DIANE DE POITIERS

 

 

 

XVII. — LE CONNÉTABLE DE BOURBON EN ITALIE. - SAC DE ROME PAR LES HUGUENOTS. - CALVIN ET LA DUCHESSE D'ÉTAMPES.

 

1526-1537.

 

Aucune popularité ne fut comparable à celle du connétable de Bourbon parmi les gens d'armes, les aventureux de toutes nations et les soldats de tous camps, malgré le discrédit qu'on avait voulu jeter sur sa personne par sa défection : la gloire qu'il avait acquise à Pavie n'était pas la seule cause de cette popularité, il la devait encore à ce caractère hardi, batailleur, un peu sans foi ni loi, qui plaisait tant aux soudards et compagnons de guerre au moyen-âge : les Espagnols eux-mêmes chantaient sous la tente le connétable de Bourdon :

Calla, calla, Julio César, Annibal, Scipion,

Viva la fama de Borbon[1].

La chanson des gens d'armes sur le duc de Bourbon retentissait dans les batailles, comme celle de Rolland parmi les preux :

Louange à Dieu qui donne la victoire

Belle à César[2] par le duc de Bourbon ;

Noble Bourbon, puis mil ans telle gloire

Ne acquit quelqu'un que ton bruit et renom

Par tel façon a érigé ton nom

A toujours, mais, n'est besoin en douter.

Tu as dompté superbe nation

Qui prétendait le monde surmonter[3].

Ce chant faisait allusion à la bataille de Pavie et à la gloire que le duc de Bourbon y avait acquise ; on put bien faire des légendes en France sur les dédains dont le connétable fut entouré en Espagne : nul grand de Castille ne lui tourna le dos, nul ne brûla sa maison après que le connétable l'avait habitée ; nobles fables pour réchauffer le dévouement des gentilshommes au roi de France. La renommée de Bourbon pouvait inspirer jalousie, jamais un tel dédain ; sa place, au reste, était au milieu des reîtres et des lansquenets que lui amenait d'Allemagne, Fronsberg, plus mécréant encore que Bourbon, et à son côté le prince d'Orange, tout épris de la gloire des aventuriers.

A la tête de cette armée moitié allemande et flamande, moitié aragonaise, le corps espagnol surtout était mécontent, car il n'était pas payé ; les soldats disaient dans leur rodomontades ; que si no les pagavan, revolverian todo el mondo : y por mostrar en la obro sus intenciones sacquevavan y robovan todo[4]. Le connétable, avec une merveilleuse activité pour les satisfaire, faisait des emprunts, imposait les populations et mettait ainsi au courant leur solde. Il leur promettait surtout le pillage de l'Italie : de belles villes à dépouiller, les trésors des églises, les sous d'or de la bourgeoise commerçante[5] ; et tous ces braves gens comme dit Brantôme en étaient ravis de joie : Si les Espagnols pouvaient se faire quelques scrupules sur une expédition contre le pape et les églises, il n'en était pas ainsi des reîtres et des lansquenets qui pratiquaient les enseignements de Luther. La réformation en Allemagne était restée bien peu de temps dans l'état de simple doctrine ; elle s'était transformée en agitation et en guerre violente. C'est le côté par lequel on n'a pas assez étudié la réformation, quand on veut s'expliquer les mesures sévères qui furent prises pour la contenir et la réprimer. Le premier droit d'un gouvernement et d'une société est de se défendre, et le luthéranisme jetait au milieu du monde la guerre sociale des paysans et des grandes compagnies glorieusement comprimés par les Guises.

Le sentiment le plus profond, le plus vivace, j'ai presque dit le plus brute, au cœur des reîtres, c'était la haine contre le pape et Rome ; cette haine, Luther l'avait suscitée avec une telle persévérance et une telle rudesse[6] qu'elle était passée dans le corps et dans les os de tous ces soldats de la réformation, parmi les féodaux surtout qui considéraient les abbayes et les terres monacales comme une proie facile offerte à leur avidité : la guerre éternelle entre la force matérielle et la puissance morale se renouvelait avec une nouvelle énergie au XVIe siècle.

Le type de ces féodaux était toujours Fronsberg, le baron de la Souabe, qui avait franchement accepté la supériorité militaire du connétable. Tout glorieux de son passé, Bourbon promettait à toutes ces bandes noires et grises le sac de Rome, la chute du pape, la dispersion des cardinaux ; il s'engageait à donner à chaque chef de bons établissements en Italie. L'occasion était toute trouvée ; Charles-Quint lui-même avait des griefs contre le pape, car avec cette inconstance qui le caractérise, le peuple italien était passé d'un système à un autre ; l'Italie devait son indépendance à l'Empereur et par son épée elle s'était délivrée des Français et des Suisses ; mais cette épée protectrice, l'Italie capricieuse voulait la briser pour agir et s'organiser seule, ce qui fut toujours sa pensée, d'autres diraient son rêve.

Les Vénitiens, le pape, les Florentins, en concluant une alliance bien fragile contre Charles-Quint, mettaient sur pied une armée de la Ligue italienne[7]. C'était aussi la prétention de ces souverainetés de s'armer entre elles pour un but commun qu'elles ne pouvaient atteindre, l'esprit d'unité leur manquant. Us voulaient former une armée italienne, se grouper par des ligues nationales ; presque aussitôt la faiblesse des moyens, la division des chefs amenaient la dissolution de cette armée.

Cette ligue italienne, le connétable s'était chargé de la combattre et de la vaincre ; à cet effet, il avait lancé ses Allemands et ses Espagnols sur le centre même de l'Italie ; ses lieutenants, Fronsberg[8] et le prince d'Orange[9], tous deux braves aventuriers, le secondaient de tous leurs moyens : La ligue italienne fut bientôt dispersée ; le connétable et ses deux lieutenants envahirent les légations romaines, Ferrare se rendit aux lansquenets. Là, mourut le gros capitaine Fronsberg dans une orgie huguenote, en avalant une grande coupe de vin dans un calice : c'était pourtant un rude homme, à la taille haute, aux larges épaules, à la figure épaisse et enluminée ; nul ne connaissait mieux le langage de guerre qui convenait à ses soudarts ; le connétable donna de grands regrets à Fronsberg ; puis il dit aux lansquenets, ne suis-je pas un pauvre sire comme lui, sans bien ni terre, et ne me faut-il pas gagner ville et état ?

Rome se levait devant les aventuriers avec ses richesses infinies : il y avait alors une opinion répandue, c'est que Rome avait hérité des trésors du vieux monde, opinion qu'on voit se répandre dès le Ve siècle chez les Goths, les Vandales et après la chute de Constantinople, ces richesses avaient dû s'accroître. On disait que des tonnes d'or étaient enfouies dans les caveaux des basiliques ; tout était riche à Rome : reliquaires, vases sacrés, chandeliers, ornements des autels, chappes et tiares ; les mécréants se faisaient joie de ces profanations, et ils saluèrent Rome de leur chant de guerre, de leurs clameurs de victoire[10].

