FRANÇOIS Ier ET LA RENAISSANCE. 1515-1547

TOME PREMIER

CHAPITRE IV. — AVÈNEMENT DE FRANÇOIS Ier.

 

 

La branche d'Orléans. — Les cadets d'Angoulême. — Naissance et famille de François Ier. — Éducation. — Journal de Louise de Savoie. — Ses amis d'enfance. — Ses jeux. — Mariage de François. — Ses premières campagnes. — Ses coups de lance. — Il prend le titre de duc de Valois. — Navarre. — Picardie. — Guerre contre les Anglais. — Caractère de François. — Son goût d'art et de dépenses. — Mort de Louis XII. — Avènement du nouveau roi. — Le sacre. — Premiers actes de l'avènement. — Chartes et diplômes. — Le duc d'Alençon. — Maison de Bourbon. — Montpensier. — Vendôme. — Carency. — Les légitimés d'Orléans.

1494-1515.

 

Le lignage d'Orléans, dont les comtes d'Angoulême étaient une branche cadette, avait pour origine ce noble duc d'Orléans, si fier, si joyeux, si galant, que le duc de Bourgogne fit frapper à la sortie du palais des Tournelles[1]. Ce grand lignage commence ainsi sa vie par le deuil ; le duc, mortellement frappé et meurtri, laissa trois fils de Valentine de Milan, fille de Jean Visconti : Charles, qui prit le titre princier de duc d'Orléans, et père du roi Louis XII ; Philippe, comte de Vertus, mort sans postérité ; enfin, Jean, comte d'Angoulême, qui fut l'aïeul de François Ier. Nul ne peut oublier que dans sa vie d'amour, le duc d'Orléans avait eu un autre fils, le brave comte de Dunois, le grand capitaine, le bâtard d'Orléans, comme il aimait à le dire et à le montrer sur sa devise. L'existence de ce lignage d'Orléans n'avait point été heureuse ; Valentine de Milan, l'épouse du noble duc frappé en la rue Barbette, expira de douleur. Pauvre orphelin, son fils invoque en vain la justice du roi ; captif à la bataille d'Azincourt, quand les lances françaises tombaient brisées, il demeura vingt-cinq ans en la tour de Londres ; le duc de Bourgogne paya sa triste rançon ; les deux lignages avaient à se pardonner du sang ; un mariage les réunit. En ce triste temps de guerres civiles, il ne fallait pas éterniser les vengeances. Le fils du duc d'Orléans vint à la couronne après la mort de Charles VIII, comme branche collatérale, et il prit le nom de Louis XII.

La branche cadette des ducs d'Orléans s'était personnifiée dans la personne de Jean, comte d'Angoulême ; vie triste et fatale ! Tout jeune homme encore, il servit d'otage à un traité de rançon du duc d'Orléans, son frère, avec les Anglais ; trente-deux ans il vécut ainsi en captivité, et quand le temps vint de la liberté, le comte d'Angoulême dut vendre le comté de Périgord et engager sa terre pour trouver des écus au soleil. Trop éprouvé pour rentrer dans la vie, Jean pratiqua toutes les vertus de la solitude ; les pieux habitants de l'Angoumois le vénèrent encore comme un saint, et pourtant s'il saisit une fois sa lourde épée, ce fut pour chasser les Anglais de la Guyenne, quand la trompette retentit pour la délivrance. Le comte Jean, époux de Marguerite de Rohan, d'illustre race bretonne, en eut un fils, Charles, comte d'Angoulême, digne gouverneur de Guyenne, et si brillant cavalier, qu'il put un moment épouser la riche héritière de Bourgogne, cette Marie qu'on voit partout dans les vieux portraits, accablée sous sa robe de drap d'or avec perles et pierreries fines, et rayonnantes ; par la suite, il épousa Louise[2], fille de Philippe duc de Savoie, qui nous a dit elle-même toutes les émotions de sa vie. J'aime ce simple journal de Louise de Savoie y car nulle impression de femme y de mère y ne lui échappe dans la solitude de son château de Cognac en Angoumois. En cette douce retraite naquit, le 12 septembre 1494, François, l'héritier du comte, jeune prince tout de race méridionale, et que Louise de Savoie, dans sa fierté de mère, appelle son Roi, son seigneur, son César et son fils : François, par la grâce de Dieu, roi de France, et mon César pacifique, print la première expérience de lumière mondaine à Congnac, environ dix heures après midi 1494, le douzième jour de septembre. Le jour de la conversion de saint Paul, 25 de janvier 1501, environ deux heures après midi, mon roi, mon seigneur, mon César et mon fils, auprès d'Amboise fut emporté au travers des champs par une hacquenée que lui avoit donnée le maréchal de 6yé, et fut le danger si grand, que ceux qui estoient présents l'estimèrent irréparable. Toutefois Dieu, protecteur des femmes veufves et deffenseur des orphelins, prévoyant les choses futures, ne me voulut abandonner, cognoissant que si cas fortuit m'eust si soudainement privée de mon amour, j'eusse été trop infortunée. Le 24 d'octobre 1602, le petit chien Hapeguai, qui estoit de bon amour, et loyal à son maistre, mourut à Blevé. L'an 1507, le 22 may, au Plessis à Tours, deux heures après midi, fut confirmé le mariage par parolle de présent entre mon fils et madame Claude, à présent reine de France. Le jour de la Transfiguration, 6 d'aoust 1508 y à un dimanche entre sept et huit heures après souper, en un jardin à Fontevaux, mon fils eut sur le front un coup de pierre fort dangereux. Le jeudi, 14 décembre 1508, à minuit ou environ, mon fils fut griesvement malade ; mais il fut tantost guary.... Le 22e jour de juin 1511, mon fils fut pris d'une fièvre tierce, et le 27 il arriva à Romans au Dauphiné, et là eut le quart accès de ladite fièvre tierce, qui le print le 28e jour, environ onze heures incontinent après disné. Le 5e jour de juillet 1511, mon fils pensant estre guary de fiebvre tierce, partit de Romans à trois heures avant midy, et chemina jusqu'à Valence. Le 24 de juillet 1511, à douze heures trente minutes, mon fils eut le quint accès de fiebvre récidive, car, à Valence il recheut en la fiebvre tierce, de laquelle il croyoit estre guary quand il partit de Romans.... Le mercredi 11 janvier 1514, je partis de Congnac pour aller à Angoulesme, et aller coucher à Jarnac, et mon fils, démonstrant l'amour qu'il avoit à moy, voulut aller à pied, et me tint bonne compagnie... Le 29 de novembre 1514, mon fils, courant en lice, aux Tournelles, fut blessé entre les deux premières joinctes du petit doigt, environ quatre heures après midi[3]. L'amour de Louise de Savoie pour son fils, ce fanatisme de mère explique la confiance que le roi ne manqua jamais d'accorder à la régente si tendre, si aimante depuis le berceau de son noble François.

