HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

TOME DIXIÈME

LIVRE ONZIÈME

 

CHAPITRE DEUXIÈME. — AGONIE ET MORT DE L’ARMÉE CATHOLIQUE

 

 

Émigration militante des Vendéens. — La Rochejaquelein général en chef. — Westermann les attaque à Laval ; il est repoussé. — La faction des Mayençais. — Kléber âme du parti frondeur. — Défaite d’Entrames. — Ses véritables causes. — Accusations injustes dirigées contre l’Échelle. — Il est consolé et approuvé par le Comité de salut public ; il se retire à Nantes et y meurt de chagrin. — Dissolution du corps des Mayençais. — Mort de Lescure. — Madame de la Rochejaquelein fait passer son cheval sur les corps des républicains égorgés. — Les Anglais appellent les Vendéens à Granville. — Étrange message envoyé au prince de Talmont. — Les Vendéens sont repoussés de Granville. — Découragement des soldats vendéens ; ils ns croient plus ni à leurs chefs ni à leurs prêtres ; marche rétrograde vers la Loire. — Rossignol nommé au commandement en chef des deux armées réunies de l’Ouest et de Brest. — Son autorité minée par la faction militaire des Mayençais. — Politique profonde du Comité de salut public dans le choix des généraux. — Revers dus à des mésintelligences d’état-major. — Double désastre à Dol, né du défaut d’ensemble dans les mouvements et du défaut d'harmonie dans les vues. — Cruautés commises à Fougères ; trait d’humanité. — Courage de Rossignol, sa modestie magnanime. — Mort remarquable de Prieur. — Marceau élevé au commandement intérimaire de l’armée de l’Ouest. — Les Vendéens marchent sur Angers ; siège de cette ville ; les Vendéens sont repoussés. — Maîtres du Mans, ils en sont chassés : horrible carnage. — L’armée vendéenne, errante et décimée, arrive à Ancenis. — Impossibilité pour elle de repasser la Loire. — La Rochejaquelein et Stofflet la traversent seuls dans une barque, et se trouvent pour jamais séparés des leurs. — Le prince de Talmont quitte l'armée vendéenne. — Déplorable situation de cette armée, sa démoralisation. — Elle est anéantie à Savenay. — Conclusion philosophique.

 

Pendant que Paris voyait se dresser le spectre de la Terreur, la Révolution se montrait partout, l’épée à la main, et partout elle écrasait ses ennemis.

La grande armée catholique, rejetée violemment sur la rive droite de la Loire, était vaincue, elle fuyait, mais on la voulait anéantie. Qu’importait en effet que la Vendée apparut fumante de sang, jonchée de cadavres, livrée aux flammes[1], si la guerre civile n’abandonnait le haut Poitou que pour aller remplir de ses fureurs le Maine, la Bretagne, la Normandie, et si dans le Marais, si du côté de Challans, de Machecoult, de la Roche-sur- Yon et des Sables, Charette continuait à tuer, au nom de Dieu et du roi ?

D’ailleurs, tous les vaincus de Chollet n’avaient point passé le fleuve. La rive gauche gardait ceux d’entre eux que consumait l’amour du sol natal, inextinguible passion du Poitevin[2]. Les têtes de l’hydre, à peine coupées, menaçaient de renaître.

Suivons, d'abord, l’émigration militante des Vendéens jusqu’au jour qui en dévora les débris.

Avant la bataille de Chollet, le prince de Talmont et d’Autichamp avaient été chargés de courir, avec quatre mille Bretons et Angevins, surprendre Varades sur la rive droite de la Loire, afin qu’on put, sans être inquiété, passer le fleuve, en cas de défaite[3]. Le poste de Varades, malgré la faiblesse de la garnison, n’était pas, selon Kléber, impossible à défendre ; mais nul ordre n’avait été donné par le général en chef, nulle précaution prise : on avait même négligé de faire descendre sur Nantes les bateaux de la rive droite qui pouvaient servir à transporter des troupes fugitives[4]. Varades fut emporté, et c’est ce qui permit aux Vendéens, battus à Chollet, d’effectuer le célèbre passage dont nous avons déjà tracé le tableau[5]. Il eut lieu, à Varades, le 18 octobre, et, le 19, un corps de l’armée de Lyrot ayant pris possession d’Ancenis, un gué fut assure à l’artillerie vendéenne[6]. Ce fut seulement dans la nuit du 19 au 20 que Choudieu sut, par des espions envoyés à la découverte, qu’une colonne de brigands traversait le fleuve devant Ancenis. Il en informe aussitôt le général Beaupuy, qui, à la pointe du jour, lance de ce côté un parti de cavalerie. Merlin (de Thionville), toujours avide de combats, part, à la tête d’un second détachement, pour soutenir le premier. On s’empara de onze pièces de canon ; mais, si les soldats de l’armée de Brest qui défendaient Varades et Ancenis eussent fait résistance, l’armée catholique était noyée dans la Loire[7].

Pendant ce temps, il se tenait à Beaupréau, où se trouvait réunie l’armée des républicains, victorieuse, un conseil de guerre dont la décision fut que l’avant-garde harcellerait l’ennemi, soit en passant la Loire à Saint- Florent, soit en se portant sur Angers par la rive gauche, dans le cas où cette ville serait menacée. Quant au corps d’armée, fallait-il le faire marcher sur Nantes, alors sans défense, ou bien se mettre à la poursuite des fugitifs avec l’armée tout entière ? Celle dernière opinion était celle du général en chef, l’Echelle ; mais la majorité du conseil opina que le passage de la Loire présenterait des difficultés, entraînerait des lenteurs, et que, dans l’intervalle, Nantes et Angers risquaient de tomber au pouvoir des brigands : l'Échelle céda.

En conséquence, le 19 octobre, le corps d’armée partit pour Nantes, où il arriva le 20, et qu’il quitta, le lendemain même, sur deux colonnes, dont l’une fut dirigée vers Rennes, l’autre, aux ordres de l’Echelle, sur Ancenis[8]. On ne savait pas bien encore quelle direction les Vendéens avaient prise ; mais on ne tarda pas à être informé qu’ils marchaient sur Condé, Château-Gontier et Laval.

Leur nombre ne s’élevait pas à moins de soixante mille[9] combattants, dont trente mille armés[10], sans compter un cortège innombrable et désordonné de femmes, d’enfants, de vieillards, de prêtres, de moines, de religieuses[11]. Ils avaient de douze à quinze cents chevaux, six cents voitures[12], vingt-deux caissons pleins, trente pièces de canon[13], et une grande quantité de balles ; car, de l’aveu d’un des leurs[14], ils ne s’étaient pas contentés, pour avoir du plomb, de faire découvrir les châteaux, dépouillant sans scrupule jusqu’aux églises, et ne se croyant en cela coupables ni de vandalisme ni d’impiété.

Arrivés sur la rive droite de la Loire, leur premier soin avait été de se donner un chef. D’Elbée, blessé, avait été transporté à Noirmoutiers ; Bonchamps était mort ; Lescure était mourant. Ce fut la Rochejaquelein qui, malgré son extrême jeunesse, fixa les suffrages. Il était moins l’homme du conseil que l’homme de la bataille ; il le sentait, et n’accepta qu’en pleurant[15]. Mais à des soldats découragés il fallait un chef plein d’audace ; et, quoique la Rochejaquelein, depuis le combat de Martigné, portât toujours le bras droit en écharpe[16], nul n’était plus propre que lui à pousser les siens droit au péril.

Lamentable et tragique fut cette marche des paysans vendéens, que chaque pas éloignait des tombeaux de leurs pères et de leurs chers villages. Une partie des gens armés, traînant après eux quelques canons, formait l’avant-garde. Puis venaient, sans aucun ordre et remplissant tout le chemin, les bagages, les prêtres, les blessés, les femmes portant leurs enfants, un tumultueux pêle-mêle d’hommes moitié pèlerins, moitié soldats[17]. La confusion était immense, irréparable. Souvent, écrit madame de la Rochejaquelein, traversant cette foule la nuit à cheval, j’ai été obligée, pour me frayer un passage, de nager en quelque sorte entre les baïonnettes, les écartant de chaque main, et ne pouvant me faire entendre pour prier que l’on me fil place[18]. À l'arrière-garde, dans un vieux fauteuil surmonté de cerceaux que recouvraient des draps bien ou mal ajustes, on portail Lescure, à qui sa plaie arrachait, de loin en loin, des gémissements douloureux[19].

Un trait donnera une idée de l’insuffisance des vivres. Nous arrivâmes lard à Château-Gontier, raconte madame de la Rochejaquelein. En route, j’avais donné mon pain à des blessés ; dans tout le jour, jusqu’à minuit, je n’avais mangé que deux pommes. Bien des fois, pendant ce voyage, j’ai souffert de la faim[20].

De Château-Gontier, qu’on avait trouvé sans défense, on se rendit à Laval, qui n’était pas en état de résister davantage[21]. Là, vinrent se joindre aux Vendéens, en criant : Vive le roi ! et en agitant un mouchoir blanc au bout d’un bâton, beaucoup de paysans bretons, sortis de diverses paroisses, et dont le rassemblement fut désigné sous le nom de Petite-Vendée. On les distinguait à leurs longs cheveux et à leurs vêtements, la plupart de peaux de chèvre garnies de leur poil[22].

L’armée catholique, qui avait grand besoin de repos, comptait passer quelque temps à Laval. Mais, dès le soir du second jour, le bruit se répandit que les Mayençais arrivaient.

Et en effet, des deux colonnes parties de Nantes le 21 octobre, la première, commandée par Westermann et Beaupuy, atteignait Château-Gontier le 24. De faux rapports annonçant que les Vendéens évacuaient Laval[23], l’impétueux Westermann veut attaquer sur-le-champ. Beaupuy est d’une opinion contraire. Il y avait six lieues à faire, et l’on ne pouvait arriver à Laval qu’au milieu de la nuit : était-il prudent de conduire au combat des soldats harassés ? Westermann insista. Il avait le commandement par ancienneté : l’ordre d’aller en avant est donné aux troupes[24] ; il faut obéir. Malheureusement, il arriva que le capitaine Hauteville, envoyé pour faire une simple reconnaissance, fit une charge. Les Vendéens, avertis par leurs premiers postes, qui se replient, sortent de Laval et marchent à la rencontre de Westermann. Le choc fut terrible. La nuit était si noire, que les Vendéens prenaient des cartouches dans les caissons des bleus, et ceux-ci dans les caissons des Vendéens[25]. Keller, chef des Allemands au service de la Vendée, venait de donner la main à un républicain pour l’aider à sortir d’un fossé : soudain, à la lueur du canon, il reconnaît l’uniforme, et tue l'homme[26]. Cette mêlée nocturne ayant tourné à l’avantage des Vendéens, les républicains reculèrent, mais en bon ordre, sans avoir perdu ni canons ni caissons[27]. Le lendemain, le corps d’armée était à Château-Gontier, et l’on s’y préparait à reprendre l’offensive.

Le pays qui séparait les républicains de l’ennemi se présentait borné, à leur gauche, par la rivière la Mayenne, et coupé de ravins, de ruisseaux, de bois fourré ; de sorte que, s’il en faut croire un rapport ultérieur de l’Echelle, le terrain n offrait de débouché militairement praticable que par la grande roule, très-belle du reste et très-spacieuse[28].

Selon le récit de Kléber, au contraire, la position des Vendéens pouvait être assaillie de divers côtés, si l’on portait une partie de l’armée sur l’autre rive de la Mayenne ; et l’Échelle aurait dû, après avoir laissé aux troupes le temps de se reposer, attaquer sur tous les points à la fois, au lieu de faire filer vingt mille hommes sur une colonne pour forcer un poste accessible par plusieurs grandes routes, et cela sans tenter ni diversion ni fausse attaque. Ainsi pensaient les généraux mayençais, et Savary, qui connaissait Laval[29].