Presque aussitôt, l'assaut fut donné par les deux côtés des vastes murailles, qui s'étendaient sur un espace de près de cinq lieues, assaut terrible, bravement soutenu et fortement accompli. Un coup d'arquebuse frappa le connétable en pleine poitrine, et il tomba, blessé à mort. S'il faut en croire l'artiste un peu hâbleur, Benvenuto Cellini[11], ce fut lui qui lança ce grand coup : il ne faut pas en vouloir aux artistes fantasques de ces petits mensonges, de ces vanteries fréquentes ; leur imagination travaille ardemment ; elle charpente avec naïveté un roman dont ils se croient les héros et qui devient pour eux de bonne foi, la vérité absolue. La mort glorieuse du connétable de Bourbon fit une impression profonde de tristesse et de colère parmi les bandes d'aventuriers ; en langue espagnole ou allemande ils poussaient ces cris sauvages : Il faut venger Bourbon par la chair et le sang[12].

Un chant de geste et de guerre demeura longtemps parmi les aventuriers, en souvenir de la mort du connétable, leur chef bien-aimé.

Quand le bon prince d'Orange

Vist Bourbon qui était mort,

Criant : Saint Nicolas !

Il est mort, saincte Barbe !

Jamais plus ne dist mot,

A Dieu rendit son âme.

Sonnez, sonnez, trompette.

Sonnez tous à l'assaut,

Approchez vos engins,

Abbattez les murailles

Tous les biens des Romains

Je vous donne au pillage[13].

Cet ordre fut cruellement exécuté. La description que fait Brantôme du sac de Rome par les lansquenets et les volontaires espagnols, soulève de tristes réflexions sur les mœurs des gens de guerre de cette époque, que plus tard Callot a dessinés. Il y a sans doute un peu d'exagération dans le récit du sire de Bourdeille qui n'était pas témoin oculaire des faits qu'il raconte par ouï dire : Brantôme n'était pas au siège de Rome ; mais il avait écouté, entendu ce récit de la bouche même de quelques-uns de ces soudards, compagnons d'armes de sa jeunesse ; le souvenir en était resté en sa mémoire : Rome vaincue, dit Brantôme, ils se mirent à tuer, desrober, tuer et violer femmes sans tenir aucun respect ni à l'âge ni à dignité, sans respecter les saintes reliques des temples, ni les vierges, ni les moniales, jusques là que leur cruauté ne s'estendit pas seulement sur les personnes, mais encore sur les marbres et antiques statues : les lansquenets qui étaient imbus de la nouvelle religion, s'habillaient en cardinaux, en evesques en leurs habits pontificaux et se promenaient ainsi parmi la ville, au lieu d'estaffier, fesaient ainsi marcher ces pauvres ecclésiastiques, à côté ou en devant en habits de laquais, les uns les assommaient de coups, les autres se contentaient de leur donner des horions, les autres se moquaient d'eux et en tiraient des risées en les habillant en bouffons et maltassins ; les uns leur levaient les queues de leur chappes en fesant leur procession par la ville et disant les litanies ; bref ce fut un vilain scandale.

Brantôme ajoute comme un souvenir : Les huguenots en nos guerres en ont bien fait autant et mesme à la prise de Cahors, car, tant que dura leur séjour, les palefreniers tous les matins et soirs qui allaient abreuver leurs chevaux, s'habillaient de chapes des églises qu'ils avaient prises et montés sur leurs chevaux, allaient en l'abreuvoir et entournaient ainsi vestus en chantant les litanies et un qui avait trouvé la mitre allait derrière fesant l'office de l'évêque[14]. Je rapporte ce passage de Brantôme, pour expliquer et justifier les réactions populaires contre les calvinistes.

Il serait impossible de suivre plus loin les récits trop naïfs du sire de Bourdeille, dans la description du sac de Rome par les lansquenets et les compagnies d'aventuriers espagnols ; Brantôme ne s'épargne pas la licence des tableaux et la franchise des expressions. L'opinion qu'il a des dames romaines (comtesses, marquises, baronesses), est un peu conforme à sa manière de conter les galanteries des dames à la cour de Henri 11 et de Charles IX. Il faut prendre Brantôme comme un charmant hâbleur, une espèce de Boccace français qui lance un peu au hasard des noms propres à côté des récits de galanterie souvent inventés ; il les conte si bien, avec tant de naturel, qu'on ne distingue pas ses imaginations de la vérité, et qu'on se laisse doucement bercer par ses agréables aventures.

Pendant le sac de Rome, la dévastation des basiliques, le saccagement de la tombe des Apôtres[15], par les reîtres plus cruels que les Huns et les Alains, le pape et les cardinaux s'étaient réfugiés au château Saint-Ange, où ils subirent un siège régulier ; du haut de cette vaste tour (le Môle d'Adrien), ils purent contempler ces processions moqueuses, dans lesquelles les Huguenots, montés sur des ânes, transportaient les reliques et même le pain consacré. Les prédications de Luther avaient préparé ces excès de la soldatesque allemande.

L'empereur Charles-Quint, tout en désavouant le sac de Rome, n'en faisait pas moins assiéger le souverain pontife dans le château Saint-Ange, et le forçait à se rendre prisonnier en l'environnant de respect, et en s'agenouillant devant lui ; l'empereur aimait les grands captifs. Il mêlait un respect affecté à sa politique d'invasion et de conquête ; c'était sa seule hypocrisie.

Pour rester juste et impartial, il faut dire que les opinions de la Réforme s'étaient produites, en majorité jusqu'ici en France, dans des conditions plus calmes, plus modérées que les jacqueries luthériennes de l'Allemagne. Ces opinions purent mériter la protection de mademoiselle d'Heilly (la duchesse d'Étampes), comme elles avaient trouvé des partisans dans les classes scientifiques et universitaires. Le calvinisme, quoique plus hardi, plus dessiné comme doctrine, avait quelque chose de plus doux dans la parole et dans l'expression. Calvin, né à Noyon, loin de lutter contre la puissance royale, s'adressait à elle dans les formes les plus obséquieuses, pour demander sa protection ; il dédiait à François Ier ses livres et ses œuvres[16]. Calvin avait pour protectrice avouée Marguerite de Valois (depuis duchesse d'Alençon), cette tendre sœur du roi, puis madame Marie de France, duchesse de Ferrare[17] et enfin la duchesse d'Étampes, toute puissante à la cour de François Ier. Ce fut sur les instances de la maîtresse bien-aimée de François Ier que Clément Marot traduisit les psaumes en français, que le soir on récitait dans le Pré-au-Clerc, ce beau rendez-vous de la cour[18]. Qu'on se représente au delà de la Seine, les prés fleuris en face du Louvre, ombragés de grands arbres et s'étendant jusqu'au village de Grenelle, L'université avait là ses jardins, ses allées, ses vergers en espaliers, sa fruiterie, et ses beaux treillis de vigne. Le soir, le Pré-au-Clerc retentissait d'une douce musique qui accompagnait les psaumes de David : chacun y mettait son air favori, et la popularité de l'œuvre de Marot fût si grande, que le roi en accepta enfin la dédicace :

Puisque voulez que je poursuive, ô Sire,

L'œuvre royale du psautier commencé,

Et que tous ceux aimant Dieu le désire,

D'y besogner m'y tient tout disposé ;

S'en sente donc qui voudra offensé ;

Car ceux à qui un tel bien ne peut plaire

Doivent penser, si jà ne l'ont pensé.

Qu'en vous plaisant me plaît de leur déplaire[19].

