HUGUES CAPET ET LA TROISIÈME RACE

 

TOME DEUXIÈME

CHAPITRE XXII. — LES PAPES. - LES EMPEREURS. - LES CONCILES.

 

 

La papauté depuis Grégoire VII et Urbain II. — L'empire depuis Henri IV. — Lutte pour les investitures. — Le glaive et la crosse. — Les antipapes. — Pontifical de Pascal II — Gélase. — Calixte. — Honorius. — Innocent II. — Les empereurs. — Henri V et Lothaire. — Annales des conciles généraux et provinciaux. — Premières tentatives de réforme. — Arnaud de Brescia.

1088—1140.

 

Les disputes de l'école allaient-elles heurter l'édifice majestueux de l'Église ? Abélard avait-il assez de puissance active sur la génération pour briser l'unité catholique ? Le pontificat de Grégoire VII posa les grands principes qui constituaient la dictature religieuse ; ce pape immense, la tête même abaissée dans la poussière, proclamait fièrement les doctrines qui constituaient la suprématie de Rome : il n'y a rien de fort comme l'homme qui a foi en lui, et quels que fussent les malheurs des papes, les crises abaissant leur pouvoir, les principes de Grégoire VII survivaient comme un vaste code à l'usage de la monarchie catholique ; les hommes passaient avec leur faiblesse, l'institution demeurait debout dans sa grandeur, Urbain II, après Grégoire, organisa le mouvement de la croisade ; il groupa autour du pontificat l'armée féodale ; la croix qui brillait sur les basiliques ne venait-elle pas de soulever l'Europe ? Ainsi, dans ce mouvement universel, Grégoire VII proclame les bases du pouvoir, et Urbain II organise les moyens : l'un est la pensée qui établit les principes, l'autre est l'action qui les rend sensibles ; de sorte que l'administration de ces deux papes complète, dans un vaste système, la dictature pontificale telle que l'Église l'avait conçue au Xe siècle. Dans celte œuvre aussi active, une question s'était pourtant agitée vivace ; elle formulait pour ainsi dire la lutte des clercs et des hommes d'armes, de la force morale contre la force matérielle : il s'agissait des investitures ; de qui devaient-elles émaner ? L'investiture était comme la consécration de la dignité ; l'évoque ou l'abbé du monastère devait-il être investi par le pape lui-même, ou bien les empereurs devaient-ils recevoir l'hommage féodal, le serment des clercs en même temps qu'ils leur remettaient la crosse et le pallium ? Tout clerc n'était-il pas membre de l'Église ? comment mêler l'épée des hommes d'armes là où il n'y avait qu'une hiérarchie d'évêques et de prêtres[1] ? Le peuple élisait ses pasteurs ; ceux-ci, une fois élus, n'avaient plus qu'à recourir à l'approbation du pape ; et pourquoi auraient-ils besoin de la confirmation de l'empereur ? peuple et clercs formaient le corps de l'Église ; si les chefs des féodaux se mêlaient dans les investitures, n'était-il pas à craindre que les hommes d'armes fussent préférés aux clercs dans les dignités de l'Église ? Les abbayes étaient riches de fiefs et de donations ; ces terres plaisaient aux hommes de batailles, brûlant du désir de lancer leurs chiens lévriers dans ces guérets, d'envahir les celliers des cathédrales et des grands moutiers, de hisser leurs gonfanons sur les tours où pendait le beffroi. Les empereurs pouvaient leur donner celte satisfaction en se réservant les investitures, car ils étaient leurs hommes, et voilà pourquoi les papes combattaient avec tant d'ardeur pour s'attribuer exclusivement le droit du pallium ; chef de l'Église, son gouvernement devait lui appartenir à l'exclusion de tous. Le pape maintenait ainsi dans sa pureté les principes du droit canonique ; c'était bien assez déjà que les coûtâmes de la féodalité se fussent introduites parmi les clercs, qu'on entendit dans les abbayes les aboiements des chiens, le cliquetis des armes ou l'entrechoc des coupes dans les festins[2] ; fallait-il encore livrer les investitures à la rapacité des féodaux ?