Mais elle existait toujours, et plus envenimée que jamais, au sein de l’armée républicaine, cette lutte que nous avons précédemment décrite : la lutte qui avait mis aux prises Canclaux et Rossignol, Choudieu et Philippeaux, le parti de Nantes et le parti de Saumur, l’esprit purement militaire et l’esprit démocratique.

Kléber était sans nul doute un homme éminent et un grand capitaine. Mais en lui le soldat dominait tout. Intérieurement, il se tenait pour offensé du pouvoir que le Comité de salut public prétendait exercer sur les gens d’épée. L’exécution de Custine, en faveur duquel il témoigna, lui avait laissé une irritation profonde. Ce qu’il avait vu dans ce coup de hache frappé sur un général, c’était l’humiliation de l’armée, c’était l’affirmation sanglante d'une suprématie devant laquelle il frémissait d’avoir à s’incliner. Peu propre, d’ailleurs, à mesurer la portée des élans révolutionnaires ; il suffisait, pour qu’il les condamnât, que la symétrie de ses calculs militaires en fût dérangée. Esprit naturellement frondeur, on juge quel fonds d’aigreur se vint ajouter à ces motifs d’hostilité, lorsqu’on lui préféra des hommes dont le principal mérite était un dévouement passionné à la Révolution[30]. Ainsi s’explique celle opposition sous les armes dont il fut l’âme, et dans laquelle Marceau, quoique soumis à l’ascendant de son amitié, ne le suivit que d’un pas timide. Nous avons assisté à la naissance de celle opposition, qui eut dans l'armée de Mayence son point d’appui et son foyer : les conséquences ne devaient pas se faire attendre. Quiconque, parmi les officiers, refusa de passer sous les drapeaux de cette opposition, fut traité d’incapable, et, à la grande joie des royalistes, attaqué sourdement comme sans-culotte ; témoin les généraux Canuel et Muller que poursuivent toutes sortes d’accusations injustes[31].

Quoique l’Échelle ne fût pas un nouveau venu sur les champs de bataille, quoiqu’il eût quatorze ans de service comme soldat et comme officier[32], les meneurs mayençais ne lui pouvaient pardonner d appartenir au parti dont le but avoué était de soumettre au pouvoir civil la puissance de l’épée. Leur orgueil blessé se révoltait contre le crédit que lui valait auprès du Comité de salut public son patriotisme exalté, et, de même qu’ils avaient frémi de voir Rossignol opposé à Canclaux, de même ils frémissaient de voir que l’Échelle, à eux inconnu, l’eût emporté sur Aubert Dubayet[33]. Ces dispositions, propagées parmi les soldats qui leur obéissaient directement, avaient eu d’autant moins de peine à se répandre, qu’elles cadraient a merveille avec le sentiment de rivalité qui animait les soldats de Mayence contre le reste des troupes. On en aura bientôt la preuve.

De son côté, furieux de la guerre sourde qui l’enveloppait, l’Échelle y cherchait volontiers des symptômes de trahison[34] ; et plus d’une fois, lui qui traitait familièrement les soldats venus de Niort, d’Orléans et de Luçon, il affecta d’apostropher les Mayençais d’une manière mortifiante et dure[35].

Souvent mieux que toutes les raisons stratégiques, ces faiblesses du cœur humain expliquent le sort des batailles !

Celle qui se livra sur la route qui mène de Château-Gontier à Laval commença vers onze heures du matin. L’avant-garde républicaine, commandée par Beaupuy, était soutenue par la division de Kléber. Venait ensuite la division de Chalbos. L’avant-garde, composée de quatre mille hommes d’élite, s’empare d’abord d’une hauteur qui dominait la position de l’ennemi[36], et le combat ne tarde pas à s’engager vivement. L’Échelle fait avancer à pas pressés les troupes, dont la tête n’était distante que d’un quart de lieue, et ordonne qu’on se déploie à droite et à gauche de la route[37]. Dans cet état de choses, les républicains avaient l’avantage de la position, puisqu’ils occupaient les crêtes du terrain, et que l’ennemi ne pouvait avancer, sans être foudroyé en flanc et de front[38]. Aussi les Vendéens réunirent-ils leurs efforts contre la batterie placée sur la hauteur dont l’avant-garde républicaine s’était emparée. Cette batterie fut prise et sur-le-champ retournée contre les républicains. Elle était jugée si importante, que la Rochejaquelein, Royrand et d’Autichamp s’y tinrent presque continuellement avec Beaugé, poussant les pièces en face des républicains qui reculaient, et faisant marcher à coups de fouet, tant le feu était vif, les conducteurs épouvantés[39].

Selon le récit de madame de la Rochejaquelein, le succès aurait été dû à la ténacité et au courage de cette attaque[40].

Selon le récit de Kléber, la déroute se serait mise, sans que l’auteur explique comment, non dans sa division qui se battait, mais dans celle de Chalbos, qui ne se battait pas, et comme le soldat a toujours un œil dans le dos, la fuite de la seconde division aurait entraîné celle de la première[41].

De ces deux versions, peu conciliables, il faut avouer que la version vendéenne est la seule qui présente une explication naturelle ou, même, compréhensible. Comment, en effet, la déroute put-elle se mettre dans la division de Chalbos, qui ne se battait pas ? Et d’où vient que ces guerriers de Mayence, si braves, si accoutumés au feu, si pleins du sentiment de leur supériorité miliaire, lâchèrent pied aussitôt que, derrière eux, des troupes qu’ils affectaient de mépriser se débandèrent ? C’est ce qui aurait mérité de recevoir une plus satisfaisante explication que celle-ci : le soldai a toujours un œil dans le dos ; et, si l’affaire s’est passée comme Kléber la décrit, on conçoit que l’Échelle ait été amené à voir dans sa défaite le fruit de cet esprit de désorganisation qui, suivant lui, travaillait l’armée[42] ; d’autant qu’au plus fort de la déroute il entendit pousser le cri, étrange en pareille circonstance, de Vive Dubayet ![43]

Maintenant, qu’il ait donné lui-même l'exemple de la fuite, Kléber le dit, et les historiens royalistes l’ont répété en chœur, heureux d’une aussi belle occasion de décrier les choix du Comité de salut public. Le mal est que Kléber a fourni dans son propre récit, sans y prendre garde, la réfutation de ce fait si terriblement accusateur. Car il raconte qu’en se retirant à Château-Gontier l’Échelle s’écriait : Qu’ai-je donc fait pour commander à de pareils lâches ? à quoi un soldai mayençais, blessé, aurait répondu : Qu’avons-nous fait pour être commandés par un pareil J... F... ? Or la réponse du soldat mayençais, soit qu’elle lui ait été arrachée par une apostrophe injurieuse, soit que des préventions ultérieures et dont on a déjà la clef l’aient dictée, ne change rien à la signification de ce cri de reproche, d'indignation et de désespoir : Qu’ai-je donc fait pour commander à de pareils lâches ? Est-ce là le cri d’un homme qui s’enfuit à la tête de son armée et donne à tous l’exemple de la lâcheté ? N’est-ce pas plutôt l’exclamation désolée d’un général luttant en vain contre le torrent de la défaite, qui l’enveloppe et l’emporte ? A qui persuader que l’Échelle, fuyant à bride abattue, eût osé crier à ceux qui n’auraient fait que Limiter et le suivre : Vous êtes des lâches ! Il écrivait quelques jours après, au ministre de la guerre, dans une lettre empreinte de la tristesse qui le conduisit au tombeau : Je m’estimerais le plus heureux des républicains si j’avais le talent de faire battre des soldats malgré eux, et soufflés sans doute par des désorganisateurs et des envieux, qui existent encore dans cette armée, puisqu’au plus fort de la déroule on entendait les cris de vive Dubayet ![44]

Ce qui est certain, c’est que le désordre était tel, que rien ne fut capable de l’arrêter. Merlin (de Thionville) et Turreau y firent d’incroyables et inutiles efforts. Bloss, le brave des braves, avait reçu l’ordre de se porter à Villiers et sortait de Château-Gontier pour s’y rendre : les fuyards arrivent, et Bloss lui-même avec ses grenadiers est entraîné par le torrent au delà de la ville[45]. Si vive fut la poursuite, que les républicains avaient à peine passé le pont de Château-Gontier, que déjà l’ennemi était dans la ville, tirant des coups de fusil par les fenêtres. Tout à coup se présente pour défendre le pont, avec cinq °u six chasseurs qui l’accompagnent, un homme sans chapeau et la tête ceinte d’un mouchoir imbibé de sang. C’est l’héroïque Bloss, qui a reçu un coup de feu, mais qui veut combattre encore, parce qu’il veut mourir. Savary court à lui : Viens, et tâchons de rétablir quelque ordre dans la retraite. Lui : Non, il n’est pas permis de survivre à la honte d’une pareille journée. Il fait quelques pas sur le pontet tombe mort[46]. Plus loin, on transportait dans une cabane, à peu de distance de Château-Gontier, Beaupuy, dont le corps avait été traversé d’une balle. Qu’on me laisse ici, dit-il, et qu’on porte ma chemise sanglante à mes grenadiers[47]. Il fut conduit à Angers. De la hauteur qui dominait la route, l’ennemi ne cessait de tirer à boulets et à mitraille. La nuit était très-obscure ; une effroyable confusion régnait Parmi les fuyards, qui ne s’arrêtèrent que là où ils n’entendirent- plus le canon[48].

A la suite de ce désastre d’Entrames, qui ne fut point dû aux mauvaises dispositions de l’Échelle, s il est vrai, comme cela résulte du récit de Kléber, qu’il fut causé par une inconcevable panique, l’armée républicaine prit, au-delà du Lion d'Angers, une position avantageuse, couverte par la rivière d’Oudon. Mais on avait perdu dix-neuf pièces de canon, autant de caissons, plusieurs chariots d’eau-de-vie et de pain ; plus de mille hommes de la division de Kléber étaient restés sur le carreau, et le soldat était nu, sans souliers, livré à un découragement amer[49].

Les ennemis du général en chef n’épargnèrent rien pour le rendre responsable de tout, aux yeux du soldat ; et Westermann, toujours insubordonné, toujours jaloux de ses supérieurs, toujours prêt à verser sur leur conduite le mépris à pleines mains et à se rendre l’écho des accusations lancées contre eux[50] ; Westermann s’en allait disant bien haut qu’il n’obéirait plus à un lâche[51]. L’Echelle écrivit au ministre, en parlant des généraux qui avaient succombé : Ils sont morts pour la République ; qui ne porterait envie à leur destin ?... S’il m’était possible de vous peindre tous mes chagrins, vous verriez combien ils doivent être cuisants[52]... L’inexorable Comité de salut public, si prompt à sacrifier les généraux qu’il croyait coupables, n’hésita pas à répondre à l’Échelle par l’organe du ministre : Nous avons toujours la même confiance en vous[53]. Mais sa santé était profondément atteinte, et il sentait bien qu’une partie de l’armée lui échappait : il obtint des représentants l’autorisation de céder pour quelque temps le commandement au général divisionnaire Chalbos, le plus ancien de l’armée[54], et il se rendit à Nantes, où il mourut, non point comme Philippeaux le prétendit, du poison qu’il prit pour échapper au supplice, mais, comme Choudieu l’assura, du chagrin de se voir imputer les revers de la République[55].