L'enfance du duc d'Angoulême sous madame Louise de Savoie se passa au château d'Amboise, manoir antique et de prédilection pour Louis XII ; il y menait vie de gentilhomme avec passe-temps ; et lorsque Fleuranges[4], le jeune adventureux, vint vivre en ce castel, il trouva M. d'Angoulesme et de jeunes gentilshommes passant le temps à tirer l'arc, et l'adventureux aime à nous dire[5] comment lui et le jeune sire jouoient à Tescaigne, qui est un jeu venu d'Italie, de quoi on n'use point es pays de par de ça, et se joue avec Une balle pleine de vent qui est assez grosse ; et l'escaigne qu'on tient dans la main est faict le devant en manière d'une petite escabelle, dont les deux petits pieds sont pleins de plomb, afin qu'elle soit plus pesante et qu'elle donne plus grand coup ; comment M. d'Angoulesme et le jeune adventureux et tout plain de jeunes gentilshommes passoient le temps à tirer l'arc, vous asseurant que c'étoit l'un des plus gentils archers et des plus forts que l'on a point veu de son temps ; comment ledict sieur d'Angoulesme et le jeune adventureux laschoient des pants de rets et toute manière de harnois pour prendre les cerfs et les bêtes sauvages ; comment ils tiroient de la serpentine avec les petites flèches après un blanc en une porte pour veoir qui tireroit le plus près ; comment mon dict sieur d'Angoulesme et Montmorency jouoient à la grosse boule contre le jeune adventureux et Brion ; comment ils faisoient des bastillons avec d'autres jeunes gentilshommes, et les assailloient tous armés pour les prendre et défendre à coups d'épée, et entre autres il y en eust un auprès du jeu de paulme à Amboise, là où M. de Vendosme, qui estoit venu veoir M. d'Angoulesme cuida estre affolé et tout plain d'autres ; comment après que mon dict sieur d'Angoulesme et le jeune adventureux, et autres jeunes gentilshommes devinrent un peu plus grands, commencèrent eulx armer, et faire joustes et tournois de toutes les sortes qu'on se pouvoit adviser, et ne feust qu'à jouster au vent, à la selle dessainglée ou la nappe, et croy que jamais prince n'eust plus de passe-temps qu'avoit mon dict sieur ; et estre mieux endoctriné, que madame sa mère l'a tousjours nourry.

C'était le temps de la chevalerie p de la noble éducation des varlets ; le maréchal de Gyé[6] le premier gouverneur du jeune comte d'Angoulême, le voyait avec joie déployer la force et la souplesse de ses membres ; les déduits d'amour, de chasse et de chevalerie ne disaient-ils pas que c'était la première qualité des fils de race ? On lui faisait lire de belles histoires : la Branche aux royaux lignages, les romans de Roland et d'Olivier, de l'Amadis des Gaules ; et le jeune comte d'Angoulême y puisait un caractère intrépide et fort. A six ans une haquenée, que le maréchal de Gyé lui avait donnée, l'emporta, le mors aux dents, à travers les campagnes, près le château d'Amboise ; et tout le monde crut le jeune prince perdu ; mais Dieu, dit la noble Louise de Savoie, ne me voulut abandonner, cognoissant que si cas fortuit m'eût si soudainement privée de mon amour, j'eusse été trop infortunée. Le précepteur de François fut un digne gentilhomme poitevin du nom d'Artus de Gouffier-Boisy[7] ; savant en toutes choses et beau diseur ; il possédait la langue latine comme un érudit d'université ; et ce fut pour exprimer tout ce qu'avait de bouillant le caractère de son élève, qu'il dessina ce symbole qu'on trouve çà et là dans les monuments de François Ier, une salamandre au milieu des flammes avec cette devise : Je me nourris et je meurs dans le feu[8]. Toute la vie alors se symbolisait, on aimait à prendre des devises, des blasons significatifs qui disaient un sentiment, une légende, sorte de langue symbolique comme en Orient. Gouffier de Boisy eut le bon esprit de ne pas faire d'un prince seulement un savant, un érudit ; brave chevalier lui-même, il lui donna ce goût, cet instinct de bataille, et, pardessus tout, une curiosité qui allait au-devant de tout ce qui était ardent et neuf.

