure, très-opiniâtre qu'ils faisaient à tout ce qui était impôt, moyens financiers nécessaires pour parer aux crises publiques et aux besoins réguliers du trésor. Il y avait refus d'enregistrement, et après les lits de justice, remontrances publiques hautaines, de manière à dépopulariser l'impôt avant sa perception.

Du côté de la cour le seul moyen de défense contre ces oppositions, c'était après les lits de justice, l'exil des parlementaires : on choisissait les plus entiers, les plus récalcitrants parmi ces magistrats brouillons, imitateurs de la Fronde, qui cherchaient le bruit pour échapper à l'obscurité. Le soir au conseil, des lettres de cachet étaient signées avec plus de discrétion et de discernement qu'on ne croit, les compagnies de mousquetaires prévenues recevaient les ordres : le matin, au chant du coq, deux exempts des gardes étaient envoyés à chacun des magistrats désignés pour l'exil, afin d'exécuter les ordres du conseil. Les exils variaient ; pour les plus coupables on leur assignait de lointaines provinces, des villes ou des villages au sommet des montagnes, lieu d'ennui et de méditation ; à quelques-uns même des prisons d'État, le château de Pierre-en-Cise, les îles Sainte-Marguerite. La majorité moins coupable était seulement reléguée dans les châteaux ou fiefs de leur domaine, au sein de leur famille, avec toute liberté de correspondance et de vie privée[7].

A ces actes de vigueur, le parlement répondait par des remontrances, des suspensions de justice et même des démissions de charge ! Pour les remontrances, les parlementaires étaient jusqu'à un certain point dans leurs droits (sauf au Roi d'en faire tel usage qui conviendrait) ; mais ces arrêts de suspension de justice à l'occasion d'une question politique, démontraient les vices d'un système qui plaçait la résistance constitutionnelle aux mains de ceux qui ne devaient que la justice aux sujets, de sorte que les procès souffraient souvent des débats de la politique. Enfin, ces démissions répétées par les présidents et conseillers faisaient souvent se demander s'il ne serait pas plus utile enfin d'accepter ces démissions sans les rendre, et de constituer un nouveau parlement tout de judicature, plus à ses devoirs de justice qu'à ces agitations politiques qui troublaient la marche de l'État.

La marquise de Pompadour se trouvait naturellement appelée à résoudre ces questions de pouvoir et de résistance, et le témoignage impartial d'un président mêlé au parti de l'opposition nous montre de quelle hauteur et avec quelle science pratique elle savait les examiner. Le président Meynières de la chambre des enquêtes avait demandé une audience à la marquise de Pompadour. M. Durey de Meynières était président à la chambre des enquêtes du parlement, une des parties les plus turbulentes de l'assemblée ; il avait un fils dans les gardes et pour lequel il demandait de l'avancement ; le roi Louis XV s'y était constamment refusé par cette raison légitime que si un gouvernement doit l'équité à tous, il n'accorde ses faveurs qu'à ceux qui le secondent en le servant avec dévouement. Repoussé avec une certaine sévérité, le président Meynières demanda une audience à la marquise de Pompadour qui s'empressa de le recevoir. Les détails de cette entrevue nous ont été conservés par le président Meynières lui-même, et son récit ne peut être accusé d'un sentiment de partialité pour la marquise de Pompadour[8].

L'audience fut donnée dans les petits appartements de Versailles ; la marquise était debout près du feu, accoudée sur la cheminée : le président comme halluciné par la majesté d'un regard supérieur, salua profondément. Après quelques mots de respect, il exposa avec une modestie extrême l'objet de sa demande : Je sais, madame, que j'ai eu le malheur de déplaire au Roi, mais je ne puis deviner la cause particulière de ma disgrâce. A ces paroles peu sincères, la marquise répondit avec vivacité : Comment, monsieur le président, vous ne savez pas ?  rappelez vos souvenirs : ne vous disent-ils pas en quoi vous avez pu déplaire au Roi !Non, madame, je l'ignore. — Vous n'avez donc pas un ami qui vous le dise ?Vous voyez bien au contraire, madame, qu'il faut bien que j'en aie, puisque c'est par eux que j'ai obtenu la grâce de vous faire ma cour[9], mais aucun ne m'a dit la cause de ma disgrâce. — Vraiment, c'est étrange ; eh bien ! dit la marquise, avec un sourire fin et gracieux, la cause de votre disgrâce, c'est votre propre mérite, votre science. Vous êtes le rédacteur de la plupart des actes émanés de la chambre des enquêtes contre les édits, le Roi le sait et en garde mémoire.