Ce fut à l’occasion de ces événements que le Comité de salut public ordonna l’amalgame du corps des Mayençais avec les autres corps : mesure très-sage et au su jet de laquelle Kléber fait cet aveu, aussi important que loyal : La mesure était utile, sous le rapport de la jalousie et de la haine qui s’introduisaient dans les différentes divisions[56].

Tandis que l’armée républicaine reculait jusqu’à Angers, où la retint quelque temps le manque presque absolu de souliers[57], l’armée catholique, ayant la route libre devant elle, hésitait sur la direction à prendre. Le prince de Talmont aurait voulu qu’on marchât sur Paris, à quoi la Rochejaquelein objectait l’impossibilité d’une pareille marche, quand on avait à traîner après soi tant de femmes, d’enfants et de blessés[58]. On aurait dû chercher à pénétrer dans la basse Bretagne, très-fanatiquement royaliste, et où l’on aurait eu, pour recevoir les Anglais, une grande étendue de côtes et beaucoup de havres. Mais l’opinion générale était qu’il eût fallu, dans ce cas, s’emparer de Rennes ; or on croyait cette ville sur un pied de formidable défense, ce qui n’était pas, puisque le nombre des forces disponibles n’y dépassait point cinq mille hommes[59], assez mal organisés et formant, sous les ordres de Rossignol, ce qu’on appelait l’armée de Brest. Quelques-uns parlèrent de pénétrer en Normandie et d’aller assiéger Granville[60]. De la prise de Granville dépendait le succès de l’expédition de lord Moira, chargé de porter secours aux royalistes en passant par Jersey, et qui était à la veille de mettre à la voile, des ports de l’Angleterre[61]. Le débat fut d’autant plus vif, qu’il fournissait un aliment aux jalousies et aux cabales qui divisaient les chefs royalistes[62]. Enfin, l’on prit le parti de se rendre à Fougères, d’où l’on pouvait également se porter à Rennes ou vers la côte[63].

Ce fut entre Ernée et Fougères que Lescure expira. Près de la voilure où il agonisait, madame de la Rochejaquelein s’avançait à cheval, et fit une partie de la route sans savoir que la voilure escortée par elle ne contenait plus que le cadavre de son mari[64]. C’est elle-même qui a écrit : J’avouerai que ce jour-là, trouvant sur la route les corps de plusieurs républicains, une sorte de rage secrète et involontaire me faisait, sans rien dire, pousser mon cheval de manière à fouler aux pieds ceux qui avaient tué M. de Lescure[65]. — Du côte des républicains aussi il y avait des veuves !

Madame de la Rochejaquelein raconte avec de grands détails ce qui se passa pendant le séjour de l’armée catholique à Fougères : qu’on y composa le conseil de guerre de vingt-cinq personnes ; que Donissan y fut comme gouverneur des pays conquis ; qu'on y fit une nouvelle distribution des grades ; qu’on y désigna, comme marque distinctive des officiers admis au conseil, une ceinture blanche avec un nœud de couleur propre à indiquer la différence des grades : un nœud noir pour la Rochejaquelein, un nœud rouge pour Stofflet, etc.[66] ; mais ce que madame de la Rochejaquelein oublie de raconter, c’est que, à Fougères, les Vendéens se conduisirent avec une barbarie capable de leur faire conserver le nom de brigands jusque dans les siècles les plus reculés. Car telles sont littéralement les expressions dont se sert un témoin oculaire et irrécusable : l’officier du génie Obenheim, un des leurs[67].

Où aller en quittant Fougères ? à Rennes ou à Granville ? Les chefs hésitaient ; une circonstance les décida. Deux émigrés, déguisés en paysans, arrivèrent d’Angleterre, portant des dépêches cachées dans un bâton creux. Ces dépêches consistaient dans une lettre encourageante du monarque anglais et dans une missive où Dundas, son ministre, annonçait des secours, et comme point de réunion nommait Granville. Ce qu’il y a de curieux, c’est que Dundas, tout en offrant l’aide de l’Angleterre aux Vendéens, leur demandait : Quelle est votre opinion politique ? quel est votre but ?[68] Si l’Angleterre ignorait le but des Vendéens, son but, à elle, en appuyant, la rébellion, ne pouvait donc être que de pousser de plus en plus la France à se déchirer de ses propres mains ! De sorte qu’accepter cet ignominieux appui, c’était commettre le crime de lèse-patrie. Les Vendéens reculèrent-ils devant une semblable extrémité ? Non : il ne leur vint même pas à l'idée que l’alliance avec l’étranger, au milieu de tant de périls qui enveloppaient la France, fût un crime. Une seule chose les préoccupa : devaient-ils compter sur la bonne foi, du moins sur l’activité de l’Angleterre à les servir ? Le langage des deux émigrés porteurs des dépêches donnait des doutes à cet égard, et l’on douta bien plus encore, lorsqu’en cassant le bâton creux dont ils étaient munis on y trouva une lettre d’un des principaux émigrés bretons, lequel recommandait la défiance[69]... Mais la position de l’armée catholique était bien grave ; et puis la tentation était forte d’obtenir, à l’aide des Anglais, un port où l’on pût déposer l’encombrante multitude des femmes, des enfants, des blessés : le siège de Granville fut résolu. La ville prise, un drapeau blanc, bissé entre deux drapeaux noirs, devait avertie les Anglais[70].

Le 20 brumaire (10 novembre), les Vendéens entraient à Dol, sans résistance, et le surlendemain ils gagnaient Avranches, qu’ils quittèrent pour marcher sur Granville, en laissant derrière eux, avec une forte garde, les bouches inutiles et les bagages[71].

On était à la veille de l’attaque, lorsque, vers dix heures du soir, deux marins se présentent, demandant à parler au prince de Talmont. Introduits, ils lui remettent une lettre écrite par une personne qui lui était chère, et, nomme preuve de la réalité du message, un bijou de prix. H était supplié de se confier aux deux marins qui, ayant une barque prête, avaient charge de le transporter à Jersey et de l’y mettre en sûreté. Il s’y refusa noblement[72]...., alors.

A la nouvelle de l’approche des Vendéens, une partie de la garnison de Granville avait été envoyée sur la route en observation. Elle rencontre les Vendéens, qui la repoussent, la poursuivent, et la refoulent dans la ville, dont ils occupent les faubourgs. Ils n’avaient pas une hache, pas une fascine, pas une échelle, pas un pétard ; mais, ne trouvant devant eux que des palissades, ils auraient pu en avoir raison : ils se bornèrent à engager une fusillade inutile et perdirent beaucoup de monde, les assiégés répondant à des coups de fusil par des coups de canon. La nuit venue, quatre cents Vendéens environ restèrent dans le faubourg, où ils s’enivrèrent. Le reste s’éparpilla, pour chercher des vivres, du feu et un gîte. Le lendemain, les assiégeants placent quelques pièces de campagne sur les hauteurs environnantes, et préparent une attaque hardie le long d’une plage que la marée laissait découverte. Deux petits bâtiments, arrivés de Saint- Malo, couvrirent ce point de leur feu et firent avorter la tentative. D’un autre côté, on espérait que les Anglais, qui, de Jersey, pouvaient entendre le canon, enverraient quelques secours ; mais non. Tout-à-coup, par ordre du représentant Lecarpentier, le feu est mis au faubourg, et cela d’un élan si téméraire, qu’on craignit un instant de voir la flamme portée sur la ville même par le vent, qui s’était élevé tout à coup et sou filait avec violence. Se maintenir dans le faubourg devenait impossible : ceux des Vendéens qui l’occupaient en sortent à pas pressés. Alors, sans consulter les chefs, chacun reprend la route d’Avranches. Ce fut un étrange spectacle que celui de tous ces hommes épars courant à travers champs pour regagner la même route. En un moment, elle se trouva couverte de près de vingt mille fuyards ; et c’est à peine si, pour le siège, les chefs avaient pu réunir autour d’eux mille combattants. Un trajet de six lieues fut fait en moins de quatre heures. Les républicains de Granville, qui avaient perdu environ cent cinquante des leurs et avaient tué au moins quinze cents hommes à l’ennemi, ramassèrent sur la route qu’il avait suivie une ceinture de général et une ceinture d’évêque, toutes les deux teintes de sang[73].

De nouveau réunis à Avranches, quelle direction allaient prendre les Vendéens ? La Rochejaquelein essaye de les entraîner en Normandie. Suivi de Stofflet et des plus braves, il pousse droit à Villedieu et s’en empare, malgré la résistance très-courageuse et très-vive des habitants, dont, il livre les maisons au pillage[74]. Mais il est rappelé presque aussitôt à Avranches par une sédition qui se déclare dans l’armée. Les soldats refusaient d’aller plus avant, ils voulaient qu’on les ramenât vers la Loire, ils redemandaient leur pays.

Là, du moins, ils avaient tout en abondance. J’ai vu, racontait l’officier vendéen Langrenière aux républicains, lorsqu’il passa de leur côté, j’ai vu cinquante métayers venir à la fois supplier les chefs de prendre leurs bœufs, dont les moindres étaient de cent pistoles et douze cents francs. Il s’en est vendu plus de deux cents paires sur le Pied de quinze et seize cents francs. Il n’est rien que le paysan n’eût donné contre des bons payables à la paix, tant il y avait dans les cœurs d’enthousiasme et de confiance ! Blés, vins, eau-de-vie, fourrages, arrivaient de toutes parts. J’ai connaissance que, pour les bœufs seulement, il a été payé plus de quinze cent mille livres remboursables à la paix. J’ai vu des métayers pleurer, Parce qu’on n’acceptait pas leurs bœufs, dont on n’avait pas besoin[75]. En Vendée, d’ailleurs, les Vendéens n’avaient pas sous les yeux le navrant tableau de leurs enfants et de leurs femmes misérablement traînés le long fie roules inconnues hantées parla mort. Ils combattaient avec la pensée toujours présente de s’en aller revoir, la bataille finie, leurs champs, leurs villages, leurs clochers.

Aujourd’hui, quelle différence ! Le pillage même ne nourrissait pas cette multitude errante. Elle affamait tout sur son passage et restait affamée. Des vêtements en lambeaux. Pas de chaussures. Les moins intrépides ou ceux qui avaient les pieds en sang, s’attardaient, et par là ralentissaient la marche des autres. Les cavaliers étaient si mal équipés, qu’on les appelait dérisoirement marchands de cerises[76]. Le malheur avait amené la défiance. L’idée s’étant répandue parmi les soldats que les chefs ne cherchaient plus qu’un port de mer pour s’enfuir et abandonner l’armée à son sort, comment aurait-on obéi de bon cœur ? Le prince de Talmont ne jouissait d’aucun crédit. Le seul qui eût une autorité réelle, c’était, non pas un des généraux-gentilshommes, mais le garde-chasse Stofflet. Pour qu'on se décidât à courir à l’ennemi, il fallait que la Rochejaquelein donnât l’exemple et que Stofflet s’avançât en tête de l’infanterie, avec les drapeaux[77]. Donissan, le père de madame de la Rochejaquelein, ne jouait pas de rôle. Seulement, comme il était fort riche, c’était lui qui, de son propre argent, soldait le corps des étrangers, suisses ou allemands, que commandait Keller, corps indiscipliné, quoique très-brave[78]. Quant au conseil supérieur, il était universellement décrié. À Fougères, un bref du pape, adressé aux généraux, et qu’on soupçonna l’abbé Dernier d’avoir provoqué sous main, par jalousie[79], était venu leur dénoncer le faux évêque d’Agra comme un imposteur sacrilège, et faire craindre qu’un secret si important à garder ne s’éventât. Mais quoi ! la disposition des esprits était déjà changée à ce point, que les dévots paysans de la Vendée commençaient à murmurer même contre les prêtres, trouvant mauvais qu’ils s’ingérassent dans le gouvernement de l’armée, au lieu de se mêler de leur état ![80]

Il ne fut donc pas au pouvoir des chefs d’empêcher l’armée catholique de rebrousser chemin, et elle reprit la route de Pontorson, semblable désormais, selon l’expression d’Obenheim à un sanglier blessé qui n’a plus qu’à froisser, avant de périr, les chasseurs amenés sur son passage[81].

