CATHERINE DE MÉDICIS

 

MÈRE DES ROIS FRANÇOIS II, CHARLES IX ET HENRI III

 

 

XVII. — 1573-1574.

 

On a écrit bien des romans, des drames et des chroniques sur les remords de Catherine de Médicis et de Charles IX à la suite de la mêlée sanglante où les Guise avaient vengé la mort de leur père, comme dans les époques homériques. On a reproduit le roi et sa mère poursuivis par des rêves funèbres et des fantômes dans les sombres nuits de Saint-Germain, de Fontainebleau ou des Tuileries. Récits qui peuvent être fort beaux sous la plume des poètes et des prosateurs, mais auxquels il ne manque qu'une seule chose : la vérité. Rien de ces sombres douleurs ne se reproduit dans la vie de Charles IX et de Catherine de Médicis, par cette simple raison d'abord que, pour sentir des remords, il faut avoir la conviction douloureuse d'une mauvaise action. Or, ce n'est pas ainsi qu'étaient jugées par les contemporains ces tristes scènes de la guerre civile : on s'entre-tuait comme dans un duel ou une bataille[1]. Il faut juger un temps d'après les idées courantes, et il est curieux même de voir les félicitations qui arrivent de tous les points du monde, au roi et à sa mère, à l'occasion du coup d'État contre les huguenots ; on considère cet événement comme la mesure qui a sauvé la couronne menacée par une conjuration hautement ourdie dans les conseils de Coligny[2]. Le but qu'on semble ou au moins qu'on espère atteindre, c'est l'unité de foi ou de pouvoir : n'est-ce pas le vœu de toute haute tète politique que de réaliser l'unité d'opinions et de partis ?

Loin qu'on remarque donc une grande tristesse autour de Charles IX et de Catherine de Médicis, c'est au contraire un temps de fêtes et de distractions. Les splendeurs de Florence brillent de tout leur éclat dans les plans que Catherine de Médicis trace elle-même des jardins des Tuileries, des nouveaux quartiers en l'Ile, sur les quais de la Seine, avec de riches hôtels, qui lui rappellent les palais de l'Arno. (Aujourd'hui encore la ressemblance est parfaite), et Charles IX, dans ses joies de jeune homme, remplit le palais de ses jeux bruyants, du son du cor, sa distraction favorite : armures, meubles d'or, d'argent ciselé d'acier ou parsemé de pierreries, tout est d'un goût parfait, de la plus belle renaissance : artistes et poètes ont un entraînement invisible pour cette race des Valois, si prodigue, la main toujours ouverte. Catherine de Médicis est parvenue à effacer la coutume des tournois, où périt son époux Henri II, et à lui substituer les carrousels, les jeux de bagues, de paume et de bilboquet ; un peu d'énervement par le plaisir était nécessaire à ces gentilshommes qui avaient trop de sang vif et bouillonnant dans les veines : à tout prix, il fallait les distraire, et Catherine de Médicis favorisait toutes les fêtes du cœur et de l'esprit. La chasse seule était restée des vieilles habitudes féodales ; Catherine de Médicis en raffolait comme une jeune fille, souvenir de l'époque de François Ier ; alors à l'âge de cinquante-trois ans, elle conservait des grâces particulières, et, comme le dit Brantôme, cette main qu'elle avoit toujours gardée et tenue belle jusqu'à sa mort.

Loin d'affaiblir l'autorité du roi, la triste bataille contre les huguenots avait fortifié l'action du pouvoir en dehors de la monarchie, et c'est à cette époque qu'eut lieu l'élection du duc d'Anjou comme roi de Pologne[3]. Fils de prédilection de Catherine de Médicis, le duc d'Anjou, grand et courageux capitaine, était réputé fort catholique, et le parti calviniste avait imposé la condition de l'éloigner de France, pour lui substituer le dernier fils de Catherine de Médicis, le duc d'Alençon, favorable aux huguenots et fiancé à Elisabeth d'Angleterre. Le duc d'Anjou, élu roi de Pologne, n'avait pas cessé un moment d'avoir les yeux tournés vers la France qu'il adorait. A son départ de Paris, la reine mère, que la santé de Charles IX inquiétait déjà, lui avait promis de le tenir au courant des moindres incidents de la cour, et ces indices devenaient alors assez considérables pour être remarqués par le prince qui avait laissé en France ses joies et ses amours.

La Saint-Barthélemy avait assuré le pouvoir de la maison de Lorraine. Catherine de Médicis, depuis cette sanglante mêlée, n'avait eu qu'une seule pensée : empêcher les Guise de s'emparer de la direction exclusive du parti catholique, et pour cela il fallait contenir le parti même qui triomphait. Jamais la reine mère n'avait abdiqué ce caractère de modération, alors même qu'elle était forcée de subir la loi des opinions extrêmes. On la voit temporiser, hésiter sans cesse, expliquer sa conduite par l'exécution des lois : Monsieur de Schomberg, écrit-elle à son ambassadeur en Allemagne, mon cousin le landgrave de Hess m'escrit et prie que je fasse tant envers le roy monsieur mon fils pour qu'il veuille reprendre en grâce les enfans du feu admirai ; je vous dirai, monsieur de Schomberg, que j'en ai parlé à mon dit sieur et fils qui le prie de considérer que les choses (un arrêt du parlement) se sont passées par les lois de son royaume et par le jugement de princes et conseillers les plus recommandés en probité, et de tels jugements il ne peut faire aucune grâce, ni empêcher le cours de la justice. Vous ferez entendre ce que dessus à mon dit cousin et vous ferez dextrement les excuses de ce que mon dit fils ne lui peut accorder[4].

Ce caractère de tempérance et de modération n'était pas seulement dans les habitudes de la reine mère : il était encore habile dans l'état des âmes. Paris n'était pas la France, et 'on craignait des rébellions dans les provinces où les calvinistes étaient organisés comme une grande force : on dénonçait cette violation manifeste de l'édit de pacification, et les huguenots prenaient les armes. Ce qui donnait un caractère plus grave à cette insurrection, c'est qu'elle trouvait sa force et son appui à l'étranger dans tous les pays de la réformation : Suisse, Angleterre, Hollande, Allemagne, profondément indignés de la fatale exécution[5] ; et ces Etats pouvaient fournir des hommes et des subsides de guerre ! De plus, les calvinistes allaient trouver une force considérable dans le tiers parti de Montmorency, qui repoussait la responsabilité de la Saint-Barthélemy. L'histoire de ce tiers parti est curieuse à étudier ; dédaigné par toutes les opinions fortes et triomphantes, on revenait à lui dès qu'on était vaincu ou affaibli. Ainsi les huguenots, sous Coligny, lors de leur toute-puissance à la cour, raillaient les Damville, les Montmorency, les parlementaires modérés, et voulaient même les éloigner de toutes les affaires actives ; mais, frappés et vaincus dans la nuit du 24 août, ils se tournèrent vers les politiques, qui, à leur tour, leur tendirent la main en méfiance et haine de la maison de Guise. Par son irrésistible tendance, Catherine de Médicis aimait aussi à placer sa confiance dans les mains de ce tiers parti, et le commandement des armées leur fut longtemps confié. Aussi la guerre contre les calvinistes, maîtres encore de leurs places de sûreté, fut-elle mollement conduite par Damville, et déjà les catholiques, sous les nobles enfants de Guise, murmuraient, lorsqu'on fut instruit d'un nouveau projet de conjuration concerté entre les calvinistes et le tiers parti contre le pouvoir de Catherine de Médicis[6] ; car cette époque est tout exceptionnelle. Il ne faut pas la juger avec les habitudes d'un temps calme et civilisé ; la réformation avait constitué un étal de guerre civile permanent : c'était une idée nouvelle, pleine de troubles et de sang.