Il se faisait alors par toute l'Europe une sorte de révolution dans les sciences et dans les arts ; si le moyen âge vivait encore dans les mœurs chevaleresques ou dans les habitudes de castel, la société se transformait évidemment. Ces changements n'arrivent pas tout d'un coup, ils se préparent de loin, et l'enfance de François Ier fut tout enveloppée de ces symptômes. A la naïve instruction du XIVe siècle, aux déduits et enseignements de chevalerie, succédait le pédantisme des érudits ; le droit romain pénétrait partout avec les Pandectes ; l'université devenait aussi puissante que la chevalerie, le parlement que la noblesse. Dans les arts, la forme romaine allait dominer ; les armées avaient tant de fois franchi les Alpes et salué l'Italie, qu'elles en avaient rapporté les goûts et les enseignements latins ; la rénovation s'attachait à tout. François, comte d'Angoulême, reçut dès l'enfance ces impressions vives des choses neuves et saillantes ; la vieille société ne plaisait plus à cet enfant que par les hauts faits des ancêtres ; sa curiosité l'emportait vers l'avenir indéfini. Puis avec cela il s'élançait bon jouteur dans les tournois, et, à douze ans à peine, il était le plus noble cavalier avec ses jeunes compagnons de jeux et de prouesses ; sa taille élancée, sa figure ouverte et généreuse, ses traits fortement marqués de grandeur et de majesté souveraine le distinguaient même de Montmorency, de Brion, de Fleuranges, ses pages de jeux et d'enfance.

Louis XII avait appelé auprès de lui la comtesse d'Angoulême et son fils ; tristement uni à Jeanne de France, il lavait répudiée pour placer sur le trône Anne de Bretagne, la digne veuve de Charles VIII ; cette princesse que pour la vie descripre il fauldroit que Dieu fit ressusciter Cicéron pour le latin, et maistre Jean de Meung pour le françois. Anne de Bretagne était ainsi devenue véritable reine de France de fait et de droit, car le débonnaire Louis XII disait : Il faut souffrir beaucoup d'une femme quand elle aime son honneur et son mari[9].

La comtesse d'Angoulême, aussi altière qu'Anne de Bretagne, comme elle d'illustre maison, supportait avec douleur cette supériorité de la reine. Si la jalousie de pouvoir entre deux hommes est un sentiment vif, ardent, il devient implacable au cœur des femmes : Anne de Bretagne et Louise de Savoie se détestèrent profondément et la cour en fut agitée. De son mariage avec Louis XII Anne avait eu deux, filles ; l'aînée, madame Claude, devait hériter du beau duché de Bretagne, et quel noble mariage pour le comte d'Angoulême ! Anne, fidèle à sa haine inflexible, négocia le mariage de madame Claude avec Charles de Luxembourg, depuis Charles-Quint ; mais Louis XII reprit assez de courage pour s'y opposer fermement ; il manifesta même toujours une vive amitié pour l'héritier des comtes d'Angoulême. Ce jeune homme et Gaston de Foix, duc de Nemours, devinrent les objets de prédilection au cœur du roi qui avait perdu des fils aussi beaux que ces deux nobles enfants ; et quand la mort vint séparer Louis XII de cette Anne de Bretagne qu'il chérissait si ardemment, et, lorsque Gaston de Foix lui-même, le foudre de l'Italie[10], lui fut ravi, dans sa lointaine campagne 9 alors concentrant sa tendresse sur le jeune comte d'Angoulême, il lui destina sa fille adorée ; madame Claude de France, qui apporta au duc François la belle province de Bretagne[11]. Ainsi le deuil fut un peu suspendu au château de Saint-Germain-en-Laye le 18 mai 1514 ; François, alors à dix-huit ans, offrait toutes les conditions d'un parfait chevalier ; sa taille était haute et puissante, une indicible grâce environnait sa personne ; possesseur du duché de Valois, du comté d'Angoulême, il obtenait, par le chef de sa femme, la Bretagne, les comtés d'Ast, de Blois, d'Étampes, de Vertus, Coucy et Montfort-l'Amaury, et par-dessus tout l'éventualité de la couronne de France.