Nous avons laissé les troupes républicaines se réorganisant à Angers. Chalbos étant tombé malade, et le commandement en chef des deux armées de l'Ouest et de Brest ayant été conféré à Rossignol, qui était alors à Bennes, ce fut dans cette dernière ville que, le 24 brumaire (14 novembre), les deux armées opérèrent leur jonction. Elles formaient ensemble vingt mille hommes. Depuis longtemps Rossignol était, de la part de la faction aristocratique et militaire en Vendée, l’objet de dédains calculés, que ne purent désarmer ni sa modestie, ni son courage, ni cette rare générosité de caractère dont il donna de si frappantes preuves[82]. On se plaisait à rappeler qu’il avait été garçon orfèvre à Niort ; on nommait le maître chez lequel il avait travaillé, et les compagnons qu’il avait eus dans son apprentissage[83] ; on suivait enfin contre lui le même système qui venait de réussir contre l’Échelle. C’est ce qu’on trouve constaté dans une lettre où l’adjudant général Rouyer se plaint du mauvais esprit qui règne parmi les Mayençais et du mépris qu’on cherche à leur inculquer pour les généraux sans-culottes[84].

Que Rossignol ne fût pas un grand capitaine, sans doute ; et il en convenait le premier avec beaucoup de franchise et de noblesse. Mais on reconnaîtra que cela n’était pas absolument nécessaire, si l’on réfléchit que c’était, après tout, sur les instructions envoyées par le Comité de salut public que se réglèrent, au nord de la Loire, la plupart de ces opérations militaires dont les détracteurs de la Révolution se sont étudiés à rapporter le mérite exclusif aux généraux mayençais[85]. Il y a plus : ce fut de la part du Comité un trait de politique profonde d’écarter du commandement suprême des armées, à l’intérieur, des hommes en qui le soldat dominait le citoyen et dont le génie militaire eût pu, servi par la victoire, devenir fatal à la liberté. Décidés à vaincre, mais au profil de la Révolution seule, ce que les chefs jacobins voulaient à la tête d’une armée employée au cœur de la France, c'était un général que n’eût point envahi l’esprit des camps, qui n’eût pas assez de génie pour concevoir de dangereux desseins, et qui, bien conseillé, eût à la fois assez de bon sens, de modestie et de patriotisme pour suivre les bons conseils. Cette politique était une vraie politique d’hommes d’État, et elle ne pouvait rencontrer un meilleur instrument que Rossignol[86]. Elle conduisit au succès en définitive, et ce succès aurait coûté moins cher, si ceux qu’on subordonnait à Rossignol et qui se jugeaient supérieurs à lui se fussent élevés à tout le désintéressement de leur rôle.

La nouvelle de l’attaque sur Granville parvint à Rennes le 26 brumaire (16 novembre). Aussitôt il est décidé que les deux armées de l’Ouest et de Brest, réunies, se porteront à Antrain. La générale bat, et les soldats, se traînant sans souliers par des chemins affreux, où ils avaient de la boue jusqu’à mi-jambe, arrivent, le 27 brumaire (17 novembre), à la position indiquée. On comptait que le général Sepher, avec les six mille hommes de la division de Cherbourg, suivrait par derrière les Vendéens, et qu’ils seraient arrêtés à Pontorson par le général Tribout, qui, avec quatre mille hommes et dix pièces de canon, avait à défendre un défilé de dix-huit pieds de largeur, impossible à tourner[87]. Ainsi enfermés entre le poste de Pontorson, la division de Cherbourg, l’armée d’Antrain et la mer, les Vendéens semblaient voués à une destruction inévitable. Mais le plan manqua, beaucoup moins par l’impéritie de quelques généraux que par la mésintelligence qui existait entre eux tous.

Sepher avait atteint Coutances le lendemain du siège de Granville : au lieu d’aller en avant, il rétrograda jusqu’à Saint-Lô. Et pourquoi ? Parce qu’il lui déplaisait d’être subordonné à Rossignol[88].

De son côté, Tribout, après avoir commis, par excès d’ardeur, l’énorme faute de se porter au delà du défilé dont l’infériorité de ses forces lui défendait de sortir, Tribout envoya demander à Antrain un renfort qui l’eût sauvé peut-être des suites de son imprudence et qui ne lui fut pas envoyé[89]. Le motif, mystère. Mais ce qui est sûr, c’est que le général Vergnes, auquel le secours avait été demandé, commandait l’état-major de Caudaux et appartenait au parti de Nantes, tandis que Tribout appartenait au parti de Saumur, et était coupable, aux yeux de la faction purement militaire, du crime de jacobinisme. Il se conduisit néanmoins de telle sorte, qu’ayant à peine quatre mille hommes à opposer à l'effort de toute l'armée catholique, il lui tint tête pendant trois heures, et ne battit en retraite vers Dinan que lorsqu’au désavantage résultant de l’extrême disproportion des forces se fut venu joindre l’épuisement des munitions[90].

Où dominait l’influence des Mayençais, la mauvaise volonté à l'égard des soldats de Tribout était si grande, que deux cents hommes de ceux qui avaient combattu à Pontorson, s’étant présentés à Antrain vers minuit, on les traita de lâches ; on alla même jusqu’à leur refuser des vivres : conduite dont on dut être bien honteux le lendemain, quand on apprit avec quel courage ils s’étaient comportés[91]. Tribout, furieux d’un échec dû principalement à ses fautes, mais où il ne voulut voir que l’effet de l’abandon où on l’avait laissé, se plaignit amèrement du général Vergnes, qui, par suite de cette dénonciation, fut emprisonné ; et les amis de celui-ci le vengèrent, en criant plus haut que jamais que la réputation de sans-culottisme tenait lieu de talents militaires, et que l’ignorance, l'impéritie, l’emportaient sur le talent el la justice[92].

Maîtres de Pontorson, les Vendéens n’y demeurèrent qu’un jour, et ce jour fut marqué par un événement bien inattendu. Le prince de Talmont, Beauvolliers l'aîné et le curé de Saint-Laud ayant subitement disparu, le bruit se répand qu’ils oui déserté l'armée pour s’embarquer sur un bateau pêcheur et se faire conduire à Jersey. À cette nouvelle, l’indignation éclate partout. Le rude, l’inexorable Stofflet, quoique personnellement dévoué jusqu’alors au prince de Talmont, se lance avec un piquet de cavalerie à la poursuite des fugitifs, les atteint au moment où ils allaient quitter le rivage et ordonne qu’on les arrête. Les cavaliers hésitaient à porter la main sur le prince : Stofflet, l’œil en feu et la pointe du sabre basse, les y force. Talmont est désarmé et ramené au camp, ainsi que ses compagnons. Ils dirent, pour leur justification, que, s’ils avaient effectivement frété un bateau pécheur, c’était afin d’aller presser les secours de l’Angleterre et accompagner quelques dames, qui, désirant passer à Jersey, s’étaient adressées à eux. Cette justification, à laquelle les uns crurent et que les autres regardèrent comme mensongère, fit tomber le scandale, mais non les soupçons. Ceux-là surtout durent se montrer difficiles à persuader, qui connaissaient l’histoire de lu lettre et du bijou remis au prince de Talmont, la veille du siège de Granville[93] !

De Pontorson, l’armée vendéenne se rendit à Dol. Westermann, placé à l’avant-garde de l’armée républicaine d’Antrain, n'est pas plutôt informé de la marche de l'ennemi, qu’il propose à Marigny[94] de le poursuivre jusque dans la ville de Dol. Les voilà partis avec trois mille hommes d’infanterie, deux cents chevaux, un obusier, trois pièces de canon[95].

Ils prennent la route de Pontorson, qu’ils ne font que traverser et marchent sur Dol. Les Vendéens y étaient fort tranquilles ; l’ombre du soir couvrait les rues, et un sentiment profond de sécurité avait endormi jusqu’à la vigilance des sentinelles. Tout à coup on entend des cris, un grand tumulte. C’était Marigny qui, à la tête d’une poignée de chasseurs francs, avait pénétré dans le faubourg, renversant tout sur son passage. Malheureusement, il s’était avancé avec trop de précipitation, suivi des seuls cavaliers ; et l’infanterie était encore à trois lieues derrière lui, sous les ordres de Westermann. L’ennemi ne tarda pas à revenir de sa surprise, et Marigny, n’étant pas soutenu, dut battre en retraite[96].

Ceci avait lieu entre six et sept heures du soir, le 30 brumaire (20 novembre)[97].

Or, en ce moment même, généraux et représentants tenaient conseil à Antrain.

Selon Kléber, — et il avait gagné les généraux à son opinion, — il fallait se borner à un système activement défensif ayant pour objet de bloquer l’ennemi, sauf à charger Westermann et Marigny de le harceler[98]. Mais ce plan ne répondait pas à l’ardeur des représentants, surtout à celle de Prieur de la Marne, que ses collègues du Comité de salut public avaient dépêché à l’armée de l’Ouest, en le chargeant d’avoir l’œil sur les chefs militaires. On délibérait encore, lorsqu’une lettre est apportée. Elle vient de Westermann. Il annonce que la situation des Vendéens à Dol est déplorable ; qu’il se dispose à les attaquer au commencement de la nuit, par la route de Pontorson, et que, si l’on veut faire marcher une colonne par la route d’Antrain, Dol va être le tombeau de l’armée catholique. A la lecture de cette lettre, tas représentants prennent feu ; le plan de Kléber est abandonné, et l’on décide qu’on appuyera l’attaque de Westermann[99].

Une rue fort large, qui est la grande route de Dinan, voilà Dol. Du côté opposé, presque à l’entrée de la ville, la route se divise en deux branches, dont l’une mène à Pontorson, l’autre à Antrain[100].

Une double attaque par ces deux branches, si elle eût été conduite avec ensemble et vivement exécutée, eût sans doute réalisé la prophétie de Westermann. Mais, tandis que lui, à Pontorson, ne songeait qu’à pousser en avant, Kléber, à Antrain, parlait de se tenir sur la défensive, de ne rien donner au hasard ; et cette divergence d’opinions eut pour résultat un défaut d’harmonie dans les mouvements, qui ne pouvait qu’être fatal.

Westermann, en effet, attaqua, de son côté, à minuit, sans être soutenu. Et cependant, telle était la confusion qui régnait à Dol, que les Vendéens s’y crurent à deux doigts de leur perle. Femmes, blessés, tout ce qui ne combattait pas, se précipite hors des maisons et se range ta long des murs. Au milieu de la rue, les bagages, les chariots, l’artillerie de rechange. De chaque côté, entre tas canons et les femmes, les cavaliers, attendant, sabre en main, le moment de s’engager dans l’action, entamée par l’infanterie. Moment terrible ! La nuit était obscure ; le canon grondait ; le feu des obus jetait sur les maisons, d’intervalle en intervalle, une clarté plus sinistre que tas ténèbres. Les femmes n’osaient donner cours à leurs lamentations, et se pressaient l’une contre l’autre eu silence, comme il arrive clans les grandes terreurs. Pour animer les soldats, on avait fait parcourir la ville par vingt tambours qui battaient la charge. La parole n’était qu’à la mort. Au bout d’une demi-heure, un cri s’élève à l’entrée de la ville : En avant la cavalerie ! Vive le roi !Vive le roi ! répondent les cavaliers avec un sombre enthousiasme, et ils partent au galop, en agitant leurs sabres, que la lueur du combat faisait étinceler dans l’ombre[101].