Le centre de la conjuration était le Languedoc, alors inondé de pamphlets huguenots et politiques, et où commandaient les maréchaux Cossé, Montmorency, Damville ; on prenait pour point de départ la promesse toujours populaire de la convocation des états généraux ; on laissait le maladif Charles IX expirer doucement. Le duc d'Anjou, roi de Pologne, était déclaré déchu de la couronne que Ton promettait comme succession au duc d'Alençon, fiancé à la reine d'Angleterre, avec l'alliance de la Suisse, des Pays-Bas et de l'Allemagne protestante. Comme moyen d'exécution, on devait d'abord avertir le roi de Navarre et le prince de Condé, alors retenus à la cour de Catherine de Médicis ; puis profiter des folies du carnaval, des distractions bruyantes qu'aimait tant le roi poète, enfant joyeux, si plein de fantaisie et de nonchalance, pour délivrer les princes captifs et les placer à la tête de la révolte[7]. Catherine de Médicis, prévenue à temps de ce complot, ordonna que le roi, entouré de sa garde fidèle, se retirerait à Saint-Germain. On fit arrêter deux gentilshommes, l'un du nom de La Molle, d'origine provençale, l'autre Piémontais, du nom de Coconas. Tous deux révélèrent le but de la conjuration. Le roi Charles IX, ramené à Paris, au milieu du peuple catholique, fut salué avec enthousiasme parla multitude qui aimait ce prince si gentil, si gracieux, adoré des métiers, ouvriers et artistes.

Catherine de Médicis présida avec fermeté à tous les actes de répression de ce complot : elle avait interrogé le roi de Navarre et le prince de Condé : d'après leurs réponses, pleines d'aveux et de faiblesses, on avait procédé au procès sérieux contre La Molle et Coconas. Comme il fallait d'abord détacher le duc d'Alençon de toutes ces intrigues contre la couronne, la reine mère le fit venir en sa présence : Qu'avez-vous fait, mon fils François, et voulez-vous bien vous haster de désavouer tout ce qui a été conçu en votre nom. Et en présence de cette mère puissante et irritée, d'Alençon écrivit la déclaration suivante[8] : Nous, fils et frère de roy, pair de France, ayant entendu qu'aucun imposteur eût méchamment dit et semé de faux bruits contre nous, notre honneur et le devoir que nous voulons toute notre vie porter au roy, notre souverain seigneur et frère, en ce qu'ils disent que nous favorisions l'entreprise qui fut dernièrement faite à Saint-Germain et que nous devions devenir leur chef, nous avons supplié très-humblement S. M. de faire connoître notre droite intention, et nous permettre faire cet escrit signé de notre main, et de courre sus à ceux qui lui sont rebelles et troubleront le repos et tranquillité de ce royaume.

Une déclaration presque semblable fut dictée au roi de Navarre[9], qui pleura bien piteusement et à chaudes larmes sur son innocence ; Henri de Béarn fut sans fermeté et sans dignité : on fit mille recherches, et ce qui parut surtout préoccuper Catherine de Médicis, ce furent les images de cire qu'on avait trouvées chez La Molle et chez le duc d'Alençon : cela tenait à ses superstitions d'Italie ; on croyait aux maléfices des piqûres d'épingle dans une figure de cire. A ce sujet, maître Cosme Ruggieri, l'astrologue, fut arrêté et interrogé, car on l'accusait d'être l'auteur desdites figures, et il existe en autographe une curieuse lettre de Catherine de Médicis, inquiète et tremblante, adressée au procureur de S. M. en parlement[10] : Monsieur le procureur, ce soir on m'a dit que Cosme ne disoit rien ; c'est chose certaine qu'il a fait ce que mon fils d'Alençon avoit sur lui et que l'on m'a dit qu'il a fait une figure de cire à qui il a donné des coups à la teste, et que la dite figure a esté trouvée parmi les besognes de La Molle ; et qu'aussi au logis où il estoit à Paris, il a beaucoup de méchantes choses, comme des livres et des papiers : je vous prie que vous me mandez tout ce que Cosme aura confessé et si la dite figure a esté trouvée, et au cas qu'elle le soit, de faire que je la voie. Catherine. L'esprit alarmé de la reine mère se révèle dans ces pièces autographes, car à ce moment Charles IX dépérissait à vue d'œil d'une maladie du poumon : la tendresse maternelle en recherchait la cause avec une vive sollicitude. On croyait que des piqûres faites à des figures de cire occasionnaient la douleur et la mort. La reine mère écrit encore au procureur général pour aider l'information : Incontinent que Cosme[11] fut pris, il demanda si le roy vomissoit, s'il saignoit encore et s'il avoit douleurs de teste.... que l'on sache la vérité du mal du roy, et qu'on lui fasse défaire : s'il a fait quelque enchantement pour faire aimer La Molle à mon fils d'Alençon, qu'il le défasse. A onze heures du soir, 29 avril. Catherine[12]. Ici se révèle toujours la mère attentive, superstitieuse, alarmée, gardienne de la santé et de la vie de ses enfants. Comment expliquer les monstrueuses accusations que les huguenots ont réunies contre Catherine de Médicis ? La reine mère aimait tendrement ses fils, et Charles IX par-dessus les autres. Elle voyait se flétrir cette douce fleur, comme elle l'écrit à M. de Nevers[13].

 

XVIII. — 1574.

 

Catherine de Médicis avait mis une ardeur particulière à poursuivre la conjuration de La Molle et Coconas, entreprise hardie conçue en plein carnaval, pour arracher le pouvoir à la reine mère, et faire passer la couronne de France, de la tôle du duc d'Anjou, roi de Pologne, héritier naturel, sur celle du duc d'Alençon, prince chéri des huguenots. A cette époque, Charles IX était très-sérieusement menacé par une maladie du poumon, contractée à la suite de ses violents exercices : à chaque heure du jour il sonnait du cor à toute voix, montait à cheval, jouait à la paume, faisait des tours de souplesse surprenants, sans prendre garde à sa santé un peu frêle. Cette maladie très-dangereuse était simple, naturelle, comprise des médecins, et c'est puérilement qu'on a supposé une transpiration de sang, que Dieu lui infligeait comme un remords. Les écrivains huguenots, qui l'avaient tant adulé à son avènement, se déchaînaient contre lui avec rage. Charles IX s'éteignait d'une maladie de poitrine[14], qui tenait à son tempérament fougueux, impressionnable, à un vice de sang peut-être que les Valois tenaient de leur chef de race, et enfin, à leur peu de souci de la vie dans les jeux, les fêtes, les exercices, les grandes chasses en plein soleil ou dans des régions froides, humides, au milieu des forêts épaisses, dans les marais, les étangs, au courre du cerf ou du sanglier. A mesure que la maladie empirait, le roi réglait les points essentiels du gouvernement, la régence actuelle du royaume, puis après sa mort (durant la transition du règne), il confiait le pouvoir à la reine, sa très-honorée dame et mère : avec pleine autorité et puissance d'ordonner et commander, tant aux princes de notre sang qu'autres, nos cours de parlement, maréchaux de France, gouverneurs de province. Un autre édit reconnaissait et proclamait le droit du duc d'Anjou, roi de Pologne, au trône de France, et en attendant, notre dite dame et mère aura toute-puissance et autorité d'ordonner ce qu'elle croira devoir être fait pour faire rendre l'obéissance au dit roy de Pologne, notre dit frère, faisant châtier et punir toutes les désobéissances[15]. Catherine de Médicis, ainsi maîtresse du gouvernement, avec tous les pouvoirs de la souveraineté, crut nécessaire de s'assurer le concours du duc d'Alençon, du roi de Navarre, du prince de Condé, presque captif sous sa main. Le roi mourant leur dit : Faites tout ce que la royne, ma mère, vous commandera, et lui obéissez comme à moi-mesme. Madame, ajouta-t-il, poursuivez les perturbateurs du repos public. Puis reprenant toute sa véhémence il lui dit encore : Poursuivez, madame, je vous en prie affectueusement, les perturbateurs. Le roi les avait vus à l'œuvre, et il voulait éviter leurs excès.