Ainsi le Roi lui-même commandait cette traduction des psaumes que f Église condamnait : ce fut parla duchesse d*Étampes, que Clément Marot obtint toutes les grâces de la cour ; esprit fantasque, exigeant, tapageur, plus d'une fois le poète avait eu des démêlés avec la justice ; ses vers sur le Châtelet le constatent.

Les ennemis, que Marot dénonçait dans ses jeux de mots versifiés, étaient les catholiques ardents, les docteurs de la Sorbonne, les magistrats des cours de justice qui maintenaient les principes de la vieille société. Ce parti avait pour expression Diane de Poitiers, unie intimement aux Guise, la rivale de la duchesse d'Étampes, esprit politique qui voulait défendre les lois antiques de la chevalerie et de la société du moyen-âge.

On était, en effet, à une époque de transition scientifique ; le moyen-âge s'affaiblissait, l'esprit de la chevalerie était son dernier souffle jeté sur le siècle de François Ier : son guerre civile, les dissensions universitaires allaient se substituer aux belles joutes et aux tournois ; et la preuve que ce vieil esprit s'en allait, ce fut la façon presque ridicule, dont se termina le grand cartel envoyé par Charles-Quint à François Ier !

 

XVIII. — CARTEL DE CHARLES-QUINT À FRANÇOIS Ier.

 

1526-1527.

 

Un des épisodes les plus étranges dans l'histoire sérieuse, ce fut de voir le grave et politique Charles-Quint, oubliant les lois générales de son système habituellement plein de calme et de réflexion (comme l'esprit monacal de l'Espagne), pour se jeter dans les aventures d'un cartel de chevalerie. Le sang des ducs de Bourgogne lui était-il monté au cerveau ? la colère d'avoir été trompé, joué par François Ier, lui faisait-elle oublier les lois de la prudence générale ? Vainqueur partout au moyen de ses armées, comment se jetait-il en chevalier errant dans les hasards d'un combat singulier ? C'est que lorsqu'une forte déception arrive, lorsqu'on a travaillé à l'accomplissement d'un système et que le but échappe, on ne raisonne plus, on agit avec sa colère et non point avec la réflexion. L'Empereur venait d'apprendre que le parlement de Paris avilit déclaré nul l'acte scellé des armes royales de France, en vertu de ce principe du droit romain, qui exigeait la liberté, la spontanéité dans tous les actes légaux de la vie de l'homme ; or, François Ier captif n'avait pu agir librement[20].

L'Empereur considérait cette façon de résonner comme une grande déloyauté. Ce n'était pas le roi de France qui avait négocié et préparé le traité, mais des plénipotentiaires librement choisis par lui ; il n'avait fait que ratifier leur œuvre discutée, réfléchie ; et, d'ailleurs, n'avait-il pas engagé sa parole de gentilhomme et de chevalier, d'exécuter fidèlement les clauses du traité de Madrid ? Cheminant tout à côté de l'Empereur depuis Burgos jusqu'à la Bidassoa, François V' n'avait-il pas pris à témoin l'image de la croix, et ne se parjurait-il pas comme un félon en oubliant cette promesse ? Comme il avait manqué à sa foi de chevalier, Charles-Quint le provoquait en cartel. Peut-être aussi, par un de ces caprices qui arrivent quelquefois aux esprits politiques, Charles-Quint voulait-il se jeter dans les aventures pour montrer son courage personnel et enlever à son rival, l'autorité et le prestige de roi chevalier.

Après la signature du traité de Madrid, François Ier avait envoyé pour le représenter auprès de Charles-Quint un ambassadeur ; c'était un chevalier très en avant dans la confiance de la duchesse d'Angoulême, Henri de Calvimont, et plusieurs fois en sa présence, l'Empereur s'était exprimé en paroles aigres et colères sur la conduite du roi de France, jusqu'à la provocation. Les instructions de l'ambassadeur lui recommandaient beaucoup de calme, la nécessité de prolonger et d'attendre : en ce moment, François Ier négociait avec le roi d'Angleterre, et l'on était à la veille de la signature d'un traité offensif et défensif. Le traité avait pour but de forcer Charles-Quint à rendre les deux jeunes princes, fils de François Ier, moyennant une juste rançon, ce qui était dans le droit chrétien.

Le pape invitait tous les peuples à une croisade, et il fallait pour cela un durable système de conciliation[21].

L'empereur Charles-Quint était instruit de ces négociations et de ces actes[22] ; impatienté des délais et de ces paroles évasives ou de cette mauvaise volonté, il s'écria tout haut en présence de l'ambassadeur de France, Calvimont : Le roi, votre maître, a manqué déloyalement à la foi de chevalier qu'il m'avait donnée, et s'il osait le nier, je le soutiendrais seul à seul avec lui les armes à la main ! Dans les lois de la chevalerie c'était un véritable défi d'armes. Une dépêche de Calvimont informa François Ier de cet appel à un combat singulier : l'ambassadeur, n'exprimant aucune opinion, racontait les faits tels qu'ils s'étaient passés dans l'audience de l'Empereur.

A l'époque toute de négociation et de diplomatie où l'on se trouvait, François I" avait tout à gagner en retardant une réponse. Le conseil était d'avis qu'en poursuivant la guerre en Italie, l'empereur Charles-Quint avait brisé lui-même le traité de Madrid, et qu'il n'y avait plus d'engagement de la part du roi de France, puisque la paix n'était pas observée, opinion partagée par le roi Henri VIII. Les deux conseils de France et d'Angleterre résolurent donc d'envoyer des hérauts-d'armes à Charles-Quint, pour lui déclarer solennellement la guerre. Ce n'était point ici un défi de chevalerie, la provocation d'un cartel, pour un combat corps à corps, les hérauts d'armes représentaient le suzerain, chef de la nation ; ce qu'ils dénonçaient, c'était la guerre et non pas un combat de chevalerie[23] en champ-clos.

Le défi de Charles-Quint, au contraire, était une provocation individuelle, à laquelle tout chevalier devait répondre. Le héraut-d'armes de France s'appelait Guyenne, celui d'Angleterre Clarence ; tous deux partirent donc couverts d'armures avec le blason de leur maître sur la poitrine et le gonfanon à la main, précédés de deux trompettes également aux armes royales, s'acheminant à travers les terres de France et d'Espagne[24] ; ils trouvèrent l'empereur Charles-Quint qui tenait sa cour plénière à Burgos. Ils s'annoncèrent comme messagers d'armes de France et d'Angleterre portant les paroles des rois leurs seigneurs ; après trois appels au son de trompe, Guyenne, le héraut-d'armes de France, s'écria : A toi, empereur Charles le cinquième, nous déclarons au nom des rois de France et d'Angleterre, que tu as forfait à l'honneur en retenant notre Saint-Père le pape captif au château de Saint-Ange, en gardant comme des serfs les enfants du roi de France qui n'étaient qu'otages, en refusant de payer à Henri, roi d'Angleterre, les sommes dont tu lui es débiteur[25].