Les républicains soutinrent pendant quatre heures une lutte que l’obscurité de la nuit rendait affreuse. L’acharnement des deux partis était si furieux, que les combattants, se saisissant corps à corps, se déchiraient l’un l’autre avec les mains. On prenait des cartouches aux mêmes caissons. On tuait et on était tué au hasard. Enfin, la diversion sur laquelle il avait compté lui manquant, Westermann se vit forcé de reculer sur la route de Pontorson, jusqu’à deux lieues et demie de Dol[102].

Dans ce moment même, c’est-à-dire trop tard, Marceau arrivait à une lieue de Dol, par la route d’Antrain, où une partie de l’armée vendéenne s’était portée dans la prévision d’une double attaque. La rencontre eut lieu à quatre heures du matin. Bientôt un brouillard épais se lève, et une panique effroyable se déclare parmi les Vendéens. Fut-elle causée par le bruit que firent les artilleurs de la tête, en se précipitant sur une voilure chargée de pain[103], ou bien par le mouvement d’un groupe de cavaliers envoyés à Dol pour en rapporter de la poudre et qu’on crut en pleine fuite[104] ? Toujours est-il que l’épouvante fut générale, immense. Une multitude de soldats effarés reflue vers la ville, qu'ils remplissent d effroi. En un instant, la route de Dinan, à l’autre extrémité de Dol, est encombrée de fuyards. Jamais déroule n offrit un plus lamentable aspect. Les blessés renversés parles chevaux, qui leur passaient sur le corps ; les enfants en larmes, les femmes poussant des cris, les officiers frappant en vain de leurs sabres les fuyards et entraînés par eux ; Stofflet lui-même, l'intrépide Stofflet, emporté dans le torrent, tout semblait annoncer que, Pour l’armée catholique, l’heure suprême était venue[105]. Et nul doute qu’elle n’eût sonné alors, si le prince de Talmont, à la tête de quatre cents hommes, n’eût déployé un courage et une constance qui, favorisés parle brouillard, masquèrent le désordre aux yeux des républicains, et donnèrent le temps à Stofflet, à Marigny, à d’Autichamp, de rallier les fuyards et de les ramener au combat[106]. Parmi les officiers, quelques-uns criaient d’une voix lugubre : Allons, les braves, à la mort ! D’autres : Que les femmes empêchent les hommes de fuir ! Un second mouvement se fit en sens inverse, et non moins impétueux que le premier. Les prêtres étaient intervenus ; le curé de Sainte-Marie-de-Ré, monté sur un tertre et élevant un grand crucifix, avait menacé de l’enfer quiconque lâcherait pied[107]. Les femmes s’arrêtent, elles reviennent ; quelques-unes, passant de la frayeur à l’exaltation, barrent le passage aux fuyards. La femme de chambre de madame de la Chevalerie prend un fusil et met son cheval au galop en criant : En avant ! au feu les Poitevines ![108]

Pendant ce temps, du chemin de Pontorson, où il avait repoussé Westermann, la Rochejaquelein était accouru sur celui d’Antrain, où le premier spectacle qui le frappa fut celui de la déroute. Désespéré, il se croise les bras en face d’une batterie républicaine et veut mourir. Il ignorait qu'à l’extrémité de la droite le prince de Talmont tenait encore, lien est informé, renaît à l’espoir, et va rejoindre les combattants. Peu après, Stofflet arrive, avec le reste des troupes qu’il a ralliées, et Marceau, si supérieur en force à l’ennemi un moment auparavant, se trouve avoir sur les bras toute l’armée vendéenne, réunie. Pour comble de malheur, une colonne républicaine, de retour de Fougères, où elle avait été précédemment envoyée, vient se jeter dans les rangs et n’y apporte que confusion. Marceau, désolé, dépêche un messager à Rossignol et à Kléber, qui arrivent en toute bâte. Mais remettre l’ordre en présence de l’ennemi était dangereux. Kléber propose une position rétrograde en avant de Trans, en attendant qu’on retourne à Antrain, ce qui, selon lui, doit être fait le jour suivant. Cet avis, adopté d’abord, fut bien vile abandonné. Le général en chef Rossignol et les représentants jugèrent que se retrancher en avant de Trans était tout ce qu’exigeait la prudence[109].

Les soldats vendéens rentrèrent à Dol en triomphe. La joie était au comble. On se félicitait et on s’embrassait mutuellement. On remerciait les femmes de leur intervention courageuse. Le curé de Sainte-Marie reparut, toujours le crucifix à la main. Il chantait le Vexilla regis, et chacun de tomber à genoux sur son passage[110].

Faut-il le dire ? Oui, puisque la vérité l’exige : des soldats appartenant à la colonne républicaine envoyée à Fougères y avaient commis des crimes qui égalèrent en atrocité ceux dont les Vendéens s’étaient souillés en cet endroit même. Là, des blessés furent égorgés dans leurs lits ; là, des Vendéennes reçurent la mort, après des outrages pires que la mort. C’est ce que constate une lettre écrite à un chirurgien pour qu’il la mit sous les yeux de Robespierre. Mais n’oublions rien. Le signataire ajoute : Parmi ces horreurs, j’ai vu un beau trait. Une femme, à qui l’on avait pris ses jupes — elle pouvait avoir vingt ans et était assez jolie — pria un capitaine de canonniers de la tuer. Lui, plein de générosité et d’humanité, ôta sa redingote, la lui mit sur le corps, la fit sortir de l’hôpital, et, le sabre à la main, lui sauva la vie[111].

Le 2 frimaire (22 novembre), les causes qui avaient produit la défaite delà veille en amenèrent une seconde, fondis que Kléber, à Trans, ne parlait que de faire rétrograder les troupes jusqu’à Antrain[112], l’idée fixe de Westermann, à Pontorson, était de recommencer l'attaque. L’est le parti auquel il se résolut, le 2 frimaire, sans s’assurer s’il serait soutenu à temps. Dès sept heures du matin, il pousse droit à Dol. La Rochejaquelein s’avance de nouveau à sa rencontre, et le combat s’engage. On lutta de part et d’autre avec un courage qui tenait de la fureur. A neuf heures, voyant les républicains reculer, Marigny, l’émule de Westermann, s’efforce de ramener la fortune en mettant pied à terre avec ses chasseurs, et en faisant, à leur tête, une charge désespérée. Un biscaïen lui casse son sabre dans la main, et lui n’échappe à la mort que par miracle[113]. Quant à Westermann, il était tombé dans un tel accès de rage, en sentant la victoire lui échapper, qu’il frappait à droite et à gauche ses propres soldats, et qu’il tua d’un coup de sabre à la figure un officier de gendarmerie, au moment même où celui-ci cherchait à rallier les fuyards[114].

Il fallut battre en retraite, cependant ; et la route de Pontorson était libre depuis une heure déjà[115], lorsque les Vendéens virent s’avancer, sur celle d’Antrain, le gros de l’armée républicaine, établie à Trans. Stofflet commandait, de ce coté ; mais la Rochejaquelein, victorieux, l’étant venu rejoindre, les républicains eurent à soutenir, une fois encore, tout l’effort de l’armée vendéenne, réunie. De celle circonstance[116], et non point de la démoralisation des troupes républicaines[117], dépendit le sort de la journée. Les troupes étaient si peu démoralisées, que la bataille dura plusieurs heures[118]. La seconde colonne fit bonne contenance ; la troisième soutint le feu jusqu’à ce que les munitions furent épuisées, et alors on en vint à l’arme blanche[119]. Enfin, pris par leur droite[120], les républicains plièrent. Vainement Rossignol, qui s’était constamment tenu à la tête de la bataille, fit-il tout ce qu’il put, avec Bourbotte et Prieur, pour enchaîner à son drapeau la victoire, employant tour à tour auprès des soldats la prière, la menace, l’insulte, et leur criant : Vous allez dire que vos généraux vous trahissent, mais non. C’est votre lâcheté qui perd la bataille[121]... La retraite, une fois commencée, devint si précipitée, et dégénéra si bien en déroute, qu’elle entraîna les républicains au delà même d’Antrain, dont l’armée vendéenne inonda les rues et les maisons, dans le plus épouvantable désordre. Un corps de mille hommes qui eût attaqué les Vendéens en ce moment, écrit Obenheim[122], les eût détruits.

Mais l’armée républicaine, loin de songer à revenir sur ses pas, poussa jusqu'à Rennes. Là, Rossignol eut un de ces mouvements qui ne sauraient naître que dans une âme vraiment grande. Prenant sur lui, avec une modestie injuste à force d’abnégation, la responsabilité d’un revers que sa qualité seule de général en chef permettait de lui imputer, et qui avait sa source réelle dans les dissions intestines auxquelles l’armée était en proie, il parut au conseil de guerre, un papier à la main, et, s’adressant aux représentants : Citoyens, leur dit-il, j’ai juré la République ou la mort : je tiendrai mon serment. Mais je ne suis pas fait pour commander une armée. Qu’on me donne un bataillon, et je ferai mon devoir. Voici ma démission : si on la refuse, je croirai qu’on veut perdre la République[123]. Mais Prieur : Tu es le fils aîné du Comité de salut public. Rossignol. Point de démission. La responsabilité ne pèsera pas sur loi, mais sur ceux qui t’environnent et doivent te seconder de leurs conseils et de leurs talents militaires[124].

La politique du Comité de salut public à l’égard des hommes d’épée était tout entière dans ces mots ; et Prieur n’attachait certainement pas un sens frivole à la définition qu’il avait coutume de donner de lui-même, lors- qu’avec une intention sans doute ironique il disait aux généraux mayençais ; Je suis, moi, le romancier de la Révolution[125].

Le généralat fut donc conservé à Rossignol. Seulement, Kléber obtint des représentants que Marceau serait nommé commandant des troupes, Westermann commandant de la cavalerie, et qu’à la tête de l’artillerie on mettrait Debilly. Ami de Marceau, écrit Kléber, j’étais sûr qu’il n’entreprendrait rien sans s’être concerté avec moi[126]. Bien que ces dispositions eussent pour but manifeste d’ajouter à l’influence de la faction mayençaise sur l’armée, elles furent acceptées par les représentants, le point essentiel, pour Prieur et ses collègues, étant que l’autorité militaire suprême, l’autorité en dernier ressort, restât aux mains d’un homme dévoué corps et âme à la Révolution, telle que le Comité de salut public la comprenait et la personnifiait en cet homme. S’il arrivait aux généraux qui devaient l’aider de leurs conseils de ne lui prêter qu’une assistance propre à l’égarer, oh ! alors, — Prieur s’en était expliqué nettement, — malheur à eux[127] !

Le 8 frimaire (28 novembre), il fut décidé que l’armée Se porterait sur Chateaubriand, où la première colonne, commandée par Marceau, arriva le 10 frimaire (30 novembre), et où l’on apprit que l’ennemi menaçait Angers[128].