II faut fouiller dans les pamphlets orduriers des huguenots, je le répète, pour trouver cette mort de Charles IX fantastique, pleine de remords sanglants, et ces mots puérils et grotesques que les histoires vulgaires ont mis dans la bouche du roi pendant sa lente agonie. Charles IX mourut avec fermeté et douceur, comme un noble jeune homme, dans les bras de sa mère. Ce prince artiste, ami des vers, de la douce vie, fut très-vivement regretté, et mille strophes touchantes furent jetées sur sa tombe :

L'amour qu'il portoit à outrance[16]

A notre désolée France,

La faict mourir avant le temps,

Tout ainsi qu'on verroit un père

Accablé de tristesse amère,

Mourir d'ennui pour ses enfans.

Sa beauté, sa gentille grâce ;

La gravité peinte en sa face,

Et sa naturelle bonté

Abattront la cruelle rage,

Et feront rougir le visage

De l'ennemi plus effronté.

Rien de plus doux et de plus triste que les paroles jetées sur sa tombe par ceux qui l'avaient connu et aimé. Et qui, bon Dieu, ne regretteroit la beauté d'une tendrelette fleur (Charles IX), qui n'est sitost épanouie qu'une tempeste, ou Je tranchant d'un soc ne renverse et fasse périr ? Et qui par mesme moyen pourroit avoir le cœur si ferme ou plutôt si obstiné, qui, voyant la jeunesse de notre bon prince sitost renversée et fanée, que la beauté et la fleur de son âge commençoit à flairer et se rendre odoriférante devant toutes les nations du monde, ne le regretteroit ? Mort, combien amère est ta mémoire[17].

Les funérailles de Charles IX furent une véritable douleur publique : on y voyait cinq cents pauvres vêtus de deuil, les confréries de métiers, marchands, échevins, pleurant à chaudes larmes, et pendant plusieurs semaines tous les plaisirs furent suspendus : on ne vit même pas une joie domestique dans la bonne ville de Paris. Les Recueils publics d'alors disent les regrets que souleva la mort de ce gentil roi. Les artistes surtout le regrettèrent : Charles IX portait l'élégance, la richesse de la forme dans toute sa royale personne. Nul n'avait de plus beaux vêtements, de plus riches armures : ses arquebuses, ses épées, son casque, ses cuissards, brassards, et jusqu'à sa cotte de mailles étaient des chefs-d'œuvre artistiques. Il existe encore quelques-uns de ces coffrets de Florence dans lesquels il renfermait ses eaux de senteur et ses gants parfumés. Tout respire le goût et l'élégance, et toutes ces joies, ces plaisirs, ces fêtes, le jeune roi les quitta avec une force d'âme, un mépris religieux que donne la foi. Une gravure contemporaine reproduit le lit de mort où repose ce prince de vingt-trois ans.

Tout était réglé autour de ce lit pour la régence de Catherine de Médicis, et c'est ici une fois encore que l'esprit tempéré de la reine mère se montre libre et tout entier. Le lendemain de la mort du roi elle écrit aux gouverneurs de province : Mon cousin, vous avez cy-devant pu entendre la maladie du feu[18] roy, monsieur mon fils, lequel connoissant enfin que Dieu vouloit l'appeler à lui, a voulu me remettre la charge de gouverner le royaume, en attendant le retour du roy de Pologne, monsieur mon fils : quelque temps après il a rendu l'esprit et quitté les misères de cette vie, m'ayant laissé une bien grande et naturelle douleur, qui me fait désirer de quitter et remettre toute affaire, pour chercher quelque tranquillité de vie : néanmoins, vaincue de l'instante prière qu'il m'a faite par son dernier propos d'embrasser cet office au bien de cette couronne, j'ai esté contrainte d'accepter la dite charge, espérant que Dieu me fera la grâce, assistée de la bonne volonté démon fils, le duc d'Alençon, et du roy de Navarre, mon beau-fils et autres bons serviteurs de cette couronne, de conduire toutes choses en telle modération, que ce désastre n'altérera en rien la tranquillité de cet Estat.... Sur quelques-unes de ces dépêches, en post-scriptum, on lisait[19] : La maladie du feu roy a esté une grosse fièvre continue causée par une inflammation de poulmons, que l'on estime être procédée de violents exercices qu'il a faits.

Il n*est pas inutile de remarquer que dans cette lettre adressée aux gouverneurs de province, la reine Catherine de Médicis insiste pour constater que le roi de Navarre et le duc d'Alençon sont auprès d'elle et partagent ses travaux dans le conseil. Ces deux princes, récemment compromis dans la conjuration de La Molle et Coconas, avaient des amis, de nombreux partisans parmi les huguenots et les politiques ; l'esprit calme et habile de Catherine de Médicis voulait ainsi prévenir toute effervescence, tout renouvellement de guerre civile. La France en avait besoin en attendant l'arrivée du roi de Pologne, auprès duquel la reine avait député trois confidents intimes pour hâter son retour, car une nouvelle entreprise au nom du duc d'Alençon était à redouter. Dans des lettres patentes, datées de Cracovie, le roi de Pologne qui, pour la première fois, prend le nom de Henri III et le titre de roi de France, confirme la régence de Catherine de Médicis avec puissance d'ordonner et de commander[20]. Cinq ordonnances restent encore de cette régence de Catherine de Médicis : la première dirigée contre les gens de guerre qui oppriment le peuple ; la seconde réglemente les cabarets ; une autre défend l'exportation de l'or et de l'argent ; la dernière est relative à un impôt de deux millions spécialement levé sur le clergé. Un des actes les plus significatifs de cette régence de la reine Catherine de Médicis, ce fut le procès en parlement et l'inexorable exécution du comte de Montgomery. Ce haut féodal, agissant par les instigations de la reine Elisabeth, avait porté les armes et la rébellion dans la Normandie ; il fit sa soumission et demanda la vie sauve : néanmoins Catherine de Médicis fit lé procès au comte de Montgomery, qui fut exécuté en place de Grève[21] : acte de souvenir et de vengeance contre celui qui avait porté un coup de lance au roi Henri II, premier deuil dans la vie de Catherine de Médicis qui ne l'avait point oublié. Elle croyait que le coup de lance n'était pas de hasard, et que le parti protestant avait voulu se défaire de Henri IL De là sa vive haine contre Montgomery[22]. Catherine écrivait à ce sujet à M. de Matignon : Mon cousin, attrapez ce malheureux comte qui est cause de tant de maux en ce royaume ; faites en sorte qu'il ne s'échappe point, car vous m'osteriez un bien grand plaisir ; je désire faire bonne et exemplaire justice. Matignon, si vous me faites le service de prendre tout vif Montgomery et de me l'amener, je l'estimerai le plus grand service que vous pouvez faire[23]. Il y avait évidemment dans cette joie de la vengeance, un souvenir du fatal tournoi qui avait coûté la vie à Henri II.