En entendant ces paroles hardies du héros-d'armes, l'empereur Charles-Quint, tout rouge de colère, répliqua d'une voix terrible : En vérité, Guyenne, ton maître en a menti par la gorge, François de Valois, quoique libre, n'a pas cessé d'être mon prisonnier ; il a violé sa parole de chevalier, car n'avait-il pas promis de venir se remettre en mes mains, si le traité de Madrid n'était pas exécuté, et il ne l'a pas été. Ton maître, ayant forfait à l'honneur, n'a plus qu'à répondre au défi d'un combat singulier que je lui porte à la lance, à l'épée, à la hache d'armes, ainsi que je lui ai envoyé dire par l'ambassadeur Calvimont. A présent part, je te donne congé.

Les hérauts-d'armes, remettant leur casque et haulme sur leur chef, s'acheminèrent donc à travers l'Espagne et la France vers la cour de Fontainebleau, où ils trouvèrent le roi François Ier au milieu des fêtes et des plaisirs de ses nouvelles amours pour la duchesse d'Étampes : Guyenne répéta mot à mot les paroles fières et dédaigneuses de Charles-Quint. François, le visage en feu, dicta le cartel suivant : A toi, élu empereur d'Allemagne, tu en as menti par la gorge, quand tu soutiens que j'ai manqué à ma foi de gentilhomme ; j'accepte ton défi, assigne un lieu de combat, promets-moi la sûreté du camp et terminons par l'épée ce qui s'est trop continué par l'écriture[26].

Dans la loi de la chevalerie, assurer le camp, c'était donner un sauf-conduit solennel, de manière qu'en aucun cas il pût y avoir saisie de corps de l'un des deux combattants, car François Ier craignait toujours quelque piège tendu par Charles-Quint, et de voir ainsi recommencer sa captivité. Le héraut-d'armes Guyenne s'achemina une seconde fois pour les terres d'Espagne, portant le royal cartel dans une aumônière de soie. Charles-Quint tenait alors sa cour à Monco en Aragon : quand le héraut-d'armes eut achevé son défi et sonné ses trois coups de trompette, l'Empereur lui dit : Rapporte au roi ton maître que j'accepte le cartel, le lieu fixé pour le combat sera l'île de la Bidassoa, la place même où François Ier m'a donné sa foi de gentilhomme d'exécuter le traité, et où il me remit ses enfants en otages ; ce lieu placé entre les deux États, n'est-il pas sûr ? nous enverrons de part et d'autre un prud'homme en chevalerie pour procurer la sûreté du camp et décider le choix des armes que je prétends m'appartenir, car je suis l'insulté[27].

Charles-Quint prenait ce cartel si parfaitement au sérieux qu'il avait fait choix du chevalier qui devait l'accompagner comme témoin et second dans le duel, c'était don Baltazar Castiglionne, le plus loyal des paladins dans la grandesse d'Espagne, l'auteur du beau livre chevaleresque la Cortezia (la Courtoisie), parfait miroir d'honneur et de bravoure ; ce choix ainsi fait, Bourgogne, le héraut-d'armes de Charles-Quint, s'achemina portant le défi en règle ; il espérait trouver à la frontière un sauf-conduit tout préparé pour voyager en France, mais, par un concours de circonstances que l'on ne peut expliquer, ce sauf-conduit se fit attendre jusqu'au 18 août[28]. Voilà donc Bourgogne, voyageant à travers la France précédé de son écuyer, le blason d'Autriche sur la poitrine ; il arriva à Fontainebleau le 6 septembre et se fit annoncer à son de trompe comme le messager de l'Empereur : le héraut Guyenne vint au devant de lui :

— Que demandes-tu, chevalier ?

— Le roi, ton maître.

— Il est impossible que tu le voies aujourd'hui, il est à Longjumeau à courre le cerf et j'ai ordre de t'y conduire.

Le héraut d'armes Bourgogne se mit en marche accompagné de Guyenne pour atteindre François Ier à la chasse dans la forêt ; quand ils virent les tours de Longjumeau, Guyenne ayant distancé Bourgogne revint bientôt en disant : Le roi est encore à la chasse avec la duchesse d'Étampes et je n'ai pu les rejoindre. Après bien des allées et des venues, le roi de France enfin fit dire qu'il recevrait le message de Charles-Quint dans le château des Tournelles à Paris, et Bourgogne se hâta de s'y rendre conduit par le grand-maître de Montmorency, montrant partout une vive impatience de remplir son office. Dès que le Roi l'aperçut, il s'écria :

— Héraut Bourgogne m'apportes-tu l'assurance du camp[29] ?

— Permettez, sire, que je fasse mon office et que je lise le cartel que l'Empereur mon maître m'a chargé de porter à votre majesté.

— Héraut Bourgogne, je te le répètes, m'apportes-tu la sûreté du camp ?

Le héraut Bourgogne, au lieu de répondre, se mit en mesure de lire le cartel dans son entier. Le Roi l'interrompit :

— Assez, Bourgogne ! donne-moi d'abord la patente de sûreté du champ-clos, et tu harangueras ensuite tant que tu voudras.

— J'ai ordre de lire à votre majesté le cartel et de vous le remettre en main.

— Je ne le permettrai pas ; ton maître voudrait-il donner des lois dans mon royaume ?

— Sire, je ne puis remplir mon office ainsi qu'il m'a été donné : constatez votre refus par écrit et donnez-moi un sauf-conduit pour le retour.

— Montmorency, qu'on le lui donne donc, dit le Roi impatienté.

Le héraut Bourgogne répéta à deux fois au grand-maître Montmorency :

— Monseigneur, vous voyez bien qu'on n'a pas voulu m'entendre, et cependant je dois vous dire que le cartel contenait la sûreté du camp.

Alors le héraut fit encore sonner trois fois de la trompette, provoqua le roi de France au nom de son maître en combat singulier et reprit la route d'Espagne à travers F Orléanais, la Guyenne et la Gascogne[30].

 

XIX. — LA PAIX DE CAMBRAI OU DES DAMES[31].

 

1528.

 

Quand on lit le procès-verbal minutieux du héraut-d'armes Bourgogne, tout en faisant même une grande part à sa passion personnelle pour l'empereur Charles-Quint, son maître, on serait tenté de croire à un manque de cœur et de courage du côté de François Ier. Il semble en résulter, en effet, que Charles-Quint cherchait très-sérieusement un duel corps à corps, même à outrance, à la lance, à l'épée, au poignard, et que François Ier l'éluda par des prétextes et des délais qui tinrent évidemment à des causes particulières qu'on expliquerait difficilement au point de vue de la chevalerie.

On ne peut croire néanmoins que François Ier, si brave, si déterminé, le vainqueur de Marignan, le héros de Pavie, qui, seul, combattait à pied, l'épée brisée, une multitude d'ennemis, eût cherché un prétexte pour éviter le champ-clos, si exalté par les chansons de gestes du moyen-âge ; les romans de chevalerie fournissaient des exemples d'empereurs et de rois rompant une lance au carrefour d'une forêt avec une intrépidité incomparable contre un chevalier inconnu, et Charlemagne lui-même, le grand empereur, n'avait pas dédaigné de se mesurer avec Sacripan et Ferragus, comme on le lisait dans le poème de l'Orlando furioso[32].

