DE LA POLICE ET DE LA VOIRIE À ROME SOUS LA RÉPUBLIQUE

 

PAUL BOUTET - Docteur en Droit

PARIS - 1896

 

 

INTRODUCTION HISTORIQUE

§ 1. - L’édilité plébéienne — § 2. - L’édilité curule — § 3. - Rang et insignes des édiles curules — § 4. - Comparaison des deux édilités et leur situation respective — § 5. - Les appariteurs des édiles — § 6. - Le Conseil des édiles — § 7. - Nomination et entrée en charge des édiles

PREMIÈRE PARTIE — LA VOIRIE

CHAPITRE PREMIER — RUES ET PLACES - ÉDIFICES - CONSTRUCTIONS NOUVELLES

§ 1. - Division du territoire entre les édiles. - Étendue territoriale de leur compétence — § 2. Entretien de la rue, chaussée et trottoirs — § 3. - Entretien des édifices — § 4. - Constructions nouvelles

CHAPITRE II — AQUEDUCS ET ÉGOUTS

§ 1. - Aqueducs. - Construction et fonctionnement — § 2. - Égouts

DEUXIÈME PARTIE — LA POLICE

CHAPITRE PREMIER — POLICE DE LA RUE

§ 1. - Circulation des voitures — § 2. - Surveillance des rues. - Nettoyage. - Hygiène. - Sécurité. - Mesures contre l’incendie

CHAPITRE II

§ 1. - Police des mœurs — § 2. - Police des Cultes — § 3. - Surveillance des funérailles

CHAPITRE III — SURVEILLANCE DU COMMERCE PUBLIC

§ 1. Vérification des poids et mesures — § 2. Surveillance des marchés — § 3. - Édit des édiles curules

CHAPITRE IV

§ 1. Police de sûreté générale — § 2. - Police judiciaire

CHAPITRE V — L’APPROVISIONNEMENT

CHAPITRE VI — SURVEILLANCE DES JEUX

APPENDICE I — LE MARIAGE À ROME

APPENDICE II — LE TRIOMPHE

 

Le trait saillant des mœurs de Rome fut l’expansion de la vie publique et privée dans ses rues et ses places. Le climat y était favorable, la Constitution politique, la religion, la justice, exigeaient de fréquentes assemblées du peuple. Les cérémonies, les spectacles, qui se donnaient à ciel ouvert, réunissaient la ville entière.

Chez les riches citoyens les obligations de la clientèle, la brigue des honneurs tenaient sans cesse la porte des maisons ouverte à cette foule dont le flot débordait chaque matin et à qui Virgile préférait la paix et la simplicité, des champs

Si non ingentem foribus domus alta superbis

Glane salutantum totis vomit ædibus undam...

At secura quies et nescia fallere vita.

C’est à la rue des passants que la coutume d’abord, la loi ensuite les contraignait de prendre leur repas[1].

Il est donc nécessaire pour l’étude des institutions urbaines d’entrer dans Ies détails de la vie journalière ; les auteurs littéraires, poètes et comiques, nous en fournirons plus d’un trait, et le fond nous sera donné par les historiens, les jurisconsultes, les moralistes et les grammairiens. A les lire on se pénètre du sentiment que Tite-Live dit qu’il éprouve à écrire l’histoire des temps anciens : Animus fit antiquus, dit-il, dans un mouvement que nous ne saurions rendre ; et par une manière de justification â l’égard de l’opinion de son époque où les vieilles coutumes étaient dédaignées et raillées, il ajoute qu’il aurait scrupule de passer sous silence comme indignes d’être rapportées les résolutions prises pour le bien public par les hommes les plus sages[2].

 

 

 



[1] Valère Maxime, II, 3-5. Maximis viris praudere et cœnare in propatulo verecundia non erat, nec sane ullas epulas habebant quas populi oculis subjicere erubescerent. — Macrobe, Saturnales, II, 13 : imperari cœpit ut patentibus januis pransitaretur et cœnitaretur, sic oculis civium testibus factis, luxuriæ modus fieret. — Ce que nous disons à propos de cette loi somptuaire ne doit s’entendre que pour une époque qui ne va même pas jusqu’à la fin de la république très probablement.

[2] Tite-Live, XLIII, 15 : Non sum nescius ab eadem negligentia qua nihil deos portendere vulgo nunc credant, neque nuntiari admodum alla prodigia in publicum, neque in annales referri. Ceterum et mihi vetustas res scribenti, nescio quo pacto, antiquus fit animus ; et religio quædam tenet quæ illi prudentissimi viri publice suscipienda censuerint, ea pro indiguis habere quæ in meos annales referam.