Telle fut la cause de cette querelle vive, profonde, entre les empereurs et les papes, qui se prolongea pendant tout le moyen âge. Grégoire Vil avait établi les droits du pontificat, et Urbain II mit en action la puissance armée de l'Église par la croisade j ils apportèrent en commun des forces pour lutter Contre les empereurs. Mais ce qui brisait l'unité papale, en empêchant le développement de ses desseins, c'était surtout cette multiplicité d'antipapes qui apparaissent, la tiare en tête, dans la lutte du pontificat et de l'empire. Les antipapes avaient deux origines : ou ils étaient élus sous le glaive des empereurs, et ils venaient ainsi représenter la puissance germanique et féodale, la race blonde et armée, comme la matière dominant la pensée morale ; ce n'étaient alors que des vassaux de la maison de Souabe, des clercs soumis à l'empereur[3] ; ou bien ils étaient élus dans un mouvement populaire à Rome. On voyait à certains intervalles le peuple transtéverain, les patriciens dégénérés qui habitaient le Capitole, le Campo Vaccino ou les ruines du palais de Trajan, se lever comme s'ils étaient pris de vin nouveau aux vendanges de Tibur ou de la villa Adrienne[4] ; alors la multitude courait au Forum pour proclamer un pape comme autrefois elle élisait un consul ou un tribun ; c'était le pontife des Romains, le seul que la ville éternelle saluait dans ses acclamations renouvelées des vieilles formes républicaines mêlées à des idées chrétiennes. Mais ce pape municipal, pas plus que le pape choisi par les empereurs, n'avait ce caractère d'universalité empreint par l'Église catholique sur ses pontifes : l'un était l'élu de la populace de Rome, d'une seule cité ; l'autre avait le pallium féodal de la Germanie. Il n'y avait donc que l'élu de l'Église universelle qui se manifestât aux yeux de l'univers catholique comme Je véritable pape.

Ainsi fut exalté Pascal II, le successeur d'Urbain II ; il avait passé son enfance sous le nom de Raigner dans le monastère de Cluny ; les clercs relurent contre sa volonté : il s'enfuyait comme si la foudre allait éclater sur sa tête, lorsqu'on le revêtit de la tunique blanche, marque de la dignité pontificale : bientôt chassé de Rome par les antipapes, il vint en France, visita la Bretagne, la Bourgogne, pour s'abriter à Saint-Denis ; il revint ensuite dans la basilique de Latran. L'empereur Henri V arrive subitement à Rome ; il fait prisonnier Pascal II, et lui arrache une bulle qui assure à l'empereur le droit d'investiture ; libre, Pascal la révoque ; Henri revient puissant à la tête de ses hommes ; le pape quitte Rome pour la seconde fois et se retire dans la solitude du Mont-Cassin ; là, faible, sans armes, mais confiant en lui-même, il dépose l'empereur comme s'il avait le glaive en main et une armée à ses ordres[5]. Pascal II meurt ; il a pour successeur Gélase II, un des moines encore du Mont-Cassin, aux fortes études, à la raison droite et ferme. Gélase est expulsé de Rome parle peuple, et le voilà, comme son prédécesseur, visitant la France, signant des bulles de monastère en monastère, pour constater la puissance pontificale et en manifester l'incontestable suprématie. Il arrive au moutier de Maguelonne, où Suger le visite, puis il meurt à Cluny ; sa papauté commence dans la solitude du Mont-Cassin, et finit dans un autre oratoire de moines au désert. L'ordre de Saint-Benoît, cette organisation religieuse, devient comme le séminaire de la papauté[6], cet ordre était, depuis saint Bernard, la grande puissance de l'Église ; le catholicisme se formulait dès lors dans la hiérarchie monastique. Clairvaux et Cîteaux firent leur pape ; Calixte II fut élu à Cluny et couronné dans la cathédrale de Vienne ; il résida dans les monastères de France pendant plus d'une année. Quand il revint à Rome, on le vit briser de ses mains la croix de l'antipape, qui fut couvert d'une peau de mouton sanglante, en signe de mépris ; fier et hautain, parce qu'il s'appuyait sur la force de Cluny, Calixte se fit peindre en archange terrassant l'antipape sous la figure du démon. Après lui succède le court pontificat d'Honorius II, pour arriver enfin au pape Innocent II, le protégé de saint Bernard. Dans ce siècle d'agitation pour l'Église, le refuge des papes était toujours la France, et l'on voit Innocent II en parcourir les monastères un à un ; il leur concédait des bulles, il tient des conciles comme dans la plénitude de son pouvoir. Innocent II eut à lutter contre l'antipape Anaclet ; la papauté combattit perpétuellement contre les antipapes, et ne peut retrouver encore l'unité de son pouvoir[7].