Il eût été difficile de croire à un piège de la part de Charles-Quint : on devait se battre en terre neutre sur l'extrême frontière, et il était si aisé de prendre ses précautions ! Il faut donc penser que ce refus ou ces délais tenaient aune cause générale et politique ; la question d'honneur et de courage restait en dehors. Le conseil de François P'avait jugé que tout ce qui s'était fait à Madrid était nul et que Charles-Quint lui-même avait brisé le traité par des entreprises nouvelles qui en modifiaient singulièrement l'esprit et la tendance. Selon le conseil du roi de France la conséquence immédiate du traité de Madrid, devait être la paix absolue ; François Ier avait tant cédé pour apaiser l'ambition de Charles-Quint ! Comment arrivait-il donc que la guerre continuât en Italie et que l'Empereur combattit encore les Florentins, les Milanais et notre saint-père le Pape lui-même ? Toutes les conditions étaient donc changées ; la domination suprême de l'Italie était convoitée par Charles-Quint en violation manifeste du traité. Il est vrai que cette Italie méritait peu d'intérêt de la part de la France : les Milanais secouaient tout gouvernement régulier dans la guerre civile, sous les Sforza et les Visconti. Les Florentins, capricieusement, exilaient ou rappelaient les Médicis ; les Romains s'agenouillaient devant les papes ou les chassaient : Bologne, Ferrare, étaient en pleine révolution, et les Vénitiens, naguère si puissants, s'affaiblissaient dans l'excès de leur propre ambition conquérante[33] dans l'Orient.

Au milieu de ces agitations intestines, se révélait le caractère ambitieux de la maison de Savoie. Au passage de François Ier avant la triste bataille de Pavie, le duc Charles III, lié à la France, avait reçu du roi des subsides et des promesses d'agrandissement depuis le Piémont jusqu'à la frontière de Gênes ; après les malheurs de la France, le duc brisait presque avec éclat cette alliance, sans s'arrêter même à la question de famille : car la régente, mère du roi de France, était la tante du duc Charles III[34]. L'empereur eut désormais la clef des Alpes et le concours des forces des ducs de Savoie.

La république de Gênes elle-même avait abandonné la cause de la France en péril ; la désertion éclatante d'André Doria, le célèbre marin, mettait le sceau à cette politique d'oubli et d'abandon.

Le conseil de François Ier soutenait donc qu'il y avait rupture ou modification dans le traité de Madrid, et par conséquent liberté pour le roi de s'en affranchir ou de prendre tous les moyens pour le rendre moins lourd. L'habile diplomatie de la France d'ailleurs avait déjà obtenu quelques résultats d'alliance et de concours efficaces : durant même la captivité de François Ier à Madrid, la régente, Madame de Savoie, avait ouvert des négociations avec Henri VIII d'Angleterre, inquiet lui-même des empiétements de Charles-Quint ; elles avaient abouti à des stipulations secrètes[35], et le cardinal Wolsey, après la délivrance du roi de France, était venu négocier sur le continent : un traité de mariage fut conclu entre le second fils du roi de France et Marie, princesse d'Angleterre. Celte alliance assurait le concours de Henri VIII dans une guerre, si Charles-Quint persistait à garder les deux fils de François Ier en captivité et à persécuter notre Saint-Père. Dans les caprices de sa puissance, Charles-Quint s'agenouillait devant le pape et le gardait captif ; l'Empereur respectait la papauté, mais il voulait avoir son pape. On rencontre souvent de ces esprits dans l'histoire qui ménagent les institutions pourvu qu'elles se ploient à leur caprice.

Dans l'état où se trouvait l'Europe menacée par les Turcs, il était difficile qu'une longue guerre pût se renouveler entre les princes chrétiens, sous un simple prétexte d'ambition et de querelles personnelles ; les esprits étaient tournés vers la croisade en Orient. Tout ce qui avait un cœur élevé songeait donc à combattre le Turc ; et, sous l'influence de Diane de Poitiers, il s'était formé un ordre de chevalerie, dont le premier vœu était de combattre les infidèles avec les braves chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Il fallait donc assurer une paix définitive et sans esprit de retour entre Charles-Quint et François Ier : comme il était difficile de les rapprocher personnellement après tant d'irritation et d'injures, deux femmes encore se chargèrent de ménager la réconciliation des princes. En France, ce fut la prudente et active duchesse d'Angoulême[36], la mère de François Ier ; elle avait négocié avec l'Angleterre et se croyait assez puissante pour conclure une seconde paix avec Charles-Quint. Pour l'Empereur, la femme choisie pour négocier fut Marguerite, archiduchesse d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas, princesse d'une intelligence supérieure, la fille de l'empereur Maximilien et de Marie de Bourgogne ; enfant, elle avait été fiancée à Charles VIII, roi de France, puis à l'infant d'Espagne, mort avant son mariage[37], enfin veuve presqu'aussitôt de Philibert-le-Beau, duc de Savoie ; elle vit à peine son mari qu'elle pleura toute sa vie. Dès ce moment, Marguerite se consacra au gouvernement des Pays-Bas ; une des héritières de la maison de Bourgogne, elle en avait gardé la hardiesse, la fierté ; elle protégeait les lettres et les arts, et son gouvernement fut aimé et admiré : l'industrie des villes de Bruges, de Gand, de Malines, grandit sous ses lois : il n'y eut pas de révolte mais des libertés. Du gouvernement de Marguerite, datent la plupart de ces hôtels-de-ville à horloge, à clochetons qui couvrent les Flandres : les corporations libres et heureuses purent bâtir leur maison commune, se grouper dans la salle des festins, processionner au son des cloches à carillon. Les Flandres sont aujourd'hui encore les gardiennes de l'esprit de corporation au moyen-âge ; c'est ce qui fait leur joie, leur liberté et leur grandeur !

La protection artistique de Marguerite d'Autriche s'étendit sur les domaines de Savoie, la patrie de l'époux pleuré ; elle y fit construire la charmante église de Brou qui fait encore l'admiration des artistes. Maîtresse de toute la confiance de Charles-Quint, ce fut à elle que le pape s'adressa pour obtenir son intervention : il s'agissait d'une grande trêve pour tourner les armes chrétiennes contre les Turcs. Ainsi, deux femmes allaient présider à des négociations délicates que la colère des princes avaient rendu impossibles ; elles allaient donner à l'esprit chevaleresque une autre direction, celle de la croisade contre les Turcs. A Cambrai, furent réunies toutes les dames de la cour de Fontainebleau, de Gand, de Malines et de Bruxelles. Diane de Poitiers, la duchesse d'Étampes, suivirent la reine régente, comme attachées à sa personne, et pour présider aux fêtes de la chevalerie.

Les premières gravures de la Renaissance nous donnent, comme pour le camp du Drap-d'Or, la reproduction des solennités qui accompagnent les négociations de Cambrai : une surtout témoignait du mélange de l'esprit français et de la grande piété flamande. Dans une haute tour, est dame l'Église vêtue de blanc, toute en pleurs, assiégée par des mécréants tout noirs, Sarrasins et Turcs ; elle implore le secours des chevaliers qui accourent de toute part, la croix sur la poitrine. Dans une miniature, on voit Constantinople et Jérusalem : les règles de la perspective n'y sont nullement gardées, les maisons semblent se refouler sur les maisons, les cités sont pleines de Sarrasins, mais sur l'horizon apparaît un ange à l'épée flamboyante qui montre aux chrétiens les cités captives.