C’était effectivement de ce côté que les Vendéens, en Quittant la ville d’Antrain, avaient pris le parti de se diriger. De nouveau ils traversèrent Fougères, Ernée, Laval ; mais quel spectacle que celui qui maintenant s offrait à leurs yeux, là même où ils avaient triomphé ! Partout le deuil, partout l’image de leur destruction prochaine, partout la trace des vengeances exercées sur quiconque les avait accueillis. Ils se traînaient, foule immense et misérable, teignant les roules de leur sang, les jonchant de leurs cadavres et, à chacun de ces relais funèbres, laissant derrière eux ceux que leur venaient enlever ou le froid ou la faim. Car le froid était d’une rigueur si excessive, et la rareté des vivres telle, qu’à Antrain madame de la Rochejaquelein vécut de quelques oignons arrachés dans un jardin[129]. C’est ainsi que les Vendéens gagnèrent Angers.

Averti de leur approche, Marceau, qui était à Chateaubriand, avait envoyé aussitôt prévenir Rossignol, demeuré à Rennes. Rossignol ayant répondu qu’il arriverait de sa personne le lendemain, Marceau pensa qu’il devait l’attendre ; et cette interprétation assez naturelle devint, par le danger où elle semblait mettre Angers, le sujet d’une explication très-vive entre Rossignol et Marceau d’abord, puis entre Marceau et Prieur. Celui-ci, convaincu enfin que Marceau n’avait aucun tort en cette affaire, rejeta tout sur Kléber et alla jusqu’à parler de guillotine. Heureusement, l’évidence des laits et la fermeté de Kléber, en ramenant Prieur, calmèrent l’orage[130].

D’ailleurs, les généraux Danican et Boucret étaient entrés à Angers deux jours avant le siège ; et, quoique trois mille hommes armés fussent insuffisants pour un développement de douze cents toises[131], l’ardeur des habitants était si grande, que les Vendéens vinrent se briser contre cette barrière. Maîtres des faubourgs, ils eurent à y soutenir, pendant toute la journée du 15 frimaire (5 décembre), le feu de vingt pièces d’artillerie. Beaupuy, à peine remis de sa blessure, était Pâme de la défense. Il fut admirablement secondé. Vieillards, jeunes filles, femmes, enfants, couraient à l’envi porter sur les remparts vivres et munitions[132]. Parmi les Vendéens, au contraire, tout n’était que découragement. Pour les décider à un assaut général, les chefs leur promirent le pillage de la ville, et ce fut en vain[133].

Le siège durait depuis trente heures quand parut la colonne qui venait de Chateaubriand. A son approche, les Vendéens se déterminent à la retraite. Marigny, qui marchait sur les derrières par la route de la Flèche, les ayant chargés à la tête de cent cinquante hommes, fut renversé par un boulet de canon. Chasseurs, achevez-moi, dit-il, et il expire. Sa destitution lui devait être notifiée à Angers : une mort glorieuse la prévint[134].

Kléber ne manque pas, en rappelant cette circonstance, de murmurer contre l’injustice des gouvernants. Mais ce qu’il ne dit pas, c’est que Marigny, Ires-brave soldat, appartenait à cette opposition armée contre laquelle il était commandé au Comité de salut Public de se tenir en garde, sous peine de mort. El la preuve que, dans Marigny, ce n’était pas le soldat qu’on entendait frapper, c’est le beau décret qui fut rendu, 25 décembre, sur la proposition de Merlin (de Thionville) : La Convention décrète que le père de Marigny conservera le cheval que montait son fils, au moment où il fut blessé[135].

Kléber, lui aussi, fut menacé. Mais la même main qui écrivait son nom sur une liste de destitutions, liste presque aussitôt suspendue que dressée, signait sans hésiter le brevet par lequel Marceau était élevé au commandement en chef intérimaire de l’armée de l’Ouest, chargée seule de poursuivre les Vendéens, jusqu’à l’arrivée du général Turreau[136]. Il était dans le caractère de Kléber de dire à Marceau : Nous serons guillotinés ensemble. La vérité est cependant qu’ils ne le furent ni l’un ni l’autre, et qu’ils ne durent leur élévation qu’à la République. Si elle fut terrible aux généraux qui, comme Custine, osèrent la braver, elle prépara d’éclatants triomphes à ceux qui, comme Aubert-Dubayet à Mayence, l’avaient bien servie[137] ; et, à l’égard de ceux qui, comme Kléber, joignaient à un rare mérite un esprit difficile à satisfaire et frondeur, elle se contenta d’une surveillance qui, après tout, n’enleva point à la patrie le bienfait de leurs services.

Le siège d’Angers montre combien cette vigilance de la Révolution, concernant les hommes d’épée, était nécessaire. Parmi les généraux qui s’unissaient aux Mayençais pour dénoncer ce qu’ils appelaient l’impéritie des généraux sans-culottes, figurait Danican. Or quelle fut sa conduite à Angers ? Une chute de cheval, simulée ou réelle, dit Beauchamp[138], avait servi de prétexte à Danican pour remettre le commandement. Au moment du plus grand péril, on avait vu filer sa voilure et ses bagages du côté de la porte Saint-Nicolas. Sa cavalerie, éclairée par des torches, ayant pris la même direction, fit soupçonner qu’elle cherchait à indiquer le point le plus faible. Danican était en outre accusé d’avoir déserté le poste d’Entrames avant l’affaire de Château-Gontier[139]. Dans le sentiment qui porta les représentants à le destituer y eut-il défiance injuste ? Sa vie ultérieure a répondu. Danican était un royaliste déguisé[140]. Ce fut lui qui, plus tard, commanda les sections insurgées contre la Convention ; et il mourut pensionné par les Anglais pour les services qu’il avait rendus à la cause contre-révolutionnaire[141].

Les Vendéens, chassés d’Angers, avaient pris la route du Mans, en passant par la Flèche. A leur approche, trois ou quatre mille républicains, gardes nationaux pour la plupart[142], sortent du Mans et vont résolument à l'ennemi. La fusillade s’engage. Distingué à son écharpe de général par un hussard qui le défie, Talmont lui crie : Je t’attends, l’attend, et lui partage la tête d’un coup de sabre[143]. Les républicains avaient des munitions insuffisantes : quand elles vinrent à manquer, la déroute commença, et ni le général Chabot, ni le représentant Garnier, ne purent l’arrêter. Le soir, les Vendéens avaient envahi la ville de toutes parts ; et, le lendemain, les meilleurs citoyens fusillés, les édifices publics dévastés, les aristocrates et les patriotes pillés indistinctement[144], témoignaient de ce dernier triomphe de l’armée catholique.

Le 22 frimaire (12 décembre), Westermann, qui, lancé avec l’avant-garde à la poursuite de l’ennemi, l’avait harcelé sans relâche, l’infatigable Westermann paraît sous les murs du Mans.

Un sentiment d'inexprimable fatigue, un décourageaient mortel, la résignation morne qui précède une catastrophe depuis longtemps prévue, régnaient parmi les Vendéens. Chez les soldats plus de respect pour les chefs, et entre les chefs plus de lien. Le malheur avait aigri les esprits, la haine et la jalousie rongeaient les cœurs. Tous ils se sentaient sous le couteau, et, en attendant qu’il s’abattît sur eux, d’une main furieuse ils se déchiraient les uns les autres[145]. A la Flèche, la Rochejaquelein, irrité contre les officiers qui l’avaient laissé combattre presque seul, avait été amené à leur dire : Ce n’est donc pas assez de me contredire au conseil, vous m’abandonnez au feu[146].

Un suprême effort fut tenté cependant, et le succès y répondit, d’abord. L’avant-garde républicaine est repoussée, retombe sur la division la plus rapprochée et y jette le désordre. Mais une colonne appelée de Cherbourg et que commandait Tilly arrête l'ennemi victorieux, le charge à la baïonnette, le met en fuite, et, d’un irrésistible élan, traverse le pont du Mans à la suite des fuyards, pénètre dans la ville, pousse jusqu’au milieu de la grande place[147]. La nuit venait. Les plus braves d’entre les Vendéens, répandus dans les maisons, faisaient feu de toutes les fenêtres. Il est vrai que le reste de l’armée catholique n’était plus qu’un mélange confus de femmes effarées, de blessés gémissants, de soldats devenus rebelles à leurs officiers et qui avaient perdu la force de regarder la mort en face. Au moment de sa rentrée au Mans, on avait vu la Rochejaquelein, saisi de rage, mettre son cheval au galop et culbuter ces mêmes Vendéens, naguère encore si fidèles à sa fortune, et qui maintenant méconnaissaient sa voix[148]. Situation épouvantable ! Mais les républicains n’en soupçonnaient pas toute l’horreur. Marceau, craignant d’être enveloppé, fait couper à sa droite et à sa gauche les rues qui aboutissent à la place, et envoie dire à Kléber, dont la division était encore loin, d’accourir en hâte[149]. Mais, en ce moment, les Vendéens ne songeaient qu’à profiter des ténèbres pour évacuer la ville. Stofflet s’en allant avec les porte-drapeaux ; la foule s’entassant dans les issues demeurées libres ; des chariots renversés ; des bœufs couchés par terre, et frappant à coups de pied ceux que le mouvement de la fuite précipitait sur eux ; l’effroi ajoutant au désordre ; mille clameurs désespérées : voilà quel spectacle s’offrit à madame de la Rochejaquelein, serrée et à demi étouffée entre deux chevaux que les fuyards repoussaient sans cesse sur elle et un mur le long duquel elle cherchait à se glisser. Je vis passer, raconte-t-elle[150], un jeune homme à cheval, d’une figure douce ; je lui pris la main : Monsieur, ayez pitié d’une pauvre femme grosse et malade ; je ne puis avancer. Le jeune homme se mit à pleurer et me répondit : Je suis une femme aussi.

A une heure du matin, la division de Kléber arriva. Elle avait fait dix lieues en un jour, et fournil néanmoins a Marceau le moyen de relever les postes, la colonne de Tilly étant fatiguée par un long combat. Au jour, les soldais demandent à Marceau la permission de chargera la baïonnette. Il y consent. D’abord, silence terrible ; puis, des cris de triomphe. Une arrière-garde que les Vendéens avaient laissée dans la ville pour masquer leur retraite, venait d’être exterminée. On ne saurait se figurer, écrit Kléber, l’horrible massacre qui se fit ce jour-là[151].

On a raconté qu’à la prise du Mans Marceau, ayant rencontré une belle jeune fille éplorée qui invoquait la mort, la recueillit dans sa voiture, la respecta et la déposa dans un lieu sûr[152]. Mais Savary dit formellement que ce fut lui qui sauva la jeune personne dont il s’agit, et dont il donne le nom : mademoiselle Desmesliers. Elle avait perdu ses parents et refusait de leur survivre : Savary la consola, la fit monter dans un cabriolet qui appartenait à Marceau et qui était la seule voiture de l’état-major dont personne ne se servît, chargea l’adjoint Nicole d’accompagner la voiture dans la ville, et de conduire l’orpheline au logement où l’on devait arriver dans la soirée, en ayant soin de garder le secret. Ce fut le soir seulement que Kléber et Marceau, informés de la circonstance, virent pour la première fois mademoiselle Desmesliers, au sort de laquelle ils s’intéressèrent vivement. Elle fut menée à Laval, où Marceau l’alla visiter. Mais, le lendemain du départ des troupes, découverte par suite de perquisitions que l’autorité locale ordonna, l’infortunée péril. Il paraît même qu’on instruisit une procédure contre les généraux, et elle eût pu leur devenir fatale, dit Savary[153], si elle n’eût été communiquée au représentant Bourbotte, qu’une indisposition retint quelques jours à Laval et qui s’empara des procès-verbaux.