Sur toutes ces grandeurs et ces particularités de la vie de son fils bien-aimé, il faut encore laisser parler madame Louise de Savoie : Le 3 d'août 1508, du temps du roi Louis XII, mon fils partit d'Amboise pour être homme de cour et me laissa toute seule... Les fiançailles de M. d'Alençon et de ma fille Marguerite furent faictes es mains du cardinal de Nantes à Blois, le jour de Saint-Denis, le 9 d'octobre, à 6 heures 15 minutes après-midy 1509.... Le 1er de février 1510, mon fils fît son entrée à La Rochelle environ 5 heures après-midy.... Le 7e jour de septembre 1512, mon fils passa à Amboise pour aller en Guienne contre les Espagnols, et estoit lieutenant-général du roy Louis XII.... Le 16e jour de juillet 1513, mon fils, comme subjet du roy Louis XII, partit de Paris pour aller en Picardie contre les Anglois... Le 14 d'octobre 1513, en venant de vespres de Saint-Léger de Gongnac, je entrai en mon parc, et près du dédalus, la poste m'apporta nouvelles fort bonnes du camp de mon fils, lieutenant du roy Louis XII en la guerre de Picardie, sçavoir est que le roi des Romains s'en estoit allé de Tournai, et que le roy d'Angleterre s'affoiblissoit de jour en jour... Le 18e jour de may, à Saint-Germain-en-Laye, l'an 1514, furent les nopces de mon fils. A seize ans, le noble chevalier avait reçu le baptême des armes ; les grandes guerres de Louis XII, ces ligues qui soulevaient l'Europe entière contre le roi de France, lui en fournirent l'occasion. Tandis que Gaston mourait en Italie, François, duc de Valois, dirigeait l'armée de Navarre marchant pour soutenir Jean d'Albret contre les Espagnols, et en face de lui, il eut alors dom Pèdre de Tolède, le père de celui qui devait devenir le premier et le plus grand capitaine du monde, le duc d'Albe. François finissait à peine cette campagne sur les Pyrénées, que le roi l'appela dans la Picardie alors envahie. La chevalerie de France, toujours si imprudente et si intrépide, avait perdu à la journée de Guinegaste vingt boisseaux d'éperons d'or et d'argent ; Maximilien et le roi d'Angleterre s'avançaient en bataille pressée sur Paris, et le duc de Valois fut désigné pour arrêter la terrible invasion.

Les forces de France n'étaient pas suffisantes pour lutter contre la ligue ; il fallut donc faire une petite guerre de position, et François, duc de Valois, dut se porter sur la Somme pour couvrir la Picardie ; situation purement défensive se liant à des négociations commencées à Londres par le duc de Longueville, alors captif et prisonnier. On savait les Anglais mécontents des Allemands, auxquels ils fournissaient de lourds subsides dans un vague dessein. Henri VIH n'était pas un homme de guerre ; de gracieuses maîtresses l'enivraient bien autre, ment que les baisers de la gloire ; on proposa le mariage de Marie d'Angleterre avec Louis XII veuf et âgé de cinquante-deux ans ; il fut conclu[12]. Des fêtes éclatantes signalèrent la paix et l'union des deux couronnes ; l'amour presque public de la nouvelle reine pour le duc de Suffolk ne fut point un obstacle à une union toute politique. Temps curieux que cette dernière partie du règne de Louis XII ! Le roi regrettait en sanglotant sa chère Anne de Bretagne, et Marie manifestait l'amour le plus effréné pour le duc de Suffolk que ce railleur de Henri VIII avait mis auprès de sa sœur comme l'amant auprès de l'époux. Le mariage à peine consommé, Louis XII mourut désignant François, duc de Valois, pour son héritier ; la loi successorale l'y appelait d'ailleurs de plein droit, comme le légitime rejeton des cadets dans le lignage d'Orléans.

La loi de France était qu'il ne pouvait y avoir d'intervalle entre les règnes, et selon le vieil adage du droit coutumier, le mort saisissait le vif. Toutefois, par un scrupule de conscience, François Ier s'adressa directement à la jeune épouse de Louis XII, la requérant de lui dire si elle avait dans son sein fruit du roi, et Madame lui répondit : non, qu'elle n'en portoit nul de monseigneur défunt. Mais il était bien à craindre qu'ardemment éprise du duc de Suffolk, la reine ne donnât un fils, et qu'ainsi la lignée de France ne fût livrée à un bâtard. Ce fut alors que François Ier vint droit au duc, l'invitant, au nom de l'honneur, de ne point s'unir secrètement avec la reine, tant au moins qu'il serait en France ; Suffolk donna sa parole de gentilhomme. Prenez garde ; si vous y manquez, vous serez à ma disposition comme criminel de haute majesté. L'amour l'emporta sur la crainte dans l'esprit du noble duc, et il fut prouvé que la parole de gentilhomme avait été méconnue. Alors François Ier résolut de renvoyer la reine Marie en Angleterre ; et bien que tenté un moment de faire un procès criminel au duc, il considéra qu'amour ne se commandait pas, et qu'ensuite s'il faisait procès au favori d'Henri VIII, c'était se brouiller avec l'Angleterre[13].