L'esprit des croisades suffirait-il pour apaiser les colères politiques de Charles-Quint et de François Ier ? Néanmoins les deux négociatrices en profitèrent pour signer la paix de Cambrai[38], que Brantôme, le premier, appelle la paix des dames. Ce traité modifiait sous quelques points de vue l'inflexible convention de Madrid : moyennant le mariage accompli de François Ier et d'Éléonore de Portugal, le roi de France gardait le duché de Bourgogne, sous la condition expresse qu'il serait donné en apanage à un des fils du roi, sous un simple hommage ; le dauphin devait épouser une infante, car l'empereur Charles-Quint semblait mettre un grand prix à reconstituer l'illustre maison de Bourgogne, dont il était l'héritier et le représentant. La Flandre, l'Artois avec Tournai étaient réunis aux Pays-Bas sous le gouvernement de Marguerite d'Autriche. Le roi de France rendait aux héritiers du connétable de Bourbon, tous les fiefs confisqués, pour les tenir sous simple hommage, sans qu'on pût invoquer les arrêts prononcés par le parlement. La principauté d'Orange était reconstituée au profit de Philibert de Châlons[39], le compagnon si brave du connétable de Bourbon au siège de Rome, vaillant chevalier resté fidèle à la cause de Charles-Quint. La principauté d'Orange était enclavée dans les terres pontificales du comtat d'Avignon ; plus tard elle passa dans la famille protestante des ducs de Nassau qui prirent le titre, depuis si glorieux, de prince d'Orange. Charles-Quint voulait ainsi entourer le royaume de France de principautés indépendantes et libres, afin d'en empêcher le développement territorial.

L'article de ce traité qui dut coûter durement à François Ier, ce fut la renonciation absolue à tous les droits, à toutes prétentions sur l'Italie, cette terre pour lui toute de prédilection. Le roi donnait sa parole sous la garantie du pape, de ne jamais plus revendiquer ses héritages du Milanais, de Naples et de Gênes, ces terres qu'il avait tant aimées. L'histoire des premiers Valois révèle l'amour immense de ces rois pour l'Italie ; tous l'avaient traversée, les armes à la main, en la revendiquant comme leur patrimoine ; il en fut ainsi jusqu'à la réformation qui annula l'action diplomatique de la France pendant un siècle.

 

XX. — DÉLIVRANCE DES ENFANTS DE FRANCE. - TOURNOI DE LA RUE SAINT-ANTOINE. - DIANE DE POITIERS. - LA DUCHESSE D'ÉTAMPES.

 

1529-1530.

 

La signature du traité de Cambrai faisait cesser la bien triste captivité des pauvres enfants du Roi, donnés comme otage pour l'exécution du traité de Madrid ; ils avaient passé de cruels jours et subi bien des dures épreuves en Espagne ! L'empereur Charles-Quint dans sa colère avait reporté sur eux ses ressentiments. Les enfants de France, exilés de Madrid, furent relégués dans un couvent de moines à Valladolid ; là, gardant leur fierté et leur honneur, ils ne se plaignirent jamais ; ils ne firent aucune démarche pour appeler le roi leur père aux sacrifices de sa couronne et de son pouvoir.

Une fois le traité de Cambrai conclu, les otages devenaient libres moyennant rançon, selon l'usage ; elle fut fixée à deux millions d'écus d'or que la régente recueillit avec des peines infinies par un système d'économie, d'emprunt et d'impôt : ces sacs d'écus furent chargés sur des mulets[40] et conduits jusqu'à la Bidassoa. Comme le chancelier Duprat qui les conduisait était fort retord et que les Espagnols le savaient très-habile pour l'alliage des monnaies, ils envoyèrent des commissaires avec charge de vérifier le poids et l'aloi des écus, opération qui dura quatre mois ; on reconnut un déficit dans le poids, il fallut ajouter quarante mille écus dans les balances pour le complément de la somme promise ; les caisses chargées sur des mules pimpantes prirent la route de la frontière. En ce moment on vit paraître sur les rives de la Bidassoa un royal cortège[41] : en tête dix alcades, leurs bâtons blancs à la main ; à la suite, le connétable de Castille, Fernandès Velasco, suivi de la reine douairière de Portugal, grave de contenance, suivie de ses duègnes et de ses filles d'honneur ; à ses côtés et faisant disparate à sa gravité, les deux enfants de France, le Dauphin et le duc d'Orléans, alertes et forts contents de s'en revenir : les mœurs espagnoles étaient si différentes des coutumes vives et légères de la nation française ! Le connétable de Montmorency conduisait à la fois la reine de Portugal et les princes : François Ier se porta à leur rencontre jusqu'à Bayonne ; il accueillit ses enfants avec des transports de tendresse et de joie ; l'un et l'autre s'étaient conduits avec tant de dignité dans leur malheur !

Le royal cortège se dirigea sur Bordeaux, qui salua la nouvelle reine par des fêtes, des festins, comédies, ballets et passes d'armes : les Espagnols récitèrent quelques joyeuses saynètes à l'occasion des noces qui furent accomplies par l'archevêque d'Embrun[42] ; on suivit la route de la Guyenne, du Languedoc, lentement, entouré de peuples et de fêtes ; chaque cité était en joie, et l'on vit bientôt se dessiner les tours et le vaste bâtiment du château d'Amboise. Dans cette royale demeure, les deux époux devaient attendre les préparatifs du couronnement de la nouvelle reine à Saint-Denis[43]. L'empereur Charles-Quint avait exigé cette cérémonie royale, afin qu'en aucun cas il put y avoir séparation ou divorce. La vieille abbaye se para de toutes ses reliques et du chef ou tête de Charlemagne enchâssé dans son reliquaire d'or. A l'occasion de ce couronnement de la reine Eléonore, un tournoi fut indiqué dans la rue Saint-Antoine, le lieu habituel de ces passes-d'armes : depuis deux mois, les messagers, écuyers, hérauts, varlets suivant l'usage, s'étaient dirigés vers tous les châteaux de France pour annoncer à son de trompe, la belle et joyeuse fête ; on devait combattre à la lance, à l'épée (fer émoulu), à la masse d'armes, à la joute et à la lutte, et ce fut une grande joie dans toutes les châtellenies. Quel chevalier pouvait manquer à l'appel de François Ier ?

A l'extrémité, vers la porte Saint-Antoine, se trouvait la Bastille dont les jardins et les fossés s'étendaient jusqu'à la rivière[44] : un espace couvert de verdure et de prairies séparait la Bastille du château des Tournelles entouré de ses vergers, treillis[45] et d'un petit bois de cerisiers s'étendant jusqu'au bastillon et à la petite colline de Montreuil ; entre ces jardins et la Seine, était la large rue Saint-Antoine se développant jusqu'au couvent des Célestins. C'était entre l'hôtel Saint-Paul et la ménagerie des Lyons que se donnaient les tournois.

Il devait être splendide ce tournoi donné par le roi François Ier à l'occasion de son mariage avec la reine de Portugal !