Le péril que voulait conjurer Catherine de Médicis surtout, c'était l'union des calvinistes et des politiques dans les provinces du midi de la France, et réalisée par l'assemblée de Milhaud, tout entière dirigée contre la royauté de Henri. Elle craignait surtout que cette ligue n'appelât les reîtres et les lansquenets à son aide, ainsi que les Anglais d'Elisabeth : le maréchal Damville paraissait l'âme de ce projet, et, pour arriver à ce but, les conjurés devaient détruire l'autorité morale et politique de Catherine de Médicis. A cette époque parurent les pamphlets les plus violents contre la reine mère. Le plus infâme, le plus atroce de tous porte ce titre : Discours merveilleux de la vie, actions et déportements de la reine Catherine de Médicis. Il attaquait la vie intime et publique de la reine de France[24] ; on l'attribuait à plusieurs des plus fougueux calvinistes : il est d'Henri Estienne, un de ces érudits qui cachaient sous une science minutieuse l'âme la plus jalouse, la plus intéressée, l'esprit le plus remueur, le pins intrigant. Il avait été protégé, secouru par Catherine de Médicis dans les misères de sa vie errante et tracassée ; il reçut des encouragements de Charles IX et de Henri ÏII pour le sauver de sa ruine, et une pension de la reine. Il prouva sa reconnaissance par un infâme libelle de parti. C'est qu'en effet le parti calviniste était dans un moment d'exaltation et de résistance. Assemblé à Milhaud, il refusait de reconnaître la régence de Catherine de Médicis ; les politiques demandaient hautement la convocation des états généraux pour enlever le pouvoir à la reine mère ; et pour atteindre ce but, il fallait la calomnier par des libelles. Catherine de Médicis, dans ces circonstances difficiles, hâtait par ses lettres le retour de Henri III toujours en Pologne ; elle avait assuré la couronne à ce fils bien-aimé qui devait rester pour elle plein de reconnaissance. La présence du roi mettrait sans doute fin à la régence ; mais elle donnerait une nouvelle force à l'autorité morale de la reine mère, si honorée de son fils. Henri ne ferait rien que par elle, car il lui devait la couronne. Quand le roi s'enfuit de Pologne, où il se croyait captif sous ces froids brouillards, il avait vingt-trois ans[25], et nul des enfants de Catherine ne reflétait mieux son caractère et son esprit. Il avait les habitudes magnifiques, chevaleresques des Valois, l'amour des fêtes et des plaisirs, un courage ardent, des amitiés vives, des antipathies profondes[26], une capacité incontestée dans les arts de la guerre, une bravoure à l'épreuve qui dominait ses autres qualités, comme le cimier d'un beau casque surmonte les armoiries. Catherine de Médicis savait bien ce qu'elle faisait en le plaçant sur le trône. Henri (autrefois duc d'Anjou) était le seul qu'on pouvait opposer aux Guise, parce qu'il était chéri des catholiques, le seul assez brave, assez soldat pour être opposé au duc d'Alençon, au roi de Navarre, les idoles du parti protestant. Il s'agissait d'empêcher la double ligue des catholiques et des huguenots ; Henri III réunissait précisément les conditions nécessaires pour réaliser les deux conditions indispensables au développement du pouvoir de Catherine de Médicis, qui espérait toujours l'apaisement des passions par un système de tempérance politique.

Après avoir visité Venise et l'Italie, Henri III débarqua dans la Provence ; il s'arrêta quelques jours à Avignon, cité pontificale, et il y fit acte d'ardente adhésion au catholicisme[27]. En Italie, à Venise, à Florence, à Milan, il avait vu dans tout leur éclat les confréries de pénitents de couleurs diverses, consacrées au service des souffreteux, et ces processions brillantes avaient laissé de doux souvenirs dans l'imagination de Henri III. Toute l'éducation qu'il avait reçue de Catherine de Médicis était italienne et florentine, bariolée de noir et de blanc, comme ses édifices un mélange de piété et de galanterie, l'esprit de ces bravi toujours l'épée au poing, aux pieds de la madone ou de leur dame, une grande légèreté d'esprit, la gaieté et la tristesse à la fois, la mort et l'amour, la Madeleine et son chapelet osseux, les fleurs, les fruits aux couleurs brillantes et le ver qui les ronge : double caractère qui se révèle au cœur de Henri III durant tout son règne. Arrivé dans la cité pontificale d'Avignon, je le répète, le nouveau roi de France assista très-dévotement à toutes les démonstrations publiques en faveur du catholicisme : Le roi estant à Avignon, va à la procession des battus et se fait de leur confrérie ; la royne mère, comme bonne pénitente, s'en fait aussi, et son gendre, le roy de Navarre, que le roy disoit en rien n'estre propre à cela. Il y avoit trois sortes de pénitens au dit Avignon : les blancs, qui estoient ceux du roy ; les noirs, ceux de la royne mère, cl des bleus, qui estoient ceux du cardinal d'Armagnac[28].

Ces démonstrations catholiques, qui, au reste, s'alliaient aux mœurs faciles des Valois, avaient pour but politique de lutter contre l'influence de la maison de Guise, toute-puissante maîtresse des esprits. Tel était le conseil incessant de la reine mère, qui voyait dans la maison de Lorraine la seule rivalité redoutable pour les Valois ; on avait essayé de l'alliance avec les chefs calvinistes, à quoi avait-elle abouti ? Sans donner au roi l'appui sincère des huguenots, cette alliance avait contribué à grandir le pouvoir du duc de Guise et à la terrible réaction de la Saint-Barthélemy. Il est toujours habile à un pouvoir de se placer à la tête de la majorité en la tempérant, et c'est ce que voulut accomplir le roi Henri III par sa profession publique et manifeste du catholicisme. Il se rendit d'abord à Reims pour la solennité du sacre, cérémonie toute pontificale, où le roi jura sur les saints évangiles d'extirper les hérésies. Son retour fut religieusement splendide, accompagné de processions au milieu des confréries et des châsses de reliques. Le roy séjournant à Paris le long du caresme de 1576, va tous les jours par les paroisses et églises, l'une après l'autre, ouïr les sermons, la messe et faire ses dévotions[29]. A cette époque, par le conseil de Catherine de Médicis, Henri III épousa la princesse de Lorraine Vaudemont, la sœur de Guise, gage vivant de l'alliance catholique[30]. Depuis, le roy alloit de costé et d'autre se promener avec la royne, visiter les monastères des nonains, disant son chapelet avec grande dévotion.

Ces pieuses préoccupations de Henri III ne l'absorbaient pas tellement qu'il ne pût conserver son goût des arts, des lettres, des fêtes splendides et des carrousels, jeux de bague, discours de beaux esprits. Roi grammairien, qui négligeait les affaires publiques, comme on le disait alors, pour se faire lire les beaux dires et les exploits des temps passés. Autour de lui on ne parlait que de la fable, des églogues virgilionnes. On publiait Adonis ou le trépas du roy Charles IX, églogue de chasse ; les Dauphins ou le retour du roy, églogue marine avec le chant des Syrènes, épithalame sur son mariage[31]. Ce goût des doux loisirs, des plaisirs, de la dévotion et de l'esprit soulevait contre lui les pamphlets prétentieux du vieux parti qui lui donnait les titres qu'on va lire : Henri III, par la grâce de sa mère, inerte roy de France et de Pologne imaginaire, concierge du Louvre, marguillier de Saint-Germain l'Auxerrois, baste-leur des églises de Paris, gendre de Colas, goudronneur des collets de sa femme et friseur de ses cheveux, mercier du palais, visiteur des estuves, gardien des quatre mendians, père conscrit des blancs battus et protecteur des capucins[32].