L'avènement de François Ier est du 1er janvier 1515, le roi n'avait pas vingt ans encore, et il apportait sous la couronne, le caractère d'un gentilhomme noble et puissant. Selon le vieil usage de la monarchie, il confirma dans leur office toutes les charges de parlement et de cour[14]. Rien n'était alors inamovible ; chancelier, connétable, officiers des cours souveraines, tous cessaient l'exercice de leurs fonctions quand le roi descendait aux sombres caveaux de Saint-Denis, comme si moralement tous ces officiers, fidèles compagnons, s'ensevelissaient avec lui dans la tombe. Quelques jours après son avènement, François, salué par tous ses sujets, se mit en marche pour Reims, la cathédrale du sacre[15] ; la froidure était noire, mais le roi avait hâte d'exercer l'autorité souveraine, et d'après la coutume, elle ne venait complète aux rois que par le sacre. Il désigna pour chancelier Antoine Duprat, premier président du parlement de Paris[16]. Le chancelier était le chef des clercs et de justice, et depuis que les parlements et les gens de justice exerçaient un grand crédit, cette dignité devait être exaltée. Le chancelier maître des sceaux pouvait faire ses remontrances au roi, et par là opposer des limites à l'autorité souveraine. Antoine Duprat, fin et rusé, l'homme de confiance, le dépositaire de tous les secrets de Louise de Savoie, était Auvergnat d'origine[17] ; d'abord avocat à Paris, il s'était fort distingué par l'étude et la parole ; protégé par le roi Louis XI, qui se connaissait en gens de valeur, il fut nommé lieutenant général du bailliage de Montferrand, puis maître des requêtes et président à mortier, enfin premier président au parlement de Paris. Dans les dernières années de Louis XII, l'ami et le conseil de Louise de Savoie, il l'avait aidée pour assurer la couronne à son fils ; quand François Ier devint roi, il ne fit qu'acquitter une promesse. Etienne Pencher, vieux légiste, dut remettre les sceaux à Duprat, désormais le conseiller le plus intime de la couronne. Il déclara en son serment comme tout chancelier que lorsqu'on lui apporteroit lettres de la part du roi à sceller, s'il ne les trouvoit pas justes, il les refuseroit et viendroit trouver ledit seigneur pour lui faire remontrances ; et si le roi persistoit, alors le péché tomheroit sur lui. Simple formule, car rarement lé chancelier s'opposait à la volonté royale ! Les secrétaires d'État furent encore des hommes d'intimité du roi ; son gouverneur Gouffier de Boisy[18] et Florimond Robertet pour les relations à l'extérieur et les finances, les deux postes essentiels dans le nouveau règne.

La guerre ! la guerre ! n'était-elle pas toute la préoccupation d'un roi si brave ? Il fallait donner un chef à la gendarmerie, un souverain d'armes aux dignes compagnons des chevaliers, et le roi choisit le duc de Bourbon y désigné connétable[19] ; caractère impétueux, mais incontestablement le plus brave des capitaines et le plus digne de les mener au combat. François Ier confirma les trois maréchaux de Louis XII : Trivulce, d'origine moitié italienne et française, blason mélangé des deux races ; Lautrec[20] et d'Aubigny, prud'hommes au fait des armes. François Ier fit un maréchal de son propre chef, et son choix tomba sur la Palice-Chabannes[21], deux noms qui se mêlaient glorieusement dans les armées et sur le blason, caria Palice, un des capitaines les plus habiles dans les armées, avait brillé même à côté de Bayard. Quant au gouvernement politique, il restait aux mains de Louise de Savoie, la mère de François Ier, non-seulement par un noble et saint respect filial, mais encore par ce que le roi devait à sa tendresse. Femme habile et pénétrante, n'avait-elle pas préparé l'avènement de son fils ? Comment avait-elle traversé l'époque si difficile du règne de Louis XII, quand la reine Anne de Bretagne avait voulu arracher la succession au comte d'Angoulême ? Rien n'était comparable à la prudence de Louise de Savoie et à l'amour vif et profond qu'elle portait au roi. A côté de ce caractère impétueux de François Ier, il fallait comme tempérament une tète réfléchie pour empêcher les entraînements de la colère et des vives passions.

Un des premiers actes de François Ier fut d'ériger le comté d'Angoulême en duché au profit de cette mère chérie. Ensuite, comme joyeux avènement selon l'usage, il fit un maître en chaque métier ; le nombre de ces maîtres était limité, et les corporations fort sévères sur ce point. Le roi céda ce privilège lucratif à Charles, duc d'Alençon, et à Marguerite d'Angoulême sa femme, comme un don d'écus au soleil d'or : était-il marchand qui ne désirât entrer en corporation et passer maître ? Quelques jours après, le roi faisait un statut sur le service des gens d'armes et prévôts des maréchaux de France. Sur l'avis du connétable, des capitaines et autres bons personnages de son royaume, le roi ordonnait que lesdites compagnies seraient désormais fournies d'hommes et archers logés en villes closes. Chaque gens d'armes devait avoir huit suivants, savoir : deux archers, quatre hommes d'armes et deux arquebusiers ; il n'y avait plus coffres et bagages que pour les capitaines et porte-enseignes. Nul gens d'armes ne pourra pressurer le pauvre peuple ; tous porteront leurs vivres et subsistances ; quatre fois l'an ils seront payés en bons écus de la couronne, et cela doit leur suffire. Quand on délogera de garnison, le capitaine le fera crier par trompe, et s'il y a dettes envers les habitants, on les prendra par escrit, et elles seront payées à la prochaine monstre. Nul gens d'armes ne pourra avoir page qui n'ait moins de dix-sept ans, et ceux-ci devront savoir tirer l'arc ; dure discipline sera faite contre archers de mauvaise vie ou pillards. En chaque compagnie de cent lances il y aura quarante archers. Les capitaines régleront les vivres, et il sera payé pour un mouton 5 sous tournois, en rendant les peaux et pieds ; pour un chapon bien gras, 10 deniers ; pour le foin de chaque cheval, 4 deniers, et ils auront un mouton pour huit hommes. En marche, les gens d'armes devront faire quatre lieues ; ils n'auront pas de femmes à eux propres ; celles qui voudront les suivre ne pourront jamais aller à cheval, mais à pied. Quant à ladite ordonnance, messeigneurs les maréchaux jureront de la faire bien et dûment exécuter.