Le président un peu interdit d'un reproche si spirituellement fait, et qui flattait son amour-propre, s'excusa le mieux qu'il put : Dans tous les cas, dit-il, si j'ai eu le malheur de déplaire au Roi, ce n'est pas un motif pour fermer la carrière à mon fils. — Le Roi est le maître, reprit madame de Pompadour ; s'il ne juge pas à propos de vous marquer personnellement son mécontentement, il vous le fait éprouver en privant monsieur votre fils de sa faveur personnelle. Je vous plains cependant, et ne demanderais pas mieux que d'être à portée de vous rendre service. Vous savez, par exemple, que le Roi, en ce moment, désire des marques de soumission de la part de MM. des enquêtes et des requêtes qui ont donné leur démission ; plusieurs ont écrit des lettres respectueuses ; si vous vouliez en écrire une de même et engager plusieurs autres à en écrire de semblables, ce serait un service que vous nous rendriez dans les circonstances présentes, et je m'empresserais de les faire valoir auprès du Roi. Maintenant que voulez-vous que je dise à Sa Majesté ? sinon : J'ai vu aujourd'hui M. de Meynières ; il m'a protesté de l'attachement le plus respectueux à votre personne. Le Roi répondra : Qu'a-t-il fait pour me le prouver ? Rien ; et les choses demeureront dans le même état[10].

Le président de Meynières essaya de prouver que cette démarche était impossible, et que l'honneur du parlement exigeait ainsi la résistance. Alors (dit le président dans son récit) madame de Pompadour se prit à sourire et avec une éloquence admirable[11] me dit : Je suis toujours étonnée d'entendre mettre en avant ce prétendu honneur du parlement, pour ne pas faire ce que le Roi désire, ce qu'il veut, ce qu'il ordonne, et de ne pas considérer qu'il est du véritable honneur de remplir les devoirs de son état et de faire cesser le désordre qui règne dans toutes les parties de l'administration parle défaut de justice. Voilà, monsieur, en quoi il faut faire consister son honneur, à reconnaître ses torts, la légèreté, la précipitation d'une démarche contraire à toute règle, à toute bienséance. Je crois que personne ne doute combien j'honore la magistrature ; il n'y a rien que je ne donnasse pour n'avoir pas à faire ce reproche à ce tribunal auguste, à cette cour qui fait d'elle-même tant d'éloges dans ses écrits et ses remontrances ! Quoi, c'est celte cour si sage qui veut sans cesse rectifier le gouvernement, et qui en un quart d'heure se porte à une extrémité de cette espèce[12] : la démission de ses membres. C'est pourtant avec ces insensés que vous avez donné votre démission, monsieur de Meynières, et vous mettez votre honneur à ne pas vous détacher d'eux ! Vous aimez mieux voir périr le royaume, les finances, l'État entier, et vous faites en cela consister votre honneur. Ah ! monsieur de Meynières, ce n'est pas là l'honneur d'un sujet véritablement attaché au Roi, ni même d'un citoyen attaché à son pays.

Le président de Meynières avoue encore lui-même qu'ébloui de cette belle et grande éloquence, il répondit qu'on ne pouvait espérer une conciliation, qu'après que le parlement serait remis dans son droit, et les exilés rappelés en leur renvoyant la démission qu'ils avaient donnée.

Ainsi, monsieur le président, continua madame de Pompadour d'une voix charmante dans son intonation et sa vivacité, il faut que l'État périsse, parce que le Roi ne rendra pas au parlement quelques agitateurs exilés. Si votre résistance dure encore, il faudra que le Roi manque à ses engagements envers ses alliés, qu'il cesse de payer les pensions, les troupes et l'entretien à l'armée. Voyez l'état où vous réduisez le royaume ; et vous demeurez sourds et indifférents : les démissionnaires du parlement n'ont-ils pas eux-mêmes abdiqué leur charge volontairement ? Le Roi peut donc retenir celles de ces démissions qu'il lui convient, et faire grâce aux autres ; c'est tout ce qu'il doit.

Faire grâce ; madame, le mot est fort dur ; on fait grâce à des criminels et nous ne le sommes pas.

Ce que j'ai dit, monsieur le président, est dur, je le reconnais, mais je ne suis qu'une femme, non pas un chancelier ; quand ceux qui ont le droit de vous parler le feront, ils pèseront les expressions pour ne rien diminuer de la considération qu'il est essentiel de conserver à la magistrature ; mais il faut avant toute chose que l'honneur du Roi soit conservé, et ainsi il sera fait.

Quelle éloquence, madame ! je voudrais la posséder comme vous pour subjuguer les chambres des enquêtes et des requêtes. Au reste, ce n'est pas la première fois que ces deux chambres ont cessé leur service : un exemple s'en est produit sous Henri IV, depuis le 20 mars jusqu'au 6 juin. — Y eut-il des exilés, monsieur le président ?Un seul, le conseiller de la Rodière que le Roi regardait comme un fol, et qui fut rendu à sa compagnie avant le 6 juin.