Ces pamphlets, partout répandus, préparaient la prise d'armes des huguenots et leur prochain rapprochement avec les politiques. Le duc d'Alençon, si surveillé par Catherine de Médicis, engagé envers la reine par un serment solennel à ne plus faire la guerre civile, s'était enfui de la cour pour la Normandie, province qui pouvait recevoir les Anglais ; c'était là toute la crainte de la reine mère que cette intervention des étrangers. Les huguenots ne traitaient-ils pas de tous côtés ? en Allemagne, pour obtenir des reîtres et des lansquenets ; auprès d'Elisabeth qui promettait des subsides et des troupes anglaises. Catherine de Médicis s'épuisait toujours en efforts pour éviter la guerre civile ; elle écrivait au prince de Condé : Mon cousin, j'ai dit franchement à ce porteur que quand tous voudriez croire le conseil que je vous ai toujours donné, qui est de ne point prêter l'oreille à beaucoup de gens qui sont autour de vous, mais de prendre le vrai chemin pour rendre au roy, mon fils, le devoir d'obéissance, auquel vous lui êtes naturellement obligé, je crois que vous vivriez plus content que vous ne faites à cette heure. Ce que je vous prie de considérer et vous remettre souvent devant les yeux[33]. Conseil perdu quand les partis sont décidés à courir les hasards des batailles !

 

XIX. — 1676-1579.

 

Catherine de Médicis s'efforçait donc en vain d'apaiser les âmes ardentes, de les ramener au devoir envers l'autorité royale déposée dans ses mains, et l'on use à ce labeur incessant l'énergie la plus puissante, la force la plus active ; nul ne vous écoute, on devient l'objet et le but constant des pamphlets, des attaques immodérées, fatales, et le plus souvent on succombe à l'œuvre de modération qu'on s'était imposé le devoir de réaliser. Ainsi fut la reine mère à cette époque si profondément agitée ; cette fois encore la paix publique était violemment menacée : le duc d'Alençon venait de quitter la cour pour prendre les armes ; à aucun prix Catherine de Médicis ne voulait l'invasion des reîtres et lansquenets dévastateurs sur le territoire de la monarchie ; elle envoya le duc du Biron, brave soldat du parti modéré, pour essayer une pacification nouvelle ; elle concédait tout[34] aux mécontents afin d'éviter la présence en France des étrangers que le prince de Condé venait d'appeler à son aide par son traité avec les princes allemands.

Le parti catholique s'inquiétait de cette tendance molle et indécise de Catherine de Médicis à l'avènement de Henri III ; le bruit que la reine voulait se rapprocher des huguenots et leur accorder la liberté des prêches se répandait au loin : l'ambassadeur d'Espagne s'en plaignit à Catherine de Médicis : La royne me dit, écrit à son maître l'ambassadeur de Philippe II, que les affaires de son royaume réclament la paix ; mon fils y réfléchira bien, il est entouré d'un bon conseil, et avant de se décider il s'assurera de tout[35]. L'ambassadeur s'alarmait du voyage de la reine mère subitement résolu ; elle devait se rendre elle-même auprès du duc d'Alençon et réclamer la paix : Je crois la trêve indispensable, écrit la reine mère à Henri III, quoique les conditions soient dures ; il faut rompre avant tout les engagemens que le duc d'Alençon va contracter avec la royne d'Angleterre et les princes d'Allemagne[36]. Ainsi, pour préserver la France de l'invasion des retires, fut signée la libérale trêve de Champigny, qui accordait au prince de Condé : Angoulême, Niort, Bourges, la Charité et Mézières comme places de sûreté ; le libre exercice du prêche, 300.000 livres d'indemnité pour les reîtres, enfin toutes les garanties pour assurer la liberté de conscience et du prêche. Chaque fois que l'action de Catherine de Médicis se faisait sentir dans les affaires, la liberté de conscience était proclamée.

Les catholiques, profondément blessés de ces concessions nouvelles, entouraient avec plus de zèle et plus d'ardeur encore le duc de Guise, car lui ne traitait pas avec les huguenots comme la reine mère, il les battait à outrance en pleine campagne, dispersant les reîtres du bout de sa grande épée, pour la délivrance du royaume. Il reçut dans cette glorieuse lutte une balafre en plein visage, comme son père ; noble blessure qui le rendit l'idole des catholiques, tandis que la reine mère faisait signer à Henri III la paix de 1576[37], qui reconstituait la féodalité au profit du protestantisme sous le duc d'Alençon. Celui-ci prenait le titre de duc d'Anjou, qu'avait porté son frère, devenu Henri III, avec son immense apanage. Le roi de Navarre et le prince de Condé recevaient chacun des indemnités considérables pour tenir lieu de leur équipage de guerre et des dépenses que la guerre avait occasionnées.

Il était évident qu'une fois ce traité signé, le parti catholique, qui n'avait plus dans le roi Henri III et dans Catherine de Médicis la représentation suffisante de ses intérêts et de ses forces, devait s'organiser en dehors de la royauté des Valois. De là naquit la belle et nationale association de la Ligue ; jusqu'ici elle existait en germe dans les esprits. Mais la formation de la Ligue, comme gouvernement politique, cherchant un chef en dehors des Valois et des Bourbons, doit se reporter à la paix de 1576, si favorable aux huguenots. L'auteur de la première formule de la Ligue, l'avocat David, ne faisait qu'exprimer un fait accompli ; il y ajoutait un mémoire fort curieux pour prouver que la famille des Capets avait perdu ses droits par la trahison des Valois, et que la couronne de France devait faire retour aux catholiques princes de la maison de Lorraine, héritiers de Charlemagne, dont les Guise étaient les glorieux représentants[38]. Cette conclusion excitait une très-vive inquiétude dans l'esprit de Catherine de Médicis. De là des appréhensions contre les projets des Guise, si hauts, si populaires parmi les catholiques. Catherine s'efforçait toujours de négocier en dehors d'eux, afin d'amoindrir leur puissance : les Guise, maîtres de la Ligue, devaient l'être tôt ou tard de la couronne.

On vit bientôt la force de cette Ligue dans les premiers états de Blois qui furent convoqués ; la question posée aux trois ordres fut celle-ci : Y aura-t-il libre exercice de la réforme, ou établira-t-on l'unité de foi catholique ? Les états, sauf quelques voix isolées des politiques, se prononcèrent dans les idées de la Ligue ; Henri III et Catherine de Médicis étaient présents aux états. La reine mère redisait incessamment au roi : Il faut s'attendre qu'en prenant une telle résolution vous aurez besoin de vous défendre, et pour résister vous n'avez pas d'argent, et sans argent on a beau vous conseiller et vous résoudre, on ne sauroit rien faire ; si vous avez la guerre, je voudrois faire un effort si grand, que la longueur du temps ne ruinât pas le royaume. Il ne faut faire ni mal ni déplaisir à aucun huguenot, mais les prendre en notre protection[39], pourvu qu'ils se tinssent doucement et sans rien troubler ; il faut faire grande attention aux ponts et passages, afin qu'ils ne s'en saisissent.