Cet édit fut suivi des lettres patentes conçues en termes touchants qui exaltaient noblement la reine mère[22]. Désirant singulièrement montrer notre attention à notre très chère et très amée dame et mère, la duchesse d'Angoulême et d'Anjou ; considérant que, pendant que sommes demeurés sous sa garde, gouvernement et administration, elle nous a si très soigneusement et chèrement fait nourrir y et après fait instruire de tout son pouvoir, en toutes bonnes et vertueuses mœurs, et à cette cause pour la raison et notre honneur et devoir sommes bien tenus lui départir et élargir des biens et honneurs de notre royaume ; et de notre propre mouvement, grâce spéciale, puissance et autorité royale, octroyé et octroyons, voulons et nous plaît par ces présentes, que à sa première et nouvelle venue et entrée qu'elle fera en toutes les villes et cités de notre royaume, comté de Provence et pays de Dauphiné, elle puisse délivrer et faire délivrer hors des prisons desdits lieux tous prisonniers criminels détenus ez dites prisons, pour quelque cas de crime qu ils aient commis, et à iceux bailler et faire expédier les grâces, rémissions, pardons et abolitions desdits cas, crimes et délits qu'ils confesseront, lesquelles grâces, rémissions et pardons, nous avons dès maintenant pour lors autorisés et autorisons et voulons être d'un tel effet, que si par nous ils étoient donnés ; et aussi qu'elle puisse en toutes et chacunes les cités et villes jurées de notre royaume, pays et seigneuries, créer de chacun métier juré un maître, tout ainsi que faisons à notre nouvel avènement. Par ces lettres, Louise de Savoie est donc élevée à toute la grandeur et la puissance royales. Puis le roi donne des provisions à un légat en France[23]. Il était de coutume, dans les vieilles annales, que nul envoyé des papes ne pouvait franchir les frontières sans charte du roi. A peine François Ier vient-il d'élever Charles de Bourbon à la dignité de connétable, qu'il lui accorde la charge de gouverneur de Paris et de l'Île-de-France[24]. Le roi sait sa puissance militaire, son crédit sur les armées, et il veut le retenir auprès de la couronne en le proclamant son plus ferme appui.

A tous les avènements, il y a un besoin de réformes et de réparations d'abus ; il faut bien populariser un nouveau règne ; le roi veut donc qu'il y ait en tous sièges royaux enquesteurs pour examiner les griefs et doléances du pauvre peuple[25]. Voici des privilèges et libertés pour le Dauphiné, réuni depuis un siècle à la couronne[26] ; privilèges aussi pour les chirurgiens de Paris ; abolition du droit d'aubaine en faveur des Suisses résidant en France[27]. On doit caresser ces bons compères et confédérés, car les ligues sont mécontentes. Les ménestriers et joueurs d'instruments ne sont pas oubliés dans ces munificences ; leurs privilèges viennent d'aussi loin qu'une charte de saint Louis, et les joueurs de vièles, maîtres de singes, n'étaient-ils pas exempts de tous péages, même sur le Pont-au-Change, pourvu qu'ils fissent faire grimaces à leurs singes et rire avec grosses saillies la figure des bourgeois ? La roi, qui vient d'organiser les compagnies des gens d'armes, règle maintenant l'organisation municipale des cités. Il était notoire que, sous le roi Louis XII, les villes, cités et forteresses, étaient très-mal et petitement réparées ; à l'effet de les restaurer, le roi crée un contrôleur municipal ; son traitement sera de six deniers pour livre, en proportion de la recette avec la perception centrale[28]. Rien donc n'échappe à la vigilance royale de cet avènement et à l'activité du chancelier Duprat ; des privilèges sont accordés aux ouvriers de draps d'or, d'argent et de soie[29] ; aux lingères de Paris[30] ; l'Université voit ses privilèges consacrés[31], et les bourgeois obtiennent la confirmation de leurs franchises[32]. Ainsi il y a rénovation de tous les privilèges ; la royauté se rajeunit et te retrempe dans le sentiment populaire.