Les Vendéens, poursuivis sans relâche par les hussards de Westermann, qui de chaque ferme, de chaque maison, sur son passage, faisait un tombeau[154], avaient successivement traversé Laval, Craon, Saint-Marc. Ils n’avaient plus qu’une préoccupation, qu’un espoir : repasser la Loire. Mais le passage serait-il possible ? Les républicains n’auraient-ils pas emmené les bateaux qui pouvaient servir à l’effectuer ? C’est ce que la Rochejaquelein craignit, et c’est pourquoi il fit prendre, à Saint-Marc, une petite barque qu’on trouva dans un étang et qui fut chargée sur une charrette[155]. Et en effet, lorsque, le 20 frimaire (10 décembre), les Vendéens arrivèrent à Ancenis, ils n’y trouvèrent qu’un petit bateau. Seulement, sur le bord opposé étaient quatre grandes barques chargées de foin. Impatient de s’en emparer, la Rochejaquelein se jette avec Stofflet dans le batelet apporté de Saint-Marc. Dix-huit soldats entrent dans celui qu’on avait trouvé à Ancenis. Mais à peine ont-ils atteint la rive droite, qu’un détachement républicain paraît et les force à se disperser. Quelques radeaux venaient d’être construits à la hâte : ils furent submergés par une chaloupe canonnière qui vint tout à coup se placer en face d'Ancenis ; de sorte que, séparée de son chef, l’armée vendéenne se vit réduite à descendre la Loire, toujours harcelée et ne sachant plus où fuir[156]. Ce fut alors qu’à la tête d’une vingtaine des meilleurs cavaliers le prince de Talmont partit pour rejoindre le rassemblement de trois ou quatre mille hommes qui, en Bretagne, s’était formé sous la direction de Jean Chouan et qui fut le foyer du brigandage connu sous le nom de chouannerie[157]. Fleuriot avait été élu en remplacement de La Rochejaquelein, et Talmont ne put se résigner à ce qu’il considéra comme une préférence injuste[158].

Il laissait l’armée dans un état de détresse dont les lignes suivantes de madame de la Rochejaquelein donnent une vive image : J’étais vêtue en paysanne ; j’avais sur la tête un capuchon de laine violet ; j’étais enveloppée d une vieille couverture de laine et d un grand morceau de drap bleu rattaché à mon cou par des ficelles ; mon cheval avait une selle à la hussarde, avec une schabraque de peau de mouton. M. Roger Mouliniers avait un turban et un dolman qu’il avait pris au théâtre de la Flèche. Le chevalier de Beauvolliers s’était enveloppé d’une robe de procureur, et avait un chapeau de femme par-dessus un Bonnet de laine[159], etc. La démoralisation était au comble ; les nobles sentiments semblaient désormais éteints. Un trait le prouve : des officiers eurent l’infamie de se partager la caisse de l’armée[160].

En cet état, impossible que les Vendéens échappassent longtemps au coup mortel : ils le reçurent, le 3 nivôse (23 décembre), à Savenay, où, atteints et cernés par Marceau, ils furent, non pas vaincus, mais exterminés. Partout, écrivit Westermann, on n’apercevait que monceaux de morts. Dans la seule banlieue de Savenay, plus de six mille corps ont été enterrés[161].

Tel fut le dénouement de ce qu’on appela la grande guerre de la Vendée. Tout ce que l’ivresse des discordes civiles peut produire d’héroïque et de barbare s’y déploya dans les deux camps, sur une échelle vraiment gigantesque. La Convention avait rendu un décret portant : Toute ville de la République qui recevra dans son sein des brigands ou qui leur donnera des secours sera rasée[162]. Et., pour exécuter d’aussi terribles sentences, les agents ne manquaient pas. Quels mots affreux que ces mots de Rossignol, écrivant au Comité de salut public : Il y a encore des hommes humains, et, en révolution, c’est un défaut, selon moi ![163] Mais c’était un défaut, aussi, en contre-révolution, selon les Vendéens ; et nous n’aurons que trop tôt à retracer le tableau des horreurs dont ils se souillèrent[164]. Oui, l’enthousiasme, la foi, le courage, le dévouement, une ambition sans repos, une cruauté sans frein, des jalousies misérables à côté d’une exaltation magnanime, voilà ce qui apparaît pêle-mêle et dans le camp des républicains et dans celui de leurs ennemis. Tant l’âme humaine contient d’abîmes !

 

 

 



[1] Lettre de L’Échelle au ministre de la guerre. Correspondance inédite du Comité de salut public avec les généraux et les représentants du peuple, t. I, p. 352.

[2] Voyez les Mémoires du général Turreau, liv. III, p. 122.

[3] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. VIII, p. 235 et 236.

[4] Récit de Kléber, dans le livre de Savary, t. II, chap. VIII, p. 292.

[5] Voyez dans le volume précédent, le chapitre : La Vendée vaincue.

[6] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. IX, p. 244.

[7] Rapport de Choudieu sur la Vendée, en réponse à l’acte d’accusation de Philippeaux, Moniteur du 21 pluviôse (9 février 1794).

[8] Moniteur du 21 pluviôse (9 février 1794).

[9] C'est l’évaluation de Kléber. Voyez les Guerres des Vendéens et des Chouans, par Savary, t. II, p. 292 et 293.

[10] Rapport d’un agent du Comité de salut public, en date du 11 novembre 1793.

[11] Rapport d’un agent du Comité de salut public, en date du 11 novembre 1793.

[12] Rapport d’un agent du Comité de salut public, en date du 11 novembre 1793.

[13] Déclaration du chef de division vendéen Langrenière, lorsqu’il passa du côté des républicains, au moment de la bataille de Savenay. Documents inédits communiqués par M. Benjamin Fillon. — La pièce dont il s’agit est écrite et signée de la main de Langrenière. Elle est très-curieuse, et nous aurons plus d’une fois occasion de la citer.

[14] Documents inédits communiqués par M. Benjamin Fillon.

[15] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, t. I, p. 218.

[16] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, t. I, p. 257.

[17] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, t. I, p. 257.

[18] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, t. I, p. 254.

[19] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, t. I, p. 250-251.

[20] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, p. 255.

[21] Rapport de Choudieu.

[22] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, p. 259.

[23] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, p. 259.

[24] Récit de Kléber. Voyez Guerres des Vendéens et des Chouans, par Savary, t. II, p. 296 et 297.

[25] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. VI, p. 260.

[26] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. VI, p. 260.

[27] L’assertion de Philippeaux que l’avant-garde des républicains tut, en cette occasion, taillée en pièces, est une des trop nombreuses erreurs ou exagérations qu’eut à relever Choudieu, dont le témoignage, sur le fait en question, est confirmé par le récit de Kléber. Voyez Guerres des Vendéens et des Chouans, par Savary, t. II, p. 297.

[28] Lettre de l'Échelle au ministre de la guerre, en date du 28 octobre 1795.

[29] Guerres des Vendéens et des Chouans, par Savary, t. II, p. 300 à 305.

[30] Dans le récit de Kléber, tel que le donne Savary, il n'est pas une page, presque pas une ligne qui ne respire l’esprit que nous venons de signaler.

[31] Voyez dans Savary, t. II, chap. X, p. 415, la lettre que Rossignol écrivit au ministre après le siège d'Angers.

[32] Voyez Correspondance inédite du Comité de salut public avec les généraux et les représentants du peuple, t. I, p. 355.

[33] C’est là le sentiment qui perce à chaque ligne du livre de Savary, que les historiens, et surtout les historiens royalistes, ont suivi pas à pas, aveuglément, sans peser les appréciations, sans discuter les faits, sans prendre garde enfin que Savary, tenant la plume du parti de Nantes dont il était un des chefs, se trouve être, dans ce grand procès historique, à la fois juge et partie.

[34] Voyez la lettre qu'il écrivit d’Angers au ministre de la guerre, t. I de la Correspondance inédite du Comité de salut public, p. 356.

[35] Notes de Kléber, dans le livre de Savary, t. II, p. 307.

[36] Rapport de l’Echelle au ministre de la guerre, en date du 28 octobre. — Ce détail est confirmé par les Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XV, p. 261.

[37] Ce mouvement, que M. Thiers attribue à Kléber, fut ordonné par l’Échelle. Voyez le rapport précité.

[38] Rapport de l'Échelle.

[39] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XV, p. 262.

[40] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XV, p. 262.

[41] Ce sont les expressions mêmes dont se sert Kléber.

[42] Voyez sa lettre du 28 octobre au ministre de la guerre, dans la Correspondance médite du Comité de salut public, t. I, p. 356.

[43] Correspondance médite du Comité de salut public, t. I, p. 356. — Dans le livre de Savary, les cris : A bas l’Echelle ! Vive Dubayet ! sont mentionnés comme ayant été poussés dans une revue passée par le général en chef après la bataille. Les deux assertions ne sont pas inconciliables et peuvent être vraies l’une et l’autre.

[44] Correspondance inédite du Comité de salut public, t. I, p. 356.

[45] Récit de Kléber dans le livre de Savary, t. II, p. 300-305. — Et Pourquoi donc ce qui arriva à l’intrépide Bloss n’aurait-il pas pu arriver à l’Échelle ?

[46] Récit de Kléber dans le livre de Savary, t. II, p. 300-305.

[47] Récit de Kléber dans le livre de Savary, t. II, p. 300-305.

[48] Récit de Kléber dans le livre de Savary, t. II, p. 300-305.

[49] Récit de Kléber dans le livre de Savary, t. II, p. 300-305.

[50] Tel est le portrait que, dans ses Mémoires, liv. II, p. 81, Turreau fait de Westermann, et ce portrait, il l’annonce en ces ternies : Ce que je vais dire de cet officier général n’est que le résultat de l’opinion de quarante officiers qui ont servi avec lui, même de plusieurs officiers de sa légion.

[51] Guerres des Vendéens et des Chouans, par Savary, t. II, p. 307.

[52] Correspondance inédite du Comité de salut public avec les généraux et les représentants du peuple, t. I, p. 355.

[53] Savary, t. II, p. 312.

[54] D'après sa lettre, ce fut lui-même qui spontanément demanda son congé. Suivant Kléber (voyez Savary, p. 308), ce furent les représentants qui l’engagèrent à le demander.

[55] La lettre encourageante et flatteuse que l’Echelle reçut du ministre après le désastre de Laval, prouve assez qu’il n’avait pas à redouter le supplice, ainsi que Philippeaux le supposa avec sa légèreté, ordinaire.

Ceux qui voudront avoir une idée de la manière dont on peut défigurer l’histoire par voie de simple suppression des circonstances favorables à ceux qu’on n’aime pas, ceux-là n’ont qu’à lire le récit que fait en dix lignes de la déroute d’Entrames M. de Barante, Hist. de la Convention, t. III, p. 597, édition Méline.

M. Thiers a fait comme M. de Barante. Se bornant à abréger le récit que donne Savary, il n’a puisé qu’à une source, là où la justice demandait qu’on mît en balance les témoignages contradictoires, et, en tout état de cause, qu'on les fit connaître.

[56] Voyez le livre de Savary, t. II, p. 512.

[57] Rapport de Choudieu, en réponse à l’acte d’accusation de Philippeaux, ubi supra.

[58] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XV, p. 266.

[59] Récit de l’officier du génie Obenheim, dans le livre de Savary, t. II, chap. IX, p. 347.

[60] Madame de la Rochejaquelein dit, dans ses Mémoires, que la proposition en fut faite par Obenheim, qui, après avoir pris part à la révolte de Wimpfen, était venu tout récemment se joindre à l’armée catholique ; mais il résulte du récit d’Obenheim lui-même que, sur ce point, madame de la Rochejaquelein s'est trompée. Voyez la relation de cet officier dans Savary, t. II, chap. IX, p. 347.

[61] Beauchamp, Biographie universelle, art. Talmont.

[62] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XV, p. 264.