Le but de Catherine de Médicis était donc, tout en accédant à la volonté populaire des états de Blois très-catholiques, de gagner un à un les chefs du parti politique et des huguenots, en les ralliant à sa couronne. Elle écrivait au maréchal de Damville : Mon cousin, le roy, monsieur mon fils, vous sera si bon maître et roy, que vous aurez grandement occasion de le bien servir ; vous prendrez toute confiance de lui et de moi ; je désire tant votre bien et je m'employerai toujours pour ce qui vous touchera[40]. Ainsi, la reine mère répugne profondément à l'idée de procéder contre les huguenots d'une façon violente : Je suis catholique, disait-elle, et ai aussi bonne conscience que nul autre peut avoir ; j'ai beaucoup de fois hasardé ma personne contre les huguenots du temps du feu roy mon fils ; je ne le crains pas encore[41] ; je suis prête à mourir ayant cinquante-huit ans d'âge, et j'espère aller en paradis. Jusqu'à ce que le roy ait le moyen d'exécuter cette résolution d'établir une seule religion, il ne doit pas le déclarer ; quant à moi, je ne veux pas perdre ce royaume, mon dessein est de le conserver| en le perdant la religion seroit perdue ; au contraire, ce royaume étant conservé, la religion le sera aussi. Nous avons peu de moyens de faire la guerre, il n'y en a presque pas de vivre. Je pense être affectionnée à ma religion plus qu'aucun autre ; s'il y en a d'autres qui ne se soucient pas de la perte de cet État, pourvu qu'ils puissent dire : J'ai bien maintenu la religion catholique ; je n'ai rien à leur dire, mais je ne veux pas leur ressembler. Ces paroles s'adressaient au duc de Nevers qui, pour justifier son zèle extrême pour la religion, invoquait ses ancêtres, croisés du XIIIe siècle. Catherine de Médicis se prit à rire : Tenez, voilà mon cousin qui veut nous envoyer à Constantinople ![42]

Tel était le caractère plein de modération et de sens de Catherine de Médicis ; tout parti extrême lui répugnait ; tandis que le roi, dominé par les états et la Ligue, acceptait quelques-unes de leurs conditions répressives, la reine mère lui présentait ce bien simple raisonnement : Les trois ordres vous donnent-ils les moyens, mon fils, d'exécuter ce que les états désirent ? Comme ces moyens n'arrivaient pas, Catherine de Médicis résolut de traiter une fois encore avec les politiques, par un nouvel édit de pacification signé à Poitiers, que le roi concéda malgré les états[43]. Cet édit était plus libéral, plus large en matière de religion que tous les précédents, car les réformés obtenaient non-seulement des places de sûreté, le libre exercice du prêche, mais encore on créait une chambre tout entière du parlement de Paris pour juger lents affaires, et cette chambre était à la nomination du roi de Navarre, huguenot lui-même. Le caractère facile de Catherine de Médicis allait ici trop loin : elle croyait assouplir tous les esprits sous sa main habile ; elle heurtait et blessait la majorité qui ne voulait pas subir la liberté de conscience. Il n'y avait pas encore cette lourde fatigue des âmes qui prépare toutes les transactions ; catholiques et calvinistes, dans la vivacité de leur foi, étaient en armes. Les paroles de paix de la reine Catherine de Médicis, loin d'apaiser la guerre civile, la ravivaient pour ainsi dire. Si la reine aspirait après le repos, il n'en était pas ainsi des opinions vivaces et en lutte. Que de peines, que de soucis Catherine s'imposait en vain ! Sous le prétexte de conduire sa fille Marguerite auprès du roi de Navarre, son époux, Catherine de Médicis accomplit un voyage politique[44] à travers la France. A la reine mère les huguenots portaient toutes leurs plaintes comme à l'autorité responsable de leur liberté : les catholiques, unis par la Ligue, ne respectaient pas l'édit de pacification : Mon cousin, écrit-elle au maréchal de Damville, je suis en extrême peine et ennui de la nouvelle qui est venue à mon fils le roy de Navarre, que la Riole a été prise par les catholiques ; c'est une des villes qui sont, par l'édit de pacification, en garde à ceux de la religion réformée..... Mon cousin, on diroit que tout est déchaîné pour empêcher la paix ; mais je vous assure bien (si ceci est comme on le dit), que je me délibère d'en faire telle punition, si le puis avoir, qu'il en sera à jamais mémoire, car voyez en quel danger ils m'ont cuidé mettre[45].

Ce danger était, pour Catherine de Médicis, la marche des reîtres sur le territoire du royaume. On défait l'éviter à tout prix, et Catherine de Médicis, pour calmer une fois encore les huguenots, qui appelaient les étrangers à leur aide, voulut donner un nouveau développement à l'édit de pacification de Poitiers dans les conférences de Xérac : les calvinistes obtinrent la faculté d'établir des prêches dans toutes les villes du royaume. Au lieu de quatorze places de sûreté, ils en recevaient dix-sept où le roi de Navarre et le prince de Condé pouvaient tenir garnison[46]. La reine mère ainsi accordait tout pour calmer le parti huguenot si exigeant, et éviter surtout l'intervention des étrangers dans les affaires du royaume. Comme elle avait présidé elle-même aux conférences de Xérac, elle se montra heureuse des résultats et surtout de la réconciliation de ses deux fils, le roi Henri III et le duc d'Anjou (d'Alençon). A ce sujet, elle écrivait au maréchal de Damville[47] : Mon cousin, présentement m'est arrivé le sieur d'Arques de la part du roy monsieur mon fils, pour me témoigner le grand aise et contentement qu'il a de la paix. Le sieur d'Arques m'a ensuite appris la plus agréable nouvelle que j'eusse pu entendre, qui est que mon fils le duc d'Anjou est arrivé le 26 de ce mois à Paris, où il est venu trouver le roy monsieur mon fils, accompagné seulement de deux ou trois gentilshommes ; et, après s'être embrassés et fait toute la bonne chère qu'il se peut et que se dévoient deux bons frères, ils couchèrent cette nuit-là ensemble, délibérant de continuer à toujours la bonne et parfaite amitié qu'ils se doivent, dont je loue Dieu très-grandement, vous en ayant bien voulu escrire pour la joie que chacun doit en avoir et le bien que c'est à ce royaume[48].

Dans cette correspondance intime de la reine mère, et si multipliée qu'on en trouve partout des traces, ce qui se révèle spécialement, c'est l'esprit habile et pacifique. Catherine de Médicis est heureuse quand elle rapproche les hommes, les idées, les passions, les intérêts, les familles ; elle a horreur de la guerre civile, de l'agitation des partis, dont le témoignage était si triste à Florence ; elle voudrait établir son pouvoir sur l'apaisement des âmes. Et c'est pourtant cette reine, cette femme si éprise de la paix, qu'on a représentée et qu'on montre encore le fer et le poignard à la main, et, nouvelle Locuste, offrant la coupe empoisonnée à toutes les lèvres pour donner ensuite un ridicule spectacle de terreurs et de remords !