Les empereurs germaniques sont les grands adversaires du pontificat ; Henri V, le fils de ce Henri IV de la maison de Souabe, l'ennemi de Grégoire Vil, avait détrôné son père pour hâter son règne ; Henri V, revêtu de la pourpre, mène ses féodaux aux batailles ; il fait la guerre en Flandre, en Hongrie, en Silésie[8], mais il est toujours malheureux à la tête de ses Allemands ; partout Henri V est battu ; les races flamande, hongroise et polonaise sont vigoureuses et aguerries, elles ne craignent pas les Allemands ! L'empereur est plus heureux avec les Italiens, il n'a pas en face une cavalerie bardée de fer ; le voilà qui descend en Lombardie ; aux fêtes de Noël, on le trouve avec ses hommes d'armes à Florence, il marche sur Rome, et après avoir concédé les investitures aux papes, il paraît dans ses pompes impériales au milieu de la basilique du Vatican[9]. Les Romains se révoltent contre les Allemands ; Henri quitte Rome, mais il revient bientôt, et les consuls le saluent du titre d'empereur. Il avait trop insulté la papauté pour qu'une légende de malédiction ne s'attachât pas à lui ; il mourut jeune encore d'un ulcère au bras qui lui dévorait les chairs d'une manière affreuse ; car sa main avait touché la robe sacrée des papes ! Quand son corps fut porté à Spire, les Allemands réunis dans la plaine de Mayence, où l'on voyait plus de soixante mille chevaliers armés de fer, élurent pour empereur Lothaire IL Ce fut un frémissement parmi les nobles hommes ; trois prétendants à l'empire déployaient leurs bannières sur le même champ d'élection : Conrad, duc de Franconie ; Frédéric, duc de Souabe ; Léopold, margrave d'Autriche[10]. Lothaire fut couronné à Aix-la-Chapelle, la vieille cité, tandis que Conrad prenait la couronne du roi des Romains à la Monza de Milan[11]. Qui peut résister à Lothaire l'empereur ? Il passe les Alpes et vient rendre hommage au pape au pied de la basilique des saints apôtres. Lothaire fut soumis à Rome, et cet abaissement de la puissance impériale grandit l'ascendant moral du pontificat pour la querelle des investitures : un moment le pape exerça ce droit dans toute sa plénitude.