Vraiment cela est très-beau pour Henri IV ! reprit la marquise avec une dignité railleuse... C'est la trop grande bonté du Roi qui vous rend tous si entreprenants et si difficiles. A la fin, sa bonté se lasse et il veut être le maître. H'allez point attribuer aux ministres le ressentiment personnel et tout particulier du Roi, comme vous faites toujours. Il ne s'agit point ici d'eux : c'est le Roi qui est personnellement blessé et qui veut être obéi... Mais je vous le demande, messieurs du parlement, qui êtes-vous donc pour résister aux volontés du Roi, ainsi que vous le faites ? Croyez-vous que Louis XV ne soit pas un aussi grand prince que Louis XIV ? Croyez-vous que le parlement d'aujourd'hui soit composé de magistrats de plus grandes qualités et mérites que l'ancien ? Ah ! je le souhaiterais bien. Qu'il s'en faut qu'ils leur ressemblent ! Mais considérez vous-même ce qu'a été le parlement depuis 1673 après que Louis XIV lui eut ôté les remontrances jusqu'en 1718, et vous verrez si jamais le parlement a été plus grand, plus considéré. Pourquoi aujourd'hui, messieurs du parlement, trouvez-vous extraordinaire qu'on vous ramène à l'exécution de l'ordonnance de 1667 ?

Cette admirable et savante improvisation dans la bouche d'une femme aimable, artiste, élégante, occupée du monde, étonna, interdit le président qui laissa échapper une phrase irréfléchie : C'est qu'alors, madame, ils n'osaient pas... — Y songez-vous, monsieur de Meynières ? Ils n'osèrent pas et vous autres, vous l'osez aujourd'hui, n'est-ce pas ? Pensez-vous donc que le Roi soit moins puissant, moins résolu que son bisaïeul ! ils n'osèrent pas ! Ah ! mon Dieu, quelle expression vous employez ! je sais que c'est la façon de penser de ces messieurs du parlement et d'autres ; mais il y en a peu qui l'avouent, et je suis fâchée de savoir de votre propre bouche, monsieur le président, que vous avez cette opinion. — En finissant ce discours, ajoute M. de Meynières dans son récit, madame la marquise me congédia par quelques paroles vagues et polies, me laissant rempli d'étonnement et d'admiration[13]. Tel est le résumé écrit par M. de Meynières lui-même. C'est donc un témoin oculaire, un grave magistrat, un opposant, un adversaire des idées et des intérêts de madame de Pompadour qui raconte ici cette entrevue. Il reconnaît que le beau rôle fut du côté delà marquise, et dans le fait la conduite des parlements était sans dignité, sans patriotisme ; au moment d^une guerre nationale contre l'Angleterre, lorsque gentilshommes et peuples marchaient au drapeau avec dévouement, ces parlementaires se jetaient dans un système d'opposition étroite, mesquine qui allait jusqu'au refus de l'impôt : on aurait dit que les parlementaires voulaient profiter des embarras du pouvoir, des malheurs de la patrie, pour conquérir des prérogatives et des droits ! Madame de Pompadour, dans cette entrevue, avait vu les réalités de la situation ; elle dit au président la vérité des choses.

Quelle merveilleuse intelligence que celle de la marquise ! Ici ce n'est pas seulement l'artiste, la femme de cœur qui encourage les gentilshommes aux batailles, c'est encore la légiste sérieuse, la politique d'État qui discute sur les prérogatives de la couronne, les défend avec éloquence, établit ses rapports avec les parlements ; et elle apporte dans tous ces débats un tact, un esprit de convenance, une supériorité de vue capable à étonner un président de chambre. Désormais on s'explique la confiance absolue de Louis XV pour la marquise, d'un dévouement si grand et d'une intelligence si supérieure à une époque de crise et de bataille !

 

 

 



[1] On exalte tous les jours les parlements ; ils perdirent la monarchie et se perdirent eux-mêmes.

[2] Le Temple de Gnide, d'une poésie fort médiocre, fut composé, dit Montesquieu, pour l'amusement du comte de Clermont.

[3] Aussi Montesquieu a-t-il mis une carte géographique à son Esprit des Lois. Voir mon Louis XV.

[4] L'archevêque avait fait une admirable réponse aux injonctions du parlement : L'administration des sacrements est un ministère que je ne tiens que de Dieu. Au surplus, je me ferai un devoir d'en conférer avec le Roi.

[5] Le parlement avait désobéi et interrompu le cours de la justice. Le Roi écrivit alors des lettres de cachet : Je vous ordonne de rentrer dans mon parlement et d'y reprendre vos fonctions ordinaires.

[6] M. de Malesherbes était fils du président Lamoignon-Blancménil, depuis garde des sceaux.

[7] Les lettres de cachet étaient brèves : Monsieur, vous vous rendrez à..... pour y attendre mes ordres.

[8] Ce document a été publié dans les Mélanges de littérature et d'histoire recueillis par la Société bibliophile française, 1850.

[9] Cet ami, c'était l'abbé Bayle, homme fort érudit.

[10] J'ai suivi sur quelques points une version manuscrite, qui diffère un peu de celle qu'a publiée la Société des bibliophiles.

[11] Ce sont les expressions du président.

[12] La démission de février 1756.

[13] Madame de Pompadour, dit le président, était seule, debout près du feu ; elle me regarda de la tête aux pieds, avec une hauteur qui restera toute ma vie dans ma mémoire, sans faire de révérence et me mesurant do la façon la plus imposante.