 

XX. — 1580-1584.

 

Profondément convaincu de la capacité politique de sa mère, Henri III lui abandonnait le gouvernement du royaume. Cette reine de soixante ans déjà, belle encore, toujours active, ne cessait d'agir, de s'occuper des affaires d'État, la passion de sa vie ; elle joignait à un grand esprit, héritage de la famille des Médicis, un charme indicible et tout italien dans sa parole. Henri IH n'avait jamais cessé d'être un vaillant soldat, un des grands capitaines de son temps. H tenait de sa mère un goût exquis de fêtes artistiques, plaisirs, bals et mascarades. Cœur familier et aimant, il s'était entouré de jeunes gentilshommes braves comme lui, rieurs, enjoués, enfants des glorieuses maisons de Quélus, Maugiron, Schomberg, Saint-Mesgrin, Joyeuse, d'Épernon, dévoués à sa personne, à une époque d'assassinats, de coups de dague secrets et perfides. Ce furent ces jeunes gentilshommes que des pamphlets accusèrent d'être les mignons du roi[49] ; oui, jusqu'à Saint-Mesgrin, l'amant si délicat, si loyal, si courageux de la duchesse de Guise ! Ceux qui ont vécu en temps de partis savent combien ils sont perfidement ingénieux à inventer des vices, à jeter d'abominables épithètes à leurs ennemis ; et le plus fort inventeur de ces mauvais dires de cour, ce fut Henri de Béarn, roi de Navarre. Laid de figure, soldat au pourpoint percé, il ne pouvait souffrir ces élégants gentilshommes, braves comme lui, mais parfumés de senteurs de Florence et de Venise : Je sais bon gré au duc de Guise, mon cousin, avait-il dit, de n'avoir pu souffrir qu'un mignon de couchette le trompât. C'est ainsi qu'il faudroit accoustrer tous ces petits galans de la cour qui se meslent d'approcher les princesses pour les mugueter et leur faire l'amour[50].

S'il fallait rechercher une idée politique à travers cette vie de plaisirs et de fêtes, si naturelle à de jeunes gentilshommes, on pourrait la trouver dans cette volonté constante et ingénieuse de Catherine de Médicis d'offrir à tous, fougueux calvinistes ou ligueurs, un lieu de repos et de conciliation, les jardins d'Armide, au moment où Torquato Tasso venait de publier il Goffrido[51], le premier titre de la Jérusalem délivrée. Catherine de Médicis, qui en récitait les chants les plus suaves dans la belle poésie italienne, voulait réunir autour de quelque nouveau Rinaldi les nymphes belles et enchanteresses. On s'égorgeait dans la guerre civile, et la reine mère semblait dire à ces fougueux champions de partis : Voici les lieux d'amour et de repos qui sont offerts à vous, nobles gentilshommes, car assez de sang a été versé. De là ces fêtes de cour, mélangées souvent de pompes catholiques, mœurs italiennes dont toute cette cour était empreinte : une Médicis ne pouvait oublier Florence, Urbino, Rome. La reine mère savait avec quel art les Italiens fins et habiles savent assouplir les esprits, doucement et sans bruit, parles plaisirs, la poésie, la prose ingénieuse. En ce mois, dit le journal du temps, elle fit venir à la cour les comédiens italiens appelés gli gelosi ; le roy en avoit payé la rançon, car ils avoient esté pris par les huguenots[52].... Ils commencèrent à jouer leurs comédies en l'hostel de Bourbon à Paris ; ils prenoient quatre sols de salaire de chascun, et il y avoit tel concours, que les quatre meilleurs prédicateurs n'en auroient pas fait autant quand ils preschoient. Les Italiens étaient fertiles en jeux d'adresse, en inventions d'esprit ; ils faisaient les tours les plus hardis sur la corde, s'élevaient jusqu'au haut des mâts. Ils introduisirent à la cour les plus habiles combinaisons des tripots et de hasard : Dans le mois de janvier 1679, une bande d'Italiens, avertis par ceux de Paris que le roy avoit dressé en son Louvre un déduit de jeux de cartes et de dez, vinrent à la cour et gagnèrent au roy, dans le Louvre, trente mille escus[53].

Les Italiens avaient aussi des places de confiance dans les négociations, l'armée, les conseils, témoin les fortunes récentes des ducs de Nevers[54], de Nemours, de Retz (Gondi) et de Strozzi lui-même. La reine mère aimait ces caractères souples, négociateurs par excellence, qui savaient apaiser les âmes, résoudre les difficultés les plus graves par des expédients. Les Italiens devenaient puissants à la cour, parce qu'ils se rendaient indispensables ; ils avaient introduit l'élégance, la suavité dans les formes, les gants parfumés, les essences, les odeurs, et souvent, par ces moyens, ils servaient de coupables projets, moins qu'on ne l'a écrit pourtant, car ils inspiraient la haine. Lorsqu'une certaine classe de la société est l'objet des jalousies publiques, il est rare qu'on ne l'accuse pas de crimes imaginaires ; et les Italiens étaient poursuivis d'une grande clameur, non-seulement comme étrangers, mais encore parce qu'à travers leur personnalité odieuse, les partis cherchaient Catherine de Médicis, leur protectrice :

Italiens, inventeurs de subsides,

Pires cent fois que tous les parricides.

Ô poltrons ! lâches ainsi bannis,

Qui tous estiez vilains en vos pays.

Faut-il quasi par un malheur fatal

Que tous ces bougres nous causent tant de mal l

Toi qui fais tant de muguets parfumés,

Un jour viendra, tu seras enfumé,

Car la France est de toi si fort lasse,

Qu'il faut que la teste on te casse[55].

Ces Italiens que poursuivaient les pasquils populaires étaient pourtant les hommes auxquels la génération élégante avait le plus souvent recours dans ses besoins d'imagination et même dans ses faiblesses : ils étaient d'abord les financiers (depuis l'expulsion des juifs), ensuite les devins, les physiciens, les mathématiciens, les ingénieurs, les artistes dessinateurs, musiciens, peintres, architectes, sculpteurs, banquiers de la cour ou des particuliers, et les intermédiaires du commerce[56]. Catherine de Médicis savait bien ce qu'elle faisait en favorisant l'émigration des Italiens en France ; la superstition correspondait aux mœurs de ce temps, et tout n'était pas faux et absurde dans les paroles de l'astrologue. Il existe évidemment un monde inconnu qui se révèle à nos sens par des merveilles et dont le dernier mot n'est pas encore dit : souvent l'astrologue n'était qu'un esprit d'examen et de comparaison. Il fallait qu'il y eût une science extraordinaire de divination, par exemple dans Cosme Ruggieri, puisque toute la cour accourait autour de l'astrologue de la reine mère pour écouter ses avis ou régler sa destinée. Catherine de Médicis était superstitieuse comme une Italienne et peut-être parce qu'elle avait une rude tâche à remplir, et qu'un destin immense fait qu'on a recours à des forces surnaturelles. Cette tendance de Catherine de Médicis pour les astrologues est tellement prononcée et publique, qu'elle n'échappe pas à la sagacité de l'ambassadeur d'Espagne, qui en fait l'objet d'une de ses dépêches à Philippe II. Il dit : que la reine mère — qui a une grande vénération pour les astrologues et qui en beaucoup d'occasions se gouverne par leur conseil — a été advisée par celui qu'elle a en plus grande considération que le duc d'Alençon court grand risque et presque inévitablement de mourir cette année. Cela étant, il paroît qu'on assureroit la succession de tout ce royaume au prince de Béarn (Henri de Navarre), et au cas où il ne laisseroil pas de fils, au prince de Condé, ce qui seroit d'un grand dommage pour toute la chrétienté[57]. (Condé était huguenot.)