Nul ne pouvait résister au mouvement de l'unité catholique, à une époque où toute la police sociale venait de l'Église ! Quand on suit attentivement l'histoire des conciles, on voit se développer dans ces solennelles assemblées les principes de gouvernement et de sociabilité. Les conciles, composés d'évêques, d'abbés et de clercs, étaient généraux ou provinciaux : les uns s'appliquaient à l'universalité des peuples, à l'Église tout entière ; les autres n'étaient que de police locale, et régissaient un royaume, une race, une province dans le monde catholique ; puis quelques-uns s'appliquaient à la hiérarchie des clercs seulement, les autres à tout le peuple. Voici d'abord les prélats réunis à Valence ; l'évêque d'Autun est accusé de simonie, on le dépose. A Rome, le pape déclare hérétique tous ceux qui troublent l'état de l'Église et censurent ses doctrines ; à Londres, la simonie est solennellement proscrite, et six abbés sont déposés parce qu'ils en étaient publiquement convaincus. C'était la plaie de l'Église que la simonie ! et tel fut le zèle des clercs pour la réprimer qu'un des plus ardents traversa un bûcher pour prouver que son évêque n'observait pas les lois des canons. A Rome, Pascal II excommunie le comte de Meulan parce qu'il soutient le droit d'investiture comme le prétendaient l'empereur et le roi d'Angleterre. Dans Florence on décida que l'Antéchrist n'était point né, car aucun signe n'avait apparu. Le célibat des prêtres fut rigoureusement prescrit par l'assemblée de Londres[12]. Au concile de Latran il fut décidé que lorsqu'un évêque était élu par le clergé et le peuple, l'investiture d'un empereur ou d'un roi était inutile. Puis d'autres conciles proclament la trêve de Dieu, le droit d'asile, la suspension des violences ; toutes dispositions de haute police sociale.

Avec quelle solennité ces grandes cérémonies de conciles n'avaient-elles pas lieu ! Le plus souvent c'était dans une prairie, vaste plaine où l'on construisait des amphithéâtres et des chaires ; là se groupaient les archevêques, les abbés et les clercs, les consuls des cités, le peuple en masse, comme dans le Forum, et c'était au bruit des acclamations que délibérait le concile. Quand une violente querelle était engagée, elle se décidait par la voix des évêques et à la pluralité des suffrages. Dans le concile général de Latran, toute l'organisation générale de l'Église est proclamée[13] ; on en avait bien besoin, car les mœurs se relâchaient, l'autorité était méconnue, les hérésies se manifestaient partout ; il y avait déjà des hommes à la parole déclamatoire et bruyante qui gagnaient de la popularité en parlant contre les mœurs relâchées de l'Église, et demandaient à grands cris une réforme[14]. L'hérésie ne se manifestait point hardie, mais il y avait une fermentation contre la puissance des clercs ; elle éclata d'abord par la censure des mœurs. Toutes les fois qu'il y a une hiérarchie qui gouverne souverainement, elle est soumise à l'opposition ; l'autorité appelle l'examen, l'examen la critique ; et la vive révolte de l'esprit contre l'unité ecclésiastique résultait du besoin d'examen. Abélard avait conquis sa popularité en entourant son enseignement de censures contre l'Église ; il avait d'abord résisté aux conciles, puis il s'y était soumis, parce qu'il n'avait pas assez de fermeté dans l'esprit pour aller jusqu'au dernier terme de ses doctrines : c'était trop hardi pour lui.