[63] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XV, p. 264.

[64] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, p. 275. — Madame de la Rochejaquelein avait épousé Lescure en premières noces.

[65] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, p. 272 et 273.

[66] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, p. 280.

[67] Voyez Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans, t. II, chap. IX, p. 338.

Inutile d’ajouter que ce sont là choses invariablement omises par 'es historiens royalistes. M. de Barante, par exemple, qui a Savary sous les yeux, quoiqu’il ne le cite pas, et qui a soin de mettre en relief le moindre détail, le moindre mot même, de nature à accuser les républicains, M. de Barante supprime, de parti pris, toutes les Circonstances qui montrent à quels odieux excès s’emporta la cruauté vendéenne. Est-ce là écrire l’histoire ?

[68] Voyez les Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVI, p. 281.

[69] Tout ceci raconté naïvement par madame de la Rochejaquelein elle-même, chap. XVI, p. 281-285.

[70] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, ch. XVI, p 282 et 283.

[71] Récit d’Obenheim, dans Savary, t. II, chap. IX, p. 318.

[72] Récit de Rostaing, officier vendéen, présent à l'entrevue. Voyez la biographie du prince de Talmont, par Beauchamp, dans la Biographie universelle.

[73] Voyez sur le siège de Granville, le récit d’Obenheim, dans Savary, t. II, p. 348-351 ; les Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVI, p. 286-288 ; le rapport du représentant Lecarpentier, imprimé à Coutances.

[74] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVI, p. 289.

[75] Déclaration de Langrenière, dans les documents inédits qui m’ont été communiqués par M. Benjamin Fillon.

[76] Récit d’Obenheim, dans Savary, t. II, p. 339.

[77] Savary, t. II, p. 339.

[78] Déclaration de Langrenière, ubi supra.

[79] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVI, p. 284 et 285.

[80] Déclaration de Langrenière, ubi supra.

[81] Savary, t. II, p. 351.

[82] On en a vu un exemple dans le conseil de guerre tenu le 2 septembre à Saumur. (Voyez le t. IX de cet ouvrage, chapitre X.)

[83] Mémoires inédits de Mercier du Rocher.

[84] Cette lettre est mentionnée dans Savary, t. II, p. 559, mais avec un sentiment qu’on devine.

[85] Les arrêtés du Comité de salut public qui témoignent de son initiative militaire sont cités tout au long dans le rapport que Barrère fit sur la Vendée, le 1er octobre 1795. Ainsi point de doute possible à cet égard.

[86] Voilà ce que n’a pas su voir M. Thiers, qui aime la Révolution, et ce que n’a pas voulu voir M. de Barante, qui la déteste.

[87] Savary, t. II, chap. IX, p. 361 et 362.

[88] Beauchamp, Histoire de la Vendée et des Chouans, t. II, liv. XI, p. 66.

[89] Ce fait, dénoncé avec véhémence par Tribout et qui fut cause de l’emprisonnement du général Vergnes, mis, du reste, en liberté a près les succès du Mans et de Savenay, ce fait se trouve affirmé de la manière la plus péremptoire dans les Mémoires inédits de Mercier du Rocher.

[90] C’est ce que constate le récit d'un officier du génie, témoin oculaire, lequel récit est cité par Kléber lui-même. Voyez Savary, t. II, chap. IX.

[91] Mémoires inédits de Mercier du Rocher. — Pas un mot de tout cela ni dans Savary, ni dans les historiens qui, comme M. Thiers et M. de Barante, l’ont suivi pas à pas, sans se mettre en peine ni des témoignages ni des documents contraires.

[92] Ce sont les propres expressions dont Kléber se sert en parlant de cette affaire. On peut juger jusqu'à quel point cette accusation était fondée !

[93] Madame de la Rochejaquelein, dans ses Mémoires, p. 291, s'étudie évidemment, à présenter ce fait sous le jour le moins défavorable possible. Elle dit que Stofflet envoya à la poursuite du prince, au lieu de dire qu'il y alla lui-même ; elle ne parle pas du fait de l’arrestation, encore moins de celui du désarmement : Ils arrivèrent, après trois heures d’absence, sans avoir été rencontrés par M. Martin, etc. Mais la version que nous avons suivie, outre qu’elle est conforme au récit de Beauchamp (t. II, liv. X, p 57 et 58), s'appuie sur le témoignage, non-seulement de Mercier du Rocher, mais de Langrenière.

[94] On sait qu’il y avait un général du même nom parmi les Vendéens.

[95] Récit de Kléber, dans Savary, t. II, p. 366.

[96] Savary, t. II, p. 367. — Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVII, p. 296.

[97] Rapport de l’adjudant général Rouyer, cité dans celui de Choudieu.

[98] Récit de Kléber, dans Savary, t. II, p. 368.

[99] Récit de Kléber, dans Savary, t. II, p. 309.

[100] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVII, p. 297.

[101] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, p. 297-298.

[102] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, p. 304.

[103] Récit d'Obenheim, dans Savary, t. II, p. 377.

[104] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVII, p. 305.

[105] Il est à remarquer que le récit de Kléber ne fait nulle mention de ces circonstances qui prouvent d’une manière si péremptoire que les Vendéens, attaqués plus vivement du côté d’Antrain, eussent succombé.

[106] Voyez les Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVII.

[107] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVII, p. 503.

[108] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVII, p. 502.

[109] Le récit de Kléber, en ce qui touche cette journée, outre qu'il est très-incomplet, ne concorde, il faut bien le dire, ni avec le rapport de Westermann, ni avec la relation de madame de la Rochejaquelein, ni avec les Mémoires de Mercier du Rocher, que nous avons sous les yeux. Ce récit, tant par ses réticences que par le tour donné aux choses, est évidemment calculé de manière à écarter du parti auquel Kléber appartenait toute la responsabilité du mal, en la rejetant le plus possible sur le parti adverse. Ainsi la confusion que produisit dans la colonne de Marceau le retour de celle qu’on avait envoyée à Fougères est présentée, dans le récit adopté par Savary, comme le résultat de ce fait que Muller était ivre. Or il ne faut pas oublier ce que Rossignol, dans la lettre qu'il écrivit, d'Angers, au ministre de la guerre, dit des horreurs que le parti de Mayence s’étudiait à répandre contre les généraux patriotes, entre autres Muller et Canuel.

[110] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVII, p. 304.

[111] Rapport de Courtois sur les papiers trouvés à la mort de Robespierre, n° LXV des Pièces justificatives.

[112] Récit de Kléber, dans Savary, t. II, p. 370.

[113] Récit de Kléber, dans Savary, t. II, p. 374.

[114] Lettre de Rossignol au ministre de la guerre, en date du 11 frimaire (1er décembre) 1795. — Savary dit, à ce sujet, t. II, p. 404, que c’était la coutume de Westermann, caractère bouillant et dangereux, de distribuer des coups de sabre aux officiers et aux soldats.

[115] La déroute de Westermann eut lieu à neuf heures, et ce fut à dix heures seulement que l’autre partie de l’armée attaqua. Voyez la lettre de Gainon, à la suite du Rapport de Courtois sur les papiers trouvés à la mort de Robespierre, n° LXV.

[116] Voyez le récit d’Obenheim, dans Savary, t. II, p. 379.

[117] Comme Kléber le dit, t. II, de Savary, p. 373, pour prouver que son système de défensive était le meilleur.

[118] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVII, p. 307.

[119] Rapport de l’adjudant général Rouyer, cité dans celui de Choudieu.

[120] Récit d’Obenheim. Savary, t. II, p. 379.

[121] Voyez la lettre de Gainon, n° LXV des Pièces justificatives, à la suite du Rapport de Courtois.

Kléber ne élit pas un mot dans son récit de l’intrépidité déployée par Rossignol ; et il va sans dire que les historiens royalistes n’ont eu garde de remplir la lacune. Si M. de Barante, par exemple, eût cru de son devoir de ne rien taire, il n’aurait pu se donner le plaisir de dire, t. III de son Histoire de la Convention, p. 598, édition Méline, que les généraux protégés par les Jacobins manquaient pour la plupart de talent et de courage.

[122] Voyez dans Savary, t. II, p. 380.

[123] Voyez Savary, t. II, chap. IX, p. 376.

[124] Savary, t. II, chap. IX, p. 376.

[125] Ce mot est cité sans commentaire dans Savary, t. II, p. 391.

[126] Savary, t. II, p. 389.

[127] Savary, t. II, p. 391.

[128] Savary, t. II, p. 391.

[129] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVII, p. 309.

[130] Voyez Savary, t. II, chap. IX, p. 292 et suiv.

[131] Récit de Ménard, commandant de la place d’Angers, dans Savary, t. II, chap. X, p. 409.

[132] Savary, t. II, chap. X, p. 409.

[133] Madame de la Rochejaquelein, dans ses Mémoires, p. 310, dit, tout en convenant du fait, que cette promesse scandalisa beaucoup. On en peut douter quand on se rappelle qu’au Mans, comme on le verra plus bas, aristocrates et patriotes furent pillés indistinctement.

[134] Récit de Kléber. Ibid., p. 411.

[135] Voilà ce que, dans son Histoire de la Convention, t. III, p. 405, édition Méline, M. de Barante oublie de mentionner ; mais ce qu'il n’oublie pas, c'est que la destitution de Marigny arriva du ministère de la guerre le jour même où il se faisait tuer !...

[136] Ce sont là des rapprochements de la plus haute importance, et les faits sur lesquels ils reposent se trouvent dans Savary lui-même. Voyez t. II, chap. X, p. 414.

[137] Nous avons raconté, dans le premier chapitre de ce volume, la réception enthousiaste et touchante qui fut faite par la Convention à Aubert-Dubayet, lors de son retour de Mayence. (Voyez le Moniteur, 1793, n° 221.)

[138] Beauchamp, t. II, liv. X, p. 89 et 90.

[139] Savary, t. II, chap. X, p. 415.

[140] Biographie des contemporains.

[141] Biographie des contemporains.

[142] Adresse des administrateurs de la Sarthe à leurs concitoyens.

[143] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVIII, p. 319.

[144] Adresse des administrateurs du département de la Sarthe à leurs concitoyens.

[145] Voyez les Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVIII, p. 319.

[146] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVIII, p. 318.

[147] Rapport des représentants Turreau, Prieur (de la Marne) et Bourbotte, en date du 25 frimaire, sept heures du soir.

[148] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVIII, p. 323.

[149] Lettre de Marceau au ministre de la guerre, dans Savary, t. II, chap. X, p. 430.

[150] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XVIII, p. 324.

[151] Savary, t. II, chap. X, p. 430.

[152] Voilà ce qu'ont écrit plusieurs historiens, entre autres M. Thiers. Voyez son Histoire de la Révolution, t. III, chap. VIII, p. 550 ; édition Méline.

[153] Récit de Savary, t. II, de la Guerre des Vendéens et des Chouans, p. 435-439.

[154] Campagne de Westermann, p. 52.

[155] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XIX, p. 331-332.

[156] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XIX, p. 351-353.

[157] Déclaration de Langreniére. Nous l’avons sous les yeux, écrite de sa main.

[158] Voyez les Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XIX, p. 335 et 336.

[159] Mémoires de madame de la Rochejaquelein, chap. XIX, p. 356 et 357.

[160] Ceci avoué par madame de la Rochejaquelein elle-même, p. 335.

[161] Campagne de Westermann, p. 41.

[162] Nous avons sous les yeux le décret imprimé, tel qu'on le placarda partout en Vendée.

[163] Savary, t. II, chap. IX, p. 531.

[164] Voyez ci-après le chapitre intitulé : Les Proconsuls.