Ainsi, toutes les pensées de la reine mère sont toujours pour un système de concessions au parti calviniste, afin de mettre un terme à la guerre civile ; elle n'hésite pas à assurer la couronne même aux chefs modérés de la réformation, et c'est ce qui la rattache surtout aux politiques royalistes dont l'avocat conseiller Pasquier s'est fait la vive et constante expression dans ses plus curieuses lettres. Lui voudrait enfin que la guerre civile cessât et qu'on reconnût un seul chef, un seul roi, une seule volonté dans un État. Direz-vous, continue-t-il naïvement, que les éléphans n'ont point de roys ? je le nie : ils marchent toujours en troupes et font passer pour premier le plus vieux d'entre eux, comme chef et conducteur. Et les grues ne se choisissait-elles pas un roy ? et les oies font le semblable que les grues, dressant leur bataillon en pointe comme l'éperon d'un navire ? Voulez-vous une plus belle monarchie que celle que nous voyons en nos basses-cours, en nos coqs et poules ? Là, nous voyons monsieur le coq portant la creste sur la teste en forme de couronne, marchant et piaffant à grands pas au milieu de ses poules ; mettez un autre coq avec lui, vous connoîtrez fort aisément combien toute royauté est impatiente de compagnon[58].

C'est parce que le tiers parti exprimait des doctrines et des souhaits favorables au gouvernement unitaire, que Catherine de Médicis se rattachait de toutes ses forces à des pensées de modération, à ces hommes d'expérience qui pouvaient organiser ou soutenir la royauté dans ses périls. Elle avait une égale répugnance pour les catholiques extrêmes et pour les huguenots trop inflexibles ; Catherine de Médicis était la véritable expression et pour ainsi dire la reine du tiers parti.

 

 

 



[1] On frappa même des médailles commémoratives en l'honneur de la Saint-Barthélemy, avec ces légendes : Virtus in rebellis.... Pietas excitavit justitiam.

[2] Voyez la lettre de félicitations du roi Philippe II dans les Archives de Simancas, 3 septembre 1572. Archives de Simancas, B, 32.

[3] Tout ce qui est relatif à l'élection du duc d'Anjou, roi de Pologne, se trouve dans les portefeuilles Fontanieu, n° 327, 328.

[4] Mss. de Béthune, vol. coté 8821, fol. 16. La lettre est originale et autographe.

[5] Ce sont les dépêches de M. de Schomberg qu'il faut consulter sur ce point. (Mss. de Séguier, n° 1504, fonds Saint-Germain, Bibliotb. imp.)

[6] On trouve la révélation de tous ces projets dans les interrogatoires subis par Coconas, 13 avril 1574.

[7] Interrogatoire et déposition, tant de Monsieur, frère du roi, que de MM. de La Molle et Coconas. (Mss. Béthune, vol. coté 8926, fol. 90.)

[8] Biblioth. imp. Recueil de pièces in-8°, coté I, pièce 30. Mss. Béthune, n° 8926, fol. 90.

[9] Interrogatoire et déposition du roi de Navarre, 13 avril 1574.

[10] Lettre de Catherine de Médicis au procureur général La Guesle. (Mss. Béthune.)

[11] Cosme Ruggieri.

[12] Mss. Béthune, autographe.

[13] Mss. Béthune, autographe.

[14] Une congestion aux poumons, ainsi que le disent les médecins dans leur rapport journalier à la reine mère. (Mss. Béthune.)

[15] Registres du Parlement, vol. XXIX, fol. 131 ; cet édit fut enregistré solennellement.

[16] A Paris, chez Guillaume Chaudière, rue Saint-Jacques, à l'enseigne du Temps et de l'Homme sauvage, juillet 1574.

[17] Discours sur le très-chrétien roy de France Charles IX, piteux et débonnaire, amateur des bons esprits, Paris, juillet 1574.

[18] Cette lettre est dans les mss. Béthune, vol. coté 8758, fol. 69.

[19] Mss. Béthune, coté 8758, fol. 69 ; vol. coté 8765, fol. 94.

[20] Ces lettres sont du 15 juin 1574. Registres du Parlement, vol. II, coté fol. 165.

[21] Recueil de Fontanieu, 1574-1575.

[22] Cette lettre si curieuse est dans les mss. Béthune, 19 mai 1674, vol. coté 8764, fol. 24.

[23] Discours de la mort et exécution de Gabriel, comte de Montgomery, pour conspiration contre le Roy et l'Estat.

[24] Ce pamphlet parut d'abord en latin, sous ce titre : Legenda Catharinæ Medicæ matris vitæ, actor et consilior, quihus universum regni Galliæ statum turbare conatam est, 1576, in-8°.

[25] Né le 19 septembre 1551, à Fontainebleau.

[26] Henri III avait quitté la Pologne en fugitif, le 19 juin 1574.

[27] Journal du roy Henri III, éd. de 1744, t. I, p. 109.

[28] Il existe aux imprimés de la Bibliothèque impériale un volume qui contient en estampes coloriées, tous les costumes des pénitents du XVIe siècle. (Journal de Henri III.)

[29] Journal de Henri III, 1575.

[30] Voyez dans la Bibliothèque Fontanieu (Recueil des pièces in-4°, vol. 89, fol. I), tout ce qui fut publié à celle époque de l'avènement du roi Henri III et de son union avec les Guise.

[31] Bibliothèque de M. de Fontanieu. Recueil de pièces in-4°.

[32] Journal de Henri III.

[33] Mss. Colbert, vol. XXIX, gros reg. parchemin.

[34] Portefeuille Fontanieu, n° 339-340.

[35] Archives de Simancas, B, 38.

[36] Portefeuille Fontanieu, n° 339, 340.

[37] Les articles secrets de cette paix étrange se trouvent dans les mss. de Colbert, vol. LXIV, in-fol., p. 890.

[38] Voyez le curieux mémoire contemporain de M. Delezeau, conseiller d'État, conservé en mss. (Biblioth. Sainte-Geneviève.)

[39] Les premiers états de Blois se tinrent dans l'hiver de 1676 à 1577 ; on en trouve le récit dans les mss. Béthune, vol. coté n° 8826.

[40] Mss. Béthune, n° 8887, fol. 48.

[41] Journal du duc de Nevers, éd. in-fol., 1665.

[42] Les mémoires du duc de Nevers offrent une grande curiosité. Voyez t. I, p. 455.

[43] Le texte du traité de Poitiers se trouve en original dans les mss. du Puy, vol. 428 : copie en est faite dans les mss. Colbert, verso 490.

[44] Le Voyage de Catherine de Médicis est du mois de mai 1579.

[45] Mss. Béthune, vol. coté 8703, fol. 132.

[46] Édit enregistré au parlement, vol. II, L, fol. 212.

[47] Mss. Béthune, vol. coté 8848.

[48] Mss. Béthune, vol. coté 8848.

[49] Les poètes disaient comme toujours :

Oui, l'homme vertueux est languissant de faim,

Et à ses seuls mignons le roi fait des largesses.

(Pasquil contre Henri III.)

[50] Quand quelques-uns de ces jeunes gentilshommes dévoués au roi Henri III périrent en duel, on fit cette épigramme :

Seigneur, reçois en ton giron

Schomberg, Quélus et Maugiron.

(Journal de Henri III.)

[51] 1574.

[52] Journal de Henri III, t. I, p. 202.

[53] Ibidem, ad annum 1579.

[54] Fils du duc de Mantoue. Les Nemours étaient de la maison de Savoie.

[55] Pasquil de 1580. On en trouve plusieurs dans des notes ajoutées au Journal de Henri III.

[56] Plus tard : Cassini, Riqueti, n'étaient-ils pas d'origine bolonaise ou florentine ?

[57] Dépêches secrètes (Archives de Simancas), coté B, 46.

[58] Estienne Pasquier, liv. X, lettre 1re.