A cette époque, un homme de témérité se montra capable de remuer les idées et d'ébranler tout l'édifice de la puissance ecclésiastique ; les monuments le nomment Arnaud de Brescia, pauvre moine qui proclama la révolte des esprits et essaya la liberté et l'examen comme principe de toute force populaire. Arnaud de Brescia, un des élèves d'Abélard, avait passé les Alpes pour assister aux leçons du maître sur la montagne de Sainte-Geneviève quand la foule se pressait attentive ; il avait puisé dans cette école, sinon un esprit de liberté absolue, au moins une certaine force de résistance et d'examen pour lutter contre l'autorité de l'Église. Les doctrines d'Arnaud de Brescia furent celles d'une grande réforme ecclésiastique ; il appela de toutes ses forces l'épuration des mœurs[15] ; le Christ avait dit aux clercs que son royaume n'était pas de ce monde, et Arnaud de Brescia en conclut que tous les clercs devaient renoncer aux biens matériels pour la grande vie de l'éternité. Il fallait donc abdiquer les pompes dorées, la libre possession des fiefs : la pauvreté avouée, absolue, devait être le caractère et l'attribut des évêques et des abbés. Ainsi ce n'était pas assez de renoncer aux chasses bruyantes, aux concubines adorées, il fallait encore se détacher des pompes habituelles à l'Église ; Arnaud de Brescia imposait la pauvreté, il voulait les cathédrales vides et les sanctuaires dépouillés ; il prêcha ses doctrines à Milan,- dans les marches romaines, partout où l'imagination brûlante répondait à son esprit. Il y eut un grand enthousiasme répandu sur ses pas, ses prédications étaient populaires ; on se levait en armes pour proclamer l'égalité de tous. Les féodaux du Milanais, les évêques, comprimèrent ces tentatives, et Arnaud de Brescia se retira dans la ville municipale de Zurich, au sein des montagnes, pour respirer l'air de la liberté[16].

Quand l'Italie fut une fois encore en feu pour la querelle du peuple, du sénat et des papes, Arnaud de Brescia sortit de sa retraite et vint à Rome ; c'était le temps où l'on parlait de rétablir les tribuns, où l'on réchauffait les idées du Capitole et des consuls, où les sept collines fermentaient comme des volcans sous le peuple. Alors les doctrines d'Arnaud de Brescia durent faire une profonde impression, elles saisirent l'imagination des Transtéverains et de quelques pauvres clercs ; on se révolta contre les cardinaux et l'oppression qu'ils faisaient peser sur les paroisses. On vit une fermentation universelle dans Rome catholique ; les papes abandonnèrent le château Saint-Ange, ils ne pouvaient plus habiter la ville toujours émue, et qui rêvait son ancienne liberté et sa vieille splendeur. Arnaud de Brescia voulait faire revivre les ordres des chevaliers et de la plèbe, rendre le droit aux tribuns, réparer le sénat sacré[17]. La puissance d'Arnaud de Brescia finit sous le pontificat d'Adrien IV, Anglais d'origine, pape plein de fermeté et élevé dans le monastère de Saint-Alban. Arnaud de Brescia, retenu captif d'abord, fut condamné à périr par le feu comme hérétique ; ses cendres furent jetées dans le Tibre, pour imiter les vieux Romains, qui précipitaient dans les eaux jaunies du fleuve les citoyens livrés à la hache du licteur. Ce fut une des grandes tentatives de réformation. Arnaud de Brescia n'attaqua pas le dogme encore, sa doctrine n'était point philosophique, il appelait seulement une réformation matérielle, en plaçant la police de l'Église dans la pauvreté des clercs et l'égalité de tous.

A toutes les époques et sous des formes diverses l'autorité est ainsi attaquée par une opposition de réforme ; on ne va pas directement à ses doctrines el à son pouvoir, mais on l'ébranle par des idées populaires de réformation dans les mœurs et dans les habitudes. N'est-ce pas la condition de tout ce qui est puissant de susciter une résistance journalière ? L'Église était le pouvoir incontestable et reconnu ; l'examen commença donc à s'attacher à elle, à pénétrer son esprit, à juger sa constitution et sa force-, la guerre était déclarée à qui régnait. Grégoire VII avait posé les fondements d'une grande monarchie, et elle fut attaquée par toutes les voix, elle suscita toutes les oppositions ; c'était dans la condition de son existence, il ne fallait pas s'en étonner, car elle dominait le pouvoir de la société. Dans la marche du temps, l'autorité et l'examen forment comme les deux idées en lutte ; elles se transforment, mais elles ne meurent pas !

 

 

 



[1] La question des investitures a rempli le moyen âge ; elle fût décidée en France par le concordat de François Ier. Voyez le grand ouvrage de Marca sur l'accord de la puissance des papes et des empereurs. Les Annales de Baronius et de Pagy, ad ann. 1080 à 1160, sont remplies de ces querelles.