François Ier n'était qu'un collatéral fort éloigné de cette maison de Valois éteinte au milieu des guerres civiles, et autour de lui se groupaient encore des vieux rejetons des tiges royales. Comme tous ces princes vont maintenant s'agiter dans un long règne, il faut les suivre et en étudier les lignages et tiges dans ce bel arbre verdoyant. Voyez-vous, sur les vieilles gravures de la bataille de Marignan, ce noble jeune homme qui fait voler mille étincelles des armes de l'ennemi ? c'est Charles d'Alençon, issu d'une brave race ; sa source de noblesse est René, duc d'Alençon et du Perche, fils aîné de Jean II, descendant de Charles de Valois, frère du roi de France Philippe VI. François Ier le dote du gouvernement de Normandie, car il avait épousé sa sœur, la noble Marguerite d'Angoulême[33]. La lignée des Bourbons, éloignée d'un degré en deçà du comte d'Alençon, se liait au trône par Robert, comte de Clermont en Beauvoisis, le sixième fils de saint Louis ; elle prit le nom de Bourbon par la femme de Robert, Béatrix de Bourgogne, héritière de Bourbon-l’Archambault, et ce nom de Bourbon lui fut érigé en fief héréditaire, à titre de duché-pairie, par lettres patentes de Charles le Bel[34]. Nul ne le portait en plein sur le blason ; elle écartelait de Montpensier, de Vendôme et de Carency. Ce digne connétable au bras fort, celui que François Ier, élevait à son côté, était l’aîné delà branche de Montpensier, et par conséquent de la race entière de Bourbon[35]. Ai-je besoin de dire que le connétable avait toutes les passions ardentes d'un capitaine de gens d'armes ; aimé de Louise de Savoie, il voulait gouverner avec elle ; il n'avait qu'un seul frère, aimable et bon jeune homme, créé duc de Châtellerault[36] et appelé à juger parmi les pairs du royaume. Il y a en France des noms glorieux comme une tradition de victoire : qui ne se sent ému au souvenir du comte de Vendôme[37], et du comte de Saint-Pol, deux vieux symboles de vaillance, deux frères encore dans la branche du royal lignage de Bourbon ! Carde cette race, dit Brantôme, il n'y en a point de poltrons ; ils sont tous braves et vaillants. François de Bourbon, comte de Saint-Pol[38], était le noble favori de François Ier. Ce caractère plaisait au roi. Imprudent à l'excès, meilleur homme d'armes que général d'expérience, il n'était à l'aise qu'au milieu d'un carré de lances épaisses. Tel était aussi Bertrand de Bourbon-Carency, glorieux et brave jeune homme qui devait tomber aux éclats de la victoire de Marignan.

Honneur encore à deux vieilles familles ! pauvreté n'éteint pas noblesse ! Qu'étiez-vous alors, nobles comtes de Dreux, enfants issus pourtant, par vos ancêtres, de Louis le Gros[39] ? vous travailliez la terre, si bien qu'on pût vous prendre, un peu plus tard, pour gens de roture et vilains. Fleurdelisez fièrement votre écusson, vous en avez le droit ; et vous, brave Courtenay[40], simple enseigne de gens d'armes, vous dont l'ancêtre Louis le Gros allait à Saint-Denis quérir l'oriflamme ! Souvent ainsi disparaissent les grandes races, et le temps les moissonne de sa faux inflexible.

Bâtard ne fut jamais un mauvais titre en chevalerie pour qui le portait haut ; le blason seul le relevait, et beaucoup savaient bien effacer la barre delà pointe de leur épée. Dites-moi tous, nobles de légitime lignée, valiez-vous ce brave bâtard Dunois, qui sema une telle semence de générosité en sa race qu'elle s'en est toujours ressentie. Longueville, vous fûtes un bien beau nom aux gens d'armes de France. Accourez tous maintenant, vieux capitaines ; il vous faut la guerre, n'est-ce pas ? vous vous appelez, vous Chabannes, vous Bayard, vous la Trémoille, vous Trivulce, vous d'Imbercourt, et vous, dignes émules de la maison de Foix, Bonnivet, Montmorency, Brion, Créqui, de Guise ! Lorsqu'on avait de tels chefs d'armes, une belle armée et vingt ans ; vous vouliez que, roi de France, on ne se précipitât pas, çà et là, où vous appelaient la gloire et les conquêtes !

 

 

 



[1] La tradition veut que la maison à l'antique tourelle existe encore au coin de la Vieille rue du Temple ; Dieu fasse qu'on ne la détruise pas pour percer de grandes et froides rues.

[2] Louise de Savoie, née au Pont-d'Ain, le 11 septembre 1476, épousa en 1488, Charles d'Angoulême, qui mourut le 1er janvier 1496 ; elle avait alors 20 ans.

[3] Cet admirable journal de Louise de Savoie se trouve dans l'Histoire généalogique de la maison royale de Savoie, par Guichenon, aux preuves ; il a été imprimé aussi dans les Mémoires de Du Bellay, tome VI, publiés par l'abbé Lambert, Paris, 1753.

[4] Robert de la Marck, seigneur de Fleuranges, né à Sedan vers 1490, fils de Robert II de la Marck, seigneur de Sedan et de Bouillon, surnommé le Sanglier des Ardennes, avait à peine neuf ans lorsqu'il vint à la cour de Louis XII.

[5] Voyez Histoire des choses mémorables advenues du reigne de Louis XII et de François Ier, depuis l'an 1499 jusques en l'an 1521, mise par escript par Robert de la Marck, seigneur de Fleuranges et de Sedan, mareschal de France. Ces Mémoires ont été publiés pour la première fois par l'abbé Lambert, Paris, 1753, in-12°.

[6] Pierre, vicomte de Rohan, connu sous le nom de maréchal de Gyé, né vers 1450, était fils de Louis de Rohan et de Marie de Montauban ; il fut fait maréchal en 1475 et servit dans toutes les guerres de Louis XI, de Charles VIII et de Louis XII.

[7] Artus de Gouffier-Boisy, fils du sénéchal de Saintonge, fut enfant d'honneur de Charles VIII, qu'il accompagna à la conquête du royaume de Naples.

[8] Nutrisco et extinguo. Dans la collection des médailles de la Bibliothèque du Roi, on en trouve une de François Ier, qui représente une salamandre couronnée au milieu des flammes, avec cette légende : Extinguo, nutrior.