Au jour indiqué par les prud'hommes et experts en chevalerie, on prépara de grandes lices sablées et bien arrosées d'eaux de senteur entre les échafaudages parés de couleurs brillantes, destinés aux dames et aux juges des tournois. La veille, à la passe d'armes, les champions suspendirent à des piquets dorés leurs gonfanons et leurs écus ornés de leurs armoiries, afin que les juges d'armes pussent apprécier et décider la loyauté et l'origine des tenants du tournois, car il ne fallait pas qu'un félon et discourtois chevalier pût se mêler dans les rangs de cette fleur des paladins de France[46]. Le chroniqueur Belleforest[47] a décrit le tournoi de la rue Saint-Antoine avec de longs et heureux détails ; historien d'imagination, d'une naïveté charmante, Belleforest[48] n'est pas, comme le fut après lui De Thou, un esprit fort, un parlementaire sérieux et chagrin, subissant le joug de l'idée politique et passionné pour son parti. Belleforest, gardant les traditions du moyen-âge, se complaît à la description des fêtes de chevalerie ; il réfléchit peu, il raconte !

Belleforest a donc décrit ce tournoi de la rue Saint-Antoine avec des couleurs vives, comme celle d'une miniature de manuscrits. Il raconte les lances brisées en l'honneur des dames et les carrières fournies. Après les honneurs rendus à la reine Éléonore, la lice fut ouverte pour disputer le prix de la beauté ; les deux héroïnes furent la duchesse d'Étampes et Diane de Poitiers, déjà rivales de grâces et de pouvoir : des chevaliers croisèrent l'épée pour elles et vinrent leur offrir le gage de bataille. Le roi était alors sous la puissance de la jeunesse et de la grâce ; la duchesse d'Étampes l'exerçait avec un charme si en dehors même des formules de respect que, dans sa correspondance, elle donne à François Ier le simple titre de Monsieur ; enfant gâtée, elle semble compter sur l'amour qu'elle inspire à un roi déjà avancé dans la vie ; elle lui commande avec grâce ses moindres caprices. Autour d'elle, se groupait le parti huguenot ; Jean Calvin la choisit pour sa protectrice ; Clément Marot lui adressait ses psaumes versifiés et ses plus jolis rondeaux. A une époque de parti, les opinions ardentes ne discutent pas le genre, la nature et même la moralité des protections qu'ils invoquent, pourvu que ces protections les servent et les fassent triompher.

A la cour de François Ier, sous la toute-puissance de la duchesse d'Étampes, on vit le duc d'Orléans, le second fils du roi, à treize ans, s'éprendre aussi comme un jeune et fou chevalier de Diane de Poitiers qui comptait déjà trente ans. Si on en croit Brantôme et les traditions qu'il avait recueillies sur Diane de Poitiers à cet âge, elle était la belle parmi les belles ; et plus elle prenait des années, plus cette beauté jetait de l'éclat, si bien qu'on croyait qu'elle avait recours à la magie[49]. Cette magie était le résultat d'une vie active, du soin qu'elle prenait d'elle-même. Debout à cinq heures du matin, elle se trempait dans un bain d'eau froide, puis à cheval, elle s'élançait dans les forêts comme la Diane de la mythologie, la divinité dont elle avait pris le nom ; elle chassait deux ou trois heures au courre, à la pique, le cerf, le sanglier, puis elle revenait se coucher sur son lit de repos, où elle passait la matinée à lire des romans de chevalerie, des livres d'astrologie et d'histoire, jusqu'à ses repas qu'elle prenait substantiels et légers.

L'amour un peu étrange qu'elle inspirait à un jeune homme de quatorze ans avait sans doute sa source dans les bontés que Diane avait témoignées aux jeunes princes captifs lors de leur triste départ pour l'Espagne ; à Bayonne, lors de leur retour, Diane de Poitiers avait élevé Henri sur ses genoux et dans ses bras, elle l'avait caressé avec une affection de mère ; aussi, quand Henri fit son gracieux début d'armes au tournoi de la rue Saint-Antoine, son premier coup de lance fut pour Diane de Poitiers ; il ne la quittait plus dans ses courses des bois, à la chasse ; on disait même que le petit amour que le Primatice avait placé à côté de Diane dans son admirable portrait n'était autre que Henri, duc d'Orléans. Il se rattachait peut-être à cette affection une idée de parti. Diane de Poitiers était rapprochée des Guise[50] et des Montmorency[51] — la maison de Lorraine toute dévouée aux catholiques et les Montmorency expression de la haute féodalité — ; ces deux maisons supportaient impatiemment l'influence de la duchesse d'Étampes, et Diane de Poitiers était sa rivale.

Après les fêtes des tournois vinrent les deuils : par une circonstance curieusement triste, les deux princesses, qui avaient signé le traité de Cambrai, la paix des dames, moururent à la distance à peine d'une année l'une de l'autre. La duchesse d'Angoulême, mère de François Ier qui suivit Marguerite d'Autriche dans la tombe, avait exercé une influence de bien et de mal sur le règne de François Ier ; généreusement dévouée, elle avait servi sou fils avec amour, mais en même temps très-passionnée, elle avait été un obstacle à l'apaisement des partis ; elle avait blessé, heurté bien des caractères, et on pouvait lui attribuer la défection du connétable de Bourbon[52]. Marguerite d'Autriche[53], tête à la fois politique et doucement chevaleresque, dévouée aux lettres, avait agi avec une grande prudence dans le gouvernement des Pays-Bas, en même temps qu'elle passait les plus tendres loisirs de sa vie à pleurer son dernier mari, Philibert de Savoie, qu'elle avait tant aimé ; elle légua son corps à l'église de Brou, où l'on voyait son tombeau au milieu des merveilles de la Renaissance qui alors se réveillait au palais de Fontainebleau avec les chefs-d'œuvre de l'art.

 

 

 



[1] Ne parlez plus de César, d'Annibal, de Scipion,

Vive la renommée de Bourbon.

[2] Charles-Quint.

[3] Pièce conservée à la Bibliothèque que de l'Arsenal, et publiée dans le Bulletin des Bibliophiles, 1853-1858, p. 732.

[4] Que si on ne les payait, ils retourneraient tout le monde, et pour montrer leur intention par leurs œuvres, ils saccageaient et volaient tout.

[5] Brantôme, dans l'article M. de Bourbon, est fort curieux à consulter : La Vie des grands Capitaines, t. Ier. Ou les mœurs militaires de cette époque étaient étranges et sans merci, ou bien Brantôme n'a pas le sens moral.

[6] Voyez mon travail sur la Réforme et la Ligue, t. II.

[7] Guicchardini, liv. XVI et XVII. L'historien Guicchardini commandait comme capitaine dans l'armée de la Ligue italienne, dont cependant il reconnaît la faiblesse.

[8] La vie da capitaine Fronsberg a été publiée en latin, par Adam Reissner, Francfort, 1568, in-f°, et traduite en allemand, i595, in-f° ; le capitaine laissa un fils, Gaspard Fronsberg, qui fut aussi chef d'un corps de lansquenets.

[9] Brantôme a consacré un article au prince d'Orange.

[10] Laissez faire, compagnons, je vous mène en un lieu où vous serez tous riches. (Paroles du Connétable.)

[11] Mémoires de Benvenuto Cellini, liv. III.

[12] Carne ! carne ! Sangre ! sangre ! Cierra ! cierra ! Bourbon ! Bourbon ! Ils ajoutaient ces mots sauvages dans leur mauvais idiome d'espagnol-flamand : Hasta a non hartate : Il faut tuer sans être jamais rassasiés.