[2] Pour juger les répressions portées par les conciles contre les mauvaises mœurs des clercs, il faut parcourir les tables de la grande collection de Labbe aux mots Concubina, Mulier, Cani, Joculator. Les Bénédictins, dans l'Art de vérifier les dates, ont publié une analyse exacte de tous les conciles, tom. Ier, in-4°.

[3] Ce fut le cas de presque tous les antipapes des XIe et XIIe siècles. Annal. Baronius et Pagy, ad ann. 1080-1160.

[4] Muratori, Annal. ital., ad ann. 1080-1160.

[5] Baronius et Pagy, ad ann. 1100-1117.

[6] Les Bénédictins, dans l'Art de vérifier les dates, ont pris un grand soin de constater les papes qui sortent de leur ordre, tom. Ier, in-4°. Mabillon, Annal. Benedict., a également noté tous les papes qui visitèrent les abbayes des Bénédictins. Ad ann. 1090-1150.

[7] Suger rapporte dans sa Vita Ludovici Grossi, cap. XXI, la visite du pape Innocent II à Saint-Denis. Duchesne, tom. IV, p. 165-166.

[8] Consultez Othon de Frisingue sur le règne de Henri V. C'est le chroniqueur le plus instruit des affaires germaniques. Liv. X à XXIII.

[9] Muratori, Annal, ital., parle beaucoup de ces guerres de Lombardie. Ad ann. 1112-1130.

[10] Schemidt, Hist. des Allemands, tom. V, ad ann. 1125-1130.

[11] J'ai trouvé, dans la Vie de Wibaud, abbé de Stavélo et de Corbie en Saxe, une lettre intitulée : Au nom du Sénat et du Peuple Romain. S. P. Q. R. à l'empereur Conrad, pour lui annoncer qu'ils l'ont choisi. Epist. 211. A la fin de cette épître se trouvent des vers singuliers qui peignent bien le temps et la prétendue liberté romaine :

Rex valeat, quidquid cupit obtineat super hostes,

Imperium teneat, Romœ sedeat, regat orbem

Princeps terrarum, ceu fecit Justinianus :

Cœsaris accipiat Cæsar, quæ sunt sua prœsul,

Ut Christus jussit, Petro solvente tributum.

[12] Voyez la table si exacte, si précise des conciles dans l'Art de vérifier les dates, par les Bénédictins, tom. Ier, in-4°.

[13] Labbe et Cossard, Sacrosanctorwn Conciliorum collectio, Paris, 1671, in-folio.

[14] Béranger surtout, l'un des élèves d'Abélard. J'en parlerai plus tard. Consultez les œuvres d'Abélard, in-fol., p. 302.

[15] Les plus curieuses notices sur Arnaud de Brescia se trouvent dans le chroniqueur Othon de Frisingue, exact annaliste d'Allemagne. Othon était fils du marquis d'Autriche ; il fait beaucoup de philosophie au sujet d'Arnaud de Brescia. Il explique le mystère de la sainte Trinité et les distinctions à faire entre Πρόσωπον et ύποστασίν, entre ούσίαν et ούσίωσιν, Othon de Frisingue, De Gestis Frédéric., lib. II, cap. XI.

[16] L'école qui a tant exalté Abélard a dû tout naturellement élever haut Arnaud de Brescia. Gibbon a été impartial ; Muratori a donné une bonne notice dans ses Annal. ital., ad ann. 1130-1150.

[17] Le chroniqueur Gunther explique ainsi le plan républicain d'Arnaud de Brescia :

Quin etiam titulos Urbis renovare vetustos ;

Nomine plebeio secernere nomen equestre,

Jura tribunorum, sanctum reparare senatum.

Et senio fessas mutasque reponere leges.

Lapsa ruinosis, et adhuc pendentia muris

Reddere primævo Capitolia prisea nitori.