[9] On voit Louis XII et Anne de Bretagne, l’un et l'autre couchés sur la tombe à Saint-Denis ; le même sépulcre les réunit : ce monument remarquable est l'œuvre de Jehan Juste.

[10] Gaston de Foix, né en 1489, était fils de Jean de Foix et de Marie d'Orléans, sœur de Louis XII, qui érigea pour lui, en 1505, le comté de Nemours en duché-pairie. Il venait de remplacer le duc de Longueville dans le commandement de l'armée d'Italie, lorsqu'il fut tué à la bataille de Ravenne, le 14 avril 1543.

[11] Claude de France, née à Romorantin, en 1499, n'avait que sept ans lorsqu'elle fut fiancée à François de Valois ; le mariage s'accomplit à Saint-Germain-en-Laye, le 18 mai 1514.

[12] La paix fut signée le 14 septembre 1414, et le mariage de Louis XII avec Marie se fit à Abbeville, le 9 octobre suivant.

[13] Voyez pour tous ces détails le journal Chronique du jeune adventureux, Fleuranges, Cy devise que fist la royne Marie de France après la mort du roy son mary.

[14] Registres du parlement de Paris, cot. K, f° 4.

[15] François Ier fut sacré à Reims le 25 janvier ; il y eut à son entrée à Paris des tournois et des joutes splendides dans la rue Saint-Antoine.

[16] 7 janvier 1514-15. Chambre des comptes, cot. Z, f° 19.

[17] Duprat était né à Issoire, le 17 janvier 1463.

[18] François Ier lui donne aussi la charge de grand maître de France (7 janvier 1514-15). En voici les lettres patentes. (Bib. du roi, mss. de Béthune, n° 8485, fol. 77.)

François, par la grâce de Dieu, roy de France, à tous ceux que ces présentes lettres verront salât. Sçavoir faisons que nous ayans regard et considérations aux bons grands louables vertueux et recommandables services, que notre amé cousin conseiller et chambellan, le sieur de Boisy, nous a par cy-devant dès longtemps fait auparavant notre advènement à la couronne près et à l'entour de notre personne, en la conduite de tous nos principaux affaires, voulant iceux recognoistre envers lui et l'eslever en état honorable, ainsi que ses vertus le méritent, audit sieur de Boisy pour ces causes, confians en sa prudommie, expérience, loyauté, conduite et grande dilligence, avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes. Testât et office de grand-maistre de France, avoir tenir et dorénavant exercer par ledit sieur de Boisy.

[19] 12 janvier 1515. Chambre des comptes, cot. Z, f° 70. Charles, duc de Bourbon, né le 17 février 1490, était fils de Gilbert, comte de Montpensier, et de Claire de Gonzague.

[20] Odet de Fois, connu sous le nom de Lautrec, était cousin de Gaston de Foix, duc de Nemours, tué à Ravenne.

[21] Jacques II de Chabannes, seigneur de la Palice, était grand maître de France, dignité que François Ier lui retira en le nommant maréchal, pour la donner à Gouffier de Boisy.

[22] Données à Compiègne, le 4 février 1514-15, enregistrées le 12 mars au parlement de Paris, vol. K, f° 11.

[23] Registres du parlement de Paris, vol. K, f° 24.

[24] Registres du parlement de Paris, vol. K, f° 5.

[25] Fontanon, p. 445, tome Ier.

[26] Registres de la chambre des comptes de Grenoble.

[27] Chambre des comptes, cot. Z, f° 248.

[28] Regist. du parl., vol. K, f° 54.

[29] Chambre des comptes, cot. Z, f° 54.

[30] Ier vol. des ordonnances de Henri II, cot. P, f° 352.

[31] Fontanon, t. IV, p. 423.

[32] Fontanon, t. II, p. 1180.

[33] Charles IV, duc d’Alençon, n'avait que vingt ans lorsqu'il épousa, en 1509, Marguerite d'Angoulême, âgée de dix-sept ans.

[34] Données au Louvre, en décembre 1327 (V. St.).

[35] Charles devint duc de Bourbon et chef de cette maison, par son mariage, conclu le 10 mai 1505, avec Suzanne fille de Pierre II, mort sans enfant mâle.

[36] Il fut tué à la bataille de Marignan.

[37] Charles de Bourbon, premier duc de Vendôme, né en 1489, succéda au comte François son père, en 1496. François Ier, après son avènement, érigea le comté de Vendôme en duché-pairie par lettres patentes du mois de février 1515.

[38] François de Bourbon, frère du duc de Vendôme, né en 1491, prit le titre de comte de Saint-Pol, après la mort de son père, en 1495.

[39] Robert de France, cinquième fils du roi Louis VI, fut apanage par Louis VII, son frère, à son avènement en 1437, du comté de Dreux.

[40] Pierre de France, seigneur de Courtenay, était le septième fils du roi Louis VI. Son fils, Pierre II de Courtenay, devint empereur d'Orient en 1216, du chef d'Yolande de Hainaut, sa femme, sœur de Baudoin Ier et de Henri Ier. Cette famille se divise par la suite en trois branches, celle de France, celle d'Édesse, celle d'Angleterre. La dernière seule a survécu. Voyez au reste De stirpe et origine domus de Courtenay, Paris, 1607.