[13] Ce chant a été conservé dans la Collection Fontanieu. Le prince d'Orange dont il est tant parlé par Brantôme, était Philibert de Châlons, né en 1502 ; il mourut au siège de Florence, en 1530.

[14] Brantôme, Grands Capitaines, article M. de Bourbon.

[15] Aussi les soldats espagnols, qai ne conservaient rien de toutes ces richesses, disaient que : el diablo les avia dado et diablo les avia il evado.

[16] Le livre capital de Calvin, l'Institution chrétienne, est dédié à François Ier.

[17] Sœur de Louis XII.

[18] Les catholiques attaquant ces psaumes en vers, les appelaient des chansons. Voyez le petit livre : Contrepoison des cinquante-deux chansons de Clément Marot, faussement intitulées par lui Psaumes de David, Paris, 1560.

[19] La traduction des psaumes de David par Clément Marot, complétée par Théodore de Bèze, fut le texte chanté dans les églises calvinistes pendant le XVIe siècle ; Conrard en a donné une version plus moderne, que plusieurs églises calvinistes chantent encore aujourd'hui.

[20] Le Roi vint tenir un lit de justice au parlement, le 12 décembre 1527. Le traité de Madrid fut solennellement déclaré nul (Mss. de Colbert, Pièces sur le Parlement, t. Ier). Antonio de Vera, Histoire de Charles-Quint, juge très-sévèrement cet arrêt et la conduite de François Ier.

[21] Pour tout ce qui concerne le cartel de Charles-Quint à François Ier, on peut consulter un récit contemporain conservé dans les Mss. Béthune, Biblioth. Imp., n° 8471, 8472.

[22] Le traité conclu entre François Ier et Henri d'Angleterre fat signé le 14 septembre 1527.Ces deux rois dénoncèrent ensuite la guerre à Charles-Quint par des hérauts-d'armes.

[23] Comparez Belcarius, liv. 19, n° 46, et Sleidan, Comment., lib. VI.

[24] Sur les fonctions de hérauts-d'armes, consultez le beau livre de Sainte-Palaye, Sur la chevalerie, liv. IV. Les miniatures de manuscrits reproduisent également les hérauts-d'armes.

[25] Mss. Bethune, n° 8471, 8472 (Biblioth. imp.). Cette demande était habile de la part de François Ier, elle indiquait l'alliance intime de la France et de l'Angleterre.

[26] Ces sortes de défi se retrouvaient souvent dans les romans de chevalerie au moyen-âge ; voyez aussi Favin, Théâtre d'honneur, François Ier avait pris pour modèle Amadis de Gaule, et il le suivait en toutes ses fabuleuses actions.

[27] J'ai donné toute la correspondance et les pièces relatives à ce cartel, dans mon François Ier et la Renaissance, t. II.

[28] Le héraut Bourgogne a lui-même rédigé un procès-verbal presque notarié, de toutes les circonstances de son message. (Mss. Béthune, n° 8471, 8472. Les hérauts-d'armes portaient en général le nom d'une province, et le blason du prince.

[29] Toutes les paroles de François Ier portent la trace d'une vive et profonde irritation ; on avait déjà eu l'exemple de ces cartels envoyés de rois à rois : Louis le Gros défia Henri Ier, roi d'Angleterre, Edouard III défia Philippe-de-Valois, et le roi Jean, etc., etc.

[30] Procès-verbal du héraut-d'armes Bourgogne. Cette pièce est fort curieuse pour l'histoire des cartels de chevalerie.

[31] Je conserve ce mot de Paix des Dames, qui est dans Brantôme ; les véritables négociateurs furent des clercs et des parlementaires sous la médiation du légat.

[32] L'Orlando furioso d'Arioste avait été publié en 1515, et la première édition était très-répandue en Italie et en France ; François Ier en commanda la traduction.

[33] Guichardin, quoique profondément italien, constate ces tristes agitations des peuples.

[34] Charles était le successeur de Philibert II, duc de Savoie ; son règne fut très-long, il ne mourut qu'en 1553.

[35] Traité du 7 août 1526, avec l'Angleterre.

[36] Comparez Belcarius, liv. XX, Sleidan, Comment., lib. VI, avec Guichardin, liv. XIX. Guichardin est fort irrité contre cette négociation, qui selon lui sacrifiait l'Italie.

[37] Marguerite d'Autriche était née à Gand, en 1430 ; elle avait été fiancée à l'infant en 1497. Ce fut alors qu'elle composa l'épitaphe si connue :

Ci-gît Margot, la gente damoiselle.

Eut deux maris et si mourut pucelle.

[38] Les deux princesses logeaient dans deux maisons contiguës, afin de se voir facilement. Consulter Belcarius, liv. XX, n° 24, 25, et Sleidan, Comment., lib. VI.

[39] Philibert de Châlons, prince d'Orange, était fils de Jean de Chalons, baron d'Aulay, et de Philiberte de Luxembourg ; il avait dû épouser Catherine de Médicis, pour se faire un grand État en Italie. La négociation fut brusquement rompue. Philibert de Chalons, prince d'Orange, étant mort sans enfants, ses biens et ses armoiries passèrent à René de Nassau, fils de sa sœur, qui institua pour héritier Guillaume de Nassau, le fondateur de la république hollandaise.

[40] Il y avait 80 caisses de 25.000 écus chacune. Voyez Belcarius, lib. XX, n° 31, qui entre dans de grands détails.

[41] Sleidan, Comment., liv. VII, détaille toute cette cérémonie de la Bidassoa.

[42] Depuis créé cardinal de Tournon.

[43] Au mois de mars 1530.

[44] On peut voir (Biblioth. impér.) le plan de Paris sous François Ier (Cabinet des cartes). Ce cabinet est fort pauvre sur le vieux Paris.

[45] Les rues environnantes ont encore conservé aujourd'hui ces dénominations de la Cerisaye, du Beau-Treillis, du Lyon-Saint-Paul.

[46] Voir dans le bel ouvrage de Sainte-Palaye, les cérémonies des tournois : Essais sur la chevalerie, dissert. 3.

[47] François de Belleforest appartenait à la noblesse du pays de Comminges ; il avait été élevé sur les genoux de la reine de Navarre, sœur de François Ier, et avait entendu conter les belles histoires du temps.

[48] Son livre porte ce titre : Annales ou Histoire générale de France, 2 vol. in-f°. Belleforest avait encore écrit un livre d'histoire sous ce titre : Histoire de neuf rois de France qui ont porté le nom de Charles.

[49] Théodore de Bèze, fort hostile à Diane de Poitiers, attribue à la magie, ce charme qu'elle exerçait autour d'elle ; le grave Pasquier n'est pas éloigné de cette opinion populaire, t. II, p. 5 de ses Recherches.

[50] La maison de Lorraine était représentée par Claude, duc de Guise, qui avait épousé Antoinette de Bourbon.

[51] La maison de Montmorency était représentée par le maréchal Anne de Montmorency, depuis le connétable.

[52] Louise de Savoie, duchesse d'Angoulême, mourut le 29 septembre 1532, à l'âge de 54 ans ; son Journal comprend les annales de 1501 à 1522.

[53] Marguerite d'Autriche mourut à Bruxelles, le 1er décembre 1531, elle a laissé des poèmes et des chansons qui existent encore à la Bibliothèque Impériale.